1 novembre 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4142du 01.11.2011

 


Mondher Sfar: La Question d’Ennahda et la Révolution

AP: Tunisie: mandat d’amener international contre Souha Arafat

AP: Alger félicite Tunis du « bon déroulement » des élections

20 minutes: Tunisie: L’ex Premier ministre libyen «craint pour sa vie», selon son avocat

Le Point: Que veulent les Tunisiens ?

Leaders: La Tunisie va-t-elle breveter une ‘Démocratie Musulmane’ ?

Nouvelobs: Tunisie : être ou ne pas être aux côtés d’Ennahdha ?

Le Dauphine: Presque 60 % des Tunisiens ont dit “non“ aux islamistes

African Manager: Tunisie : 2012 sera une bonne année, affirme le gouverneur de la BCT

Courrier International: Le regard biaisé des médias français

Jeune Afrique: Tunisie : Kasserine, ville oubliée de la révolution

Business News: Tunisie – Libye – Le passage frontalier de Ras Jedir fermé ?

Espace Manager: Tunisie: Hechmi Hamdi serait accusé de Trahison suprême par Ennahdha


La Question d’Ennahda

et la Révolution


Par Mondher Sfar
J’ai appelé il y a peu à faire confiance aux hommes d’Ennahda, et cela m’a valu des critiques. Je voudrais y répondre en clarifiant la situation politique de notre pays au lendemain des élections.
Le désarroi actuel de nombreux compatriotes face au succès impressionnant d’Ennahda est en fait le résultat, je puis dire, d’une erreur majeure commise au lendemain de notre Révolution. Ceux qui sont sortis dans la rue s’exposer aux balles de l’ancien régime policier l’ont fait pour se débarrasser de la dictature en tant que système politique, au profit d’un régime qui respecte la dignité de chacun et d’une société solidaire et fraternelle qui est garante de notre vivre ensemble.
Malheureusement, au lendemain de la Révolution, au lieu d’assister à l’union de toutes les forces vives de notre peuple, toutes tendances confondues, au sein d’un gouvernement révolutionnaire exprimant la volonté du peuple et élaborant un programme précis de refondation de l’Etat et de ses institutions, nous nous sommes surpris d’être appelés à des élections, d’abord d’un Président, puis d’une Assemblée nationale, et pour finir, d’une Assemblée constituante.
C’est là l’erreur fatale à l’origine de la confusion et du desarroi qui habitent bon nombre d’entre nous. C’est l’épisode électif qui pose problème, parce qu’injustifiable. Certes on l’a justifié en parlant de quête de légitimité. On a trop vite oublié que la légitimité est revenue au peuple qui a dit son mot sur ce qu’il veut et sur ce qu’il ne veut pas. Le peuple a remis son sort entre les hommes politiques non pas pour faire triompher telle ou telle idéologie, telle ou telle opinion politique ou même économique, mais pour édifier ensemble un nouvel Etat et parer aux urgences économiques et sociales.
Après les élections du 23 octobre, nous nous trouvons au point de départ, nous nous trouvons face à la même exigence : édifier ensemble notre nouvelle maison commune. Il nous faut comprendre que les élections malgré qu’elles ont eu lieu, ne changeront rien quant aux nécessités voire l’urgence des objectifs des réformes fondamentales de l’Etat et de l’instauration de la solidarité sociale entre tous les Tunisiens quels que soient les hommes ou les tendances qui sont appelées à les mettre en oeuvre.
C’est ce qu’Ennahda a bien compris en appelant à la formation d’un gouvernement le plus large possible, non pas parce qu’Ennahda est généreuse, mais parce qu’elle a compris qu’il s’agit là d’une exigence révolutionnaire, quel que fut le « gagnant » de cette consultation électorale.
Car, ce gouvernement qui a trop tardé – puiqu’il aurait dû se constituer au lendemain de la Révolution – aura pour programme fondamental : la réalisation des objectifs de la révolution, en mettant au point une sorte de feuille de route pour les réformes de l’administration et des rouages de l’Etat conformément à l’esprit et à l’élan révolutionnaire : concrétisation de la dignité du Tunisien, préservation des libertés fondamentales de conscience et d’expression, et en matière économique, l’instauration d’une meilleure justice sociale.
C’est pourquoi nous devons nous dire aujourd’hui: cessons de nous occuper des colorations idéologiques ou politiques des uns et des autres, exacerbées malheureusement avec les regrettables élections. Notre seule garantie fondamentale pour notre marche actuelle, c’est notre attachement au programme révolutionnaire, quels que soient nos partenaires. C’est en nous investissant massivement dans la réalisation des objectifs de la Révolution que nous dépassereont définitivement nos suscptibilités et appréhensions idéologiques ou politiques qui trouveront leur solution dans la réalisations mêmes de ces objectifs.
J’ajouterais enfin une remarque à l’adresse de ceux qui craignent une dérive fondamentaliste religieuse dans le moyen terme. Ceux qui formulent de telles craintes n’ont-ils pas plutôt intérêt à encourager Ennahda pour l’aider à conforter ses positions modérées et fidèles aux principes révolutionnaires face aux forces rétrogrades qui sont tentées de la pousser dans leur camp. N’est-il pas un devoir révolutionnaire de soutenir Ennahda dans sa lutte contre ces extrêmistes en dénonçant de la manière la plus ferme l’usage de la violence, contraire au respect de la liberté de conscience et d’expression qui sont les acquis les plus chers de notre Révolution? Formons un front uni contre toute forme de terrorisme idéologique ou politique pour la concrétisation de notre Révolution et pour préserver nos libertés! Nous sommes condamnés à réussir ensemble dans la fidèlité à ceux qui sont morts pour que nous puissions tenir notre destin en mains.
Mondher Sfar
Paris le 31 octobre 2011

Tunisie: mandat d’amener international contre Souha Arafat


 

AP31-10-11 à 16:20

Un mandat d’amener international a été émis par la justice tunisienne contre Souha Arafat, née Attaouil, la veuve du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, recherchée dans le cadre d’une affaire de corruption, rapporte lundi l’agence officielle TAP.

Le mandat a été délivré la semaine dernière par le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis, saisi d’une affaire de corruption impliquant l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, plusieurs de ses gendres et de ses proches ainsi que nombre de responsables gouvernementaux, a confirmé à l’Associated Press le porte-parole du ministère de la justice Kadhem Zine El Abidine, sans plus de précisions.

Selon le journal électronique « Attounissia », Mme Arafat serait recherchée dans l’affaire de « l’école internationale de Carthage » créée en 2006 et dont elle était partie prenante avec l’épouse du président Ben Ali, Leïla Trabelsi.

Moins d’un an après, les relations entre les deux partenaires s’étaient détériorées au point que Souha Arafat a été déchue de la nationalité tunisienne et déclarée persona non grata. Elle avait fui précipitamment à Malte auprès de son frère Gaby Ettaouil, alors ambassadeur de Palestine à La Valette.

Selon une source palestinienne à Tunis, la rupture aurait pour origine le refus opposé par la veuve du dirigeant palestinien à une demande de mariage proposée par Imed Trabelsi, le neveu préféré de l’ex-première dame de Tunisie. Outre l’école internationale de Carthage, Mme Arafat participait avec le clan des Trabelsi à plusieurs autres projets dont une ferme et l’école Jeanne d’Arc de Tunis, selon la même source.

Ancienne conseillère pour les affaires économiques dans le cabinet de la présidence de l’Autorité palestinienne, Souha avait épousé secrètement Yasser Arafat en 1990, avant que le mariage ne soit rendu public deux ans après sous la pression de sa mère, la journaliste Raymonde Ettaouil.

Dans un entretien avec le journal londonien « Al Qods Al Arabi », Souha Arafat affirme qu’elle s’était retirée de son partenariat dans l’école internationale de Carthage et avait cédé sa part à la nièce de Leïla Ben Ali, Asma Mahjoub.

