9 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année, N°3973 du 09.04.2011


AFP: Tunisie: le désarroi des « blouses jaunes » de chez JAL AFP: La France doit accepter les migrants tunisiens, selon Berlusconi

AFP: Italie: Silvio Berlusconi à Lampedusa, rappelle l’Europe à l’ordre

Houcine Ghali: Tunisie : pour une revolution des mentalites

Khaled Falah: Un acte hostile


REVUE DE PRESSE

Tunisie: le désarroi des « blouses jaunes » de chez JAL


 
De Jacques LHUILLERY et Kaouther LARBI (AFP) – le 9 avril 2011
 
MENZEL BOURGUIBA — Vendredi, c’était jour de reprise chez JAL Tunisie, leader européen de la chaussure professionnelle avec 4.500 salariés. Des employés avaient voulu « dégager » le patron le 24 mars. L’usine a aussi sec fermé ses portes pendant deux semaines.
 
Grèves, débrayages, sit-in, revendications du « tout, tout de suite »: plus que jamais la Tunisie post-Ben Ali est confrontée à une exigence sociale, à trois mois d’élections cruciales et alors que la croissance sera voisine de zéro en 2011.
 
Dans les immenses ateliers de JAL saturés de bruit, les opinions des salariés qui s’expriment, témoignent du désarroi social. « On a eu vraiment peur que la fermeture soit définitive. On a des bouches à nourrir », dit Samir, un contremaître de 25 ans.
 
« Si j’ai repris, c’est que je n’ai pas le choix: c’est ça ou le chômage », lâche Mohamed, 37 ans, quinze ans de boutique et 350 dinars par mois (environ 170 euros).
 
Installé près de Bizerte, à environ 100 km au nord de Tunis, le gigantesque complexe de JAL sur 11 hectares, propriété du groupe italien Progressio, a une capacité de production de 40.000 paires de chaussures par jour. Actuellement il n’en produit qu’environ 25.000 pour des clients étrangers, français notamment (EDF, Renault), sous plusieurs marques.
 
Chez JAL, un des premiers employeurs privés et le 6e exportateur tunisien, il n’y avait pas de syndicats avant le 14 janvier, date de la chute de Ben Ali. Désormais l’entreprise en compte trois, un « acquis de la révolution, à l’initiative de la direction », assure le patron.
 
Depuis son arrivée en 2007, le jeune DG de 35 ans, Karim Marzouk, n’a pas souvent dû entendre les mots « négociation » ou « revendication ». Alors quand fin mars des employés l’ont séquestré pendant six heures, il en a été pour une belle frayeur.
 
« Il y en a qui ont essayé de rentrer par les fenêtres, on a voulu m’agresser avec un tournevis. Sincèrement ça a été très dur », raconte-t-il à l’AFP dans son bureau où trône toujours un diplôme d’excellence de l’entreprise signé par Zine El Abidine Ben Ali.
 
Les propriétaires italiens qui ont racheté JAL en juillet 2010 à des fonds d’investissements américains, sont rapidement venus sur place pour calmer le jeu.
 
« On n’a pas menacé de fermer. En janvier, on a produit seulement 40% de ce qui était prévu. Après l’incident de mars, si on a encore une crise en mai, on peut se poser des questions réelles », avertit Karim Marzouk selon qui JAL est chroniquement déficitaire, avec un chiffre d’affaires annuel de 220 millions de dinars (110 millions d’euros).
 
« Nous avons, avant tout, besoin de sécurité et de stabilité pour attirer les investisseurs étrangers et aussi encourager les investisseurs tunisiens », affirme-t-il, tout en prônant des mesures libérales pour faire redémarrer la Tunisie.
 
« Il faut des mesures, notamment fiscales, pour encourager l’emploi et les investissements. Le discours (politique) est encore loin de la réalité socio-économique du terrain », dit-il.
 
Alors que selon le Premier ministre intérimaire Béji Caïd Essebsi, le pays compte « 500.000 à 600.000 chômeurs » pour 10 millions d’habitants, le gouvernement a pris récemment des mesures socio-économiques, notamment des allègements de charges fiscales et financières pour les entreprises, pour tenter de relancer la machine.
 
Chez JAL, le salaire mensuel est de 300 dinars (environ 150 euros) quand on démarre « blouse jaune », celle des ouvriers. C’est la semaine de 48 heures, au taux horaire de 1,6 dinar (0,8 euro).
 
« Dans notre secteur, nous sommes concurrencés par les Asiatiques. On paye nos employés dans la moyenne tunisienne, un peu plus même », se défend M. Marzouk.
 
« Ca fait 12 ans que je travaille ici et je ne touche que 300 dinars (150 euros). Je ne veux pas d’augmentation tout de suite mais au moins pouvoir parler au DG de notre situation », affirme Foued, un ouvrier de 34 ans.

La France doit accepter les migrants tunisiens, selon Berlusconi


De The Associated Press – Le 09 avril 2011

ROME — Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a appelé samedi la France a accepter un accord et à prendre en charge les réfugiés tunisiens arrivés sur l’île de Lampedusa, estimant que ceux-ci finiraient tôt ou tard par rejoindre le sol français.

« Je pense que la France doit se rendre compte que 80% de ces migrants disent vouloir rejoindre de la famille, des proches ou des amis en France », a déclaré « Il Cavaliere » lors d’une visite sur la petit île de Lampedusa.

Les autorités italiennes peuvent les maintenir dans des centres de détention pendant six mois, mais après ça « ils seront libres de partir et ils rejoindront automatiquement la France », a-t-il ajouté.

L’afflux de réfugiés tunisiens sur les côtes de Lampedusa cause des frictions entre Rome et Paris, qui craint une augmentation de l’immigration clandestine sur son territoire. Le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant a déclaré jeudi que la France n’entend pas « subir une vague d’immigration économique à partir de la Tunisie », et s’est rendu en Italie vendredi pour y rencontrer son homologue Roberto Maroni.

Les deux pays ont décidé de mener des patrouilles communes au large de la Tunisie pour empêcher les départs de migrants, mais la France a refusé de céder sur la question des titres de séjour provisoires. Claude Guéant a ainsi réaffirmé que le titre temporaire de séjour, que l’Italie a décidé d’accorder aux Tunisiens, ne leur permettait pas d’entrer pour autant en France s’ils n’ont pas « de moyens financiers et de papiers d’identité ».

Les divergences demeurent sur l’interprétation du traité de Schengen, qui prévoit la libre circulation entre les pays adhérents. « Que la France sorte de Schengen ou suspende (sa participation) au Traité », avait déclaré jeudi Roberto Maroni.

Samedi, Silvio Berlusconi a également rappelé l’Union européenne à ses responsabilité, estimant que la question des migrants clandestins n’était pas italienne mais européenne. « Au final, il faut assumer la réalité, et le fait que soit l’Europe représente quelque chose de véritable et de concret, soit ce n’est pas le cas, et alors nous ferions tous mieux de redevenir nous-mêmes et de suivre nos propres politiques et égoïsmes », a-t-il déclaré. AP


Italie: Silvio Berlusconi à Lampedusa, rappelle l’Europe à l’ordre


AFP le 09/04/2011 à 16:35,

LAMPEDUSA (Italie) – Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s’est réjoui samedi de l’évacuation de milliers de migrants de la petite île de Lampedusa, mais a rappelé l’Europe à ses responsabilités face à ce qu’il a qualifié de « tsunami humain ».

