12 novembre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3460 du 12.11.2009

 archives : www.tunisnews.net  


ALTT: Communiqué
Assabilonline: Le procès de  Zouhaïer Makhlouf

Kalima: Sfax : la police encercle Djemaa Hajji à l’hôpital et tente de la terroriser

Jean Daniel: Appel au président Ben Ali

La Presse:  Déclaration du Président Zine El Abidine Ben Ali à propos d’un “appel” de Jean Daniel

AP: Affaire Ben Brik: le président Ben Ali laisse la porte ouverte à une éventuelle grâce
AP: Tunis a saisi l’Union du Maghreb arabe et l’Union africaine pour “ingérence dans ses affaires intérieures”
Reuters: Tunisie – Ben Ali se rebiffe contre les “ingérences étrangères”
Reuters: Tunisia leader accuses French critics of meddling
AFP: Tunisie: mesures de réduction du chômage et d’appui aux entreprises
Bassam Bounenni: Tunisia’s single-president politics
Jalel El Gharbi: La cigarette et le «kif» en Tunisie


Association Tunisienne de Lutte contre la Torture
 
Le 11-11-2009 L’Association Tunisienne de Lutte contre la Torture a appris que l’étudiant Mohammed Soudani, est incarcéré actuellement à la prison civile de Mornaguia en exécution d’un  jugement correctionnel prononcé par le tribunal cantonal de Tunis le 31-10-2009 le condamnant à une peine d’emprisonnement de quatre mois, pour outrage aux bonnes mœurs, ébriété et troubles, etc., Soudani avait disparu depuis le 22-10-2009, après qu’il eût rencontré deux journalistes étrangers dans la capitale (de Radio Monte Carlo et de Radio France Internationale). Sa famille n’a su qu’il avait été arrêté que le 9 novembre 2009. L’ALTT […] Considère que ce procès est inéquitable, car il a été privé de son droit à désigner un avocat pour sa défense. Appelle à sa libération immédiate et à ce qu’il puisse subir un examen médical. L’ALTT Le Secrétaire général Mondher Cherni Contacts téléphoniques de l’Association : 21 029582/98 351584/ 25339960 (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Assabilonline.net-

Du déroulement de la première audience du procès du militant Zouhaïer Makhlouf.

Le procès de 8 minutes de liberté d’expression sur l’espace virtuel. Une affaire comme toutes les affaires de droit commun, dans un tribunal comme tous les autres,devant…

 Une affaire comme toutes les affaires de droit commun, dans un tribunal comme tous les autres, devant lequel est déféré un Tunisien accusé de nuisance à un tiers à travers les réseaux publics de communications : c’est ce que se dit celui qui se rend en ce mardi 3 novembre 2009 au tribunal de Première Instance de Grombalia dans la région de Nabeul. Mais ce à quoi il va assister va démentir complètement cette première assertion. Le jour dit, le tribunal s’est transformé en caserne bouclée par des barrières métalliques. Ses entrées sont bouclées et des dizaines d’agents en uniforme ou en civil sont en faction devant les issues. Ceux qui veulent entrer dans le tribunal sont soumis à un contrôle d’identité, opération qui voit la collaboration avec un sérieux tout tunisien de la brigade d’orientation régionale sur la droite et la brigade de la Sûreté de l’Etat sur la gauche. Les deux brigades n’autorisent pas à dépasser la ligne du premier contrôle, car il y a plusieurs lignes, ceux qui ne sont pas avocats ou plaidants porteurs d’une preuve qu’ils doivent pénétrer dans le tribunal. Quant aux journalistes, ils sont indésirables aujourd’hui dans l’enceinte du tribunal de Grombalia, car un tiers occulte a décidé sans prévis que la séance ne serait pas publique. La cafétéria en face du tribunal qui est fréquentée par les avocats et les justiciables a été fermée et devant la porte quelqu’ un […) informe qu’elle est fermée sur ordre venu d’en haut

Que se passe-t-il donc ? S’agirait-il donc d’un autre procès, qui verrait déférés des bandes de mafieux siciliens ou des terroristes assassins qu’un groupe armé aurait décidé de libérer à leur arrivée dans ce petit tribunal tranquille qui n’a jamais été le théâtre à mon sens d’une telle comédie ? Non, il n’y ni mafieux, ni assassins, ni terroristes, il n’y que Zouhaïer Makhlouf qui se présente devant le tribunal. Et Makhlouf est un militant du Parti Démocratique Progressiste, un candidat lors des dernières élections législatives pour la région de Nabeul, le journaliste intrépide, jaloux de sa région et de son pays qui a eu l’audace d’en dévoiler la réalité cachée par le pouvoir. Et ne me demandez pas comment je suis entré dans la salle d’audience, cela ne se raconte pas dans ce genre d’article.

