29 octobre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année,N° 3446 du 29.10.2009

 archives : www.tunisnews.net  


Taoufik Ben Brik: la désobéissance en danger – Communiqué Commun: CIDT-TUNISIE: TAOUFIK BEN BRIK EN BUTTE A UNE VENGEANCE  D’ETAT Reporters sans frontieres : Violence et arrestation post-électorales contre deux journalistes Liberté et Equité: Le journaliste Slim Boukhdhir a été kidnappé et agressé Liberté et Equité: Nouvelles des Libertés en Tunisie Liberté et Equité: Ramzi Gasmi, ex prisonnier d’opinion, a disparu depuis 10 jours Conseil de l’Ordre des Avocats: Sur l’interdiction faite à un avocat de rendre visite à ses clients L’Initiative nationale pour la Démocratie et le Progrès: Déclaration sur les élections AFP: Washington « préoccupé »: Tunis évoque un « climat de transparence » (ministère) AP: Elections: Tunis se défend de n’avoir pas autorisé d’observateurs internationaux crédibles AP: Tunisia economy thrives amid restrictive politics Nouvel Obs: Taoufik Ben Brik arrêté et écroué Amel Boubekeur:Analyse : À quoi le président Ben Ali doit-il sa longévité ? Amel Boubekeur: Tunisia: beyond illusions of change Zaghloul: Propos décevants de Souhayr Belhassen


Taoufik Ben Brik: la désobéissance en danger

 
Ecrivain et journaliste, Taoufik Ben Brik est une plume indépendante, courageuse et intransigeante, en butte au harcèlement d’un régime indigne. Le gouvernement poursuit de sa vindicte le journaliste et sa famille: traquenard, pression, répression, menaces, intimidations, convocations injustifiées à la police, tel est le quotidien de cette figure emblématique de la critique inlassable du régime. Pour avoir couvert avec amertume et causticité les «élections» tunisiennes dansdémasqué cette sombre farce politique, pour avoir osé faire entendre une voix discordante dans le concert obscène de louanges qui salue le sacre arrogant de Ben Ali, Taoufik Ben Brik se retrouve maintenant isolé, baillonné et réduit au silence. Jusqu’à son arrestation aujourd’hui qui nous fait redouter le pire. Nous ne pouvons tolérer la criminalisation de la dissidence. Nous dénonçons le silence complice du gouvernement français devant ces atteintes aux libertés essentielles, ainsi que sa complaisance envers une dictature policière féroce. Une dictature qui n’hésite pas à enlever et faire disparaître les journalistes comme Slim Boukhdhir, correspondant d’Al Arabya, agressé des médias français, pour avoir , roué de coups, menacé 2 heures après une interview à la BBC sur le rapport de RSF, ou encore Zouhaier Makhlouf, arrêté depuis le 20 octobre, et aussi des syndicalistes comme Mohamed Soudani, coupable d’avoir parlé à des média étrangers. Sans parler de Florence Beaugé, journaliste au Monde, refoulée à son arrivée en Tunisie et insultée dans une presse aux ordres ! L’impunité aux tortionnaires, ça suffit ! Nous serons toujours aux côtés de ceux qui s’élèvent contre le déni de démocratie. Nous témoignons avec force notre solidarité et notre soutien à Taoufik Ben Brik et toutes les victimes de la torture et de la maltraitance dans les prisons tunisiennes. Signataires: Mouloud Aounit MRAP, Clémentine Autain FASE coordinatrice de Regards, Olivier Besancenot NPA, Tarek Ben Hiba FASE, Daniel Bensaïd NPA, Mouhieddine Cherbib FTCR, Annick Coupé Union Syndicale Solidaires, Iyed Dahmani PDP, Cécile Duflot Les Verts, Abid EL KHATTABI ASDHOM, Jacques Fath PCF, Kamel Jendoubi REMDH & CRLDHT, Alain Krivine NPA, Noël Mamère Les Verts, Christian Mahieux Union Syndicale Solidaires, Lumamba Mohsni NPA, Marguerite Rollinde chercheure, Omeyya Sedik, Adel Thabet PCOT,
 

 

CENTRE  D’INFORMATION  ET  DE  DOCUMENTATION  SUR  LA  TORTURE

CIDT-TUNISIE

Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être

torturés

Membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT-Genève

Comité d’honneur :

M. Jacques  FRANÇOIS

Mgr Jacques  GAILLOT

Dr. Hélène  JAFFÉ

M. Gilles PERRAULT

M. François DE  VARGAS

Président :Jean-Marc MÉTIN

Besançon, le 29 octobre  2009

APPEL A LA SOLIDARITE

Tous ceux qui ont gâché les élections du général Ben Ali sont visés,

TAOUFIK BEN BRIK EN BUTTE A UNE VENGEANCE  D’ETAT

Comme il fallait s’y attendre, le journaliste militant Zouhair MAKHLOUF n’était que le premier d’une liste de militants de l’opposition à qui le général Ben Ali entend faire payer leur opposition à ses élections.

Mais cette fois, il s’attaque au plus célèbres des journalistes tunisiens, celui qui lui avait tant donné de fil à retordre au début des années 2000 et l’un des rares à lui avoir jamais forcé la main : Taoufik BEN BRIK.

En effet, l’écrivain vient de nous confirmer qu’il était convoqué par la police «sur-le-champ », sans précision de motif. Mais il fait le lien avec une altercation provoquée le 22 octobre par une femme qui l’a accusé d’avoir voulu sciemment heurter sa voiture ave la sienne. Elle est alors descendue de sa

voiture et n’avait pas hésité à agripper sa victime, bien plus corpulente qu’elle, « comme si elle s’était entraînée sur un Rottweiler », raconte Taoufik BEN BRIK, qui y voit la main de la police. Et d’ajouter que juste au moment où

il a réussi à remonter dans son véhicule alors que la femme agitée était retenue par des ouvriers d’un chantier voisin, accourus pour les séparer, un policier a frappé à sa vitre lui suggérant… d’embarquer la femme et d’aller ensemble au poste de police. Autant dire de se jeter dans la gueule du général Ben Ali

Depuis, affirme Taoufik BEN BRIK, il s’attendait aux suites de cette affaire,comme avait fait son frère Jalel il y a cinq ans quand la police l’avait accusé d’avoir provoqué une rixe et emmené directement en prison. Il a assuré qu’il s’attendait à tout de la part du pouvoir pour tous les écrits qu’il a publié sur de nombreux supports (nouvelobs.com, mediapart…) et par lesquels il a pris part à la campagne électorale à sa façon.

