TUNISNEWS
10 ème année,N° 3650 du 21.05.2010
C.R.L.D.H. Tunisie: LE POUVOIR TUNISIEN VEUT CRIMINALISER LA CRITIQUE DE SA POLITIQUE RÉPRESSIVE AISPP: Procès du 20 mai Reporters sans frontières: Taoufik Ben Brik sous haute surveillance à Tunis
NouvelObs: Taoufik Ben Brik se dit « en résidence surveillée » AFP: Le Tunisien expulsé d’Italie est libre de ses mouvements (gouvernement) Turkia Abid : « C’est toute ma vie qui est bouleversée » AFP: Hors-la-loi », efficace thriller politique sur fond de conflit algérien Reuters: Cannes-Bouchareb veut un débat dépassionné sur la colonisation Reuters: Cannes – Des rapatriés manifestent contre « Hors la loi »
AFP: France: Marseille, ville symbole de l’immigration, aura sa grande mosquée
C.R.L.D.H. Tunisie
اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
crldht@gmail.com / www.crldht.org
Communiqué
Sous couvert de pénaliser l’«atteinte aux intérêts vitaux (économiques) de l’État»
LE POUVOIR TUNISIEN VEUT CRIMINALISER LA CRITIQUE DE SA POLITIQUE RÉPRESSIVE,
Le conseil des ministres (tunisien) présidé par M. Ben Ali a examiné, le mercredi 19 mai 2010, un projet de loi visant la réforme de l’article 61 bis du Code pénal tunisien (un des plus longs articles du Code, réprimant l’atteinte préméditée à la sûreté diplomatique, territoriale et militaire de l’État tunisien…), en vue d’y ajouter « l’atteinte aux intérêts vitaux de la nation », et notamment ceux de nature économiques.
Cette initiative « gouvernementale » intervient en réponse aux critiques assénées par les organisations de défense des droits de l’homme au sujet de la prétention du régime tunisien d’accéder au «statut avancé » dans le cadre de son partenariat avec l’Union Européenne (UE). Lesdites organisations (en particulier le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme, REMDH) ont, il est vrai, exigé des instances européennes de soumettre l’octroi de ce fameux « statut avancé » au respect —par les autorités tunisiennes— des droits de l’homme, des principes démocratiques et des règles de bonne gouvernance. Le REMDH qui regroupe plus de quatre-vingt associations appartenant aux pays du pourtour méditerranéen (dont le CRLDHT), ne s’oppose donc pas, par principe, à l’avancement du rang de la Tunisie, mais veut simplement et légitimement que le « statut avancé » ne serve pas de « prime à l’autoritarisme », à l’atteinte aux libertés et au violation systématique des droits de l’homme, tel que le régime tunisien en est devenu l’exemple le plus désolant.
Afin de contraindre au silence les associations et les personnalités tunisiennes qui se sont distinguées dans la défense de cette thèse on ne peut plus légitime [statut avancé contre démocratisation du régime tunisien et respect concret des droits de l’homme], les autorités despotiques tunisiennes n’ont pas trouvé d’autres solutions que d’inventer un nouveau crime, via l’insertion d’une disposition nouvelle dans l’article 61 bis du Code pénal « réprimant tout Tunisien qui établirait délibérément des contacts avec des parties étrangères ayant pour effet de porter atteinte aux intérêts vitaux de la Tunisie ».
Le vice ne s’y serait pas pris autrement pour rendre hommage à la vertu ! Qui plus est un hommage boiteux, car « l’homme ne vit pas que de pain », comme aurait dit le Christ, et que les intérêts vitaux de la Tunisie sont aussi, voire surtout (aujourd’hui plus que jamais), la démocratie, le pluralisme, les droits de l’homme dans toutes leurs dimensions (civiles, politiques, sociales, culturelles et économiques), la lutte contre la corruption et l’impunité…
Est-ce un crime que de dire que le « statut avancé » ne doit pas servir de « prime » à l’autoritarisme ?
Est-ce un crime que de rappeler au régime tunisien ses engagements, jamais honorés, contenus dans l’article 2 de l’accord d’association avec L’UE ?
La prétendue atteinte aux « intérêts vitaux de la Tunisie » n’est-elle pas plutôt perçue comme telle en regard des intérêts de la caste dirigeante qui, non contente d’avoir privatisé les organes de l’État, s’est appropriée ses domaines… pour « cause d’utilité privée » ?
