10 avril 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2513 du 10.04.2007

 archives : www.tunisnews.net


 

AP: Tunisie: la Banque mondiale lance des consultations pour lutter contre la corruption Yahyaoui Mokhtar: Martyrs de l’occupation et de la dictature Mourad Regaya: Y AURAIT-IL UNE POLICE ACADEMIQUE”sous couvert pseudo-scientifique”au sein de l’université Tunisienne???

Omar Khayyam: Zaba parle enfin – Le parrain brise la loi du silence Le Temps :Conseil National de l’Association des Magistrats tunisiens:Rejet de toute instrumentalisation des juges et de la magistrature Le Temps :Décès du grand acteur Hassen Khalsi:Le dernier des mohicans Le Temps : Les paradoxes du cinéma tunisien Le Temps : Carcasses sans fonds et tournant à régime réduit:Grands centre commerciaux devenus des coquilles vides AFP: Maroc: Des jihadistes préfèrent se suicider plutôt que se rendre à la police AFP: France/présidentielle: issus de l’immigration et tentés par l’extrême droite AFP: Maroc: une association veut connaître la vérité sur les émeutes de 1981 AFP: La seule femme détective du monde arabe voudrait enquêter sur le terrorisme Le Monde: Point de vue:Islamisme : la lente capitulation Le Monde: Reportage:A Victory Base, planète à part, loin du chaos de Bagdad


Tunisie: la Banque mondiale lance des consultations pour lutter contre la corruption

Associated Press, le 7 avril 2007 à 00h40
TUNIS (AP) — Universitaires, parlementaires et représentants de la société civile et du secteur privé ont pris part jeudi soir à Tunis à des consultations initiées par la Banque mondiale sur la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie mise en place par le comité de développement de l’institution financière internationale dans diverses régions du monde qui ont englobé jusqu’ici 40 pays et impliqué 35.000 personnes. Plusieurs participants ont mis l’accent sur l’impératif de la transparence notamment dans les procédures et institutions qui gouvernent les passations de marchés ainsi que sur l’accès à l’information, facteurs jugés comme étant “des éléments clés de la lutte contre la corruption”. Pour Theodore Ahlers, directeur du département Maghreb, Moyen-Orient et Afrique du Nord à la BM, “le vrai défi” qui se pose à son institution est de rechercher les moyens les plus appropriés pour promouvoir la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Outre une “coopération accrue” avec la société civile, la BM projette de “mettre sur pied des plans et des équipes anti-corruption en déployant du personnel sur le terrain et allouer des ressources supplémentaires pour les opérations de supervision”. Elle envisage en outre de “sanctionner publiquement les entreprises coupables de corruption”. Associated Press

Martyrs de l’occupation et de la dictature

 
Yahyaoui Mokhtar Aujourd’hui la Tunisie commémore le 69ème  anniversaire des événements des 8 et 9 avril 1938. « Suite à une manifestation de protestation pacifique, faut-il le rappeler, les forces armées coloniales sont farouchement intervenues faisant des dizaines de martyrs, des centaines de blessés et menant une vaste opération d’arrestations parmi les leaders, les militants et la population. » fait bien remarquer aujourd’hui le journal La Presse dans son article consacré à l’événement. Ces événements n’ont rien de différent de plusieurs autres journées aussi mémorables qui ont jalonné notre histoire depuis un siècle aujourd’hui. A chaque fois les tunisien ont voulu prendre leur destin en main et ont décidé de sortir manifester pour faire valoir leurs revendications aux pouvoirs du moment ils ont été affrontés par des forces armés qui n’ont pas eu la moindre scrupule pour faire couler leur sang et à procéder a un carnage pour les disperser et les faire taire pour plusieurs autres années au service de l’ordre établi et le rétablissement de sa domination contestée. Le 8 et 9 avril peut être n’importe quel autre jour de souvenir des martyrs de ces événements qui viennent nous rappeler chaque année que le combat pour lequel ces martyr ont été tués n’est pas encore terminé et que les droits pour lesquels les tunisiens ont manifestés depuis la première fois qu’ils ont emprunté ce chemin de lutte civile pacifique n’a pas toujours aboutit à sa fin. Aujourd’hui pas moins qu’hier les tunisiens son interdits de l’exercice effectif de leur droits. La moindre manifestation de leur part est perçue par le pouvoir comme un acte de rébellion dont il se sent visé et qui justifie encore le déploiement de bataillons d’hommes armés prêt à ouvrir le feu face au défit. A chaque fois comme toujours nous l’avons vu tout au long de notre histoire ces manifestations font déclencher la machine infernale de répression contre des centaines et des milliers de tunisiens qui se voient pris en chasse par la machine de l’arbitraire, jetés en prison, soumis à la torture, pour être en fin présentés à une « justice » à sens unique dont il n’ont aucun illusion sur la fin de ses procès. Le 7 novembre 1911 des milliers de Tunisiens hommes et femmes banderoles en main sont venus manifester contre l’atteinte au statut du cimetière musulman d’El Jallaz été rassemblé à Bab Alioua face au portières fermés de leurs cimetière dont des forces coloniales armes au poing les tenait en écart. C’été la première grande manifestation civile qu’a connu la Tunisie et le premier bain de sang subi par la population civile. Des centaines de citoyens ont étés arrêtés et condamnés à de lourdes peines dont sept étés décapités à l’échafaud, les journaux suspendus et les associations et partis dissoutes déclenchant le début de longues années de silence imposé au pays. Le 8 Avril 1938 constitue le deuxième sursaut dans ce mouvement qui à connu le même scénario et depuis les choses n’ont fait que se répéter dans un cycle d’injustice et d’arbitraire sans fin. A chaque fois les acteurs, les initiateurs et les organisateurs se relaient entre les différents courants mais les deux principaux rôles n’ont jamais changés de titulaire : le pouvoir en place dans le rôle d’oppresseur et les tunisiens, simples citoyen ordinaires, à celui des martyrs et suppliciés. Aujourd’hui même, nos prisons sont encore chargées des captifs de la dernière vague de ce cycle infinie. Il y a dans cette histoire deux moments d’éclairs ou les tunisiens ont cru que leur combat à vraiment aboutit. La première quand le président de l’Etat d’occupation Mandes France est venu en Tunisie en 1954 déclarer que « Le degré d’évolution auquel est parvenu le peuple tunisien — dont nous avons lieu de nous réjouir d’autant plus que nous y avons largement contribué —, la valeur remarquable de ses élites justifient que le peuple soit appelé à gérer lui-même ses propres affaires. » proclamant ainsi l’indépendance et la fin du régime du protectorat sur notre pays. C’est par ces mêmes mots que la deuxième fois le président Ben Ali annonçait la fin de la dérive despotique de l’ère Bourguiba en 1987 «Notre peuple a atteint un tel niveau de responsabilité et de maturité que tous ses éléments et ses composantes sont à même d’apporter leur contribution constructive à la gestion de ses affaires, conformément à l’idée républicaine qui confère aux institutions toute leur plénitude et garantit les conditions d’une démocratie responsable ainsi que dans le respect de la souveraineté populaire telle qu’elle est inscrite dans la Constitution. » Jusqu’à présent nous n’avons connu que des promesses non tenues et jusqu’au jour ou nous auront à commémorer sur le même pied d’égalité le souvenir de tous nos martyrs. Ceux du temps de la colonisation et ceux du temps de la dictature.  Yahyaoui Mokhtar – Tunis Le 09 Avril 2007 (Source : le blog « Tunisiawatch », le 9 avril 2007) Lien:  http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2007/04/09/martyrs-de-l-occupation-et-de-la-dictature.html


Y AURAIT-IL UNE POLICE ACADEMIQUE”sous couvert pseudo-scientifique”au sein de l’université Tunisienne???