Elle a menacé de porter plainte devant la Cour européenne pour « atteinte à son nom ».

Source: ”Le Nouvel Observateur” Le 31-10-2011

 

Alger félicite Tunis du « bon déroulement » des élections


Publié le 31-10-11 à 16:20
ALGER (AP) — L’Algérie a félicité lundi la Tunisie pour le « bon déroulement » de ses premières élections libres et démocratiques, réaffirmant également sa disponibilité à oeuvrer pour « raffermir » les relations de fraternité et de coopération ainsi que son « aspiration » à l’édification du Grand Maghreb uni.
« Nous adressons nos félicitations les plus chaleureuses au peuple tunisien frère pour le bon déroulement des élections du 23 octobre et nous formons le voeu ardent que les résultats de ces élections puissent ouvrir la voie d’une transition consensuelle pour l’édification d’un ordre constitutionnel démocratique », a déclaré Amar Bélani, porte-parole du ministère tunisien des Affaires étrangères, dans un communiqué cité par l’agence de presse officielle APS.
Cet « ordre constitutionnel démocratique permettra de consolider la stabilité, le développement économique et le progrès social d’un pays frère avec lequel l’Algérie ne cessera d’oeuvrer pour raffermir les relations de fraternité et de coopération et pour concrétiser notre aspiration commune à l’édification du Grand Maghreb arabe », a-t-il ajouté.
Lundi, le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a reçu les lettres de créance du nouvel ambassadeur de Tunisie en Algérie, Mohamed Najib Hechata. AP


Tunisie: L’ex Premier ministre libyen «craint pour sa vie», selon son avocat


 

L’ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, «craint pour sa vie» car, après la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi, il est le seul à «détenir les secrets de l’Etat libyen», a déclaré lundi son avocat tunisien Mabrouk Kourchid. «Après la mort de Mouammar Kadhafi, Al-Mahmoudi est le seul à détenir les secrets de l’Etat libyen et est devenu une proie précieuse pour les services secrets», a déclaré Me Kourchid lors d’une conférence de presse à Tunis. «Al-Baghdadi Al-Mahmoudi lance un appel au secours parce qu’il craint pour sa vie. Il y a une tentative d’influencer la justice tunisienne» de la part des autorités libyennes, a-t-il dit.

Arrêté le 21 septembre en Tunisie, l’ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, sous le coup d’un mandat d’amener des autorités de Tripoli, est emprisonné depuis plus d’un mois. La justice tunisienne a décidé jeudi une mesure de liberté provisoire en attendant une audience sur son extradition le 22 novembre, mais il est resté jusqu’à ce jour détenu à la prison de la Mornaguia, près de Tunis.

Extradition demandée par la Libye

«Mahmoudi a été maintenu en prison suite à un fax envoyé le 27 octobre à huit heures du soir par le vice-procureur général libyen directement au procureur de la République tunisien», s’est insurgé Me Kourchid, en évoquant «une mascarade». «J’ai des craintes sur l’état de santé de mon client, qui se dégrade», a ajouté l’avocat.

Agé de 70 ans, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi avait fait une grève de la faim pendant quelques jours fin septembre. Premier ministre jusqu’aux derniers jours du régime du colonel Kadhafi, il avait été arrêté en Tunisie le 21 septembre près de la frontière algérienne et condamné en comparution immédiate à six mois de prison pour «entrée illégale» sur le territoire. Acquitté en appel une semaine plus tard, il avait cependant été maintenu en détention, la Libye réclamant son extradition. Cette demande devrait être examinée par la justice tunisienne le 22 novembre.

Limitrophe de la Libye, laTunisie a constitué un lieu de passage ou de séjour pour les Libyens depuis le début du conflit mi-février. Tunis a reconnu le Conseil national libyen (CNT) le 22 août, après la prise de Tripoli, et s’est engagé à coopérer dans le domaine de la sécurité avec les nouvelles autorités libyennes.

Source : « 20 minutes.fr » Le 31-10-2011

 

Que veulent les Tunisiens ?


 

Le peuple tunisien a choisi d’accorder une grande part de sa confiance au parti Ennahda, ancré dans la tradition islamique. Le résultat a surpris, choqué parfois, inquiété, son interprétation a posé problème.

« La voie est libre pour la démocratie… les grands mots, et que se passe-t-il ? » (jef)

Lesrésultats obtenus par le parti Ennahda inquiètent : « Attention que les Tunisiens ne se fassent pas voler leur révolution par les islamistes, parce qu’alors tout serait à recommencer ! » (Jackadi).

« Bourguiba doit se retourner dans sa tombe »(delaguy)

La Tunisie est globalement perçue comme « le pays le plus démocratique du Maghreb » (delaguy), la révolution semblait portée par une profonde exigence d’avancée démocratique. « C’était un pays – j’y suis né, en plein coeur de la médina – où la liberté des femmes, grâce à Bourguiba, était du même niveau que celle des Européennes. La cohabitation entre les trois religions était exemplaire et la tolérance faisait partie de la culture tunisienne. Alors, avec le résultat de ces élections, on ne comprend pas, c’est complètement surréaliste » (Lavalette).

Ce qui trouble, c’est que le peuple tunisien confie de fortes responsabilités à un parti islamique. Une image a inquiété : « Dans les reportages télévisés sur les élections en Tunisie, ce qui m’a frappé, c’est que toutes les femmes qui faisaient partie des bureaux de vote étaient voilées, mauvais présage pour l’avenir et la liberté » (Jean34). Abner de Sabatier voit dans le succès électoral d’Ennahda plus qu’un présage de régression démocratique : « Les responsables d’Ennahda attendent depuis 24 ans ce moment, la prise du pouvoir, ils sont patients, prêts à tous les compromis, et ensuite, petit à petit, rogner tous les avantages de la laïcité, principalement aux femmes » (Abner de Sabatier).

« Les voilà tombés de Charybde en Scylla » (lilly)

Des inquiétudes s’expriment, montrent que le rapport entre islam et démocratie se situe, dans l’analyse, entre frictions et incompatibilité. Les normes islamiques ne sont, elles, pas opposées, « comme dans un certain nombre de pays du Maghreb sous la dominance des islamistes » (Zorro), à un État de droit garant des libertés ? « Comment des gens qui prétendent détenir une révélation divine peuvent-ils accepter que la vérité soit multiple et être tolérants ? » (Lilly). L’influence religieuse dans la future démocratie serait revenir à « des traditions ancestrales, pour ne pas dire archaïques » (Philippe01). « Pour qu’il y ait une véritable démocratie, il faut séparer le politique et le religieux » (Jackadi).

Deux hypothèses d’évolution sont redoutées. La première concerne la condition des femmes et l’éducation des enfants : « Quand toutes les femmes seront enfermées et privées de tous leurs droits civiques, comme l’exige la religion, elles devront éduquer les enfants, qu’elles n’auront pas choisi d’avoir, selon les seules règles qu’elles connaîtront d’une éducation réduite aux principes religieux » (Kirinan).

La deuxième porte sur l’avenir économique du pays : « Depuis le 14 janvier 2011, l’économie tunisienne est en chute libre. Le premier semestre est récessionnaire, l’UE l’a soutenue, ainsi que l’Agence française de développement, la Banque mondiale, la Banque africaine. Le tout pour 1 062 millions d’euros. Les Tunisiens, très tributaires des investissements étrangers, doivent songer à s’interroger sur le fait que les IDE ne s’accommoderont pas d’un régime islamique conservateur » (Enak). Des répercussions sur le tourisme pourraient perdurer : « La grande majorité des Occidentaux, déjà échaudés par plusieurs années d’une actualité bien sombre pour l’islam, se méfieront désormais fortement de ces destinations » (Grosgâteau).

