10 mars 2010

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TUNISNEWS
9 ème année, N° 3578 du10.03.2010
 archives : www.tunisnews.net 

AP: Tunisie: une ONG féminine dénonce des « entraves asphyxiantes »

Slim Bagga: Un Etat bandit, un Etat de bandits

Omar Khayyam: Is this love he is feeling ?

Diplomatie: Dictatures du monde arabe – Interview de Moncef Marzouki

ATS: Droits de l’homme :  La torture continue d’être largement pratiquée

  ATS: La conférence des ONG à Genève condamne la censure sur internet

AP: La déshumanisation des prisons a un prix, avertit le Contrôleur général des lieux de privation de liberté

AFP: Arabie: le Premier ministre turc distingué pour « services rendus à l’islam »

AFP: Mort de l’imam égyptien Tantaoui, chef de la grande institution sunnite d’Al-Azhar

AFP: Al-Azhar, une institution prestigieuse à l’imam controversé

AFP: Minarets: la Suisse sur le banc des accusés à l’ONU

AFP: Malika El Aroud se dit militante de la cause musulmane, pas du terrorisme

AFP: 200.000 € infligés au mari de Caroline de Monaco pour coups et blessures


Tunisie: une ONG féminine dénonce des « entraves asphyxiantes »


AP | 09.03.2010 | 20:44 L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a dénoncé mardi les « entraves et obstacles » dont elle se dit en butte de la part des autorités. Lors d’une conférence de presse, la présidente de l’ATFD, Sana Ben Achour, a fait état de « tracasseries administratives et de restrictions financières » qui menacent son association d' »asphyxie ». Selon cette juriste, l’ONG qu’elle dirige vit « une situation de verrouillage et d’étranglement qui signifie une rupture de toute possibilité de dialogue avec les autorités publiques ». Elle a, dans ce contexte, déploré le blocage de subventions fournies par des fondations européennes pour soutenir les activités de l’association qui milite pour la défense des droits humains, en particulier ceux des femmes. Il s’agit, selon Mme Ben Achour, de deux subventions d’un montant de 4.000 euros environ provenant de la fondation euro-méditerranéenne de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme et d’une autre de 10.000 euros de la fondation espagnole ACSUR. Elle a, par ailleurs, élevé une vive protestation contre « l’encerclement policier » du siège de l’ATFD et de son université féminine, ainsi que l’impossibilité d’accéder aux espaces publics, notant que son association a été empêchée de présenter une pièce de théâtre pour marquer la journée mondiale de la femme. « Nous revendiquons la levée du verrouillage pour mener nos activités. Nous ne sommes pas des parias, nous avons le sens de la loi et du droit », a-t-elle martelé. AP


 

Nature du Siège Policier contre Abdelkarim Harouni le 10 Mars, 2010


Hend Harouni-Tunisie Au Nom d’Allah Le Clément et Le Miséricordieux & la Prière et la Paix Soient sur notre Prophète Loyal et Sincère Mohamed Tunis le 10 Mars 2010-24 Rabii al Awal 1431 Ce jour, Mercredi 10 Mars, 2010 le siège policier continue autour du lieu du travail de mon frère Abdelkarim  Harouni, Militant Tunisien des Droits de l’Homme et ex-prisonnier politique  mais sans voiture apparente, seulement des agents à pieds… .

Security Siege Nature Against Abdelkarim Harouni on 10th of March, 2010


Hend Harouni-Tunisia In the Name of Allah, The Clement and The Merciful & Prayer and Peace be upon Our Loyal and Sincere Muhammad Prophet Tunis on the 10th of March 2010-24th of  Rabii al Awal 1431 Today, Wednesday 10th of March 2010, the civil police siege continues around the working place of my brother Abdelkarim  Harouni, the Tunisian Human Rights Militant and ex-political prisoner and it takes the shape of unapparent civil police car, through existence of civil agents on foot … surrounding the place.


Un Etat bandit, un Etat de bandits


par Slim BAGGA Par une constance qui frise le « perfectionnement », l’Etat policier tunisien démontre jour après jour qu’il se comporte comme une junte de voyous hors-la-loi, bénéficiant de l’impunité et s’accordant l’éternité par la force, le mensonge et la simulation. Ce ne sont pas les exemples qui manquent pour le démontrer: Les Tunisiens vivent cet état de fait dans leur quotidien, les Organisations internationales les plus crédibles l’observent et le dénoncent à longueur de rapports et de communiqués; la presse internationale le relate à longueur de colonnes. Un des derniers actes encore méconnu de ces bandits de grand chemin: le vol pur et simple de deux valises du coordinateur du parti « Tunisie Verte », à son retour à Tunis dimanche 6 mars à bord du vol Tunis Air de 21 heures 05. Parti interdit, auquel l’on a préféré des députés « verts » du ministère de l’Intérieur, cette composante nationale n’en a accepte pas pour autant ce fait accompli. Ainsi, Abdelkader Zitouni essaye tant bien que mal de militer et de faire valoir le droit de son parti à l’existence légale. Il venait de passer une dizaines de jours en Europe où il a rencontré nombre de personnalités de la société civile tunisienne et eu des séances de travail à Bruxelles et à Paris avec le parti Europe Ecologie et les Vets français. Le communiqué qu’ils ont co-signé le 5 mars, la veille de son retour (voir tunisnews du 7 mars 2010) est d’une fermeté sur les revendications qui ne laisse pas inertes Ben Ali et sa police. Qu’à cela ne tienne: ses bagages ont miraculeusement disparu, sa ligne téléphonique et internet suspendus à son domicile. Muni de ses bons d’enregistrement, Abdelkader Zitouni s’adresse, en plus de la police de l’aéroport, à Tunis Air. Au cas où ses bagages auraient bifurqué sur Djerba. Rien non plus. Il n’a qu’à renouveler sa garde-robe et offrir du chocolat tunisien à son épouse… Vous êtes avertis: voyagez très légers et changez-vous en utilisant à l’étranger des effets jetables. Des bandits de grand chemin ont, en effet, décidé de mener une vie d’enfer à tous ceux qui les déshabillent en mettant à nu leur système mafieux…

 

Is this love he is feeling ?