Au vu des cas de Zouhair MAKHLOUF, déjà embastillé, et de Florence Beaugé,expulsée sans ménagement, on est fondé à craindre le pire . Sachant que Taoufik nous fait savoir qu’il a déjà une condamnation dans des circonstances comparables à quatre mois de prison avec sursis pour… blasphème ! Si la femme qui l’a agrippé le 22 octobre porte plainte contre lui sous un chef d’accusation quelconque, il pourra écoper d’une petite peine de prison (un ou deux mois, par

exemple), ce qui entraînerait la levée du sursis et un total qui irait de cinq à six mois fermes.

La vengeance de M. Ben Ali sera alors consommée.

Nous appelons les amis du peuple tunisien et de Taoufik Ben Brik, en particulier, à se mobiliser pour que la main monstrueuse du général de renseignement Zine Ben Ali ne puisse atteindre notre journaliste et écrivain national et l’un des plus fermes piliers de l’opposition à la tortiocratie instaurée à Tunis depuis 22 ans.

Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur


 

Violence et arrestation post-électorales contre deux journalistes

Publié le 29 octobre 2009 A la veille de l’élection présidentielle, le 24 octobre 2009, Zine el-Abidine Ben Ali, candidat à sa propre succession pour un cinquième mandat, avait averti publiquement ses détracteurs que la loi serait « appliquée contre quiconque émettra des accusations ou des doutes concernant l’intégrité de l’opération électorale, sans fournir de preuves concrètes ». Une fois le chef de l’Etat réélu avec 89,62% des voix le 25 octobre, les hommes de main du régime n’ont pas tardé à mettre ces menaces à exécution. « L’arrestation de Taoufik Ben Brik et l’agression de Slim Boukhdhir constituent des violations inacceptables de la liberté d’expression. Nous appelons la communauté internationale à réagir face à ces agissements dignes d’un régime mafieux, au lendemain de la réélection de Zine el-Abidine Ben Ali », a déclaré l’organisation. Aujourd’hui, le 29 octobre, le journaliste Taoufik Ben Brik a été arrêté alors qu’il était convoqué à 10h pour la prétendue agression d’une femme dans la rue la semaine passée. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une affaire montée de toutes pièces par les autorités pour inquiéter le journaliste, connu pour ses articles critiques à l’égard du président Ben Ali. Il a été transféré au centre de détention de Bouchoucha à Tunis. Il devrait être présenté demain devant un juge. Le 28 octobre, vers 19h30, le journaliste indépendant Slim Boukhdhir a, quant à lui, été agressé par cinq hommes en civil dans le quartier du Bardo à Tunis, alors qu’il descendait de taxi pour rentrer à son domicile. Deux heures plus tôt, le journaliste avait été interviewé par la BBC pour discuter du rapport de Reporters sans frontières suite à la mission de l’organisation en Tunisie. Il a dénoncé l’impossibilité, pour les journalistes indépendants, de faire leur travail. Slim Boukhdhir a été violemment poussé dans une voiture garée à proximité. Après lui avoir bandé les yeux, les hommes de main l’ont roué de coups, au visage et sur l’ensemble du corps, l’insultant et le menaçant ainsi que sa famille. Ils l’ont déshabillé. Il a également été menacé avec un couteau à cran d’arrêt. « Ils ont roulé longtemps, tellement longtemps que j’avais l’impression qu’on était à la forêt de Radis, à 6km de Tunis. J’avais le visage en feu tellement les coups pleuvaient », a conflié le journaliste. Slim Boukhdhir a été relâché au niveau du parc du Belvédère, au nord de la ville, dépouillé de tous ses effets, vêtements, papiers, argent et téléphone. Il est parvenu à se rendre chez des amis qui l’ont conduit à l’hôpital. Bilan : quatorze jours de repos, fracture du nez, altération de la vision de l’œil gauche, hématomes sur le visage, les côtes, aux épaules, dans le dos et aux jambes. Il a déclaré son intention de porter plainte. (Source:Reporters sans frontieres le29 octobre 2009


 

Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 28 octobre 2009

Le journaliste Slim Boukhdhir a été kidnappé et agressé

Le journaliste Slim Boukhdhir, correspondant de l’organisation Reporters Sans Frontières en Tunisie et de la Chaine Arabia.net, et membre fondateur de l’organisation Liberté et Equité, a été kidnappé dans l’après midi du mercredi 28 octobre 2009 par des inconnus devant son domicile. Il a été mis, ligoté et les yeux bandés, dans une voiture et tout le long du trajet, il a été frappé à coups de gourdins en caoutchouc, insulté et injurié. A l’arrivée au jardin du Belvédère il a été jeté à terre devant les phares de la voiture pour qu’il ne puisse pas voir et on lui a retiré le bandeau et les liens et il a continué de recevoir des coups et des coups de pieds et de gourdins en caoutchouc. Les insultes ont continué. L’un d’eux l’a menacé de son couteau, mais son collègue l’a dissuadé d’en faire usage, Ce n’est pas la première agression de Slim Boukhdhir et il est toujours en butte au harcèlement, à une filature collante et quotidienne. On en est même arrivé à l’accuser d’agression de fonctionnaire en exercice et il a été jeté en prison pour plus de six mois[…] […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel, fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 29 octobre 2009

