Home – Accueil
TUNISNEWS
8 ème année,N° 3142 du 29.12.2008
Liberté et Equité : Mohammed Rahmani harcelé Tunisie Verte: Encore un massacre à Gaza GAZA : ARRETONS LE MASSACRE DU PEUPLE PALESTINIEN! NOUVELOBS: Kalima n’entend pas « se taire » face à Ben Ali AFP: Une embarcation avec 150 clandestins en difficulté entre l’Italie et Malte El Watan: Ils risquent d’être incinérés par les autorités ibériques – 600 harraga algériens dans les morgues espagnoles Reuters: Les 3 Suisses vont supprimer plus de 400 postes /Le Figaro Réalités: Tunisie : Le phénomène des blogs en Tunisie – Plongée au cœur d’un nouvel espace de libre expression…
Liberté pour tous les prisonniers politiques
Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis, Tel/fax : 71340 860
Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 29 décembre 2008
Mohammed Rahmani harcelé
Le jeune Mohammed Ben Salem Ben Abdallah Rahmani, né le 22 septembre 1987, est en butte aux brimades des agents de la police politique qui lui ont confisqué son portable lors d’une perquisition à son domicile de Khrouba dans le gouvernorat de Nabeul et l’ont convoqué oralement au district de police d’Hammamet pour le lui rendre. Il est à craindre que cette convocation ne vise qu’à le harceler. Dernièrement, il avait bénéficié d’un non-lieu pour une accusation de tenue de réunions non autorisées. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Parti « Tunisie Verte »
Encore un massacre à Gaza
Le Samedi matin 27 Décembre 2008, entre 11H et 11H30, à la sortie des écoles les avions F16 et les hélicoptères appatchi ont été lâchés par l’armée et le gouvernement israéliens contre le peuple palestinien à Gaza. Le bilan est déjà lourd. Le plus lourd depuis plus de 20 ans. Plus de 300 morts et 1000 blessés, des centaines de victimes restent encore sous les décombres. Depuis Juin 2007, le territoire palestinien de Gaza est soumis à un blocus total décidé par un gouvernement israélien hors la loi, avec l’accord tacite des Etats-Unis et du président Bush. Un million et demi de palestiniens vivent dans le dénuement total sans eau, électricité, médicaments et nourriture … et vivent à 80% des aides alimentaires de l’Union Européenne. Nous, militants de « Tunisie Verte », déclarons notre soutien total au peuple de Gaza et demandons l’arrêt immédiat de cette agression barbare de l’armée israélienne. Nous appelons toute la société civile au monde et particulièrement nos amis verts d’exprimer clairement leur soutien au peuple palestinien. Nous demandons aux gouvernements arabes de ne plus se contenter de déclarations dans les journaux et d’apporter toutes contributions en vue d’alléger les souffrances de nos frères de Gaza et d’entreprendre toutes les actions nécessaires en vue d’arrêter cette agression barbare.
Tunis le 28/12/2008
Abdelkader Zitouni Coordinateur National du parti « Tunisie Verte » Membre du Parti Vert Européen, Membre de la fédération des verts africains, Membre de « Global Greens ». E- mail : tunisie.verte@gmail.com Tel : 00.216.98.510.596 Fax : 00.216.71.750.907
GAZA : ARRETONS LE MASSACRE DU PEUPLE PALESTINIEN!
1million et demi de personnes assiégées, affamées, bombardées depuis 18 mois c’est une punition collective et donc un crime de guerre aux termes de la 4e convention de Genève art.33Bis.
1 million et demi de personnes qui subissent une agression d’une violence sans précédent de l’armée israélienne, c’est encore un crime de guerre!
L’union Européenne a donné le feu vert à Israël pour ce crime en décidant à l’initiative de sa présidence française, et contre le parlement européen, du «rehaussement» des relations Union Européenne -Israël. Nous, organisations du collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens signataires de cet appel ,exigeons:
– L’arrêt du massacre – La levée immédiate et totale du blocus – La suspension de tout accord d’association entre l’UE et Israël
– Des sanctions immédiates contre Israël – La protection de la population de Gaza et de tout le peuple palestinien Nous appelons à une manifestation Mardi 30 Décembre 18H00 départ à l’angle du bd Montparnasse rue de Rennes en direction du Quai d’Orsay
A la tenue d’un point fixe de mobilisation à partir de Lundi 29 Novembre 17H00 à la Fontaine des Innocents Paris (Métro les Halles).