Au nom des « intérêts supérieurs de la Tunisie et de sa sûreté économique », l’on essaye actuellement en Tunisie, d’annihiler —par voie de rejet en marge de la légalité— le dernier carré de contestation internationale et nationale face à l’oppression locale (se faisant à l’abri des « regards indiscrets »)
En effet, après avoir réduit quasiment au silence l’opposition, via l’interdiction d’accès aux moyens d’information de masse et aux espaces publics, accaparés illégitimement par le parti-État RCD, le régime despotique tente aujourd’hui —avec une perversité dont il a seul le secret— d’étendre son pouvoir de contrôle coercitif sur un domaine qui a, jusqu’à présent, échappé à la pénalisation généralisée, à savoir la critique de sa politique antidémocratique au sein des instances internationales ou (régionales) européennes !
On devine presque les noms des personnes visées par une pareille loi scélérate (c’est peu dire que de parler de « loi sur mesure » !). Ils sont d’ailleurs constamment diffamés dans la presse de caniveau à la solde des familles régnantes en Tunisie. Il n’est, si besoin est, que de lire le dernier numéro du journal de caniveau «Al Hadath» qui s’en est pris une fois de plus en des termes abjects à Messieurs Khemaïs CHAMMARI, Kamel JENDOUBI, Madame Sihem BEN SEDRINE, M. Omar MESTIRI M. Kamel LABIDI, …etc. accusés mensongèrement d’« attenter à la sûreté de la Nation (tunisienne) et à ses intérêts vitaux économiques », en évoquant explicitement la dernière réunion du REMDH qui a eu lieu à Madrid, et au cours de laquelle a été dénoncée la complaisance de certaines instances européennes qui taisent les atteintes répétées, systématiques et gravissimes aux droits de l’homme, perpétrées par le régime despotique tunisien…
Après les lois faites sur mesure pour exclure les prétendants (sérieux) à la magistrature suprême, voici venu le temps des lois sur mesure visant à contraindre au silence absolu celles et ceux qui critiquent la détérioration sans précédent de la situation des droits de l’homme en Tunisie, sous couvert d’une mensongère atteinte « aux intérêts vitaux de la Tunisie »!
Face à cette supercherie législative en gestation, le CRLDHT :
- Exprime sa plus vive indignation de l’instrumentalisation de l’outil législatif à des fins politiques
- Considère qu’il n’a pas de leçons de patriotisme à recevoir de ceux qui sont passés « maîtres » dans l’art (indigne) de « vendre » le pays, de privatiser les sociétés publiques au profit des multinationales (étrangères), et de s’approprier illégalement les richesses de la Tunisie,
- Considère qu’à travers ce projet de loi scélérate, la preuve est désormais clairement faite (pour ceux qui en doutaient encore) de ce que le régime anti-démocratique œuvre sans relâche (au vu et en su du monde entier) à restreindre arbitrairement, et toujours davantage, le peu d’espaces de liberté qui existent.
- Réitère ses exigences constantes relativement à « la bonne gouvernance », à la lutte contre la corruption qui gangrène notre économie nationale, et à l’instauration d’un vrai régime démocratique (réellement représentatif) respectueux de tous les droits de l’homme (conformément aux standards internationaux) ; seules vraies garanties de la sûreté nationale et des intérêts vitaux et pérennes de la Tunisie,
Paris le 21 mai 2010
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com Tunis, le 20 mai 2010
-Jeudi 20 mai 2010, la douzième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Ridha Derouiche, a examiné l’affaire n°20169 dans laquelle sont déférés Mahmoud Ben Mohammed Ben Mahmoud Norkmane, né le 6 septembre 1987, en état d’arrestation, Mohammed Ben Salaheddine Ben Salah Ben Hamouda, né le 6 septembre 1987, Hamza Ben Houssine Ben Hamida Taouali, né le 25 mars 1981, Tahar Ben Khemaïs Ben Tahar Tarhouni, né le 21 février 1980,en liberté, et Bilel Ben Mohammed Ben Tahar Dridi, né le 13 décembre 1983, accusés, pour le premier d’adhésion en dehors du territoire de la République à une organisation et à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’incitation à la commission d’infractions terroristes et à l’adhésion à une organisation terroriste. Quant aux autres, ils sont accusés de ne pas avoir immédiatement révélé aux autorités concernées des informations leur étant parvenues concernant la commission d’infractions terroristes. La cour a décidé de reporter l’affaire au 3 juin 2010 à la demande de la commission de la défense composée