Mourad Regaya
chers collègues, chers internautes avertis,  

L’abscence inexpliquée de réactions à mes différentes articles traitant des pratiques mafieuses,de l’hypocrisie du collège universitaire, de l’inégalité criminelle et non fondée des chances entre les collègues(àdossiers égaux ou meilleurs en faveur des éliminés non recrutés bien sur!!!),du chantage opéré par le collège”A”en réalité”Z” sur le collège”B”,sur la connivence “pathologique”et “concubine” entre la centrale de Tunis avec ses deux antennes”diaboliques”,et notre annexe “sous-traitante”de Sousse;augure d’une”peur bleue”,d’une psychose de peur institutionnalisée au sein des différentes composantes de notre chère et combien abusée université Tunisienne???,elle meme copie conforme miniature de notre societé combien civile,solidaire,transparente ;non de plein droit mais de droit global(s’exportant meme au dela de nos frontières???). Ces deux entités brillent par l’abscence du droit à la diversité, à la parole,à l’optimisme meme;et ou il n’est bon de tout dire,de protester,de chercher la verité en portant la lanterne de Diogène(en plein jour,non à la manière de Tunis-Hebdo),de donner son avis en langage clair ,ou meme codé,de peur des représailles,administratives en premier,scientifiques en second.J’ai eu tout simplement le modeste mérite(si j’en ai un???)d’avoir dit et clamé tout haut tout ce qu’on dit en privé(pour les titulaires du collège “A” et ceux du collège “B”)et à voix basse( non autorisé meme pas à soi-meme???). Certains de nos”inquisiteurs”gradés,chevronnés, par la force tantot du mérite,tantot du hasard de la connivence ,et de la mise à niveau”démocratique et avant-gardiste”des réseaux de transparence, de”concubinage pseudo-scientifique”exploitent mille et une occasions de mettre en valeur leurs talents”occultes”et inquisiteurs:surveillance des examens,traitement des dossiersdes”anonymes”non recommandés,ou des non-alignés sur les réseaux,harcelements de toutes sortes.Tout le monde est fiché et repertorié(essentiellement collègues du collège”B”):  

  • morts-vivants(sans appartenance,comparse,simple éxécutant.

  • sans-couleur,sans saveur aucune.

  • servile jusqu’à la moelle osseuse.

  • agent double ou meme triple engagé par les réseaux(taupe de police académique….???).

  • non aligné,perturbateur(=terroriste académique bien sur…..???).

  • mécontent,dangereux,psychopathe toléré…..???).

Leur base de données traite les collègues du collège”B”à l’occasion des échéances ultimes:titularisation,doctorat,habilitation selon ces critères “policiers”informatisés,meme les”morts-vivants”,et les”sans-couleur,sans-saveur”n‘ont aucune garantie ,aucun droit de cité,et meme d’existence auprès des “mandarins”meme avoir coubé l’échine(on félicite à tort et à travers,on passe eternellement le bonjour,on cherche à servir,on donne réception ,on rampe on se fait petit, on nie meme sa propre existence,tout cela ne suffit pas à assouvir leur”EGO SUBLIME”??? L’abscence de commentaires,de polémique n’est aucunement un signe de bonne santé pour notre glorieuse ,et combien abusée université:  

  • le mutisme du collège”A”se comprend aisément,nos”mandarins” et leurs pitoyables disciples servilles,assiofés de pouvoir,de prestige,de rayonnement”pathologique”font semblant de laisser passer la tempete(j’espère qu’ils ne s’alignent sur la maxime très chère à nos gouvernants à savoir-les chiens aboient et la caravane passe”et la mafia académique sévit et prospère”,ou parce qu’ils considèrent qu’ils ne sont aucunement visés parceque “la mafia universitaire existe bel et bien et qu’elle est leur raison d’etre et de devenir meme apres mille ans??? ils reagissent entre eux et dans leurs salons restreints comme de vrais gouvernants imbus de compétences,de prouesses mafieuses et policières,certaines voix conciliatrices semblent signifier et dire que le moment est inopportun après la grève du 5 Avril,et surtout après l’unification des collèges universitaires au sein de notre chère et nouvelle fédération????

  • le mutisme du collège abusé ,violé,terrorisé à chaud et à froid est du à la passivité maladive,à la peur engendré pour une l’inexistance de liberté de choix,et d’expression au sein de l’université trasformée de jour en jour,et par la grace de nos”saints patrons”en un véritable goulag politique et académique???

Il n’est pas impossible que l’on me considère par les ultras “policiers académiques”et leurs acolytes rampants et carnassiers voire vampires comme un agent parachuté par les”cercles officiels”pour semer la”zizanie” au sein du”paradis universitaire convoité”géré à merveille par nos”saints patrons” pratiquant l’hypocrisie universitaire institutionnalisée;et l’ordre mafieux démocratique d’avant garde ,gangrenant notre abusée université publique??? Certains de nos”ogres” universitaires ont ratés leur vocation première”la vocation policière”, mais pourtant rien n’est encore perdu:ils pratiquent le”matraquage scientifico-politique”à travers les différentes instances ,et tests d’endurance et de fidélité à leurs réseaux,à leur école d’embrigadement,voire de recherche,et meme à leur obédience politique (tout aussi d’extreme gauche que d’extreme droite???)il ya les cellules professionnelles,les groupes d’etude et laboratoire de recherche”la vraie”centralisée à Tunis,véritables groupes de pression,de fidélisation,de clientélisme,observatoire de servitude académique pour évaluer et classer selon leurs normes(et non selon Darwin??):les fidèles et les infidèles;les bons et les mauvais;les gentils-gentils et les terroristes,saboteurs du paradis des universitaires hypocrites invités après avoir fait leurs preuves académiques ,puis “policières” à grimper dans les échelons ,et les institutions troquant leur role de”policier académique” avec le role de policier tout court “sans uniforme”bien sur????……..


LE PARRAIN BRISE LA LOI DU SILENCE

 

Omar K. : Bonjour, Haj Zaba !

ZABA : Haj Zine, s’il te plaît !

 

O.K. : Pourquoi tous ces appels spontanés à une nouvelle candidature en 2009 alors que tout le monde sait que tu ne quitteras jamais le pouvoir sauf en cas de décès ou coup d’Etat ?

ZABA : Car j’adore ce cirque. J’aime voir et écouter cette bande de bénaliénés chanter et danser à ma gloire. Je sais qu’ils sont tous des hypocrites. C’est pourquoi je veux les avilir, les rabaisser au maximum. Si demain Morjane prend le pouvoir, ces mêmes clowns qui ne font rire personne seraient prêts à me couper en morceaux et me brûler “en pièces détachées”.

 

O.K. : Les rumeurs les plus folles courent à propos de ton état de santé…

ZABA : Et que raconte-t-on ?

 

OK. : Que tu as un cancer de prostate incurable. Est-ce vrai ?

ZABA : C’est vrai mais je crois aux miracles.

 

O.K. : L’affaire du yacht français volé par Imed Trabelsi a fait couler beucoup d’encre. Pourquoi ne livres-tu pas le voleur à la justice française ? Avec une action aussi spectaculaire tu pourras te refaire une nouvelle virginité.

ZABA : Imed sait beaucoup de choses. Si je le livre au Français, il se vengera en exposant le linge sale du Palais devant tout le monde. En plus, si Imed est extradé vers la France, Leila ne me pardonnerait jamais ça. Le divorce suivrait automatiquement. Je ne referais jamais la faute de Bourguiba : en divorçant de Wassila il a signé l’arrêt de sa mort politique.

