Le doyen de la faculté des lettres de la Manouba, M. Habib Kazdaghl, a été agressé le matin du 30 novembre 2011 par un groupe d’extrémistes. Ces derniers ont passé la nuit à la faculté.
Cet acte de violence parvient suite à la décision du conseil scientifique d’urgence, tenu mardi 29 novembre, de suspendre les cours durant 2 journées à savoir le 30 novembre et le 1er décembre.
Investir En Tunisie s’est rendu sur les lieux pour en savoir plus. Elle a interrogé M. Kasdaghli qui a fourni ces détails : « J’étais devant la porte pour expliquer aux étudiants qui n’étaient pas au courant de la mesure de suspension des cours, des examens et de la bibliothèque. Soudain, un groupe de gens m’ont poussé d’une manière violente au point que j’étais mis par terre. Ces personnes ont passé la nuit à la faculté. J’étais en bon état mais quand même c’est une agression. Les agents, les fonctionnaires et les enseignants ont décidé de se retirer.
« La décision d’interdire le port du voile intégral « Niqab » est purement académique et pédagogique. Les étudiantes devraient enlever le Niqab durant les cours. On ne veut pas imposer l’interdiction du Niqab dans leur vie courante mais uniquement pendant les cours. La majorité des manifestants ne relèvent pas de la faculté. On n’a que 3 étudiantes avec le « Niqab ». Les autres, une vingtaine, sont venues de l’extérieur pour soutenir leurs collègues ».
M. Kazdaghli a fait savoir que 2 bus sont déjà en route vers Tunis. Ils ont démarré de Sidi-Bouzid suite à la demande des sit-ineurs de renforts : « J’appelle l’opinion publique à défendre les acquis nationaux. La faculté des lettres a joué un rôle très important dans le pays. Elle ne doit pas être dévoyée de sa mission. On ne veut pas que la faculté soit instrumentalisée ni par la politique ni par la religion. Je ne me sens pas visé personnellement. C’est l’institution qui est visée ».
Il a indiqué également que les sit-ineurs sont organisés. Le groupe est approvisionné d’une manière continue et régulière depuis le lundi 28 novembre : « Il y a un camion qui entre à plusieurs reprises pour apporter des matelas, des couvertes et de la nourriture. Ils sont là. Ils se sont mis dans la salle 153 du département d’arabe. Ils ont dévié la salle de son rôle principal. Ils l’ont squatté sans autorisation. Heureusement, mardi, nous avons réussi à ramener à la salle son rôle primordial. On a remis les chaises et les tables dans l’ordre. Aucune salle ne peut être utilisée pour des objectifs autres que l’enseignement.
Ces actes sont bien organisés. Des voitures de luxe attendaient déjà devant la faculté. Il y a des gens qui dirigent les étudiants au sein de la faculté.
Lorsque j’étais au département d’anglais j’ai entendu une communication où un étudiant disait au téléphone : « Nous sommes débordés. On a besoin de renforts ».
K.T
(Source : « investir-en-tunisie» le 30.11.2011)
En attendant une « loi » pour légaliser le niqab dans les universités ?!
Publié par Youssef le 29 novembre 2011 à 15:15
L’incursion des salafistes dans l’enceinte de la faculté des Lettres de Manouba a relancé le débat sur le port du niqab. Ces étudiants salafistes, certes minoritaires, mais renforcés par des éléments venus de l’extérieur, ont bloqué toutes les activités de la faculté, étudiants et professeurs réunis.
Selon eux, la nouvelle donne politique donne le droit à chacun de s’habiller comme il l’entend, de porter le niqab et d’avoir une salle de prière dans l’enceinte de la faculté. Ils contestent toute interdiction allant à l’encontre du port du niqab principalement.
Et pourtant, le ministère de l’Enseignement supérieur a déjà exprimé sa position par rapport à ce point de friction entre les enseignants et certaines étudiantes portant le niqab et tenant coûte que coûte à passer les examens sous leur voile. Il interdit le port du niqab aux élèves, étudiants, enseignants et fonctionnaires de tous les établissements scolaires et universitaires et rappelle également que les étudiants sont tenus de décliner leur identité à l’entrée des établissements.
La position du ministère est claire et précise… Mais ce n’est pas exactement l’avis de M. Noureddine Bhiri, membre du bureau politique d’Ennahdha, qui estime que la polémique n’a pas lieu d’être.
Selon M. Bhiri «Ennahdha est pour le respect des libertés individuelles, contre la violence et surtout contre toute obligation concernant le port imposé ou non du voile, et que dans ce cas de figure, seul le dialogue entre les deux parties pourra instaurer des solutions».
«Certains veulent répéter le scénario de la guerre contre le port du voile dont la pays a longtemps souffert. Avant le 14 Janvier, cette interdiction était une cause d’injustice et une source de tension au sein de la société tunisienne. On appliquait la circulaire 108 alors que cette circulaire n’a plus valeur d’être aujourd’hui».
Se décrétant en faveur des libertés individuelles, M. Bhiri se contredit toutefois lorsqu’il précise qu’«il faut que chaque directeur d’établissement prenne les décisions en se référant au ministère dont il dépend». Étant donné que le ministère de l’Enseignement supérieur, premier concerné par cette affaire, a été clair sur sa position, on se demande pourquoi M. Bhiri s’est désengagé de cette position et en a adopté une plus “libérale”.
M. Bhiri conseille d’ailleurs aux universités de trouver elles-mêmes des solutions médianes afin de traverser cette période de transition délicate dans les meilleures conditions sachant que l’ancien gouvernement n’a pas encore matériellement quitté ses fonctions.
(Source : « webdo.tn» le 30.11.2011)
Tunisie – Qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer sur les martyrs ?
La première audience du procès intenté devant la justice militaire contre le président déchu et une vingtaine de hauts responsables de son régime dans l’affaire des martyrs de Thala et de Kasserine ouvert, lundi 28 novembre 2011, devant le tribunal militaire permanent de première instance du Kef a posé la délicate question de savoir à qui incombe la responsabilité de donner l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants.