de Maîtres Ali Grissa, Farid Allagui et Samir Ben Amor. L’accusé principal dans cette affaire vivait en France et il est accusé d’activitsé au sein d’une cellule jihadiste constituée en France et qui envoyait en Afghanistan des jeunes pour le jihad. En première instance il a été condamné à 12 ans d’emprisonnement. – La même chambre a examiné l’affaire n°14691 dans laquelle sont déférés Slim Guenichi, en état d’arrestation, Sami Guenichi et Slim Bouhouche, en liberté, le premier étant accusé d’incitation à adhérer à une organisation terroriste et les autres de n’avoir pas révélé immédiatement aux autorités concernées les informations leur étant parvenues sur la commission d’infractions terroristes. Le tribunal a décidé de reporter l’affaire au 7 juin 2010 à la demande de la commission de la défense. En première instance, les accusés avaient été condamnés à deux ans d’emprisonnement, avec un sursis pour Sami Guenichi et Slim Bouhouche. – Le jeune Thabet Ben Abdallah Ben Ali Kallaï, né le 30 décembre 1988, a été déféré devant cette même chambre pour n’avoir pas révélé aux autorités concernées les informations en sa possession concernant la commission d’infractions terroristes. Le tribunal a levé la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement. En première instance, il avait été condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis. – Le jeune Saber Ben Mohammed Ben Khelifa Sassi, né le 14 avril 1979, a lui aussi été déféré devant cette chambre pour n’avoir pas immédiatement révélé aux autorités concernées les informations lui étant parvenues sur la commission d’infractions terroristes. La cour a décidé de reporter l’affaire au 27 mai 2010 à la demande de la commission de la défense composée de Maîtres Abdelfattah Mourou, Imène Triki et Wissem Ben Achour. En première instance, l’accusé avait été condamné à deux ans d’emprisonnement. Pour la commission de suivi des procès politiques Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
REPORTERS SANS FRONTIERES COMMUNIQUE DE PRESSE 21.05.2010
TUNISIE Taoufik Ben Brik sous haute surveillance à Tunis
Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik, récemment libéré après avoir purgé une peine de six mois de prison, est sous haute surveillance à Tunis, où il habite. « Je suis suivi en permanence par des policiers en civil. Ils me devancent même. Lorsque je vais chez le coiffeur, ils sont là aussi », a-t-il expliqué à Reporters sans frontières. « Taoufik Ben Brik a purgé sa peine de prison. Rien ne justifie aujourd’hui que des agents des forces de l’ordre soient postés en permanence devant son domicile et le suivent lors de ses déplacements. C’est du harcèlement. Les autorités tunisiennes n’ont cessé de vouloir nous expliquer que Taoufik Ben Brik était un détenu de droit commun, responsable d’une agression. Est-ce que tous les anciens détenus de droit commun sont, comme lui, surveillés constamment après leur sortie de prison ? Toute cette affaire, depuis le début, est une vraie mascarade. Il est temps que le pouvoir tunisien laisse Taoufik Ben Brik tranquille », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Incarcéré le 29 octobre 2009, après la publication d’articles critiques envers le régime du président Ben Ali dans deux médias français, Le Nouvel Observateur et le site Mediapart, Taoufik Ben Brik avait été condamné à six mois de prison, le 26 novembre 2009, dans une affaire montée de toutes pièces. (http://fr.rsf.org/tunisie-la-cour-d... <http://fr.rsf.org/tunisie-la-cour-d-appel-confirme-la-30-01-2010,36252.html> ) Il a été libéré le 27 avril 2010. Deux jours plus tard, il est venu à Paris, accompagné du secrétaire général de Reporters sans frontières. Il avait tenu une conférence de presse à 15h, à son arrivée à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, lors de laquelle il avait déclaré être prêt à dialoguer avec le président Ben Ali. (http://fr.rsf.org/tunisie-taoufik-b... <http://fr.rsf.org/tunisie-taoufik-ben-brik-a-paris-pret-a-30-04-2010,37324.html> )
Taoufik Ben Brik se dit « en résidence surveillée »