Et pourtant…

« Le peuple tunisien a fait son choix » (Myyra)

« La démocratie n’est-elle pas fondée sur le vote des électeurs, dont la liberté de vote est protégée par le secret de l’isoloir pour prémunir les électeurs contre les pressions des minorités agissantes ? » (jaglus). « Pourquoi ne pas accepter la réalité des choses et la logique des urnes, le peuple a choisi » (Red). « Il a choisi ce qui lui convient, selon sa culture, ses valeurs et sa religion » (Myyra).

La confiance en Ennahda

Aux yeux de ses électeurs tunisiens, soulignent des commentaires, le parti Ennahda représente la fin d’un régime autoritaire, la fin de l’emprisonnement pour raisons politiques, la fin de la corruption. Il inspirerait confiance : « Étant l’opposant de toujours à Ben Ali, Ennahdah bénéficie d’une confiance en ce qui concerne la rupture avec le régime précédent. Les Tunisiens, plus qu’une charia, veulent être certains de ne pas voir revenir aux affaires des ministres et députés corrompus » (BRT).

En outre, on voterait pour « ces » partis « parce que leurs candidats sont les plus honnêtes, les plus présents sur le terrain, ils sont ceux qui apportent des solutions concrètes, s’associent avec les gens de la rue pour protéger les ressources de leur pays des grandes entreprises multinationales. Avec eux, il n’y a plus de business pour l’intérêt exclusif des pays colonialistes… C’est leur dernier recours contre la mondialisation, inhumaine, pour l’intérêt des Occidentaux » (ninyou).

Il reste que la perception d’une volonté d’expansion de l’islam dans le monde inquiète fortement.

« L’islam prend de plus en plus d’ampleur dans le monde et en France. C’est une constatation. Les chiffres parlent. C’est la religion numéro un dans le monde. Personne ne peut contester ça. Une religion qui dicte le comportement de millions de personnes. Après, libre à chacun d’y voir une menace ou pas » (Edk).

« Oui, le mouvement de libération islamique » annoncé par Ali Khamenei en février est bel et bien en marche… les choses se sont passées juste il y a 32 ans. C’était le remplacement de l’autocratie monarchique du shah d’Iran en 1979 par la dictature islamique » (Anticiper).

Les résultats électoraux en Tunisie marqueraient-ils une progression du « péril vert » ?

« La réalité est beaucoup plus complexe que cela peut paraître » (Charles de Tunis)

Le retour en arrière paraît difficile : « Quand on a libéré la parole d’un peuple, on peut difficilement la lui reprendre » (J.) Et surtout, « la réalité est beaucoup plus complexe que cela peut paraître ! Le monde arabe n’existe pas ! La Libye n’est pas la Tunisie, il y a des pays arabes et des réalités différentes : il y a des histoires différentes. Les islamistes n’ont pas fait 60 %, loin de là… En tout cas, ils ne pourront pas gouverner le pays seuls ! » (Charles de Tunis).

J. invite à prendre recul et précautions dans l’analyse : « Nous ne sommes qu’au début de cette mutation du monde arabe. Il y aura des déceptions, des soubresauts, des drames, des raisons d’espérer… Durant sous doute des années encore. Rien ne permet d’être tout à fait désespéré, mais rien ne permet de dire que tout sera rose. N’oublions pas non plus que la majorité des Tunisiens n’a pas voté islamiste, que ceux-ci ont gagné car leurs opposants étaient désunis. Peut-être bien que tout cela va s’enliser dans les méandres de l’islamisme, peut-être que la démocratisation va arriver, ou peut-être une troisième voie va-t-elle émerger. Il nous faut attendre, observer sans complaisance, mais sans condamner a priori. »

Source: ”Le Point” Le 31-10-2011

Tunisie : être ou ne pas être aux côtés d’Ennahdha ?


LE PLUS. Alors que le parti Ennahdha est maintenant la première force politique de la Tunisie et qu’une Constitution doit être rédigée, l’avocat tunisien Slim Hajeri partage son analyse de la situation.
Par Slim Hajeri Avocat
Edité par Hélène Decommer

Aujourd’hui, les choses sont claires, avecprès de 42% des sièges, le parti islamiste domine largement l’Assemblée constituante.

 

Avant même la fin du décompte des voix, Ennahdha a clairement affirmé son intention de prendre en main les rennes du pouvoir. Elle a présenté sans plus attendre son futur Premier ministre, le président de l’Assemblée constituante et livré les noms de ses candidats à la présidence de la République.

 

Mais les islamistes ne veulent pas y aller seuls, ils ont lancé un appel à la constitution d’un gouvernement « d’union nationale », appel très vite accepté puis relayé par leurs alliés stratégiques du Congrès pour la République (CPR). La plupart des autres partis représentés à l’assemblée ont décliné (pour l’instant) l’offre d’Ennahdha à l’exception notable d’Ettakatol. Troisième force de l’AC, ce parti historique de centre gauche a su négocier la première période de transition avec une certaine habileté politique et a ainsi, pu se positionner comme l’une des formations politiques les plus crédibles de la place.

 

A l’heure actuelle, les négociations battent leur plein, Ettakatol se dit prêt à intégrer le gouvernement dirigé par l’islamiste Hamadi Jebali mais pose des conditions et dit vouloir négocier un programme commun. Les sympathisants d’Ettakatol et autres démocrates sont partagés. Mais au sein du parti les militants semblent majoritairement pencher pour une alliance ; argument principal : il faut accompagner Ennahdha afin d’éviter les dérives possibles et prendre en compte l’intérêt supérieur du pays.

 

Mais sur quel fondement le raisonnement des partisans de l’alliance repose-il ? Une stratégie politique se base sur des données objectives, des faits, des hypothèses crédibles, des prévisions et une analyse de la situation. Les choix sont ensuite faits et les décisions prises en fonction des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme.

 

La position d’Ennahdha

 

Politiquement la situation peut se résumer ainsi : Ennahdha est le parti le plus puissant de l’assemblée et bénéficie du soutient du CPR qui comporte en son sein, il ne faut pas l’oublier, une forte composante nationaliste et/ou islamiste. L’axe Ennahdha/CPR aurait la maîtrise totale de l’Assemblée constituante. Or cette dernière est souveraine. Outre le pouvoir législatif et exécutif, elle aura le loisir de modeler la constitution à sa guise.

 

Ennahdha a d’ailleurs dès le départ posé les règles du jeu ; elle revendique de maintenir une position dominante et de diriger le gouvernement. Autre élément important, l’administration et l’armée ; ils sont a priori hostiles à Ennahdha du fait principalement de l’épuration radicale entreprise par l’ancien régime, mais aussi parce que le parti islamiste a jusqu’ici affirmé sa détermination à rompre avec le passé et à demander des comptes aux plus hauts responsables de l’administration placés par Ben Ali. Tout cela a le mérite d’être relativement clair, mais l’équation politique comporte plusieurs autres inconnues.

 

La plus grande et la plus intrigante de ces inconnues, la question que tous les démocrates se posent est la suivante : qui est réellement Ennahdha et que veut-elle ? Cette interrogation n’est pas gratuite, elle prend sa source dans l’histoire idéologique de ce parti. Ennahdha est l’héritière directe du courant des Frères musulmans, de l’idéologie fondamentaliste de Sayed Qotb et du cheikh El Benna. Elle est l’émanation du Mouvement de la Tendance Islamique (MIT, ancien nom d’Enahdha) et ses pères fondateurs (toujours solides aux postes) affirmaient à leurs militants (et affirment toujours de temps en temps) que leur reconversion aux principes de la démocratie n’est pas à prendre au premier degré.

 

La question est donc de savoir si ce parti à l’histoire et aux fondements islamistes radicaux s’est métamorphosé en parti démocrate. Faut-il croire le discours apaisant de ses dirigeants et leurs références au modèle turc alors même que dans les prêches de certains imams sympathisants d’Ennahdha et sur les réseaux sociaux, les appels à l’application de la chariaâ et à l’instauration d’un état islamique fusent.