« Vous avez vu, nous avons tenu parole. Tout est sous contrôle« , a clamé le Cavaliere sous les applaudissements d’habitants venus l’accueillir au port. « Il y 48 heures, il n’y avait plus un seul immigré« , a-t-il poursuivi en conférence de presse, après une visite dans les ruelles de Lampedusa et sur la « colline de la honte« , enfin vidée de ses immondices. Mais durant sa visite, pas moins de quatre embarcations chargées au total de centaines de migrants, et venues soit de Tunisie soit de Libye, ont continué d’aborder sur la côte. Et ces arrivées vont se poursuivre, a prédit M. Berlusconi qui a une nouvelle fois appelé l’Europe à « ne pas se soustraire à ses responsabilités« . « Ce n’est pas un problème italien, mais un problème européen« , a-t-il répété, ajoutant qu' »il ne peut y avoir de réponse égoïste » face à ce « tsunami humain« . L’Italie a annoncé jeudi son intention de délivrer à tous les migrants tunisiens arrivés avant le 6 avril des permis de séjour temporaires de six mois qui, selon Rome, devraient leur permettre de circuler dans l’espace européen Schengen, ce que contestent vivement Paris et Berlin. Selon M. Berlusconi, « le bon sens voudrait que soit trouvé rapidement un accord » avec Paris, qui « doit se rendre compte que 80% (des migrants tunisiens) déclarent vouloir rejoindre des parents et des amis en France« . « S’il n’y a pas d’accord nous serons contraints de les placer dans des centres d’accueil où nous ne pouvons les garder que six mois et après, ils seront libres de rejoindre la France« , a-t-il assuré. A propos de l’Allemagne, la chancelière Angela Merkel « ne pourra que convenir qu’il faut définir une réponse commune de l’Europe« , a affirmé M. Berlusconi. Pour les immigrés arrivés après le 6 avril, M. Berlusconi a annoncé qu’à compter de lundi, deux vols seraient organisés chaque jour de Lampedusa pour les rapatrier directement. « Nous comptons sur la dissuasion psychologique« , a-t-il dit. « Quand ils sauront que tous les citoyens tunisiens sont immédiatement rapatriés, tous ceux qui ont l’intention de venir se demanderont si ça vaut la peine de dépenser plus de 1.000 euros et de courir le risque de traversées dangereuses« , a-t-il ajouté. Mercredi dernier, au moins 150 personnes, pour la plupart des Ethiopiens, Erythréens et Somaliens, ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation surchargée venue de Libye. Selon Rome, 25.800 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l’année, la plupart sur l’île de Lampedusa, confetti de 20 km2 situé à moins de cent kilomètres des côtes nord-africaines. Le 30 mars, lors d’une première visite sur l’île où s’entassaient alors depuis des semaines des milliers d’immigrés dans des conditions d’hygiène épouvantables, M. Berlusconi avait promis aux habitants de vider Lampedusa de ses migrants en « deux, trois jours« . Se réjouissant que « le gros du nettoyage (ait) été fait« , le Cavaliere a annoncé samedi « un plan extraordinaire de promotion » de Lampedusa à la télévision, la restructuration du port, une demande de « zone franche » pour l’île, une candidature pour le prix Nobel de la Paix… Et le milliardaire a confirmé qu’il serait « très vite propriétaire d’une petite maison à Lampedusa« . Par AFP

TUNISIE : POUR UNE REVOLUTION DES MENTALITES


 
 
 
Houcine Ghali, Genève
 
Sous l’ ère de Bourguiba de 1956 jusqu’ au 7 novembre 1987, le peuple tunisien a vêcu sous un infantilisme protecteur que le  » combattant suprême  » a instauré en tant qu’ élément idéologique principal de son régime destourien.  » Le père de la nation  » a ainsi longtemps habitué son peuple à se fier à son génie pour résoudre tous les problèmes sans l’ implication de quiconque qui ne fait partie de la machine destourienne et qui ne croit pas en Bourguiba en tant que sauveur de la nation.
 
Ce phénomène a longtemps marqué l’ esprit des intellectuels tunisiens et explique la longue léthargie qui a caractérisé l’ ensemble du peuple même après le renversement de Bourguiba en 1987.
 
Les 23 ans de règne de Ben Ali, caractérisés par la pratique quotidienne de la répression, de la torture, de l’ arbitraire et d’ une corruption sans précédent, a amené la majorité du peuple tunisien à s’ enfermer sur elle-même, à accepeter l’ oppression et l’ abandon de sa dignité et surtout à épouser certains agissements négatifs pour pouvoir subsister. C’ est ainsi que la petite corruption se trouve pratiquée par un grand nombre de gens appartenant à toutes les couches sociales: le policier vous arnaque pour une faute qui n’ existe que dans son imagination;le fonctionnaire vous fait comprendre qu’ il faut lui glisser un chèque ou un billet pour une prestation à laquelle vous avez normalement droit;le vendeur de viande, de poissons ou de légumes use de mille supercheries pour vous escroquer;le juge vous condamne à tort sur ordre d’ un protégé du pouvoir;l’ avocat fait trainer votre affaire pour vous soutirer le maximum d’ argent;le dernier responsable de la cellule destourienne use de mensonge, d’ hypocrisie et d’ opportunisme pour plaire au pouvoir central et faire règner l’ ordre par la répression. Les magouilles deviennent monnaie courante et élément naturel de la culture générale chez le Tunisien qui cherche à avoir la paix, éviter la répression et pouvoir manger!
 
Le 14 janvier 2011 donc, Ben Ali est parti, son régime commence à s’ éteindre chaque jour un peu plus, la révolution a gagné l’ ensemble du pays, chacun s’ est donné à coeur joie dans un défoulement sans fin sans que les anciennes mauvaises habitudes acquises durant les deux périodes de domination destourienne disparaissent. C’ est ce que le sondage réalisé à Tunis et rendu public le 28 mars dernier a démontré:  » Les Tunisiens ont été acculés à manifester dans la rue pour en finir avec l’ ère Ben Ali, mais n’ ont pas l’ âme révolutionnaire « .
 
Chacun veut tout et tout de suite. Le gouvernement provisoire chargé de mettre sur les rails le processus de la révolution telle que l’ a voulue le peuple appartiennent aux anciens régimes et haïssent toute forme de révolution. On ne fait pas de distinction entre violence sous toutes ses formes et liberté de manifester. On exige la pratique démocratique en s’ abstenant d’ être soit-même démocrate. Chacun veut imposer son idée, si idée il y a, en s’ affirmant détenteur de la pensée unique. Sur facebook, dans les journeaux, à la télévision, dans les meetings, dans tous les échanges politiques, on constate l’ absence d’ analyse, de réflexion et d’ études sérieuses et la profusion des discours émanant des affects, des sentiments, du désir de se défouler après tant d’ années de mépris, de répression, de souffrances et d’ interdits.
 
La révolution tunisienne n’ est nullement encadrée. Son irruption spontannée au sein d’ un peuple dont la culture démocratique s’ avère totalement absente depuis plus de 50 ans ne permettra que l’ instauration d’ un sytème politique s’ inspirant du libéralisme occidental avec des spécificités de démocratie et de liberté propres au peuple tunisien, c’ est à dire restrictives et engendrant des violence récurrentes. Car, la révolution des mentalités, nécessaire à toute véritable révolution politique, exige un temps plus long et une éducation plus approfondie, qui coupe définitivement avec les normes de l’ islam, libère les attentes fondamentales, telle que la pratique sexuelle en toute liberté, les tabous de divers ordres pour que le Tunisien s’ affranchit de ses angoisses, de sa répression affective, de ses manques désastreux et retouve le repos de son âme et le calme de ses instincts.
 
Houcine.ghali@bluewin.ch

Un acte hostile


Les ministres français et italien de l’intérieur, Guéant et Moroni, ont annoncé ce vendredi 8 avril avoir conclu un accord pour envoyer des patrouilles aériennes et navales « au large des côtes tunisiennes » afin d’ empêcher l’arrivée en Europe d’émigrés tunisiens ou d’autres pays africains.
 
Outre leur participation à l’intervention militaire en Libye, les gouvernements de Sarkozy et de Berlusconi, confrontés à des difficultés intérieures, affichent leur penchant pour la politique de la canonnière et leur nouveau rôle de « gendarme » ou de « cow- boy » de la Méditerranée, en dehors de tout mandat ou de feu vert des opinions publiques des pays concernés et en contradiction totale avec leurs déclarations grandiloquentes sur les droits de l’Homme.
 
Pourtant, il existe des voies autres que celle du bellicisme pour endiguer les tentatives de départ des jeunes Tunisiens vers l’Europe:
 
– Sarkozy et Berlusconi ne pourraient-ils pas agir auprès des banques européennes pour qu’elles remettent au Trésor Public tunisien les milliards de dollars que Ben Ali et consorts ont placés en Suisse, en France, en Belgique et ailleurs?
 
– Sarkozy et Berlusconi ne pourraient-ils pas acceder à la demande de moratoire sur la dette tunisienne formulée par les euro-députés Marie-Christine Vergiat et Gabi Zimmer? Ceci sans parler de l’annulation pure et simple de la dette tunisienne (en grande partie remboursée) qui, mise au service du pillage, n’a servi en rien le développement des zones enclavées d’où est partie la Révolution de la Liberté et de la Dignité.
 
La Tunisie révolutionnaire veut maintenir des relations amicales avec les peuples d’Europe dans l’intérêt partagé des deux parties, mais on doit savoir qu’ elle veillera jalousement sur la souveraineté du pays.
 
Khaled Falah

Rached Ghannouchi : Ou le paradoxe d’un homme qui a divisé le peuple malgré lui.


 

Par Oussama K.

En consultant les sondages réalisés par GSM Tunisie à la fin du mois de Mars et qui concerne le paysage politique de la Tunisie post-révolution, on constate aisément un paradoxe troublant celui du positionnement du leader du mouvement Ennahdha dans les différentes listes affichant les résultats de ce sondage qui semble crédible et logique bien que surprenant. En effet Cheikh Rached se trouve à la tète d’un sondage de notoriété des hommes politiques, d’autres sondages le prouvent puisqu’il est aussi à la tète de plusieurs sondages d’opinions sur les personnages politiques préférés des tunisiens. Ce qui est troublant c’est qu’on retrouve le même Rached Ghannouchi à la tète des personnages qui sont jugés « loin de la réalité » et en bas du classement quand il s’agit de crédibilité (toujours selon le sondage GSM).