 

O.K. : Mais la politique n’existe plus en Tunisie ! Ton régime n’est qu’une “confédération” de familles mafieuses protégées par les SS [Services Spéciaux]. N’est-ce pas ?

ZABA : Tu as tout compris. Le seul casse-tête quotidien pour moi c’est de ne jamais laisser un clan devenir trop puissant. C’est pourquoi j’ai donné l’ordre de fermer le journal de Imed. J’ai agi de la même manière avec mon gendre Slim Chiboub : lorsqu’il est devenu trop puissant, je lui ai arraché les plumes en trop qui pourraient lui permettre un jour de voler [1] de ses propres ailes.

 

O.K. : As-tu peur de la mort ?

ZABA : Je ne pense jamais à la mort. Pour moi elle n’existe tout simplement pas. Le pouvoir n’est pas seulement un aphrodisiaque, comme l’a bien dit un homme politique, mais aussi un hallucinogène : il donne à celui qui le détient une sensation d’éternité.

 

O.K. : Penses-tu aux coups d’Etat ?

ZABA : Oui, j’en suis obsédé. C’est pourquoi je ne fais confiance à personne. Les services de securité, civils et miltaires, s’espionnent mutuellement. Les chefs et les cadres de ces services sont paralysés par la peur que j’avais propagé parmi eux.

 

O.K. : Un nouveau 7 novembre est impossible ?

ZABA : Pour organiser un nouveau 7 novembre il faut un nouveau triumvirat comme celui de Ben Ali-Ammar-Baccouche. Il faut un chef qui coiffe tous les services, un “homme de main” comme Ammar pour organiser matériellement le coup et un politique pour impliquer le RCD dans le putsch.

 

O.K. : Mais le RCD n’est plus qu’une coquille vide ?

ZABA : Non ! Tu te trompes ! Le RCD maintient le lien entre la base, surtout en dehors des grandes villes, et la Présidence. Si on laisse tomber le RCD, on coupe la branche sur laquelle on est assis. Le régime peut être comparé à une pieuvre dont le cerveau se trouve au Ministère de l’Intérieur et les tentacules dans les ramifications du RCD. Même avec 150 000 policiers et 500 000 indicateurs le régime ne peut survivre en recourant seulement à la répression.

 

O.K. : Donc, tu es d’accord avec la thèse de Béatrice Hibou [2] ?

ZABA : Son livre est trop compliqué pour ma petite cervelle. C’est un des mes conseillers qui m’en a fait un résumé simpilfié. Je suis tout à fait d’accord avec son analyse. Mon régime, comme celui de Bourguiba, est un mélange réussi de répression et de servitude volontaire.

 

 

— 

[1] Le verbe “voler” utilisé dans ce contexte signifie “vol” et non “vol”.

[2] Béatrice Hibou, chercheur au CNRS (Ceri-Sciences Po) ; La force de l’obéissance. Economie politique de la répression en Tunisie.

 (Source: le blog de Omar Khayyam le 6 avril 2006)

http://omarkhayyam.blogsome.com/  


Conseil National de l’Association des Magistrats tunisiens Rejet de toute instrumentalisation des juges et de la magistrature

 
Le Conseil National de l’Association des magistrats tunisiens s’est réuni au club des magistrats à la Soukra sous la direction du bureau exécutif de l’association. Plusieurs questions d’ordre matériel et professionnel ont été traitées. Après un long et franc débat à propos du mouvement de mutation des magistrats, leur promotion et la répartition des lots de terrains acquis par l’Association, la réunion a été conclue par l’adoption d’une motion. L’appel est lancé au Conseil Supérieur de la Magistrature pour qu’il tienne compte des désirs des juges lors des mutations à entreprendre. Les cas sociaux et le rapprochement des conjoints doivent être pris en considération. Les magistrats ont exprimé leur appui au contenu de la lettre transmise par le bureau exécutif de l’association au ministre de la Justice et des Droits de l’Homme. La motion appelle les parties concernées à apurer les dossiers fonciers des lots acquis par l’association au profit des juges. Les membres du Conseil national ont rappelé que l’Association des Magistrats Tunisiens et ses  bases ont définitivement résolu la question de la représentativité de l’association et ce, depuis le onzième congrès et même avant à l’occasion du congrès extraordinaire. Ils ont réitéré leur refus absolu de toute instrumentalisation de la magistrature et des juges tout en insistant sur le fait que l’association est leur seul représentant légitime habilité à parler en leur nom et à exprimer les soucis des juges et leurs positions dans le cadre de l’indépendance et de la neutralité. Par ailleurs, les membres du conseil national ont exprimé leur reconnaissance au Chef de l’Etat et Président du Conseil Supérieur de la Magistrature pour la sollicitude dont il entoure les magistrats. Ils ont exprimé leur satisfaction pour la réaction positive du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme quant à leurs revendications. Ils espèrent davantage de compréhension pour les revendications contenues dans la lettre transmise au ministère. Ils ont exprimé leur satisfaction pour le travail accompli par le bureau exécutif depuis son élection et l’engagement de l’association dans l’Internet. La prochaine réunion du Conseil national de l’Association est prévue pour le 10 juin 2007 au club des Magistrats à la Soukra.    (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 avril 2007)

Décès du grand acteur Hassen Khalsi Le dernier des mohicans

 
Moncef CHARFEDDINE Samedi dernier, Hannibal T.V a rendu un vibrant  hommage au grand acteur et homme de théâtre, Hassen Khalsi. Durant plus de deux heures, écrivains acteurs et actrices célèbres, qui ont joué avec l’acteur remarquable qu’était Hassen Khalsi ou qui ont été dirigés par lui à la radio , notamment, ont dit tout le bien qu’ils pensent de lui et ont célébré son grand talent et ses qualités  humaines. Citons ceux qui ont  participé à cette soirée d’hommages organisée par la dynamique Houda Ben Amor : Dalenda Abdou, Fatma Ben Arfa, Jouda Najeh, Aziza Boulabiar, Samir Ayadi, Jamil Joudi, Jalel El Aroui et Hafedh Chtioui. J’avais été, également, invité à participer à cet hommage rendu à un artiste à qui nous vouons tous, une grande et sincère admiration. Or, nous savions, tous, que Hassen Khalsi était malade, depuis quelques mois. Mais nous ne savions pas qu’il l’était  très gravement et que sa fin était si proche. Aussi, nous avons tous été très profondément touchés en apprenant qu’il venait de nous quitter hier, lundi 9 avril. Hassen Khalsi est né , à Tunis, rue Hammam Rmimi, le 8 septembre 1931. Après ses études, il pratiqua le football, au sein de l’Espérance Sportive. Mais son père mit rapidement fin à sa carrière de footballeur car, la famille habitant un quartier clubiste, cela attirait des ennuis à Hassen lui-même ainsi qu’à tous les siens. Mais si la Tunisie perdit en lui un footballeur doué, elle gagna, par contre, et pour notre bonheur, un acteur et homme de théâtre de génie. C’est le regretté Hamadi Jaziri qui le découvrit et le distribua dans plusieurs des pièces montées par sa troupe. Et c’est lui, également, qui le fit débuter à la radio où Abdelaziz Laroui, le fit recruter par la troupe théâtrale de la RTT. Le directeur de cette troupe, le regretté Hamouda Maâli, ne ménagea aucun effort afin de l’aider à mettre en valeur ses dons d’acteur puis de metteur en ondes en en faisant son adjoint patenté et lui révélant toutes les ficelles du métier de réalisateur. Or, s’il est un défaut que Hassen Khalsi ne possédait pas, c’est bien l’ingratitude. Aussi  quand Hamouda Maâli eut une hémorragie cérébrale et devint hémiplégique, ne bougeant pratiquement plus du lit, c’est à Hassen Khalsi que fut confié le soin de réaliser les pièces radiophoniques du mardi. Il signa ses réalisations Hamouda Maâli. Mais c’est à la télévision que le regretté Hassen Khalsi donna toute la mesure de son talent. Il fit partie de la distribution d’un grand nombre de téléfilms, mais brilla , de façon particulière, dans plusieurs des meilleurs feuilletons que la TV Tunisienne a réalisés. Au théâtre , il fit les beaux jours de la Troupe du Théâtre Populaire dans des pièces qui sont dans toutes les mémoires : ” Haj Klouf “, les adaptations de ” La Dame de chez Maxim ” et ” La Maraine de Charley “, etc… Il tourna, d’autre part, dans trois films : ” Automne 86 “, ” Les Baliseurs du désert ” et ” Redeyef 1952 “. Hassen Khalsi a rejoint dans l’au-delà , ses glorieux  partenaires à la radio, à la TV et au théâtre, les Hamouda Maâli, Béchir Rahal, Mohamed Ben Ali, Taoufik El Abdelli, Ezzeddine Brika, Habib Belhareth, Abdesselam El Bech, Abdelaziz Arfaoui, Zohra Faïza, Jamila Ourabi, Hamadi Jaziri, Mohamed Darragi, Jalila Borhane, etc. Le dernier des mohicans vient de disparaître ! (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 avril 2007)

