9 mai 2008

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TUNISNEWS
9 ème année, N°  2908 du 09.05.2008
 archives : www.tunisnews.net


Reuters: Tunisie – 14 personnes emprisonnées pour fabrication de bombe AP: Tunisie: 14 salafistes condamnés à de la prison pour avoir tenté de fabriquer une « bombe à hydrogène » Reuters: Tunisia jails 14 people for bomb-making – lawyer AP: Tunisians convicted for trying to build hydrogen bomb AP: Des centres de formation pour les migrants tunisiens vers la France Abdo Maalaoui: Un micro plan Marshall pour la région de Gafsa avant qu’il soit trop tard ? Taoufik Ben Brik: Le théâtre de Sarkozy Vient de paraître à Tunis – Ouvrage : « Algérie, la difficile démocratie » de Noura BORSALI AFP: Bernard Kouchner lundi en Algérie pour parler Union pour la Méditerranée


 

Leila Ben Ali

    L’épouse du président tunisien vient de céder à un groupe belge, l’ Ecole Internationale de Carthage , l’établissement privé qu’elle avait créé avec Souha Arafat . (…)  

(Source : « Maghreb Confidentiel » (Lettre hebdomadaire – France), N° 832 du 9 mai 2008) Lien : http://www.africaintelligence.fr/  

Tunisie – 14 personnes emprisonnées pour fabrication de bombe

 
Reuters, le 8 mai 2008 à 19h47 TUNIS, 8 mai (Reuters) – Un tribunal tunisien a condamné 14 personnes à des peines allant jusqu’à 14 ans de prison pour tentative de fabrication d’une bombe, a annoncé jeudi leur avocat. « La cour a décidé d’emprisonner 14 suspects, dont plusieurs étudiants, pour tentative de fabrication d’une bombe devant servir à un attentat terroriste », a déclaré Me Samir ben Amor. L’avocat n’a fourni aucune précision sur le projet d’attentat prêté aux 14 condamnés. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les autorités tunisiennes répriment les sympathisants d’Al Qaïda. Selon des avocats, un millier de suspects ont ainsi été arrêtés depuis 2003, dont plusieurs personnes soupçonnées de recruter des combattants pour se battre aux côtés d’Al Qaïda en Irak. REUTERS
 

Tunisie: 14 salafistes condamnés à de la prison pour avoir tenté de fabriquer une « bombe à hydrogène »

 
Associated Press, le 8 mai 2008 à 21h52 TUNIS – Quatorze jeunes salafistes tunisiens présumés ont été condamnés jeudi par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis à des peines allant de cinq à 14 ans de prison ferme pour appartenance à une organisation terroriste et tentative de fabrication d’une « bombe à hydrogène » destinée à des actes de sabotage, a-t-on appris auprès de l’un de leurs avocats, Me Samir Ben Amor.   Originaires du sud du pays, les accusés, âgés de 19 à 30 ans, ont été arrêtés en novembre 2006. Selon les procès-verbaux de l’affaire, le chef de file du groupe aurait avoué avoir expérimenté à deux reprises au Jebel Metlaoui, une montagne du centre-ouest tunisien, l’engin que le groupe s’employait à fabriquer. L’accusation a été niée par le prévenu lors de sa comparution devant le tribunal, a précisé l’avocat. La défense a plaidé le non-lieu en faisant valoir que les griefs retenus contre les accusés relevaient de « l’irréel », en se basant notamment sur les objets saisis « inconsistants », à savoir un morceau de bois rectangulaire sur lequel étaient posés trois transformateurs électriques, selon Me Ben Amor qui compte interjeter appel de ce jugement. Des procès en série de centaines présumés salafistes sont régulièrement examinés par les tribunaux tunisiens en vertu de la loi anti-terroriste adoptée en décembre 2003 et décriée par l’opposition et nombre d’associations pour « atteinte aux droits humains ». AP

 

 

Tunisia jails 14 people for bomb-making – lawyer

 

Reuters, le 8 mai 2008 à 19h34 TUNIS, May 8 (Reuters) – A Tunisian court sentenced 14 people to up to 14 years in jail for attempting to make a bomb, their lawyer said on Thursday. « The court decided to jail 14 suspects, among them students, on charges of attempts to manufacture a bomb to be used for a terrorist attack, » defence lawyer Samir Ben Amor said. He gave no details of the attack the 14 were said to have been plotting. The court’s verdict was announced late on Wednesday, he added. The government in Tunis has cracked down on suspected al Qaeda sympathisers since the 2001 attacks on the United States. Lawyers say more than 1,000 people have been arrested since 2003, including several people suspected of recruiting fighters for al Qaeda in Iraq.

