12 août 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2637 du 12.08.2007

 archives : www.tunisnews.net


 
AP: Tunisie: un ex-détenu à Guantanamo accuse les militaires américains de lui avoir sectionné les doigts Presse Canadienne: Tunisie: un ex-détenu de Guantanamo rejugé 12 ans après une condamnation AFP: La Tunisie séduit les centres d’appel européens AFP: Tunisie: nominations dans le secteur de l’information, changement à la TAP Nasreddine Ben Hadid: Le projet sioniste en échafaudage oublié et guillotine permanente !!!


 
Monde

Tunisie: un ex-détenu à Guantanamo accuse les militaires américains de lui avoir sectionné les doigts

 
The Associated Press – 20/NaN/8-10 à 20:44:49 – 481 mots Un Tunisien récemment rapatrié de la base de Guantanamo, Lotfi Lagha, a accusé les militaires américains de lui avoir sectionné les doigts après l’avoir drogué, a déclaré vendredi son avocat, Me Samir Ben Amor. Les autorités américaines n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat. Me Ben Amor a accordé un entretien à l’Associated Press après avoir rencontré jeudi son client pour la première fois la veille à la prison de Mornaguia, à 30km de Tunis, où il est incarcéré depuis son retour en Tunisie fin juin dernier. Selon le récit fait par Me Ben Amor, Lotfi Lagha avait immigré clandestinement en 1998 en Italie où il est devenu musulman pratiquant. C’est au début de 2001 qu’il est parti pour l’Afghanistan, a indiqué l’avocat sans en préciser les motivations. Au plus fort de l’offensive américaine, il s’était réfugié à Tora-Bora, en Afghanistan, pendant un mois, avant de fuir le pays. Il a été arrêté début 2002 à la frontière pakistanao-afghane dans un état très précaire. « J’avais les mains et les pieds gelés par le froid glacial », a-t-il relaté à son avocat. Après une hospitalisation pendant trois mois et demi, les services de sécurité pakistanais l’ont remis à l’armée américaine qui l’a transféré à la base de Bagram, en Afghanistan. Pendant le mois qu’il y resté, les militaires américains lui avaient dit que son état nécessitait qu’on lui coupe les doigts des deux mains affectés. Il a déclaré s’y être farouchement opposé, d’autant que les médecins pakistanais lui avaient assuré qu’il pouvait être soigné par un traitement ordinaire. C’est alors que médecins américains de la base de Bagram l’ont drogué le soir pour qu’il se trouve le lendemain avec quatre doigts de chaque main sectionnés, excepté les pouces, affirme-t-il. « A mon réveil et malgré mon état, les militaires n’ont pas arrêté de m’asséner des coups partout sur le corps avec des matraques et leurs brodequins », ajoute-t-il. Il a également dénoncé les mauvais traitements qu’il dit avoir subi dans la base militaire de Kandahar. Pendant les cinq ans qu’il devait passer ensuite dans la base de Guantanamo, Lotfi Lagha a dit avoir été victime, avec d’autres détenus, de « tortures et autres pratiques humiliantes ». Lotfi Lagha qui affirme avoir été rapatrié malgré lui, fait l’objet de poursuites pénales sous l’accusation d’appartenance à association de malfaiteurs. Il encourt une peine de six ans de prison, selon le code pénal tunisien. Il a été interrogé pendant trois jours au ministère de l’intérieur sans faire l’objet de maltraitements, selon son avocat qui prévoit que son procès aura lieu vers novembre prochain. AP  

