Mouvement Ettajdid: « 8 Mars journée internationale de la Femme » La FTCR condamne la chasse aux migrants tunisiens en France AFP: Tunisie: le ministère de l’Intérieur supprime la police politique AFP: Tunisie: nouveau gouvernement provisoire AFP: Tunisie: le nouveau Premier ministre veut un gouvernement « efficace » AFP: Tunisie: troisième gouvernement provisoire pour gérer la transition Reuters: La « débénalisation » à l’oeuvre en Tunisie depuis le 14 janvier AFP: Plus de 110.000 réfugiés venant de Libye ont franchi la frontière tunisienne ATS: Italie: arrivée de nouveaux migrants en provenance de Tunisie AFP: Italie/immigration: un millier de clandestins arrivés sur l’île de Lampedusa AFP: Tunisie: la ministre française de l’environnement aborde des projets concrets Noureddine FERCHICHI: La leçon de RAS JEDIR Taïeb Moalla: Beji Caïd Essebsi : Un papy fringant qui fait de la résistance EDITH JENDOUBI: Les sociétés arabes sont plu ouvertes
Commission égalité « 8 Mars journée internationale de la Femme »
Salut aux Femmes Tunisiennes Salut aux jeunes, avenir de notre Tunisie. Aujourd’hui, nous sommes le 8 Mars : « la journée internationale de la femme » Nous la fêtons, pour la première fois de notre histoire, dans la liberté, dans la démocratie aussi, nous vous félicitons et nous nous félicitons pour notre extraordinaire et massive participation dans la révolution de la liberté et de la dignité. Continuons ensemble à nous mobiliser pour dire : – oui à l’exercice, avec et aux côtés des hommes, d’une citoyenneté réelle et effective – oui à la participation dans la sphère publique : Dans le social, l’économique, le culturel, le politique – oui à la sauvegarde du code du statut personnel ainsi que les lois qui l’accompagnent. – oui à l’élimination de toutes les formes de discrimination et la mise en conformité des lois avec les conventions internationales concernant les droits humains et l’élimination de la violence. – oui pour lutter contre les mentalités et les pratiques rétrogrades. – œuvrons ensemble pour un lendemain meilleur, pour que nos enfants vivent dans le respect et la dignité. Vivent les femmes dignes et responsables Vive la Tunisie libre, progressiste, et démocratique Commission égalité du Mouvement Ettajdid Qui s’engage dans le Combat des Femmes Tunisiennes
La FTCR condamne la chasse aux migrants tunisiens en France
Des centaines de Tunisiens viennent, ces dernières 48H, à nouveau de traverser sur plusieurs barques de fortune, au péril de leur vie, la méditerranée pour l’ile de Lampedusa. Nombreux parmi eux parviennent ensuite jusqu’en France pensant y trouver un refuge plus accueillant. Or, comme l’a réaffirmé le Président de la République dans son intervention télévisée du 27 février, l’Etat Français voit dans ces personnes un risque d’immigration massive confirmant par là que les relations avec les pays du sud et leurs habitants restent toujours perçues en termes de danger. Nous assistons ces derniers temps à la multiplication des contrôles en France et notamment dans le département des Alpes maritimes à une véritable chasse à l’homme visant les Tunisiens. Des centaines de personnes sont arrêtés et enfermés dans les centres de rétention (Nice, Nîmes, Rennes, Vincennes etc..). La FTCR condamne cette politique discriminatoire et attend des pays européens, notamment de la France un traitement plus respectueux des droits élémentaires de la personne. La FTCR rappelle à cette occasion la nécessité d’une remise à plat de toutes les politiques d’immigration, demande la libération de tous les détenus dans les centres de rétention et la régularisation des sans papiers. La FTCR exige des autorités consulaires tunisiennes la fin de la collaboration avec les autorités françaises en matière de délivrance des laissez-passer nécessaires aux reconduites à la frontière. La FTCR appelle les forces démocratiques et tous les démocrates amoureux de la liberté à soutenir activement la jeune révolution tunisienne et à œuvrer pour un développement économique et social équitable en Tunisie. Paris le 7 mars 2011 Le président de la FTCR Tarek Ben Hiba Contact : Cherbib Mouhieddine : 0615577914 Omeyya Seddik : 0699875623 Omeyya Seddik est membre de la commission d’enquête (REMDH – FTCR – LTDH – ADEST) du 18 au 26 février 2011 à Zarzis, Lampedusa et en Sicile, sur les migrants tunisiens.