Des péripéties d’une audience non publique

A) L’interrogatoire de l’accusé La chambre correctionnelle a commencé par interroger les accusés, Zouhaïer Makhlouf et son ami déféré en liberté dans la même affaire. La cour a rappelé aux inculpés que l’accusation portée contre eux était celle de nuisance à un tiers à travers les réseaux publics de communications, en vertu d’une plainte déposée contre eux par un employé de la zone industrielle de Nabeul qui disait avoir été filmé dans la vidéo diffusé sur internet dans un état pitoyable ce qui lui avait causé un affront et avait dénaturé ses propos. C’est l’accusation prévue par l’article 86 du Code des télécommunications et qui prévoit une peine pouvant aller d’un à deux ans et une amende. Lors de l’interrogatoire du principal accusé, Zouhaïer Makhlouf, ce dernier a affirmé ne pas être déféré pour les accusations précitées mais pour son appartenance partisane, ses positions d’opposant dans un parti reconnu et de candidat pour ce parti aux dernières élections législatives, mais aussi pour avoir fait état de vérités et avoir utilisé son droit de journaliste à manifester son opinion. Lorsque le président de séance lui a rappelé la nécessité de s’en tenir à la teneur de l’affaire et au contenu du dossier de renvoi, l’accusé a répondu qu’il s’en tenait aux déclarations qu’il avait faites devant l’enquêteur préliminaire : il était dans la zone industrielle de Nabeul avec deux personnes pour y réaliser un reportage sur les problème environnementaux . Le plaignant l’a approché et lui a demandé pourquoi il filmait. Il lui a dit qu’il préparait un reportage sur les problèmes de la zone. Makhlouf a affirmé que le plaignant l’avait autorisé à filmer son lieu de travail et que c’est ce dernier qui l’avait orienté sur le problème de la mise en marche du four avec des cuirs nuisibles à l’environnement […] dont pâtit la zone. L’accusé a également affirmé que c’est le plaignant qui a voulu figurer sur la pellicule et que son but n’était pas de faire la promotion de la poterie artisanale traditionnelle, ni de nuire au plaignant, ni de salir la réputation de sa région et de son pays comme le prétend le plaignant; Le plaignant, après voir vu la vidéo et les photos sur le site internet du PDP avait fait la connaissance de la personne qui l’avait accompagné et qui est déféré avec lui et avait su où il habitait. Il l’avait contacté pour lui demander pourquoi il diffusait la vidéo. Il s’est avisé qu’elle lui portait tort. Il lui a demandé de lui procurer le numéro de téléphone de Zouhaïer Makhlouf, et son adresse pour le menacer personnellement ce qu‘il a fait. Il a ajouté que le plaignant l’avait contacté des dizaines de fois pour le provoquer e le menacer de meurtre aussi et il a encore affirmé que la plainte déposée contre lui par la partie adverse n’était qu’un subterfuge pour se venger de lui, comme en attestent les incidences de l’enquête réalisée avec lui, au contraire de ce qui est écrit dans les procès verbaux. Il a été interrogé par la brigade d’orientation de Nabeul et la brigade de la Sûreté de l’Etat en présence de plus de 80 agents qui l’encerclaient de toutes parts, ce qui lève tous les doutes quant au caractère politique préfabriqué de l’affaire.

B) Les plaidoiries de la défense Lorsque le plaignant a chargé un avocat de se constituer partie civile, la défense n’a pu prolonger la plaidoirie sur le fonds et demander la libération de l’accuser, s’appuyant sur des requêtes de formes et procédurales qui se résument à :

– Une accusation fondée sur les déclarations du plaignant La défense a affirmé que l’accusation se fondait uniquement sur les déclarations du plaignant, que l’accusé les avait réfutées, indiquant qu’il avait filmé le prétendu lésé en conformité avec la volonté de ce dernier et selon sa convenance, donc sans aucune forme de pression. La défense a aussi démontré que les pièces saisies, à savoir la vidéo, ne figurait pas au dossier et que la Cour avait confronté l’accusé aux déclarations du plaignant, ce qui accréditait qu’elle ne les connaissait pas. Et elle s’est étonnée de ce que le procureur ait porté une accusation sans avoir pris connaissance de la teneur de la vidéo en particulier. L’essentiel de l’accusation porté contre leur client est la nuisance par film, ce qui suppose la nécessité de prendre connaissance de la réalité filmée par visionnage pour estimer s’il y a nuisance. Cela relève des prérogatives du tribunal. La défense a demandé sur cette base également de voir le disque dur en présence de toutes les parties (avocats, accusés et commission du tribunal), le représentant du ministère public a remis cette question à la jurisprudence de la Cour sans s’y opposer;