Le peuple Tunisien si uni en période de révolution et qui a crié « Dégage » d’une seule voix contre l’ennemi commun ZABA qui, en dépit de ses défauts interminables, a une qualité insoupçonnée celle d’avoir rassemblé tout un peuple contre sa tyrannie. Plus question de se voiler la face, Ces sondages ont permis de dévoiler un triste constat que les médias n’osent toujours pas aborder : Celui de la division du peuple Tunisien en pro Ghannouchi et anti Ghannouchi. Les manifestations islamistes et celles pour la laïcité ne sont qu’un reflet signifiant de cette disparité. Coté partis, on sent aussi cette division qui se fait petit à petit avec des alliances de certains partis contre l’intégrisme et l’islamisation de la politique ou plus explicitement contre Ennahdha et son leader Cheikh Rached.

Cette division risque de devenir encore plus signifiante et dangereuse lorsque commencera la lutte sans merci pour les sièges de l’assemblée constituante et que les partis se lanceront des fléches enflammées et des coups bas. Il est sans omettre de signaler le climat d’ignorance mutuelle qui règne entre ces deux camps : Les pros Ghannouchi croient les antis des mécréants qui veulent bannir la religion et ses pratiquants (ou du moins ce qu’ils veulent croire et faire croire) alors que les antis pensent que les partisans d’Ennahdha sont des ignorants attirés par les croyances religieuses et manipulés par de dangereux terroristes salafistes (ce qui n’est pas du tout le cas)… cette méconnaissance de l’autre est le fruit d’une politique d’Ennahdha qui se retrouve dans l’obligation de faire durer le doute et en bénéficier par la même occasion, en effet la stratégie adoptée par les dirigeants du mouvement islamiste est celle des étapes : rentrer dans le moule de la démocratie et de ce que veulent à la fois la majorité du peuple et les aspirations égoïstes des gouvernements occidentaux pour se faire accepter au niveau social et législatif, séduire par tout les moyens le maximum de l’électorat et gagner une majorité qui leur permettra de gouverner (et c’est très légitime pour un parti politique), puis adopter la Chariaa telle que leur courant idéologique la conçoit en procédant par une iranisation de la Tunisie grâce à la dictature de la majorité dont il cherchent à utiliser une fois souverains.

Or, cette politique pose problème au sein même du parti. Comment convaincre des militants croyants et fideles envers Dieu qu’il faut commencer par accepter la monogamie, ne pas couper les mains de voleurs, diriger un pays dont le budget dépend fortement du tourisme (synonyme d’alcool, nudité et sexe) et autres activités contraires aux fondements de l’Islam pour lequel ils sont dévoués…

Le sujet de la vente d’alcool, souvent caricaturé et banalisé, résume le dilemme qui se propose au sein du parti qui se veut islamiste et protecteur des valeurs musulmanes dont il fait son principal et pour le moment unique atout : Si Ennahdha va introduire l’intention d’interdire la commercialisation et la consommation d’alcool dans son programme, ils risquent de choquer les gens qui peuvent y voir de l’oppression et une atteinte à la liberté du citoyen. Alors que dans le cas contraire, leur programme perdrait son atout majeur qui est l’application des règles de l’Islam dont ils se disent fidèles, car un gouvernement qui se dit islamiste ne peut bâtir un pays avec l’argent de l’alcool (Taxes très importantes) et du tourisme qui sont étroitement liés ça n’aurait aucun sens.

Revenons au Cheikh Rached Ghannouchi, dans une interview sur les ondes de Shems FM, l’homme a paru usé, malhabile, dépassé et dans certains passages coléreux. Il esquivait les questions d’une manière peu ou pas habile, ce qui a provoqué l’indignation des intervenants qui lui ont tous fait la remarque et l’ont gêné par leurs questions car d’un coté il voulait passer pour un modéré et donc ne pas choquer et d’un autre coté il savait que ses fidèles écoutaient attentivement et qu’il ne fallait pas les décevoir en lâchant quelques principes.

Il semble dépassé par une Tunisie qui a clairement changé en 20 ans d’exil, il a passé trop d’années loin du pays qu’il cherche aujourd’hui à gouverner, De Paris à la Syrie en passant par Égypte sans oublier une vingtaine d’années à Londres… Même lorsqu’il parle de son enfance des hurlements des loups et de l’aboiement des chiens au couché du soleil, il n’arrive pas à plaire ni à se montrer intéressant. L’exemple turc qu’il n’arrête pas de vanter est loin de ressembler à notre Tunisie, car la Turquie n’est pas un régime islamiste mais plutôt un régime laïc gouverné en majorité par des musulmans modérés de l’AKP (avec l’armée aux aguets) ce qui est loin d’être l’objectif d’Ennahdha. Il se contredit en disant opter pour l’égalité des sexes et favoriser les hommes en ce qui concerne l’emploie.

Comment un homme qui semble n’être que l’ombre de lui même a-t-il réussit à attirer autant de partisans et sympathisants. Pour Connaitre Cheikh Rached tout en étant Tunisien il faut avoir plus de 40 ans car Ben Ali a précipité son exil il y a 20 ans, suite à sa soi-disant implication dans des activités terroristes pour le régime ZABA et de désobéissance civile pour les militants de cette triste époque et qui méritent qu’on les mette au clair pour connaitre ce que va être la réaction d’Ennahdha si ils perdent les élections.

Comment des jeunes se sont retrouvés à idolâtrer un Leader mythique qu’ils ignoraient totalement avant le 14 janvier. Ceci s’explique peut être par l’amalgame entre politique et religion, qui fait que les choix politiques se fassent par inspirations religieuses ce qui fausse la donne car on croit choisir une religion et non un parti politique au détriment des autres, alors qu’on est tous musulmans et qu’on ne votera que des partis politiques.

Source: “Nawaat.” Le 09-04-2011

Composition du Conseil de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique


Liste des membres presque finalisée

 

La composition du Conseil de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, est presque finalisée et complète, au terme de concertations intenses.

Elle comprend, jusqu’à présent, des représentants de 12 partis et de 18 instances, organisations et associations de la société civile, en plus de personnalités nationales et de représentants des régions et des familles des martyrs de la révolution du 14 janvier.

Voici la liste nominative des membres de la haute instance, qui a été approuvée par le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, mardi 5 avril courant, et qui compte 155 personnes:

Représentants des partis politiques :

Mouvement des démocrates socialistes (MDS)

• Ahmed Khaskhoussi

• Rachid Guermazi

• Afef Boughrara

Mouvement « Ettajdid »

• Samir Taieb

• Nidhal Slimani

• Aida Khemiri

Parti Démocrate Progressiste (PDP)

• Mongi Ellouz

• Houssem Eddine Chebbi

• Maher Hanin

Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FTDL)

• Mouldi Riahi

• Bilel Falhi

• Rabia Ben Taarit Abid

Mouvement « Ennahda »

• Noureddine Bahri

• Sahbi Attig

• Farida Abidi

Parti Socialiste de Gauche (PSG)

• Béchir Labidi

• Nassim Kéfi

• Ghezala Guesmi

Parti du Travail patriotique et démocratique de Tunisie (PTPD)

• Mohamed Jmour

• Imen Khemaies

• Naima Hammami

Parti Tunisie Verte

• Abdelkader Zitouni

• Faouzi Hadhbaoui

• Naima Guiza

Parti de la Réforme et du Développement (PRD)

• Mohamed Goumani

• Mohamed Habib Mestiri

• Awatef Zarrouk

Mouvement des Patriotes Démocrates (MDP)

• Chokri Belaid

• Bayrem Belifa

• Essia Haj Salem

Congrès pour la République (CPR)

• Tarek Labidi

• Samir Ben Amor

• Zouhour Kourda

Parti d’Avant-Garde Arabe Démocratique (PAAD)

• Kheireddine Souabni

• Karim Kotaeib

• Hayet Hamdi

Représentants des instances, organisations, associations et composantes de la société civile

Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT)

• Moncef Yaacoubi

• Ridha Bouzriba

• Abid Briki

• Hacine El Abassi

• Marwan Chérif

Ordre national des Avocats

• Saida Akremi

• Ahmed Seddik

• Fathi Laayouni

• Rached Berguech

Association des Magistrats Tunisiens (AMT)

• Ahmed Hamrouni

Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH)

• Mokhtar Trifi

• Anouar Kousri

Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD)

• Saida Ben Garrach

Association de la Femme Tunisienne pour la Recherche et le Développement (AFTURD)

• Radia Bel Haj Zekri

Ordre national des médecins

• Mohamed Néjib Chaabouni

Conseil national des Libertés en Tunisie (CNLT)

• Omar Mestiri

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques (AISPP)

• Samir Dilou

Association Liberté et Equité

• Mohamed Ennouri

Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT)

• Néjiba Hamrouni

Syndicat tunisien des Médecins Spécialistes de Libre Pratique

• Faouzi Charfi

Mouvement de modernisation de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA)