Bon rétablissement Tarek
Notre ami Tarek Ben Hiba, président de la fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), a subi une opération chirurgicale le 03 mars 2011. Nous tenons à rassurer tous les amis de Tarek quant à son état de santé et à les informer que l’opération s’est bien déroulée. Les membres du bureau et les militants de la FTCR, expriment leur amitié et leur soutien à Tarek et à toute sa famille et lui souhaitent un rapide et prompt rétablissement afin qu’il reprenne, le plus tôt possible, son action militante. Pour le bureau de la FTCR Mouhieddine CherbibTunisie: le ministère de l’Intérieur supprime la police politique
Tunisie: nouveau gouvernement provisoire
AFP / 07 mars 2011 16h15
Tunisie: le nouveau Premier ministre veut un gouvernement « efficace »
07/03/11 21:01 TUNIS (AP) — Le premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré vouloir imprimer au gouvernement qu’il a constitué lundi « continuité et efficacité » pour s’atteler « sans perdre de temps » aux dossiers prioritaires. Lors d’une conférence de presse, il a réitéré sa volonté de conforter le climat de sécurité après les violences qui ont frappé Tunis et d’autres régions du pays faisant plusieurs morts et d’importants dégâts matériels. « La situation s’est améliorée, mais ce n’est pas suffisant, on va poursuivre la tâche pour rétablir la confiance et la sérénité », a-t-il martelé. « Car, sans sécurité, il n’y a pas de développement et les investisseurs ne viendront pas », a-t-il insisté. Formée de technocrates, la nouvelle équipe gouvernementale a été reconduite dans sa majorité pour « gérer les affaires courantes ». « Mieux valait des gens qui connaissent les dossiers. Il n’y avait pas lieu de tout chambarder pour un gouvernement qui n’a que quatre à cinq mois pour agir », a-t-il expliqué. Tout en réitérant son attachement à la liberté de la presse en se déclarant notamment hostile à un ministère de l’information, il a exhorté les médias à épauler le gouvernement dans son action. « Les médias ont un rôle essentiel à jouer surtout en cette période transition », a-t-il lancé. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur « l’importance » que le nouveau gouvernement portera à la préparation des élections prévues pour le 24 juillet prochain pour la mise en place d’une assemblée constituante devant élaborer une nouvelle Constitution. « Nous devons réussir ces élections et faire en sorte qu’elles soient honnêtes et transparentes », a-t-il ajouté. Il a affiché son ouverture à toutes les composantes de la scène politique et sociale dont la centrale syndicale, l’UGTT, « une organisation de première importance dont on a besoin de l’aide et de la contribution et qui a un rôle éminent à jouer ». « Mais, il revient à un gouvernement qui se respecte de prendre lui, les décisions », a-t-il noté. AP
Tunisie: troisième gouvernement provisoire pour gérer la transition
De Jacques LHUILLERY (AFP) – 07 mars 2011 16h07 TUNIS — Exit les derniers ministres hérités du président déchu Ben Ali, aucun membre de l’opposition: le Premier ministre tunisien par intérim, Béji Caïd Essebsi, a formé lundi un gouvernement composé de technocrates dont la mission première est la sécurité et l’économie. Les nouvelles autorités ont immédiatement donné un autre signal fort en annonçant la dissolution de la redoutée Direction de la sécurité du territoire (DST) et de la police politique qui a fait régner la terreur durant les 23 ans de pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali. Les 21 ministres, dont 17 reconduits aux postes qu’ils occupaient depuis le 27 janvier, sont des technocrates. Fait notable, ce troisième gouvernement depuis la chute le 14 janvier de Ben Ali, ne compte plus aucun ministre ayant servi dans le dernier gouvernement du président déchu. Les deux « survivants » étaient Mohamed Nouri Jouini (Planification et la coopération internationale) et Mohamed Afif Chelbi (Industrie et technologie), Ce cabinet s’inscrit dans « la continuité », a assuré M. Essebsi lors d’une conférence de presse, précisant que le