Tunisie: un ex-détenu de Guantanamo rejugé 12 ans après une condamnation

Le 7 août 2007 – 14:27  |  Presse Canadienne   Rapatrié en Tunisie fin juin après cinq ans de détention sur la base militaire américaine de Guantanamo, Abdallah ben Amor est toujours emprisonné et regrette d’avoir accepté de retrouver son pays. Il y sera rejugé pour une affaire qui lui a valu une condamnation par contumace, selon son épouse Khadija Bousaïdi. Cette entrevue à l’Associated Press, la première qu’elle accorde à la presse, s’est déroulée samedi dans les bureaux de l’avocat de son époux, Me Samir ben Amor, Mme BousaJidi ayant tenu à éviter de rencontrer le correspondant de l’AP à son domicile. Agé de 51 ans, Abdallah ben Amor avait été condamné par contumace en 1995 à dix ans de prison dans l’affaire dite du « Front islamique de Tunisie », auquel il nie avoir appartenu. Il doit être rejugé par le tribunal militaire de Tunis le 26 septembre. Son parcours commence au Pakistan, où il s’était installé en 1988 avec son épouse, ses enfants ainsi que son beau-fils Hédi Hammami, époux de sa fille aînée. Pendant 14 ans, il y a fait commerce de textiles et a travaillé dans le cadre d’organisations de secours islamiques, selon son épouse. Mais en 2002, Abdallah ben Amor a été arrêté par les services de sécurité pakistanais, en compagnie de son beau-fils. Ils ont été transférés vers la base militaire de Bagram, en Afghanistan, puis vers Guantanamo. Le jour de sa remise aux autorités tunisiennes, l’ex-pensionnaire de Guantanamo a été conduit au ministère de l’Intérieur où il a été interrogé par les services de sécurité. « Ils voulaient savoir à quelles organisations il appartenait et lui faire signer un document contenant des aveux dans ce sens, qu’il a du reste refusé de signer », rapporte Mme Bousaïdi. Les autorités tunisiennes nient que le détenu ait subi des mauvais traitements ou fait l’objet de menaces.  

La Tunisie séduit les centres d’appel européens

 
La Tunisie attiré 12 nouveaux centres d’appel européens dont Research, HP call center et Nova system International au premier semestre 2007. dimanche 12 août 2007.  La France vient en tête des pays d’origine des nouveaux centres d’appel européens installés en Tunisie, avant l’Italie et l’Allemagne. Le modèle a fait école, dix plates-formes ayant été créées par des start-up locales ou en mixte depuis le début de l’année. Selon l’agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA), les centres d’appel, spécialisés pour la plupart dans la relation-client et la télévente, emploient 8 000 Tunisiens, essentiellement des jeunes diplômés. Souvent polyglottes, ces derniers constituent une main-d’œuvre qualifiée et bon marché, 15 % des effectifs de l’université poursuivant des études liées aux télécommunications et nouvelles echnologies. La Tunisie encourage la délocalisation pour résorber le chômage et applique généralement aux centres étrangers des tarifs de communication réduits ou identiques à ceux pratiqués dans leurs pays d’origine. Leader du marché, avec 30 millions d’euros de chiffres d’affaires par an, la Société tunisienne de télémarketing, filiale de Téléperformance (France), avait été la première à s’implanter en Tunisie à la fin de l’année 2000. Synthèse de Mourad D’après Agence France Presse  

Tunisie: nominations dans le secteur de l’information, changement à la TAP

AFP 11.08.07 | 17h32 Un ancien fonctionnaire international auprès de l’Onu, Mohamed Missaoui, a été nommé président directeur général de l’Agence officielle Tunis-Afrique-Presse (TAP), a indiqué samedi un communiqué du ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement. La même source précise que le directeur du quotidien gouvernemental arabophone Essahafa, Sahraoui Gamaoun, a été désigné directeur général de l’Information. Un historien, Abdeljelil Bouguerra, lui succèdera à Essahafa. Ancien fonctionnaire international auprès de l’Onu et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), M. Missaoui a occupé durant trois ans le poste de rédacteur en chef du quotidien gouvernemental francophone La Presse, avant d’etre nommé début 2007 directeur général de l’Information. Agé de 57 ans et diplômé d’histoire et de sociologie, il remplacera à la TAP Mohamed Benezzedine, qui dirigeait cette agence depuis mars 2000. Sahraoui Gamaoun, 54 ans, qui a succédé à M. Missaoui à la direction générale de l’Information, est journaliste de formation et ancien correspondant de la TAP en Algérie. Ces nominations ont suivi l’annonce de la création d’un nouvelle chaîne de télévision satellitaire publique le 25 juillet dernier par le président Zine El Abidine Ben Ali. Le chef de l’Etat tunisien avait évoqué la nécessité de « renforcer le secteur de l’information publique » et prôné « plus d’audace » dans la presse lors d’un discours à l’occasion du 50e anniversaire de la République.


 

Aux lecteurs : Cette interview dénote bien d’un malaise fort et d’une crise existentialiste, qui secouent l’entité sioniste. Il ne faut guère chercher à savoir si «cette hirondelle» annonce bien un printemps, ou si cet arbre cacherait une certaine forêt, mais à porter un regard critique au vu d’une réalité qui s’accélère d’un jour à l’autre. Nous apportons ici une analyse et surtout une vision, qui ne cherche nullement à contredire ou «établir» un certain dialogue indirect même, tant que le «sionisme» n’a été reconnue comme la forme la plus abjecte de la barbarie humaine, tant que «l’État d’Israël» n’a pas été «déboulonné» pour que soit créé «un État pour tous ses citoyens». La partition de la Palestine ne peut concevoir une solution «temporaire» ou même «tampon». Les réfugiés ont bien droit de reprendre leurs terres et regagner un «chez eux» qui leur manque tant.