General Zine El-Abidine Ben Ali met Leila Trabelsi about 25 years ago. He was State Secretary for National Security, she was hairdresser. What was first nothing but an extra-marital adventure developed into a passionate love story.  Short after his medical coup against President Bourguiba, on November 7, 1987, the Tunisian State TV showed the first and last official images of his first wife, Naima El-Kefi. In 1992 Ben Ali divorced from Naima and married Leyla. Since then, her political influence and economic power have been growing up steadily. Her brothers and sisters, encouraged by Leyla, profited from the liberalisation of the Tunisian economy, which coincided with Ben Ali’s takeover, under the supervision of IMF. They bought the shares of newly privatised public companies and started new businesses. Tunisian bank managers had no other choice but to lend money to the Trabelsi family, who in the early 90ies were in need for fresh money to invest and purchase privatised companies.

The presidential couple used the so-called  » National Solidarity Fund  » to extort money from private companies, civil servants, employees and even workers. They used this money to build a new palace in the city of Hammamet and later another one in Sidi Bou Said. The Sidi Bou Said palace was built on a strategic hill previously owned by the Tunisian army. President Bourguiba had never owned a private jet. Although Ben Ali had bought a Falcon private jet, he has never stopped using Tunis Air planes for his official visits abroad.  Indeed, Leyla needed the private jet for her shopping trips to Paris and Dubai.

There is a question almost every Tunisian has been asking for years: what is the secret of Leyla’s strong influence on Ben Ali ? None has the answer. The fact is that Ben Ali seems to be dominated by his second wife. The majority of people in Tunisia have the feeling that they are governed my the mob (theTrablesi clan) and that the Tunisian government itself became a tool in the hands of Leyla and her family. The last scoundrel came from La Goulette (Halq el-Wed in Arabic), a northern suburb of Tunis. Police forces, using clubs and ferocious dogs, chased poor citizens from their dwellings and kept them at bay while bulldozers were destroying their homes. On the ruins of these houses the Trabelsi clan intends to erect luxurious buildings for the upper class.

Ben Ali, 73, is old and tired. It is too late for him to stop Leyla and her Mafia. Leyla, 52, is young, ambitious and ruthless. She is prepared to both future possibilities: 

– She remains the strong man of the regime and plays the role of the « Regent of Carthage » after Ben Ali’s death

– She loses power and flees to Dubai with her family

Leyla’s new jumbo jet is ready for takeoff 24 hours a day. Ben Ali is still singing with Bob Marley: « Is this love, is this love I am feeling ? « 

(Source: le blog d´Omar Khayyam le 10 mars 2010)

Lien:http://omarkhayyam.blogsome.com/2010/03/10/is-this-love-he-is-feeling/


Dictatures du monde arabe

 

 

Entretien réalisé par Sophie Clairet

Entretien avec Moncef Marzouki, médecin et homme politique tunisien. Il dirigea la ligue tunisienne des droits de l’Homme, et préside depuis 2001 le Congrès pour la république. Il est l’auteur de Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe, éditions de l’Atelier, 2009.

Comment devient-on opposant ?

Moncef Marzouki : Ce genre de système ne laisse pas d’alternatives. Soit vous acceptez l’ordre tel qu’il est, l’injustice et la corruption qui l’accompagnent et vous démissionnez de votre citoyenneté. Soit vous ne pouvez l’admettre. Mes activités de médecin m’ont conduit à m’engager dans la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Dans les années 1980, je m’occupais d’enfants handicapés, et présidais une association destinée à leur venir en aide. Coopté par des membres de la Ligue, j’ai pris connaissance de dossiers invraisemblables. Un jour, un homme vint me voir. À moitié ivre, il criait. Je n’étais pas familier du type de discours qu’il tenait. Il a retiré sa chemise : j’avais l’impression qu’il avait la rougeole tant son torse était rouge. Il m’a dit : « C’est la police qui m’a fait cela ». Il était marqué par d’innombrables brûlures de cigarettes. J’ai pensé que de tels actes n’étaient pas acceptables. Constater ce genre de pratiques vous fait basculer dans un autre univers.

En 1987, Habib Bourguiba est destitué et Zine el-Abidine Ben Ali prend le pouvoir en se déclarant fervent défenseur des droits de l’Homme. Il tente alors de détourner la Ligue de ses fonctions et débauche deux anciens présidents et deux anciens secrétaires généraux, lesquels partent à l’aveuglette promouvoir la démocratie et les droits de l’Homme de l’intérieur du système. S’est alors installée une terrible dictature policière, crapuleuse et mafieuse. Élu à la tête de la Ligue à cette période, j’entrai en confrontation presque physique avec une dictature que j’ai appris à connaître depuis quasiment vingt ans. Je suis devenu un spécialiste des dictatures arabes, non pas en lisant des ouvrages mais en décryptant. Je raisonne comme un médecin qui relève les signes, établit le diagnostic avant de passer au traitement. Lutter contre la dictature est devenu une bataille physique pour les droits et un défi intellectuel, car j’ai vu se mettre en place des situations que je ne connaissais pas, ni ne comprenais.

De nombreuses questions me préoccupent actuellement : comment une dictature dans le monde arabe opère-t-elle et recourt-elle à de nouvelles techniques de camouflage ? Comment reprend-elle à la fois les mécanismes de la démocratie et son langage, pour devenir encore plus terrible et malsaine ? Voilà une spécificité de nos dictatures par rapport à ce que furent les dictatures en Europe. Hitler n’a en effet jamais assuré soutenir les droits de l’Homme, tandis que les dictateurs du monde arabe s’en déclarent actuellement de fervents défenseurs. Ne pas s’opposer revient à renoncer à la citoyenneté

Et qu’en est-il des risques que vous prenez? Se sont-ils accrus au fur et à mesure de votre engagement ? Votre notoriété vous protège-t-elle désormais ?