20/05/10 18:18 « Deux voitures banalisées sont en permanence devant chez moi. J’ai très peur », confie l’opposant tunisien, libéré récemment. Sorti de prison le 27 avril dernier, le journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik a expliqué à Nouvelobs.com, jeudi 20 mai, son désarroi. Le journaliste se dit « en résidence surveillée ». « Deux voitures banalisées sont en permanence devant chez moi, ainsi que deux motards. A chaque fois que je me rends quelque part, chez le coiffeur ou chez le médecin, ils me précèdent… » Ils ? « Des gens des services spéciaux, des renseignements. Ils sont rattachés au ministère de l’Intérieur, donc à la présidence » de Ben Ali. « J’ai très peur de ces gens-là », répète Taoufik Ben Brik. « Peut-être préparent-ils quelque chose contre moi… C’est comme une épée de Damoclès qui me suit. Je suis leur proie. » « Je suis sorti d’un zoo, et me voilà dans une réserve », insiste-t-il, évoquant ses six mois passés en prison. Interrogé sur sa vie depuis sa sortie de prison, le journaliste explique qu’il n’a « pas encore repris » ces écrits contestataires mais que « cela ne saurait tarder ». « Je suis sorti de prison malade, esquinté. Je me suis reposé », raconte-t-il. Taoufik Ben Brik est atteint du syndrome de Cushing (maladie dégénérative des défenses immunitaires). Par contre, le dissident tunisien note que Ben Ali n’a pas encore tenté de le contacter depuis sa sortie de prison. « Il m’a contacté durant mon procès, pendant ma détention. Il cherchait à négocier. Il m’a même fait miroiter un poste de ministre si j’acceptais d’arrêter mes écrits sur lui et sa famille. Mais j’ai refusé », rapporte-t-il. (Boris Manenti – Nouvelobs.com)
(Source: Nouvelobs.com le 20 mai 2010)
Cette vidéo sur “France 24″ est illégalement censurée en Tunisie.
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(*) Les mots entre guillemets sont empruntés à Victor Hugo : Poésie, Œuvres complètes, vol. V,“Les chants du crepuscule”, p.164. Paris, éd. Eugène Renduel,1835.
PS: Deux définitions extraites du Robert de la langue française: – Cornard : “Vulg. et méprisant Imbécile, crétin.[…]“.
– Hypocrite : “Adj. (Personnes) Qui se comporte avec hypocrisie. ➙ artificieux, dissimulé, double, faux, menteur, sournois […] Courtisan hypocrite.”
(Source: nawaat.org (Censuré en Tunisie), le 20 mai 2010)
Le Tunisien expulsé d’Italie est libre de ses mouvements (gouvernement)
AFP, le 20 mai 2010 à 22h01 TUNIS, 20 mai 2010 (AFP) – Le Tunisien expulsé d’Italie contre l’avis de la Cour européenne des droits de l’Homme (Cedh) et du Conseil de l’Europe, est libre et pas poursuivi en justice, a indiqué jeudi une source gouvernementale à Tunis. Mohamed Mannai, expulsé début mai vers la Tunisie par les autorités italiennes au terme d’une condamnation à cinq ans d’emprisonnement « se trouve en état de liberté et ne fait pas l’objet de poursuites judiciaires », selon un communiqué de cette source transmis à l’AFP. La position du secrétaire général du Conseil de l’Europe Thorbjorn Jagland, hostile à l’extradition du ressortissant tunisien par l’Italie vers son pays d’origine, a été rejetée de même source. Le Conseil de l’Europe avait déploré jeudi l’extradition de M. Mannai malgré un avis de la Cedh estimant qu’il risquait des mauvais traitements en Tunisie. « Les propos attribués au secrétaire général du Conseil de l’Europe ne sont aucunement justifiables », a estimé la source gouvernementale, assurant que l’avis de la Cedh évoquant un risque de torture en Tunisie « ne se fonde sur aucune donnée objective, encore moins sur des faits matériels de nature à étayer un tel avis ». « Il est totalement inadmissible que la Cedh ou des responsables européens ignorent ces réalités ou fassent croire sans aucune justification plausible, qu’une quelconque menace pèserait sur les Tunisiens extradés », a-t-on protesté. L’expulsion de M. Mannai a eu lieu après celle récente de Mourad.
Turkia Abid : « C’est toute ma vie qui est bouleversée »
Le 2 juin prochain, Mohammed Zyed Abid aura passé cinq ans en prison, soit la moitié de la peine à laquelle il a été condamné. La loi prévoit qu’il pourrait demander une libération conditionnelle. A cette occasion, sa mère, Turkia Abid, revient sur ces cinq longues qui ont vu son fils condamné à l’emprisonnement en vertu des dispositions de la loi anti terroriste du 10 décembre 2003.
* Turkia Abid, votre fils aurait pu demander au juge d’exécution des peines de la prison de Mornaguia à être admis au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 2 juin prochain. Il semblerait que cela n’ait pas été possible, pourquoi ?
Mon fils a demandé au juge d’exécution des peines de la prison s’il peut bénéficier de la libération conditionnelle mais ce dernier l’a informé qu’il ne s’intéresse qu’à ceux qui sont condamnés à huit mois de prison au maximum.