rétablissement de la sécurité « est la clef pour le règlement de tous les autres problèmes » car « sans sécurité, il n’y aura pas de développement ». Le souvenir des très violents affrontements au coeur de Tunis les 26 et 27 février qui avaient fait six morts, est encore frais. Les deux précédentes équipes avaient fait l’objet d’une contestation permanente de la rue qui avait abouti à la démission du Premier ministre Mohammed Ghannouchi le 27 février, dernier chef de gouvernement de Ben Ali pendant onze ans d’affilée. Pendant une semaine, des milliers de personnes avaient campé sous ses fenêtres pour qu’il « dégage » (le mot fétiche de la révolution) de sa première équipe tous les caciques de l’ancien régime. Sa seconde n’avait pas eu l’heur de plaire non plus à la rue et finalement M. Ghannouchi avait jeté l’éponge. Nommé à sa place le 27 février, M. Essebsi, 84 ans, a dû remanier immédiatement le gouvernement dont il avait hérité de son prédécesseur suite aux démissions en quelques jours de cinq ministres, dont les deux représentants de l’opposition: Ahmed Ibrahim (Enseignement supérieur et recherche scientifique) et Ahmed Néjib Chebbi (Développement régional et local). Face à la grogne permanente d’une frange contestataire craignant de voir « sa » révolution confisquée par des politiciens de retour, le président par intérim Foued Mebazaa avait annoncé jeudi le report des élections promises juste après le 14 janvier et l’élection préalable le 24 juillet d’une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution. M. Essebsi a d’ailleurs été clair sur son avenir et celui de son équipe: le bail n’est que de quatre mois et demi. Après l’élection de la « Constituante, une assemblée souveraine, le lendemain ou deux trois, jours après, vous ne me verrez plus à cette tribune ». « Je suis un homme de confiance, de parole », a-t-il insisté, en annonçant le retour du cabinet mardi dans les locaux du gouvernement à la Kasbah, après s’être replié sur le palais présidentiel de Carthage pour des raisons de sécurité. En annonçant l’élection d’une Constituante, une des renvendications phare de l’opposition, M. Mebazaa avait proclamé « l’entrée dans une nouvelle ère (…) dans le cadre d’un système politique nouveau qui rompt définitivement et d’une manière irréversible avec le régime déchu ». Au premier jour du nouveau gouvernement, les Tunisiens ont d’ailleurs eu droit à deux autres événements chargés de symbole. Le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’il « s’engageait à appliquer la loi et à respecter les libertés et des droits civiques », et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, harcelée sous Ben Ali pendant des années, a tenu ce lundi son conseil national.
La « débénalisation » à l’oeuvre en Tunisie depuis le 14 janvier
Plus de 110.000 réfugiés venant de Libye ont franchi la frontière tunisienne
AFP / 07 mars 2011 18h47 BEN GARDANE (Tunisie) – Plus de 110.000 réfugiés fuyant le chaos en Libye ont franchi la frontière tunisienne depuis le 20 février mais cet afflux s’est ralenti ces « trois à quatre derniers jours », a déclaré lundi à l’AFP le président du Croissant-Rouge local, le docteur Mohamed Ben Dhiab. » Plus de 110.000 réfugiés ont franchi la frontière depuis le 20 février », a-t-il indiqué. « La population sur le camp de transit de Choucha à 7 kilomètres de la frontière était lundi d’environ 15.000 personnes » a-t-il ajouté. La majorité d’entre eux étant originaires du Bengla Desh. Selon le docteur Ben Dhiab, seulement un millier de personnes ont franchi quotidiennement le poste frontière ces derniers jours alors qu’ils avaient été 10.OOO par jour la semaine dernière. « Il se peut que Kadhafi refuse que les gens sortent de Libye pour témoigner qu’il y a une guerre » a-t-il avancé. Vendredi, le nombre de réfugiés ayant fui vers la Tunisie le chaos libyen avait été estimé à 100.000 personnes par la protection civile tunisienne et le Croissant-Rouge. le camp de transit de Choucha, du côté tunisien de la frontière, a été installé par l’armée tunisienne aidée par les Nations unies.