Premiers Signataires au 28/12/08 : Américains contre la Guerre (AAW) France, Agir Contre la Guerre (ACG),AFD france, AFPS, AJPF, ATF,Association des Marocains de France, Associations des Travailleurs Maghrébins de France, CCIPPP,Collectif des Musulmans de France, Collectif Faty Koumba, Ettajdid France, FTCR, Génération Palestine, GUPS France, Ligue Communiste Révolutionnaire ,MIR, MIB,MRAP,NPA,Parti Communiste Français (PCF), PCOF,PDP,Solidarité tunisienne, Union juive française pour la paix,UTIT, Femmes en Noir, CPPI Saint Denis, La Courneuve Palestine, Association Républicaine des Anciens Combattants Etc…
TUNISIE
Kalima n’entend pas « se taire » face à Ben Ali
NOUVELOBS.COM | 29.12.2008 | 18:44 Sihem Bensedrine, fondatrice du web-magazine tunisien d’opposition, revient sur la campagne de déstabilisation du gouvernement contre Kadima. La journaliste tunisienne Sihem Bensedrine a publié, vendredi 26 décembre sur le site tunisien Kalima, une
tribune pour dénoncer les attaques du gouvernement Ben Ali à l’encontre du site d’information et annoncer la résistance de Kalima face au régime tunisien. La fondatrice de ce web-magazine d’opposition fait état de tentatives de déstabilisation répétées de la part du gouvernement pour tenter de faire fermer la publication. Arrestations illégitimes, campagne médiatique de dénigrement, tentative de noyautage de la rédaction, pression sur les proches des journalistes… Selon Sihem Bensedrine, « il faut croire que ce journal dérange particulièrement le pouvoir tunisien pour qu’il engage cette offensive tous azimuts ».
« Kalima ne se taira pas » Sihem Bensedrine interpelle toutefois directement les autorités tunisiennes après avoir décrit chronologiquement les pressions sur Kadima : « Si vous souhaitez que Kalima ne dénonce plus la torture, la corruption et les violations des libertés des citoyens tunisiens ; Alors que les citoyens soient protégés des abus policiers, que les tortionnaires soient jugés par les tribunaux tunisiens (et non plus par les européens comme ce fut le cas de Ben Said à Strasbourg) et que l’Etat protège les biens publics des proches de Ben Ali qui pillent la Tunisie ! » Et de conclure : « En attendant, la voix de Kalima ne se taira pas, quoi que vous fassiez ! »
(Source: NOUVELOBS.COM | 29.12.2008 | 18:44)
Une embarcation avec 150 clandestins en difficulté entre l’Italie et Malte
AFP, le 29 décembre 2008 à 13h49 ROME, 29 déc 2008 (AFP) – Une embarcation avec 150 clandestins à bord, dont dix femmes enceintes, se trouvait en difficulté lundi matin dans le canal de Sicile, entre les côtes italiennes et l’île de Malte, a-t-on appris auprès des gardes-côtes de Palerme. « Les personnes à bord ont affirmé qu’elles n’avaient ni eau, ni nourriture, ni carburant », a déclaré à l’AFP le lieutenant Claudio Signanini, précisant que, selon leurs déclarations, quinze femmes se trouvaient à bord, dont dix enceintes. Malte coordonne les opérations de secours de l’embarcation car elle se trouvait plus près des côtes maltaises que de l’Italie, selon la même source. Les immigrés pourraient être conduits à Malte ou sur l’île italienne de Lampedusa en fonction de leur localisation lorsqu’ils seront secourus, a précisé le lieutenant Signanini. Profitant d’une mer calme, quelque 819 clandestins sont arrivées à Lampedusa pour la seule journée de dimanche après 1.500 vendredi dernier, l’une des journées les plus difficiles de ces dernières semaines. Le centre fermé de premier accueil qui a une capacité théorique de 850 personnes hébergeait lundi matin 1.100 immigrés, a indiqué à l’AFP un responsable du centre Federico Miragliotta. Environ 250 devaient quitter l’île dans la journée de lundi, selon le responsable. « Nous sommes habitués à ce type de situation », a-t-il ajouté. Le record de surpopulation dans le centre fermé a été battu le 31 juillet avec 1.700 personnes. Les arrivées par la mer ont fortement augmenté en 2008 en Italie, passant de 14.200 sur la période de janvier à mi-septembre 2007, à 24.241 sur la même période en 2008, selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur. Selon la préfecture d’Agrigente (Sicile), dont dépend Lampedusa, les débarquements