22 février 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2102 du 22.02.2006

 archives : www.tunisnews.net


Comité du 18 Octobre : Appel au rassemblement du 24 fevrier 2006 Comité du 18 Octobre : Appel à l’opinion nationale et internationale AFP: Tunisie: des opposants dénoncent des atteintes à la liberté de réunion APF: Aucun cas de grippe aviaire en Tunisie, selon le ministre de l’Agriculture Reuters: Mauritanie -La junte veut mieux vendre ses ressources naturelles AFP: Un général israélien affirme qu’Abdallah II pourrait être « dernier roi de Jordanie » Arab and Westerner  intellectuals appeal L’Intelligent: Tunisie: Universités privées en panne L’Intelligent: Opération Maghreb L’Intelligent: « On a enlevé le casque, mais la tête reste coloniale » Le Monde : Al-Jazira va lancer une chaîne en anglais ambitieuse… et ambiguë Le Monde : El-Ayoun TV, une télévision régionale au Sahara occidental

 
 

APPEL AU RASSEMBLEMENT DU 24 FEVRIER 2006

 

Le « Comité du 18 Octobre pour les Droits et les Libertés des tunisiens et tunisiennes »
Demande à tous les tunisiens et tunisiennes d êtres présents au Rassemblement ce Samedi 24 Février à 15 H au siège du FDLT rue d’Angleterre (perpendiculaire à la rue Jamel Abdenaceur et en face de la poste tunisienne)
Pour revendiquer en la circonstance :
– Nos libertés de réunion, de manifestation et d’_expression; – Nos droits à la constitution de partis et d’associations ; – L’arrêt des harcèlements judiciaires contre la LTDH,contre l’AMT (Association des magistrats tunisiens) et contre notre jeunesse (zarzis, ariana, binzert, menzel bourguiba, etc…)   La défense de nos libertés et de nos droits est trop importante pour la laisser s’étouffer par une police aux ordres de la dictature et de la mafia. Les actions de défense de nos Libertés et de nos Droits doivent dépasser nos différences et nos contradictions.
Rassemblons nous pour nos Droits et nos Libertés. Rejoignez-nous à 15h ce samedi 24 février 2006.


  C/18/OCTOBRE.

Appel à l’opinion nationale et internationale

Tunis le 21/02/06 Nous, membres du  « Comité du 18 Octobre pour les Droits et les Libertés des tunisiens et tunisiennes », avons demandé à tous les tunisiens et tunisiennes d êtres présents au Rassemblement ce Samedi 24 Février à 15 H au siège du FDLT rue d’Angleterre (perpendiculaire à la rue Jamel Abdenaceur et en face de la poste tunisienne)
Pour revendiquer en la circonstance :
– Nos libertés de réunion, de manifestation et d’_expression; – Nos droits à la constitution des partis et des associations ; – L’arrêt des harcèlements judiciaires contre la LTDH,contre l’AMT (Association des magistrats tunisiens) et contre notre jeunesse (zarzis, ariana, binzert, menzel bourguiba, etc…)   Etant donné que ce sera un rassemblement pacifique pour lequel nous avons demandé une autorisation préalable auprès des autorités compétentes, que nous n’avons pas l’intention de rentrer en confrontation avec la police du régime. Que nous n’avons pas l’intention de perturber l’ordre public.  Cependant, nous avertissons l’opinion publique nationale et internationale que si dérapage aurait (interdiction du rassemblement et de l’accès aux locaux du FDLT, bouclage des rues et des artères, etc…) ce sera la faute du régime et de sa police.
Car nous sommes déterminés à faire valoir nos droits les plus élémentaires.
Ceci dit, nous demandons à ce que chacun prend sa responsabilité et user de ses influences auprès des autorités pour que ce rassemblement ne dégénère pas et puisse se faire dans l’ordre .   Pour C/18/OCTOBRE


Tunisie: des opposants dénoncent des atteintes à la liberté de réunion

 

AFP, mardi 21 février 2006

TUNIS – Des opposants tunisiens ont accusé mardi les autorités de les empêcher de se rassembler et dénoncé une atteinte au droit et à la liberté de réunion dans un contexte de « verrouillage politique total ». Des représentants du « Collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » s’exprimaient au cours d’une conférence de presse dans les locaux du Parti démocratique progressiste (PDP, légal), dont l’accès était interdit par des policiers aux membres du collectif étranger à ce parti.

 

Ils ont en outre annoncé dans un communiqué le lancement d’une « campagne de protestation » pour défendre le droit de réunion et prévu un rassemblement vendredi prochain dans les locaux du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT), parti d’opposition légal membre du collectif. Le collectif du 18 octobre a été créé autour de huit opposants qui avaient observé une grève de la faim de plus d’un mois, en octobre et novembre 2005 à Tunis, avant de suspendre leur mouvement durant le Sommet mondial sur la société de l’information. Ce collectif regroupant des opposants de diverses tendances, y compris pour la première fois des opposants islamistes, reprend les revendications des grévistes pour le respect des libertés d’association et de presse, ainsi que l’élargissement des « prisonniers politiques ».

 

Ex-gréviste et secrétaire général du PDP, Néjib Chebbi, a dénoncé une « escalade », accusant les autorités de se livrer à « un verrouillage politique total, en empêchant toute activité associative ou politique indépendante ».  « L’état des droits et libertés en Tunisie est effarant », a-t-il dit. Le chef du FDLT, Mustapha Ben Jaâfar, a dénoncé, de son côté, l’existence en Tunisie d' »un état d’urgence qui ne dit pas son nom », affirmant que « le régime a renforcé le verrouillage de la scène politique ». Le collectif du 18 octobre avait dénoncé l’empêchement d’une réunion le 25 janvier dernier au siège du FDTL.

 

Les autorités ont assuré de leur côté que le FDLT, le PDP ainsi que les cinq autres partis d’opposition « mènent toutes leurs activités librement et sans entrave ». La conférence de presse tenue mardi « par ces deux partis politiques offre en elle-même un cinglant démenti aux allégations démagogiques de leurs dirigeants », a indiqué une source officielle.