• Kais Sellami

• Khalil Ghariani

Organisations d’émigrés tunisiens

• Kamel Jendoubi

• Mohamed Lakhdhar Lala

• Tarek Belhiba

• Ridha Bettaieb

• Néjib Achouri

Association National des Chambres de Notaires

• Imed Amira

Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT)

• Habib Guiza

Union des diplômés chômeurs

• Salem Ayari

Union Générale des Etudiants Tunisiens

• Tarek Saidi

• Mouna Oueslati

Association des anciens combattants

• Ali Ben Salem

Personnalités nationales

– El Ayachi Hammami

– Jalila Baccar

– Anouar Ben Gueddour

– Mohamed El Bsiri Bouabdelli

– Farhat Gammarti

– Mounir Graja

– Mongi Ben Othmane

– Mohamed Sghaier Ouled Ahmed

– Ibrahim Bouderbala

– Abdelaziz Mzoughi

– Abdessattar Ben Moussa

– Abdeljalil Bouraoui

– Moncef Ouannes

– Abdelhamid Larguech

– Sofiane Belhaj Mohamed

– Hédia Jrad

– Ali Mahjoubi

– Mokhtar Yahyaoui

– Abdelmajid Charfi

– Mahmoud Dhaouadi

– Mohamed Bouzriba

– Sami Jerbi

– Noura Borsali

– Dorra Mahfoudh

– Khédija Chérif

– Zeineb Farhat

– Lazhar Akremi

– Héla Abdeljawed

– Mohsen Marzouk

– Latifa Lakhdhar

– Hassen Dimassi

– Mongi Miled

– Adnene Hajji

– Samir Rabhi

– Samia Bokri

– Alia Chérif

– Abdejabar Bsaies

– Ahlem Belhaj

– Kalthoum Kannou

– Mustapha Tlili

– Sophie Bessis

– Samir Ennabi

– Sofiane Chourabi

– Massoud Romdhani

– Mustapha Ben Ahmed Tlili

– Hamida Ennaifer

– Mehdi Mabrouk

– Amine Sami Ben Sassi

– Mabrouk Harrabi

– Zouheir Makhlouf

– Ahmed Kahlaoui

– Saida Harrathi

– Karima Darouich

– Lamia Farhani

– Abdelbasset Ben Hassen

– Frej Maatoug

– Nejib Hosni

– Mohamed Errehimi

– Adib Soudana

– Abderraouf Laabidi

– Mohamed Ali El Héni

– Imed Hidaoui

– Soufia Hammami

– Moncef M’barki

– Belgacem Abbassi

– Fethi Triki

– Adnene Mnasser

– Monia Bou Ali

– Najoua Makhlouf

– Abdessalem El Arbaoui

– Mustapha Abdelkebir

– Mohamed El Hedi Kahlaoui

Représentants des régions

– Abdellatif Haddad (Tataouine)

– Habib Ghalleb (Nabeul)

– Noomane Majid (Sfax)

– Fadhel Bettaher (Kebili)

– Taoufik Jridi (Gabès)

– Hédi Ben Romdhane (Jendouba)

– Youssef Salhi (Sidi Bouzid)

– Faouzi Sadkaoui (Bizerte)

– Abdelaziz El Ayeb (Medenine)

– Lotfi Yaakoubi (Tunis)

– Ridha Raddaoui (Gafsa)

– Mouldi Ksoumi (Kasserine)

Il est attendu la nomination des représentants du reste des gouvernorats, à savoir : Zaghouan, Ben Arous, L’Ariana, La Manouba, Mahdia, Monastir, Sousse, Kairouan, Beja, Le Kef, Tozeur et Siliana, au terme des négociations et après réalisation d’un consensus autour des représentants de ces régions.

Représentants des familles des martyrs

– Mongi Bouazizi

– Ali Bouazizi

Il convient de signaler que l’accès au statut de membre au sein de la Haute Instance reste ouvert à plusieurs autres secteurs qui n’ont pas encore choisi leurs représentants, à l’instar des agriculteurs, comme l’a indiqué le porte-parole de la Haute instance, Ghazi Ghrairi, à l’Agence TAP.

Source: ”Le Temps” Le 09-04-2011

Tunisie. Béji Caïd Essebsi tient un langage de vérité aux hommes d’affaires


 

Béji Caïd Essebsi, qui ouvrait une rencontre-débat organisée, vendredi, au siège de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), a brossé un tableau sans concession de la situation économique du pays.

«Le troisième gouvernement après la révolution a trouvé le pays dans une situation économique catastrophique: des entreprises pillées et mises à feu, d’autres fermées, un taux de croissance frôlant 0%, un chômage qui touche entre 500 et 600.000 sans emploi, dont 140.000 parmi les diplômés du supérieur, auxquels s’ajoutent 40 à 50.000 chaque année, et une dérive sécuritaire et médiatique dangereuse», a affirmé le Premier ministre du gouvernement provisoire. Pour cette première réunion publique avec les chefs d’entreprise, M. Caïd Essebsi s’est entouré de cinq ministres chargés des départements économiques (Finances, Industrie, Développement régional) et sociaux (Emploi, Affaires sociales).

Relancer l’économie et aider les régions Face à cette conjoncture difficile, le gouvernement provisoire a commencé par l’examen des dossiers prioritaires et l’élaboration de stratégies d’urgence basées sur une nouvelle approche socio-économique visant, à la fois, à relancer la machine économique et à améliorer la situation dans les régions intérieures les plus défavorisées. Le gouvernement s’est ainsi attelé à l’élaboration d’un projet fondé sur quatre axes: l’emploi, le développement régional, la dynamisation de l’économie et l’octroi d’aides sociales, à travers un financement exclusivement tunisien assuré par l’Etat et par des entreprises nationales qui se sont portées volontaires. Ce programme vise à remédier au chômage endémique à travers la création de 60.000 postes d’emplois directs, dont 20.000 par le secteur privé, particulièrement dans les régions déshéritées, a expliqué M. Caïd Essebsi. «La réalisation de cet objectif est tributaire de la garantie du bon fonctionnement des entreprises nationales et étrangères implantées en Tunisie», a-t-il ajouté. Or, la situation sécuritaire tarde à se stabiliser, en raison des grèves, des sit-in et des mouvements sociaux. « Les soi-disant défenseurs de la révolution ont poussé partout comme des champignons. On veut éliminer les symboles de l’ancien régime. Or, on sait, au moins 3 millions de Tunisiens ont collaboré avec l’ancien régime. On ne va pas tous les mettre en prison. La plupart n’était que des pions», a souligné le Premier ministre. Le gouvernement a reçu des offres d’aides extérieures pour réaliser ce programme ambitieux, mais il a décliné ces propositions, profondément convaincu que la Tunisie est capable de régler ses problèmes par elle-même et que toute aide étrangère doit s’inscrire dans le cadre de projets futurs, a assuré le Premier ministre. Le gouvernement provisoire, a indiqué M. Caïd Essebsi, est aussi conscient des difficultés auxquelles font face les entreprises économiques tunisiennes et du désir des investisseurs étrangers de quitter le pays, ce qui nécessite de redoubler d’effort pour endiguer les dérives sécuritaires. «La situation s’est beaucoup amélioré, mais elle reste en-deçà de ce qui est requis», a expliqué M. Caïd Essebsi. Qui a formé l’espoir de voir le pays retrouver rapidement «sa pleine stabilité», «condition sine qua non pour minimiser les pertes, sauver la saison touristique, maintenir les entreprises étrangères en Tunisie et réduire le taux du chômage».

Consolider les attributs de la stabilité Evoquant les mouvements sociaux orchestrés contre le gouvernement provisoire, M. Caïd Essebsi a indiqué que le gouvernement est tout à fait conscient qu’il y a certaines parties sont derrières ces agissements, appelant, à cet effet, la majorité silencieuse à agir pour consolider les attributs de la stabilité. La constitution de ce gouvernement, a-t-il souligné, n’est pas motivée par le désir de ses membres d’accéder à un poste de responsabilité, mais elle est dictée par l’appel du devoir au service de l’intérêt supérieur de la patrie. Le Premier ministre intérimaire a exprimé l’espoir de voir ces efforts trouver tout le soutien nécessaire auprès de tous et en particulier auprès des médias «crédibles». Avant de conclure: «Nous ne souhaitons que du bien à la Tunisie et nous espérons laisser le pays à nos successeurs après le 24 juillet prochain dans une situation meilleure».

Source : « Kapitalis » Le 09-04-2011

Tunisie : Révolution et transitions démocratiques


 

La Stiftung Konrad Adenauer et la Chaire Unesco d’Etudes comparatives de religions organiseront le vendredi 15 avril 2011 à Tunis, une journée d’études sur le thème «Révolutions et transitions démocratiques, témoignages croisés et études comparées».