dans l’île auraient augmenté de 130% pour s’élever à 30.682 depuis le début de l’année 2008. La quasi-totalité des clandestins s’embarquent pour leur voyage vers l’Europe depuis les côtes libyennes. Samedi, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini avait demandé officiellement à la Libye « l’intensification des opérations de contrôle, de prévention et de dissuasion ». Cet appel avait suivi une demande d’intervention auprès de Tripoli de son collègue de l’Intérieur, Roberto Maroni, haut responsable du parti anti-immigrés de la Ligue du nord. Rome et Tripoli ont signé un accord sur des patrouilles conjointes pour lutter contre l’immigration clandestine fin 2007. Cet engagement a été réaffirmé lors de la signature en août du traité d’amitié et de coopération entre les deux pays censé solder le passé colonial de l’Italie en Libye mais il est apparemment resté lettre morte. Rome s’est engagé par ce traité à verser cinq milliards de dollars à Tripoli sur les 25 prochaines années au titre de dédommagements pour cette période. AFP
Ils risquent d’être incinérés par les autorités ibériques 600 harraga algériens dans les morgues espagnoles
C’est un drame national. Environ 600 corps de harraga sont entassés dans les morgues espagnoles à Alicante, Almeria et d’autres régions du sud de la péninsule ibérique. Le chiffre a été annoncé hier lors d’une conférence animée par la Commission nationale pour la sauvegarde de la jeunesse algérienne, une structure qui dépend de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), aile Hocine Zehouane. « Nous ferons tout pour rapatrier les dépouilles de nos concitoyens », a affirmé le président de la commission, M. Boudellal, avant que les autorités espagnoles ne décident de les incinérer. Elles s’apprêtent d’ailleurs à le faire, témoigne l’imam algérien d’Alicante. Selon lui, « les corps qui sont déposés dans les morgues de la ville, à Almeria ou ailleurs, certains depuis 6 mois, d’autres depuis une ou deux années sont en état de décomposition avancée. C’est une honte pour l’Algérie que de ne pas les enterrer dans leur propre pays ». Si les pouvoirs publics n’ont rien fait pour ces Algériens quand ils étaient en vie, qu’ils décident au moins de les rapatrier, s’indigne-t-il en soutenant qu’il existe parmi eux des femmes et des enfants. La Commission nationale de sauvegarde de la jeunesse (CNSJA) qui se demande pourquoi une telle situation n’a pas alerté nos responsables, indique qu’environ 4000 Algériens croupissent dans des prisons espagnoles, italiennes, libyennes et tunisiennes sans que cela n’émeuve personne. « Nous avons même reçu, il y a trois semaines, un fax anonyme d’Algériens détenus au Kurdistan irakien. Ils sont dans des prisons secrètes, où ils subissent la torture », a annoncé le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, Hocine Zehouane, pour qui « la prise en charge des harraga ne relève pas de l’humanitaire, c’est un droit ». Exhibant la une du magazine français l’Express, qui a traité il y a quelques jours de l’histoire de deux jeunes Algériens qui faisaient valoir leur prétendue origine juive pour fuir le pays, le conférencier s’est dit très touché en tant qu’ancien moudjahid avant de lâcher : « Nous avons mis dehors une puissance coloniale de l’envergure de la France, pour que des jeunes Algériens se retrouvent dans une telle misère ! » Désabusés, les membres de la CNSJA comptent lancer prochainement en Algérie une campagne de sensibilisation sur le phénomène des harraga. Ils demandent à l’Etat de lever les verrous bureaucratiques pour qu’ils puissent venir en aide aux jeunes Algériens détenus dans les prisons espagnoles, ceux qui tentent de survivre dans la clandestinité, et pourquoi pas rapatrier les corps en décomposition dans les morgues. « Des hommes d’affaires algériens, des associations et autres bienfaiteurs sont prêts à nous aider, disent-ils, mais il est difficile d’avoir toutes les autorisations pour pouvoir le faire. » Il est tout de même honteux que ce soit les associations humanitaires belges et suisses qui viennent au secours des jeunes Algériens en détresse. L’imam d’Alicante, membre d’une association