 

AFP


 

Aucun cas de grippe aviaire en Tunisie, selon le ministre de l’Agriculture

 

APF 4 – 22.02.2006 00:29

TUNIS (AP) — Aucun cas de grippe aviaire n’a été enregistré en Tunisie, a affirmé mardi le ministre tunisien de l’Agriculture Mohamed Habib Haddad.

 

Les 38.000 tests qui ont été effectués ont montré l’absence de grippe aviaire dans le pays, a précisé M. Haddad lors d’un débat parlementaire.

 

Autre signe de cette situation favorable, selon le ministre tunisien, « la confiance » que continue de témoigner l’Union européenne à la Tunisie, seul pays arabe à exporter son produit avicole vers le Vieux continent.

 

Toujours est-il que les appréhensions suscitées par l’épizootie de grippe aviaire a causé une chute de la consommation de la viande de volaille en Tunisie dans une proportion de plus de 40%, selon les chiffres parus dans la presse locale.

 

Pour aider à l’atténuation de la crise à laquelle font face les éleveurs, le ministre a annoncé l’acquisition par le gouvernement de 4.000 tonnes de viande de volaille en vue de les stocker, outre la recherche de nouveaux marchés pour la commercialisation de la production.

 

Quant à l’endettement des producteurs, il sera traité « au cas par cas », a-t-il ajouté, en appelant les Tunisiens à consommer le poulet local qui est « sain ».

 

Associated Press


Tunisie Expatriation légale

Profitant d’une législation fiscale favorable aux entreprises non résidentes, la société française Overseas Works Solutions (OWS) propose aux ingénieurs et techniciens tunisiens un service inédit : des contrats de travail ponctuels à l’étranger (Afrique et Moyen-Orient, principalement), dans de nombreux secteurs : industrie, travaux publics, énergie, télécoms, etc. Une cinquantaine de cadres ont déjà été recrutés, et OWS compte tripler ses effectifs d’ici à 2007.  (Source : JA/L’Intelligent N°2354 du 19 au 25 février 2006)


Italy’s foreign ministers raises death toll of last week’s cartoon protests in Libya

Associated Press, le 22.02.2006 à 12h06 ROME (AP) _ Italy’s foreign minister said Wednesday that 14 people died during riots over Prophet Muhammad cartoons in front of the Italian consulate in Libya last week _ three more than previously reported. Gianfranco Fini said that citizens from foreign countries were also believed to have died in the riots Friday. The minister, addressing lawmakers, did not elaborate and cited «official Libyan sources». Associated Press


 

Le livre de M. Houcine Mhamdi est en vente à Paris

 

Veuillez lire le livre qui met à nu Ben Ali et son régime a travers toutes les politiques et surtout sa politique médiatique et extérieure. Le livre est à base de documentation.

 

Veuillez en faire connaissance.

 

mon livre vient d’être mis en vente il y a une heure dans deux librairies parisiennes :

 

1- Librairie du Monde Arabe, 220, rue Saint Jacques, Paris 5°

 

2- Librairie Averroès, 7, boulevard Saint Germain, Paris 5°

 

Prix de vente : 14 euros, 215 pages

 

j’a’ttends votre soutien.

merci

 

Houcine Mhamdi

 

(Source: Message reçu De M. Mhamdi le 22 février 2006 à 08:37:33, heure de Tunis)

 

 

Mauritanie -La junte veut mieux vendre ses ressources naturelles

par Nick Tattersall Reuters, le 22.02.2006 à 11h22 NOUAKCHOTT, 22 février (Reuters) – Six mois après sa prise de pouvoir sans effusion de sang, la junte militaire de Nouakchott s’emploie à revaloriser les termes de l’échange avec les partenaires étrangers qui lui achètent ses ressources naturelles, afin de faire reculer la pauvreté. Indépendante depuis 1960, la République islamique de Mauritanie possède des richesses halieutiques, du minerai de fer et du pétrole, dont elle va commencer à extraire ce mois-ci la première goutte. Mais ses habitants sont parmi les plus pauvres du monde, près des deux tiers vivant avec deux dollars par jour ou moins. Les chalutiers européens se livrent à une véritable razzia parmi les bancs de poissons qui foisonnent au large de ce pays largement désertique, menaçant le niveau de vie des 30.000 pêcheurs locaux et les contrats pétroliers passés par l’ancien régime sont jugés déséquilibrés. « Dorénavant, tous les nouveaux contrats seront conclus dans les intérêts du pays, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé », a déclaré mardi à Reuters le colonel Mohamed ould Abdelaziz, leader du coup d’Etat d’août dernier. « Nous établirons un exemple à suivre par les gouvernements suivants », a précisé ce membre du conseil militaire qui a renversé le régime impopulaire et autoritaire du président Maaouya ould sid’Ahmed Taya mais promis de remettre le pouvoir aux civils l’an prochain. En attendant l’élection présidentielle prévue en mars 2007, le conseil militaire s’en est remis à un gouvernement de technocrates pour assurer la transition et combattre la corruption. Mais la tâche est immense. Le Fonds monétaire international a approuvé en décembre l’annulation de la dette de 19 pays pauvres, mais la Mauritanie n’a pas fait partie du continent en raison de la dérive sensible de ses dépenses publiques. « L’ARGENT DU PETROLE IRA AUX MAURITANIENS » « Nous nous sentions riches. Nous pensions avoir une économie forte. En fait, elle était pourrie jusqu’à l’os. C’était comme une vitrine de boulangerie débordant de belles boîtes, mais dont tout à l’intérieur est rassis », dit un haut responsable à propos de l’ancien régime. La Mauritanie espère rejoindre le club des pays africains producteurs de pétrole ce mois-ci avec le premier pompage de son gisement offshore de Chinguetti. S’assurer que la future manne pétrolière soit rigoureusement gérée était l’une des raisons du coup d’Etat d’août dernier, a affirmé Abdelaziz. « Sur le plan économique, c’était une totale catastophe, la corruption massive. Le système en place n’aurait pas garanti que les revenus pétroliers soient proprement gérés », a-t-il assuré. Le gouvernement transitoire cherche notamment à modifier des amendements à un contrat de partage de production conclu avec la compagnie pétrolière australienn Woodside Petroleum Ltd. par l’ancien ministre du Pétrole actuellement en prison pour fraude. Ces amendements réduisent la part de revenus de la Mauritanie, octroient à la compagnie australienne des exonérations fiscale exorbitantes et un monopole d’exploration de plusieurs années. Woodside affirme pour sa part la validité de ces dispositions. Le gouvernement cherche aussi à renégocier les licences de pêche accordées à l’Union européenne, estimant que la valeur des prises des pêcheurs des pays de l’UE représente cinq fois les revenus qu’en tire l’Etat. Au sujet des craintes que les militaires renoncent finalement à rendre le pouvoir aux civils une fois qu’il rouleront sur l’or noir, Abdelaziz répond avec un sourire: « Pour nous, ce n’est pas un problème d’argent. Le pétrole ira aider les Mauritaniens en général. » REUTERS