Nouvelles des Libertés en Tunisie

[…] 2) Arrestation du jeune Amine Briouel dans la région de Chabba Des agents de la police politique ont arrêté samedi 24 octobre 2009 […] le jeune Amine Briouel qui était à bord d’un bateau de pêche voguant entre Chabba et Sfax pour le conduire dans un lieu inconnu. Sa famille ignore le lieu et la raison de sa détention. La famille d’Amine Briouel a eu vent d’une information faisant état d’opérations de forage et de fouilles menées par les services sécuritaires de Mehdia dans la région de Chabba et on pense qu’il y a un rapport avec l’arrestation du jeune. Amine Briouel, lycéen, originaire de la ville de Chabba dans le gouvernorat de Mehdia est à l’école industrielle de Menzel Bourguiba. Il revient lors des vacances chez lui et il s’adonne à la pêche en mer, comme tous les citoyens de Chabba. 3) Zouhaïer Makhlouf, militant des droits de l’homme, poursuit sa grève de la faim Zouhaïer Makhlouf, militant des droits de l’homme, incarcéré actuellement à la prison de Mornaguia, poursuit sa grève de la faim pour le dixième jour d’affilée pour exiger sa libération […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 28 octobre 2009

Nouvelles des libertés en Tunisie

 

 
1) Ramzi Gasmi, ex prisonnier d’opinion, a disparu depuis 10 jours La famille du jeune Ramzi Gasmi, ex prisonnier d’opinion, a fait état de la disparition de ce dernier depuis 10 jours. Elle ignore où il se trouve et pourquoi il a disparu. Le phénomène de la disparition des jeunes pendant plusieurs jours en Tunisie est dû aux arrestations aveugles dans le cadre de la loi non constitutionnelle sur le terrorisme. 2) Zouhaïer Makhlouf, militant des droits de l’homme, poursuit sa grève de la faim. Il a reçu la visite de ses avocats Monsieur Zouhaïer Makhlouf, militant des droits de l’homme actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia, poursuit sa grève de la faim pour le neuvième jour d’affilée afin d’exiger sa libération. Il a reçu mercredi 28 octobre, la visite de sa famille mais aussi celle des avocats qui se sont portés volontaires pour assurer sa défense, […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Conseil de l’Ordre des Avocats Section de Tunis Louanges à Dieu seul Tunis, le 26 octobre 2009

Sur l’interdiction faite à un avocat de rendre visite à ses clients

 
Le conseil de la section régionale des avocats informe qu’à la suite de la plainte déposée par Maître Samir Ben Amor auprès du Président de la section, après l’interdiction qui lui avait été faite de faire des visites en prison il avait sollicité le Président pour qu’il l’accompagne à Mornaguia afin qu’il puisse faire son constat, le président de la section s’est rendu le 26 octobre avec son confrère à la prison susvisée. Après que le confrère ait montré ses cartes de visites délivrés par la Cour d’Appel de Tunis et par monsieur le sixième juge d’instruction ainsi que sa carte professionnelle, on l’a fait attendre à cause de l’indisponibilité des parloirs dans la prison et au bout d’une demi-heure, et devant le président de la section, il a été informé par un agent en tenue qu’il était interdit de visites en vertu de directives de l’administration générale des prisons. […] le conseil de section dénonce la mesure prise contre le confrère et exhorte l’autorité à diligenter une enquête et à mettre un terme à ces méthodes Pour le conseil de section Le président de section Abderrazak Kilani (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

L’Initiative nationale pour la Démocratie et le Progrès

Déclaration sur les élections

     Notre pays a vécu, ces derniers jours, une phase importante de sa vie politique : l’élection du Président de la République et des membres de la Chambre des députés.      L’Initiative nationale pour la Démocratie et le Progrès (INDP) a estimé que ces élections constituaient une occasion exceptionnelle – dont le pays est privé en temps ordinaire – pour faire entendre au peuple tunisien une voix autre que la voix dominante qui tente de faire croire qu’elle constitue la voix unique, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu’il n’ y a aucune alternative au parti au pouvoir et à son personnel politique.       L’INDP a rencontré lors de ces élections des obstacles innombrables : de la loi électorale (à laquelle s’étaient opposés les députés d’Ettajdid) à l’invalidation de nombreuses listes, la saisie du journal « Attariq Al Jadid », l’interdiction des manifestes électoraux et des affiches pendant plusieurs jours, la gestion partisane des espaces publics de réunion, la censure de nombreux passages dans les interventions à la télévision et à la radio de plusieurs têtes de liste de l’INDP et, pour terminer, les nombreux abus et irrégularités qui se sont produits le jour du scrutin (et dont nous avons fait état, en temps utile, à l’Observatoire national des élections).       Malgré  toutes ces difficultés, l’INDP a réussi à mettre en évidence le fait – que certains ont voulu nier –  qu’elle représente effectivement un mouvement d’opposition sérieux et responsable, qui propose des idées et des perspectives alternatives distinctes des idées dominantes, fondées sur une analyse sérieuse, immédiatement applicables, ou, pour le moins, pouvant constituer une base solide pour un débat national global sur les orientations générales de notre pays. Elle a aussi montré que cette alternative est portée par des hommes et des femmes patriotes, compétents, qui ne sont mus ni par l’intérêt matériel ni par l’attrait du pouvoir, ne comptant que sur les forces propres de leur peuple, et dont le seul souci est de mettre leurs capacités, leur expérience et leurs compétences au service de leur pays et du progrès de leur peuple.       Ces élections auraient pu constituer une occasion pour faire évoluer la situation vers un système politique répondant aux besoins de notre peuple et aux aspirations de sa jeunesse, afin d’engager une réforme qui consacre le droit du citoyen à choisir ses dirigeants en toute liberté et concrétise la richesse du paysage politique de notre pays en énergies nombreuses et diverses, disposées à servir leur patrie.      L’obstination à maintenir la mainmise du parti au pouvoir sur tous les aspects de la vie politique et sociale a fait rater à notre pays cette occasion de réformer le système politique, ce qui traduit l’intention chez certains de faire de la prochaine étape de la vie politique du pays une réédition de l’expérience précédente, peut-être même avec plus de fermeture. Ainsi, les résultats officiels des élections ne reflètent ni le rapport réel des forces politiques dans la société, ni l’étendue de la large sympathie rencontrée, auprès des larges couches de la population, par l’INDP et ses candidats aux présidentielles et aux législatives. Ces résultats viennent plutôt consacrer l’hégémonie du parti au pouvoir et des partis qui lui sont proches, dans une tentative pour décourager et marginaliser l’opposition nationale et démocratique responsable.       L’INDP est convaincue que l’avenir de la Tunisie, sa stabilité et son invulnérabilité passent par une politique fondée sur la justice sociale et une réforme globale du système politique qui consacre les principes du régime républicain et les valeurs de citoyenneté, d’égalité et de souveraineté du peuple, exercée à travers des élections libres et transparentes, qui contribue à promouvoir la vie politique et garantisse aux partis à caractère civil souhaitant agir dans la légalité – en particulier le Parti du Travail patriotique et démocratique – le droit à la reconnaissance légale.       L’INDP est décidée à consolider, au cours de la prochaine étape, l’alliance entre ses composantes, sur la base de la plateforme présentée à l’opinion publique à l’occasion de l’annonce de la candidature de M. Ahmed Brahim, sur laquelle elle a pris appui tout au long de la campagne électorale.       L’INDP est d’autre part résolue à approfondir les convergences qui se sont réalisées au cours de la campagne électorale, pour franchir de nouvelles avancées en rassemblant le maximum d’énergies en vue de créer un mouvement démocratique et progressiste puissant et agissant, capable d’influer sur le cours des événements et d’assurer à notre pays et à ses enfants un avenir meilleur.       A cette occasion, l’INDP dans toutes ses composantes : militants indépendants, Mouvement Ettajdid et Parti du Travail patriotique et démocratique, exprime sa vive reconnaissance à toutes les citoyennes et à tous les citoyens qui ont donné leur voix à son candidat à la présidence de la République et à ses candidats aux législatives. Elle exprime aussi sa reconnaissance au peuple tunisien qui a accueilli ses meetings dans toutes les régions du pays, a assisté à ses réunions et a manifesté de l’intérêt pour ses idées et ses propositions, en surmontant indifférence et pressions. Elle exprime de même sa considération et ses félicitations chaleureuses à ses militants, ses amis et sympathisants pour la combativité, la fermeté et l’enthousiasme dont ils ont fait preuve au cours de la campagne électorale. Leur comportement responsable leur a permis de surmonter les obstacles et de faire face aux pressions, aussi bien celles qui poussent à rester chez soi en se contentant de protestations verbales, que celles qui poussent à accepter le fait accompli et à se résigner devant la politique du bâton et de la carotte.       Elle prend acte du fait que le Mouvement Ettajdid n’a pas été écarté de la Chambre des Députés, où ses deux représentants auront la responsabilité d’exprimer fortement les positions de l’opposition sérieuse.       L’INDP exprime sa considération pour tous ceux qui ont soutenu son candidat Ahmed Brahim, en particulier le « Forum démocratique pour le Travail et les Libertés » (FDTL) et les listes « Réforme et Développement ». Elle renouvelle l’expression de sa solidarité avec le FDTL, victime d’exclusive lors de ces élections.       A toutes les personnalités, en Tunisie et dans l’émigration, à tous les intellectuels, artistes, écrivains, médecins, avocats, universitaires, aux syndicalistes et militants des droits humains qui ont apporté leur soutien à l’INDP et ses candidats, l’INDP adresse un grand merci !  Tunis, le 27 octobre 2009