 

Ennahdha acceptera-t-elle de jouer le jeu de l’alternance démocratique ou fera-t-elle son coming out théocratique une fois son autorité assise sur les postes stratégiques de l’appareil d’état ?

 

Tels sont donc les principaux éléments de l’équation politique. Au plan économique la situation est extrêmement difficile : croissance négative, investissement en baisse,chômage, inflation etc. Les perspectives sont loin d’être bonnes, les islamistes, modérés ou pas font peur aux touristes et aux investisseurs occidentaux. L’heure est grave ! Prendre une décision quel qu’elle soit nécessite de tenir compte de l’ensemble de ses éléments.

 

Prospectives

 

Alors, être ou ne pas être au gouvernement ? Partons du postulat que l’objectif stratégique d’Ettakatol est d’instaurer à moyen terme un régime réellement démocratique garantissant à tous, l’exercice des libertés fondamentales. Les objectifs à court terme (principalement économique et sociaux) quoique fondamentaux ne sauraient primer sur l’intérêt supérieur du pays entendu au sens historique et civilisationnel.

 

Il faut donc juger de l’opportunité d’adhérer à l’axe en considérant principalement l’objectif à long terme, c’est-à-dire l’instauration de la démocratie.

 

Dans la première hypothèse, Ennahdha est un parti démocrate dont les aspirations pour le pays sont les mêmes que celles de n’importe qu’elle autre parti progressiste. Si telle est la vision que l’on adopte, alors l’alliance semble s’imposer. Sauver l’économie, rassurer nos partenaires étrangers, initier les réformes principales (justice, police, administration, éducation, etc.) et s’atteler à la rédaction d’une constitution consensuelle ne saurait trouver meilleur terrain que celui d’une union nationale.

 

En revanche si l’ont émet des doutes sur les intentions réelles du parti islamiste, les choses deviennent beaucoup plus nuancées et complexes. La stratégie consisterait alors à trouver la meilleure parade à de prévisibles manœuvres politiques d’Ennahdha visant en définitive, une prise pure et simple du pouvoir en vue de l’instauration d’une théocratie, à l’image de ce qui se produisit en Iran, après 1979. A quoi servirait une alliance avec un parti ayant de telles intentions, disposant d’une majorité confortable à l’AC et revendiquant une position dominante dans le gouvernement ?

 

Un programme commun ?

 

Certes, un programme négocié à l’avance, solution préconisée par Ettakatol, permettrait de garder un certain contrôle et de limiter les dégâts pour un certain temps. De plus, la présence d’un parti modéré au sein du gouvernement serait sans doute un atout majeur pour l’économie surtout du point de vue de nos partenaires étrangères. Mais qu’elle serait la marge de manœuvre réelle d’un parti minoritaire au sein dune pareille alliance ?

Le programme commun n’offre que peu de garanties car il ne s’agit, en fin de compte, que d’un ensemble de promesses. Par ailleurs, l’importance de la prise de positions stratégiques au sein de l’appareil d’état doit être relativisée car elle ne saurait être que partiel et temporaire. A l’opposé, du point de vue d’un parti aux visées hégémoniques (si tel était le cas d’Ennahdha) il n’y a qu’avantages, dans les circonstances actuelles, à s’allier à ses adversaires politiques. Cela lui permettrait en premier lieu de bénéficier de la crédibilité de ces partenaires aussi bien vis-à-vis de l’opinion publique et d’une partie de l’administration que des partenaires étrangers de la Tunisie. Une certaine relance économique deviendrait alors possible ainsi qu’une réforme en douceur d’une administration qui lui est jusqu’à présent plutôt hostile.

 

L’application du programme politique et des promesses électorales d’Ennahdha peu réalistes (118.000 emplois par an !) seraient reportée sine die. Ennahdha garderait tout de même la maitrise des principaux dossiers, mais les critiques et attaques inéluctables en cette phase délicate ne seraient plus dirigées directement contre elle mais viseraient l’ensemble de la coalition.

 

Enfin, en cas d’échec de la politique menée par la coalition (chose fort probable) la responsabilité d’Ennahdha en serait à tout le moins diluée, sinon éludée. Par contre, un succès, même relatif pourrait aisément être récupéré.

 

Quelle stratégie pour Ennahdha ?

 

Bref, à l’abri des critiques et grâce à une situation socio économique en amélioration plus ou moins sensible, Ennahdha bénéficierait de meilleures circonstances possibles pour se consacrer à assoir son autorité sur le pays par le biais d’une stratégie en trois ponts que l’on pourrait imaginer ainsi :

 

1-Nettoyer l’administration de tous les éléments hostiles et y intégrer quelques fidèles.

2- Faire approuver une Constitution comportant quelques compromis mais qui lui est résolument favorable.

3- Et surtout, accomplir avec sérénité son travail le plus important : niveler la société et l’islamiser en agissant « par le bas » c’est-à-dire dans les quartiers, les mosquées, les cafés etc.

 

Intégrer une coalition dirigée par Ennahdha (s’il s’avérait que ce parti était hégémonique) ne permettrait donc pas de réaliser l’objectif stratégique ; bien au contraire il servirait des intérêts contraires. Servir de faire valoir, puis d’alibi tout en ayant l’impression de détenir une partie du pouvoir et d’exercer un contrôle pourrait s’avérer suicidaire.

 

En s’alliant à Ennahdha, Ettakatol risque de perdre une grande partie de ses électeurs et pourra difficilement en conquérir d’autres car il sera désormais un parti de gouvernement qui aura à prendre des mesures douloureuses et impopulaires. L’une des principales erreurs de 1987 était d’avoir présumé de la bonne foi et des bonnes intentions de Ben Ali ; or en politique il n’y y a pas de place pour de telles présomptions. Il vaut mieux se réveiller sur une bonne surprise qu’être réveillé en sursaut par un cauchemar.

 

Être dans l’opposition constructive, dire oui quant il le faut et résister avec force quand cela est nécessaire, tisser des liens plus étroits avec les islamistes réformateurs et le CPR, investir sérieusement le terrain en bénéficiant de la position bien plus confortable d’opposant, affiner sa stratégie, tenir un discours fédérateur basé sur la question sociale, tel semble être la meilleure option ou en tout cas la moins mauvaise.

(Source:Nouvelobs le 31 octobre 2011)

Lien: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/209176;tunisie-etre-ou-ne-pas-etre-aux-cotes-d-ennahdha.html


La Tunisie va-t-elle breveter une ‘Démocratie Musulmane’ ?


 