Lors de son interrogatoire, Rafik Belhaj Kacem, ancien ministre de l’Intérieur et du développement local, a rejeté toute implication dans ces événements, niant avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants. Il a ajouté que la question sécuritaire était du ressort de la cellule de suivi qui exerçait sa mission conformément aux plans établis à cet effet.
S’agissant de l’ancien ministre de l’intérieur, Ahmed Friâ, qui a occupé ce poste le 12 janvier, il a indiqué que sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur avait pour objectif d’engager des réformes politiques et d’apaiser le climat de tension qui prévalait dans le pays
.
Jalel Boudriga, directeur général des unités de l’ordre public a affirmé avoir ordonné le remplacement, le 10 janvier dernier, de Youssef Abdelaziz, directeur des unités de l’ordre public par Moncef Laâjimi après le mécontentement général exprimé par les habitants de Thala à l’égard des agissements illégaux de Abdelaziz.
Ali Seriati, ancien directeur de la sécurité présidentielle, a confirmé les témoignages de Boudriga ajoutant qu’il était en personne à l’origine du troisième discours prononcé, le 13 janvier dernier, par Ben Ali dans lequel il a utilisé la fameuse expression (assez de tirs à balles réelles).
Adel Tiouiri, ancien directeur général de la sûreté nationale, accusé de meurtre et de tentative de meurtre, a rejeté son implication dans les événements qui ont ensanglanté les régions de Tala et de Kasserine, précisant que les forces de sécurité agissaient en fonction des situations de terrain qui s’imposent, notamment après la création d’une cellule de suivi sécuritaire au sein du ministère ainsi qu’une salle d’opérations chargées de suivre la situation dans le pays.
Adel Tiouiri a nié avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants.
Khaled Ben Saïd, directeur au département de lutte contre le terrorisme a déclaré avoir été chargé, durant cette période, de coordonner les opérations avec le commissariat de police de Kasserine et de collecter les informations sur le terrorisme.TAP
(Source : « businessnews» le 30.11.2011)
Tunisie : 17 ministères à Ennahdha
Depuis l’annonce des résultats des élections du 23 octobre, le mouvement Ennahdha n’a pas cessé de souffler le chaud et le froid ! Il s’est arrogé la plupart des ministères de souveraineté.
Selon le quotidien « Al Maghreb », le partage des portefeuilles ministériels seraient comme suit :
– ministre de l’Intérieur : M. Ali El-Arid
– secrétaire d’Etat à la Sécurité : M. Samir El Hanéchi
– ministre de la Justice : M. Noureddine El Bhiri
– ministre des Affaires étrangers : M. Rafik Abdel Salem
– ministre de la Culture : M. El Mehdi Mabrouk
– ministre de la Santé : M. Abdel Latif El Makki
– ministre de l’Agriculture : M. Mohamed Ben Salem
– ministre de l’Education : M. Abdelkarim Korbi
– ministre de l’Enseignement supérieur : M. Moncef Ben Salem
– ministre de la Réforme de l’Education : M. Abou Yaareb El Marzouki
– ministre de l’Industrie : M. Mohamed Chikhaoui
– ministre de la Recherche scientifique : M. Abdel Wahab El Fandi
– conseiller auprès du Premier ministre : M. Abdel Fateh Mourou
– ministre des Droits de l’Homme et porte-parole de la République : M. Samir Dilou
– ministre de l’Equipement : M. Riadh Bettayab
– ministre de l’Immigration : M. Houcine El Jaziri
– ministre du Commerce : M. Lotfi Zitouni
(Source : « investir-en-tunisie» le 30.11.2011)
Tunisie. Echec du premier passage en force d’Ennahdha
Les discussions au sein de la commission ad hoc de l’Assemblée constituante chargée du projet d’organisation provisoire des pouvoirs publics ont montré des divergences entre Ennahdha et les autres partis.
Ces divergences portent essentiellement sur deux articles attribuant au Premier ministre trop de pouvoirs et limitant excessivement ceux du président de la République. Ce qui ferait passer le pays d’un système d’hyper-président à celui d’hyper-Premier ministre, et donnerait au parti islamiste tunisien, dont sera issu le prochain chef du gouvernement, une mainmise quasi-totale sur la vie politique dans le pays en cette période de transition.
La tentative de passage en force d’Ennahdha ayant achoppé à un vote défavorable (9-13, 11-11) aux textes qu’elle a proposés, la question sera tranchée en séance plénière de l’Assemblée constituante.
Les «frères» de Hamadi Jebali retiendront-ils la leçon et reviendront-ils à des positions plus consensuelles, donc plus démocratiques et respectueuses de la pluralité tunisienne, ou chercheront-ils à profiter de leur poids au sein de la Constituante (89 sièges sur 217) pour essayer de pousser leur avantage et d’imposer leur domination sur la vie politique dans le pays ?
Dans ce cas, quelle serait la position de ses deux alliés, le Congrès pour la république (Cpr) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) ? Accepteront-ils de cautionner cette démarche qui les marginalise autant que les autres composantes politiques de l’Assemblée constituante, et qui plus est, les décrédibilise aux yeux de leurs électeurs ?
Au regard des réactions des représentants du Fdtl, notamment Khémaies Ksila, on peut s’attendre à des résistances fortes des forces démocratiques aux appétits de pouvoir d’Ennahdha.
Imed Bahri
(Source : « kapitalis.com» le30.11.2011)
Tunisie : Marzouki refuse une présidence formelle
Le Congrès pour la République cherche à revaloriser les prérogatives du président de la République, poste pour lequel M. Moncef Marzouki est le candidat de la coalition tripartite Ennahdha, le CPR et Ettakatol. C’est ce qu’annoncé M. Imed Eddaïmi, porte-parole du parti.
Dans un communiqué rendu public sur la page officielle du parti, M. Eddaïni a précisé que pas de place pour une « présidence-formelle » au sein du CPR. Il est important que soient accordées au président de la République de vraies prérogatives présidentielles, notamment dans la représentation de la Tunisie à l’étranger et la définition de la politique internationale du pays.