Nasreddine Ben Hadid

 

Avraham Burg : “Israël a le choix entre la foi et l’effroi”

Dans son dernier essai, « Vaincre Hitler », l’ancien président de la Knesset Avraham Burg attaque de front le sionisme et compare Israël à l’Allemagne d’avant 1933. L’entretien qu’il a accordé à «Ha’Aretz» a suscité des milliers de réactions, souvent indignées.

Ari Shavit, Courrier International

 

Monsieur Burg, j’ai lu votre nouvel essai, Lenatzea’h èt Hitler [Vaincre Hitler]*, qui vous inscrit en rupture avec le sionisme. Etes-vous encore sioniste?

AVRAHAM BURG: Je suis un être humain, un Juif et un Israélien. Le sionisme a été le vecteur pour passer de l’état de Juif à celui d’Israélien. Il me semble que c’était Ben Gourion [fondateur de l’Etat d’Israël] qui déclarait que le mouvement sioniste était un échafaudage nécessaire pour construire notre foyer national et qu’il fallait le démonter aussitôt après avoir construit notre État.

Donc, vous n’êtes plus sioniste?

Tout notre XXe siècle a été marqué par le premier Congrès sioniste [de 1897, à Bâle] et la victoire du sionisme [politique] de Theodor Herzl sur le sionisme [spirituel] d’Ahad Ha’Am [de son vrai nom Asher Hirsch Ginsberg, fondateur des Amants de Sion et pionnier de la renaissance littéraire hébraïque en Ukraine]. Le XXIe siècle devrait être celui d’Ahad Ha’Am.

Le sionisme, c’est la foi en la création et la consolidation d’un État national juif et démocratique. Avez-vous perdu cette foi ?

Dans sa définition actuelle, je ne partage plus cette foi. Pour moi, l’État d’Israël ne peut être qu’un moyen, pas une fin, car il est indifférent aux aspirations spirituelles et mystiques exprimées par la religion juive. En outre, faire de cet État l’instrument de notre rédemption collective, tout en nous acharnant à le définir comme démocratique, ce n’est pas seulement impossible, c’est de la dynamite.

Faut-il amender la loi du Retour ?

Le tort de cette loi, c’est d’être le reflet de la doctrine d’Hitler [la loi du Retour octroie la citoyenneté israélienne à toute personne née dans la diaspora et considérée comme juive selon la tradition religieuse orthodoxe, une définition reprise littéralement par les lois de Nuremberg]. Et je refuse de voir mon identité définie par Hitler. Nous devons vaincre Hitler.

Vous écrivez que si le sionisme n’est qu’une idéologie catastrophiste, alors vous n’êtes pas seulement post-sioniste mais antisioniste. Vous savez pertinemment que, depuis les années 1940, la dimension catastrophiste est inséparable du sionisme. Donc, vous êtes antisioniste.

Ce qu’Ahad Ha’Am reprochait à Theodor Herzl, c’était de fonder le sionisme sur le seul antisémitisme des gentils [non-Juifs]. Ahad Ha’Am voulait faire d’Israël un centre spirituel fondé sur nos ressources spirituelles. Son heure est venue. Le sionisme de confrontation vit ses dernières heures. Notre sionisme de confrontation contre le monde entier est en passe de nous mener au désastre.

Au-delà de vos positions sur le sionisme, c’est tout votre livre qui respire l’anti-israélisme.

Enfant, j’étais un Juif – dans l’acception populaire, israélienne et dénigrante du terme – un yehudon, un « petit Juif ». J’avais été scolarisé dans un heder [école religieuse]. Ensuite, toute ma vie, j’ai été un Israélien, par la langue, les symboles, les goûts, les senteurs, les lieux, tout. Mais, aujourd’hui, ça ne me suffit plus. Je suis davantage qu’un Israélien. La dimension israélienne de mon identité me coupe de mes deux autres dimensions, l’humaine et la juive.

Ce qui vous permet de prononcer des paroles terribles à notre encontre.