ParMounir Beltaifa Et si on laissait à l’islam la place qu’il a dans la vie et dans le cœur de nos citoyens tunisiens, sans leur imposer une séparation prématurée du politique, de l’économique et du religieux, va-t-on réellement compromettre nos chances de succès ? Cette séparation qui nécessite une agilité conceptuelle peut braquer une bonne partie de nos citoyens et s’avérer compromettante. Mieux vaut alors réussir une démocratie musulmane (qui serait fort probablement une étape plus accessible pour notre nation dans la prochaine décade) que foirer une démocratie supposée idéale à laquelle une majorité de notre peuple n’est pas préparée pour l’instant. Séparer absolument le politique de la religion, conditionner les libertés et la démocratie à la laïcité… ces concepts brevetés dans une partie de l’occident, sont évidents pour certains et représentent de véritables déchirures pour d’autres. C’est le premier scrutin démocratique en Tunisie qui vient de confirmer entre-autres que pour une majorité de Tunisiens non extrémistes, faire abstraction de leur islamité pour réussir la nouvelle construction de la Tunisie n’a tout simplement pas de sens. Les Tunisiens viennent de montrer leur grand attachement à la liberté, à la justice, au développement économique et social… mais aussi à l’islam (pour une majorité relative selon les urnes et une majorité absolue selon les sondages antérieurs). Pourtant, certains intellectuels regrettent de ne pas imposer en Tunisie une distance entre la religion, la politique et l’économie. Outre le fait qu’une telle séparation serait une bataille inutile dans la Tunisie d’aujourd’hui, le développement économique et social pouvant se faire dans le respect de la culture, des traditions et des religions, cette bataille présente une série de préjudices, elle continue à : • consommer une énergie plus utile à d’autres combats, dont la lutte pour l’emploi, • diviser les Tunisiens en dressant certains croyants contre les autres, • déchirer ceux parmi les Tunisiens qui ont l’Islam dans leur ADN, ceux qui voient la vie comme une transition vers l’au-delà, ceux qui voient en Dieu le créateur de l’univers, l’infaillible compagnon, l’ultime juge, l’éternel maître… ceux-là mêmes pour qui le choix des nouveaux dirigeants du pays pour la prochaine législature importe peu du moment que ces derniers soient croyants, compétents, dévoués et dignes de confiance (denrée au combien rare). Bien entendu, la vraie bataille de la Tunisie reste dans l’accélération de la transition vers une nouvelle démocratie, une nouvelle dynamique économique, une nouvelle justice sociale qui rendrait sans délais leur dignité aux Citoyens qui ont trop attendu. Certains ont attendu le ventre creux, dans l’indifférence de ceux parmi nous, plus aisés et peu disponibles avec leurs préoccupations professionnelles stratégiques et leurs préoccupations extra-professionnelles indispensables. En quoi cette transition serait-elle vouée à l’échec si elle se faisait autour de valeurs reconnues en Islam et avec la contribution de bâtisseurs et de gouverneurs compétents parmi les croyants ? Les premières interventions de Hamadi Jebali, Samir Dilou et d’autres dirigeants d’Ennahdha sont rassurantes au point d’inverser les repères. Ennahdha qui était dans l’inconscient collectif un groupe idéologique et conservateur se retrouve parti politique aux commandes avec un programme qui n’est pas moins ambitieux ni moins progressiste que ceux des autres partis. Les démocrates et les autres partis, pour beaucoup attachés à la préservation de leurs acquis, loin des réalités du reste du pays, se retrouvent dans l’obligation de s’adapter sinon ils basculeraient dans le conservatisme. Le dernier scrutin nous invite à analyser pourquoi certains de nos débats bi-polarisants et passionnés d’avant scrutin étaient-ils déplacés, les résultats nous imposent désormais de mieux comprendre cette frange de la population qui a ignoré une grande partie de l’intelligence déployée par notre élite et notre nouvelle classe politique pendant de longs mois. Alors que le Tunisien aisé compte en millions de dinars, exploite autant les opportunités de développement que les failles de défiscalisation, que le Tunisien moyen compte en centaines de dinars, le pauvre Tunisien lui compte en dinars. Bien sûr, l’écart entre le plus riche et le plus pauvre est moindre en Tunisie qu’en Chine, en France, au Maroc ou dans d’autres pays où il n’y a pas encore eu de révolution. La question se repose alors, pourquoi les révolutions ont-elles commencé en Tunisie ? En Chine, certains pauvres sont sous pression contrôlée et la Chine est bien vigilante, elle craignait sérieusement une contagion de la révolution du jasmin en début d’année, le dispositif est bien verrouillé et donc peut tenir encore quelques temps. En France, les pauvres disposent déjà d’un revenu minimum d’insertion qui leur permet en général de survivre et ils saisiront à l’occasion des élections présidentielles de 2012 leur chance pour exiger une nouvelle politique et de quoi mieux s’en sortir en cette période de crise qui perdure et qui inquiète autant les pauvres que les riches. Au Maroc, pays majoritairement musulman, nombreux sont les pauvres qui connaissent l’écart entre leur fortune et celle des riches et ils l’acceptent plus facilement, ils savent qu’ils peuvent travailler plus/mieux (la dynamique de l’économie marocaine le permet) s’ils en veulent plus, ils croient aussi qu’ils n’ont que ce que Dieu leur a attribué et gardent plus souvent leur bonne humeur, ils remercient Dieu avec une conviction profonde et n’en veulent pas au reste du monde. La pauvreté que certains tunisiens ont endurée pendant des décennies ne serait pas supportée quelques jours pour certains de nos aisés. Il n’est heureusement pas question d’étendre cette pauvreté vers les plus riches d’entre nous mais de comprendre comment on peut donner leur chance aux pauvres d’évoluer vers une moindre précarité dans un premier temps et vers une vie plus confortable et en toute harmonie à terme. Comprenons bien que les plus démunis d’entre nous ont heureusement pu puiser leur patience durant des décades dans la spiritualité, leur foi est pour beaucoup un capital important, voire l’unique capital pour ceux qui ont tout perdu. Ceux parmi eux qui se sont révoltés sont ceux qui ont touché le fond d’un grand puits de désespoir. Cette révolte peut, le cas échéant, faire perdre temporairement à certains désespérés leur attachement aux valeurs de l’islam. Malgré cela, en général, l’islam reste bien ancré au fond de chacun des croyants, si bien que toute agression contre l’islam peut-être ressentie comme une attaque de dignité, de personne et/ou de communauté. C’est tout un travail d’éducation et d’accompagnement du changement qui permettrait de diminuer une telle sensibilité sur quelques années. Certains parmi nos éminents cadres trouvent évident qu’il faille séparer religion et économie, cette vision brevetée dans une partie de l’occident est objectivement inacceptable pour certains croyants parmi nous. Comment peut-on séparer l’économie de la religion pour un croyant qui sait que Dieu détermine son revenu et qu’il prie au quotidien pour que ce revenu se renouvelle, s’agrandit et soit béni. Ce même croyant qui préfèrerait une centaine de dinars bénis à un millier de dinars non bénis (fruits d’un vol, d’une corruption ou d’un accord commercial non équilibré) ne peut pas se dévêtir de son islam à la sortie de la mosquée sous prétexte qu’il va travailler, sa foi lui dit que bien fait, son travail est également une forme de prière. Si pour certains ‘il n’y a de richesses que d’Hommes’, pour les croyants, ‘il n’y a de richesse que ce que Dieu a bien voulu distribuer à ses sujets’. Certains intellectuels trouvent évident qu’il faille séparer religion et politique, ce qui pour de nombreux croyants est impossible. La révolte contre le système dictatorial, injuste, corrompu… est une révolte contre toutes formes d’abus mais les croyants savent que les malheurs qui ont frappé la Tunisie depuis des décennies correspondent à une mise à l’épreuve de Dieu et sont la résultante de péchés commis par une partie des Tunisiens, pas uniquement Benali et les siens… Sans tomber dans la culpabilisation généralisée, il était devenu urgent pour les croyants de décrier les abus et de recommander un retour rapide de la société tunisienne aux bonnes valeurs de l’islam, dont des valeurs d’éthique, de vérité, de justice, de liberté, de solidarité, de travail, de fraternité, de partage… avec une soumission sincère à Dieu. Cette frange de la population ne voterait pas pour un laïque, un mécréant, anti-islamiste ou un supposé défenseur des droits de l’homme, qui protègerait des ex-RCD et/ou dont les actions transpireraient l’opportunisme. Le vote pour un croyant ne garantit pas forcément le succès de la politique mais s’inscrit davantage dans la requête de la bénédiction divine. Pour les croyants, la révolution tunisienne a été une délivrance voulue par Dieu, portée par relativement peu de martyrs, un miracle impossible à imaginer il y a un an et une bénédiction divine après des décades difficiles. Pour retrouver son équilibre et son harmonie, la Tunisie aurait un vrai besoin de réconcilier ses riches avec ses pauvres, la clé est dans la lutte pour l’emploi et le développement économique et social, si nous réussissons à créer les conditions d’une croissance à deux chiffres, tout le monde pourra s’enrichir. Si notre croissance reste modérée, il faudra bien que les riches en aient un peu moins si on veut que les pauvres en aient un peu plus… Saurons-nous réinventer une nouvelle solidarité à la Tunisienne ? Nous verrons ce que la décennie nous réserve. En attendant, les Tunisiens prennent à cœur ce nouvel exercice de la démocratie qu’ils sont déterminés à réussir, ce qui servirait d’exemple vivant d’une démocratie musulmane et pourrait faire l’objet d’un nouveau ‘brevet’. Vivement la nouvelle république, vive la Tunisie.