espagnole « Ayam », raconte qu’il y a beaucoup de harraga qui veulent bien revenir mais avec les dernières lois promulguées en Algérie et qui sanctionnent sévèrement l’immigration clandestine, ils préfèrent rester là où ils sont. « La place des jeunes n’est pas dans les prisons » « La place de la jeunesse algérienne n’est pas dans les prisons », tonnera Hocine Zehouane qui demande d’ailleurs la libération de tous les jeunes émeutiers, dont le procès de 180 d’entre eux débute aujourd’hui à Chlef. « L’Algérie est-elle en train de faire la guerre à sa propre jeunesse ? », s’interroge-t-il avant de souligner : « S’il n’y a pas un véritable changement politique qui préconisera un projet pour les jeunes Algériens, le pays va brûler. » Le constat fait par la CNSJA indique que l’année 2008 peut être considérée sans exagération comme étant la pire des années vécues par la jeunesse algérienne depuis l’indépendance. Des milliers de jeunes ont quitté clandestinement le pays. La LADDH avance le chiffre global de 36 000 harraga. En effet, a-t-il souligné, « les jeunes sont devenus des proies faciles pour les organisations terroristes et criminelles et des cibles de choix pour les campagnes de prosélytisme et les barons de la drogue ». Dans son rapport de l’année 2008 sur la jeunesse, la CNSJA soutient que les politiques publiques ont échoué : « Les différentes modalités de recrutement dans le cadre du programme des contrats pré-emploi créé officiellement depuis 10 ans ont abouti à un échec cuisant, puisqu’elles n’ont permis l’intégration professionnelle qu’à 2% des inscrits au programme. » Quant aux autres dispositifs de micro-crédit, dont l’ANSEJ ou encore de la CNAC, les chiffres confirment que les banques publiques n’ont financé que 4% des projets des jeunes malgré l’existence de la Caisse de garantie des crédits et les instructions données par les autorités publiques. Les principales wilayas dans lesquelles il a été enregistré un refus collectif d’octroi des crédits bancaires sont Sétif, Chlef et Tiaret. Le même rapport souligne que, sur le dossier des libertés, les jeunes sont privés de leurs droits citoyens de participer activement dans la société civile. Le mouvement associatif est par conséquent gelé par le ministère de l’Intérieur en violation de la Constitution et des lois de la République.Les membres de la LADDH s’en prennent au ministre de la Solidarité nationale, « qui ne fait rien pour régler les problèmes suscités et à Farouk Ksentini, qui, selon eux, est occupé par ses honoraires et n’a pas le temps à autre chose ». Par Said Rabia
(Source: « El Watan » (Quotidien – Algerie) le 28 décembre 2008)
Les 3 Suisses vont supprimer plus de 400 postes /Le Figaro
Reuters, le 26 décembre 2008 à 09h23 PARIS, 26 décembre (Reuters) – Les 3 Suisses, le numéro deux français de la vente par correspondance, va annoncer en février une restructuration d’ampleur qui se traduira par plus de 400 suppressions de postes, écrit vendredi Le Figaro. La direction du groupe, détenu à 55% par l’allemand Otto et à 45% par la famille Mulliez – également propriétaire, entre autres, des chaînes Auchan et Décathlon -, n’a « ni confirmé ni démenti nos informations », précise le quotidien. Les autres spécialistes français de la VPC, La Redoute et la Camif, sont aussi affectés par la crise du secteur. La Redoute avait annoncé en octobre la suppression de 672 postes, rappelle le journal, et la Camif est en liquidation judiciaire. La direction des 3 Suisses a prévenu les représentants du personnel « il y a quelques jours », écrit Le Figaro : « Personne ne doit se sentir à l’abri. » Selon les informations du journal, les suppressions de postes concerneraient notamment le siège de la société, à Roubaix, où 140 à 170 postes disparaîtraient. Les autres suppressions concerneraient les six centres d’appels, situés à Villeneuve-d’Ascq, Rouen, Marseille, Nantes, Lyon et Nancy, dont certains pourraient carrément fermer. Les syndicats craignent une délocalisation en Tunisie, ajoute le quotidien. Ces mesures s’inscriraient dans le cadre d’un vaste chantier destiné à redresser la rentabilité du groupe, notamment en refaisant des 3 Suisses une maison de mode, indique encore Le Figaro. REUTERS