Mon livre est un livre d’amour, et l’amour peut blesser. Je vois mon amour se faner sous mes yeux. Je vois ma société et mon pays se détruire.

Comment pouvez-vous parler d’amour quand vous écrivez que les Israéliens ne comprennent que la force ? Si quelqu’un disait que les Arabes ou les Turkmènes ne comprennent que la force, il serait traité de raciste. Et à juste titre. Vous dites aussi qu’Israël est un ghetto sioniste, un endroit violent qui n’a confiance qu’en lui-même.

Regardez ce qui s’est passé avec le Liban [la guerre de juillet 2006]. Tout le monde a dû convenir que la force n’était pas une solution. Que disons-nous quand il s’agit de Gaza ? Que nous allons leur rentrer dedans, les éliminer. Nous n’apprenons rien. Cette violence n’irrigue pas seulement les rapports entre nos deux nations [israélienne et palestinienne], mais entre tous les individus. Il suffit d’entendre un simple échange verbal dans la rue entre des Israéliens ou d’écouter les femmes battues pour prendre la mesure de la violence qui nous empoisonne. Regardons-nous dans un miroir.

Pour vous, notre problème, ce n’est pas seulement l’occupation, mais un Israël qui serait le fruit d’une abominable mutation ?

L’occupation n’intervient que peu dans le fait qu’Israël est une société effrayée. Pour comprendre pourquoi nous sommes obsédés par la force et éradiquer cette obsession, il faut traiter nos peurs. Notre effroi suprême, notre effroi originel, ce sont les 6 millions de Juifs mis à mort durant la Shoah.

C’est la thèse de votre essai. Nous sommes des mutilés mentaux. Notre culture de la force est le fruit du dommage psychologique infligé par Hitler. Mais, ce faisant, vous semblez croire que nous vivons en Islande et que nous nous imaginons encerclés par des nazis qui ont disparu il y a soixante ans. Or nous sommes bel et bien encerclés. Nous sommes l’un des pays les plus menacés au monde.

En Israël, aujourd’hui, le vrai clivage est celui qui oppose ceux qui vivent dans la foi à ceux qui vivent dans l’effroi. La grande victoire de la droite dans la conquête de l’âme israélienne, c’est de lui avoir instillé la paranoïa absolue. Je ne nie pas nos problèmes. Mais tout ennemi est-il synonyme d’Auschwitz ? Le Hamas est-il une plaie divine ?

Vous êtes paternaliste et dédaigneux. Vous ne témoignez d’aucune empathie pour les Israéliens. Traiter chaque Juif israélien de paranoïaque, c’est un cliché. Il arrive que des paranoïaques soient réellement persécutés. [Le président iranien] Ahmadinejad n’est certes pas Hitler. Mais, quand il dit que nos jours sont comptés, ses menaces sont réelles. Ce monde réel, vous l’ignorez avec superbe.

La question est de savoir si Israël est aujourd’hui fondé sur la foi ou sur l’effroi. Il me semble qu’Israël est arc-bouté sur ses traumatismes. Ne serions-nous pas mieux à même d’affronter le défi iranien si nous avions davantage foi dans le monde qui nous entoure et dans la possibilité de bâtir des alliances ? Au lieu de quoi, nous disons haut et fort que nous n’avons aucune confiance en un monde qui nous abandonnera le moment venu.

A vous lire, nous ne sommes pas seulement victimes des nazis, mais nous sommes presque des judéo-nazis. Certes, vous êtes prudent mais vous écrivez qu’Israël en est au stade de l’Allemagne avant l’arrivée des nazis…

Au départ, mon essai devait s’appeler « Hitler nitza’h » [Hitler a vaincu]. Mais, à mesure que j’écrivais, je me suis rendu compte que rien n’était jamais perdu. Et j’ai découvert en mon père le représentant de ce judaïsme allemand qui était à la pointe de son époque. Je suis un optimiste, et mon livre se conclut sur une note positive.

Votre conclusion est peut-être optimiste, mais votre livre ne cesse de bâtir une analogie entre l’Allemagne et Israël. Sur quelles bases ?

Je ne fais pas de la science exacte, mais cette analogie se fonde sur quelques éléments : un sentiment profond d’humiliation nationale, la conviction que le monde entier nous rejette et la centralité du militarisme dans notre identité. Voyez le rôle de tous ces officiers de réserve dans notre société. Voyez le nombre de civils armés dans nos rues. Voyez ce cri qui ne choque plus personne : « Aravim ha’hutza ! » [Les Arabes dehors!]