Tunisians convicted for trying to build hydrogen bomb

 
The Associated PressPublished: May 8, 2008 TUNIS, Tunisia: A court in Tunisia convicted 14 young Islamic militants Thursday of trying to build a hydrogen bomb and sentenced them to up to 14 years in prison, a lawyer said. The suspects, who come from the North African country’s southern regions and range in age from 19 to 30, were taken into custody in November 2006. The court handed them prison sentences ranging from five to 14 years on charges of belonging to a terrorist group and trying to build a hydrogen bomb, defense lawyer Samir Ben Amor said. Prosecutors said the group’s leader confessed to carrying out two experiments with the device in a remote mountain region, but the suspect denied the claim in court, Ben Amor said. Defense lawyers had asked for the case to be dropped, saying the charges against the men were « unreal, » Ben Amor said. He said the only evidence in the case was a rectangular piece of wood with three electric transformers on it — which he said hardly suggested the suspects were trying to build a hydrogen bomb. In 2002, a suicide attack on a synagogue on the Tunisian resort island of Djerba killed 21 people, mostly German tourists
 
 


Des centres de formation pour les migrants tunisiens vers la France

AP – Jeudi 8 mai, 17h58 TUNIS – La France va investir près de 40 millions d’euros dans la création de centres de formation professionnelle en Tunisie destinés à préparer les migrants tunisiens qui iront travailler dans l’Hexagone, dans le domaine du bâtiment et des métiers de la mer, a rapporté jeudi la presse tunisienne. L’ambassadeur de France à Tunis, Serge Degallaix, cité par « Le Quotidien », a détaillé mercredi soir les dispositions de l’accord signé fin avril lors de la visite du président Nicolas Sarkozy en Tunisie. Cet accord doit offrir chaque année à 9.000 jeunes Tunisiens, âgés de 18 à 35 ans et possédant des compétences dans 80 métiers différents, la possibilité de travailler en France pour des périodes déterminées. Il s’agit selon le président français de répondre à des besoins non satisfaits du marché du travail. Parmi les métiers ciblés figurent notamment ceux ayant trait à l’arboriculture, de conducteur d’engins de travaux, d’ingénieur, d’informaticien et d’analystes. Le contrat de travail initial est de deux ans. Des accords existent déjà entre les deux pays, notamment la « carte compétence et talents » pour un permis de séjour en France de trois ans, renouvelable une fois. Les travailleurs saisonniers tunisiens, dont le contingent est fixé à 2.500, peuvent travailler pendant six mois par an et bénéficieront d’une carte pluriannuelle de deux à trois ans renouvelable. Les étudiants, eux, pourront prolonger leur séjour jusqu’à 12 mois, au lieu de six actuellement, après la fin de leurs études, et obtenir un contrat de travail. Quant aux Tunisiens en situation irrégulière, ils pourront recevoir une aide au retour « pour rentrer chez eux dans la dignité », selon l’ambassadeur. AP

 

Un micro plan Marshall pour la région de Gafsa avant qu’il soit trop tard ?

 

Abdo Maalaoui,

Expert en coopération internationale

Montréal / Canada

 

elle est où la solidarité tunisienne ?

 

¨      Quel Tunisien qui ne veut pas être solidaire avec les gens du Redeyef ou de Gafsa ?

¨      Quel Tunisien qui accepte que ses frères et sœurs de Redeyef ou de Gafsa continuent de vivre dans la misère et la pauvreté ?