Tunisie : Le phénomène des blogs en Tunisie Plongée au cœur d’un nouvel espace de libre expression…
Les blogs tunisiens commencent à sortir de plus en plus du cercle restreint des initiés pour s’imposer comme un outil grand public d’expression citoyenne. Sans chercher à être objectifs ou constructifs à tous les coups, ces pages personnelles et interactives sur Internet rapportent, analysent, décortiquent et mettent à nu les vices cachés et les prouesses d’une société qui bouge… Ces jeunes «connectés» qui slaloment entre les lignes pour faire la lumière sur tous les sujets tabous sont loin d’être le produit d’une mode éphémère. Leurs textes lapidaires, déversés «en vrac» depuis plus de trois ans, écorchent souvent la langue de bois et comblent un certain vide laissé par des médias traditionnels. Radioscopie d’un phénomène de société en pleine expansion. L’année 2008 a été placée par les pouvoirs publics sous le signe du dialogue global avec les jeunes, avec pour slogan “La Tunisie d’abord”. Chez nos blogueurs, essentiellement des jeunes rompus aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, le message des autorités n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Assoiffés de liberté d’expression dans une société qui garde jalousement de nombreuses traditions conservatrices, ces jeunes n’ont pas la langue dans la poche. Adolescents, adultes, «papy-internautes», islamisants acharnés, laïcs convaincus ou athées désabusés, gauchistes, libéraux, fils à papa paradant aux volants de grosses cylindrées, potentiels candidats à l’émigration clandestine ou diplômés chômeurs en galère… N’importe quel internaute peut provoquer le débat ou alimenter la polémique autour de sujets aussi sérieux que le port du hijab, le jean moulant, l’égalité successorale, la liberté sexuelle, la démocratie version Georges W. Bush, les pots-de-vin au sein de l’administration tunisienne. Etat des lieux En Tunisie, on estime actuellement à 2.000 le nombre de blogs actifs avec près de 800.000 pages visitées par mois. L’agrégateur «Tunisie blogs» en recense près de 400 et plusieurs blogs apparaissent chaque jour. Ces journaux électroniques amateurs sont pour la plupart hébergés sur des plates-formes européennes comme Blogspot, Blogger, Msnspace, Canalblog, Skyblog et bien d’autres. Le boom des blogs s’explique essentiellement par leur grande facilité de création et d’utilisation. Rien de plus facile aujourd’hui que de lancer un blog, assurent les hébergeurs. Les plates-formes offrant des espaces de «blogging» gratuits se multiplient sur Internet. Mieux, ces plates-formes expliquent aux néophytes le mode d’emploi. Il suffit de trois clics pour créer des pages interactives, où l’on se permet de critiquer, de ridiculiser ou d’étaler pêle-mêle ses angoisses et ses aspirations : «Créez un compte», «Nommez votre blog», «Choisissez un modèle». Et c’est parti !… Cette simplification technologique a fait sortir le blog de son petit cercle d’initiés. Véritable phénomène de société, le blogging traduit aux yeux des sociologues (voir encadré) un fort besoin de la société tunisienne de s’exprimer, de partager, de se rencontrer. «Les blogueurs cherchent avant tout à entrer en contact, à créer des liens, à se constituer un réseau d’amis, une communauté virtuelle autour de certaines passions ou centres d’intérêts communs», précise Adel B, fondateur d’une société spécialisée dans les nouvelles technologies et blogueur à ses heures libres. On blogue ainsi toujours dans l’attente d’une réaction du lecteur. Mais par delà l’interactivité, les internautes font part de leurs états d’âme et déversent leurs coups de gueule ou coups de cœur dans un monde virtuel qui garantit l’anonymat et autorise toutes les audaces. «Peu de personnes autour de moi comprennent les motivations qui m’ont poussé à créer ce blog mais surtout à l’entretenir régulièrement. Pourtant c’est simple. Ça me permet de m’exprimer, de dire ce que je pense mais surtout ça me pousse à réfléchir sur ce qui se passe autour de nous. Cela m’amène à réévaluer mes valeurs et mes opinions sur des sujets sensibles sur lesquels je croyais