Washington « préoccupé »: Tunis évoque un « climat de transparence » (ministère)

AFP, le 28 octobre 2009 à 14h25          TUNIS, 28 oct 2009 (AFP) – Les élections de dimanche en Tunisie  se sont déroulées dans « un climat de liberté et de transparence » et  ont été suivies par 31 observateurs « indépendants », a affirmé  mercredi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.     Ce ministère réagissait à une déclaration lundi du porte-parole du département d’Etat Ian Kelly affirmant que les Etats-unis étaient « préoccupés » par la réélection du président Zine El Abidine Ben Ali, mettant avant l’absence d’observateurs internationaux.     Contrairement aux propos de M. kelly, des observateurs venant de 23 Etats arabes, africains et européens ont suivi le scrutin avec une délégation de l’Union africaine, ajoute le ministère, qui en publie la liste.     M. Ben Ali a été réélu avec 89,62% des voix pour un cinquième mandant successif, alors son ministre de l’Intérieur, Rafik Haj Kacem, affirmait lundi que « le scrutin s’est déroulé dans la transparence ».     Le ministère des Affaires étrangères rappelle aussi qu’un observatoire national avait été mis en place pour superviser le scrutin, suivi par « des représentants des différents partis politiques » en lice, selon le communiqué.     « Les différentes étapes de l’opération électorale se sont déroulées dans un climat de liberté et de transparence », poursuit le ministère, affirmant que les élections présidentielle et législatives de dimanche étaient « un nouveau jalon sur la voie de la consolidation du processus démocratique pluraliste ».     Le ministère dit « apprécier l’intérêt porté par les Etats-Unis d’Amérique aux élections » et « au renforcement des relations d’amitié et de coopération avec la Tunisie ».     Le porte-parole du département d’Etat avait souligné que Washington avait l’intention de « travailler avec le président tunisien et avec son gouvernement afin d’approfondir les relations entre la Tunisie et les Etats-Unis ».     « Nous continuerons à oeuvrer dans le domaine de la coopération bilatérale (…) et poursuivrons notre travail pour que des réformes politiques aient lieu et que les droits de l’homme soient respectés » en Tunisie, avait-il dit.

 


 

Elections: Tunis se défend de n’avoir pas autorisé d’observateurs internationaux crédibles

 

Associated Press, le 28 octobre 2009 à 19h42

 TUNIS (AP) — Tunis s’est inscrit en faux mercredi contre lesdéclarations de Washington qui regrettait que le gouvernementtunisien n’ait autorisé « aucun observateur internationalcrédible » pour les élections présidentielle et législatives de dimanche dernier.  Dans un communiqué transmis à l’Associated Press, le ministère tunisien des Affaires étrangères fait valoir que le scrutin a été suivi « par 31 personnalités indépendantes et crédibles », venant de plusieurs pays européens et africains notamment de France, d’Italie du Royaume-Uni et du Portugal, en plus d’une mission dépêchée par l’Union africaine (UA). Le communiqué assure que le vote s’est déroulé « dans un climat de liberté et de transparence ».  « A notre connaissance, aucune autorisation n’a été accordée à aucun observateur international crédible », avait noté lundi le porte-parole du Département d’Etat américain Ian Kelly, assurant toutefois que Washington était prêt à travailler avec les autorités tunisiennes.  Par ailleurs, le conseil constitutionnel a validé mercredi les résultats de l’élection à « la majorité absolue » du président Ben Ali pour un cinquième mandat successif de cinq ans.  