Voici un mois, la presse tunisienne a relayé une opération de propagande lancée contre moi et cinq autres défenseurs des droits de l’Homme, laquelle déclare que je serais un agent du Mossad dont je percevrais 25 000 euros par mois. Cette opération en appelle au meurtre. Depuis que j’ai mené campagne sur Al Jazeera contre sa réélection, Ben Ali a lâché ses chiens contre moi. Sans parler de la véritable chasse à courre qui m’a visé à Tunis ! Pressions, prison, renvoi du travail… tous les moyens sont bons. Mais je refuse de me considérer comme une victime, je suis un combattant : il s’agit d’une bataille, où je porte des coups et en reçois. Compte tenu des positions qu’il doit défendre, le régime ne peut se permettre de retenir ses coups. Il faut accepter les risques de l’opposition.

Existe-t-il une spécificité des dictatures arabes ? et des dictateurs ? Où puisent-ils leur inspiration 

Dans le monde arabe, ces dictatures traduisent à l’échelle individuelle la volonté de puissance, l’immaturité, l’orgueil démesuré, la mégalomanie ; et à l’échelle sociale la croyance que la volonté peut l’emporter sur la réalité, sur la complexité, puis le mythe de la violence, de la force, de la virilité. La dictature est toujours liée au chauvinisme mâle – le seul contre-exemple que j’aie à l’esprit, Indira Gandhi, n’est pas restée longtemps au pouvoir. Les dictatures arabes sont pratiquement des dictatures de « fin de race », de « série B ». Les dictateurs ne disposent plus aujourd’hui des moyens de pratiquer la dictature, le monde actuel empêchant de plus en plus de la pratiquer telle qu’elle le fut au XIXe siècle en Europe. Partout dans le monde, la dictature s’est transformée pour s’éloigner du caudillo.

Les pays arabes restent en revanche peuplés de dictateurs malheureux, ratés et impuissants. Une vraie dictature est basée sur le mythe de l’homme providentiel, la violence physique et le pouvoir comme butin de guerre – à usage purement véniel ou autre. Elle nécessite fondamentalement le contrôle des cœurs et des esprits (par la propagande) et celui de la société (par le parti unique). Or ces deux piliers de la dictature sont devenus impossibles.

En 1990, pour envoyer un communiqué dénonçant la mort d’un Tunisien sous la torture, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ne pouvait aisément utiliser le téléphone (coupé), ni le fax (il fallait au préalable présenter une carte d’identité). Cinq ans plus tard, les chaînes satellitaires et Internet sont arrivés, me permettant de m’adresser aux Tunisiens, et de leur dévoiler la vérité. Le pouvoir est devenu comme fou. Il a tenté en 1996 d’interdire les paraboles. Malgré le vote d’une loi, la dissidence civile s’est mise en place pour appeler à l’ignorer – sachant que les principaux trafiquants de paraboles étaient issus des rangs de la garde nationale. Le pouvoir a perdu la bataille de l’information et chacun connaît aujourd’hui les turpitudes de nos dirigeants.

Le second axe, le contrôle de la société, a également échoué car le parti unique a partout explosé dans le monde arabe. Plus aucun pays ne peut y prétendre. Ben Ali a organisé le faux pluralisme, mais toutes ses structures – partis de faux nationalistes arabes, de faux gauchistes, fausses associations féministes – ont échoué à encadrer la « pluralité dictatoriale ». Les véritables forces jouent en effet ailleurs, dans des comités qu’il ne reconnaît pas, mais qui structurent la société.

Les mutations technologiques et sociologiques empêchent les dictatures arabes de disposer des moyens nécessaires. Les populations civiles ont pratiquement parcouru la moitié du chemin vers la démocratie, en s’emparant par la force de la liberté d’expression et d’organisation. Même le régime syrien se trouve paralysé.

Face à cette crise, les dictatures ont adopté deux stratégies. D’une part, Saddam Hussein et Hafez el-Assad ont mis en place la politique du pire en tirant sur le peuple. L’école de Ben Ali a, pour sa part, tenté de récupérer les mots et les mécanismes de la démocratie pour organiser sa petite dictature. Cela ne fonctionne pas et notre président est devenu la risée de tous. En 1995, un dirigeant d’Amnesty International me prévint que l’ONG surveillerait Ben Ali plus que d’autres dictateurs car il utilisait les codes de la démocratie pour une dictature, ce qui se révélait très pervers. Ben Ali n’a jamais été aussi ciblé par les organisations de droits de l’Homme que depuis qu’il a eu l’audace de se déclarer défenseurs de ces droits. Il a attiré sur lui le regard, alors que les Syriens torturaient et tuaient à tire-larigot. Ce sont des dictatures à contre-temps.

Disposerons-nous de l’alternance au pouvoir et de l’indépendance de la justice ? Actuellement des batailles se déroulent les concernant. L’organisation de pseudo-élections se révèle de plus en plus difficile. Désormais des opposants veulent se présenter. En me présentant contre Ben Ali en 1994, j’ai déclenché un casus belli et brisé un tabou. Si notre vie d’opposants n’est pas facile, les dictateurs de leur côté vivent dans la peur et la honte.

Sont-ils en train de constituer la garde rapprochée qui leur succédera ? Y a-t-il une lueur d’espoir ?

Les dictateurs ont mis en place une « sélection naturelle à l’envers », leur régime ne supportant pas les individus et promouvant les plus soumis. Le cœur du pouvoir se remplit d’incapables dangereux. Lorsque l’un d’eux prend le pouvoir, la mécanique continue. Mais il existe en Tunisie une administration qui a le sens de l’État. Depuis le centre de l’État, des hommes sont-ils capables de s’emparer du régime ? Je n’y crois pas beaucoup. Les Européens de l’Est et les Sud-Américains avaient la chance de n’avoir qu’une alternative à la dictature. Dans les pays arabes, il y a en plus l’islamisme, et je le considère comme notre quatrième échec. Les pays arabes ont connu l’échec du nationalisme, du panarabisme, du socialisme, et affrontent actuellement celui de l’islamisme. Chacune de ces chimères s’est fondée sur le mythe du groupe salvateur.