¨      Quel Tunisien trouve que c’est normal que des jeunes universitaires de Gafsa restent chômeurs sans espoir qu’un jour ils trouveront un emploi décent pour gagner dignement leurs vies ?

¨      Quel Tunisien peut garder les yeux fermés devant la souffrance d’un peuple honnête et fier qui a refusé de quémander son pain quotidien ?

 

Que veulent les gens de Gafsa ?

 

  • Les gens de Gafsa veulent du travail pour gagner leur vie au prix de la sueur !
  • Les gens de Gafsa veulent des usines comme les autres régions de la Tunisie !
  • Les gens de Gafsa veulent entendre de temps à autre des projets industriels d’envergure, créateurs d’emplois durables et de richesse  dans leur région !
  • Les gens de Gafsa veulent qu’un pourcentage (%) de l’argent de leur richesse naturelle soit transféré dans un fonds régional de développement  pour financer des projets dans la région !
  • Les gens de Gafsa veulent des dirigeants compétents qui comprennent la problématique régionale et qui sont capables de mobiliser les gens afin qu’ils se prennent en main, planifient leur autodéveloppement et accéder à une autonomie économique et financière régionale !
  • Les gens de Gafsa ne sont pas sourds, ils ne vivent pas dans une autre planète, ils voient à TV nationale et dans les autres médias des hommes d’affaires étrangers font le défilé et qui annoncent des projets au coup de milliards de $ dans le Sud, dans le Sahel, à Tunis ou dans le Nord, mais rien pour eux ! On dirait qu’ils sont frappés par une malédiction !
  • Les gens de Gafsa doivent ouvrir des antennes à l’étranger pour promouvoir leur région et attirer les investisseurs étrangers !
  • Les gens de Gafsa n’ont pas besoin d’être humiliés par  les démagogues professionnels et les vendeurs d’espoir, ils veulent qu’on leur donne l’heure juste !
  • Les gens de Gafsa méritent notre amour, notre soutien, notre tendresse et non la matraque et la répression !

 

Je suis au Canada et j’ai vu des vidéos réalisés par des amateurs … J’ai vu des vieilles mamans manifestant, elles sont essoufflées en marchant et criant dans la rue ! Jusqu’à quand doit-on cacher cette réalité ?

 

Dernièrement, on m’a demandé d’arrêter d’écrire à Tunisnews et autres médiums de communication si je veux retourner en Tunisie, encore du chantage ! Je ne suis pas un journaliste et je ne veux pas l’être, je suis un simple Tunisien que la pauvreté et le mépris un jour, au début des années 70 m’ont chassé de  mon beau pays la Tunisie ! Je n’écris pas seulement, je lance un cri de coeur quand je vois une grosse bêtise  !

 

Mais comment fermer mes yeux en voyant cette souffrance qui perdure, pourtant j’ai apporté des solutions, mais personne ne veut m’écouter au contraire on m’a interdit de les présenter, un grand dommage que l’entourage de Ben Ali a construit un mur de silence autour de lui, l’unique espoir que notre voix soit entendue en Tunisie est de devenir opposant ?    

 

Oui Je Suis Un Opposant !

 

Ce qui me fait la peine : quand j’essaye de discuter avec nos «moutons d’universitaires, hauts fonctionnaires et hommes d’affaires tunisiens» pour se mobiliser afin d’apporter des solutions concrètes et durables, ils me répondent que ce n’est pas mon problème, que c’est le problème du gouvernement tunisien, il me taxe d’opposant professionnel  qui amplifie, qui exagère, qui fait de la démagogie, etc.  Ils me répondent que la Tunisie a besoin un peu plus de sacrifice !

 

C’est vrai que :

 

¨      Je suis un opposant à la pauvreté ;

¨      Je suis un opposant à la misère,

¨      Je suis un opposant à l’injustice,

¨      Je suis un opposant à ceux qui nous font souffrir,

¨      Je suis un opposant à ceux qui volent le pays,

¨      Je suis un opposant à ceux qui cachent la réalité à Ben Ali,

¨      Je suis un opposant à ceux qui applaudissent par en avant et trahissent la Tunisie par en arrière,

¨      Je suis un opposant aux opportunistes qui veulent vider le pays,

¨      Je suis un opposant à ceux qui n’ont plus de cœur et qui voient notre peuple comme un objet ….