Les paradoxes du cinéma tunisien

 
Par : Ridha KEFI  La seconde session du festival du film documentaire, “Doc à Tunis: Voix du regard”, tenue à Tunis du 4 au 9 avril, a drainé la grande foule dans les cinémas de la capitale. On aurait pu parler d’engouement des Tunisiens pour le septième art si cette ruée vers les salles obscures  n’était pas aussi brusque qu’éphémère. Puisque, dès le 10 avril, ces mêmes salles ont retrouvé leur calme habituel. Comment expliquer cette versatilité du public, qui se rue massivement sur les cinémas le temps d’une animation vaguement festive pour les déserter ensuite, tout aussi massivement, après que les lumières de la fête se fussent éteintes ? Comment expliquer ce mimétisme, si caractéristique désormais des spectateurs tunisiens, qui ne conçoivent la consommation artistique que comme une catharsis collective ou un mouvement de groupe ? Que cherchent-ils exactement, ces chers spectateurs, dans des manifestations culturelles comme “Doc à Tunis”: la découverte de nouvelles créations et de nouveaux créateurs, ou bien les rassemblements publics, les retrouvailles entre copains et les attroupements auxquels celles-ci donnent généralement lieu ? “Les Tunisiens achètent dix fois plus de livres pendant les 10 jours de la Foire du Livre de Tunis que pendant les 355 autres jours de l’année”, me faisait remarquer, l’autre jour, un libraire de la place. Avant d’ajouter: “J’ai du mal à croire que les remises accordées durant la foire expliqueraient, à elles seules, cet engouement, qui est un peu trop ponctuel pour être crédible”. Ces questions méritent d’être posées à des sociologues et à des psychologues, analystes des comportements humains. Car, il y va de l’avenir de notre culture qui s’appauvrit en terme de créativité intrinsèque, tout en continuant de se décliner en strass, paillettes, sons, lumières et “vas y que je te pousse”… Quand je parle d’appauvrissement de la créativité de mes compatriotes, je ne cherche à jeter la pierre à personne. Je fais un simple constat. Car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, notre pays possède le plus grand nombre de cinéphiles au kilomètre carré, une pléiade de cinéastes dont on n’a pas cessé de louer le “génie”, quelque 500 sociétés de production cinématographique (pour seulement 10 millions d’habitants), plusieurs écoles de cinéma, publiques et privées, et de nombreuses associations (de cinéastes, cinéphiles, producteurs, critiques…) toutes vouées à la défense du septième art. Sans parler des scénaristes, acteurs, artistes, techniciens, etc., dont certains louent parfois leurs services aux cinéastes étrangers. Mais ce même pays, qui se targue d’être l’un des pôles du cinéma au sud de la Méditerranée,  est incapable à ce jour de faire inscrire un long métrage dans la sélection officielle du Festival de Cannes, manifestation qui est au cinéma ce que la World Cup est au football. Faut-il rappeler, à cet égard, que le premier (et dernier) film tunisien à avoir eu l’honneur de cette sélection est ”Une si simple histoire” de Abdellatif Ben Ammar, qui date de… 1970 ? Quant aux films proclamés “géniaux” et “à grand succès” de Férid Boughedir, Nouri Bouzid et autres Moufida Tlatli, comme ”Halfaouine”, ”Rih Essed” ou ”Les silences du palais”, ils n’ont pu franchir le seuil des sections parallèles de ce prestigieux festival, à savoir “Un certain regard” et “La Quinzaine des réalisateurs”. Inutile d’ajouter ici que la plupart de nos cinéastes ont remporté le Tanit d’or des Journées cinématographiques de Carthage – comme quoi, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! -, mais aucun d’entre eux n’a gagné un véritable grand prix dans un véritable grand festival international (Venise, Milan, Berlin…). Que l’on cesse donc de nous rebattre les oreilles avec les prétendus “succès internationaux du cinéma tunisien” et que l’on regarde la réalité en face: le cinéma tunisien est en crise. Car malgré les efforts du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, qui finance à hauteur de 30 à 40 % entre trois à quatre longs métrages et six à huit courts métrages par an… Malgré les aides consenties par les fonds d’aides étrangers, notamment européens, qui assurent les 60 à 70% restants… Malgré les coups de pouce médiatiques donnés aux films tunisiens, lors de leur sortie en salles, par une presse locale trop complaisante ou vaguement patriote… Malgré l’engouement du public tunisien qui n’est jamais avare de ses encouragements, de ses applaudissements et son argent… Malgré tout cela, aucun film tunisien n’a pu, à ce jour, dépasser le seuil d’un simple succès d’estime – parfois pour avoir “osé” dénuder le corps d’une femme ou évoqué un sujet tabou en pays d’islam -… Aucun film tunisien n’a pu être diffusé dans le circuit commercial normal en Europe ou en Amérique… Aucun film tunisien n’a pu réaliser, après sa projection à l’étranger et dans son pays d’origine, des recettes lui permettant de compenser ses coûts de production et d’atteindre un seuil minimal de rentabilité… Je ne voudrais pas remuer davantage le couteau dans la plaie en faisant des comparaisons entre notre cinéma et ceux de pays proches du nôtre. Nos cinéastes en savent mieux que moi. Ils devraient faire eux-mêmes ces comparaisons. Je me contenterai cependant de souligner la nécessité de réformer ce secteur que les pouvoirs publics portent à bout de bras et financent à tour de bras, mais sans parvenir à le faire réellement décoller. Alors, cessons notre cinéma ! Le ver est, peut-être, dans le fruit. Trop d’argent, mal utilisé et dont les circuits de dépense sont mal maîtrisés, appauvrit l’imagination… (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 avril 2007)

Carcasses sans fonds et tournant à régime réduit Grands centre commerciaux devenus des coquilles vides