En tant que démocrates dans la bataille pour les idées, nous nous battons à la fois contre les dictateurs et contre les islamistes extrémistes. Les deux combats sont un peu différents. Contre la dictature il est simple et clair, il s’agit de la dénoncer. Le second est bien plus difficile, car il se déroule au niveau des idées. Nous avons à faire savoir que l’islamisme n’est qu’une fausse alternative, un masque plaqué sur le même squelette autoritaire. Nous devons convaincre notre opinion publique que la démocratie n’est pas une marchandise occidentale, mais une technique ubiquitaire de gouvernement comme l’électricité est une technique ubiquitaire d’énergie ?

Pouvez-vous revenir sur les méthodes de cet « occupant intérieur » ?

La violence, la violence systématique, diffuse, la peur. Le mensonge permanent, le faux et l’usage de faux. Je crois que la morale est faite d’accumulation d’expériences de l’humanité. Vous adoptez une attitude morale parce que l’inverse a été expérimenté pendant des années ou des siècles sans résultat concluant. Les dictateurs ignorent complètement les leçons de la morale et détruisent les valeurs. La dictature humilie les hommes, les rend faibles. L’école enseigne une histoire mythifiée. Les enfants savent très tôt qu’ils fonctionnent dans un monde schizophrène, entre, d’une part, ce qu’ils apprennent à l’école et, d’autre part, la réalité. Une telle situation n’aide pas à former des esprits équilibrés.

Quel rôle jouent les migrants : soutiennent-ils leurs familles ? Pourrait-on imaginer un rôle politique de cette diaspora ?

Non, ils ne jouent aucun rôle de soutien. J’en fus très étonné à mon arrivée en France. Le régime tunisien utilise le passeport comme arme de chantage. La police tunisienne en France surveille très bien ses ressortissants. La communauté maghrébine, dans une moindre mesure celle issue du Moyen-Orient, est totalement quadrillée par les polices des pays d’origine. Le sachant, nos ressortissants sont terrorisés et se tiennent éloignés de toute action politique.

Vous évoquez dans votre ouvrage la possibilité que le XXIe siècle soit celui de la révolution arabe. Qu’entendez-vous par cela 

Les pays arabes connaissent peu ou prou la même situation que celle de la Chine au XIXe siècle. Les peuples sont occupés, réprimés, et de plus en plus pauvres. Il n’est qu’à lire le dernier rapport du PNUD 2009 sur le monde arabe qui pointe une catastrophe absolue, les Arabes faisant face à sept menaces majeures. Le défi climatique, le manque d’eau se profilent alors que les gouvernements n’ont plus rien à apporter. Ils survivent en devenant des agents de la CIA ou d’autres supplétifs dans la guerre contre le terrorisme. Aucun projet n’émerge alors que d’ici trente ans près de 400 millions d’Arabes pourraient connaître la faim.

L’Égypte est au bord du gouffre. Le Yémen est en train d’exploser. Les pays du Golfe peuvent encore tenir sur leur manne pétrolière. Mais le Soudan explose. L’Algérie est en voie de « somalisation ». Le Maroc a tenté quelques réformes, mais arrive au stade du blocage.

D’une certaine façon, les terroristes n’occupent-ils pas déjà le terrain pour ceux rêvant « d’aventure » et de changement ?

Le phénomène terroriste a commencé en Égypte dans les années 1970. Ont suivi une insurrection armée du FIS, l’école de l’Afghanistan – la jeunesse arabe est partie s’y entraîner. Le bilan montre que non seulement les terroristes n’ont pas réussi à faire bouger les choses, mais ont de plus servi d’alibi aux dictatures qu’ils ont permis de renforcer. Les Américains et les Européens avaient commencé à réaliser que ces dictatures étaient responsables à la fois du terrorisme et de l’immigration sauvage. Les attentats du 11 septembre 2001 sont arrivés et tout le discours démocratique a disparu. Alors que le régime tunisien était aux abois en 2000, il s’est repris et la répression fut terrible. Dans le futur, les terroristes seraient-ils capables de s’organiser ? Je ne pense pas qu’un Mao arrive ! Les terroristes ont une capacité de nuisance importante, mais en fin de compte ils renforcent la dictature et sont incapables de guider ou d’organiser les révolutions.

Quels scénarios pour la suite ? Une révolution orange ?

L’évolution de l’Égypte décidera de l’avenir du monde arabe. Si la puissance régionale bascule dans le désordre, l’évolution n’aura pas lieu. Mais si l’Égypte est sauvée par les parrains occidentaux (encore faut-il qu’ils mettent tout leur poids pour éviter un transfert du pouvoir de Moubarak à son fils, qui enflammerait le pays), s’ils poussent au maximum les réformes démocratiques, des scénarios démocratiques peuvent surgir même s’il y a un risque de l’arrivée des islamistes au pouvoir. À ceux qui ont peur de l’alternance, je réponds qu’en Turquie, un gouvernement islamiste est arrivé aux commandes : qu’est-ce que cela a changé ? Si les Algériens avaient laissé gouverner le FIS, au bout d’un an le mouvement islamiste se serait défait et la mort de 200 000 personnes aurait été évitée. La démocratie présuppose d’accepter la règle. Et si par la suite les islamistes refusent de quitter le pouvoir, au moins les jeux seront faits et il n’y aura plus d’hypothèque islamiste.

« Non l’islam n’est pas la solution »

Je suis actuellement très attaqué sur Al Jazeera net. En tant que démocrates, nous avons eu quelques difficultés à nous positionner vis-à-vis des islamistes. En tant que militants des droits de l’Homme, nous ne pouvions laisser les dictatures les détruire – ce qui est anti-éthique et contre-productif, car la démocratie est une guerre symbolique contre de vrais adversaires. Il faut un parti islamiste avec ses thèses et il faut un débat. Une démocratie ne se construit pas avec des amis, il faut également des adversaires. Depuis 1990, lors des violentes répressions contre les islamistes, nous fûmes obligés de les soutenir en tant qu’individus, mais aussi en tant que parti politique qui doit avoir place au chapitre. Et en même temps, ils constituent des adversaires porteurs de toute cette idéologie autoritaire que nous combattons et qui est à l’origine de l’échec nationaliste, panarabe, socialiste.