Italie: arrivée de nouveaux migrants en provenance de Tunisie
Italie/immigration: un millier de clandestins arrivés sur l’île de Lampedusa
Tunisie: la ministre française de l’environnement aborde des projets concrets
AFP / 07 mars 2011 17h59 TUNIS – La ministre francaise de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a eu lundi des entretiens concrets à Tunis dans les domaines de l’eau, l’énergie et les transports en Tunisie où elle tenait à « venir très vite ». Durant une rencontre avec la presse, la ministre s’est dite « émue » de « partager ce moment historique » de l’histoire tunisienne, en référence à la chute du président Ben Ali le 14 janvier, annonçant qu’elle entendait « revenir très vite ». Pour ce déplacement de 24 heures, « NKM » était accompagnée d’une dizaine de personnes, dont le président de l’Agence française de développement (AFD) Dov Zerah, le délégué international du Conservatoire du littoral, Fabrice Bernard, et le président de l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) Philippe Van de Maele. A l’occasion de sa visite un accord pour le renouvellement de la coopération a été signé entre l’ADEME et l’Agence nationale tunisienne pour la maîtrise de l’énergie (ANME). Mme Kosciusko-Morizet a eu des entretiens avec les ministres de l’agriculture et des transports, MM. Mokhtar Jellali et Yassine Brahim, ainsi qu’avec le secrétaire d’Etat à l’énergie Abdelaziz Rassaa. « Je suis venue pour écouter mes interlocuteurs sur les éventuelles nouvelles priorités afin de réorienter certains partenariats ou pour choisir tel ou tel projet », a-t-elle expliqué. Tout en estimant que les projets en cours doivent se poursuivre, Mme Kosciusko-Morizet a par ailleurs insisté sur la nécessité de se concentrer sur les « régions défavorisées » du centre du pays, d’où était parti le mouvement de contestation qui a emporté le régime ben Ali. Concernant de nouveaux projets pour la Tunisie, l’une de ses « priorités » est l’autoroute prévue dans le centre du pays, pour lequel la ministre a proposé une mission technique, avec la venue la semaine prochaine d’un « ingénieur général » français ainsi que d’experts de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Durant ses rencontres elle a également abordé des thèmes tels que la pollution chimique, le recyclage des ferrailles (seules 200.000 tonnes sont recyclées annuellement sur 600.000), une coopération avec le conservatoire national du littoral français, ou encore « à court terme » un projet de pompes solaires en milieu agricole. Soulignant que, sur les 9.000 visas offerts par an à des jeunes Tunisiens désireux de se former en France, seuls 2.500 sont utilisés, « NKM » a souhaité « une meilleure utilisation des possibilités qui existent déjà ». Interrogée enfin sur le coût de tous les projets énumérés durant ses entretiens, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a également visité une station d’assainissement d’eau proche de Tunis, a indiqué que tous étaient « financés ou finançables ».
La leçon de RAS JEDIR
La solidarité du peuple tunisien et le savoir faire de notre armée ont permis de gérer une situation imprévue et intenable pour assurer aux réfugiés de l’immigration en fuite de la Libye, une prise en charge qu’on peut qualifier d’honorable. Cependant la Tunisie devra à mon avis se doter dorénavant d’un savoir faire pour faire face à d’éventuels risques de type catastrophes naturelles, flux d’immigration, épidémies….et ce en formant des équipes spécialisées, en consolidant les moyens du croissant rouge , en impliquant les populations et probablement en introduisant dans l’enseignement des cours spécifiques. La gestion des risques de ce type ne peut etre assurée que par une préparation rigoureuse et permanente avec la construction de liens solides avec les organismes internationaux et toutes les autres organisations de la société civile des autres pays qui ont de ‘expérience et du savoir faire. Cordiales salutations. Noureddine FERCHICHI
Beji Caïd Essebsi : Un papy fringant qui fait de la résistance