¨      Je suis un opposant à ceux qui harcèlent des jeunes filles honnêtes parce qu’elles  portent le hidjeb où d’être en mini et qui ont  décidé de se réunir ensemble chez une amie où lieu d’y aller dans un café…

¨      Je suis un opposant à ceux qui obligent un pauvre policier, pour gagner sa vie et celle de sa famille, il doit matraquer …

¨      Je suis un opposant ! Mais je suis un homme intégre qui a gardé sa dignité et son humanité !

¨      Je suis un opposant parce que vous n’avez rien compris à la politique !

 

E.Mail : maalaoui@yahoo.com

 


TUNISIE

Le théâtre de Sarkozy

 

 
Lors de sa visite en Tunisie, du 28 au 30 avril, le président Sarkozy a vanté les avancées démocratiques du régime de Ben Ali. Une attitude qui révolte l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brik.  Bouchez-vous le nez et dites : « Vous nous barbez ! » Car il se passe apparemment un drôle de manège entre Ben Ali et Sarkozy. Les stratèges politiques s’adressent aux stratèges politiques, les éditorialistes aux éditorialistes, un mécanisme qui tourne à fond pour vendre la révélation du printemps 2008 : la démocratie « made in Tunisia ». Petits extraits présidentiels : « Aujourd’hui, l’espace des libertés progresse. Ce sont des signaux encourageants que je veux saluer », a déclaré en substance le chef de l’Etat français lors du dîner offert le 29 avril par son homologue tunisien. « Ces signaux, ces réformes s’inscrivent sur un chemin étroit et difficile, celui du respect des individus. Ce chemin, aucun pays ne peut prétendre l’avoir entièrement et personne ne peut se poser en censeur (…). Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans ce pays où je suis venu en ami, de m’ériger en donneur de leçons. J’ai pleinement confiance, Monsieur le président, en votre volonté de continuer à élargir l’espace des libertés. » Qui dit mieux. Du Beaumarchais. « C’est le mariage du Figaro ! » s’esclaffe Ouled Ahmed, le poète tunisien du vin et de l’amour. Aucune comparaison n’est trop stupide, aucun geste trop démagogique lorsqu’il s’agit de faire croire qu’on tient enfin le « Karzai maghrébin » et qu’il n’a pas son pareil. Telle la forêt de Birnam dans Macbeth, nous inflige-t-on, la démocratie à la tunisienne s’est mise en marche. Les grincheux n’y changeront rien. Et il importe peu que Ben Ali soit président à vie, corrompu et tortionnaire. Hélène Flautre, présidente de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen fait remarquer que « dans la Tunisie de Ben Ali, pas un jour ne se passe sans qu’un défenseur des droits de l’homme ne soit opprimé ou harcelé…  » La récente grève du bassin minier de Radeyef et d’Oum Laarayess dans le centre-ouest du pays témoigne sans peine du désarroi tunisien. « Il a du culot Sarkozy. Ou plutôt un bon décimètre pour mesurer ‘l’élargissement’ de l’espace des libertés », dit Oum Ziad, la plus célèbre chroniqueuse du pays. « C’est vrai, cet espace a été élargi, mais au profit de Ben Ali et aux dépens des Tunisiens. Il s’en met plein la poche, il brigue un cinquième mandat sans souci ni tracas, et il a le don d’avoir toujours le un millième des Tunisiens sous les verrous ! » ajoute-t-elle. « La Tunisie n’étant pas le Tibet, Paris s’efforcera de ne pas irriter le chef tunisien », réplique-t-on du côté français. D’ailleurs, Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme française, si prompte à s’enflammer sur la Libye de Kadhafi, s’est montrée peu loquace sur la réalité des droits de l’homme au pays du jasmin. « Ce n’est pas à l’ordre du jour », a-t-elle déclaré. En tout cas, le rendez-vous initialement prévu avec l’avocate et militante des droits de l’homme Radhia Nassraoui, a bel et bien été annulé. Pis, des journalistes connus pour être le bouclier médiatique de la Tunisie résistante ont été parqués dans un hôtel cinq étoiles (le Golden Tulip) à 25 kilomètres du centre de Tunis, comme de vulgaires attachés de presse. Christophe Ayad de Libération, Florence Beaugé du Monde, Mouna El Bana de RFI, « Régis » de France 3 n’ont pas eu même le loisir de téléphoner aux « têtes brûlées » et aux « enfoirés » du pays. Une telle attitude choque ? Pas du tout. On s’attendait à pire. D’autant que nous avons été déjà leurrés par les prédécesseurs de Sarkozy. Mitterrand est le père de la formule « Tunisie amie » et Chirac enfante « le miracle tunisien ». « On s’attendait de Sarkozy propagandiste de première et ancien ministre de l’intérieur, une formule qui claque au vent : la Tunisie, paradis fiscal, ou Tunisie prison sans barreaux ! C’est décevant », dit Hamma Hammami, opposant tunisien. De qui se moque-t-on. Les Tunisiens ont cru pendant un long moment que la France, terre de La Boétie, pourrait aider à la liberté. Aujourd’hui, on assiste plutôt à L’Avare de Molière.  Taoufik Ben Brik
 