 
Tunis – Le Temps – Les grands centres commerciaux ont présenté une nouvelle tendance dans l’activité commerciale à Tunis, depuis une quinzaine d’années. On les retrouve dans plusieurs banlieues ainsi qu’à El Menzeh, dans les Berges du Lac et ailleurs. Progressivement, ils  se sont développés dans d’autres villes comme Sousse, Sfax, Monastir et Bizerte. C’est pratiquement le phénomène commercial qui a connu la plus rapide croissance. Ces espaces se distinguent par la richesse de l’offre, l’augmentation du nombre d’exposants et la grande variété des produits. On y trouve pratiquement tout ou presque des articles d’habillement, aux meubles en passant par l’électro – ménager et l’agro alimentaire. Ces espaces ont créé une grande dynamique dans les milieux environnants. Des cafés, des espaces de loisir et d’autres pour les enfants ont été créés. Pourtant, ils commencent à connaître des difficultés. Nombreuses boutiques ont fermé. Quel est le secret de ce recul ? La première constatation concerne le niveau élevé des loyers et les conditions très dures imposées par les propriétaires de ces espaces. A l’intérieur de ces centres où le loyer mensuel varie entre 800 et 3000 dinars. Ces tarifs sont trop élevés. On ne les trouve pas dans certaines capitales européennes. Les commerçants affirment que ces prix leur sont imposés. D’ailleurs les contrats de location sont bien spécifiques. Ils ne ressemblent pas à ce qui est communément fait ailleurs. Une des conditions exorbitantes qu’on ne retrouve que dans ces contrats est l’augmentation annuelle du loyer de 7,5%. C’est un taux considéré, par les commerçants, comme illégal, mais imposé par les circonstances dans lesquelles ces espaces ont été ouverts et les campagnes de publicité qui les ont accompagnés. Les prix des loyers ne répondent à aucun critère et n’ont rien à voir avec la surface des boutiques. Avec la hausse des prix, les petits commerçants se sont trouvé obligés de se retirer des grands espaces et de se limiter à leurs commerces d’origine. Certains locataires affirment qu’ils n’arrivent, même pas, à s’assurer le montant du loyer tellement ils ont des problèmes de méventes. Des loyers trop élevés Un autre problème se pose. Il s’agit du fonds de commerce. Le nouveau locataire est appelé à payer entre 40 et 100 mille dinars de fonds de commerce, en plus du loyer. C’est un autre facteur de blocage. Nombreux litiges interminables sont entre les mains des juges. Dans certains cas il s’agit de l’incapacité de payer les loyers. D’autres litiges concernent la valeur du loyer. Le plus apparents dans ces litiges est que chaque partie interprète la loi en fonction de ses intérêts. Avocats et huissiers notaires font leur beurre dans ces affaires. La résolution des litiges prend son temps dans les tribunaux. Le compteur du loyer continue à fonctionner. Désolation généralisée  Nombreuses boutiques sont fermées. Parfois tout un étage l’est. Le spectacle est désolant. Pourquoi ne pas accélérer la régularisation de la situation de ces boutiques ? Est – il normal de laisser ces espaces dans l’état où ils sont ? Jusqu’à quand les propriétaires vont – ils camper sur leurs positions en tenant à leurs contrats, sans faire de concessions? Pourquoi ne pas trouver des arrangements ? Des centaines de millions et des milliards de millimes ont été dépensés pour la construction de ces espaces. Est – ce pour qu’ils restent sans activité ? Il est temps de revoir les choses dans ces centres commerciaux. Les rapports entre propriétaires et locataires gagnent à être assainis pour l’intérêt de toutes les parties. Quant aux autorisations d’ouverture de nouveaux centres commerciaux, elles doivent être revues. De nouveaux critères doivent être arrêtés pour ne pas se retrouver avec un nombre élevé de boutiques fermées. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 avril 2007)

Maroc: Des jihadistes préfèrent se suicider plutôt que se rendre à la police

 
Par Sammy KETZ RABAT, 10 avr 2007 (AFP) – Le suicide en moins d’un mois de deux jihadistes marocains au moment de se faire arrêter à Casablanca semble montrer, selon les analystes, qu’ils ont reçu la consigne de se donner la mort plutôt que de tomber aux mains de la police. “Cela fait deux fois que le même scénario se produit. Pour éviter l’incarcération, des salafistes jihadistes préfèrent se donner la mort en actionnant leurs ceintures d’explosif qu’ils portent sur eux”, a affirmé à l’AFP Mohamed Darif, spécialiste de l’islamisme marocain. Un terroriste présumé s’est fait exploser et un second a été abattu avant d’en faire autant mardi à Casablanca, alors que la police était sur le point de les arrêter dans un immeuble situé dans l’est de la capitale économique du Maroc. Le 11 mars, Abdelfettah Raydi avait trouvé la mort en actionnant des explosifs qu’il transportait sur lui, quand le propriétaire d’un cybercafé avait tenté de l’arrêter. L’explosion avait blessé son complice présumé, Youssef Khoudri ainsi que trois clients du café internet. “Il semble qu’ils appliquent des consignes en ce sens données à ses partisans par le +numéro deux+ d’al Qaïda Aymane al-Zawahari”, a ajouté M. Darif. Pour ce politologue, “il est difficile d’imaginer que ces groupes n’aient pas de liens directs ou indirects avec l’étranger, non seulement idéologiquement mais logistiquement”. “Mais ce qui est frappant c’est qu’ils donnent le sentiment d’avoir perdu le contact avec les +coordonnateurs+ qui se trouvent au Maroc ou à l’extérieur”, constate-t-il. “Cette coupure s’explique par le fait que les messagers chargés des contacts ont été arrêtés, se cachent et qu’ils ne transmettent plus les instructions des chefs. Ces groupes sont donc livrés à eux-mêmes”, souligne-t-il. Pour le parquet, qui a inculpé 31 personnes dans le cadre de l’enquête sur l’explosion du 11 mars, les deux terroristes ne visaient pas le cybercafé où il y a eu la déflagration, mais étaient venus chercher des consignes. “Ils n’avaient pas l’intention d’attaquer le cybercafé, où ils s’étaient rendus dans le cadre des contacts que les membres de la cellule entretenaient via internet”, estime la justice qui pense que l’un d’eux a actionné sa ceinture en voyant qu’il allait se faire arrêter. Par ailleurs, le parquet est convaincu que le groupe est purement marocain sans relation avec l’étranger. “Il s’agissait d’une organisation terroriste en cours de formation, financée par des Marocains dans le but de perpétrer des attentats contre le port de Casablanca (…) et plusieurs commissariats de police de la ville”, a précisé cette source. Pour un autre analyste, Mohamed Tozi, “c’est le prolongement de l’impact généré par l’annonce médiatique de la création de la section d’Al Qaïda pour le Maghreb. C’est un appel sous les drapeaux et des groupes qui étaient en latence veulent répondre à la conscription”. “Mais je constate à la fois une incroyable détermination de ces jihadistes prêts au suicide et en même temps une grande faiblesse organisationnelle et logistique”, note ce professeur de sciences politiques et de sociologie à l’université Hassan II de Casablanca. “C’est à la fois inquiétant et rassurant. Inquiétant car on peut se dire que s’ils améliorent leur structure ils peuvent devenir très dangereux et rassurant car je constate qu’ils ont beaucoup de mal à se fondre dans la société, ce qui les obligent à se terrer”, constate-t-il. AFP  