* Vous avez été le soutien de votre fils depuis son arrestation, survenue alors qu’il était étudiant en seconde année de mathématiques et vous avez lutté pour qu’il puisse reprendre ses études, en vain semble-t-il ?
Mon fils était brillant durant toute sa scolarité, et son rêve était de continuer ses études jusqu’au bout ; alors j’ai pensé à l’aider pour qu’il puisse réaliser ce rêve. L’année dernière, le 26 décembre 2009, j’ai déposé une demande à l’administration générale des prisons, pour l’obtention d’une permission d’inscrire mon fils à la faculté et pour qu’il puisse se procurer tous les documents nécessaires à ses études. Mais je n’ai pas eu de réponse jusqu’à maintenant bien que j’ai fait d’autres rappels, le dernier remontant au 5 mai 2010.
Mon fils est très attaché à ses études, à son tour il essaie de trouver une solution pour reprendre ses études; c’est sa revendication principale mais il s’est à chaque fois heurté au refus de l’administration.
* Mohammed Zyed a été condamné à une peine de dix ans d’emprisonnement. Le juge a eu la main bien lourde… Son arrestation a été entachée d’irrégularités et le mot est faible, son frère a été arrêté à sa place, son père a dû le piéger, le procès verbal mentionne une date d’arrestation fictive… quelles conséquences cette tragédie a eu sur votre famille, sur votre vie quotidienne ? En quoi votre vie personnelle a-t-elle été affectée ?
Je suis une mère touchée au plus profond de son âme. Ce que j’endure, à tous les niveaux, est au-delà du supportable. Il n’est pas facile pour une mère de survivre à une telle tragédie : mon fils, le plus jeune, est en prison et voilà déjà cinq ans, pour des accusations non fondées. D’ailleurs, sa brillante scolarité témoigne de son parcours exemplaire.
Ce qui est arrivé à mon fils m’a anéantie malgré ma patience et mon endurance sans pareilles.
Mon fils, Mohammed Zyed, est en prison : c’est toute ma vie qui est bouleversée. J’affronte cette pénible situation sans perdre l’espoir, de l’espoir que j’essaie de communiquer à mes autres enfants autant que possible. Ils vivent les moments les plus sensibles de leurs vies et souffrent autant que moi.
Ni mon âge, ni ma situation sociale ne me permettent de supporter encore une telle cruauté. Ce sentiment d’injustice me ronge le cœur et les nerfs…..
Après ces cinq ans de détention, ma famille est épuisée ; on a beaucoup souffert de l’injustice !!!
Son père a été traumatisé dés le prononcé de ce jugement injuste et pénible ; il est retraité, malade : il n’a plus la force de se tenir pour pouvoir résister. Actuellement il est atteint de la maladie de Parkinson, il reçoit quotidiennement une dizaine de médicaments et il présente un comportement dépressif.
Propos recueillis le 20 mai par Luiza Toscane
Hors-la-loi », efficace thriller politique sur fond de conflit algérien
AFP, le 21 mai 2010 à 16h37 » Par Rebecca FRASQUET CANNES (France), 21 mai 2010 (AFP) – Objet de virulentes critiques en France avant même sa projection vendredi à Cannes, « Hors-la-loi » est un thriller politique efficace, retraçant le destin de trois frères déchirés par la guerre d’Algérie, une lutte d’indépendance que le Franco-algérien Rachid Bouchareb qualifie de sale mais juste. Dans cette production algéro-franco-belge, présentée sous pavillon algérien, Rachid Bouchareb adopte sans ambiguïté le point de vue du peuple algérien, en ce qui concerne notamment l’histoire des massacres de Sétif, dans l’est de l’Algérie, en 1945. Entre 15.000 Algériens, selon des historiens français, et jusqu’à 45.000, selon des historiens algériens, ont été tués par l’armée française en répression de manifestations pro-indépendantistes qui ont dégénéré. Il y a eu plus de 100 morts parmi les Européens. Le film a été dénoncé par plusieurs élus de l’UMP, le parti du président Nicolas Sarkozy, l’extrême droite, des associations d’anciens combattants de la guerre d’Algérie, de harkis (anciens supplétifs musulmans de l’armée française) et de pieds-noirs (Français partis d’Algérie après l’indépendance en 1962). Ils accusent Rachid Bouchareb de « falsifier » l’histoire. Le chef du Front national (extrême droite) Jean-Marie Le Pen, a dénoncé dans son blog vidéo un « film à la gloire des égorgeurs du FLN (Front de libération nationale, algérien) », une « insulte permanente à l’armée française, à nos morts ». Montré dans des conditions de sécurité