 

Un général israélien affirme qu’Abdallah II pourrait être « dernier roi de Jordanie »

AFP, le 22.02.2006 à 13h14 JERUSALEM, 22 fév 2006 (AFP) –  Le général israélien Yaïr (BIEN  Yaïr) Naveh a averti mercredi que le roi Abdallah II de Jordanie  risquait d’être le « dernier souverain » hachémite, mettant en garde  contre la constitution d’un « axe » islamiste de Téhéran à Gaza. « Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre roi en Jordanie alors  qu’environ 80% de la population de ce pays est constituée de  Palestiniens », a déclaré le général Naveh, commandant de la région  centre d’Israël qui couvre la Cisjordanie, lors d’un exposé à  Jérusalem. Il s’est alarmé du risque de constitution d’un « axe » islamiste  qui partirait de l’Iran « qui proclame sa volonté de détruire  Israël », traverserait « l’Irak où l’on ne sait pas ce qui peut se  passer », pour aboutir aux territoires palestiniens de Cisjordanie et  Gaza. Un tel axe pourrait selon lui traverser un jour la Jordanie où  les islamistes « devraient beaucoup se renforcer » après la victoire  des islamistes du Hamas aux législatives palestiniennes du 25  janvier. Le Hamas, qui s’apprête à prendre la direction d’un nouveau  gouvernement palestinien, place Israël, selon lui, face au risque  d’un « Etat ennemi ». « Il faut bien entendre ce que disent les dirigeants du Hamas et  les prendre au sérieux. Ils ont bel et bien l’intention de nous  jeter (Israël) à la mer, quitte à le faire par étapes et laisser  d’autres commettre des attentats à leur place », a-t-il souligné. AFP


 

Arab and Westerner  intellectuals appeal

   

In an international situation marked by a growing confrontation between the Arab and Moslem world and the West over a number of contentious political issues and by a tense atmosphere fuelled by mutual feelings of fear, distrust and accusations, the new crisis which has erupted following the publication of cartoons of the Prophet Mohammed by some Danish and Norwegian newspapers and then by other Western media has exacerbated the situation.   These cartoons provoked and continue to provoke in many Arab and Moslem countries massive demonstrations fuelled by deep feelings of anger and indignation at the attack on Muslim beliefs.  On the other hand, these angry reactions contribute to promoting feelings of fear and suspicion of Islam and Muslims in Western countries.  The situation is all the more dangerous because such reactions are presented as part of a clash between Islamic values which oppose the idea of personification of the Prophet and the value of freedom of __expression, which permits this personification, thus widening the gap between two sets of values and civilizations.   Unfortunately this event is the latest in a series which threatens to continue to undermine mutual confidence and understanding, the price of which might be paid by many innocent people.   Arab and Scandinavian intellectuals, sharing the same values of human rights , democracy mutual respect and cooperation between nations ,  believing that civilisations must live side by side and enrich each other, seek every opportunity to promote peace and human development.  We express our:   – Condemnation of any attempt to aggress the beliefs of any people or any religion. Therefore we consider that religious as well as ethnic and other minorities must be protected from hate speech , intimidation and prejudice.   – Rejection of any connection between Islam and terrorism, phenomena which have been, unfortunately, a part of history but have not been linked specifically to a religion, a nation or an era.   – Refusal to blame a country, people or civilisation for an isolated action already condemned by the authorities of the country(s) where the action occurred.   – Attachment to freedom of opinion, one of the most important pillars of a democracy and a basic right enshrined in the Universal  Declaration of human Rights (Article19). This basic right has to enhance  not contradict  the right to dignity (Article 1), and the right to freedom of belief and religion ( Article18) and the right to live in peace (Preamble).  No right or liberty is absolute; it is limited by other people’s rights and freedoms.      We call on the media, politicians and citizens in the West and in the Arab and Muslim world  to heed the danger of increasing the stakes by oversimplification, mixing issues and generalization.  The situation is extremely delicate and requires that everyone be extremely responsible, to prevent widening this gap, so we can bridge it in order to preserve peace, international cooperation, friendship between peoples and fruitful cooperation between civilisations..                                                             Paris 9-2-2006      Signatures Martine Aubry (France) Mohamed al-Talibi (Tunisie) Haytham Manna (Syrie) Moncef Marzouki (Tunisie) Abdelaziz Nouaydi (Maroc) Mohamed Bechari (France) Abdulhadi Khalaf (Bahrain) Abbas Aroua (Algérie) Adline Hazane (France) Kamel Elabidi (Tunisie) Violette Daguerre (Liban) Abdullah Al Riyami (Oman) Robert Menard (France) Likaa Abo Ajeb (Syrie) Rachid Mesli (Algérie) Ammar Qurabi (Syrie) Abel Salam Belaji (Maroc) Jawad Ghanem (UK) Abdallah Hermatalah (Mauritanie) Abdelhamid Abdessadok (Canada) Nowar Atfeh (Syrie) Mariam Osman Sherifay (Suède) Susanna Lundberg (Suède) Haytham Maleh (Syrie) Tasso Stafilidis (Suède) Ayman Sorour (Egypte) El Mostafa Soleih (Maroc) Aberrahim Sabir (Maroc) Hussam Abdallah (Egypte) Salman Tamimi (Iceland) Lina Larsen (Norway) Mostafa Siric (Bosnia) Adly Abuhajar (Sweden) Bakhtiar Amin (Danmark) Naser al-Ghazali (Suède) Lakhdar Paddani (France) Ramiz Zakaj (Albania) Taysir Alony (Spain) Anas Schakfa (Austria) Mohammed Almastiri (France) Fethi Belhaj (France) Abdel Wahid Bedersson(Suède) Mohamed Hamza (Suède) Aied Fayoumi (Suède) Samir Da’bas (Suède) Asma Saleh (Suède) Hanan Ali (Suède) Abir Azami (Danmark) Wisam Jalabi (Suède) Gustaf Björck, (Sweden) Ingrid Kvestad (Sweden) Basel Shalhoub (Suisse) Rawia Morra (France) Luciano Astudillo (Suède) _Carin Wedar (Suède) Noureddine Chatti (Suède) Daniel Maier (UK) Torsten Jurell (Suède) Fatimi Idrissi (Suède) Johan Toresson (Suède) Ingmar Lindberg (Suède) Hedi Keshrida (Suède) Arne Orun ( Norvège) Ahmad Salloum (France) Trude Falch (Norvège) Lars Lonnbach( Suède) Per Thorsdalen ( Suède) Ake sander (Suède) Ingerid Straume (Norvège) Are Saastad (Norvège) Ole Henning Sommerfelt (Norvège) Tim Brenne (Norvège) Ulla Kastrup (Suède) Daniel Voguet (France) Ulla Kastrup ( Suède) Abdulrahman Mario (Malte) Daw Miskine (France) Abdelmajid Wakil (Portugal) Tomasz Miskiewicz (Poland) Anouar Koutchoukali (Pays Bas) Naha Gabriel (Suède) Miquel Gabriel (Suède) Merian Ahmad (Suède) Lif Gelan (Suède) Uthman Twalebeh (Suède) Ammar Sabri (Suède) Lina Wisam (Suède) Mats Johanson (Suède) Hamida Tahiri (Suède) Mohamad Kadoura(Suède) Fatima Yasin (Suède) Utared Haidar (UK) Falah Salha (Hongrie) Ahmet Akgunduz (Holland) Jean Nasta (Germany) Brahim Taouti (Danmark) Mohamed Salam (UK) Hogan Larson (Suède) Ann Sophie Rold (Suède) Maamoun Homsi (Syrie) Kian Reme )Norvege) Anders Sundelin, (Suède) Dan Israel, (Suède) Ulla Wikander (Suède) Håkan A Bengtsson(Suède) Mattias Gardell, (Suède) Anders Fänge; (Suède) Abdelfattah Zgaia(Suède)  Anja Breien(Norvège) Anne Edelstam (Suède) Hans Kristian Simensen (Suède) Dagmar Forland, Trondheim( Norvège ) Veronica Melander(Suède) Eugene Schoulgýn (Suède) Edda Manga (Suède) Torbe Wisborg (Suède) Olav Unsgaard (Suède) Erling Folkvord ( Norvège). Michael Azar, (Suède) Kristina Ekelund (Suède) Espen Thorstenson ( Norvège) Mette Jackson( Norvège) Marcus Andersson( Suède) Svetlana Duric ( Norvège) Christian Martin. ( Suède) Sattar Baber Ambassador of Pakistan Françoise Sule ( Suède) Lena Näslund( Suède) mohemmad Fazlhashemi( Suède) Omar Kitmitto Ambassador of palestine.