France/présidentielle: issus de l’immigration et tentés par l’extrême droite

 
Par Amer OUALI PARIS, 9 avr 2007 (AFP) – Le phénomène reste minoritaire mais prend une ampleur inédite: des Français issus de l’immigration, pères de famille ou jeunes de banlieue, se disent prêts à voter à la présidentielle pour le leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen, champion de la “préférence nationale”.
“Je vais voter pour Le Pen”, affirme sans hésiter Mourad Asfour, 25 ans, étudiant en histoire de l’art à Dijon (centre-est). Pour lui, M. Le Pen, arrivé contre toute attente au second tour de la présidentielle de 2002 et crédité cette année de 13% à 16% des voix dans les sondages, est le seul candidat qui “incarne l’amour de la France”.
Arrivé du Maroc à l’âge d’un an, ce musulman pratiquant approuve la priorité donnée à la lutte contre l’immigration car “les capacités d’accueil de la France sont saturées”. Et il estime que M. Le Pen partage avec lui certaines “valeurs morales”, comme l’opposition au mariage homosexuel.
Il n’est pas isolé: l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné a fait état d’un sondage réalisé pour le ministère de l’Intérieur selon lequel 8% des Français originaires du Maghreb seraient prêts à voter Le Pen. Soit plus de 100.000 électeurs potentiels. Le candidat d’extrême droite, qui a réussi un coup médiatique en se rendant cette semaine dans une banlieue réputée “difficile” du nord-ouest de Paris, a choisi une jeune fille d’origine nord-africaine pour illustrer une des premières affiches de sa campagne 2007.
“Plutôt de gauche”, Habiba Boualem, une juriste âgée de 35 ans, dit que le Parti socialiste ne lui “convient plus”. Et puisqu’elle ne voit “aucune différence” entre le Front national de Jean-Marie Le Pen et l’UMP de Nicolas Sarkozy, elle choisit “l’original plutôt que la photocopie”. C’est donc Le Pen qui aura son suffrage. Cette fille d’immigrés algériens, qui vit dans la cité du Mirail à Toulouse (sud-ouest), souhaite une “régulation de l’immigration”. “Le pauvre chasse plus pauvre que lui”, constate avec une certaine amertume Sophia Chikirou, 27 ans, membre des instances dirigeantes du PS et auteur de “Ma France laïque”. Egalement fille d’immigrés algériens, cette militante socialiste qui vit dans le 20e arrondissement de Paris a constaté que nombre de commerçants immigrés de son quartier s’étaient engagés pour Jean-Marie Le Pen.
Propriétaires par exemple de petits hôtels réquisitionnés par les services sociaux pour l’hébergement de familles de sans-papiers, ils se retrouvent confrontés à des dégradations. “Ils en veulent aux autorités et disent +avec le Pen on sera débarrassé des sans-papiers et de la polygamie+”. “Y en a marre de voir des Maliens sans papiers logés dans des hôtels”, confirme Farid Smahi, membre du Bureau politique du FN, qui se présente comme un “Français patriote et musulman” et n’hésite pas aller vanter la “préférence nationale” dans des banlieues pauvres où il était autrefois “insulté”.
Grâce à son association créée pour aider les enfants irakiens pendant l’embargo international, M. Smahi a réussi à se “faire accepter”, puis à se “faire entendre”. Il assure avoir apporté 3.500 adhésions d’immigrés en moins d’un an au FN. Perçu d’abord comme un “épiphénomène”, le vote d’origine immigrée en faveur de M. Le Pen comporte désormais une “part d’adhésion”, note le politologue Jean-Yves Camus. C’est le cas d’A.M., un avocat algérien de 50 ans reconverti dans le commerce à Paris, père de deux enfants scolarisés dans un lycée privé, qui ne supporte plus de voir ses impôts “distribués à des Blacks et des Arabes” pour lesquels la France ne serait “qu’un vache à traire”. Il votera donc Le Pen, même s’il estime que “le bâton peut se retourner” un jour contre lui. AFP  

Maroc: une association veut connaître la vérité sur les émeutes de 1981

 
RABAT, 8 avr 2007 (AFP) – Le Forum marocain pour la vérité et la justice (FVJ) a appelé les pouvoirs publics à faire la lumière sur les émeutes de 1981 à Casablanca, au cours desquelles une centaine de personnes ont été tuées, a-t-on appris dimanche auprès de cette association des droits de l’Homme. “Il faut une enquête juste pour déterminer les responsabilités dans cette affaire”, a déclaré à l’AFP un membre du FVJ, une des principales organisations de défense des droits de l’Homme au Maroc. L’association avait demandé en 2006 au parquet de Casablanca d’ouvrir une enquête dans le cadre de la “fin de l’impunité”, a rappelé ce militant, mais “le parquet n’a pas donné suite à la requête en évoquant la prescription”, indique-t-il. Lors de ces émeutes de juin 1981, qui avaient éclaté en marge d’une grève générale contre la hausse des prix à l’appel des principaux syndicats, soixante six personnes avaient été tuées par les forces de l’ordre, selon une source officielle, alors que les syndicats parlaient de “centaines” de victimes. En décembre 2005, l’Instance Equité et Réconciliation (IER, chargée par le roi Mohammed VI de régler les graves violations des droits de l’Homme entre 1960 et 1999 au Maroc), a annoncé la découverte à Casablanca d’un cimetière -jusqu’ici inconnu du public- où sont inhumés 81 émeutiers dans des tombes individuelles. Trente trois autres victimes de ces émeutes ont été retrouvées par l’IER au “cimetière des martyrs”, la principale nécropole de Casablanca. En 1981, ces victimes avaient été appelées les “martyrs de la baguette de pain”, en allusion à la hausse du prix de la farine, denrée subventionnée à l’époque, contre laquelle ils protestaient. AFP  

La seule femme détective du monde arabe voudrait enquêter sur le terrorisme

 
Par Sammy KETZ CASABLANCA (Maroc), 8 avr 2007 (AFP) – La seule femme détective privée du monde arabe voudrait désormais devenir agent secret pour enquêter sur le terrorisme, car elle trouve “monotone” de courir après les adultères et les escroqueries. “Etre la seule détective privée marocaine et arabe c’est formidable, mais aujourd’hui, je voudrais intégrer les services de sécurité de mon pays pour traquer le terrorisme”, déclare en souriant Myriam Tazi-Marzak. Cette Franco-Marocaine de 40 ans, mère de trois enfants, aime le risque et considère la curiosité comme une vertu cardinale depuis toujours. Aussitôt après le baccalauréat et au grand désespoir de son père, ophtalmologue, elle refuse de faire des études de médecine et quitte Casablanca pour s’engager dans l’armée française. Après 18 mois sous les drapeaux dans l’ouest de la France, elle intègre l’Institut de Formation des Agents de Recherches à Montpellier (sud) et en sort quatre ans plus tard avec un diplôme de détective, agent de recherches privées, homologué par l’Etat. “J’adorais Sherlock Holmes. Après l’armée, j’aurais bien opté pour la police mais à la fin des années 80 elle n’intégrait pas de binationaux, or ma mère est bretonne et mon père marocain. J’ai donc choisi d’être enquêtrice privée”, explique-t-elle. Elle commence sa carrière au ministère français de la Défense, aux réservations dans l’agence de voyages qui en dépendait. Une couverture bien sûr: elle devait examiner si les voyages effectués par les fonctionnaires de ce ministère étaient en adéquation avec leur salaire. “J’ai découvert pas mal de choses”, dit Myriam de manière sibylline. Et, plus énigmatique encore: “J’ai été embauchée sur concours avec trois  personnes dans un autre ministère, mais je ne peux pas le nommer. J’y ai travaillé durant dix ans, officiellement comme secrétaire de direction”, raconte-t-elle. A Paris, elle rencontre son mari qui travaille dans la sécurité à l’aéroport de Roissy. Pendant six mois, elle n’ose pas lui parler de son métier, un précédent petit ami s’étant enfui en apprenant qu’elle était détective, confie-t-elle. Mais en 2002, elle décide de rentrer au Maroc. “Mon père était malade et j’étais séduite par Sa Majesté”, Mohammed VI. Elle présente ses diplômes et, au terme d’une enquête de six mois, le ministère de l’Intérieur lui accorde l’unique licence de détective privé du Maroc. Un an plus tard, elle ouvre un bureau à Casablanca. “Au début, je ne m’occupais que d’adultères. Les femmes venaient me voir car leur cartomancienne les avait convaincues de l’infidélité de leur mari, mais j’avais aussi beaucoup d’hommes parmi mes clients. J’ai évité le divorce à beaucoup de couples en prouvant que leurs soupçons étaient infondés”, explique Myriam Peu à peu, elle obtient des contrats avec des sociétés internationales victimes d’ecroqueries diverses: malversations de la part de leur gérant, chèques sans provision… “Nous, les femmes, nous avons plus d’intuition et de patience que les hommes. Et nous savons aussi fouiner en faisant marcher notre jugeote”, affirme-t-elle. Mais aujourd’hui, à 40 ans, elle veut se lancer un nouveau défi. “Je suis prête à mettre le voile pour infiltrer les organisations terroristes, à me déguiser pour pénétrer les réseaux de trafiquants de drogue ou pour traquer la corruption qui ruine mon pays”. AFP