Le débat d’idées s’était arrêté à cause de la répression. Mais cela est fini, il ne faut pas éternellement se taire, mais demander clairement ce qu’ont apporté les islamistes dans le combat contre la dictature. Cette question sur Al Jazeera net m’a valu de nombreuses attaques, car je déclarais qu’en réalité la fraction armée des islamistes avait renforcé les dictatures en leur donnant une légitimité. La fraction islamiste entriste a accepté de se faire nommer au parlement au Maroc, en Jordanie, etc. et participe pleinement à la dictature. Les islamistes qui se disent apolitiques et emmènent la population dans les mosquées pour une religiosité de consolation retirent une part des citoyens du combat politique. Le slogan « l’islam est la solution » se révèle trente ans plus tard parfaitement faux.

Je suis le premier à avoir demandé aux islamistes leur bilan, ce qui les gêne d’autant plus que je ne suis pas un anti-islamiste primaire.

(Source: Magazine Diplomatie no 43-  Paris  –Mars 2010)

 


Droits de l’homme :  La torture continue d’être largement pratiquée

 


ATS, le 10 mars 2010 à 16h23 Genève (ats) La torture continue d’être largement pratiquée dans un grand nombre de pays, a affirmé mercredi un rapporteur de l’ONU, Manfred Nowak. La « guerre contre le terrorisme » a eu des « effets très négatifs » qui mettront de nombreuses années à être surmontés. « La situation est alarmante dans la majorité des pays de la planète. Seulement un petit nombre de pays ont réussi à éliminer complètement la torture dans la pratique », a déclaré à la presse le rapporteur de l’ONU contre la torture. « Même si Barack Obama a changé de politique, l’attitude des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme continuera de saper l’interdiction globale de la torture pendant plusieurs années », a-t-il expliqué. A plusieurs reprises, des responsables lui ont indiqué que si les Etats-Unis se permettent des méthodes d’interrogatoire toujours plus sophistiquées confinant à la torture, ils n’avaient aucune raison de ne pas faire de même, a confié l’expert. Manfred Nowak a ajouté que la nécessité de réprimer la criminalité pousse de nombreux gouvernements à tolérer les mauvais traitements à l’encontre des détenus afin d’obtenir des résultats. Il s’agit avant tout d’obtenir par la force des aveux qui seront utilisés ensuite contre leurs auteurs. Cour des droits de l’homme Manfred Nowak a plaidé pour le projet suisse de Cour mondiale des droits de l’homme, la seule manière pour les victimes d’obtenir justice et réparation. « Une telle Cour pourrait faire la différence, j’en suis convaincu », a-t-il affirmé. L’expert de l’ONU a dénoncé aussi les très mauvaises conditions de détention dans les postes de police et les prisons. « En cinq ans de mandat, j’ai été frappé par les conditions de détention cruelles et inhumaines dans de nombreux pays », a confié le rapporteur. Il a dénoncé notamment les régimes d’isolement pendant de nombreuses années, aboutissant à de sérieux problèmes mentaux, ainsi que le manque d’accès fréquent à des avocats. L’impunité reste très largement répandue. Visite à Cuba Interrogé sur les promesses de La Havane de l’autoriser à faire une visite à Cuba, Manfred Nowak a précisé en avoir parlé mercredi à Genève avec des représentants cubains. L’invitation de La Havane date du printemps 2009. « Nous n’avons pas pu nous mettre d’accord sur une date l’an dernier et la visite a été repoussée à cette année », a indiqué l’expert autrichien. « J’espère que cette visite pourra avoir lieu pendant l’été. C’est mon espoir. Les chances sont bonnes », a-t-il dit. (Source : www.tsr.ch (Suisse), le 10 mars 2010)


La conférence des ONG à Genève condamne la censure sur internet


ATS, le 10 mars 2010 à 12h27 Genève (ats) Au terme de leurs travaux, quelque 500 dissidents, militants des droits de l’homme et ONG réunis à Genève ont condamné la censure de l’internet imposée par plusieurs pays. Ils s’inquiètent du fait que l’accès au réseau soit de plus en plus menacé. Dans une Déclaration sur la liberté de l’Internet, adoptée mardi soir, les participants condamnent le Bélarus, la Birmanie, la Chine, Cuba, l’Egypte, l’Ethiopie, l’Iran, la Corée du Nord, l’Arabie saoudite, la Syrie, la Tunisie, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Vietnam. Tous ces pays « censurent l’internet en bloquant des sites web, en surveillant les recherches sur le web, en intimidant ses utilisateurs », dénonce mercredi un communiqué des organisateurs de la réunion, quelque 25 ONG, dont UN Watch et Freedom House. Ils demandent au Conseil des droits de l’homme de soutenir cette Déclaration et de défendre la liberté de circulation des informations sur internet. Chine, Cuba, Iran La Déclaration s’inquiète notamment de la saisie d’ordinateurs, de l’emprisonnement de blogueurs, du blocage de sites web par les autorités chinoises. Elle dénonce les restrictions d’accès « presque totales » à internet à Cuba. Le texte condamne également les tentatives des autorités de Téhéran de supprimer la libre circulation des informations sur le Net en bloquant le trafic et les messageries et en créant une police spécialisée pour surveiller ceux qui dénoncent le régime iranien. La Déclaration demande en outre aux fournisseurs de services internet de ne pas « être complices » de violations des droits de l’homme et à tous les pays développés de ne pas exporter des technologies qui peuvent être utilisées pour censurer le réseau des réseaux. Caspian Makan, le fiancé de la manifestante iranienne tuée le 20 juin à Téhéran, Neda Agha-Soltan, a lancé un appel aux pays membres de l’ONU pour qu’ils n’élisent pas l’Iran au Conseil des droits de l’homme, lors de l’élection prévue en mai. « Cette élection légitimera les crimes du régime de Téhéran », a affirmé le militant, réfugié au Canada. (Source : www.tsr.ch (Suisse), le 10 mars 2010)


 

La déshumanisation des prisons a un prix, avertit le Contrôleur général des lieux de privation de liberté