renforcées avec des policiers autour du palais des festivals par crainte de troubles, le film a été applaudi par la presse. A l’extérieur, au même moment, une manifestation mêlant associations de rapatriés et militants du FN, visant à rendre hommage aux « victimes françaises » de la guerre d’Algérie et des massacres de Sétif, rassemblait plus d’un millier de personnes. Vendredi en soirée, les acteurs Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem et Bernard Blancan devaient fouler le tapis rouge, quatre ans après leur prix d’interprétation collective pour « Indigènes », du même réalisateur. Ce dernier avait alors exhumé l’histoire oubliée des combattants des colonies françaises pendant la Seconde Guerre mondiale. En Algérie, où le film a été projeté vendredi en avant-première, l’historien Mohamed El-Korso a estimé que « la France avait peur de sa propre histoire ». Rachid Bouchareb a pour sa part défendu le droit d’aborder, au cinéma, « tous les sujets ». Tourné dans quatre pays (Algérie, Tunisie, France, Belgique) pour 20 millions d’euros, « Hors-la-loi » est « aussi un western » et « une grande saga », a-t-il souligné. A Sétif en 1925, les Souni, de modestes agriculteurs algériens sont expropriés au profit d’un voisin français et sont chassés, humiliés. On retrouve leurs trois fils adultes, Messaoud (Roschdy Zem), Abdelkader (Sami Bouajila) et Saïd (Jamel Debbouze) le 8 mai 1945. En ce jour de célébration de la victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie, les festivités tournent au bain de sang à Sétif : parce qu’un drapeau algérien a été brandi accompagné d’appels à l’indépendance, les soldats ouvrent le feu. Les cadavres de manifestants jonchent les rues. Cette tragédie scelle les destins des trois frères. Abdelkader purge une peine de prison pour ses activités politiques, Messaoud rejoint l’armée française en Indochine. Le plus jeune, Saïd, et leur mère (Chafia Boudraa), émigrent en France. Dans un bidonville proche de Paris, Saïd devient un malfrat. Libéré, Abdelkader recrute pour le FLN, qui prône la lutte armée, et fait bientôt de son frère aîné, l’ex-soldat Messaoud, un tueur chargé de décimer les rangs du Mouvement national algérien (MNA), rival jugé trop modéré. Le film montre aussi le soutien de Français au FLN, engagé dans une violence sanglante contre celle des forces de l’ordre françaises.
Cannes-Bouchareb veut un débat dépassionné sur la colonisation
Reuters, le 21 mai 2010 à 15h22 par Wilfrid Exbrayat CANNES, 21 mai (Reuters) – « Hors la loi », film qui brigue la Palme d’Or du 63e Festival de Cannes sous la bannière algérienne, doit permettre d’ouvrir un débat dépassionné sur le passé colonial de la France, de l’avis de Rachid Bouchareb. Rachid Bouchareb, le réalisateur de « Hors la loi », estime que son film, qui brigue la Palme d’Or du 63e Festival de Cannes sous la bannière algérienne, doit permettre d’ouvrir un débat dépassionné sur le passé colonial de la France. (Reuters/Jean-Paul Pélissier) Le cinéaste franco-algérien, dont le précédent long métrage « Indigènes » avait valu à ses acteurs un Prix d’interprétation collectif à Cannes en 2006, s’est dit « attristé, peiné » de la polémique que « Hors la loi » a suscitée dès avant sa projection sur la Croisette vendredi. Ce film, qui évoque notamment les émeutes du 8 mai 1945 à Sétif, est vivement critiqué par certains milieux rapatriés. Le député UMP Lionnel Luca, avant d’avoir vu le film, a dénoncé une vision « antifrançaise » et « hémiplégique ». L’élu relève que l’oeuvre a été financée « à plus de 50% » par l’Etat français. Un millier de personnes, dont des députés, ont manifesté vendredi matin à Cannes pour protester contre la projection du film. Les acteurs Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila, déjà présents dans « Indigènes » ont repris du service – le second film s’inscrivant dans le prolongement du premier -, jouant les trois frères d’une famille expulsée de sa terre dans les années 20. Après les massacres de Sétif, Saïd (Jamel Debbouze) émigre en France avec sa mère et fait fortune dans le milieu de Pigalle et de la boxe. Il est rejoint par ses frères Messaoud (Roschdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila). Messaoud est rescapé de la guerre d’Indochine, tandis qu’Abdelkader va devenir un idéologue pur et dur du Front de libération nationale (FLN) algérien. Il va être