Point de vue

Islamisme : la lente capitulation

 
par Henryk M. Broder (*) Le 15 février 1987 était un jour ordinaire d’hiver allemand, froid, humide et brumeux. Il n’y aurait aucune raison de se souvenir de cette journée si elle n’avait marqué une scission, pour tous imprévisible il y a vingt ans. La fatwa contre Salman Rushdie n’avait pas encore été prononcée, la polémique sur les caricatures n’avait pas encore éclaté, mais une sorte de prélude aux scandales à venir avait déjà lieu. Ce qui ne dura que quelques secondes déclencha un séisme politique et culturel dont les ondes de choc se ressentent aujourd’hui encore.

Rudi Carrell (célèbre animateur de show télévisé), fixant la caméra, lut d’une voix posée une information fictive : “On a fêté cette semaine en Iran le huitième anniversaire de la révolution islamique. L’ayatollah Khomeiny est acclamé par le peuple.” L’information fut suivie d’une brève séquence filmée montrant le leader de la révolution iranienne bombardé de soutiens-gorge et de slips par une foule d’admiratrices. Un bon gag audiovisuel, innocent, inoffensif, sympa. Mais ce qui allait suivre n’était ni innocent ni inoffensif, et moins encore sympa.

Quinze minutes à peine après l’émission, l’ambassadeur de la République islamique se plaignit auprès de la chaîne TV, et communiqua l’incident à Téhéran. Puis tout s’enchaîna coup sur coup. Téhéran convoqua l’ambassadeur allemand et exigea que la “monstrueuse offense” ne reste pas sans suite. Des manifestants défilèrent devant l’ambassade d’Allemagne à Téhéran, scandant “Mort au régime fasciste allemand”. Les diplomates allemands en Iran furent invités à quitter le territoire, Iran Airlines suspendit ses vols vers l’Allemagne, et l’Institut Goethe toutes ses activités à Téhéran. Conformément à la parole du président Mao : “Punis-en un, tu en éduques cent”, Rudi Carrel, qui ne risqua plus jamais une blague à propos d’un mollah, ne fut pas seul à être mis au pas. Le message fut entendu par l’ensemble des milieux socio-culturels : lorsque deux ans plus tard, en 1989, fut proclamée la fatwa contre Salman Rushdie, et que l’ayatollah Khomeiny appela à la peine de mort contre l’auteur des Versets sataniques, l’attitude de l’opinion publique allemande était déjà partagée. Alors qu’une partie des milieux culturels se solidarisait avec Salman Rushdie, l’autre partie jugeait qu’il “était allé trop loin”, qu’il avait “provoqué inutilement” et ne méritait donc aucune solidarité.

En 1995, alors que la condamnation à mort planait toujours sur la tête de Salman Rushdie, le Prix pour la paix décerné par les libraires allemands fut attribué à la spécialiste en études islamiques Anne-Marie Schimmel. Les jurés louèrent l’œuvre consacrée au soufisme par cette experte, s’empressant d’ignorer que cette “fondamentaliste convaincue” avait justifié théologiquement la fatwa contre Salman Rushdie : “D’après la plupart des écoles de droit islamiques, l’offense au prophète est un crime susceptible de la peine de mort”.

La pièce “les musulmans offensés et nous” continue d’être jouée depuis vingtans, avec une distribution changeante, mais un scénario invariable : d’un côté les croyants blessés et outragés qui ne peuvent réagir qu’en incendiant des ambassades pour défendre leur honneur, et de l’autre les relativistes de l’Occident, embarrassés et repentants, qui mettent en scène le “dialogue des cultures” comme un soliloque thérapeutique : Günter Grass, dans un geste de bonne volonté envers les musulmans vivant en Allemagne, propose de transformer une église en mosquée; Hans-Christian Ströbele suggère d’échanger un jour férié de fête chrétienne contre une fête islamique; Oskar Lafontaine, lui, a découvert “un grand nombre de dénominateurs communs entre la politique de gauche et la religion islamique”; et à Berlin, un tribunal autorise un islamiste à nommer son fils “Djihad” (guerre sainte). On assiste à un lent processus de capitulation devant ce qui semble inévitable. “Ne pas provoquer surtout”, dit le mot d’ordre, “les fanatiques pourraient devenir méchants”. Le débat à propos des douze caricatures de Mahomet publiées dans le journal danois Jyllands Posten le 30 septembre 2005 montre combien ce processus a déjà pris des allures de routine. Pendant que les ambassades danoises brûlaient à Beyrouth et à Damas, et que de Londres à Islamabad des manifestants exigeaient la mort des offenseurs, les représentants de la société civile occidentale réagissaient comme des promeneurs surpris par la tempête.

L’éternel Günter Grass, toujours au premier rang quand il s’agit de condamner l’Ouest pour ses méfaits, caractérisa ces exactions de “réponse fondamentaliste à un acte fondamentaliste”. Un score d’un contre un donc dans la rencontre internationale de deux équipes de “fondamentalistes”, dont l’une avait livré au monde quelques caricatures, et l’autre avait réagi en répandant à travers le village global comme une traînée de poudre. Fritz Kuhn, chef des Verts, déclara que le moment était venu de parler “du rapport entre la liberté d’opinion et la responsabilité qui en résulte”, car “certaines personnes se sentent stigmatisées par les caricatures. Moi, elles m’ont rappelé les dessins anti-juifs de l’époque d’Hitler avant 1939”. Une phrase par laquelle Fritz Kuhn, né en 1955, démontre surtout qu’il n’a jamais regardé assez attentivement les dessins antisémites d’avant 1939. Et le député CDU Eckart von Klaeden mit en garde à son tour, après que des manifestants de Téhéran avaient attaqué la représentation diplomatique autrichienne avec des bombes incendiaires : “Nous ne devons pas contribuer à une aggravation de la situation.” Toute l’Europe était en proie à une épidémie de folie : la firme dano-suédoise Arla-Foods, qui exporte une part de ses produits dans les pays musulmans, déclara dans une campagne d’annonces lancée dans vingt-cinq des plus importants journaux arabes se dissocier des caricatures de Mahomet. Le ministre des affaires étrangères de Grande-Bretagne, Jack Straw, qualifia la publication des caricatures d'”inutile, insensible, irrespectueuse et fausse”.

Le message fut entendu : lorsqu’on demanda à l’artiste Hans Haacke pourquoi il n’existait de lui aucune œuvre “traitant du rôle de l’islam”, il déclara : “Ce n’est pas près d’arriver. La relation à l’islam me semble si complexe et explosive que je n’ose l’aborder.” Et il ajouta que son attitude n’était pas “lâche”, mais “sage”.