 


 

Tunisia economy thrives amid restrictive politics

Associated Press, le 29 octobre 2009 à 14h56

By ALFRED de MONTESQUIOU, Associated Press Writer

RADES, Tunisia (AP) _ Once a day laborer struggling to make a living, Mourad Baazouzi now wears swanky sports shoes, manages 22 employees, and pays himself a good salary. With hard work and a small loan from a state-controlled bank, he’s joined the middle class

Tunisian authorities pride themselves on having created. Human rights groups say the trade-off for this economic and social success is an overbearing state apparatus that stifles liberties and helped hand the country’s president, Zine El Abidine Ben Ali, a fifth term in lopsided elections Sunday.

Tunisia’s economic advance sounds almost too good to be true, in the face of global recession and few natural resources _ a model other autocratic governments have sought but usually fail to achieve.

Baazouzi, who created his small workshop nine years ago, is among the Tunisians who say they vote for Ben Ali.

A welder without a high-school degree, he borrowed from the Tunisian Solidarity Bank, created by the government in 1997 to fund small projects. With his initial 10,000 dinar (about €5,000) loan, he built a firm that fixes broken trailers for transport companies at a quarter of the price they would be charged in Europe.

His employees are paid about €250 per month on average, more than the minimum legal wage, and he expects a 500,000 dinar turnover and 40,000 dinar profit this year. « I’m reinvesting all of it to expand the company, » Baazouzi said, touring the large and noisy new warehouse he’s built in Rades, a busy industrial town next to the salt lakes that harbor Tunis’ trading port.

The Solidarity Bank, or BTS, was created to tackle Tunisia’s biggest ongoing challenge: unemployment, which remains at 14 percent according to official figures and that Ben Ali has vowed to reduce during his new mandate. Though the more than 7 million tourists pouring each year onto Tunisia’s sunny beaches bring in 5 percent of GDP, small industries like Baazouzi’s make up over 20 percent of the economy. Services, including high-tech and Internet firms and a booming outsourcing trade with France and other countries, make up more than half.

Economists say it has worked in Tunisia because for the past generation the government has invested in education and skills, diversified the small country’s economy beyond tourism and carefully managed its finances.

Tunisian authorities say their economic achievements are the best path to good governance as a whole. They point to the relative peace, social equality and prosperity of

Tunisia compared to its neighbors in North Africa or much of the broader Arab and Muslim world.

The capital Tunis remains safe and tidy by standards of the rest of the region, the white facades of its buildings _ a mix of old Arab style and art deco influence from its former French colonial rulers _ blinding in the brilliant Mediterranean sunshine. The country is relatively secular and less than a quarter of women on the city’s streets wear a veil.

« You can’t drive real economic liberalism without also gradually liberalizing politics, » said Abdelhamid Triki, the junior minister for international cooperation and foreign investment. « We’ve been going very fast on the first aspect, and we’re catching up on the second, » he said.

Triki and other officials say elections have grown increasingly free in the 22 years since Ben Ali, now 73, took power in a bloodless coup. Ahead of Sunday’s election, opposition candidates were allowed to hold gatherings in the capital, plaster posters on allotted spots, and go on national television for one hour each.

But Ben Ali still won an overwhelming 89.6 percent of votes. And he reminded critics of the limits of their freedom by going on TV to threaten legal retaliation against anyone who questions the elections’ fairness.

While observers acknowledge Tunisia’s economic successes, rights groups say Tunisian authorities sometimes criminalize dissent. Amnesty International says, for instance, that two protesters were killed by police during social unrest in the impoverished southern Gafsa region last year, and that labor activists who led the movement are still behind bars. Triki says Ben Ali has the people’s support because « he delivers. » He noted Tunisia’s 6 percent average yearly

gross domestic product growth over the past two decades, and the 3 percent predicted this year by the government and the World Bank.

Government figures also show a poverty rate below 4 percent of the population _ the World Bank thinks it might be a bit higher, but says it’s still the lowest in the Middle East and North Africa region. There is also a free health care, life expectancy above 74 years, free schooling that has achieved brought high literacy rates and helped a third of Tunisian youths to university _ where 60 pecent of the students are women.

« Careful macroeconomics management is a major asset » for Tunisia, the World Bank’s chief economist for the country, Diame Diop, said in an email. He cited low budget deficits, the near balance of imports and exports and a diversified economy as strong points.

Authorities also say they’ve massively reduced social inequalities that plague countries in the region. Some 80 percent of Tunisia’s 10 million population now belong to the middle class, says the government, which measures this group based on home ownership, schooling levels, and income. While the World Bank doesn’t count people in the middle class, it generally agrees with Tunisian government indicators.

Tunisia has also lured capital from oil-rich Gulf countries for « megaprojects, » such as huge infrastructure and housing ventures. Triki says about $10 billion have been committed despite the current cash crunch linked to the downturn and low oil prices.

But, he insists, the government has mainly pegged Tunisia’s GDP growth on its skilled, often multilingual, high school and university graduates. « Our only resource is our people, » Triki said.

Associated Press

 


 