Source: “Leaders” Le 31-10-2011

 

Presque 60 % des Tunisiens ont dit “non“ aux islamistes


 

L’Histoire avance par ruse. Celle de la démocratie tunisienne naissante se fait avec les islamistes.

Avec 41,47 % des suffrages, Ennahda rafle 90 des 217 sièges de l’assemblée constituante. Quels enseignements tirer de ces premières élections libres ?

Une grande partie des Tunisiens a choisi de voter pour un parti islamiste qui se présente comme modéré. Qui se veut avant tout le garant de l’identité arabo-musulmane. Ses dirigeants ont su rassembler un électorat conservateur qui traverse toutes les catégories sociales, tandis que les forces de gauche paient cher leurs divisions et l’absence d’un front uni. Une gauche qui a vu ses voix s’éparpiller entre le Congrès pour la république (CPR) : 30 sièges, 13,82 % des suffrages ; le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) : 21 représentants, 9,68 % ; et le Parti démocrate progressiste (PDP) : 17 élus, 7,83 %. Presque 60 % des Tunisiens ont donc voté pour d’autres projets que celui qui entend parler au nom de l’islam.

Conservateurs et progressistes doivent ensemble donner un contenu constitutionnel et républicain à leur révolution.

Les Tunisiens de l’Hexagone n’échappent pas à la règle de cette nouvelle Tunisie identitaire, mais dans une moindre mesure : 33,72 % des votants ont choisi Ennahda, qui remporte 4 sièges sur 10. Dans la circonscription Sud (consulats de Grenoble, Lyon, Toulouse, Nice et Marseille), sur 50 314 électeurs, Ennahda remporte 33,99 % des suffrages (2 sièges), devançant le CPR (1 siège, 9,95 %), le FDTL (1 siège, 8,24 %) et le PDP (1 siège, 7,99 %).

La Tunisie a, certes, su passer sa première épreuve démocratique : la procédure électorale. Mais aujourd’hui, conservateurs et progressistes doivent ensemble donner un contenu constitutionnel et républicain à leur révolution. Car Mohammed Bouazizi ne s’est pas immolé au nom de Dieu. Il s’est juste indigné pour la liberté. Une liberté inaliénable, surtout pas au nom de la religion.

Source: “Le Dauphine” Le 31-10-2011

Tunisie : 2012 sera une bonne année, affirme le gouverneur de la BCT


 

Les élections démocratiques doivent relancer une économie mise à genoux par la révolution qui a balayé le régime oligarchique de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, prévoit le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Ennabli.

Après des années de croissance moyenne de cinq pour cent, la révolution qui a éclaté en janvier 2011 a précipité la Tunisie dans une spirale de chute libre économique.

«La priorité est le retour de l’investissement international et domestique, qui nous l’espérons, viendra avec celui de la démocratie », a affirmé le gouverneur de la BCT à l’agence de presse AFP.

Le parti islamiste Ennahda a remporté 90 des 217 sièges de l’assemblée constituante lors de l’élection 23 octobre et il est maintenant chargé de former un gouvernement intérimaire et d’élaborer la très attendue nouvelle constitution. Ennahdha a réitéré ses assurances aux investisseurs que la Tunisie demeure un pays attractif pour les entreprises.

Mais l’économie s’est contractée de trois pour cent au premier trimestre et un taux de seulement 0,5 pour cent de croissance est attendu pour l’ensemble de l’année 2011.

Pour le gouverneur de la BCT, la croissance va s’améliorer avec le retour de la confiance. Il a toutefois averti que «afin de créer suffisamment d’emplois et remédier aux disparités sociales », la Tunisie doit réaliser un taux de croissance annuelle de 7%.

Le chômage élevé a été un facteur clé dans la chute du régime de Ben Ali. Maintenant, le défi n’est pas seulement de faire baisser le taux de chômage de 20 pour cent, mais de trouver du travail aux légions de diplômés universitaires sans emploi.

« Quelles que soient les difficultés à venir, a-t-il déclaré, je suis confiant que la Tunisie a quitté la zone de danger et que l’économie évolue dans la bonne direction ».

Avec les troubles, le fond a été touché dans le secteur du tourisme, qui contribue normalement à hauteur de sept pour cent dans l’économie. Mais après une baisse de 60 pour cent au premier trimestre, le secteur a montré des signes de reprise.

Malgré les ennuis, «les services publics ont continué à fonctionner, et dès avril, nous avons noté une légère hausse des exportations de biens manufacturés, » a déclaré Nabli.

«La reprise économique est là. Elle est fragile, mais les équilibres macro-économiques sont satisfaisants», a- t-il dit, ajoutant que 2012 sera une bonne année, a déclaré le gouverneur.

«Si la transition se passe bien, la démocratie nous donne un net avantage parce que notre société va fonctionner de manière plus transparente. Nous nous sommes débarrassés d’un régime prédateur où la corruption était la règle et qui devrait ouvrir un espace pour l’investissement », a-t-il dit.

Le gouverneur de la BCT a indiqué en conclusion que la croissance en Tunisie dépendra également de l’évolution de l’activité économique en Europe, qui représente 80 pour cent du commerce, autant que de la situation en Libye, qui est le deuxième pays plus grand partenaire commercial de la Tunisie après la France.

Source: “African Manager” Le 31-10-2011

Le regard biaisé des médias français


Le quotidien tunisien La Presse n’a pas apprécié la couverture des élections du 23 octobre. Selon lui, la victoire du parti islamiste Ennahda est analysée à travers des prismes déformants.

Certains commentateurs français sont écœurants. Ils font des analyses sauvages, comme d’autres font de la psychanalyse sauvage. A les entendre, la Tunisie d’octobre 2011 serait l’Iran des ayatollahs de janvier 1979. Sinon Kaboul investi par les talibans. Ou, à l’instar de Peshawar au Pakistan, la plate-forme d’Al Qaïda et de ses ramifications. Plus d’un comme moi sans doute lisent de moins en moins la presse française. Idem des chaînes télé de l’Hexagone, nettement moins regardées qu’avant.

Trop tendancieuses, avec les prismes déformants de leurs partis pris abusifs et à l’emporte-pièce. Le gouffre de l’incompréhension s’est encore élargi au cours des deux dernières décennies. A preuve, le leitmotiv qui revient dans les journaux français. Les Français feignent de s’étonner que nous autres, Arabes, regardions de plus en plus les chaînes arabes ! Comme en vouloir à un écolier français de fréquenter Hugo et Chateaubriand. A chacun ses ancrages fondamentaux. Ses lubies et obsessions aussi.

En fait, la vraie signification du scrutin du 23 octobre, c’est que nous ayons enfin accosté sur le rivage de la liberté. Par-delà les résultats et les chapelles, le suffrage populaire s’est exprimé. En toute souveraineté. Le socle de la Révolution a préparé le terrain. Le palier constitutionnel est franchi. Incomplet, certes. Encore balbutiant, assurément mais déjà entamé. Les hommes ne sont pas dupes. Leur destin consiste à vivre ensemble. Chez nous, la Révolution a été une lame de fond. Elle a ébranlé l’édifice politique et constitutionnel. Aucun parti, programme, chef charismatique ou idéologie n’y a présidé. La majeure partie de ceux qui ont investi la place à la faveur de la chute de l’ancien régime sont en quelque sorte des invités du dernier quart d’heure. Certains d’entre eux ont bien participé à la fragilisation de l’ancien pouvoir. Mais aucun dirigeant ou parti ne peut s’arroger le privilège d’avoir fait la Révolution. Encore moins de l’accaparer.