Le porte-parole a précisé que le CPR souhaite voir le choix de la Constituante, éviter à la fois le régime présidentiel et le régime parlementaire, et se porter sur un «régime d’Assemblée», celui de la Constituante en l’occurrence : « Nous voulons être conformes à nos promesses faites aux électeurs et à l’ensemble du peuple tunisien. Nous voulons participer activement à l’adoption et à la mise en œuvre concrète de vraies réformes. D’où l’impératif que notre participation ne soit pas formelle ».
(Source : « investir-en-tunisie» le30.11.2011)
La troïka va-t-elle s’effriter ?
La coalition tripartite (Ennahdha, Ettakatol et le CPR) qui donnait, il y a une semaine, les signes d’avoir tout réglé dans un consensus qui a irrité beaucoup d’observateurs est-elle en train de vivre aujourd’hui ses premières fissures ou pour ainsi dire certains désaccords qui pourraient annoncer sa fin ?
La question est d’autant plus légitime que certains parmi les membres de cette coalition avancent en rangs dispersés et n’obéissent plus aux directives, préférant agir comme bon leur semble ou à la base de ce qu’ils conçoivent eux-mêmes comme étant la voie à suivre.
En témoignent les divergences et les désaccords qui marquent les travaux des deux commissions issues de l’Assemblée nationale constituante, la commission chargée de l’élaboration du règlement intérieur et la commission chargée de proposer le projet du décret portant organisation provisoire des pouvoirs publics.
Qu’il s’agisse des relations entre les trois présidences, des prérogatives de chacune d’elles, des mécanismes selon lesquels le prochain gouvernement obtiendra la confiance du gouvernement ou fera l’objet d’une motion de censure, de l’adoption de la prochaine Constitution, de la possibilité de recourir à un référendum par lequel le peuple se prononcera sur l’adoption ou le rejet de la Constitution, etc., les avis et les propositions des membres de la coalition (pourtant consignés dans un projet bien ficelé et soumis à la discussion dès la première réunion de la commission du règlement intérieur) n’évoluent plus sur la même onde.
Une source bien informée au sein de ladite commission révèle que les discussions sur certains points ont été chaudes et ont laissé apparaître certaines divergences, y compris au sein des membres de la troïka et les votes auxquels il a été fait recours pour départager les tensions montrent que c’est déjà «la dissension au sein de la coalition».
Ainsi, pour le retrait de la confiance accordée au gouvernement (la motion de censure), le vote a révélé une égalité parfaite, soit 11 pour la majorité absolue et 11 pour la majorité des deux tiers.
«Ce vote préfigure des désaccords qui commencent à déchirer la coalition quand on sait que sur les 22 membres de la commission, près de 15 proviennent des trois partis coalisés (dont 9 d’Ennahdha, 3 du CPR et trois d’Ettakatol)».
Notre source va encore plus loin en laissant entendre qu’il «y aura de grosses surprises quant à la recomposition probable des forces politiques formant la coalition actuelle. Ennahdha a commencé, paraît-il, à chasser du côté du Parti démocratique progressiste (PDP), lequel parti a remporté, il ne faut jamais l’oublier, 16 sièges et qui pourrait supplanter aisément l’un des deux autres partis coalisés à Ennahdha dont certains responsables commencent à critiquer ouvertement l’accord ‘‘d’entente’’ conclu le 21 novembre, à la veille de la séance inaugurale de la Constituante».
Un autre signal de la chute de l’entente et de la cohésion mises en exergue largement au sein de la coalition : «Seuls les neuf membres d’Ennahdha ont voté pour les propositions que contenait le document d’Ennahdha à propos des prérogatives et du président de la République et du président du Conseil des ministres, alors que les 13 autres membres, y compris ceux représentant Ettakatol et le CPR, ont choisi de cautionner d’autres propositions avancées par les membres de la commission».
Les points de discorde
Il demeure qu’au sein de la commission du règlement intérieur qui a clôturé ses travaux, hier, et soumettra dans les jours à venir son projet à la prochaine assemblée plénière de la Constituante (elle se tiendra une fois que les deux commissions auront achevé leurs travaux), quelques points de discorde persistent «et nous avons décidé qu’ils soient discutés par l’ensemble des membres de la Constituante qui auront à assumer la responsabilité historique d’y trancher».
Les désaccords concernent, souligne toujours notre source, «le vote de la Constitution à la base de la majorité des deux tiers en deux lectures et le recours au référendum en cas de désaccord à la suite de ces deux lectures».
Le deuxième point de désaccord a trait au retrait par la Constituante de sa confiance aux trois présidents sur la base de la majorité absolue (Ennahdha campant toujours sur son choix relatif à la majorité des deux tiers).
Quant au troisième chapitre, il concerne le vote de la motion de censure contre le gouvernement, Ennahdha demandant également le vote des deux tiers des membres de la Constituante.
Les membres de la Constituante peuvent-ils occuper en même temps des fonctions gouvernementales ?
Les membres de la Commission du règlement intérieur n’ont pas tranché et ont décidé de soumettre cette question à la prochaine séance plénière de l’Assemblée constituante.
La date de cette séance n’a pas été encore fixée dans la mesure où la commission planchant sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics a besoin encore de deux jours (selon les déclarations de l’un de ses membres, le doyen Fadhel Moussa) pour terminer le travail. Et comme l’usage veut que les membres de la Constituante soient convoqués, quarante-huit heures au moins, à l’avance, la séance plénière attendue ne se tiendra pas avant samedi prochain.
Le statut du pouvoir judiciaire à l’examen
La commission ad hoc de l’Assemblée nationale constituante, chargée du projet d’organisation provisoire des pouvoirs publics, a examiné, hier, la question relative au statut du pouvoir judiciaire au sein de l’organisation provisoire des pouvoirs publics, a déclaré M. Abderraouf Ayadi, rapporteur de la commission.
Il s’agit d’une question qui fait encore l’objet de débats et de concertations entre les membres de la commission, a-t-il dit.