Les organisateurs rappellent que la Tunisie a été le premier pays arabe à avoir aboli l’esclavage (1846), puis à s’être doté d’une Constitution (1861), puis d’un Sode de statut personnel (1956). La Tunisie est appelée aujourd’hui à réussir la première révolution démocratique dans le monde arabe (14 janvier 2011). La suite des événements en Tunisie aura un impact majeur sur la région et sur les relations entre les deux rives de la Méditerranée.

 

Des témoins de quatre transitions démocratiques ‘Espagne, Pologne, ex-Allemagne de l’Est et Roumanie), et un membre éminent de l’instance marocaine «Equité et Réconciliation» exposeront les expériences de leurs pays respectifs et leurs témoignages personnels sur des périodes qu’ils avaient vécues et dont ils étaient des acteurs de premier plan.

 

Pour les organisateurs, il ne s’agira pas de copier une expérience précédente mais de profiter des réussites et des erreurs des autres pour offrir à la Tunisie les jalons d’un modèle qui lui permettra le mieux de réaliser les objectifs de sa révolution, notamment les deux principales revendications: LIBERTE et DIGNITE.

Source: ”wmc” Le 09-04-2011

Tunisie : Une laïcité à la tunisienne est-elle possible?


 

«La laïcité et la religion dans la Tunisie de l’après-14 janvier 2011», un thème qui provoque certaines sensibilités. Imagine-t-on une Tunisie laïque ou une Tunisie islamique ou tout simplement une Tunisie nouvelle? Le 1er forum du journal électronique Al Masdar.tn, organisé le 8 avril 2011, a tenté d’y répondre en invitant des acteurs du monde politique et associatif. Une première sortie en public de notre confrère, qui sera suivie par d’autres forums mensuels traitant de l’actualité économique et politique en Tunisie.

La tâche ne fut pas aisée pour les modérateurs du forum. Pour un thème aussi sensible, les points de vue divergent et les orientations idéologiques disparates. Le parti Ennahdha était représenté par Ajmi Ouerimi. Salah Zeghidi représentait l’Association pour la défense de la laïcité, et Mohamed Haddad, titulaire de la Chaire Unesco d’études comparatives des religions.

Religion et politique…

On remarque bien que dans cette période de transition démocratique, la religion est devenue un sujet favori. Lorsque le 14 janvier, des milliers de Tunisiens sont sortis dans les rues, on ne se souciait pas du positionnement de chacun, politique ou religieux. Mais voilà que le thème s’impose de lui-même, au moment même où on prépare la nouvelle Constitution. Le débat concerne le premier article de la Constitution qui stipule que «la Tunisie est un pays souverain, l’arabe est sa langue et l’Islam est sa religion».

Pour M. Zeghidi, cet article ne pose aucun problème s’il est pris dans son sens symbolique. Mais le problème réside, selon lui, dans ses répercussions sur les lois, ce qui est contraire à l’esprit démocratique et égalitaire qu’on voudrait instaurer en Tunisie. «Dans la Constitution, on indique que le candidat à la présidence doit être musulman. Le droit de la femme à se porter présidente n’est pas aussi clair. D’autres articles de lois sont inspirés de la Chariaa islamique et consacre l’inégalité entre les citoyens».

De son côté, M. Ouerimi estime que cet article devait avoir une dimension symbolique plutôt qu’une dimension matérielle, indiquant qu’il ne menace en rien les libertés individuelles. «Cet article nous a donné une identité. Il ne faut pas oublier également que la Tunisie est une République, un aspect qu’on oublie toujours. Mais je pense qu’il y a un consensus sur cette question. Et personne ne peut le contester», ajoute M. Oueridi. Pour M. Haddad, l’important actuellement est d’établir un consensus et de débattre la nouvelle Constitution qui doit consacrer la liberté de croyance.

Alors que les positions d’Ennahdha diffèrent entre un responsable et un autre sur la question de l’application de la Chariaa, M. Ouerimi indique que l’objectif est de fonder un Etat moderne et non pas un Etat religieux, un Etat civil et non un Etat théocratique. Il ne s’agit pas pour lui d’appliquer la Chariaa islamique, mais d’établir un consensus entre les différents acteurs nationaux afin de défendre les droits de chacun. La polémique sur le rôle des mosquées dans la propagande politique n’a pas lieu d’être. Selon lui, il faut consacrer la neutralité des mosquées qui doivent rester seulement des lieux de culte. «Nous ne nous considérons pas comme porte parole de la religion. Nous avons notre vision personnelle, qui pourrait ne pas être une vérité absolue pour certains. Je pense aussi que la légitimité du gouvernement se maintient des élections et non pas des textes religieux ou idéologiques», affirme M. Ouerimi.

Pour M. Haddad, il s’agit de couper avec la manipulation de la religion par les politiques. Dans la majorité des pays islamiques, il s’agissait d’un débat clos d’avance. La séparation entre la religion et la politique n’était pas toujours visible. Les régimes se sont servis pendant longtemps de la religion pour des finalités politiques. Et vice versa. La Tunisie n’est pas une exception. Après avoir incarcéré les membres d’Ennahdha, le président déchu a essayé de jouer la carte de la modération après un héritage bourguibien qu’il voulait anéantir. «L’Etat doit gérer seulement le côté administratif. Elle ne doit pas intervenir dans le côté rituel. Sinon, il peut intervenir dans la construction des mosquées, par exemple, pour éviter l’intrusion étrangère», souligne-t-il.

Un Etat laïc?

Peut-on donc parler d’une Tunisie laïque? Pour M. Zghidi, un amalgame a toujours existé entre la laïcité et l’athéisme. Un concept qui n’avait pas droit de cité dans le monde arabo-islamique. «Il faut comprendre que l’Etat laïc diffère de l’Etat religieux et l’Etat athée. La laïcité n’a jamais été contre la religion. On nous reproche de vouloir copier l’expérience française. Il n’en est rien puisque chaque pays a ses contextes», précise-t-il, en ajoutant que les membres de l’Association non reconnue du temps de l’ancien régime, ont toujours fait l’objet de poursuite. Il affirme que la séparation entre la religion et la politique est une exigence pour la survie de l’Etat démocratique.

M. Haddad estime que l’exemple turc est révélateur: «Ennahdha a une grande opportunité pour donner l’exemple dans le monde arabe. Notre révolution a été distinguée. J’attends d’Ennahdha qu’elle se distingue aussi par une réforme religieuse qui n’inclut pas la religion dans la politique. La Turquie a réussi sur ce plan. Aucune loi n’a été changée après l’ascension d’Erdogan. La religion ne s’est pas mêlée à la politique. C’est pour cela que je vous dis qu’Ennahdha doit jouer le rôle d’un pouvoir de contrôle et non pas d’un contrepouvoir».

Pour M. Ouerimi, Ennahdha est un parti politique et non pas un parti religieux.«Nous ne serons pas plus exigeants que les turcs dans l’application de la Chariaa et non moins exigeants dans l’instauration du modernisme. Ce que je peux vous dire c’est que notre parti ne cherche pas à appliquer la Chariaa islamique», insiste-t-il.

On peut se réjouir de ces déclarations d’un responsable d’Ennahdha. Ceci étant, les déclarations controversées de ce parti ne sont pas pour rassurer. Dans une période aussi critique pour notre pays, ce genre de positions a un impact sur l’équilibre social qui devrait être sauvegardé. Le peuple tunisien a toujours manifesté une certaine maturité dans la gestion des différences et dans l’instauration d’une culture de tolérance et d’acceptation de l’autre. Espérons qu’il la maintiendra…

Source: “wmc” Le 09-04-2011

Tunisie: mandat de dépôt à l’encontre de l’ancien patron de la douane


 

Un mandat de dépôt a été émis vendredi à l’encontre de l’ancien directeur général de la douane et ex-ministre éphémère du Commerce Slimane Ourak, a annoncé l’agence de presse officielle TAP dans une dépêche laconique.

L’agence, qui cite une « source judiciaire » relevant du ministère de la Justice, ne précise pas les chefs d’accusations retenus contre le prévenu.

M. Ourak, 56 ans, a dirigé de main ferme les rouages de la douane de 2004 à 2010, période au cours de laquelle le clan de Leïla Trabelsi, la deuxième épouse de l’ex-président Zine el Abidine ben Ali, importait sans aucun contrôle et sans payer de taxes douanières toutes sortes de produits, selon des sources portuaires.

Les Trabelsi ont des années durant inondé le marché local de matériels et denrées asiatiques, portant un grand préjudice à l’économie nationale.

Comme pour le récompenser pour les services rendus, l’ancien chef d’Etat avait promu M. Ourak ministre du Commerce fin décembre -un poste qu’il n’a occupé que pendant deux semaines puisque le régime est tombé le 14 janvier.