On a dû faire avec la règle d’or de la démocratie ancestrale africaine. Là où les membres de la tribu discutaient jusqu’à ce qu’ils se mettent d’accord. Les Tunisiens, toutes tendances et instances confondues, ont dû recourir au consensus. L’alpha et l’oméga du processus provisoire qui s’est étendu de la Révolution du 14 janvier jusqu’aux élections de la Constituante du 23 octobre. Deux enceintes essentielles ont officié comme lieux privilégiés de ces conciliabules: L’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, et l’Instance supérieure indépendante pour les élections. Deux instances provisoires appelées à disparaître sitôt achevé le processus provisoire avec la première réunion de l’Assemblée constituante fraîchement élue.

Bon gré mal gré, il y a maintenant une autre source de légitimité, celle des urnes. Elle n’est point le récipiendaire incontestée et impunie de la légitimité révolutionnaire. Certes, celle-ci avait imposé le choix de l’Assemblée constituante, l’élaboration d’une nouvelle Constitution et l’édification d’un nouveau régime politique. Mais elle n’assigne guère quelque chèque en blanc en faveur de ceux qui y sont élus. La Tunisie a gagné un nouveau palier dans le registre de la démocratie. Les Tunisiens ont entériné la liberté ce 23 octobre 2011. Ils n’accepteront plus aucun despotisme, aseptisé, théocratique ou populiste. A ceux des commentateurs, spécialement français, qui ne le voient pas ainsi, je suis tenté de rappeler Marat, chantre de la Révolution française : « Nous venons enfin d’aborder dans l’île de la liberté et nous avons brûlé le vaisseau qui nous y a conduits ». Nous y sommes, nous y restons.

Source: “Courrier International” Le 31-10-2011

Tunisie : Kasserine, ville oubliée de la révolution


 

Chômage, pauvreté, insécurité… Neuf mois après la chute du régime Ben Ali, la population de l’un des berceaux de la révolution n’a pas le cœur à la fête. Et commence à perdre patience, malgré les efforts financiers du gouvernement et les promesses des partis politiques. Reportage sur place, quelques jours avant les élections qui ont eu lieu le 23 octobre.

Chef-lieu du gouvernorat du même nom dans l’Ouest tunisien, Kasserine pourrait être une charmante bourgade de province. Aux abords de la ville, vergers et oliviers s’étendent à perte de vue, et de splendides ruines antiques témoignent d’un glorieux passé. Pourtant, si Kasserine est célèbre, c’est surtout pour le lourd tribut payé à la révolution. Minée par le chômage, abandonnée des pouvoirs publics, sa population s’est soulevée les 8 et 9 janvier. Réprimées dans le sang, les émeutes ont fait près de 50 morts et 500 blessés.

Neuf mois après, l’ombre des martyrs plane encore sur la ville. Leurs noms ont été gravés sur un modeste monument, sur la place centrale, et les habitants semblent revivre sans cesse ces scènes de guérilla urbaine, où des snipers tiraient sur la foule depuis les toits. Difficile de l’oublier, dans une localité où près de 84 bâtiments ont brûlé en un seul après-midi et où les murs calcinés, tagués de « mort à la police ! » ou de « dégage ! », n’ont été ni repeints ni reconstruits.

Dans un café du centre, trois jeunes sont assis. Ils partagent une bouteille de Coca et tuent le temps en fumant des cigarettes. Au mot « révolution », ils répondent par un soupir. « Pour nous, rien n’a changé. La situation a même empiré : le chômage s’est aggravé, aucun investissement n’a été fait, et le peu qu’on avait a été détruit », se désole Mohamed, 28 ans et diplômé de physique. Comme la plupart de ses amis, il n’a jamais eu de travail stable et vit d’expédients. « Certains vendent des légumes, d’autres vivent de la contrebande avec l’Algérie, qui n’est qu’à 70 km. On revend de l’essence, de la drogue ou des produits alimentaires. Finalement, Bouteflika a fait plus pour nous que n’importe quel gouvernement tunisien », s’emporte, amer, Nacer, 30 ans.

Ici, la révolution n’a pas été fêtée. Aucune effusion de joie n’a suivi la chute de Ben Ali et l’avènement d’une liberté nouvelle. « La liberté, la liberté ! Elle n’a jamais nourri son homme », maugrée Mohamed. Il est vrai qu’en huit mois quelques ministres sont venus, des promesses ont été faites, mais aucun programme concret n’a été lancé.

Insécurité

Le gouvernorat de Kasserine est le plus déshérité des vingt-quatre préfectures du pays. Le taux de chômage des jeunes y atteint 40 % (pour une moyenne nationale de 23,3 %). Ici, 13 % de la population – un taux quatre fois supérieur à la moyenne nationale – vit avec moins de 400 dinars par an (206 euros). Dans cette ville d’un peu moins de 100 000 habitants, le tissu économique est plus que maigre. En dehors des activités agricoles et de quelques commerces, on ne trouve qu’une usine de cellulose. On la devine de loin à l’épais nuage de fumée toxique qui obscurcit le ciel. En cinq ans, elle a fermé cinq unités sur sept et n’emploie plus que quatre cents personnes à temps plein. Difficile par ailleurs d’imaginer que des investisseurs aient envie de s’installer dans une région qui manque du strict minimum. Les infrastructures sont défaillantes, l’éclairage public quasi inexistant. En dehors de la route principale, qui est goudronnée, les rues sont des pistes poussiéreuses qui se transforment en ruisseaux les jours de grandes pluies. Et la sécurité n’est guère assurée. Depuis la révolution, la criminalité a sensiblement augmenté. La faute aux anciens détenus libérés, à la frontière devenue une passoire ou aux forces contre-révolutionnaires ? Nul ne peut le dire exactement. Mais personne ne nie que la situation est tendue.

« La population a beaucoup d’attentes et s’impatiente. Il suffit d’une rumeur, d’une étincelle pour que la situation dégénère », confie le gouverneur, Béchir Bédoui. Ce militaire de carrière a pris ses fonctions en août après que ses deux prédécesseurs ont été « dégagés » par la population. En un mois et demi, il a dû faire face à une grève de la faim des diplômés-chômeurs, à cinq tentatives de suicide et à un appel à la grève générale. Il sait que la jeunesse désœuvrée n’a rien à perdre et que les comportements se sont nettement radicalisés. « Les gens pensent que l’on fait de la politique en usant du chantage et des appels au suicide », se désole-t-il. Pour atteindre son bureau, il faut fendre une foule de personnes venues demander une aide financière, un travail ou un logement. « J’ai entendu qu’on pouvait obtenir un appartement », explique une vieille femme qui patiente depuis des heures.

Bonjour tristesse

Pour calmer le jeu et surtout assurer le bon déroulement des élections du 23 octobre, le gouverneur a lancé ce qu’il appelle « les chantiers ». Plus de 12 000 personnes ont été recrutées pour des travaux d’intérêt général rémunérés 120 dinars par mois. Ici, ce sont trois femmes qui, à l’aide d’un vieux balai et d’un bout de carton, ramassent des mégots de cigarette. Là, ce sont deux hommes occupés à arracher les mauvaises herbes. Un moyen d’acheter la paix sociale, laisse entendre le gouverneur. « Du chômage déguisé ! » répond Mohsen Bouthouri, secrétaire régional d’Ennahdha. Le militant islamiste ne cache pas sa colère contre l’administration. « Ici, rien n’a changé, c’est toujours la même mafia qui est aux commandes. On dit que le gouvernement a alloué une enveloppe de 139,5 millions de dinars à la région. Mais qu’a-t-on fait depuis huit mois ? Où est l’argent ? Où sont les investissements ? » s’emporte-t-il.