aidé dans ses tâches de recrutement par Messaoud, tandis que Saïd fera cavalier seul. « OEUVRE DE FICTION » « Ce film est plutôt destiné à ouvrir un débat dans la sérénité », a dit Rachid Bouchareb lors d’une conférence de presse, remerciant le délégué général du festival, Thierry Frémaux, d’avoir accueilli le film malgré les pressions que, selon le cinéaste, ce dernier a subies. « Que ça suscite une telle violence autour du film, j’estime que c’est exagéré, que sans avoir vu le film, on dise tellement de choses autour du film… J’ai été un peu attristé, un peu peiné ». « Mon film n’est pas là pour provoquer des affrontements mais bien au contraire pour ouvrir un débat et qu’enfin tout le monde puisse s’exprimer autour du film et que demain une page se tourne », a ajouté Rachid Bouchareb, soulignant que son intention première dans ce film n’avait pas été de « crever un abcès ». « Ouvrons le débat, dans la sérénité », a-t-il dit. Se défendant d’avoir voulu faire un film « antifrançais », une épithète qui avait également stigmatisé « Indigènes », Rachid Bouchareb a rappelé que « Hors la loi » était « coproduit par deux ministères, sur la même idée, sur le même projet ». Le film est une coproduction entre cinq pays, France, Algérie, Belgique, Tunisie et Italie, et le nombre d’organismes publics étant intervenus est assez impressionnant, du CNC au ministère algérien de la Culture en passant par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, entre autres. « Hors la loi » n’a pas vocation à être une analyse historique, c’est une oeuvre de fiction, a insisté le cinéaste. Avant d’ajouter: « Je ne discuterai pas avec les gens qui veulent faire du film un champ de bataille et l’utiliser pour des raisons personnelles ». Dans ce climat tendu, Jamel Debbouze est venu apporter sa touche d’humour personnelle. « Quand ils (les producteurs) le (Bouchareb) voient arriver, ils ont l’impression de voir arriver Al Qaïda cinéma », a-t-il plaisanté, au sujet du processus de production de « Hors la loi ». Ou plus provocant encore: « Moi aussi, je me suis fait violer par Roman Polanski quand j’avais 16 ans ». Édité par Sophie Louet REUTERS
Cannes – Des rapatriés manifestent contre « Hors la loi »
Reuters, le 21 mai 2010 à 15h23 CANNES, 21 mai (Reuters) – Environ 1.500 vétérans de la guerre d’Algérie, rapatriés d’Afrique du Nord et anciens harkis ont manifesté vendredi à Cannes pour protester contre « Hors la loi », le film de Rachid Bouchareb. Plusieurs élus UMP, dont le maire de Cannes Bernard Brochant, et une délégation du Front national se sont joints aux manifestants venus rendre hommage aux « victimes françaises » de la guerre d’Algérie. Projeté dans le cadre de la compétion officielle, le film évoque notamment la répression sanglante d’émeutes nationalistes le 8 mai 1945 à Sétif. Un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, des historiens estiment que les massacres de Sétif ont fait entre 2.000 et 15.000 morts du côté algérien, et une ou plusieurs centaines de victimes du côté européen. Le cinéaste a insisté pour sa part sur le fait que son film était une fiction. Mais les manifestants rassemblés entre le parvis de l’hôtel de ville et le monument aux morts estiment que Rachid Bouchared « bafoue la vérité historique. » Plusieurs brandissaient des pancartes proclamant: « Pour le respect de l’Histoire de la France » ou encore « Porteurs de valises assassins ». Parmi les élus présents, béret vert de la légion sur la tête, figurait l’ancien maire de Nice Jacques Peyrat, qui a été membre du Front national puis de l’UMP. « A Sétif ce sont des Français et des Algériens fidèles à la France qui ont d’abord été massacrés par des Algériens favorables à l’indépendance – 904 morts – et ce n’est qu’après que l’armée française a répliqué », a-t-il dit aux journalistes. « Il est faux de prétendre que 45.000 Algériens ont été exterminés », a-t-il ajouté, évoquant un chiffre avancé par le gouvernement algérien. Le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca était l’un des rares opposants à avoir vu le film, vendredi matin. « Ce film est une falsification historique des événements de Sétif, la version donnée est même insultante pour notre pays, c’est un film qui n’est là que pour attiser la haine », a-t-il dit. « On ne peut pas laisser croire qu’à Sétif, et en Algérie en général, les Français étaient des salauds, les militaires français des SS, et la police la Gestapo, c’est insupportable ». Pour Lionnel Luca, « Hors la loi » est « une caricature derrière laquelle il va être indispensable d’organiser un débat, parce que l’Histoire ne peut pas être réécrite impunément. » La manifestation, encadrée par un important cordon de gendarmes mobiles, policiers et CRS, s’est disloquée sans incident en début d’après-midi au son du « chant des Africains », l’hymne de l’armée d’Afrique repris pendant la guerre d’Algérie par les rapatriés. (Pierre Thébault, édité par Gérard Bon)