L’artiste Gregor Schneider, quant à lui, après s’être vu interdire la présentation de son “cube”, qui rappelle la Kaaba de La Mecque, à Berlin et Venise parce que les organisateurs redoutaient la terreur islamiste, prit d’emblée toutes les précautions à Hambourg. Dans l’émission “Kulturzeit” sur la chaîne 3Sat, on commenta ainsi la démarche de Gregor Schneider : “Afin de prévenir toutes protestations éventuelles, l’exposition a été préalablement préparée avec les représentants des communautés musulmanes.” Sur quoi le présentateur de “Kulturzeit” demanda, sans le moindre froncement de sourcils, s’il fallait admettre une obligation de bénédiction “préalable” par les représentants des religions concernées pour tous les objets d’art traitant de la foi. La réponse était si claire que la question s’avérait superflue.

Traduction Monique Rival © Syndicate New York Times/ Der Spiegel. (*) Henryk M. Broder, écrivain et journaliste à “Der Spiegel”

(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 9 avril 2007)

Reportage A Victory Base, planète à part, loin du chaos de Bagdad
 
BAGDAD ENVOYÉ SPÉCIAL « Célébrer le 9 avril ? Mais c’est quoi le 9 avril ? Quelqu’un sait-il ici ce qui s’est passé le 9 avril ?” Géographiquement, nous sommes en Irak, sur l’immense base américaine dite “de la Victoire”, près de l’aéroport de Bagdad. Dans la salle de conférences du 1er régiment de cavalerie, 2e division d’infanterie de l’US Army, un soldat sur les cinq présents a souri. Les autres, même le capitaine Rindahl, le gentil chapelain de l’unité, sèchent. “Mais enfin, les gars, s’énerve le caporal John Androsky, c’est ce jour-là, il y a quatre ans, qu’on a renversé Saddam Hussein !” Ah, c’est vrai, ils se souviennent maintenant. Ils s’excusent, ils demandent qu’on ne leur en veuille pas. Ils ont 20-22 ans. Certains en sont à leur second ou troisième séjour, mais la plupart n’étaient pas là en 2003. Et puis rien, absolument rien, ce 9 avril à Victory Base, ne pouvait leur rappeler cette “victoire”, trop vite annoncée par George Bush, leur “commandant en chef”, dès mai 2003. Puis discrètement remisée aux oubliettes. La victoire ? La plupart de ceux à qui nous avons posé la question n’y croient plus. Les mieux informés confient un peu à voix basse qu'”on a fait trop de bêtises”, que “c’est sans doute trop tard”, qu'”on peut juste essayer de sauver les meubles”. D’autres laissent clairement entendre qu’ils s’en moquent, que “c’est l’affaire” des Irakiens, “c’est leur pays”. Beaucoup accusent les Irakiens de faire le malheur de l’Irak. “On les a libérés, on leur a donné la démocratie, ils préfèrent s’entre-tuer. Tant pis pour eux !” Bienvenue à “la” base, bienvenue dans une cité de 50 000 âmes qui n’existait pas il y a quatre ans et qui cerne aujourd’hui pratiquement l’aéroport. La cité est poussiéreuse, mais parfaitement rangée derrière ses centaines de kilomètres de murailles antibombes qui serpentent partout entre les allées, les blocs de tentes collectives à air conditionné, les enfilades de bureaux, les ateliers, les salles de conférence, etc. Avec ses alignements de préfabriqués, ses immenses restaurants, ses rues et avenues rectilignes, ses cafés Internet, son Pizza Hut, son Burger King, Victory Base ressemble à un Lego géant. La base possède aussi trois “gouverneurs”, des “maires” en uniforme et des milliers de serviteurs indiens et irakiens, invités, par de grands panneaux, à “ne pas posséder de téléphone cellulaire ou d’autres engins électroniques”. Les contrevenants risquent gros et il est fermement conseillé aux habitants américains de la base de “rapporter à qui de droit toute violation” de la règle. Victory Base est une planète à part. A 15 km seulement de Bagdad, mais à des années-lumière des tueries, de la misère et du chaos qui sévissent “là-bas”, dans l’autre monde, cette “zone rouge” que la plupart des “boys” n’apercevront jamais que sur l’écran de contrôle d’un engin de guerre ou à travers la lunette d’un fusil M 16. Le général Qassim Atta Al-Moussaoui est un homme jeune, affable, moustachu, mince et souriant. Il est le porte-parole officiel irakien de l’opération “Restaurer la loi”, qui a commencé à Bagdad le 14 février et dont l’objectif est de sécuriser une dizaine de quartiers particulièrement touchés par les violences en y stationnant des troupes conjointes, irakiennes et américaines. A la veille du 9 avril, dans un bureau de cette autre et surréelle planète appelée “zone verte” – et qui n’est plus tout à fait inviolable puisqu’elle a été attaquée, au mortier et autres engins, une demi-douzaine de fois durant les sept derniers jours de mars -, le général informait des derniers événements. Un “point presse” bien organisé en dit parfois beaucoup plus sur un conflit en cours que des envolées lyriques. Tenue de camouflage, béret noir et dents blanches comme pour une publicité, le militaire a donc donné des nouvelles de la guerre, sur ce ton poli et formel qu’on utilise assez peu à Victory Base. “Agissant sur renseignements, nos forces armées ont procédé, le 6 avril, à un raid sur la maison de Monsieur le député Mohammed Khalaf Al-Ayalan, a-t-il expliqué. Nous avons saisi chez lui 33 fusils d’assaut AK 47 (kalachnikov), 2 mitrailleuses, un fusil d’assaut de fabrication israélienne, 3 pistolets, 2 kg de TNT et des munitions en quantité. Nous avons arrêté 12 personnes qui se trouvaient là.” Le député Mohammed Khalaf n’était pas présent. Depuis, il a disparu. Grosse affaire, dont la presse locale va faire ses choux gras. L’intéressé est un des élus du Front de la concorde, la principale organisation politique sunnite, que beaucoup de chiites accusent d’entretenir des complicités coupables avec les insurgés. Le “général souriant” reprend. “Depuis le 27 mars, au total, nos hommes ont abattu 27 terroristes. Nous en avons capturé 232 autres et arrêté 436 suspects, grâce à des dénonciations de bons citoyens. Au fil de nos opérations de nettoyage dans les quartiers de Bagdad, nous avons pu libérer 26 personnes qui avaient été kidnappées. Nous avons saisi 518 armes diverses, 118 engins explosifs, 10 véhicules piégés dont deux motocyclettes, 75 détonateurs, 256 kg de TNT et 67 cagoules”, du modèle de celles utilisées par les insurgés sunnites et certains miliciens chiites. Autour de la table, face au général, un journaliste irakien s’énerve. “Dans le seul quartier central d’Al-Karkh, au centre-ville, 15 journalistes ont été tués. Que comptez-vous faire pour nous protéger ?”, demande-t-il. Réponse : “Nous essayons de protéger tout le monde, mais il nous reste beaucoup à faire pour ramener la paix à Bagdad.” Un autre confrère : ” Plusieurs quartiers du sud de la ville sont bombardés tous les jours au mortier. Pourquoi n’êtes-vous pas présents là-bas ?” Les zones en cause sont majoritairement sunnites, le général est chiite. Ce dernier a compris le sens caché de la question, mais il garde le sourire et formule la même réponse : “Patience, patience. Nous avons commencé il y a sept semaines à peine et, déjà, Ghazaliya (quartier de l’ouest de la capitale) est plus calme qu’avant.”

Patrice Claude (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 11 avril 2007)


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