avoir le dernier mot», explique Aziz, l’animateur de «etkalem.blogspot.com ». C’est dire qu’à travers le blogging, on existe, on fuit sa condition. On s’évade dans un monde virtuel, on se crée une vie, une identité. Un blog est en effet un journal intime public —un paradoxe étonnant— tenu généralement par une ou plusieurs personnes qui y postent de manière plus ou moins régulière des billets, des photos, des vidéos ou encore des caricatures et des graphiques. Ils y décrivent leur vécu personnel ou réagissent à un évènement particulier. En Tunisie, ce sont les blogs personnels, des sortes de journaux intimes numériques, qui restent dominants. Dans cette catégorie, les internautes évoquent leurs préoccupations, craintes et aspirations. On peut facilement tomber sur des billets du genre «7 choses au hasard sur moi: je chausse du 39/40 (gros complexe), j’adore traîner en pyjama, je peux rester plusieurs jours sans sortir, j’adore les comédies musicales, j’ai peur du froid, j’adore le Nutella, ma voiture est bleue». C’est le cas du blog «Marsoise» (http://marsoise.blogspot.com ). Le journal intime de cette jeune diplômée du «prestigieux» Institut des Hautes études commerciales de Carthage (IHEC) est née suite à une déception. «J’ai créé mon blog sur un coup de tête au boulot …Je m’ennuyais beaucoup au travail. C’est justement à ce moment-là que j’ai pris conscience que je n’avais plus rien à faire dans ce boulot, que c’était très loin de mes ambitions et de ce que je voulais faire de ma vie», explique cette jeune blogueuse. Originaire de la paisible banlieue de La Marsa, elle se félicite en ligne du fait qu’elle ait été recrutée par une banque «sans intervention» et loin de toutes les pratiques clientélistes. «J’ai passé cinq entretiens et des tests en tout genres —test d’intelligence et de logique, test psycho— technique, test de personnalité, de longs entretiens avec le P-DG et le Conseil d’Administration…Je voyais la fin à chaque étape, je me disais qu’en n’ayant pas de pistons c’était grillé d’avance, mais ils me rappelaient à chaque fois. J’ai pris de l’assurance d’entretien en entretien. J’ai cru en mes chances jusqu’au bout, la sélection était dure, mais j’ai été retenue à la fin (…). Ma récente expérience vient de me redonner espoir…Un espoir que je voudrais partager avec tous mes amis nouveaux diplômés ou chômeurs de longue date et qui galèrent à la recherche d’un emploi. Mes chers amis, ayez confiance en vous, en vos compétences et en votre valeur. Tôt ou tard ça ne pourra que s’arranger», recommande-t-elle aux jeunes diplômés chômeurs dans un billet intitulé «Note d’espoir». Journalisme citoyen A côté de ces pages «narcissiques», on trouve de plus en plus de blogs proches du journalisme citoyen. Ces derniers proposent des textes lapidaires assaisonnés d’une forte dose de critiques sur des sujets qui touchent de près l’écrasante majorité des citoyens: cherté de la vie, montée de l’islamisme, chômage, recrutement d’un sélectionneur national, libéralisation accrue des mœurs… Le tout analysé et commenté sous un angle souvent satirique ou humoristique. Dans ce chapitre, Big Trap Boy, le célèbre animateur d’«Extravangaza», se détache du lot. Il aborde des sujets de brûlante actualité, tels la corruption dans le monde du sport, la censure sur Internet ou encore le tabou de la sexualité des Tunisiens. Sur ce dernier point, il estime que le thème «reste toujours entaché de zones d’ombre, de non-dits, de cachotteries, et surtout de tabous et d’hypocrisie. Le peuple et le gouvernement tunisiens refusent encore de regarder le phénomène en face et de résoudre les problèmes sociologiques, psychologiques, religieux, moraux et familiaux qu’il pose». De son côté, Carpe Diem (http://carpediem-selim.blogspot.com ) relance un débat plus que jamais à l’ordre du jour en Tunisie quand il évoque la problématique de l’engouement récent des femmes tunisiennes pour le voile islamique. Un comportement qui laisse, selon lui, perplexes les défenseurs de la laïcité. Dans un pays qui avait été le premier à avoir permis grâce au Code de Statut Personnel (CSP), un ensemble des lois libérales édictées peu après l’indépendance