(Source: Courrier international -le  9 mai 2008 )

 

 Vient de paraître à Tunis

Ouvrage : Algérie, la difficile démocratie

de Noura BORSALI

 

Préface de l’ouvrage

ALGER RETOUVEE

 

En ce début du mois d’avril 2004, j’eus un immense plaisir à retrouver « Alger, capitale Algérie », ville jadis appelée « Ikosim » (« L’île aux mouettes »). Abou-Mohamed-El-Abery l’a décrite, au XIIIème siècle, comme  « assise au bord de la mer, sur le penchant d’une montagne » ayant pour elle les ressources du golfe et de la plaine ». Je n’ai pas revu Alger la blanche depuis 1993. Dix ans sont passés et que de changements a connus la capitale ! J’avais, en effet, visité Alger plusieurs fois dans le cadre de nombreux reportages journalistiques pour deux magazines « Le Maghreb » et « Réalités » et couvert ainsi les événements du pays de l’après octobre 1989, à l’occasion de la première commémoration des événements sanglants d’octobre 88.. C’était, en effet, à la suite de la reconnaissance inattendue du Front islamique du salut (FIS) par le gouvernement Chadli que je décidai de partir à la découverte d’une Algérie ouverte au pluralisme après trois décennies de ce que d’aucuns ont appelé une « tyrannie populiste ». J’avais alors décrit Alger dans sa situation extra-ordinaire qu’aucun autre pays arabe n’a connue: « Alger, avais-je écrit, vit aujourd’hui, sous un soleil éclatant, au rythme exigé par la soif de liberté. Dans les rues, les cafés, les universités et les mosquées, les discussions vont  bon train en ce début d’octobre. Fini l’époque de la prudence qu’a connue l’Algérie sous Boumédienne. Fini le monopole du pouvoir sur la société. L’heure est à l’expression et au foisonnement des idées, et pour beaucoup d’Algériens, plus rien ne sera jamais comme avant de ce côté de la méditerranée ». Je décortiquai le discours virulent des islamistes en rencontrant Abassi Madani et en écoutant à la mosquée de Kouba le jeune Ali Belhaj dont je publiai un des prêches incendiaires sur la démocratie considérée comme « une hérésie », « une impie ». C’est à cette époque que j’ai rencontré des chefs de partis politiques et connus des féministes ainsi que des moudjahidates (résistantes) algériennes dont je peux témoigner aujourd’hui de la bravoure et du dynamisme. L’Algérie devait être fière de ses femmes dont les combats pour la libération nationale, pour la démocratie et contre le terrorisme sont légendaires.. Le FIS prenant de plus en plus d’ampleur faillit remporter les législatives de 1991 après avoir remporté bon nombre de communes lors des élections municipales de juin 1990 que j’avais couvertes pour « Le Maghreb » comme j’avais rapporté les marches du FIS du 20 avril 1990 et celles des démocrates du 10 mai 1990. Ce fut une Algérie mouvementée et en plein désarroi quant à la voie à suivre. C’est alors qu’on fit appel à l’armée pour arrêter le processus électoral le 12 janvier 1992. Le FIS dissous, l’Algérie entra dans une violence sans précédent depuis son indépendance et connut une « décennie noire » qui provoqua plus de 100 000 victimes assassinées et tuées sauvagement et des dizaines de milliers de disparus. Le terrorisme étouffa dans l’œuf une jeune démocratie qui chercha sa voie et l’Algérie connut alors une instabilité politique sans précédent comme le montre l’assassinat de Mohamed Boudiaf, que les Algériens avaient nommé « le président de l’espoir », six mois après son accession à la tête de l’Etat. En 1993, lors de mon reportage pour «Réalités », j’écrivais : « Après trois ans d’expérience démocratique, l’Algérie est secouée par une crise politique et institutionnelle. Le passage vers un nouvel âge politique se fait dans la douleur. Mais si le paysage quotidien est tendu et que les Algériens demeurent préoccupés par «el Ktila » (l’assassinat), le spectre d’une guerre civile semble de plus en plus éloigné. Car, malgré la tension et le couvre-feu, on semble décidé à relever le défi démocratique. Le dialogue national se poursuit, la presse connaît une relative liberté et il est encore permis en Algérie de dénoncer les violations des Droits de l’Homme, comme le témoigne le récent passage du S.G d’Amnesty International, à Alger. Sur fond de crise économique et d’actes terroristes, on semble préoccupé encore par la transition démocratique et le retour au processus électoral … ».  