– La nullité de la procédure On déclenche l’action publique dans de telles affaires en vertu des dispositions de l’article 80 du code des télécommunications qui dispose que « les procès verbaux sont transmis au ministre chargé des télécommunications qui les transmet, pour poursuites, au Procureur de la République territorialement compétent », or cette procédure n’a pas été respectée dans l’affaire en question. Le Procureur a déclenché l’action publique, ce qui devrait amener à un non-lieu pour nullité de la procédure. Les avocats ont affirmé qu’au terme d’une longue et amère expérience dans nos tribunaux et dans des affaires à caractère politique ils n’avaient jamais vu, et ce depuis des dizaines d’années, et ne serait-ce qu‘à une seule occasion, un tribunal prononcer un non lieu pour nullité de procédure quand bien même celle-ci serait plus qu’évidente. Ils ont aussi noté que nos tribunaux ne satisfaisaient pas à la requête de remise en liberté de l’accusé dans ce type d’affaire, ce qui induit le doute quant à l’indépendance de notre justice qui est instrumentalisée par le pouvoir pour régler des comptes politiques avec tout adversaire présumé.

La détention préventive est une exception et non une règle

La défense a fait valoir que l’acte reproché à l’accusé ne constituait pas un danger pour la sécurité publique et que la détention devait être une exception à la règle. L’affaire en question n’étant rien d’autre qu’une dispute entre deux personnes où le ministère public n’est pas partie. Nombre d’accusés à qui on impute des crimes de violence ou de ou de nuisance aux biens d’autrui comparaissent libres, ne perdent pas leur liberté. De plus leur client a commencé une grève de la faim depuis la date de son arrestation le 20 octobre 2009 et son état de santé nécessite un suivi médical. L’administration de la prison refuse à plusieurs reprises aux avocats de rendre visite à leur client et de prendre connaissance de son état de santé. La défense a aussi affirmé que l’accusé n’avait pas la trempe des criminels, mais qu’il était un militant d’un parti légal, qu’il s’était présenté sur une liste du parti lors des dernières élections législatives . Et voilà qu’il était jugé pour avoir simplement présenté une image du vécu misérable de notre artisanat traditionnel de Nabeul et avait offert au regard du spectateur tunisien les images de la pollution, de la négligence et des atteintes à l’environnement dans une ville qui avait obtenu selon la propagande officielle le prix de la ville la plus propre en 2008.

Le visage du pouvoir se cache derrière la partie civile

[…] il apparaît que le plaignant a rédigé sa plainte et l’a déposée au tribunal le 8 octobre 2009 et qu’elle a été déférée au poste de la Sûreté le même jour. Mais il est clair, comme l’a indiqué l’un des avocats, que l’enquêteur préliminaire a changé la date du renvoi pour y apposer la date du 9 octobre et que le recours à cette falsification évidente, – changement du chiffre sur la feuille présentée au tribunal et envoyée à la police de Maamoura pour enquête, avait pour objectif d’espacer quelque peu la date de la plainte et celle de son arrivée à la police de Maamoura. La rapidité avec laquelle le dossier est passé du tribunal de Grombalia à Maamoura, en une journée, induit un soupçon sur la main cachée qui a poussé le dossier pour qu’il circule à la vitesse de la lumière à l’inverse de toutes les plaintes qui circulent à la vitesse des tortues, soit celle de nos tribunaux. C’est que le visage du pouvoir , même s’il tente de se dissimuler, apparaît derrière la partie civile qui est probablement utilisée pour se venger d’un homme qui a mis à nu la vérité et relevé le voile sur ce qu‘on dissimule, ce que le pouvoir ne peut tolérer

Les avocats ont demandé la remise en liberté de l’accusé et à prendre connaissance des pièces saisies. Après s’être retirée, la Cour a rejeté la demande de mise en liberté et a reporté l’affaire pour l’audience

du 24 novembre 2009 Aref Beldi

Source : le Forum « Démocratie Syndicale et politique (traduction d’extraits, Luiza Toscane)  


 