 

 
Tunisie

Universités privées en panne

par FÉRIEL BELCADHI Les espoirs placés dans ces établissements pour désengorger l’enseignement supérieur public tardent à se concrétiser. En juillet 2000 était promulguée la loi sur l’enseignement supérieur privé. Elle visait à mettre de l’ordre dans un secteur en plein essor, mais qui avait besoin d’être mieux encadré. Les responsables, qui espéraient voir les vingt universités privées que compte le pays absorber quelque 30 000 étudiants en 2006, n’ont pas tardé à déchanter. Pour cette année 2005-2006, le nombre d’étudiants inscrits dans ces établissements n’excède guère 3 000, dont plus du quart à l’Université libre de Tunis (ULT), leader du secteur. Ce chiffre est dérisoire compte tenu du nombre croissant de bacheliers frappant chaque année aux portes de l’enseignement supérieur. Les effectifs estudiantins ont en effet plus que triplé en dix ans, passant de 113 000 en 1995-1996 à plus de 360 000 aujourd’hui. D’ici à 2010, ils seront un demi-million. Un boom difficile à maîtriser, alors même que 5 % du budget de l’État est alloué au ministère de l’Enseignement supérieur. Pourquoi les encouragements et les incitations consentis par les pouvoirs publics aux investisseurs n’ont-ils pas permis un plus grand développement des universités privées ? Mohamed Boussaïri Bouebdelli, président fondateur de l’ULT, s’interroge lui aussi : « D’où vient un tel décalage entre l’offre et la demande ? Avons-nous surévalué cette dernière ? Avons-nous surestimé les moyens dont pourraient disposer les familles pour financer les frais de scolarité de leurs enfants ? Est-ce la qualité de l’enseignement supérieur privé et de ses diplômes qui fait problème ? » Le président fondateur de l’ULT déplore également que les pouvoirs publics n’aient pas tenu toutes leurs promesses, notamment celles relatives à la prime d’investissement, à la prise en charge par l’État d’une partie des salaires et des charges sociales des enseignants, qui auraient peut-être contribué à un meilleur développement du secteur. Pour le moment, les établissements supérieurs privés se maintiennent à flot grâce à l’afflux d’étudiants étrangers, notamment ceux d’Afrique subsaharienne. Ces derniers représentent plus de la moitié des effectifs de l’ULT et presque autant dans les établissements similaires. Les étudiants ivoiriens, maliens, camerounais, sénégalais ou congolais pallient ainsi la baisse des demandes d’inscription de leurs camarades tunisiens. Ces derniers sont plus attirés par les universités étrangères, notamment celles d’Europe de l’Est ou de Russie. Encore leur faut-il avoir les moyens de payer des frais de scolarité compris entre 1 700 et 7 000 dinars annuels (entre 1 000 et 4 310 euros), sachant que le « smic » en Tunisie est d’environ 200 dinars, soit 123 euros. Le secteur peut-il survivre à sa crise actuelle ? Mohamed Boussaïri Bouebdelli pense que les pouvoirs publics ont intérêt à prendre en charge partiellement les frais de scolarité (bourses, prêts, etc.) d’un certain nombre d’étudiants qui choisiraient de s’inscrire dans les universités privées. C’est le seul moyen, en tout cas, pour désengorger les treize universités publiques, qui ont largement dépassé leurs capacités d’accueil. (Source : JA/L’Intelligent N°2354 du 19 au 25 février 2006)