Slimane Ourak est la sixième haute personnalité du régime déchu placée sous les verrous. Il a été précédé par le général Ali Sériati, ancien chef de la garde présidentielle, Rafik Belhaj Kacem, ministre de l’Intérieur, Abdelaziz Ben Dhia, porte-parole officiel de la présidence, Abdelwahab Abdallah, conseiller politique surnommé le « Goebels » de Ben Ali, et Abdallah Kallel, ex-ministre de l’Intérieur et président du Sénat.

Par ailleurs, la TAP fait état d’une mesure judiciaire portant « interdiction de voyage à toutes les personnes impliquées dans des affaires de corruption et aux proches du président déchu, ministres et conseillers ».

Cette mesure préventive entre en vigueur « dans l’attente des décisions qui seront prises à leur sujet par le juge d’instruction », ajoute l’agence, qui ne mentionne pas les noms des personnes visées.

Au lendemain de la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite, le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi avait fait état d’une liste de plus de 50 personnes du clan Ben Ali/Trabelsi faisant l’objet de poursuites judiciaires.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 09-04-2011

Jalloul Ayed : La Tunisie deviendra le Singapour de la Méditerranée


 

L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise a abrité, le vendredi 8 avril 2011, une rencontre-débat autour du Programme économique et social du gouvernement de transition.

Modérée par Chékib Nouira, président de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises, cette rencontre a enregistré la présence d’un grand nombre de chefs d’entreprises, assoiffés de trouver des réponses à leurs problématiques.

Ouvrant le débat, Béji Caïd Essebsi, chef du gouvernement de transition, a présenté un discours politique des plus équilibré.

« Le monde entier est en train de nous observer » souligne t-il en lançant un appel à tous les membres de la société économique de travailler, main dans la main, pour faire réussir la révolution tunisienne.

Lancement d’un vrai plan Marshall de notre investissement

« Celui qui sème la corruption récolte la révolution ». C’est le proverbe avec lequel le ministre des Finances a commencé son discours.

Jalloul Ayed a, en effet, condamné dans son intervention le système adopté auparavant en Tunisie, pour servir les intérêts d’une « minorité boulimique », rendant hommage aux jeunes tunisiens qui ont libéré la Tunisie.

« C’est à nous, les moins jeunes, que revient le devoir de préserver ces acquis et nous n’avons pas droit à l’erreur » ajoute t-il sur un ton à la fois enthousiaste et optimiste.

Pour ce faire, le gouvernement de transition travaille jour et nuit pour enterrer « un passé peu glorieux » et faire valoir « un avenir que nous espérons radieux ».

Avant d’annoncer le programme économique et social du gouvernement de transition, le ministre des Finances a déclaré que la révolution a fait apparaître des fissures énormes sur le plan social et économique du pays.

Dans cette optique, le ministère des Finances, en collaboration avec celui du Développement régional, de l’Industrie et de la Technologie, de l’Emploi et de la Formation professionnelle et de la Planification et de la Coopération internationale, présents lors de cette rencontre, a mis en place un programme basé sur l’emploi, le développement et la justice régionale et sociale.

Les mesures prises étaient de 2 natures : fiscale et financière, afin de soutenir les entreprises en Tunisie.

En effet, les entreprises souffrent d’un manque de liquidités. Elles se trouvent en difficulté de payer les salaires de leurs employés et de développer leurs activités, et parfois même de les sauver. Les banques, qui devront les aider, ne leur facilitent pas la tâche. Les sociétés de Leasing, quant à elles, reprennent leurs équipements au premier mois d’impayé. C’est ainsi que l’entreprise se trouve bloquée. « Plusieurs entreprises, notamment dans les régions internes, ont plié bagage après s’être retrouvées dans des situations pareilles », selon un chef d’entreprise tunisien, intervenant lors du débat.

M. Ayed a annoncé que les entreprises pourront, dès aujourd’hui, déposer une demande auprès du gouvernement pour alimenter leur trésorerie. Une réponse leur sera rendue dans les 30 jours.

Sur le plan fiscal, et afin de pousser les entrepreneurs à investir dans les régions défavorisées, un mécanisme d’encouragement a été mis en place.Les investisseurs ne seront, en effet, pas assujettis à la taxe jusqu’en 2012.

Concernant l’emploi, « nous espérons que l’économie recrute 20 mille personnes, non les 80 mille annoncés auparavant », souligne le ministre des Finances.

Aujourd’hui le challenge est d’assurer l’arbitrage dans la réponse à une situation délicate sans pour autant dépasser un déficit budgétaire de 5%. Equation difficile selon le ministre qui précise qu’une réforme fondamentale des différents secteurs doit être mise en place, notamment pour le secteur public.

« Il faut donner au secteur public les moyens matériels et humains pour que l’administration tunisienne devienne plus moderne et efficiente » note t-il.

M. Ayed a par ailleurs fait remarquer sa déception vis-à-vis du niveau des salaires dans le secteur public, « des cadres compétents dans nos administrations touchent l’équivalent de ce que touche une assistante de direction au Maroc, et c’est inacceptable ».

Sur un autre plan, M. Ayed a annoncé le lancement d’une caisse de dépôt et de conciliation, pour le développement des grands projets, notamment les réseaux de chemins de fer, les autoroutes, les ports et aéroports…

Pour les privés, un fonds de développement « extrêmement puissant pour la création d’emploi », sera mis en place, commençant par une base de 2,5 milliards de dinars. Ce fonds aura pour ambition de renforcer les possibilités d’investissement en Tunisie.

Interrogé sur le système bancaire, le ministre des finances a souligné qu’une réforme « très profonde » doit être mise en place afin de sauver le secteur. « On peut devenir un vrai centre de finance islamique et la Tunisie deviendra le Singapour de la Méditerranée ! » déclare t-il d’un ton enthousiaste.

Achevant son discours, le ministre des Finances a lancé un appel aux entrepreneurs tunisiens de venir le rencontrer en personne afin de discuter des possibilités de résolution de leurs éventuels problèmes.

Un système de développement qui n’a pas fait ses preuves

Dans son intervention, Mohamed Naceur, ministre des Affaires sociales, a déclaré que plus de 10% de la population tunisienne vit en deçà du seuil de la pauvreté, ce qui équivaut à 200 000 ménages.

« Ce qui s’est passé en Tunisie, précise t-il, est une remise en cause d’un système de développement qui n’a pas fait ses preuves, notamment au niveau social. Ce que nous voulons aujourd’hui c’est une Tunisie plus prospère, plus solidaires mais toujours ouverte. »

Le ministre condamne, par ailleurs, qu’en Tunisie, il n’y a toujours pas de banque de données des salaires. « Nous avons proposé au gouvernement de réaliser une première étude sur les salaires, à laquelle l’INS participera », rassure t-il.

« Aujourd’hui, tous les salaires sont alignés au moins productif des salariés. Il est temps que les entreprises réagissent comme des entités responsables socialement, notamment avec une transparence dans la gestion avec une diffusion meilleure de l’information », insiste t-il en clôturant son intervention.

Source: “Business News” Le 09-04-2011

Tunisie: sommes-nous devenus juges?


 

 

« Le discernement est la principale fonction du juge, et la qualité nécessaire du jugement. » Bossuet.

Ceux qui nous ont observé dans les rues ont fait l’éloge d’un peuple éduqué, conscient et arbitre. Un arbitre qui a su discerner entre observation, écoute et jugement. Malheureusement beaucoup voient à travers le jugement la rancune et la vengeance.

Il est vrai que la souffrance morale, physique ou même fictive peut engendrer un orgueil chez certaines personnes, les poussant même a enfiler leurs robes de juge afin de donner des verdicts infondés et basés sur l’émotion…mais attention, sous certaines valeurs, l’habit ne fait PLUS le moine..et ce ne sont pas les tunisiens qui me contrediront !

Ces mêmes gens font ainsi l’amalgame entre être juge et jouer le rôle de justicier, car même si la racine est identique, les branches de ce mot poussent différemment…

Pouvons-nous au nom de nos émotions nous acharner sur des hommes, des institutions ou des valeurs?

Pouvons-nous au nom d’un Etat salir les composantes même de sa nation?

Au moment où la Tunisie est à la quête de sa souveraineté telle la justice de son indépendance, il n’est pas concevable que certaines personnes, par n’importe quel moyen (facebook, twitter…), fassent preuve de despotisme et de partialité envers d’autres, comme il ne serait d’ailleurs pas plus sage de condamner certaines têtes ou entités pour leur appartenance a l’ancienne Tunisie. Notre devoir est pourtant de trouver un compromis entre nos ambitions et notre sens civique.

Il n’est ni de notre rôle, ni de nos facultés de donner des verdicts, comme il ne serait pas permis au pouvoir de nous empêcher de veiller sur nos acquis.

C’est pour cela qu’il est primordiale d’arrêter d’émettre des accusations aléatoires et de s’incarner en protecteur du bien commun, car si certains se voient propulses par leurs envies d’accuser, de juger et de proclamer des sentences, ces mêmes derniers mettent en péril le rôle de la justice et de l’Etat de droit tout comme leur propre crédibilité.