Sfax : la police encercle Djemaa Hajji à l’hôpital et tente de la terroriser

 
A la suite d’une aggravation de son état de santé du à une hypertension à 26 °, madame Djemaa Hajji, épouse d’Adnane Hajji, dirigeant des mobilisations du bassin minier, a été transportée à l’hôpital Hédi Chaker de Sfax le 10 novembre 2009 […] monsieur et madame Hajji nous ont affirmé que l’état de la malade s’était stabilisé et que l’hypertension était due au climat de tension et aux séquelles des mois passés ainsi qu’au harcèlement sécuritaire qui l’avait visée. Monsieur Adnane Hajji nous a dit que l’administration de l’hôpital régional de Gafsa et le chef de service de néphrologie s’étaient empressés d’expédier son épouse à Sfax pour s’en débarrasser, probablement sous pression politico-sécuritaire. D’autre part, madame Hajji et des syndicalistes de la santé de l’hôpital universitaire nous ont dit que des agents de la police politique avaient tenté de pénétrer à deux reprises dans le service mardi pour terroriser madame Hajji et ses visiteurs. […] Mouazz Elbey Source : Kalima (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)

Tunisie

Appel au président Ben Ali

 

Comme il est dit dans l’Ecclésiaste, il y a un temps pour tout. En l’occurrence, puisque je veux parler de la Tunisie, il y a un temps pour sauver des vies, un temps pour critiquer les régimes. Il y a un temps pour arracher la clémence du prince, un autre pour inviter les courtisans à une autocritique. Aujourd’hui, je veux m’adresser directement au président Ben Ali pour lui demander de suspendre les menaces qui pèsent en particulier sur les journalistes tunisiens. Parce qu’il sait que j’ai accompagné toute ma vie l’émancipation des peuples maghrébins, je veux lui demander non seulement un sentiment de miséricorde mais un geste politique. Le pays qu’il préside a eu dans le monde, jusqu’à ces derniers temps, une image positive : la stabilité, la sécurité, l’égalité entre femmes et hommes, l’absence d’analphabétisme, une économie sagement gérée. Ce sont des facteurs importants. Or tous ces éléments passent soudain au second plan devant un arbitraire policier qui apparaît à tous humiliant. Je dis au président Ben Ali : attention ! Ce ne sont pas les ennemis qu’il faut craindre, vous le savez mieux que personne, ce sont les amis quand on les déçoit. Lorsque le maire de Paris, Bertrand Delanoë, né à Bizerte et amoureux de la Tunisie, invite avec modération à un respect des libertés et qu’on lui répond de la manière dont on l’a fait, le moins que l’on puisse dire est que ce n’est guère habile. Monsieur le Président, il y a de grandes réussites dans les trois pays du Maghreb, Maroc, Algérie, Tunisie, qui sont au surplus les plus beaux du monde. Mais ils ont en commun au moins deux tares inexcusables. La première peut être ainsi résumée : les riches y sont scandaleusement plus riches et les pauvres insupportablement plus pauvres. Il y a une déferlante de nouveaux riches dans les trois pays, dont le comportement cynique et arrogant constitue une provocation quotidienne. La seconde tare, c’est que les jeunes gens dont les pères sont morts pour fonder des pays libres n’ont aujourd’hui qu’un seul rêve : les quitter. Vous avez été par trois fois plébiscité, Monsieur le Président, vous n’avez plus rien à conquérir du côté du pouvoir mais tout à taire du point de vue de la justice. Jean Daniel (Source: Le Nouvel Observateur Nº2349 SEMAINE DU JEUDI 12 Novembre 2009)  

 

Déclaration du Président Zine El Abidine Ben Ali à propos d’un “appel” de Jean Daniel

A l’occasion de son discours d’investiture au siège de la Chambre des Députés, jeudi 12 novembre 2009, le Chef de l’Etat a parlé brièvement en fin de cérémonie à certains des journalistes présents. Au représentant de notre journal qui lui demandait s’il avait lu “l’appel” qui lui a été adressé sur les pages du Nouvel Observateur, par M. Jean Daniel, président-fondateur de cette revue, le Président Zine El Abidine Ben Ali a répondu:  “Je n’ai pas lu le dernier numéro du Nouvel Observateur. Mais on m’en a parlé. Je ne compte pas répondre à notre ami Jean Daniel, vu son âge et son amitié pour la Tunisie. Je sais qu’il est de bonne foi. Mais il a été induit en erreur. Je lui dis quand même ceci: la justice en Tunisie est indépendante. Le journaliste auquel il fait allusion est à la disposition des juges d’instruction. A ce stade, la Constitution ne me permet pas d’intervenir.”  A noter que dans son “appel”, M. Jean Daniel demande l’intervention du Chef de l’Etat en faveur de “journalistes” qu’il ne nomme pas, dans une allusion à M. Taoufik Ben Brik, actuellement détenu en attendant sa comparution devant la justice pour violence à l’encontre d’une femme, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d’autrui. (Source: “La Presse” (Quotidien – Tunisie) le 1 novembre 2009)

 


Affaire Ben Brik: le président Ben Ali laisse la porte ouverte à une éventuelle grâce

 