Taoufik Ben Brik arrêté et écroué

NOUVELOBS.COM | 29.10.2009 | 19:06 Le journaliste et opposant tunisien avait été convoqué par la police après qu’une femme eut porté plainte contre lui pour agression. RSF parle d' »une affaire montée de toutes pièces pour inquiéter le journaliste ». Sa femme s’inquiète pour sa santé.  La femme du journaliste et opposant tunisien Taoufik Ben Brik a indiqué, jeudi 29 octobre à nouvelobs.com, que son époux avait été arrêté et emprisonné. Il était convoqué par la police plus tôt dans la matinée après la plainte d’une femme. Celle-ci affirme que le journaliste l’a agressé et a tenté de la violer en pleine rue, à Tunis. La femme de Taoufik Ben Brik, Azza Zarrad, explique que « [son] mari a été envoyé dans le bureau des SS pour y passer la nuit et être jugé le lendemain ». « On est sans nouvelles de lui depuis ce matin. On ne peut pas aller le voir, on ne peut le joindre, on ne sait rien… » Elle s’inquiète surtout pour la santé de son époux. « Il atteint par le syndrome de Cushing, maladie chronique qui lui ôte toute immunité. Il doit rester dans un milieu sain, disposer d’une bonne hygiène de vie et surtout prendre des médicaments. En prison, il n’a rien de tout cela. Sans médicament, il peut tomber dans le coma et mourir… », explique-t-elle. Azza Zarrad appelle la Comunauté internationale à réagir. « Une affaire montée de toutes pièces » Mardi, Taoufik Ben Brik racontait au nouvelobs.com son altercation avec la femme qui l’accuse. « Jeudi dernier, à Tunis, j’avais mis ma voiture dans un parking », explique-t-il. « Avant même que j’ai mis le contact, une voiture garée derrière moi m’a embouti. La conductrice, qui, je pense, était de la police, en est sortie, me criant dessus, m’accusant d’avoir voulu lui rentrer dedans ; elle déchire mes habits, essaie de me pousser à la violence », rapporte Taoufik Ben Brik. « Elle a essayé de m’amener à user de la violence pour m’inculper d’agression ». Il « doit être traduit demain [vendredi] devant le tribunal de première instance », rapporte au nouvelobs.com Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération International des Droits de l’Homme (FIDH). « Tout porte à croire qu’il s’agit d’une affaire montée de toutes pièces par les autorités pour inquiéter le journaliste, connu pour ses articles critiques à l’égard du président Ben Ali », renchérit Reporters Sans Frontières (RSF). « Des atteintes à la liberté d’expression » La Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) explique au nouvelobs.com que Taoufik Ben Brik a été arrêté « à cause de ses écrits. La police essaye de fomenter une histoire pour le faire taire et ce n’est pas la première fois ». La FTCR s’élève « contre des atteintes à la liberté d’expression qui touche ce journaliste mais aussi tous les Tunisiens ». De son côté, la FIDH estime que cette affaire est liée « aux fabulations d’une femme soi-disant agressée, mais aussi aux déclarations du Président qui souhaite traduire en justice toute personne critique vis-à-vis du pouvoir ». Souhayr Belhassen affirme que « la Tunisie est en pleine régression. L’arrestation de Taoufik est le premier passage à l’acte ». Contacté par le nouvelobs.com, l’ambassade de la république tunisienne en France ne souhaite faire « aucun commentaire », avant de raccrocher violemment. Appels à la communauté internationale La FIDH « condamne fermement des actes qui accentuent les tensions en Tunisie » et en appelle à la Communauté internationale « avec beaucoup de scepticisme ». La présidente de la FIDH insiste surtout pour que la « France bouge, c’est la première concernée ». En ce sens, la FTCR dénonce « le silence complice du gouvernement français devant ces atteintes aux libertés essentielles, ainsi que sa complaisance envers une dictature policière féroce ». Enfin, Azza Zarrad s’élève contre « l’appui de la France à Ben Ali. On est furieux, on est révolté contre Nicolas Sarkozy qui a été le premier à féliciter Ben Ali de sa réélection alors qu’il sait très bien les conditions en Tunisie ». RSF appelle « la communauté internationale à réagir face à ces agissements dignes d’un régime mafieux, au lendemain de la réélection de Zine el-Abidine Ben Ali ». Les Verts ont demandé la libération immédiate du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik. Dans un communiqué, ils affirment qu' »il s’agit d’une manipulation du régime de Ben Ali, à l’égard duquel le journaliste s’est montré critique ». Pour eux, Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner « doivent condamner immédiatement et sans ambiguïté ces atteintes à la démocratie ». La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, enfonce le clou. Dans une lettre publique à Nicolas Sarkozy, elle appelle le chef de l’Etat a « oser dire qu’à l’évidence le régime tunisien est un Etat policier qui bafoue les droits humains et les règles élémentaires d’un Etat de droit. Je souhaite vivement que la France dans les relations d’Etat à Etat qu’elle se doit d’entretenir avec la Tunisie, puisse adopter une attitude qui corresponde davantage aux valeurs dont elle se réclame ». La FTCR a lancé un appel pour Taoufik Ben Brik, déjà signé par Olivier Besancenot (NPA) et Noël Mamère (Verts). (Boris Manenti – Nouvelobs.com)

 


 

Analyse : À quoi le président Ben Ali doit-il sa longévité ?

Pour cette spécialiste des transformations de l’islam politique, le président tunisien (photo), en place depuis 22 ans et qui sera très certainement réélu, doit sa longévité à son instrumentalisation du « risque islamiste ».

Par Amel BOUBEKEUR , chercheur au Carnegie Middle East Center à Beyrouth (texte)

Le président tunisien Ben Ali sera reconduit sans suspens pour un cinquième mandat lors des élections présidentielles du 25 octobre. Depuis 22 ans, le consensus autour de son pouvoir doit beaucoup à son instrumentalisation du « risque islamiste ». Mais contrairement au Maroc et à l’Algérie, la Tunisie a refusé de légaliser ses islamistes dans le cadre d’un parti. Principalement représentés par le mouvement Annahda, ils ont été soit emprisonnés et torturés, soit forcés à l’exil. Malgré la marginalisation et l’amoindrissement considérable de la popularité de cette tendance, l’Etat continue d’entretenir l’idée que la menace islamiste est le problème majeur de la Tunisie. Cela lui permet de convaincre du bien-fondé de ses méthodes policières et mettre sous tutelle l’ensemble de la classe politique et de la société tunisienne.

En occupant continuellement la scène tunisienne, le conflit entre Ben Ali et Annahda permet surtout de réduire le reste des partis d’opposition à un rôle de figuration. N’ayant pour seul choix que d’être « contre » les islamistes et de facto « pour » le président Ben Ali, les divisions autour de la réémergence possible d’un parti islamiste tuent dans l’œuf toute stratégie de front commun pour assurer un minimum de pluralisme.

En avril 2002, un attentat terroriste, revendiqué par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui deviendra en 2007 al-Qaïda au Maghreb islamique, frappe une synagogue dans la région touristique de Djerba. Le contexte international de lutte contre le terrorisme dans lequel s’inscrit cet attentat va encore une fois permettre au président d’utiliser le risque islamiste pour renforcer son contrôle.