A ces autoproclamés arbitres, je rajoute: il faut bien juger pour ne pas être juge !

Ne tombant donc pas, indirectement, dans la propagande et le boycott que nous avons combattu il y a quelques jours…car comme dirait Vauvenargues: « La nature a donné aux grands hommes de faire, et laissé aux autres de juger. »

Notre grandeur ne doit pas se voir tacheter de folie. Donnons nous donc le temps et la sagesse d’observer et d’écouter afin de juger au lieu de juger a haute voix pour être vus.

Source : « Espace Manager » Le 09-04-2011

Tunisie – Beau livre « La Mosquée Zitouna » de Abdelaziz Daoulatli (*) : Une si belle épopée religieuse


 

Depuis sa fondation par Oubeïd Allah Ibn El Habhab aux environs de 698, cet édifice classé par l’UNESCO dans le cadre de la Médina de Tunis sur la liste du Patrimoine mondial, a connu ‘‘dix siècles d’architecture tunisienne’’, en ce sens qu’il a fait régulièrement l’objet de restaurations et de rénovations diverses. Et ce Beau Livre s’est justement attelé à la tâche d’interroger l’Histoire sur l’apport propre de chaque dynastie afin de maintenir cette Mosquée ancestrale ni tout à fait en l’état ni tout à fait transformée, mais toujours fière et altière trônant du haut de son minaret sur la Médina.

Après de minutieuses descriptions sur sa situation géographique et urbaine, sa forme et son contenu, ainsi que ses portes et ses plus de 400 éléments romains et byzantins qui en font un vrai ‘‘vrai musée des arts anciens’’, l’ouvrage observe de longues pauses sur les travaux d’embellissement et/ou de rénovation entrepris par chacune des dynasties ayant régné sur la Tunisie, soit les Aghlabides (864) les Sanhajites (1060), les Khorassanides (jusqu’à 1160), les Hafsides (13ème siècle), les deys et beys mouradites et husseïnites (1613), et jusqu’à l’indépendance du pays, sachant que la Mosquée avait été quelque peu négligée sous le protectorat français.

Ces travaux, à travers les âges, ont concerné, en gros, la Coupole du Bah’ou (990), la maqsoura occidentale (1064), reconstruction de la maqsoura de l’imam (1081), travaux dans la salle de prière (période sanhajite), rénovation du plafond (1316), construction du minaret hafside (1438), arrivée d’Andalousie du manuscrit intégral du Grand Coran (1463), construction des armoires de rangement des livres (1820), ravalement des coupoles (1937), etc.

Plus qu’un Beau Livre, ce véritable bijou de 214 pages, joliment illustré par de superbes photographies signées Mohamed Salah Bettaïeb et Mrad Ben Mahmoud, est en même temps l’Histoire générale de l’architecture tunisienne depuis la nuit des temps.

Source : « wmc » Le 09-04-2011

Ces Tunisiens qui vivent l’enfer depuis le 14 janvier !


 

Une fois par mois Linda Trabelsi*, qui vit entre la France et la Tunisie pour ses affaires, se rend à l’embarquement de son vol à l’aéroport de Tunis. Depuis ces dernières semaines, aussitôt l’enregistrement effectué, c’est la boule au ventre que Linda se dirige vers le contrôle d’identité au poste de la police des frontières et ensuite aux douanes.

La malédiction des noms «blacklistés» Si Linda appréhende autant ces contrôles de routine, c’est que depuis le 14 janvier, elle est coupable de porter un nom «blacklisté» qui fait d’elle une criminelle suspectée de fuite vers l’étranger. Ce matin là, le scénario se reproduit selon un scénario immuable: à peine le fonctionnaire de police se saisit de son passeport et après l’avoir toisée d’un regard inquisiteur, l’homme alerte son supérieur qui s’empresse de diriger Linda dans un bureau annexe pour un contrôle d’identité approfondi. «La dernière fois, ça a duré plus de quarante cinq minutes et j’ai failli rater mon avion», déplore Linda. «C’est traumatisant pour les enfants», ajoute-t-elle. Mohamed Ben Ali*, commerçant à Tunis, a vu son chiffre d’affaires chuter de 50% depuis la libération. Pour lui, la mauvaise conjoncture n’est pas seule en cause. «Les gens s’arrêtent devant ma vitrine et quand ils voient mon nom inscrit sur l’enseigne, ils tournent les talons. L’autre jour, une mère a dit à sa fille: ‘‘On ne rentre pas là, c’est peut-être un membre de la famille de l’ex-dictateur, il est parti et on ne va pas continuer à enrichir son clan», se plaint Mohamed. Pourtant, comme des millions de Tunisiens, le 14 janvier, Linda et Mohamed ont vu leurs rêves se réaliser. Ils ont vibré, manifesté, pleuré de tristesse et de joie comme le reste de leurs compatriotes. Comme tout un chacun, ces citoyens vomissent le passé et, pour rien au monde, ils ne reviendraient en arrière. La liberté et dignité pour laquelle ils se sont soulevés, eux, ils aimeraient aujourd’hui pouvoir en profiter comme tout le monde. Au contraire, leur quotidien depuis s’est alourdi à cause du nom qu’ils portent!

Le délit d’homonymie C’est aujourd’hui une triste réalité, des milliers de Tunisiens innocents qui portent les patronymes Ben Ali, Trabelsi, Chiboub, Ben Dhia, Abdallah et ceux d’autres dignitaires de l’ancien régime sont des victimes collatérales de la révolution. Depuis le 14 janvier, le quotidien de beaucoup de ces homonymes est jalonné de tracasseries administratives, de marques de défiance de voisins, de clients… leur causant un préjudice certain, dont les enfants sont les plus affectés. Touchés dans leurs droits et leur honneur, ces citoyens lambda se sentent, très clairement, stigmatisés et sont désarmés face à ce délit d’homonymie. Ils sont des victimes invisibles des dérives de la vindicte populaire actuelle menée au nom de l’épuration! «Que faut-il faire, renier son nom pour vivre tranquille?», se demande Linda. «Faut-il se promener avec son arbre généalogique sur soi?», s’emporte Ali Mabrouk*. Pour Linda, Mohamed, Ali et tous les autres, il y a cette maigre consolation: les tracasseries et les humiliations dont ils sont victimes vont cesser un jour mais pas dans l’immédiat sauf au prix d’un sacrifice personnel. Ali s’est résigné à effacer son nom et celui de son père sur l’enseigne de sa boutique, la peine dans l’âme pour ce commerçant depuis quatre générations. Pour les voyageurs, afin de réduire l’humiliation des contrôles aux frontières, peut-être faudrait-il que le ministère de l’Intérieur accorde aux victimes d’homonymie, une attestation de non affiliation à l’une des familles proches de l’ancien régime?

* Tous les prénoms on été modifiés pour ne pas troubler davantage la tranquillité des témoins.

Source : « Kapitalis » Le 08-08-2011

Ali Belhouane: une grande figure du 9 Avril 1938


 

Par Cherifa Lakoua

La communication sur un événement historique a une importance cruciale sur l’image qu’une population se fait de l’événement ainsi que sur la constitution de sa mémoire collective. Cette communication lorsqu’elle est biaisée surtout au niveau des images diffusées, favorise une mémoire collective biaisée qui écarte certaines informations sur des détails historiques importants ou qui donne plus de poids dans les esprits pour certains personnages secondaires au dépend de personnages clés de l’événement.

C’est le cas des événements d’avril 1938, nous avons grandis avec une image sur ces événements qui a pris toute notre attention et qui a formé notre mémoire sur cet événement, chaque année à l’occasion de ces événements les 2 photos de Bourguiba vue de face et vue de profil sont mises en avant sur tous les moyens de communication, alors que Bourguiba n’a même pas participé à cet événement historique d’une très grande importance, il paraît qu’il était malade. Et étant donnée que nous nous constituons une mémoire et une attitude sur des événements grâce à notre mémoire visuelle, la population a eu tendance a oublier les 2 principaux instigateurs des manifestations d’avril 1938 à savoir Mongi Slim et Ali Belhouane.

Les manifestations d’avril 1938 ont soulevé une question cruciale qui revient aujourd’hui après les événements de janvier 2011, c’est celle de la revendication d’un parlement tunisien donc une remise en cause du régime de gouvernement colonial français qui optait pour un régime concentré au niveau du résident général (qui nous rappelle les 2 régimes présidentialistes de Bourguiba ensuite de Ben Ali).

Rappelons ce qui s’est passé en 1938, ayant eu des informations sur des réunions de propagandes du bureau politique du Néo-Destour, les autorités du Protectorat anticipèrent le mouvement en procédant à l’arrestation de Youssef Rouissi, Hédi Nouira, Salah Ben Youssef et Slimane Ben Slimane, accusés d’incitation à la haine raciale et d’atteinte aux intérêts de la France en Tunisie (accusations qui nous rappellent celles utilisées par les 2 régimes d’après l’indépendance lorsque des événements de révolte se propagent). Le Néo-Destour organisa le 7 avril 1938 une manifestation de protestation groupant 2.500 personnes, devant le palais beylical de Hammam-Lif. Mongi Slim, membre du Conseil National du Parti put rencontrer le Bey et solliciter son intervention en vue d’obtenir la libération des responsables du Parti emprisonnés. Ne voyant rien venir, le Néo-Destour a décidé d’appeler à une grève générale le 8 avril 1938.