Dans une déclaration à l’agence TAP, M. Ayadi a affirmé que les propositions avancées conjointement par le syndicat des magistrats tunisiens et l’Union des juges administratifs, dont, notamment la participation de deux représentants issus de ces structures dans l’élaboration du projet, sont encore à l’examen.
(Source : « La Presse» le30.11.2011)
M. Mohamed Bennour, porte-parole d’Ettakatol
Des tractations pour sortir de l’impasse…
«Nous avons participé aux négociations concernant les pouvoirs attribués au président de la République et au chef du gouvernement.
Le projet présenté par Ennahdha n’a pas abouti à un projet commun écrit ayant obtenu l’accord final d’Ettakatol et du CPR. Il est donc normal qu’aujourd’hui, le texte et la formulation proposés par Ennahdha posent problème.
Car, à nos yeux, les trois pouvoirs présidentiel, de chef de gouvernement et de la Constituante doivent être équilibrés durant cette période transitoire.
Bref, je dirais que s’il y avait eu accord auparavant entre la troïka, le projet serait passé. Maintenant, les tractations sont en cours, en coulisses, et pourraient aboutir à une solution qui nous permettrait de sortir de l’impasse».
Auteur : Propos recueillis par S.D.
Ajouté le : 30-11-2011
(Source : « La Presse» le30.11.2011)
Tunisie – Les magistrats refusent la mainmise de Mustapha Ben Jaâfar et de Hamadi Jebali
Une conférence de presse s’est tenue ce mercredi 30 novembre 2011 à la bibliothèque du tribunal de Tunis, co-organisée par le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) et l’Union des magistrats administratifs (UMA) afin d’exprimer en chœur leur refus de certains articles projetés par la Constituante concernant la réglementation du pouvoir législatif.
Raoudha Laâbidi, présidente du SMT a exprimé son désarroi et son inquiétude face au projet de loi en cours d’élaboration et qui, entre autres, stipule dans les articles 4 et 21 que les conseils des juges ainsi que les magistrats administratifs dépendent respectivement du président de la Constituante et du Premier ministre. Elle a précisé que le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire est compromis, car les juges se retrouvent soumis à l’autorité législative, après avoir été sous l’emprise du pouvoir exécutif, avant la révolution.
Il s’agit selon Mme Laâbidi de prendre le corps de la magistrature pour «un mineur» qui dépend de son « tuteur ». Or, les juges refusent cette dépendance et appellent à l’élection et non la nomination des présidents des conseils des magistrats tout en imposant le choix des candidats uniquement parmi les magistrats. Elle a également déploré l’ignorance totale de leur réaction déjà exprimée par communiqué, ajoutée aux tentatives vaines d’entrer en contact direct avec les élus de la Constituante ces derniers jours. Elle a ajouté : «Ceci dénote d’un dénigrement intolérable !»
Ahmed Souab, président du comité constitutionnel de l’UMA, pour sa part, a confirmé les revendications du SMT en ajoutant : «Les élus sont en train d’assassiner la révolution, c’est une trahison!». Il a, par ailleurs, précisé que « la moindre des choses serait qu’on nous consulte, en tant que premiers concernés et hommes de loi, avant d’énoncer la réglementation du corps de la magistrature!».
Les deux syndicats ont également présenté un document concrétisant un accord de collaboration entre eux deux et mentionnant les clauses et les objectifs d’un tel accord.
En définitive les deux syndicats des magistrats tirent la sonnette d’alarme et crient haut et fort leur colère, se disant prêts à militer « et rien ni personne ne les empêcheront de mener à bien leur combat pour l’indépendance du pouvoir judiciaire ».D.M
(Source : « investir-en-tunisie» le30.11.2011)
Caïd Essebsi inquiet de l’avenir de la Tunisie et parle de Marzouki, de Jebali et de Mestiri
Maintenant qu’il a présenté sa démission, avec ses compagnons du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi se sent « libéré » et libre de ses mouvements, de ses paroles et de ses avis sur ce qui se passe dans le pays et, surtout, sur l’avenir proche de la Tunisie.
Dans une longue interview accordée au quotidien « Le Maghreb », en langue arabe, en date des 29 et 30 novembre 2011, l’actuel Premier ministre provisoire ne semble pas très optimiste quant à la prochaine étape. Il se dit inquiet de l’attitude de la plupart des élus appartenant à la coalition tripartite qui sont plus occupés du partage des « chaises » que par la mission essentielle pour laquelle ils ont été choisis par le peuple, à savoir l’élaboration du texte de la constitution.
D’où le geste-message de son gouvernement qui a présenté sa démission collective, envoyant ainsi un message clair quant à la non acception de l’existence de deux cabinets et à la nécessite d’agir vite dans le sens de la composition d’un nouveau gouvernement appelé à prendre le flambeau.
A ce propos, M. Caïd Essebsi, affirme avoir laissé le pays dans un état acceptable avec une amélioration de la situation sécuritaire, des prémisses de redressement économique, notamment après la participation à la réunion du G 20 et une continuité de la marche des rouages administratifs.
A propos de son avenir politique, BCE indique qu’il n’en sait rien encore, mais qu’il reste au service de la Tunisie, avant d’aborder la question de l’article 15 privant les « mounachidine » et les ex-RCDistes de se porter candidats à la Constituante et donner son avis. Pour lui, la discrimination et l’exclusion sont injustes car les Destouriens ne sont pas tous des « criminels », et par conséquent c’est à la justice de se prononcer au cas par cas.
Et au cas où un article similaire était mentionné dans la nouvelle Constitution, ce serait « illogique » et une erreur si le trio majoritaire en décidait ainsi.
Concernant le système politique et la répartition des pouvoirs, Béji Caïd Essebsi estime que la Tunisie a encore besoin d’un président de la République avec des prérogatives modérées.
Abordant ses relations avec Ahmed Mestiri, M. Caïd Essebsi affirme qu’il n’a aucun problème avec lui et qu’il le considère comme étant un homme intègre qui a son empreinte dans l’histoire du Mouvement national et mérite tout le respect. « Il se peut qu’on ait des divergences sur les approches à suivre, mais nous nous rejoignons sur les objectifs », a-t-il précisé, en substance.