Associated Press, le 12 novembre 2009 à 15h48 TUNIS (AP) — Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, interrogé par un journaliste, a laissé jeudi la porte ouverte à une éventuelle mesure de grâce en faveur du journaliste Taoufk Ben Brik. M. Ben Brik a été placé sous mandat de dépôt fin octobre dernier et incarcéré à la prison de Mornaguia, près de Tunis, pour “agression” d’une femme. Il doit être jugé le 19 novembre. Le journaliste a déclaré à ses avocats que cette affaire était “montée de toutes pièces par les autorités” à la suite d’une série d’articles publiés dans la presse française, comportant des critiques virulentes contre le régime tunisien. Jeudi, le président tunisien était interrogé par un journaliste à sa sortie du parlement à l’issue de sa cérémonie d’investiture, sur l’appel à la clémence lancé par Jean Daniel, président fondateur du “Nouvel Observateur”, en faveur de Ben Brik. Tout en se refusant à répondre à cet appel, le président Ben Ali s’est dit persuadé que “notre ami Jean Daniel, vu son âge et son amitié pour la Tunisie”, “est de bonne foi, mais qu’il a été induit en erreur”. “Je lui dis quand même ceci: la justice en Tunisie est indépendante. Le journaliste auquel il fait allusion est à la disposition des juges d’instruction. A ce stade, la Constitution ne me permet pas d’intervenir”, a ajouté le président Ben Ali, n’écartant donc manifestement pas l’éventualité d’une grâce de M. Ben Brik. Dan son appel publié dans le dernier numéro de l’hebdomadaire français, Jean Daniel demandait au président tunisien son intervention en faveur de “journalistes” qu’il ne nomme pas, allusion à Taoufik Ben Brik. Il réclamait “non seulement un sentiment de miséricorde mais un geste politique”. AP AP  

Tunis a saisi l’Union du Maghreb arabe et l’Union africaine pour “ingérence dans ses affaires intérieures”

Associated Press, le 12 novembre 2009 à 16h42 TUNIS (AP) — Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a annoncé jeudi que son pays avait saisi l’Union du Maghreb arabe (UMA) et l’Union africaine (UA) pour ce qu’il considère comme une “ingérence dans ses affaires intérieures”. Si le président Ben Ali n’a pas précisé nommément les parties qu’il met en cause, il faisait manifestement allusion aux prises de position enregistrées en France, tant du côté du Quai d’Orsay que de partis d’opposition et d’ONG, qui ont dénoncé des “atteintes aux libertés et aux droits de l’Homme” en Tunisie après l’arrestation du journaliste d’opposition Taoufik Ben Brik. Dans un discours prononcé à l’occasion de sa prestation de serment devant les deux chambres du parlement réunies en séance extraordinaire, M. Ben Ali, tout juste réélu avec 89,62% des voix pour un cinquième mandat de cinq ans, a souligné que la Tunisie “rejette toute ingérence dans ses affaires intérieures et ne permet à personne de s’en prendre à elle ou de chercher, à travers la tromperie et l’affabulation, à nuire à son prestige”. Selon lui, “semblable ingérence va au-delà de l’atteinte à la souveraineté de notre pays pour affecter également la souveraineté de l’Union du Maghreb Arabe et de l’Union africaine auxquelles nous appartenons”. Le chef de l’Etat a donc annoncé que Tunis avait “saisi de cette question la présidence de chacune de ces deux organisations, afin qu’elles adoptent la position qui s’impose et s’élèvent contre ces abus” qu’il juge “contraires au principe de respect de la souveraineté des Etats et de non-ingérence dans leurs affaires”. M. Ben Ali s’en est pris, dans ce contexte, aux Tunisiens qui “cherchent à ternir l’image de (leur) son pays en s’abritant sous la puissance de l’étranger”. Il faisait allusion aux opposants qui se sont succédé ces dernières semaines sur des chaînes satellitaires étrangères pour dénigrer le régime. “Un tel comportement est répréhensible moralement, politiquement et légalement. Au surplus, (il) ne peut lui donner aucune immunité face à la législation tunisienne”, a-t-il averti. Le président a par ailleurs annoncé un train de mesures économiques et sociales destinées essentiellement à faire face au “défi du chômage” dont il a fait “la priorité absolue” dans son prochain quinquennat et à améliorer les conditions de vie des Tunisiens. AP  


Tunisie – Ben Ali se rebiffe contre les “ingérences étrangères”