Vous craignez une régression fasciste en Israël ? Pour vous, les slogans graffités sur les murs de Jérusalem sont identiques à ceux qui s’affichaient sur les murs de Berlin dans les années 1930?

Je pense que cette régression est déjà à l’œuvre. Nous ne combattons pas ces slogans avec assez de force. J’écoute ce qui se dit à Sderot [ville ciblée par les roquettes du Hamas] : « Nous allons les détruire. Nous allons détruire leurs villes. Nous allons les expulser. Nous allons les anéantir. » Notre gouvernement ne compte-t-il pas en son sein un parti qui prône le transfert [des Palestiniens vers la Jordanie] ? Ces dernières années, nous avons franchi tant de lignes rouges que je suis en droit de me demander lesquelles nous franchirons demain.

Dans votre livre, vous écrivez : « J’appréhende fortement ce moment où la Knesset interdira les rapports sexuels avec les Arabes ou adoptera des mesures interdisant aux Arabes d’employer des nettoyeuses ou des ouvriers juifs, comme dans les lois de Nuremberg. » N’y allez-vous pas un peu fort?

Quand j’étais président de la Knesset, j’ai pu discuter avec des gens de tous bords. J’ai entendu des pacifistes me dire qu’ils étaient pour la paix parce qu’ils haïssaient les Arabes et ne voulaient plus les voir. J’ai entendu des élus de droite parler le langage de Meir Kahane [leader d’extrême droite assassiné à New York en 1990]. Le kahanisme siège déjà à la Knesset. Le parti de Kahane a beau être interdit [depuis 1986, pour apologie de la haine raciale], ses idées sont défendues par 10 %, 15 %, voire 20 % des députés juifs.

Je vais être franc avec vous. Nous, Israéliens, avons de sérieux problèmes éthiques. Mais la comparaison avec l’Allemagne nazie n’est pas fondée. Certes, la place de l’armée dans nos vies et dans notre politique pose problème. Mais comparer Israël à une sorte de Sparte prussienne ne vivant que par et pour le glaive, c’est un déni de réalité.

Ce n’est pas par hasard que je fais des comparaisons avec l’Allemagne. La conviction que nous sommes obligés de vivre par le glaive vient de notre expérience de l’Allemagne. Ce qu’ils nous ont infligé pendant douze ans exige que nous ayons un glaive effilé et qui résiste à l’épreuve du temps. C’est le pourquoi de la Clôture [le mur]. La clôture de séparation est une clôture contre notre paranoïa. Et elle est le fruit de mon milieu politique. C’est Haïm Ramon [ancien travailliste et actuel centriste] qui l’a théorisée. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il suffit de la dresser pour que notre problème soit résolu parce que nous ne les voyons plus ? Cette muraille veut aussi représenter physiquement les confins de l’Europe, un peu comme le lime romain était censé séparer la civilisation latine des Barbares. C’est pathétique. Ce n’est pas seulement un acte de divorce, c’est aussi un acte de xénophobie. Tout ça au moment où l’Europe et le reste du monde semblent enfin intégrer les enseignements universels de la Shoah dans le corpus juridique international.

Vous êtes un européiste acharné. Vous vivez à Nataf [un village israélien frontalier de la Cisjordanie], mais votre esprit est à Bruxelles. Vous êtes le prophète de Bruxelles.

Absolument. Pour moi, la construction de l’Union européenne, c’est l’utopie biblique dans sa quintessence. Je ne sais pas combien de temps cela tiendra, mais l’idée est incroyablement juive.

Votre fascination pour l’Europe ne semble pas le fruit du hasard. On sent qu’Avraham Burg tourne le dos à son identité de sabra [juif né en Israël] et adhère à un romantisme typiquement yekke [juif allemand, terme yiddish péjoratif], celui de votre père. Pour vous, l’Israël sioniste n’est que vulgarité par rapport au judaïsme allemand. Or ce siècle d’or du judaïsme allemand s’est terminé à Auschwitz. Votre romantisme de yekke est séduisant mais illusoire.

Mon romantisme n’est pas davantage illusoire que votre romantisme d’Israélien.

Mon identité israélienne n’a rien de romantique. Elle est de l’ordre de la nécessité, que vous méprisez. Vous croyez pouvoir passer de Dresde à Manhattan sans avoir à faire l’expérience cruelle du destin juif israélien.