Depuis cette année 1993, j’ai suivi, à distance, les événements dans ce pays meurtri par tant de violence et admiré ce peuple debout, bravant le danger, en ayant de tendres pensées pour tous les visages que j’ai connus et aimés durant mes précédents séjours. A l’occasion des présidentielles du 8 avril 2004, je décidai de m’envoler à Alger pour suivre cette consultation électorale qui promettait une grande avancée démocratique : un scrutin que se disputent six candidats de mouvances différentes dans une Algérie qui a tant donné pour que naisse enfin sa démocratie. Avant mon départ, sur le formulaire de l’ambassade algérienne que je devais remplir pour ma mission journalistique, une question m’était proposée: « Voulez-vous une protection rapprochée ?» J’y répondis négativement et à mon arrivée à l’aéroport d’Alger, on me reposa gentiment la question. Alors, je répondis que j’étais venue à la rencontre d’un pays que j’aime et d’un peuple généreux et brave. A aucun moment, je n’avais pensé que l’Algérie était un pays de terroristes. Je prendrai mes risques pour l’Algérie, ce pays que j’ai une immense envie de retrouver et dont l’image, ternie par des années de violence, devra changer. Femme seule, je traversai les rues à toutes les heures (pas trop tardives bien sûr comme dans n’importe quel pays), discutais avec des inconnu(e)s, prenais des taxis sans connaître mes itinéraires et à chaque moment, je faisais confiance aux Algériens sans que le sentiment d’une quelconque peur ne m’ait effleurée un moment. J’ai entamé mon séjour par une visite à la librairie des Beaux-Arts de la rue Didouche Mourad où j’ai connu Vincent Grau, le gérant d’une de ces belles librairies d’Alger qui m’a donné, lors de mes précédents séjours, la passion des livres sur l’Algérie. Il fut assassiné un beau jour dans sa librairie, pour seuls témoins ses ouvrages qu’il aimait tant montrer et présenter à ses visiteurs. Je voulais ainsi rendre un vibrant hommage à Vincent dont le portrait était accroché à la librairie -et à travers lui- à tous les Algériens et à toutes les Algériennes assassiné(e)s par les terroristes durant cette décennie noire. J’ai retrouvé un pays qui renaît, se reconstruit difficilement certes après des souffrances dues à de longues années de terrorisme qui perdure même s’il a reculé, au séisme et aux inondations qui ont aggravé la détresse des populations. Et je fus frappée par cette détresse visible dans un phénomène nouveau, celui de la clochardisation d’une frange de la société : des femmes, vieilles, déambulant leurs silhouettes solitaires, des hommes et des femmes parlant à eux-mêmes sans comprendre ce qui se passe autour d’eux, le jour levant et la nuit tombante dans les rues d’Alger. Et que de quartiers pauvres, insalubres et presque tombant en ruines (à Belcourt, Bab el Oued, El Harrach…) dans Alger la blanche ! Que de jeunes vivant de petits métiers journaliers précaires! Que de problèmes de transport qui épuisent ! Que dire encore du coût de la vie qui galope! Autant de choses que je refusais d’accepter de voir dans un pays comme l’Algérie, riche de ses potentialités humaines et de ses ressources naturelles… Les défis à relever demeurent la réconciliation de l’Algérien avec son pays pour que s’estompe le désir toujours ardent de partir, une valorisation de l’image d’une Algérie qui vit, renaît et se construit en dehors de la violence et une amélioration des conditions de vie des Algériens dont 12 millions vivent -hélas- au-dessous du seuil de pauvreté. Pour que « Alger imperturbable, puisse continuer à enserrer avec ses deux bras une baie langoureusement prélassée… ».