du pays, aux femmes tunisiennes de se débarrasser d’un statut d’être inférieur, ce phénomène intrigue, selon le blogueur. «Ce retour aux traditions doit-t-il être considéré comme le résultat d’un recentrage de la mentalité et des convictions de la société tunisienne, qui auraient été bousculées un peu trop vite par le volontarisme bourguibien, ou doit-il au contraire être considéré comme un retour en arrière et un recul sur des acquis bien précieux?», s’interroge-t-il. Golden Chicha (http://www.goldenchicha.com ), qui se veut un voyage au cœur du microcosme du football tunisien, n’hésite pas quant à lui à s’attaquer à la grande «précipitation» dont a fait preuve la Fédération Tunisienne de Football (FTF) en mai dernier dans sa recherche d’un remplaçant du sélectionneur Roger Lemerre, qui s’était attiré l’ire de dix millions de Tunisiens sur fond de choix tactiques «insensés». Il enfonce davantage le clou quand il lance un concours de recrutement d’un sélectionneur parmi les citoyens lambda : «La FTF a décidé de lancer un concours national pour désigner l’entraîneur de l’EN de Football. Vous êtes Tunisien? Vous regardez l’émission sportive Belmakchouf sur Hannibal TV ? Vous adorez Razi et vos suivez Raja? Vous pouvez entraîner l’Equipe Nationale de Football. Pour cela, rien de plus simple : il suffit d’envoyer un email à president@ftf.org.tn , avec votre nom, prénom, et les raisons pour lesquelles vous estimez que vous êtes l’entraîneur qu’il faut pour les Aigles de Carthage. N’hésitez pas! Vous aussi vous avez le droit de mener le football tunisien vers le mur en gagnant un fric fou!». Cyber-militantisme Une troisième catégorie de blogs tunisiens se veut un espace de militantisme. Les internautes y tentent de «faire bouger les choses» au niveau de toute la société ou dans un domaine particulier. Pour ce faire, ils font souvent preuve d’une grande liberté de ton. Tel est le cas par exemple de Aziz qui milite pour «une Tunisie plurielle» au plan religieux. Ce bloggeur n’hésite pas à mettre en ligne un «acte de foi» personnel et à s’en prendre à la fois aux islamistes acharnés et aux laïcs convaincus. «La Tunisie que je défends est celle de la tolérance et de l’ouverture vers l’Autre, ,celle qui protège son patrimoine comme la prunelle de ses yeux , qu’il soit celui d’une minorité religieuse qui a fleuri dans notre terre ou celle d’une espèce animale qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Celle de la modernité, celle de la vision d’hommes et de femmes qui ont bâti cette République résolument tournée vers le monde. Je me revendique fils de Didon, d’Hannibal, de Oqba Ibn Nafaâ et de Bourguiba. Voici mon acte de foi et je crierai à qui veut l’entendre que mon Droit à la différence et à la tolérance dans mon pays est un combat de chaque instant», note-t-il. Dans cette même catégorie de blogs,«Islamiqua» (http://islamiqua.canalblog.com ) se propose de réformer l’islam. «Islamiqua, blog journal du réformisme, a vu le jour le 24 mars 2006 avec un but qui a été d’abord limité au combat contre le terrorisme et à la défense du réformisme. A une époque ou plusieurs personnes assimilent l’Islam au terrorisme tandis que les autres répliquent que l’Islam n’est que paix et amour, Islamiqua est venue pour essayer de faire la part des choses. Dire qu’il est injuste d’assimiler l’Islam au terrorisme. Mais dire aussi que ce que véhiculent certains Musulmans ainsi que certaines lectures de l’Islam n’ont rien à voir ni avec la paix ni avec l’amour». Pour les blogs qui militent en faveur de la promotion d’un secteur bien déterminé, «journaliste tunisien» (http://journaliste-tunisien.blogspot.com ) se distingue dans la défense des intérêts des chevaliers de la plume. Espace de libre expression, la blogosphère tunisienne reflète en somme une Tunisie «parallèle». Elle est toutefois loin d’être la plus active et la plus influente dans le Monde arabe. Au Maroc on compte 30.000 blogs contre près de 6.000 en Algérie. En Egypte, les blogueurs réussissent de plus en plus à avoir une influence sur la scène politique nationale. Elyès Hamdi (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), le 18 décembre 2008)