Nous avons du mal à le reconnaître, mais c’est hors des frontières [bibliques] que la tribu de Juda est devenue le peuple juif. La Torah est un produit de l’exil. Comme le judaïsme allemand, le judaïsme américain a produit une culture étonnante, dans laquelle le gentil peut être mon père, ma mère, mon fils ou mon partenaire.

Affectivement, vous vous accrochez au modèle du judaïsme allemand et du judaïsme américain. Ainsi, l’option sioniste ne peut que vous paraître grossière et spirituellement indigente.

Oui, c’est exact, Israël n’est pas particulièrement excitant. Vous avez du mal à admettre qu’Israël va droit dans le mur. Demandez à vos proches s’ils sont certains que leurs enfants vivront encore longtemps ici. Combien vous répondront oui ? Pas plus de la moitié. Les élites israéliennes sont d’ores et déjà en train de prendre congé de ce lieu. Or, sans élites, il n’y a pas de nation. On n’en parle pas encore dans les informations, mais nous sommes déjà morts. Ce n’est pas en Israël mais aux États-Unis que l’on trouve une littérature juive de valeur. Il n’y a personne à qui parler, ici. La communauté religieuse dont je suis issu m’est devenue étrangère. Et je ne fais pas davantage partie de la communauté laïque. Regardez-vous. Je vous parle et vous ne me comprenez pas. Vous êtes prisonnier de votre prisme nationaliste.

Ce n’est pas exact. Je connais la richesse du judaïsme dont vous vous revendiquez. Mais il n’empêche que la vision sioniste est correcte : sans Israël, il n’y a pas d’avenir pour une civilisation juive non orthodoxe.

Nos prières ne nous rappellent-elles pas que nous avons été exilés à cause de nos péchés ? Dans l’histoire juive, l’existence spirituelle est éternelle, tandis que l’existence politique est provisoire. Et l’Israélien n’est qu’un demi-Juif. Dans le judaïsme, il y a toujours eu des alternatives. L’erreur stratégique du sionisme a été de rayer ces alternatives. L’œuvre sioniste est bâtie sur de l’illusion. Pensez-vous sérieusement que Tel-Aviv va rester éternellement cette entité post-sioniste éthérée ? Israël n’est qu’un corps sans âme.

N’y a-t-il pas une contradiction entre le purisme que vous affichez dans votre livre et ce qu’a été votre vie politique ?

C’est exact. Pendant un certain temps, je me suis menti à moi-même. Au départ de mon cheminement politique, j’avais l’énergie pour lutter pour le pays, la religion et la paix. J’étais une colombe dont les ailes étaient gonflées du souffle de [Yeshayahou] Leibowitz [philosophe religieux critique du sionisme]. Ce sont mes années d’honnêteté. Ensuite, je me suis transformé en mapaïnik [militant du Mapaï, l’ancêtre du Parti travailliste, un terme péjoratif évoquant le cynisme et la force].

Et maintenant que vous êtes dégagé des contingences politiques, vous renouez avec Leibowitz, qualifiez les liquidations ciblées de « crimes de guerre » et comparez l’occupation à un Anschluss israélien. Un Anschluss israélien ?

Que voulez-vous que je dise d’autre ? Serions-nous des humanistes ? Les Israéliens s’émeuvent d’autant moins qu’aucun dialogue ne pointe à l’horizon. Un Arabe de plus ou de moins, allez, qu’est-ce que ça peut faire ? Mais l’amoncellement de cadavres palestiniens va bientôt dépasser la muraille que nous érigeons pour ne pas les voir.

Vous vous revendiquez aussi de Gandhi. Pour vous, la bonne riposte à la Shoah, ce n’était pas Anjelewicz [commandant suicidé de l’insurrection du ghetto de Varsovie], mais Gandhi.

La non-violence, ce n’est pas être un pigeon. En ce sens, Gandhi était aussi juif que Yohanan ben Zakkaï [fondateur du judaïsme rabbinique consécutif à la destruction du Second Temple], qui, lors de la révolte contre Rome, a sauvé Yavneh et ses sages plutôt que Jérusalem et son Temple.

Et pour cela vous affirmez qu’Israël devrait se débarrasser de l’arme atomique ?

Bien entendu. Le jour où la bombe sera démantelée sera le plus important de l’histoire juive. Car nous serons parvenus à conclure avec la partie adverse un accord si bon que nous n’aurons plus besoin de la bombe. Ce doit être ça, notre ambition.

(*) Paru en hébreu aux éditions de Yediot Aharonot

© Courrier international

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 8 août 2007)

 

Le projet sioniste en échafaudage oublié et guillotine permanente !!!