Fidèle à son franc-parler et sans donner publiquement son avis sur Moncef Marzouki et Hamadi Jebali, respectivement futur président de la République et Premier ministre, BCE a indiqué qu’il a exprimé ses impressions directement aux premiers concernés.Noureddine H.
(Source : «Business News» le30.11.2011)
Tunisie. Un code d’honneur pour… impulser le tourisme de plaisance
Signature lundi à Tunis d’un code d’honneur engageant les professionnels du tourisme à renforcer le produit de la plaisance, à garantir la qualité des services d’accueil et du transport et à promouvoir la destination Tunisie.
Cet accord, déjà en vigueur, a été signé par la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav), les agences de voyages spécialisées dans le tourisme de plaisance, les transitaires, la chambre syndicale des taxis individuels et touristiques et le syndicat professionnel des commerçants d’artisanat des souks de Tunis et Sidi Bou Saïd. Le représentant des guides touristiques, invité lui aussi à la réunion, n’a pas assisté à cette rencontre.
Réduction de la taxe de 5 à 2,5 euros
Cet accord vise à résoudre les problèmes de la régression du nombre de touristes plaisanciers (291.000 en 2011, malgré des prévisions tablant sur un million) et des annulations des réservations par beaucoup d’agences de voyages.
Autre objectif visé: aider à sauver l’actuelle saison touristique en garantissant la participation de tous les intervenants dans le secteur du tourisme de plaisance, de manière à promouvoir ce créneau qui peut booster l’activité économique notamment au niveau du district du grand Tunis.
Intervenant à cette occasion, Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, a annoncé la réduction des taxations pratiquées en Tunisie sur les bateaux de plaisance, afin d’encourager les propriétaires de bateaux de plaisance à attirer les touristes vers la destination tunisienne.
Mohamed Jerbi, commissaire régional au tourisme, a, pour sa part, rappelé que «chaque touriste arrivant par bateau, doit payer une taxe de 5 euros». «Ce montant est très élevé par rapport aux taxations pratiquées dans le monde», a-t-il précisé, ajoutant que les propriétaires de bateaux revendiquent une taxe de 2,5 euros.
Améliorer toute la chaîne des services
Le code d’honneur recommande de promouvoir les services d’accueil dans le port de Tunis-la Goulette, d’accorder aux bateaux des services de qualité lors de l’accostage et du départ. Il s’agit aussi d’alléger et de faciliter les contrôles de la police et de la douane.
Le même document suggère de développer le transport, de mettre un guide touristique spécialisé à bord de chaque moyen de transport et de garantir une bonne qualité d’accueil pour les groupes de touristes.
Les signataires du code d’honneur appellent les propriétaires de magasins d’artisanat à respecter la déontologie de la profession, en présentant aux touristes (individus ou groupes) un produit tunisien de très bonne qualité et en évitant d’exposer des produits étrangers.
Le code d’honneur recommande par ailleurs de mettre en place une politique de marketing à la hauteur de ce créneau et de présenter un produit respectant un bon rapport qualité/prix.
I. B. (avec Tap).
(Source : « kapitalis.com» le30.11.2011)
Tunisie, la laïcité a mené à l’échec des partis de gauche (De la Messuzière)
Publié le Mercredi 30 Novembre 2011 à 16:20 Auteur du livre “Mes années Ben Ali”, paru cette semaine, Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de France à Tunis (2002-2005), a livré ce matin son analyse sur la transition en Tunisie, lors du séminaire “la transition en Tunisie et sa perception internationale”, organisé par l’Association des études internationales et la Fondation Friedrich Ebert à Tunis, en présence de diplomates européens, ainsi que d’anciens ministres et d’universitaires tunisiens à l’instar de Khalifa Chater, Taher Sioud, Ahmed Ounaès et bien d’autres.
Il le raconte dans son livre ; les années d’Yves Aubin de la Messuzière sous Ben Ali n’étaient pas un long fleuve tranquille : “pendant mon séjour en Tunisie, j’ai subi des pressions que j’ai écartées avec beaucoup de détermination”, dit-il d’emblée. A ses yeux, même s’il y a eu des déclarations malheureuses côté français (ndlr : celles de Michelle Alliot-Marie quelques jours avant la révolution), “il ne faut pas dire qu’il y avait connivence entre Paris et le régime Ben Ali ; les relations étaient à l’inverse médiocres et le dialogue difficile”.
Selon l’auteur du livre “Mes années Ben Ali”, parmi les ressorts de la révolution tunisienne figure la frustration des jeunes. “On a beaucoup glosé sur WikiLeaks qui consacrait quelques centaines de télégrammes pour la Tunisie, les analyses de WikiLeaks étaient aussi les miennes, j’ai beaucoup échangé avec l’ambassadeur des Etats-Unis à ce sujet”, souligne celui qui rédigeait, à son tour, des câbles diplomatiques. “J’ai obtenu une autorisation du Quai d’Orsay de publier deux télégrammes diplomatiques dans mon livre, dont un porte sur les perspectives de la Tunisie 2010 où on avait analysé les dérives du régime. Le vrai malaise était celui de la jeunesse, qui était frappée par le chômage et qui ne partageait pas l’espace public”.
“En Tunisie, il y avait un système de prédation, de corruption avec le cartel des familles”, dit de la Messuzière, c’est ce qui a conduit à l’implosion. Il refuse de parler “de révolution du Jasmin comme se plaisent à l’appeler les médias français, renvoyant à un stéréotype sur la docilité supposée des Tunisiens, mais de révolution de la dignité”. Et d’expliquer : “Les jeunes ont rompu leur contrat social avec le régime, il n’y avait plus ce désistement politique d’une jeunesse frustrée”.
“Les nahdhaouis ont montré une grande capacité de mobilisation”
“Après la révolution, contrairement à l’Egypte, la Tunisie est allée directement vers la rupture (dissolution du RCD, les anciens ministres écartés, même ceux qui étaient bons, élection d’une constituante), il en a résulté un véritable bouillonnement démocratique, et l’avènement d’une centaine de partis”, relève-t-il, évoquant le mouvement Ennahdha.