Opération Maghreb
par FRANÇOIS SOUDAN Contrairement à la rumeur, il n’a guère été question de l’Irak et du Sahara occidental lors des visites qu’a effectuées Donald Rumsfeld à Tunis, Alger et Rabat du 11 au 13 février. On a beaucoup parlé, en revanche, de terrorisme, de sécurité et de ventes d’armes. L’espace occupé par les États-Unis au sein de l’imaginaire politique arabe – en l’occurrence maghrébin – et la rétention d’information pratiquée comme une seconde nature par la quasi-totalité des régimes en place sont tels que toute visite d’un responsable américain dans la région suscite immédiatement les fantasmes et les scénarios les plus opaques, sur fond d’inévitable théorie du complot. A fortiori lorsque le personnage en question s’appelle Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, maître de l’hyperpuissant Pentagone, co-concepteur de l’invasion de l’Irak (et de l’Afghanistan) et abcès de fixation majeur du curieux rapport d’attraction-répulsion qui relie la « rue musulmane » au Grand Satan des islamistes. Si l’on en croit la rumeur, donc, énoncée comme définitive par un certain nombre de médias maghrébins, Donald Rumsfeld avait pour objectif prioritaire au cours de sa tournée des trois capitales – Tunis, Alger, Rabat, du 11 au 13 février – de convaincre ses interlocuteurs d’envoyer des contingents en Irak afin d’y remplacer les forces américaines, lesquelles ont prévu d’entamer leur retrait à la fin de cette année. Accessoirement et puisque la stabilité de la région intéresse Washington au plus haut point, l’omnipotent secrétaire à la Défense devait faciliter, voire imposer, un règlement du conflit du Sahara occidental. Or, vérification faite, de l’un et l’autre de ces deux aspects il n’a pratiquement pas été question lors de cette visite. De bonne source, le casse-tête saharien n’a été abordé ni à Alger ni à Ifrane (où Mohammed VI a reçu Rumsfeld). Quant à l’éventuelle participation de troupes maghrébines au champ de bataille irakien, afin d’y épauler l’armée locale et de permettre aux Américains de se cantonner au soutien logistique et aérien, elle ne figurait pas sur l’agenda du ministre. « Pour l’instant, on ne nous a rien demandé de tel, pas même une contribution à la Force de réaction rapide ou à l’Isaf en Afghanistan, confie un haut responsable marocain proche du dossier. Les Américains savent sans doute que la réponse serait négative dans les trois capitales. » Précédée d’une tournée « policière » à Rabat et à Alger du patron du FBI Robert Mueller, les 6 et 7 février, l’escapade maghrébine de Donald Rumsfeld – lequel venait de Sicile où s’est tenu un sommet des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan – a eu en revanche tout à voir avec le terrorisme, la défense et les ventes d’armes. Plus prosaïque sans doute qu’une opération occulte visant à recruter des harkis pour l’Irak, mais pas moins intéressant. Terrorisme La « zone grise » saharo-sahélienne, où évoluent des bandes incontrôlées et qui sert de refuge et de transit à des « combattants arabes » proches d’al-Qaïda (des arrestations de petits groupes suspects ont eu lieu récemment au Mali et au Niger), préoccupe les Américains. Certes, la coopération sécuritaire avec les services secrets et les forces antiterroristes des trois pays du Maghreb est jugée « très satisfaisante » par Donald Rumsfeld, qui a cité deux exemples de collaboration réussie entre Américains et Maghrébins : le démantèlement en 2002 d’un réseau visant à perpétrer des attentats dans le détroit de Gibraltar et l’arrestation au Tchad en 2004 du numéro deux du GSPC, Abderazak el-Para, détenu depuis dans une prison algérienne. Le secrétaire à la Défense n’en a pas moins confié son « inquiétude croissante » quant à la « capacité que des extrémistes violents peuvent avoir d’opérer au Sahara ». Dans les trois pays, il a martelé sa conception, résumée en ces termes : « Il faut que, contre les terroristes, nous soyons constamment dans une stratégie offensive. Il s’agit de changer leur manière de concevoir la vie avant qu’ils ne changent la nôtre. À l’exemple de la guerre froide contre le communisme, nous sommes entrés dans une guerre longue qui exige l’engagement déterminé de toute une génération. » C’est à Alger, lors d’un entretien de plus d’une heure avec Abdelaziz Bouteflika, que Donald Rumsfeld a le plus parlé de terrorisme. Dans l’avion du retour, le chef du Pentagone a confié à quel point il avait été impressionné par le long récit auquel s’est livré le président algérien : « Il m’a décrit de l’intérieur la barbarie qu’ils ont vécue, les morts, les décapités et la façon dont ils l’ont combattue. Il m’a expliqué que la lutte contre l’extrémisme n’était pas en premier lieu militaire, mais avant tout politique, économique et culturelle. Il faut du temps et de la patience. J’ai compris que notre combat, à nous Américains, n’était guère différent de celui qu’a livré, et que livre encore, le peuple algérien. » Si les forces spéciales des trois pays du Maghreb central – quatre, en ajoutant la Mauritanie – participent déjà aux côtés des Américains aux opérations « Active Endeavour » en Méditerranée et « Flintlock » au Sahara, il est clair qu’aux yeux de Rumsfeld la région est loin d’être suffisamment sécurisée. À preuve, a-t-il exposé à ses interlocuteurs, les informations dont disposent ses services sur le nombre important de combattants tunisiens, algériens et surtout marocains recrutés en Irak par Abou Moussab al-Zarqaoui – lequel se montrerait beaucoup plus ouvert vis-à-vis des Maghrébins que la direction historique d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri en tête, traditionnellement méfiante à leur égard. À Tunis, Alger et Rabat, la réponse formulée à ces inquiétudes est la même : la coopération sécuritaire ne saurait être unilatérale ; si les Américains partageaient leurs renseignements de façon plus transparente au lieu de les délivrer au compte-gouttes, « nous serions plus efficaces et plus opérationnels ». Message reçu ? Défense Ce fut l’autre aspect, ès qualités en quelque sorte, de la tournée de Donald Rumsfeld qui n’oublie jamais que le Pentagone est avant tout un formidable complexe militaro-industriel. Si la coopération est en ce domaine fluide avec l’armée tunisienne (plus de 3 500 officiers tunisiens ont subi des périodes de formation aux États-Unis au cours de ces vingt dernières années, sans compter les unités spéciales) et bien évidemment avec le Maroc, gratifié du label d’« allié majeur hors Otan » et le seul des trois pays à accorder un large accès à ses ports, à ses aéroports et à son espace aérien aux forces américaines, c’est autour du « cas » algérien que s’est focalisé l’essentiel des discussions. Rumsfeld a ainsi confié qu’au cours de son entretien avec Abdelaziz Bouteflika, ce dernier avait évoqué son souhait d’acquérir auprès des États-Unis des armements dotés d’appareillages de visée nocturne, ainsi que des hélicoptères de transport. À l’évidence, le formidable marché de la mise à niveau de l’armée algérienne – qui négocie avec la Russie le renouvellement de son parc d’aviation de combat et de blindés – intéresse le VRP qu’est aussi Donald Rumsfeld. Mais entre la vigilance du Congrès, les réticences algériennes à conclure les fameux « End User Certificates » qui interdisent la revente des équipements à des pays tiers et les craintes des voisins, le secrétaire à la Défense marche sur des œufs. À peine avait-il quitté Alger, le 12 février, que ses hôtes marocains exprimaient devant lui sans fard leur préoccupation quant au « réarmement » algérien. D’ores et déjà, tous les observateurs militaires savent qu’en termes de matériels de combat au sens large (aéronefs, blindés, artillerie), l’ANP algérienne surclasse assez largement les FAR marocaines. Le pire qui puisse arriver à la région serait sans doute l’ouverture d’une course aux armements, hypothèse que les Américains ne souhaitent évidemment pas alimenter. Droits de l’homme Même si ce sujet n’est pas de ceux qu’il affectionne – il préfère laisser à sa collègue Condoleezza Rice le rôle de donneuse de leçons démocratiques -, Donald Rumsfeld n’a pas pu échapper à quelques phrases et à quelques postures à propos de l’état des libertés dans une région, qui, vue de Washington, connaît toujours de sérieux déficits en ce domaine. « L’Histoire nous a appris que la liberté politique et la liberté économique vont de pair, l’une dépendant de l’autre pour asseoir la stabilité », a-t-il ainsi confié – une petite phrase aussitôt interprétée comme concernant au premier chef la Tunisie du président Ben Ali. Interrogé par des journalistes qui l’accompagnaient sur le point de savoir comment il comptait faire passer ce message auprès de ses hôtes maghrébins, Rumsfeld a émis cette réponse prudentissime : « En leur rendant visite, en coopérant avec eux et en les félicitant pour leurs progrès. » Une position plus proche de la non-ingérence française (et européenne) que du projet messianique, moral et unilatéraliste du « Grand Moyen-Orient ». Un an après l’avoir lancée à grand fracas, les Américains se rendraient-ils compte que la dynamique vertueuse du GMO profite plus aux théocrates qu’aux démocrates ? Le score électoral des partis chiites irakiens et des Frères musulmans égyptiens ainsi que la victoire du Hamas en Palestine sont, il est vrai, passés par là… Prié de s’exprimer sur ce dernier point, le secrétaire à la Défense s’est essayé non sans mal au grand écart diplomatique : « Ces groupes islamistes qui entrent aujourd’hui dans un processus politique seront bientôt confrontés à des décisions difficiles à propos de leurs programmes et de leurs organisations nationales. Le fait de participer à un gouvernement va les obliger à prendre des responsabilités devant les électeurs qui, à leur tour, leur demanderont des comptes. » La dernière étape marocaine de la tournée de Donald Rumsfeld aura été à ce sujet significative. Des trois pays, le royaume est celui que le secrétaire à la Défense connaît le mieux (ou le moins mal) : il s’y est déjà rendu quatre fois alors qu’il n’a visité la Tunisie (c’était en tant que touriste) et l’Algérie (comme membre de l’administration Gerald Ford, il y a trente ans) qu’une seule fois. Le Maroc est également le seul pays où l’annonce de son arrivée, tenue officiellement secrète à Tunis et à Alger jusqu’au dernier moment, s’étalait à la une des journaux depuis une semaine. Le seul où il a accordé une interview (au Matin). Le seul aussi où il a passé la nuit. Le seul surtout où une manifestation publique concernant sa visite a été autorisée. Réunissant quelques centaines de personnes devant le Parlement de Rabat, elle fut, comme on l’imagine, très hostile avec des pancartes du genre « Rumsfeld criminel de guerre » et des photos de suppliciés de la prison d’Abou Ghraib. Le message subliminal était clair, même pour un néoconservateur aussi schématique que « Don » : vous voulez plus de démocratie ? Plus de liberté ? Vous comptez sur nous pour éradiquer la menace terroriste en ouvrant la boîte de Pandore ? Vous nous sommez de changer ou d’être changés ? Fort bien. Voyez ce que cela donne. (Source : JA/L’Intelligent N°2354 du 19 au 25 février 2006)