En décembre 2003, une loi de « soutien à l’effort international de lutte contre le terrorisme » est votée.  Elle va permettre l’arrestation arbitraire de 1 000 à 2 000 Tunisiens (les chiffres varient selon les différentes organisations et tous les cas ne sont pas reportés) soupçonnés d’activités militantes à caractère religieux et qui se plaignent souvent d’avoir été torturés. Les hommes barbus sont harcelés par la police. Les femmes voilées sont interdites de travailler au sein des écoles, hôpitaux et administrations publiques ou même simplement d’y avoir accès. Elles sont aussi arrêtées dans la rue pour retirer leur foulard, puis conduites au commissariat.

Ces actions, qui s’inscrivent officiellement dans le cadre de la lutte mondiale contre le terrorisme, permettent principalement de maintenir la peur du régime au-delà des partisans d’Annahda. Cependant, cette amplification superficielle et arbitraire du risque terroriste contribue surtout à la radicalisation des victimes de ces dérives et de leur famille. Les accrochages, fin 2006, entre la police et une petite armée amateur de 30 jeunes banlieusards tunisois se réclamant du salafisme en sont l’un des exemples.

Le président tunisien n’a pas choisi de mettre en place des solutions transparentes et respectueuses des libertés fondamentales pour faire face aux questions de la radicalisation religieuse et du terrorisme. Entretenir le risque islamiste lui a permis de s’assurer le soutien de ses citoyens et partenaires internationaux. Aujourd’hui, il n’y a certes pas de parti islamiste en Tunisie mais toute contestation du régime reste impossible. Le « tout sécuritaire » est de moins en moins synonyme de stabilité au fur et à mesure que le gouvernement se désengage de son rôle social au profit du contrôle policier. De plus en plus de jeunes Tunisiens se radicalisent, rejetant dos à dos l’échec de la participation politique d’Annahda et l’offre du président d’un islam d’Etat sous contrôle, incapable d’améliorer leurs conditions de vie.

(Source: le site web de la chaine satellitaire « France24 » (France), le 23 octobre 2009)

Lien :http://www.france24.com/fr/20091023-risque-islamiste-continue-justifier-reelection-president-ben-ali-tunisie-election-presidentielle

 


 

 Tunisia: beyond illusions of change

Amel Boubekeur (*)

The certain victory of a long-term president in a sham election is a routine occurrence in the Arab world. But Tunisia’s governance model and international outlook make it a special case, says Amel Boubekeur.

The president of Tunisia, Zine El Abidine Ben Ali, is guaranteed to be re-elected for a fifth term in the country’s presidential election on 25 October 2009. This certain outcome  both reveals the authoritarianism of this north African and Arab country and underlines how far the international community continues to accept such a reality without question.

Tunisia is a distinct case within the region: it does not formally reject western democratic standards (unlike its neighbour Libya), it is committed to high standards of education and protection of women’s rights, and its open-market policies and containment of Islamist tendencies provide its European and American partners with an economically stable and secure environment. At the same time, this model of governance allows the president – operating through his party, the Democratic Constitutional Rally (RCD) – to present a benign face to the world while consolidating firm control over the country.

The pattern of elections is well-established: the opposition is allowed to run candidates, but Ben Ali (who came to power in November 1987 after declaring his successor and the modern state’s founder, Habib Bourguiba, infirm) always wins a landslide victory; in 2004  he officially received 94.5% of the votes, in 1999 it was 99.5%. The concentration of power extends to the economy. Tunisia has undergone a programme of privatisation since the late 1980s, but only those who are close to the regime enjoy control of the assets. The reality of the country exposes the hollowness of the president’s official slogans, which celebrate « change » and declare « together we meet challenges ».

The single choice

A key moment in President Ben Ali’s period of rule came in 2002 with the removal of  presidential term-limits (though the constitution’s upper age-limit of 75 means that Ben Ali, now 73, will have to retire at the end of his 2009-14 term). Since 2002, his challenge has been to permit the minimal degree of pluralism compatible with maintenance of complete control. For example, in relation to the legislative elections (which take place on the same day as the presidential election) a new law assigns 25% of parliamentary representation to opposition parties. This proportion can have little impact beside the RCD’s 75%, but in addition there are real questions over which of the opposition seats are occupied by « real » opposition parties and which are actually pro-Ben Ali ones in thin disguise.

There is a similar scenario in the presidential elections. A new law requires any candidate to have led his or her party for at least two years before being allowed to stand; this has prevented the Democratic Forum for Labor and Freedoms to contest the poll, leaving the Movement for Renewal as the sole representative of the « real » opposition. The « opposition » candidates of the Unionist Democratic Union and the Party of Popular Unity state that the purpose of their candidacy is only « to get people accustomed to pluralism »; they actually call for the election of Ben Ali. Even the new National Elections Observatory Committee, intended to replace (potentially dangerous) monitoring by foreign observers – consists of members of the RCD who are appointed by the president.

The position of the RCD « above » all other parties mean that Tunisian elections should be understood not as a competition but rather as a key moment when each Tunisian must choose to stand « for » or « against » the president. The RCD indeed dominates, regulates and controls Tunisian public life, backed by the police (who are intimidating potential boycotters) and civil society (trade unions and 8,500 civic associations – of a total of 9,300) have declared their support for Ben Ali). The RCD counts as many as 2.7 million Tunisians as members, in a country of 5 million voters. The fact that the (unofficial) turnout in elections is around 20%, however, reflects the fact that belonging to the party and supporting the president – in a context where other political parties are irrelevant – is the starting-point of access to state services and a certain level of economic welfare.

The hollow miracle

Tunisia’s economic development since the late 1980s has been described as a « miracle ». The fruits of progress have enabled Ben Ali to secure the support both of the middle class (whose standard of living has indeed steadily improved) and of his foreign partners (whose multinational companies find advantages in Tunisia’s lower labour-costs and tax-rates)

But there is little rationality or justice in Tunisia’s approach to economic redistribution, which is mainly a vehicle for Ben Ali to reward his allies and marginalise or punish any who dare to protest. The middle-class’s consumption is encouraged even at the risk of excessive debt, as a cushion against political demands. There is tax-relief for entrepreneurs  if they agree to contribute financially to the system. A national solidarity fund (called « 26-26 ») and the Tunisian Solidarity Bank cater to the needs of the poor and the unemployed, though both programmes are in fact financed by obligatory contributions from citizens and companies. The president is the only one who can decide how and to whom these funds should be allocated, which explains why they are often distributed by local cells of the RCD.