Associated Press, le 10 mars 2010 à 10h10 M. Delarue explique avoir reçu de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie l’assurance que les futurs plans ne dépasseraient pas les 690 places. Mais « pour moi, c’est encore trop », juge-t-il, en expliquant que cette déshumanisation se paie. « Le coût que vous économisez en budget de construction et de fonctionnement, vous le perdez en événements violents ». « Il y a tellement de portes à franchir » que certains détenus attendus pour un rendez-vous Pôle Emploi ou un parloir « n’y arrivent jamais », s’exclame le Contrôleur général des prisons, qui va remettre au gouvernement des « statistiques sur la déperdition des détenus ». Son dernier rapport, remis l’an dernier, a eu au moins deux « effets indirects ». Certains directeurs ont obtenu des crédits pour rénover leur établissement en s’appuyant sur son rapport de visite. Le miroir qui était placé sous les pieds des détenus pendant la fouille au corps, ce qui portait atteinte à leur dignité, a été enlevé. « D’autres recommandations faites aux ministères n’ont pas abouti », déplore M. Delarue. Il s’est élevé « contre l’habitude de demander aux gardées à vue de retirer leur soutien-gorge », officiellement pour les empêcher de se suicider. Or ce risque, non chiffré par le ministère de l’Intérieur, « doit être infinitésimal ». « Est-ce qu’il justifie qu’on humilie 55.000 femmes chaque année? » demande le contrôleur, qui trouve cette mesure « indécente ». D’après « Libération », Jean-Marie Delarue a reçu 1.272 lettres de saisine en 2009 et a ouvert 734 dossiers. Il a aussi visité 215 lieux de privation de liberté: prisons mais aussi hôpitaux psychiatriques, locaux de garde à vue, centres de rétention administrative. AP


Mort de l’imam égyptien Tantaoui, chef de la grande institution sunnite d’Al-Azhar


AFP, le 10 mars 2010 LE CAIRE (AFP) – Cheikh Mohamed Sayed Tantaoui, grand imam d’Al-Azhar en Egypte, la plus haute institution d’enseignement de l’islam sunnite, est décédé mercredi en Arabie saoudite d’une crise cardiaque, ont annoncé les médias officiels égyptiens. Modéré, proche du pouvoir mais aussi controversé, âgé de 81 ans, il est décédé dans la matinée d’une attaque foudroyante, alors qu’il se trouvait à l’aéroport de Ryad pour regagner Le Caire. Le religieux était en Arabie saoudite pour assister à la remise du prix international du roi Fayçal mardi soir. La télévision égyptienne a diffusé des images de la mosquée d’Al-Azhar sur fond de musique solennelle après l’annonce de sa disparition. Il doit être inhumé à Médine (Arabie saoudite), l’une des grandes villes saintes de l’islam, a indiqué l’un de ses fils. « Le monde islamique et arabe perdent un homme de savoir et un jurisconsulte qui s’était consacré à tout ce qui pouvait être bon pour l’islam et pour les musulmans », a déclaré la direction d’Al-Azhar dans un communiqué. Homme d’allure discrète, portant une barbe courte et habitué à parler à voix basse, l’imam Tantaoui avait été nommé en mars 1996 par le président Hosni Moubarak à la tête de la prestigieuse institution, considérée comme le premier lieu d’enseignement de l’islam sunnite dans le monde et un centre important de diffusion de fatwas (décrets religieux) destinées au monde sunnite. L’université d’Al-Azhar, attachée à la mosquée du même nom dans le vieux Caire islamique, a été fondée au Xe siècle et accueille des étudiants de l’ensemble du monde musulman. « C’était un homme d’une grande piété, un homme saint, une référence pour l’Egypte comme pour tout le monde sunnite », estime Mohammad Abd el Saleh, un retraité du quartier d’Al-Azhar. « Je l’aimais énormément, mais certains Egyptiens n’appréciaient pas que Tantaoui s’immisce dans les affaires politiques du pays », relevait en revanche Mohammad el Hizbi, un jeune Indonésien étudiant à cette université. L’enseignement d’Al-Azhar est censé faire contrepoids à la montée de l’islam radical. Cheikh Tantaoui a ainsi à plusieurs reprises pris des positions modérées sur des questions religieuses sensibles, dans un pays de plus en plus gagné par un islam rigoriste inspiré par les Frères musulmans et le salafisme. En octobre, il avait soulevé une vive controverse en affirmant que le niqab, ou voile intégral, qui ne laisse voir que les yeux des femmes, n’était « qu’une tradition », pas une obligation religieuse. Il a également condamné le terrorisme et estimait que « l’extémisme est l’ennemi de l’islam ». Il s’est par le passé également opposé à l’excision des fillettes, que son prédécesseur, l’ultra-conservateur cheikh Gad al Haq, approuvait. En 2008, il avait été critiqué pour une poignée de main avec le président israélien Shimon Peres lors d’une conférence à New York. Il avait à l’époque affirmé ne pas savoir à qui il serrait la main. Son autorité souffrait toutefois aux yeux de nombreux fidèles de sa proximité avec le pouvoir, et de la montée en puissance des Frères musulmans, première force d’opposition du pays. Diplômé de la Faculté de théologie en 1966, il a écrit un grand nombre de livres sur l’interprétation du Coran. Il est né en 1928 dans le village de Salim, dans la province de Sohag, à 290 km au sud du Caire. Le religieux, diabétique, avait déjà souffert de problèmes cardiaques. Il avait dû subir la pose d’un cathéter en 2006, et avait été hospitalisé en 2008 pour une thrombose à une jambe.