« On a enlevé le casque, mais la tête reste coloniale »

par RÉGIS DEBRAY Ce n’est qu’en respectant les croyances des autres que l’Occident peut demander qu’on respecte les siennes. C’est dans cet esprit que l’essayiste français Régis Debray commente pour Le Nouvel Observateur « l’affaire des caricatures ». La liberté de s’exprimer n’a jamais été la liberté de dire n’importe quoi. L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 dispose que tout citoyen peut s’exprimer… « sauf à répondre des abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi ». La loi de 1881 sur la liberté de la presse a connu tant d’adjonctions que nous combinons aujourd’hui une intolérance épidermique à la censure avec une multiplicité d’interdits pratiques. Protection des mineurs, secret médical, respect de la vie privée, incitation à la haine raciale et religieuse, injure et diffamation, propos homophobes, judéophobes, misogynes. La liberté de la presse est inséparable d’un droit de la presse qui est un casse-tête à l’intérieur même de notre monde « catho-laïque », reportez-vous au dernier numéro de Médium (medium@editions-babylone.com ) et aux affaires Benetton, Scorsese, Toscani. La liberté de chacun s’arrête où commence « la protection des droits d’autrui ». Ne nous gargarisons donc pas avec ce mythe d’une liberté absolue, et souvenons-nous que notre relative liberté est le produit de trois siècles de luttes civiles, que le moindre état de guerre, déclaré ou non, remet à chaque fois en question. D’ailleurs, en Alsace-Lorraine, il y a encore un article du Code de procédure pénale qui punit de trois ans d’emprisonnement l’outrage à Dieu (non appliqué mais non abrogé), et l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas prévoient encore des sanctions contre le sacrilège. On ne se débarrasse pas facilement du passé. Le fait est que dans L’Assiette au beurre ou Le Charivari du début du siècle dernier il y avait des caricatures qui seraient interdites aujourd’hui. Toutes les minorités, tous les groupes de conviction montent désormais au créneau, l’un après l’autre, pour dire : pas nous, pas ça. L’abaissement de l’État donne libre cours aux passions et aux intolérances de notre société civile. La puissance publique, c’est notre ultime rempart. S’agissant des images, le distinguo entre la critique et l’injure est assez subtil. La photographie ou le dessin sont-ils exposés ou à huis clos ? Y a-t-il affichage ou non sur la voie publique ? Pour un but mercantile ou de débat d’idées ? La Cène de Léonard de Vinci revue par Girbaud a fait l’objet d’une mesure d’interdiction partielle alors que l’affiche du film Amen a été jugée comme pouvant contribuer à un progrès de la réflexion. La liberté d’expression fait corps avec l’exception laïque. Mais ne projetons pas nos catégories de pensée et notre système d’émotions sociales sur une aire culturelle qui a une autre mémoire, une autre histoire, et dans laquelle le facteur religieux joue le rôle structurant qu’il jouait chez nous il y a deux à trois siècles. On a enlevé le casque, mais la tête chez nous reste coloniale. Le monde doit nous ressembler, à défaut de quoi il sera déclaré arriéré ou sauvage. Si vous n’êtes pas suisse, si vous n’avez pas pillé la planète pendant cinq siècles, si vous n’avez pas été alphabétisé, industrialisé, étatisé à la même époque que nous, vous relevez de la barbarie. Ce défaut de sensibilité historique, chez nos libertaires purs et durs, relève d’une bonne conscience proprement impériale. Comprendre l’autre n’est pas prendre le parti de l’autre, on peut dire à la fois que nos valeurs ne sont pas les seules, mais que nous avons quelques raisons de les tenir pour bonnes, donc de s’y tenir. Mais admettons que l’hégire compte six siècles de moins que le calendrier chrétien, que dans l’Islam la Renaissance a précédé le Moyen Âge ou que la Renaissance de l’Islam finisse au moment où commence notre Moyen Âge, et que la première imprimerie du monde arabo-musulman date de 1821 en Égypte. Admettons aussi que les paranoïaques ne manquent pas d’ennemis, ainsi que la volonté de l’Occident de prendre contrôle du Proche et Moyen-Orient. Il y a une disproportion scandaleuse entre la cause et l’effet, mais il faut quand même contextualiser le scandale. Nous oublions trop facilement notre deux poids deux mesures, et que l’Afghanistan est occupé et quadrillé par l’Otan. Au nom de quelles affinités historiques ou culturelles ? Appelée par qui, sinon par un fantoche ? Et je ne parle pas du « crime contre la paix » de Bush, qui, si on prenait un seul instant au sérieux la Charte des Nations unies et son chapitre VII, devrait être aujourd’hui déféré devant une cour de justice internationale. (Source : JA/L’Intelligent N°2354 du 19 au 25 février 2006)
 

El-Ayoun TV, une télévision régionale au Sahara occidental

Florence Beaugé El-Ayoun (Sahara occidental), envoyée spéciale Les jours de semaine, le présentateur est en costume-cravate. Le vendredi, jour de week-end, il revêt le vêtement traditionnel sahraoui. Faire une télévision de proximité, tel est le mandat d’El-Ayoun TV. Pas facile quand on couvre… un quasi-désert de 400 000 km2 ! El-Ayoun TV, installée dans la ville du même nom, chef-lieu du Sahara occidental, est la première chaîne de télévision régionale existant au Maroc, et même au Maghreb. Elle est née en novembre 2004, un 6 novembre exactement, car il fallait que son lancement coïncide avec le jour anniversaire de la « marche verte » qui a vu, il y a trente ans, quelque 350 000 Marocains déferler sur le Sahara occidental, évacué par les Espagnols.  La rédaction – quatre garçons et trois filles – est âgée de 24 ans en moyenne. Avant d’être embauchés à El-Ayoun TV, il y a un an et demi, les uns et les autres étaient au chômage. Pour constituer son équipe, Laghdaf Eddah, le directeur de la station, 48 ans, s’est en effet adressé à l’ANPE marocaine, où il a recruté « des jeunes de la région », autrement dit des Sahraouis, ce peuple éclaté entre le Maroc et l’Algérie, après que le royaume chérifien eut annexé le Sahara occidental en 1975. La nouvelle chaîne a veillé à respecter l’équilibre entre les régions sans entrer dans les histoires de tribus. Bien sûr, Laghdaf Eddah a eu droit à quelques coups de fil de ministres. « J’ai reçu tous leurs poulains. A chacun, j’ai dit : « C’est bien vrai que vous êtes parrainé par ce haut responsable ? Dans ce cas, vous n’avez pas besoin de travailler à El-Ayoun TV ! » », raconte-t-il. Après chaque journal, Laghdaf Eddah reçoit une avalanche de coups de fil. Des notables qui se plaignent. Certains demandent sa tête. Une pétition a recueilli 40 000 signatures. « Cela prouve que nous avons au moins 40 000 spectateurs ! », sourit Laghdaf, tout en saluant son patron, Fayçal Larychi, le directeur du pôle public audiovisuel marocain, pour être resté sourd à ces pressions. Les uns reprochent à El-Ayoun TV d’oeuvrer « contre les intérêts du royaume ». Les autres de s’être rangée du côté du « makhzen » (le pouvoir monarchique). La chaîne se garde de franchir certaines lignes rouges. Il n’est pas question de remettre en cause « l’intégrité territoriale », en clair, la « marocanité » du Sahara occidental. Laghdaf Eddah, lui-même Sahraoui, a depuis longtemps fait le choix du Maroc. « Nous vivrons toujours sous l’hégémonie d’une grande puissance. A choisir, je préfère le Maroc à l’Algérie. Lui, au moins, tente de se démocratiser », dit-il. « Nous représentons une fenêtre de liberté. Il faut savoir l’exploiter à fond », martèle ce licencié de droit privé, titulaire d’un DEA des droits de l’homme obtenu à Besançon. Serait-il prêt, un jour, à claquer la porte ? « Oui, si on m’impose des choses qui sont contraires à la réalité du terrain ou à mes convictions, répond-il. Je suis journaliste, rien d’autre ! » L’exercice de ce métier, à El-Ayoun TV, est aussi exaltant qu’épuisant. L’équipe travaille seize heures par jour, sept jours sur sept. Le principal souci de la chaîne, c’est d’alimenter ses trois heures d’émission quotidienne, sans archives d’images, et en tenant compte de son immense territoire « de proximité ». Pour réaliser un sujet à Dakhla, dans le grand Sud saharien, un journaliste doit parcourir 550 km, sans compter le trajet retour. Un cauchemar si l’événement est programmé pour le journal du soir. (Source : « Le Monde » du 22 février 2006)  