Those who criticise the regime are de facto excluded from the Tunisian « miracle ». The salaries of journalists who work for independent (that is, other than pro-government) publications are very low. Men wearing beards and women wearing veils (that is, Islamists) are banned from working in public institutions. The southern region, which is less touristic as the north and traditionally more hostile to Ben Ali, receives little or nothing in the way of infrastructural support or social services. In 2008, peaceful protests by workers of the southern mining region of Gafsa against their working conditions were violently repressed by the authorities; eighteen trade unionists involved in demonstrations were imprisoned for terms of up to ten years.

The growth of these two decades has helped sustain a consensus in which many Tunisians welcomed economic development while accepting limits on fundamental freedoms. The impact of the global economic crisis and the worsening of Tunisian economic governance may undermine this. The unemployment rate for new graduates is now officially 43%, and foreign investors are beginning to worry about rising corruption and the opacity of the financial system.

The way the system works makes it hard to address these concerns. Those with connections to the president’s family have become more directly involved in economic decision-making; as a result, traditional allies of the regime (such as the pro-Ben Ali business class) have been increasingly marginalised.

The growing intervention of the president’s family members in state decisions raises the unresolved question of his succession. The prospect of Leila Ben Ali (the president’s omnipresent wife) or Sakhr Materi (his son-in-law, a 28-year-old businessman who has been elected to the RCD’s central committee) leading them leaves many Tunisians unenthusiastic.

The last autocrat

Zine El Abidine Ben Ali has consistently supported the policies of the United States and the European Union in the region: free-market zones, control of illegal immigration, anti- terrorism. Tunis is host to the French-led Union For the Mediterranean and the Middle East Partnership Initiative. But these international actors have never used their privileged relations in order to press for substantial changes in the country, but rather indulged Ben Ali’s one-man rule.

Tunisia appears stable, but only because of systematic media censorship and lack of information about human-rights violations. The international community would do a real service to the country’s improvement if they encouraged true reform. This would require the creation of neutral state institutions where the exclusive patronage of the RCD would be abandoned, participation by civil society in national and international public debates without fear of police reprisals, and a public realm where accurate information is circulated.

Tunisia is in its way a perfect example of the semi-authoritarian regimes that have emerged in the Arab world in the 2000s. But the fact that Ben Ali’s power relies more on a police state than on the military makes it possible that international actors engage in a genuine dialogue directly with the president – perhaps more than in any other Arab country. The new tools and ideas of democracy-promotion could find in Tunisia an appropriate channel.

If nothing is done, the president’s current prerogatives will be transferred to a network of clans lacking any coherent political project for the country. The result will be to threaten Tunisia’s much-vaunted stability. The promise of change has to be made real if this fate is to be avoided and Tunisians achieve the progress they deserve.

(*) Amel Boubekeur is associate scholar at the Carnegie Middle East Centre. Her work includes (co-edited with Olivier Roy) Whatever Happened to the Islamists?: Salafis, Heavy Metal Muslims, and the Lure of Consumerist Islam (C Hurst / Columbia University Press, 2009)

(Source: le sitewww.opendemocracy.net (USA), le 23 octobre 2009)

Lien:http://www.opendemocracy.net/article/tunisia/tunisia-beyond-illusions-of-change


Propos décevants de Souhayr Belhassen

Admiratif deSouhayr Belhassen pour son courage et son combat pour les droits de l’homme dans une Tunisie sous l’emprise d’une mafia qui torture tout en étant soutenue par la plupart des pays occidentaux, j’ai été très déçu par les propos tenus dans le JDD du 26 Octobre, je cite :

« La France voit-elle en Ben Ali un rempart contre l’islamisme? Ben Ali n’est pas un rempart contre l’islamisme. Ben Ali, c’est « plus islamiste que moi tu meurs ». Il a placé son gendre à la tête de la radio Zitouna, la radio de l’université islamique. Ecoutée dans tous les taxis de Tunis, elle diffuse des appels à la prière, fait la genèse du Coran, etc. Le régime islamiste entre à petit pas. Avant, les matches de foot n’étaient pas interrompus par l’appel à la prière. Aujourd’hui, on construit des mosquées à tire-larigot. Ben Ali dit qu’il protège le pays des islamistes mais en même temps, il les installe. C’est un nouveau projet de société: islamiser la société mais en soft »

Quelle déception de lire autant d’amalgames venant de la bouche d’une personne qui défend les droits de l’homme ! Comme toujours, il faudrait redéfinir ce que l’on met derrière le mot « islamisme » tout en sachant qu’il y a plusieurs tendances! C’est comme si je disais « je suis de gauche » mais cela demeure trop flou ! On peut être pratiquant tout en étant opposé aux mouvements violents et c’est d’ailleurs le cas de l’écrasante majorité des musulmanEs pratiquantEs. En quoi écouter le Coran serait un danger ? (même s’il ne faut pas être dupe sur les intentions de ce Materi…) Chaque semaine des jeunes se font arrêter par la police politique pour avoir prier le matin à la mosquée, la plupart des emmurés vivant sont issue du mouvement islamiste (non violents pour beaucoup). Certes Ben Ali essaie de manipuler le retour de religiosité, et cela n’est pas étonnant venant de lui (ça date d’il y a bien longtemps !). Dans une Europe en proie à l’islamophobie ambiante (opposition aux minarets en Suisse, assassinat de Marwa en Allemagne et autres incidents graves en France) je m’interroge sur la pertinence de tels propos dans ce journal français lu par le français moyen…Une fois de plus, à vouloir joindre les occidentaux à notre cause juste de lutte contre la dictature, on se trompe de cible et je crains que cela ne décridibilise les militants des droits de l’homme au sein des tunisiens. 

Zaghloul

 

 

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