Même si la sécurité est rétablie, les élections risquent de prendre des airs de rendez-vous manqué. Car quand on leur demande s’ils savent sur quoi porte le scrutin, la plupart des Kasserinois répondent par la négative. Quant à la politique, ça fait longtemps qu’ils n’y croient plus. « Sans dignité ni travail, nous ne pouvons pas être des citoyens. Les élections sont un jeu, et les partis sont des profiteurs. On ne connaît rien à la politique, on veut juste manger », explique une jeune femme voilée. « Construisez des usines et on ira voter ! » ajoute Saihi Sadak. À 38 ans, ce titulaire d’une maîtrise de français est l’un des meneurs de la grève de la faim des diplômés-chômeurs qui campent devant l’antenne du ministère de l’Enseignement. Après avoir appris que des journalistes étaient présents dans la ville, un attroupement s’est constitué autour de l’homme, qui s’est improvisé porte-parole. « À Tunis, on nous voit comme des voyous, des bons à rien. L’élite n’a aucune idée de ce qu’on endure. Au début, quelques journalistes étrangers sont venus, mais plus rien depuis des mois. Quant aux médias nationaux, ils ne savent même pas qu’on existe. » Un discours qui soulève des cris d’approbation.

Malgré cette atmosphère bouillonnante, les partis affichaient une confiance sans faille. Plus de cinquante listes devaient être présentées dans la ville. « Nous avons organisé un meeting avec près de 1 200 personnes. Néjib Chebbi lui-même est venu deux fois dans la région. Les gens ont confiance en nous parce que nous ne sommes pas des corrompus de l’ancien système. Cela fait dix ans que j’organise des manifestations », explique l’avocat et tête de liste du Parti démocrate progressiste (PDP), Neji Gharsalli. À Kasserine, il est connu de tous, et, comme beaucoup de candidats, il a un solide réseau local. Au PDP, l’opération « Tunisiens volontaires » permet de recruter des militants pour faire du porte-à-porte et aller à la rencontre de la population. « Les Kasserinois votent plus pour des gens que pour des partis », explique Neji.

Incrédulité

Ennahdha met aussi en avant son opposition à l’ancienne dictature. « Tout le monde sait que nous avons été réprimés, méprisés par le système, et la clandestinité n’a pas rompu notre lien avec la population », souligne Bouthouri. Un discours auquel la population est loin d’être insensible. Pratiquant un islam traditionnel, peu ouverts aux idées extrémistes, les Kasserinois voient surtout dans Ennahdha une chance de renouveau et de rigueur morale. « Nous ne cherchons pas à convaincre avec un propos religieux. Ici, les gens ont besoin qu’on leur parle concrètement et qu’on leur donne des perspectives d’avenir », explique Bouthouri.

S’il y a un point sur lequel les partis s’entendent, c’est le diagnostic. « Notre région est riche, mais sous-exploitée. Ses terres sont fertiles et nous avons beaucoup d’eau. Nous pourrions extraire le marbre disponible à profusion ainsi que les richesses du sol », rappelle Bouthouri, tout en reconnaissant que cela prendra du temps. Du côté du Mouvement des patriotes démocrates (Mopad), représenté par l’avocat Mohamed Rhimi, on plaide pour un plan Marshall. « Nous savons très bien qu’il y a urgence, mais nous n’avons pas de baguette magique. On essaie d’expliquer aux citoyens qu’il faut être patient, mais ils ont du mal à l’accepter », déplore Rhimi.

À Kasserine, la révolution n’a pas seulement fait tomber le mur de la peur. Elle a rendu toute patience insupportable et fait exploser en quelques semaines une frustration contenue durant des dizaines d’années. Prêt à tout pour se faire entendre, un groupe de jeunes nous aborde pour nous annoncer le suicide d’une famille le lendemain. Vain et triste appel au secours que Saihi Sadak résume par cette phrase de Che Guevara : « Si j’avance suivez-moi, si je m’arrête poussez-moi, si je recule tuez-moi. »

Source : « Jeune Afrique » Le 31-10-2011

 

Tunisie – Libye – Le passage frontalier de Ras Jedir fermé ?


 

De nouvelles perturbations ont été enregistrées, durant la nuit du samedi à dimanche 30 octobre 2011, au niveau du point de passage de Ras Jedir, selon Radio Tataouine. En effet, quelques habitants de la ville de Ben Guerdane ont entravé le passage des camions libyens dans les deux sens, en signe de protestation contre la confiscation d’un véhicule d’un de leurs concitoyens par un groupe libyen dans la ville de Zalten, à l’Est de Ras Jedir. On note que la même situation de blocage a été enregistrée, il ya deux jours, en signe de protestions contre ce que les habitants de Ben Guerdane considèrent comme de l’humiliation et de l’agression envers leurs compatriotes de la région en Libye. On s’attend à ce que la situation se complique davantage avec la fermeture du point frontalier, selon la même source On note également que des perturbations ont été constatées, vendredi, au point de passage de Wezen-Dhiba, suite à l’agression subie par des Tunisiens dans la ville de Nalout en Libye, selon la TAP.

Source: ”Business News” Le 31-10-2011

Tunisie: Hechmi Hamdi serait accusé de Trahison suprême par Ennahdha


Le parti islamiste tunisien Ennahda, grand vainqueur des élections du 23 octobre pour la future Assemblée constituante, a multiplié les déclarations pour dire qu’il est ouvert à tous les autres partis qu’il est prêt à participer à un gouvernement de coalition le plus large. Ennhdha accepte de s’allier avec toutes les forces politiques sauf une. Il s’agit des listes de l’ex Nahdhaouiste Hechmi Hamdi ! Au cours des différentes sorties médiatiques des leaders du mouvement Ennahdha, ces derniers ont toujours exclu la possibilité de s’allier avec Hachmi Hamdi, homme surprise du scrutin. Ennahda lui reproche notamment d’être soutenu par des nostalgiques du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) et d’avoir adopté ces dernières années une ligne éditoriale favorable à l’ancien Président Ben Ali. Mais pas seulement ! A en croire un article intitulé « serial retourneur de veste » sur le journal La Presse, Hechmi Hamdi aurait trahi ses « amis » du Mouvement Ennahdha. Dans un paragraphe titré « Un agent double ? » la journaliste Olfa Belhassine rappelle que « Hachemi qui a fui le pays en 1987 à destination de Londres, a continué à militer avec les islamistes et s’est rapproché beaucoup d’un autre exilé tunisien dans la capitale britannique… Rached Ghannouchi, dont il devient le bras droit. Le début du lourd contentieux qui oppose Hachemi Hamdi au Mouvement islamique tunisien, aurait commencé selon la Presse qui tient sa source de M. Slah Eddine Jourchi, journaliste, ex militant MTI et activiste des droits de l’Homme, avec la publication en 1996 et en anglais, du futur Docteur, de sa thèse dans laquelle «il divulgue des documents secrets du mouvement que les services secrets du pays hôte exploitera à souhait». Trahison suprême. Exclusion d’Ennahdha. Hachemi entre dans la dissidence. En 1999, il lance sa télévision et commence à jouer les intermédiaires entre le pouvoir tunisien et les islamistes en difficulté, les prisonniers, ceux interdits de passeports, de droits sociaux. Chose qui affole les dirigeants d’Ennahdha. L’ombre de la fitna (discorde) rôde : «Ils ont considéré la mobilisation de Hamdi en faveur des leurs comme une volonté préméditée pour créer une scission au sein du mouvement», ajoute Slah Eddine Jourchi. Il est à rappeler que les listes indépendantes de la Pétition populaire que dirige Hechmi Hamdi ont raflé 19 sièges aux élections de l’Assemblée constituante. Ce dernier devient la 4ème plus grande force politique dans le pays.

Source: ”Espace Manager” Le 31-10-2011

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