 
Reuters, le 12 novembre 2009 à 17h45 TUNIS, 12 novembre (Reuters) – Le président tunisien Zine el Abidine ben Ali a dénoncé jeudi les “ingérences étrangères” dans son pays, faisant apparemment référence à des critiques de Bernard Kouchner. Lire la suite l’article Le ministre français des Affaires étrangères s’était déclaré “déçu” mardi au micro d’une radio française par l’arrestation du journaliste d’opposition tunisien Taoufik ben Brik. “Une tel ingérence va au-delà de la souveraineté de notre pays car elle affecte la souveraineté de l’Union du Maghreb arabe et de l’Union africaine auxquelles nous appartenons”, a déclare Ben Ali devant le parlement. “Nous avons soumis cette question aux présidents des deux organisations en vue de prendre la position qui s’impose et de protester contre ces abus”, a-t-il ajouté. L’Union du Maghreb arabe – qui regroupe, outre la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Libye – comme l’Union africaine sont actuellement présidées par le colonel Mouammar Kadhafi. Ben Ali a accusé Ben Brik, qui doit être jugé la semaine prochaine sous l’accusation d’avoir agressé une femme, et d’autres opposants d’enfreindre la loi sous couvert de droits de l’homme. Selon des organisations de défense de droits de l’homme, les services de sécurité tunisiens auraient monté l’affaire de toutes pièces pour punir le journaliste d’articles critiques à l’égard de la politique de Ben Ali. REUTERS


Tunisia leader accuses French critics of meddling

Reuters, le 12 novembre 2009 à 17h32 TUNIS, Nov 12 (Reuters) – TUNIS (Reuters) – Tunisian President Zine El Abine Ben Ali on Thursday attacked “foreign interference” in what appeared to be a response to French criticism of his country’s human rights record. Foreign Minister Bernard Kouchner told a French radio station on Tuesday he was “disappointed” with the arrest of a journalist in Tunisia. The Tunisian authorities have arrested journalist Taoufik Ben Brik, a virulent critic of Ben Ali. “Such interference goes beyond the violation of the sovereignty of our country as is it affects the sovereignty of the Arab Magreb Union and the African Union to which we belong,” Ben Ali said in a speech to the parliament. Ben Ali accused Ben Brik and other dissidents of hiding criminal acts under the cover of human rights. The Tunis government insists Ben Brik, who will go on trial next week, was detained last week after a woman complained he had beaten her. But rights groups say the authorities trumped up the case to punish him for publishing articles critical of Ben Ali’s policy. “We have submitted this issue (of foreign interference) to the presidents of theses two organizations (Maghreb and African Unions) in order to adopt the necessary position and protest against these abuses,” Ben Ali added. Libyan leader Muammar Gaddafi is chairing both the 53-member African Union and the Arab Maghreb Union which groups Algeria, Morocco, Libya, Mauritania and Tunisia. It is the first time in more than 50 years that a Tunisian leader raises the issue of complaining about French critics of his human rights record to foreign bodies. France is the main source of trade and investment for Tunisia and an ally in the fight against radical Islamism, which is seen by the Tunis government as the main threat to the stability of the North African country. (Reporting by Tarek Amara; editing by Ralph Boulton)


Tunisie: mesures de réduction du chômage et d’appui aux entreprises

AFP 12.11.09 | 19h58 Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a annoncé jeudi des mesures pour réduire le chômage et appuyer les entreprises, dans un premier discours au parlement après sa réélection le 25 octobre pour un 5ème mandat Il a notamment fait état d’un programme d’embauche à partir de décembre pour quelque 10.000 diplômés de l’université, une catégorie très touchée par le chômage dont le taux moyen atteint 14% officiellement. Dans son programme électoral en 24 points, M. Ben Ali s’était engagé à réduire d’un point et demi le taux de chômage et de faire ne sorte qu'”aucune famille (ne reste) sans travail ou sans source de revenu pour l’un de ses membres” avant 2014, terme de son nouveau mandat. Dix mille autres jeunes suivront une formation emploi en informatique, alors que des mesures spécifiques s’adressent aux promoteurs de projets en nouvelles technologies de l’information. Le chef de l’Etat a affirmé vouloir faire de la Tunisie un “pôle régional d’activités innovantes”, annonçant la création de technopoles pour attirer des multinationales créatrices d’emplois. Des mesures fiscales ont été prises en faveur des entreprises exportatrices dotées de comptes en devises, alors les unités offshore se verront dispenser d’autorisation pour certains de leurs transferts. La dinar tunisien sera convertible d’ici 2014 avec assouplissement de la politique de change et renforcement des avoirs en devises et de l’assise financière des banques. Sont également décidés une majoration de 50% de l’allocation touristique annuelle et des frais d’études à l’étranger, ainsi que l’octroi en 2010 d’une prime d’investissement aux promoteurs de projets à taux d’intégration élevé. Le plafond des microcrédits a été élevé et des mesures d’allègement de la pression fiscale envisagées par la suppression de la TVA dans certains cas et des facilités de recouvrement pour d’autres. La Tunisie abrite environ 3.000 entreprises étrangères, dont plus du tiers sont françaises ou à capitaux mixtes.