Al-Azhar, une institution prestigieuse à l’imam controversé


AFP, le 10 mars 2010 à 16h09 Par Inès BEL AïBA L’institution millénaire d’Al-Azhar reste la plus prestigieuse de l’islam sunnite même si la crédibilité de son imam, cheikh Tantaoui, décédé mercredi d’une crise cardiaque, a été entamée par sa proximité avec le pouvoir égyptien. Al-Azhar « est sans aucun doute la plus grande université au monde pour la formation de spécialistes de l’islam », affirme Diaa Rachwane, du centre Al-Ahram d’études politiques et stratégiques, rappelant que son pouvoir d’attraction est immense même en dehors du monde arabe. Dans la cour de la mosquée et de l’université au coeur du vieux Caire, il est en effet courant de voir des étudiants originaires d’Afrique et d’Asie étudier l’arabe ou la jurisprudence islamique aux côtés des Egyptiens. Avec ses nombreuses facultés à travers le pays, Al-Azhar « est énorme. Il n’y a pas d’institution en Egypte qui puisse la dépasser », selon M. Rachwane, qui tient à faire la différence entre l’institution et la personne du cheikh, souvent accusé d’émettre des avis en accord avec la position du gouvernement égyptien. Mais pour l’analyste islamiste Kamal Habib, la réputation d’Al-Azhar a pâti de la proximité de cheikh Tantaoui, appointé par le président Hosni Moubarak, avec le pouvoir. Al-Azhar s’était ainsi dit favorable, à l’issue d’une réunion en présence de l’imam, à la construction par l’Egypte d’une barrière à la frontière avec l’enclave palestinienne de Gaza, allant jusqu’à affirmer que « ceux qui s’opposent à la construction de cette barrière violent les commandements de la loi islamique ». Tantaoui « était le plus faible des cheikhs d’Al-Azhar (…) parce qu’il se voyait comme un simple employé de l’Etat alors qu’il aurait dû exprimer les problèmes des musulmans », selon M. Habib. Pour se débarrasser de cette image de dépendance envers le gouvernement, « Al-Azhar doit se libérer de l’Etat, redevenir une institution représentant la oumma (la communauté des croyants) et il faut que son imam ne soit pas nommé (par le président) mais élu par un groupe de cheikhs du monde entier », estime-t-il. Même à l’étranger, cette collusion entre pouvoir politique et religieux a écorné le prestige de l’institution, qui tire son nom de la fille du prophète Mahomet, Fatima al-Zahraa. En Algérie par exemple, bien qu’Al-Azhar reste respecté, beaucoup lui ont reproché de s’être mêlé de football lors des matches mouvementés entre sélections algérienne et égyptienne en qualifications au Mondial-2010 l’an dernier. Cela vient, selon l’analyste égyptien Abdel Halim Qandil, du mouvement d’opposition Kefaya, d’un « conflit interne » chez l’imam. D’après lui, cheikh Tantaoui avait des convictions avant d’accéder à son poste et a ensuite dû changer pour complaire au régime. « Son mandat a vu une dégradation de la vie politique égyptienne et par conséquent une dégradation de l’institution religieuse en raison de ses liens avec la politique », ajoute M. Qandil, soulignant « l’opposition (du cheikh) au mouvement anti-normalisation ». « Il a dit une fois qu’il frapperait avec une chaussure toute personne qui s’opposerait à la normalisation avec Israël », affirme l’analyste, alors que cette question est très sensible dans le monde arabo-musulman. « Il y a eu une diminution de la crédibilité de l’institution parce qu’elle a été vue comme suivant le politique », ajoute-t-il. Kamal Habib juge toutefois improbable qu’une prestigieuse institution telle qu’Al-Azhar, fondée au Xe siècle, en soit réellement affectée sur le long terme. « Al-Azhar peut tomber malade mais il reste vivant », affirme-t-il. AFP

Arabie: le Premier ministre turc distingué pour « services rendus à l’islam »


AFP – 9 mars 2010  21:41 RYAD – Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a décerné mardi au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan l’une des décorations les plus prestigieuses du royaume pour « services rendus à l’islam ». M. Erdogan a obtenu le prix international du roi Fayçal pour « services remarquables rendus à l’islam », ayant « défendu la cause de la nation islamique, en particulier la cause palestinienne et les justes droits du peuple palestinien », a déclaré Abdallah al-Outhaimine, secrétaire général du comité décernant le prix. « Au niveau international, il a été l’un des fondateurs musulmans de l’appel aux relations entre les civilisations et un défenseur passionné du dialogue constructif, de l’esprit d’ouverture et des principes de la coopération et de la compréhension internationales », a-t-il ajouté. Sept chercheurs ont également obtenu le prix du roi Fayçal dans d’autres catégories. L’Algérien Abderrahmane Elhaj-Saleh et le Libanais Ramzi Baalbaki se sont notamment partagé le prix « Langues et littérature » pour leurs travaux sur la linguistique et la grammaire arabes. L’Allemand Reinhold Ganz et les Canadiens Jean-Pierre Pelletier et Johanne Martel Pelletier ont été distingués dans la catégorie Médecine pour leurs travaux sur l’ostéo-arthrite. Les lauréats reçoivent, outre une médaille en or de 200 grammes, 200.000 dollars. Les co-lauréats se partagent cette somme.

Minarets: la Suisse sur le banc des accusés à l’ONU


AFP, le 10 mars 2010 à 13h30 GENÈVE, 10 mars 2010 (AFP) – La Suisse va être mise au banc des accusés devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour son interdiction des minarets, selon un projet de résolution auquel l’AFP a eu accès mercredi. Le projet de texte, actuellement mis en consultation par des Etats musulmans et africains, prévoit de « condamner fermement l’interdiction de la construction de minarets », considérée comme une « manifestation d’islamophobie qui contrevient clairement aux obligations internationales en matière de droits de l’homme en ce qui concerne la liberté de religion ». De telles mesures sont de nature à alimenter « la discrimination, l’extrémisme et les préjugés, conduisant à la polarisation et à la division avec de dangereuses conséquences non voulues et inédites », avertit le projet de texte, qui devrait être soumis au Conseil des droits de l’homme avant la fin de sa session plénière, en cours jusqu’au 26 mars. Les Suisses ont approuvé le 29 novembre dernier à 57,5% une réforme de la Constitution helvétique interdisant l’interdiction de minarets, soulevant un tollé dans le monde, et notamment dans les pays musulmans. Le Parlement arabe, un organe de la Ligue arabe, a appelé en décembre dernier « le peuple suisse à reconsidérer sa décision erronée », estimant qu’elle « traduit les sentiments de haine et d’animosité envers l’islam et les musulmans qu’éprouvent les groupes de la droite extrémiste et raciste en Europe ». Plus récemment, le 25 février, le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a appelé à la guerre sainte (jihad) contre la Suisse, en raison de l’interdiction de la construction de minarets. « C’est contre la Suisse mécréante et apostate qui détruit les maisons d’Allah que le jihad doit être proclamé par tous les moyens », a déclaré le colonel Kadhafi à l’occasion de la fête du Mouloud commémorant la naissance du prophète Mahomet. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg est déjà saisie de plusieurs recours invoquant les articles de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantissent la liberté de pensée et de religion et le droit à ne pas être discriminé. AFP