“Sous Ben Ali, Ennahdha était éradiqué, mais dans la société, il y avait des gens d’inspiration nahdhaouie”, indique-t-il. “Même s’ils étaient éradiqués, et même s’ils étaient dans le double-exil intérieur et extérieur, les nahdhaouis ont montré une grande capacité de mobilisation et d’organisation. Ils ont cherché à rassurer, en se référant à l’AKP turc. La référence à la Charia est peu présente dans leurs écrits, focalisés plutôt sur la justice sociale, la lutte contre la corruption, et la pauvreté. Un discours qui rassure, mais il faut rester vigilant”, estime-t-il.
La victoire d’Ennahdha aux élections constitue, selon Yves Aubin de la Messuzière, “une espèce de prime pour une formation qui a été victime de répression”. “Idem pour Marzouki qui n’avait pas les mêmes moyens et les mêmes réseaux d’Ennahdha et qui était deuxième. Il a, lui aussi, bénéficié de cette prime”, souligne-t-il en faisant remarquer : “L’erreur des autres formations progressistes de gauche, était d’avoir été agressives envers Ennahdha. Elles ont mis en avant la laïcité, or ce terme est lié au laïcisme, à l’occidentalisme, c’est ce qui a provoqué une forme de rejet”. Selon son opinion, les Tunisiens ont opté pour un vote protestataire qui consacre la rupture avec l’ancien système. “Je connais des amis laïcs qui ont voté pour Ennahdha, car, ils disent que c’est un parti nouveau qui va lutter contre la corruption”.
L’ancien ambassadeur français à Tunis demeure confiant quant au devenir de la transition démocratique en Tunisie. “La première phase de transition s’est bien passée en Tunisie, et je pense que la deuxième étape va bien se passer aussi. Contrairement aux autres pays arabes, malgré les disparités et les particularismes régionaux, la Tunisie est une société homogène, et c’est ce qui me rend optimiste”, dit-il.
Son autre constat pour la révolution tunisienne, tout autant que pour les autres révolutions arabes, est l’absence “de chef charismatique, de Zaïms, de père de la Nation ou de guide de la révolution. Ce type de leadership relève du passé dans le monde arabe”.
“L’occident n’a plus le monopole de l’histoire”
Yves Aubin de la Messuzière se dit critique envers “les dirigeants européens qui se sont montrés plus à l’aise avec le statu quo, qu’avec le mouvement de l’histoire en marche”, appelant “à comprendre désormais le monde arabe par le biais des valeurs universelles qu’il s’est réapproprié”. Et là, il reprend l’expression d’Hubert Védrine qui dit : “l’occident n’a plus le monopole de l’histoire”.
L’ancien diplomate pointe le discours français anxiogène, en allusion à la déclaration d’Alain Juppé suite à la percée d’Ennahdha dans les urnes, qui parlait de “conditionnalité”, et de “lignes rouges, en mettant un bémol : “le rôle positif joué par la France auprès de ses partenaires européens du G8, qui suggèraient d’attendre la fin de la transition démocratique pour apporter une aide à la Tunisie”.
Yves Aubin de la Messuzière qui se présente comme un expert de la question israélo-palestinienne et du Proche-Orient émet des réserves envers l’Union pour la Méditerranée. “Je n’y ai jamais cru. L’UPM doit être refondée pour qu’elle soit en cohérence avec les aspirations de la jeunesse”, suggère-t-il, prônant un retour “à la priorité du dialogue euro-méditerranéen de proximité 5+5, qui n’est pas plombé par le conflit israélo-palestinien”. De la Messuzière croit que la centralité du conflit israélo-palestinien dans le monde arabe demeure avec les révolutions. “Il ne faut pas croire que les sociétés nouvelles soient accommodantes, le but des révolutions était certes d’évincer les potentats et les autocrates, mais cette sensibilité au conflit israélo-palestinien existe dans le monde arabe, et en Tunisie aussi, il n’y a qu’avoir ce qui s’est passé à l’ONU, autour de l’Etat palestinien”.
Cette conclusion de l’ambassadeur français était une réplique aux propos de Taher Sioud, ancien ministre et président de séance, pour qui, “le conflit israélo-palestinien ne doit pas être un obstacle pour le développement des relations euro-méditerranéennes”. Nous y reviendrons.
H.J.
(Source : « gnet.tn» le 30.11.2011)
Maroc, Tunisie, Egypte : êtes-vous inquiet de l’arrivée d’islamistes à la tête de ces pays ?
Après un processus révolutionnaire qui a balayé des régimes alliés en Afrique du Nord, les Occidentaux sont contraints de s’adapter aux premières victoires électorales d’islamistes, en affichant volonté d’ouverture mais aussi vigilance.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a ainsi estimé que «tout est risqué dans une révolution.
Mais je crois qu’il faut faire confiance et être vigilant», a-t-il dit fin octobre, juste après les premières élections libres en Tunisie qui ont vu la victoire du parti islamiste Ennahda.
Au Maroc, après la victoire relative des islamistes du Parti justice et développement (PJD) le 25 novembre aux législatives, le ministre français a retenu qu’ils étaient modérés et qu’ils n’avaient pas la majorité absolue, même s’ils vont pour la première fois diriger un gouvernement de coalition dans ce pays.
En fait, au lieu de «réactions impulsives et indifférenciées sur l’islam, les pays occidentaux réagissent avec prudence et pragmatisme, faisant confiance aux sociétés civiles des différents pays concernés pour résister aux tentatives éventuelles d’étouffement des libertés», observe Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).
Parlant de la Tunisie, Alain Juppé avait conditionné l’aide française au respect de l’alternance démocratique, des droits de l’homme, de l’égalité hommes-femmes, des “lignes rouges” à ne pas franchir. Une mise en garde plutôt mal perçue par le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi.