Al-Jazira va lancer une chaîne en anglais ambitieuse… et ambiguë

Jean-Pierre Langellier DOHA (ÉMIRAT DU QATAR) ENVOYÉ SPÉCIAL La chaîne satellitaire arabe Al-Jazira, basée à Doha, capitale de l’émirat du Qatar, fêtera en novembre ses dix ans d’existence. Fière de ses quelque 50 millions de téléspectateurs, elle aura, d’ici là, pris un nouvel envol, avec le lancement d’Al-Jazira International, la première chaîne d’information continue, en langue anglaise, installée au Proche-Orient. Celle-ci naîtra, officiellement, « au printemps » ; officieusement, la date du 15 mai 2006 semble arrêtée. Les participants au second forum d’Al-Jazira, qui s’est tenu en janvier à Doha, ont eu confirmation des grandes ambitions de la future chaîne, mais aussi des incertitudes qui entourent sa gestation et des réserves inquiètes qu’elle suscite déjà au sein même de la rédaction arabe. Le directeur d’Al-Jazira International, Nigel Parsons, est un journaliste britannique, ancien de la BBC et de WTN, familier du lancement de nouvelles expériences audiovisuelles. Sa chaîne, a-t-il précisé, emploiera entre 200 et 250 journalistes affectés dans la trentaine de bureaux qu’ils partageront avec leurs confrères d’Al-Jazira. La diffusion des programmes sera décentralisée dans quatre villes : Doha assurera la moitié du temps d’émission quotidienne, l’autre moitié étant partagée entre Washington, Londres et Kuala Lumpur. La majorité des animateurs de la rédaction viennent des grands réseaux anglo-saxons : BBC, ITV, CNBC-Europe, Sky News, CNN ou ABC. Par souci de prestige, la chaîne s’est attachée les services de Sir David Frost, célèbre ex-vétéran de la BBC et seul journaliste à avoir, en quarante ans, interviewé sept présidents américains et six premiers ministres britanniques. Les deux chaînes d’Al-Jazira coordonneront, au jour le jour, leurs opérations et mettront en commun leurs moyens, autant qu’il sera possible, mais chacune conservera son autonomie de décision dans le traitement de l’information. Al-Jazira International, affirme son directeur, sera une chaîne « impartiale », mais qui « ouvrira des perspectives nouvelles ».  » Nous ne serons pas une BBC-World ou un CNN de plus, ajoute-t-il. Nous voulons être leader sur ce marché. Nous ne serons pas non plus un miroir d’Al-Jazira, car nous visons une audience globale. Nous allons vous surprendre. » Pourtant, bien des ambiguïtés demeurent quant aux orientations éditoriales, que Nigel Parsons n’a guère dissipées. La « cible » prioritaire, en Occident, ce sont les 18-35 ans, appartenant aux 2e ou 3e générations d’immigrés. Mais les musulmans britanniques ont leurs habitudes avec la BBC. Aux Etats-Unis, la chaîne compte profiter de la perte de crédit de CNN, déporté à droite dans le sillage de Fox. Cependant, pour l’instant, Al-Jazira International n’a toujours pas trouvé preneur chez les opérateurs du câble américains. Quant aux téléspectateurs du monde arabe, ils continueront sans doute de préférer Al-Jazira en arabe. Nigel Parsons rappelle volontiers que la marque Al-Jazira a été classée, lors d’une enquête internationale en 2004, la cinquième « plus influente » au monde, après Apple, Google, Ikea et Starbucks. Il ne cache pas qu’Al-Jazira International, voulue et financée, comme sa soeur aînée, par l’émir du Qatar, entend asseoir sa réputation sur le réseau de celle-ci. Avant même d’exister, la future chaîne inspire le doute et l’inquiétude au sein de la maison mère. Lors du forum de Doha, plusieurs journalistes ont exprimé tout haut ce que la plupart de leurs confrères pensaient tout bas. Pourquoi ne sait-on presque rien de sa stratégie éditoriale ? Est-on sûr que ses journalistes feront leur l' »esprit » d’Al-Jazira ? La rédaction arabe d’Al-Jazira reproche à sa future jumelle de compter trop de journalistes venus de Grande-Bretagne, et pas assez d’arabisants. Elle craint que la version internationale ne détourne à son profit l’autorité acquise par la chaîne, grâce au travail et à la volonté d’indépendance de ses journalistes. « Ce qui importe avant tout, c’est la confiance, soulignait, lors du forum de Doha, le journaliste anglais Hugh Miles, auteur d’une histoire d’Al-Jazira. Si la chaîne internationale donne rapidement l’impression de trop s’éloigner d’Al-Jazira, cette dernière en paiera le prix. Elle perdra vite une partie de son crédit dans le monde arabe. » (Source : « Le Monde » du 22 février 2006)


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