Malika El Aroud se dit militante de la cause musulmane, pas du terrorisme


AFP / 09 mars 2010 15h09 BRUXELLES – La militante islamiste belge Malika El Aroud a nié mardi devant la justice belge qu’elle soutenait le terrorisme, tout en défendant le « droit des musulmans » à prendre les armes pour combattre les Occidentaux en Afghanistan. « C’est un contexte de guerre. Des troupes étrangères ont envahi l’Afghanistan, il y a des gens menacés, des gens sur les routes », a expliqué cette Belge de 50 ans, d’origine marocaine, au deuxième jour d’un procès où elle comparaît pour « appartenance à une organisation terroriste » liée à Al-Qaïda. « C’est un devoir, une obligation d’aller défendre notre terre, nos frères et nos soeurs. Cela a été écrit dans le Coran il y a quatorze siècles », a ajouté d’une voix posée mais ferme la veuve d’un des deux assassins du commandant Ahmed Shah Massoud le 9 septembre 2001 en Afghanistan. Malika El Aroud, qui avait été jugée et acquittée à Bruxelles en 2003 dans le procès de la cellule qui avait organisé l’assassinat du chef de la lutte anti-talibans, n’a pas changé de ligne de défense: celle d’une femme aux opinions tranchées mais qui n’a pas commis de faits pouvant être qualifiés de soutien au terrorisme, comme le lui reproche à nouveau la justice belge. Elle est jugée au côté de six jeunes musulmans, dont trois ont reconnu s’être formés à l’utilisation d’explosifs et d’armes dans des camps d’Al-Qaïda au Pakistan et en Afghanistan. Selon les enquêteurs, certains d’entre eux s’apprêtaient à commettre un attentat en Europe lorsqu’ils ont été arrêtés sur ordre de la justice en décembre 2008, dans une atmosphère de fortes tensions en Belgique. Interrogée par le président du tribunal pour savoir si sa « colère » envers les Américains –qui l’avait conduite à les comparer à des « chiens » ou à des « porcs »– la poussait à justifier des attentats en Europe, elle a répliqué que « la résistance se mène sur le front » et que « le front, c’est là où tombent les bombes ». « Si on se sent étouffé ici, on n’est pas obligé de rester. D’ailleurs, mon mari est parti », a-t-elle ajouté. Le mari actuel de Malika El Aroud, le Tunisien Moez Garsallaoui, est le grand absent du procès. Soupçonné d’avoir convoyé les jeunes volontaires recrutés en Belgique et en France de la Turquie à la zone afghano-pakistanaise, il est en fuite et jugé par contumace. Elle-même a vécu 10 mois en Afghanistan, en 2001, où elle a côtoyé notamment l’épouse du Franco-Algérien Djamel Beghal, condamné en France pour un projet d’attentat contre l’ambassade américaine à Paris. Des contacts dont elle a minimisé l’importe mardi. Malika El Aroud a nié que les virulents messages qu’elle avait postés sur internet soient des « incitations au jihad », expliquant qu’elle n’avait fait qu' »exprimer sa colère ». Un jeune qui avait rejoint son mari en Turquie « avait déjà pris sa décision » avant d’échanger des messages avec elle, a-t-elle affirmé. Elle a aussi nié avoir envoyé de l’argent à son mari ou aux jeunes partis le rejoindre, s’embrouillant toutefois sur des flux financiers suite à la vente de deux terrains au Maroc. Le procès rependra jeudi avec la suite de l’interrogatoire des prévenus. Il est prévu pour durer jusqu’à la fin du mois. Les accusés risquent jusqu’à 10 ans de prison.

 


200.000 € infligés au mari de Caroline de Monaco pour coups et blessures


AFP / 09 mars 2010 21h33

HILDESHEIM (Allemagne) – Le prince Ernst August de Hanovre, époux de la princesse Caroline de Monaco, a été condamné mardi par la justice allemande à 200.000 euros d’amende pour coups et blessures infligés à un hôtelier au Kenya en 2000. A l’issue d’un second procès, le tribunal d’Hildesheim (nord de l’Allemagne) a jugé le prince coupable de coups et blessures sur Josef Brunlehner. « Il a infligé à Brunlehner deux fortes gifles consécutives », action qui n’était « pas correcte », mais « sans brutalité débridée », a estimé le président de la cour, Andreas Schlüter. Cette peine, prononcée en l’absence du prince, est inférieure à celle prononcée en première instance en 2004. L’avocat du prince, Hans Wolfgang Euler, a annoncé son intention d’intenter un recours contre cette décision. Début 2000, le prince s’en était pris au gérant parce qu’il était incommodé par la musique et l’éclairage d’une discothèque voisine, pendant qu’il dînait avec des amis sur la terrasse d’un hôtel de l’île kenyane de Manda. La victime avait affirmé en première instance, devant le tribunal de Hanovre (nord), que l’époux de la princesse Caroline l’avait frappé à 10 ou 15 reprises avec un objet ressemblant à un poing américain, ce qui avait valu à Ernst August, en 2004, une amende de 445.000 euros pour coups et blessures aggravés. Le prince niait ces faits. Début janvier, la princesse Caroline de Monaco s’était rendue en Allemagne pour témoigner en faveur de son mari. Elle avait assuré qu’il avait « giflé avec la main ouverte » sa victime, qu’il n’était pas ivre et qu’il ne tenait pas d’objet ni ne portait de bague, à laquelle le gérant de l’hôtel attribuait ses blessures. Se défendant de vouloir excuser le geste de son époux, elle avait toutefois estimé avoir « déjà vu des enfants se battre de façon plus violente ». « Le tribunal n’a finalement pas été en mesure d’opter pour l’une ou l’autre des deux versions » présentées par les deux parties. « Des doutes subsistent dans les deux cas », a souligné M. Schlüter.
 

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