Washington et Paris se sont aussi félicités du début du scrutin législatif lundi en Egypte, après les premières impressions «positives» d’observateurs indépendants américains. Et ce, alors même que les analystes s’attendent à une victoire des islamistes du mouvement des Frères musulmans, la force politique la mieux structurée.
«Il ne faut pas stigmatiser en bloc les Frères musulmans ou les partis islamiques, ce n’est pas le diable. Il y a parmi eux des gens qui sont des extrémistes et ça on n’en veut pas. Mais il y a des gens tout à fait modérés», avait affirmé Alain Juppé à propos de la Tunisie.
«Par rapport à une époque où le simple mot d’islam suffisait à tétaniser toute réflexion et à lancer des grands mouvements de peur, c’est plutôt positif», commente Pascal Boniface.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Etes-vous inquiet de l’arrivée d’islamistes à la tête de ces pays ?
(Source : « Le Parisien.fr» le 30.11.2011)
De la Révolution à l’évolution
Par Erik Berglof Directeur des affaires économiques de la BERD – La Tunisie abritera, lundi 12 décembre 2011, une réunion dans le cadre de l’initiative « D’une transition à l’autre », organisée par la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD), sur le thème de « Favoriser la croissance et l’investissement pendant la transition », en collaboration avec l’UTICA et le Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMIM). Erik Berglof, directeur des affaires économiques de la BERD, nous en présente les contours.
Le grand penseur politique Alexis de Tocqueville écrivait que « les Révolutions sont comme les romans. La difficulté n’est pas d’en écrire le début mais de concevoir une fin appropriée ». Une année mémorable se termine depuis que la Tunisie a engagé cette Révolution qui a suscité des demandes de changement dans nombre d’autre pays. Ces pays continuent à regarder la Tunisie en référence. A présent, il appartient aux organisations, comme la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD) de vous soutenir, alors que vous essayez de concevoir une suite appropriée.
La BERD est elle-même fille de Révolution. Elle a été la réponse de la communauté internationale à la chute, en 1989, dur mur de Berlin et l’effondrement du communisme. La Banque a été constituée pour accélérer la transition d’une planification centralisée au libre marché, de faciliter la conversion traumatique de la dictature à la démocratie.
Le désir d’un avenir plus optimiste n’était pas spécifique aux peuples de l’Europe de l’Est. Nous avons entendu les mêmes échos, aujourd’hui, dans des parties du Sud et de l’Ouest de la méditerranée. C’est un appel, comme en 1989, que le monde ne peut ignorer. C’est un appel auquel entend répondre la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement, à l’instar de ce qui avait été fait durant les deux dernières décennies en Europe du Sud et Europe Centrale, ainsi qu’au Caucase et en Asie Centrale.
Il y a autant de différences que de similitudes entre ces deux régions qui ont subi des changements dramatiques, il y a deux décennies. Les pays de l’Europe de l’Est reconnaissent certains défis auxquels vous faites face aujourd’hui. Lorsque le communisme s’était effondré, ils avaient aussi un système politique si hautement centralisé, des secteurs publics fortement protégés et besoin de stimuler la croissance économique et de créer de nouveaux emplois dans le secteur privé.
Mais, il y a d’autres similitudes entre les défis de la Tunisie et ceux de l’Europe de l’Est aujourd’hui. Le pays qui avaient initié leur révolution après la chute du mur de Berlin n’ont pas tous géré l’accomplissement de leurs transitions politique et économique. Certains pays d’Europe Centrale et des Baltiques ont réussi leurs transformations, alors que d’autres s’y trouvent encore embourbés, pris par des intérêts particuliers et ployant sous la fatigue des réformes.
Comme il y a similitude des défis, nous encourageons les pays qui ont engagé leur transition durant les deux dernières décennies, de venir vers vous pour partager ensemble expériences et enseignements, les uns des autres, non seulement pour ce qui a réussi mais aussi pour ce qui a échoué. C’est pour cette raison que nous organisons cette rencontre « D’une transition à l’autre », à Tunis, ce mois, en vue de faciliter l’échange d’expérience entre acteurs concernés. Nous voulons comprendre ce dont la Tunisie a besoin pour garantir son avenir économique, prêtant une écoute attentive, alors que nous définissons nos plans pour venir en aide à l’économie tunisienne.
La Banque avait déclaré qu’elle est en mesure d’investir, éventuellement, jusqu’à 2.5 milliards d’euros à travers le Sud et l’Est de la Méditerranée. Dans l’ensemble, les défis pour la Tunisie sont clairs. La croissance recherchée doit être suffisamment élevée afin de pouvoir absorber la demande croissante des nouvelles entrées sur le marché de l’emploi. La formation et l’éducation sont nécessaires pour fournir les qualifications demandées par le marché. Mais, des emplois doivent aussi être crées pour répondre aux besoins du grand nombre de jeunes tunisiens, bien formés. Le besoin est de se convertir d’une faible valeur ajoutée et d’une économie à faible coût, en une haute valeur ajoutée, une économie du savoir intensive, à moyen terme.
Le secteur privé doit jouer un rôle clé dans ce processus. Grâce à de précédentes réformes, nombre d’institutions et structures de marché sont en place mais il importe de les mettre en œuvre, ce qui est crucial. A cet effet, le système d’accès aux emplois et au financement doit être privilégié tout au long d’un bannissement du favoritisme. Quant au secteur privé, il sera capable de générer une croissance plus forte et plus inclusive seulement lorsqu’il sera soutenu par des réformes d’Etat.
C’est ce type de challenge que nous avons connu également à travers notre longue expérience dans les anciens pays communistes d’Europe. Nous mettrons à profit les leçons apprises pour essayer de développer le secteur privé en Tunisie, concentrant particulièrement sur les besoins des petites et moyennes entreprises. Nous nous intéressons également à voir comment nous pourrons venir en aide au secteur agroalimentaire afin de participer et accélérer la création d’emplois. Afin d’y parvenir, nous examinerons les moyens de restructuration et de renforcements du secteur financier. Accroître l’efficacité de l’économie exige aussi l’usage plus efficient et de manière plus durable des ressources énergétiques. Nous savons, également qu’il y a d’autres domaines où nous pouvons trouver des gisements de valeur, y compris l’investissement dans l’infrastructure et de meilleurs services municipaux. Cela fait de notre mission que d’aider aux changements économiques et à rendre la vie meilleure.