 

N.B.

Alger, 02-09 avril  2004

 

 

 N.B. Le titre reprend celui du tout récent ouvrage de Maurice Tarik Maschino, « L’Algérie retrouvée », (Editions Fayard, 2004).

Les reportages de 1989 à 1991 ont été publiés dans « Le Maghreb » aujourd’hui disparu du paysage médiatique,  et ceux de 1993 et 2004 dans « Réalités ».

 

 


Bernard Kouchner lundi en Algérie pour parler Union pour la Méditerranée

 
AFP, le 9 mai 2008 à 16h51     PARIS, 9 mai 2008 (AFP) – Le ministre français des Affaires  étrangères Bernard Kouchner se rendra lundi en Algérie afin  d’aborder avec les responsables algériens le dossier de l’Union pour  la Méditerranée, a annoncé vendredi son ministère.     « Le principal objectif de ce déplacement est d’aborder avec nos  partenaires algériens le dossier de l’Union pour la Méditerranée,  dont l’Algérie doit être un acteur majeur », a déclaré la  porte-parole du ministère Pascale Andréani.     M. Kouchner « sera porteur d’un message du président » Nicolas  Sarkozy et « la relation bilatérale franco-algérienne sera également  à l’ordre du jour six mois après la visite d’Etat du président »  français, selon la porte-parole.     « Cette visite sera enfin l’occasion d’aborder l’ensemble des  questions régionales et internationales », a souligné la porte-parole  du Quai d’Orsay.     Le président Sarkozy avait proposé à l’Algérie, lors d’une  visite officielle en décembre, de construire « l’Union  méditerranéenne » sur la base de « l’amitié franco-algérienne ».     L’Egypte a annoncé jeudi la tenue, le 24 mai au Caire, d’une  réunion ministérielle des pays arabes concernés par le « processus de  Barcelone » afin de se concerter sur l’initiative française de créer  « l’Union pour la Méditerranée ».     Outre les Palestiniens, neuf pays arabes sont concernés par le  dialogue euro-méditerranéen de Barcelone, lancé en 1995 par l’Union  européenne en direction des pays du Sud : Egypte, Libye, Tunisie,  Algérie, Maroc, Mauritanie, Syrie, Jordanie et Liban.     Le président Sarkozy veut lancer le 13 juillet l’Union pour la  Méditerranée, un projet de partenariat entre l’UE et ses voisins du  sud de la Méditerranée.     Il avait proposé début mars que l’Union pour la Méditerranée  soit « co-présidée par un président de la rive du nord et un  président de la rive du sud » et son Premier ministre François Fillon  a proposé récemment à Rabat que le siège soit situé dans un pays du  sud.

 

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