Tunisia’s single-president politics

Zine El Abidine Ben Ali has won a fifth term, but he can’t go on forever, and nor can the current constitution  

 Bassam Bounenni To nobody’s surprise, President Zine El Abidine Ben Ali of Tunisia won a fifth term in last month’s elections, with a massive 89.62% share of the vote. His party, the Constitutional Democratic Rally (RCD) also kept its stranglehold over parliament with 161 out of 214 seats. Though human rights groups and others have questioned the fairness of the elections, the main issue for opposition parties now is what will happen when Ben Ali eventually goes. He is 73 and cannot seek a sixth term unless he amends the Election Act for a third time. So some kind of political change seems likely five years from now, if not before. The ruling party has maintained a low profile on the succession issue, which is still regarded as a taboo subject, and local media have refrained from mentioning that Ben Ali cannot stand for elections in 2014. The uncertainty that many Tunisians feel, right now, seems to be part of the succession issue. Ben Ali assumed the presidency in 1987, just a few weeks after becoming prime minister, by having President Habib Bourguiba declared medically unfit for office. Under the terms of the Tunisian constitution at the time, Ben Ali then automatically took over. But anyone hoping to succeed Ben Ali would not be able to follow the same route to the top. The constitution now states (Article 57) that on the “death, resignation, or total incapacity” of the president his powers would pass temporarily to the head of parliament (a relative nonenity called Fouad Mebazaa) for a maximum of 60 days. It also states that the acting president cannot become a candidate for the full-time presidency. In the meantime, a family succession is not ruled out. The Regent of Carthage, a controversial book by Nicolas Beau and Catherine Graciet, published last month, dissects the “key role” of president’s wife, Leila Ben Ali, in shaping Tunisian policy. The two French journalists assume that nothing could prevent a succession being exclusively arranged within the first lady’s entourage. President’s son-in-law, Mohamed Sakhr Materi, seems to be in the process of being groomed for power, having won a parliamentary seat in the recent elections. Outside of the ruling family entourage, other names usually cited include foreign minister Abdelwahab Abdallah and defence minister Kamel Morjane. But, the thorny issue of succession should not distract from the need for political reforms. Foreign observers and diplomats are aware that more political openness is vital for the small North African country. Last July, the US ambassador to Tunisia speaking before the senate committee on foreign relations said that “human rights don’t just stop on election day. They continue past and include freedom of association, freedom of expression, and freedom of assembly”. In addition to freedoms, constitutional reform has become a must. In an astonishing article for Le Monde, former minister and diplomat Tahar Belkhodja warned that “nothing could guarantee a safe succession”, calling on Ben Ali to relinquish his position as RCD’s president in order to put an end to a 53-year-old system which is basically centred around a single party. However, such bold proposals could not be implemented without amending the constitution and the electoral act. Opposition parties see the current legal framework as a real barrier to any political openness. Moreover, they fear the removal of the age limit on candidacy, the only impediment (barring ill health) to a sixth term for Ben Ali. The post-electoral period has started in an atmosphere of fear. Indeed, RCD’s officials have evoked the spectre of foreign interference in order to silence dissent. The Tunisian authorities have also cracked down on independent journalists and genuine opponents, accusing them of “divisive rhetoric” in their discourse. President Ben Ali’s aides are embarrassed when they recall the political manifesto issued when he came to power, promising no more de facto presidency for life, no more corruption and no more authoritarianism. That was in 1987. And it’s almost the same in 2009. In those 22 years we’ve almost come full-circle, and an undemocratic regime is drawing to a close. (Source: guardian.co.uk, Thursday 12 November 2009 08.00 GMT )