A travers cette initiative « D’une transition à l’autre » à Tunis, nous voulons apprendre plus comment nous pourrons soutenir la Tunisie dans la relève de ces défis. Certains pays parmi les 29 où nous opérons partageront ouvertement leurs expériences, espérant apporter les mêmes approches que la Tunisie. Nous suivrons avec attention les débats, mettant à profit les données acquises pour aider la Tunisie à aller de la révolution à l’évolution, développant une économie diversifiée et étendue, au moment où votre pays construit sa démocratie.
L’Initiative «d’une transition à l’autre»
L’Initiative « d’une transition à l’autre » est un cadre dans lequel la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement ( BERD) peut faciliter les échanges d’expériences en matière de transition et de réformes entre les actuels pays d’opérations de la Banque et ceux de la partie méridionale et orientale du Bassin méditerranéen.
Dans ce carde la BERD organise une réunion le 12 décembre 2011, sur le thème de « Favoriser la croissance et l’investissement pendant la transition », en collaboration avec l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat ( UTICA) et le Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranéen ( CMIM)
La BERD jouera un rôle de facilitateur et d’écoute en vue d’une meilleure connaissance des différences et des similitudes d’expériences de réformes entre les deux régions.
Centré sur le développement du secteur privé, le transfert s’articulera autour de la séance plénière de panels de discussion, avec la participation de décisionnaires politiques de haut niveau, d’experts des secteurs public et privé ainsi que de centres d’études et de recherche avec en perspective de larges propositions de réformes incluant les aspects politiques et sociaux.
La participation des Vice-Premiers ministres de la Slovaquie et de la Serbie, de l’ancien ministre de l’Energie en Bulgarie et de nombreux directeurs d’importantes banques, entreprises, chambres de commerce et fonds privés d’investissements d’Europe Centrale et de Turquie est d’ores et déjà confirmée. Cette réunion permettra des échanges interactifs d’expériences durant cinq panels de discussions centrées sur :
1. La promotion de la croissance et de l’emploi par le développement des petites et moyennes entreprises ( PME)
2. L’investissement dans la sécurité alimentaire : comment transformer les contraintes en opportunités
3. Préparer l’avenir par une gestion durable de l’énergie
4. Améliorer la compétitive par l’innovation
5. Le rôle des prises de participation dans l’amélioration de l’économie sur le long terme
Les représentants de ces secteurs, issus de la communauté d’affaires prendront part à cette réunion à laquelle participeront également d’éminentes figures des secteurs privé et public.
E.B
(Source : « Le Temps» (Quotidien – Tunisie) le 30.11.2011)
Amnesty international pointe la police française du doigt
PARIS (Reuters) – Cinq personnes sont décédées entre 2004 et 2009 aux mains de la police française sans que la lumière soit faite à ce jour sur les circonstances ayant entraîné leur mort, déplore mercredi Amnesty International France.
Dans une lettre ouverte adressée aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, l’organisation de défense des droits de l’homme demande que des enquêtes “impartiales et exhaustives” soient menées dans les meilleurs délais.
Cette lettre est cosignée par les présidents d’Amnesty international des cinq pays dont sont originaires les victimes.
La police est “l’administration la plus contrôlée, en interne comme en externe”, a déclaré Pascal Garibian, porte-parole de la direction générale de la police nationale (DGPN), en réponse à Amnesty International.
L’institution, a-t-il précisé, est notamment contrôlée par l’Inspection générale de la police nationale et l’IGS, son extension pour la préfecture de police.
“Les sanctions disciplinaires – près de 3.000 prises chaque année envers les policiers – sont une preuve de leur impartialité”, a-t-il dit à des journalistes.
En outre, la police est soumise “au contrôle des autorités administratives indépendantes rassemblées aujourd’hui sous l’autorité constitutionnelle représentée par le Défenseur des droits dont le pouvoir d’investigation a été renforcé”, a ajouté Pascal Garibian.
Dans un rapport publié en même temps que sa lettre ouverte, Amnesty international souligne que les familles des personnes mortes aux mains de la police “attendent que justice soit faite”.
DES AGENTS TOUJOURS EN FONCTION
Selon l’organisation, Abou Bakari Tandia, Malien de 38 ans, Lamine Dieng, Français d’origine sénégalaise de 25 ans, Abdelhakim Ajimi, Tunisien de 22 ans, Ali Ziri, Algérien de 69 ans, et Mohamed Boukrourou, Marocain de 41 ans, sont tous morts au cours d’interpellations qui ont mal tournées. Les décès ont eu lieu dans la région parisienne ou en province.
“Dans toutes ces affaires, les agents mis en cause sont à la connaissance d’Amnesty International toujours en fonction et les proches des victimes maintenus dans l’expectative et en souffrance du fait de la lenteur de la procédure”, dit le rapport. Le point commun des cas évoqués est qu’il s’agit de personnes issues “des minorités visibles”.
Pour l’organisation, ces cinq affaires “sont symptomatiques des dysfonctionnements” qu’elle pointe du doigt dans son travail de recherche depuis six ans en France.
Elle cite un usage disproportionné de la force, une tendance à interpeller davantage les personnes étrangères et d’origine étrangère, le manque d’impartialité des enquêtes, la réticence des procureurs à poursuivre des agents de la force publique et des sanctions sans commune mesure avec la gravité des faits.
Tout en disant avoir conscience que les policiers travaillent dans des conditions difficiles, Amnesty international estime que “tout manquement à la déontologie doit faire l’objet d’une enquête impartiale”.
Pour l’ONG, les méthodes d’immobilisation dangereuse doivent être interdites au plus vite, les policiers devraient recevoir une “formation approfondie” sur les droits humains et être suspendus et sanctionnés lorsqu’ils sont mis en cause.
Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser
Reuters