Le même jour, 2 grandes manifestations conduite par Mongi Slim et Ali Belhouane s’ébranlèrent de Halfaouine et du centre de la Médina, emprunta les principales artères de la capitale pour se diriger vers la Résidence Générale.

Outre les dirigeants du Parti, les militants, le mouvement scout tunisien, les organisations de jeunesse se joignirent à cette manifestation où l’on voyait partout brandies des pancartes appelant à la création d’un  » Parlement tunisien « .

Devant la Résidence Générale où s’était massée une foule estimée à 80000 personnes menée par le leader de la jeunesse Ali Belhouane, (« Le leader Ali Belhouane : il a conduit 80 000 manifestants le 8 avril 1938 », Al Chourouk, 27 mars 2004) comparé au chiffre de janvier 2011 qui est de seulement 30000 personnes (moins de 2% de la population de Tunis) nous arrivons mieux à comprendre l’importance du leadership de Ali Belhouane puisqu’il a réussi à mobiliser plus de 20% de la population de Tunis, et harangua les manifestants en ces termes :  » Nous sommes venus aujourd’hui démontrer notre force… Celle de la jeunesse qui ébranlera le colonialisme… Le Parlement tunisien ne sera créé que par le martyre des militants et les sacrifices de la jeunesse…. « . Pour la première fois la femme tunisienne prit part à cette imposante manifestation . Avant la dispersion des manifestants, Mongi Slim rappela, dans un discours, les revendications du Parti et annonça l’organisation d’une deuxième manifestation pour le 10 avril 1938. Entre-temps, Ali Belhouane fut convoqué par le juge d’instruction, le 9 avril 1938. Une foule immense se rassembla devant le Palais de justice. Les forces de l’ordre accoururent et sans crier gare, commencèrent à tirer en l’air dans le but de semer la terreur parmi les manifestants. Des heurts sanglants éclatèrent ensuite et se soldèrent par 22 morts et près de 150 blessés.

Le Résident Général se rendit auprès du Bey et promulgua une loi instaurant l’état de siège, à Tunis, Sousse et dans le Cap-Bon. Le lendemain, Habib Bourguiba et Mongi Slim furent arrêtés et traduits avec le reste des dirigeants du Néo-Destour devant le tribunal militaire pour complot contre la sûreté de l’Etat. Le Néo-Destour fut dissout le 12 avril 1938, ses locaux fermés et ses documents confisqués. Toute la presse nationaliste a été suspendue. Les militants du Néo-Destour entrèrent dans la clandestinité.

Source: ”Leaders” Le 09-04-2011

Actus nationales

Ben Brik président (10)


 

 

Témoignage prémonitoire sur la révolution

Nous publions depuis mercredi 30 mars, et quotidiennement, le livre de Taoufik Ben Brik intitulé «Ben Brik président». C’est un ouvrage écrit en 2002 sous la dictature de Ben Ali et qui constitue un témoignage prémonitoire sur la révolution tunisienne.

Du temps de Ben Brik, les clandestins remontent à la surface. Les ex-trafiquants de devises deviennent des cambistes, les passeurs, des grossistes, les voleurs, d’honnêtes «banquistes». Le temps des solistes est révolu. C’est le règne de la harissa-dinars. Le calcul est simple: obtenir un crédit pour un projet bidon est plus rentable que de mettre en circulation de la fausse monnaie ou de mettre au pied une distillerie de boukha dans une grange. Oubliez donc les combines grossières et soyez plus avisés. D’abord, il vous faut un jeu de cartes d’identité falsifiées. Les postes de police en regorgent . Des faux tampons pour confectionner des garanties bancaires, des factures… des pots-de-vin pour graisser la patte à un employé trop regardant. Prenez un requin en guise d’avocat, sans discuter ses honoraires. Pour fuir les dettes faites faillite, mais n’oubliez pas de faire don de votre jaguar Good Year et de votre villa Technicolor à vos cousins germains.

Tunis City, 2004… Juste après, de la fatigue et de l’agitation. Debout sur les escaliers de la gare centrale, un groupe d’hommes maigres, poltrons et grêles pense: «Si on pouvait manger chaque jour des gaufrettes…» Dès qu’on commence à penser gaufrette, ça va mal. Le chômage augmente, la pauvreté s’aggrave, les grèves se multiplient, les scandales s’accumulent, les banlieues s’embrasent et l’autorité s’écroule… Et pour tout arranger, en passant en bagnole devant une palissade, j’ai vu un type qui ajoutait: «Dix-sept ans qu’on sème… la m…», «Exister, c’est respirer l’angoisse», «Personne ne me prendra vivant pour me couper la z…». Les gens ont faim. Le cours du dollar est à un million de dinars. Chaque chantier a son agitateur. Le gouvernement navigue à vue. Demain ou peut-être dans une heure, la catastrophe va nous tomber dessus et nous serons noyés dans le sang. Tout le monde a peur. Mois aussi. La peur t’empêche de dormir la nuit. Rien ne colle, rien, sauf la peur. Il n’y a plus d’indicateur de chemins de fer. Vous imaginez un pays sans indicateurs. Tu es triste sans savoir pourquoi tu es triste. Si on veut payer le loyer, on n’aura pas d’argent pour manger. Si on mange à notre faim, on ne pourra pas payer le loyer. Les gens croient qu’on va les tuer, que leurs enfants vont être tués. Les femmes croient qu’elles vont être violées, torturées. Pas de risque. Mes gens sont pacifiques . Ce ne sont pas eux qui deviennent fous. Ils sont bons et ronds comme des pastèques. Regarde tous ces gens. Ils n’ont pas la force de rouspéter. Ils sont humiliés. Ils ont trop peur. Ils ont été trop piétinés. Ils sont las, hésitants.

Qu’est-ce qui ne va pas? Un tas de choses, c’est sûr. Que fait-on quand on est pris dans un cauchemar? Eh ben, je fais mon travail. J’essaie de créer des poches d’ordre et de sang-froid au milieu de la gabegie. J’étais au bord de la gerbe.

Je suis peut-être un parasite. Un être répugnant. Je suis malade. J’ai envie de me présenter à un gros lard, un policier bête et de lui dire : soyez aimable, frappez-moi, peut-être même, s’il le faut, tuez-moi. Mais punissez-moi une bonne fois pour que je sois délivré de mon angoisse, frappez-moi fort, faites-moi mal, cela ne me fera de toute façon jamais aussi mal que le mal avec lequel je suis obligé de vivre jour après jour. Je ne cherche pas le bonheur, je cherche le repos. Je suis un géant aux pieds d’argile, un colosse en train de s’effondrer, un homme sous trop de fardeau. Le visage exact de l’humaine condition. Cent et une heures de la vie d’un homme au bout du rouleau hanté par tous ces gens qui lui en veulent et qui, sous le poids du cauchemar, va disjoncter. Alors, le hibou prit la parole et fit tomber: «Et si j’avais été le seul à croquer toute la pomme!» La nuit du 6 au 7 novembre, sans en référer au Parlement: Les Sfaxiens ont proclamé leur indépendance. Jendouba a décéré l’embargo sur l’eau potable à destination du Sahel et du Cap-Bon. Tunis a imposé le visa d’entrée pour les gens de Kébili, Goubellat et Bouârada. Mahdia a extradé les ouvriers des chantiers et les Souassis vers Hantaya. Des milices ont pris d’assaut Medjez El Bab, la gare Mhamid, Borg El Ifa et la Kanga…

Fils de… ! Je vous ai accordé une parcelle, et vous lorgnez sur tout le lopin. Ingrats que vous êtes ! Maintenant vous allez voir. Je fais kicks, nada, niente, rien. Que personne ne bouge! اa vous va comme ça! J’ai craché dans le verre. J’ai confié mon sort au général Zarrouk et aux troupes d’Al Inkichari. J’ai traqué les hommes de la tribu de Youssef dans les moindres recoins.Et c’est alors que j’ai pu me calmer et retrouver mon sang-froid: je n’avais plus d’ennemi.

Tunis City, les nuits de braise, au coin de la rue Bach Hamba et l’avenue Habib Thameur. Sirène hurlante, lumières rouges tournoyantes, une ambulance déboule à toute allure et s’arrête pile au milieu du carrefour dans un crissement de pneus effroyable. Le conducteur lâche le volant ,saute sur son siège, court, va s’accroupir auprès d’un homme étendu sur le trottoir, baignant dans son sang.

Source: “Le Quotidien” Le 09-08-2011

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