La cigarette et le «kif» en Tunisie

Jalel El Gharbi Ils sont plus de 3,5 millions. Ils dépensent plus de 100 dinars par mois, soit plus du 1/5 du salaire moyen. Ils sont de plus en plus jeunes à fumer. Il n’est pas impossible de s’entendre dire qu’il y en a à l’école primaire. Dans les collèges et dans les lycées, c’est une véritable pandémie. Résultat : en Tunisie, ils sont plus de 7 000 à décéder des suites du tabagisme. Soit en moyenne 20 personnes par jour. La société s’inquiète de ce fléau et on est de plus en plus nombreux à se mobiliser pour lutter contre. C’est une mobilisation qui enrôle médecins, enseignants, imams, artistes et organisations nationales y compris la centrale syndicale (UGTT). Au ministère de l’éducation nationale, la lutte contre le tabagisme est une priorité. Pourtant le tabagisme a de beaux jours devant lui en Tunisie. Ici, on peut voir des fonctionnaires – parfois en uniforme – cigarette au bec dans des bureaux où il est interdit de fumer. Je ne sais pas s’ils accepteraient qu’un citoyen en fasse autant ! Un feuilleton montre une jeune fille, qui a réussi sa vie, marquer cette réussite en allumant une cigarette (je parle d’un de ces feuilletons qu’on passe pendant le ramadhan). Ainsi donc la cigarette n’est pas présentée comme un signe de sous-développement, ni le narguilé comme signe d’oisiveté ; l’un et l’autre sont ressentis comme preuve de distinction, de réussite. Parfois, la cigarette est chargée de connotations érotiques d’autant plus fortes qu’elles sont extrêmement insidieuses. Autre connotation de la cigarette : c’est une preuve qu’on a de la classe, du raffinement. Or il n’est pas possible d’agir contre le tabagisme sans délester la cigarette de toutes ces connotations qui agissent sur la jeunesse. Le pays a besoin de revoir la symbolique de la cigarette, car celle qui est en vigueur date des années 1940-1950. On fume de plus en plus des cigarettes importées de France ou des USA. Dans les bureaux de tabac, l’éventail des marques de cigarettes a fortement rétréci : deux ou trois marques locales, une française, deux ou trois US. Les cigarettes bon marché ne sont plus de mise. Le fumeur ne se contente pas de satisfaire un besoin ; il doit afficher son niveau de vie. En contre partie, on achète de plus en plus au détail. N’importe qui peut acheter des cigarettes au détail n’importe où. On en vend même à un enfant de cinq ans. La cigarette est sans doute la marchandise la plus disponible en Tunisie. Les bureaux de tabac sont partout et certains sont ouverts 24h/24. Aucune restriction ne semble être en vigueur. A quoi répond l’acte de fumer ? Pourquoi cet engouement tunisien qui place le pays au premier rang des pays arabes ? L’ancien fumeur repenti que je suis croit que fumer répond au besoin d’avoir besoin. Dit autrement, fumer répond à un manque incommensurable. Socialement, cela veut dire que ce fléau est la réponse d’un pays où l’on est jeune, avec peu de moyens et confronté à un modèle de consommation implacable. Fumer semble la réponse aux désirs frustrés. Réponse oisive (puisqu’on peut passer sa matinée ou son après-midi à fumer le narguilé). Dans les milieux les plus défavorisés, la cigarette est un antidépresseur relativement bon marché. Culturellement, la Tunisie devrait revoir un concept qui y fait des ravages : celui du Kif. Dans le dialecte tunisien « fumer » se dit «yitkaif » (de kif, un peu comme le verbe kifer aujourd’hui). Le Kif c’est avant tout le hashish, qui était en vente libre sous l’occupation française ! C’est un état de passivité, d’impassibilité doublé d’une sensibilité aiguë pour les menus plaisirs, ceux que l’écrivain suisse Nicolas Bouvier appelle « plaisirs modiques », c’est-à-dire, en l’occurrence : le café, le verre de Boukha, le chant d’un oiseau, un œillet, un bouquet de jasmin. Quelque chose qui n’est pas loin de l’ataraxie épicurienne. L’écrivain Albert Memmi donne une définition du mot : « Le Kif est un état de l’âme. Une chaise à l’ombre, à la fin de la sieste, où la chaleur imperceptiblement se transforme en fraîcheur ; au crépuscule où lentement les couleurs se changent en nuit. Ce vieil homme assis sur la terrasse blanche du café du Phare devant la mer immense, que je retrouvai à la même place, le soir : se réjouissait-il de l’infini ou était-il au-delà des plaisirs ? Le kif est-il cet au-delà ? ». Le kif, c’est l’ivresse retrouvée par d’autres moyens, et le moyen le plus indiqué, c’est la cigarette. C’est le contenu du mot « kif » qui doit changer en Tunisie. Par exemple : remplacer l’œillet qu’on cueille par l’œillet qu’on plante, l’homme assis à la terrasse à ne rien faire par le même homme mais tenant un livre, remplacer le bouquet de jasmin par le roseau du calame. Il faut une métamorphose culturelle pour que la Tunisie ne compte plus 80% de fumeurs parmi les élèves en terminale et pour qu’un bémol soit mis aux borborygmes des narguilés. (Source : « babelmed.net » (portail des cultures méditerranéennes – France), le 5 novembre 2009) Lien : http://www.babelmed.net/Pais/M%C3%A9diterran%C3%A9e/la_cigarette.php?c=4679&m=34&l=fr

 

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