France: Marseille, ville symbole de l’immigration, aura sa grande mosquée
AFP, le 20 mai 2010 à 17h29 Par Eloi ROUYER MARSEILLE (France), 20 mai 2010 (AFP) – – La ville de Marseille (sud-est), symbole de l’immigration d’Afrique du Nord, a lancé jeudi les travaux d’une grande mosquée, dotée d’un minaret de 25 mètres de hauteur, en plein débat en France sur la place de l’islam dans la société. La première pierre de la Grande mosquée de Marseille a été posée jeudi dans le nord de la ville, mais l’association chargée de sa construction doit encore résoudre la difficile équation du financement des travaux. « Ce projet a été long à se mettre en route mais son aboutissement ne fait plus aucun doute », s’est félicité Nourredine Cheikh, président de l’association « La Mosquée de Marseille ». « Je suis confiant dans l’avenir, je demande à tous les musulmans, particulièrement ceux de Marseille, de bien mesurer l’enjeu fondamental que constitue notre mosquée pour se rassembler, accompagner jusqu’au bout sa construction et la défendre », a poursuivi M. Cheikh. La pose de cette première pierre ne constitue qu’une nouvelle étape avant le début effectif des travaux « en février 2011 » pour une « livraison du bâtiment prévue en janvier 2012 et l’ouverture au public en octobre 2012″, selon Maxime Repaux, l’un des architectes du projet. La communauté musulmane représente plus de 200.000 personnes dans une ville qui compte environ un million d’habitants. Elle attend cette grande mosquée depuis 60 ans, selon ses responsables. La Grande mosquée et sa salle de prière de 2.500 m2 doivent être érigées sur le site d’anciens abattoirs situés dans le nord de la ville, sur un terrain de 8.600 m2 que l’association loue à la ville pour 24.000 euros l’année. Cette pose de la première pierre intervient au lendemain de l’adoption par le gouvernement français d’un projet de loi interdisant le port par les femmes du voile islamique intégral. Ce texte a suscité un malaise dans la communauté musulmane de France, la plus nombreuse d’Europe avec 5 à 6 millions de membres, qui craint d’être ainsi stigmatisée. Cette question sur le port du voile intégral fait suite à un grand débat sur l' »identité nationale », lancé à la fin de l’an dernier par le gouvernement et qui a été vécu comme un débat sur l’immigration et la place de l’islam en France. La question des minarets, interdits par referendum en Suisse, s’est aussi posée en France, mais le débat a pris très peu d’ampleur. « Cette pose de première pierre était symbolique pour réunir dans une grande cérémonie l’ensemble des pays musulmans et finaliser les engagements et la participation des différents Etats qui doit se faire, je pense, dans les prochains mois », a expliqué M. Cheikh. Au total, l’association doit trouver 22 millions d’euros. Jeudi, les consuls généraux du Sénégal, d’Egypte, d’Indonésie, de Tunisie, du Maroc, de la Syrie, du Liban, de la Libye et de la Turquie étaient présents. Une réunion entre eux et les représentants de l’association devait se tenir pour dessiner les contours des engagements des Etats, selon Makhete Cissé, vice-président de l’association. L’ambassadeur d’Algérie, Missoum Sbih, était également venu à Marseille. « C’est pour montrer son attachement aux valeurs de l’islam et témoigner de l’importance qu’elle accorde à la communauté algérienne qui vit à Marseille et sa région, que l’Algérie a décidé de s’associer à l’effort collégial pour que ce projet voit finalement le jour », a déclaré M. Sbih. « La disponibilité de mon pays reste entière pour contribuer au succès de ce projet au plan moral, financier et matériel, mais aussi par la mise à disposition, le moment venu, des ressources humaines adéquates, en particulier des imams formés, maîtrisant aussi bien la langue arabe que la langue française », a-t-il ajouté. AFP