Nasreddine Ben Hadid

nasrbenhadid@yahoo.fr

 

A la lecture de l’interview accordée par Avraham Burg, l’ancien président de la Knesset, au quotidien Ha’Aretz, concernant son livre «Vaincre Hitler», une première remarque s’impose d’elle-même, l’auteur n’est nullement un personnage commun et ses idées résultent certainement d’une mûre réflexion, qu’on ne peut imputer à un humeur passager.

L’auteur pose en équation et surtout en question «la logique fondatrice de l’État d’Israël», non seulement à un niveau purement matériel, mais surtout au niveau des croyances et cette notion d’appartenance, essence même de toute nation.

L’auteur pose une question assez simple, mais révélatrice surtout, à savoir la relation entre le constat d’un présent d’une part et la dimension «spirituelle» d’une croyance. Comment convertir l’une en l’autre et surtout comment continuer et poursuivre l’acte matériel tout en respectant une certaine matrice spirituelle ???

Avraham Burg ne serait guère un «prophète dans le désert» ou un «visionnaire candide», il admet bien – avec amertume – la faillite matérielle et surtout morale du projet. Le problème se pose – selon lui – aussi bien au niveau des plans d’origine, que du travail du maitre d’œuvre, il ne suffit guère de démonter les échafaudages du sionisme, que Ben Gourion a pris la peine de monter, selon ses dires !!!

Une question s’impose : Comment concevoir «le sionisme» comme étant un simple outil démontable, qui aurait joué un rôle «intermédiaire ou modulable» et non fondateur «du foyer juif» ??? La «judaïté» aurait-elle suffit à cimenter une nation «de juifs» ???

Actualiser la question s’impose et nous guide à savoir, si cette «judaïté» [spirituelle] peut suffire de nos jours à en assumer le rôle ??? Si les «Israéliens» se sentiraient capables «d’ôter» – telle une chemise – le sionisme et plonger dans un État «pour tous ses citoyens » ???

L’importance du livre – à la lecture de l’interview – réside bien dans cette reconnaissance claire et sans ambiguïté que le projet sioniste portait bien en lui les germes de sa propre perdition Aussi faut-il bien se demander si cette reconnaissance ne viendrait tacher cet élan de puritanisme qui a joué depuis la création d’Israël dans l’excès et par l’overdose !!!

Il serait vain de chercher à savoir le nombre de ceux qui partagent ce constat [celui d’Avraham Burg], mais il se fait certain qu’un nombre grandissant se pose des questions existentialistes, non nécessairement en liaison avec la spiritualité [fondatrice], mais concernent l’avenir et le devenir sur la terre de Palestine.

Ce malaise ne résulte nullement de cette confrontation/contradiction entre le projet [spirituelle] et sa mise en application [matérielle], mais surtout de la faillite – avouée et non encore consommée – d’un projet qui s’est installé dans l’absolu et la négation. L’absolu de la croyance qui s’est converti en négation du Palestinien !!! Le «rêve biblique» s’est inventé une «Palestine» qu’il a voulu projeter sur le réel. Une Palestine «déshumanisée», en rupture avec sa réalité, son histoire et surtout avec «cet autre vouloir d’exister» et par conséquence cette « recherche palestinienne de nier la négation».

L’histoire retient déjà et attribuera certainement à Avraham Burg ce courage et surtout cette volonté non pas de «remodeler l’histoire et la réajuster» mais surtout sa négation et ce refus de tempérer du moment où le mal concerne bien les fondements et non l’échafaudage… Cet ancien président de la Knesset a formulé autrement ou plutôt s’est croisé avec Roger Garaudy sur la légitimité d’émettre des doutes ou ce droit à porter une vision critique concernant la «la logique fondatrice de l’État d’Israël»… Qui oserait accuser Avraham Burg de «négationniste ou d’antisémite», tant logique et mythe peuvent admettre une projection unique ???

La violence devient de ce fait une «négation du passé» et une «affirmation du présent», et par conséquence unique logique d’identité et d’existence. Nul équilibre – dynamique ou statique – ne peut apaiser cette crainte ou asseoir cette quiétude fondatrice de citoyenneté. Cet acharnement maladif à disposer des armes les plus sophistiqués, vient telle une «boulimie maladive» engraisser «ce foyer», sans pour autant apaiser cette crainte ancestrale ou cette psychose qui s’aggrave d’un jour à l’autre.

Le plaisir de tuer et l’art de massacrer, se sont substitués à cette quête de victoire et ce désir de concrétisation… La réalité – entre un surréalisme noir et une absurdité cynique – est bien flagrante. Les militants du Hamas et du Hezbollah, se ressourcent de leurs martyrs et se bousculent pour un droit au paradis, tandis que les «Israéliens» se partagent entre le plaisir de massacrer et le désir de fuir.

Les juifs doivent bien – à cause du sionisme – continuer cette éternelle errance [mentale] sur une terre qu’ils occupent [par le feu et le sang], où ils ne peuvent retrouver/reprendre «leur histoire»… Au lieu de comprendre l’histoire et l’admettre, le sionisme en a entrepris un simple «montage cinématographique»… Il lui a suffit – tout simplement – de «couper quelques séquences» pour reprendre la vie en Palestine, comme si l’histoire et la géographie étaient totalement «amnésiques» !!!

Il serait simple et même réducteur d’imputer la faillite du projet sioniste à un simple oubli d’échafaudage, aussi même de reprendre l’histoire et l’existence par la morale et la spiritualité uniquement. La réalité est bien là, simple et flagrante. Le peuple palestinien – aussi forte que peut être cette «logique fondatrice» – ne peut admettre «cette histoire amnésique et cette géographie modulable» à ses dépens !!!

Une «correction de l’histoire» ne peut se faire et s’opérer par ce crime caractérisé et ce génocide «sioniste», qui a bien intériorisé et repris les méthodes que les nazis ont jadis appliquées.

Certains – des deux bords – pensent bien à «une solution», mais faut-il avant savoir poser le problème et admettre l’équation dans sa réalité. La logique biblique – aussi forte qu’elle soit pour un juif, et la chose parait d’une légitimité absolue – ne peut concerner par la contrainte et l’obligation autrui. Selon cette logique, quiconque peut s’inventer sa «légitimité religieuse» et la projeter sur le réel.

 

Une question cruciale concerne la conscience juive/sioniste/israélienne : Comment concevoir cette présence sur cette terre autrement que par la violence ??? La question ne relève nullement d’une dimension puritaine/morale ou même candide, mais au vu de la réalité présente et cette incapacité «fulgurante» de l’armée israélienne à assurer la «sécurité de ce foyer par les armes» !!!

Qu’il s’git du Hamas ou du Hezbollah, la différence flagrante de potentialités militaires avec l’un et l’autre de ces «groupuscules terroristes» est flagrante, sans oublier cette incapacité de convertir cette différence en «acquis politiques», ont conduit des Israéliens – l’instar d’Avraham Burg – à mettre «la logique fondatrice» toute entière en équation, mais ont par contre conduit une partie grandissante et dominante à chercher la solution dans une violence encore plus forte, comme si la question se réduisait en une simple amplitude à augmenter !!!

L’analogie avec le nazisme – selon d’Avraham Burg – n’est autre qu’une manière de reconnaître cette dimension fasciste du sionisme. Il aurait bien servi «d’échafaudage», mais se constate depuis en la plus sanguinaire des «guillotines»…

La question juive/sioniste/israélienne s’est toujours posée en relations avec ses diverses racines et ces multitudes sources. La dimension palestinienne n’a relevé qu’une dimension morale superficielle ou d’une simple crise existentialiste que l’armement le plus sophistiqué n’a pu résoudre. Ce cul-de-sac – essentiellement depuis juillet-aout 2006 – a mis tous les Israéliens devant la réalité flagrante, la force – unique garant d’existence – ne peut assurer un futur certain.

La faillite de la machine militaire à remporter une victoire – contre le Hezbollah – annoncée facile et peu couteuse, et surtout l’absence d’une explication rationnelle de cette faillite, ont conduit à porter des regards critiques envers «la logique fondatrice de l’État d’Israël» même…

La question ne peut concerner – uniquement – un passé aussi proche et immédiat, mais doit se poser au regard de cette guerre imminente qui se dessine à l’horizon. Une confrontation régionale totale, où la rage de vaincre l’emporterait certainement sur le vouloir convaincre. L’Iran, la Syrie, le Hezbollah, le Hamas & Co, posent déjà l’équation en négation absolue, mais surtout trouvent déjà dans leurs martyrs une raison de continuer et non une excuse de retrait…

Une affaire de «spiritualité», tant que le sionisme en a perdu le sien !!!!

 


 

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4 septembre 2011

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