Par Taïeb Moalla En vacances actuellement en Tunisie, l’auteur est journaliste au Journal de Québec. Il est à l’origine du défunt blogue Chakchouka tunisienne, logé par Bakchich. Il y signait Mohamed Ettaieb. « Même Hamma Hammami semblait content ». C’est la boutade que de nombreux Tunisiens lançaient samedi, au lendemain d’un exercice de haute voltige prodigué par le fringant-papy, Beji Caïd Essebsi, 84 ans au compteur. Le tout nouveau (façon de parler!) premier ministre tunisien aura donc réussi le tour de force de satisfaire (partiellement) l’indécrottable contestataire qu’est le leader communiste Hammami… Vendredi, dans la pure tradition bourguibienne, Caïd Essebsi a prononcé un discours d’environ une heure en alternant les mises en garde, les conseils amicaux, les menaces à peine voilées et les boutades. Son numéro d’équilibriste – digne du grand commis d’Etat qu’il est – s’adressait autant à Monsieur-Madame-tout-le-monde qu’aux acteurs d’une scène politique totalement chamboulée depuis la Révolution de la dignité (pitié, arrêtons d’employer ce foutu terme de Révolution du Jasmin!) Truffant son exposé de versets coraniques et rappelant que la religion de l’Etat est l’Islam, Beji Caïd Essebsi a du même coup envoyé des gages aux islamistes. Affirmant avoir beaucoup de respect pour le leader islamiste Rached Ghannouchi, récemment rentré de 20 années d’exil londonien, le premier ministre ne s’est pas empêché de lui envoyer une pique. « Je veux bien admettre que j’appartiens aux archives. Mais c’est aussi son cas. Disons simplement qu’on n’a pas été faits dans le même moule », a-t-il blagué au grand plaisir des téléspectateurs. L’autre pique, plus sévère encore, a été adressée aux deux opposants Nejib Chebbi et Ahmed Brahim, démissionnaires du gouvernement. Caïd Essebsi a répété que chaque membre de son cabinet avait évidemment le droit de claquer la porte. Ceux qui choisissaient cependant de rester en place devaient s’engager à travailler dans l’intérêt du pays d’ici le 24 juillet, jour de l’élection d’une assemble nationale constituante, a-t-il suggéré. Traduction pour les non-initiés? Les deux opposants ont surtout abandonné leurs portefeuilles parce qu’ils refusaient de s’engager à ne pas se présenter aux futures élections. Ils auraient ainsi fait passer leurs intérêts partisans devant ceux du pays. Ce sous-entendu de Caïd Essebsi est passablement tiré par les cheveux (Chebbi et Brahim ont après tout le droit de nourrir des ambitions politiques), mais le premier ministre a probablement marqué des points avec cet argument imparable. Enfin – et c’est probablement l’élément le plus important -, le premier ministre par intérim a fait savoir que les investigations des différentes commissions d’enquête n’épargneront personne. « Ce paragraphe du discours a été spécifiquement écrit pour Abdessalem Jrad », jure un habitué des méandres de la politique tunisienne. Jrad, patron de la toute puissante centrale syndicale (UGTT) et longtemps proche de Ben Ali, devra se tenir tranquille dans les prochains jours, chuchote-t-on à Tunis. Parfaite antithèse du faible technocrate Mohamed Ghannouchi, le vieux de la vieille Beji Caïd Essebsi semble avoir repris les choses en main le temps d’un discours. Du moins pour le moment…
Les sociétés arabes sont plus ouvertes
Tribune Par EDITH JENDOUBI Du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie et cofondatrice d’Opération villages roumains De l’onde de choc intervenue en 1989 dans les pays communistes qui a abouti, via un fantastique effet domino, à l’effondrement du camp socialiste au vent révolutionnaire qui a soufflé, vingt-deux ans plus tard, sur les pays arabes, le rapprochement est séduisant. Démonstration a été faite, pour la énième fois dans l’histoire, que les dictatures, même activement soutenues, toute honte bue, par les puissances occidentales, se révèlent des colosses aux pieds d’argile, face aux mobilisations populaires. Mais ce parallèle connaît vite des limites. Ainsi l’attitude des militaires, décisive elle aussi dans l’issue victorieuse des soulèvements actuels, contraste-t-elle avec l’effacement de l’armée dans la plupart des ex-«démocraties populaires». L’environnement régional et international n’est pas non plus comparable même si, dans un cas comme dans l’autre, on reste pantois face à la frilosité des chancelleries occidentales, soucieuses par-dessus tout de préserver un statu quo, fut-il insupportable au quotidien pour des millions d’hommes et de femmes. En 1989, nos gouvernements assistèrent, médusés, à la fin de la division d’un continent à laquelle les populations est-européennes leur reprochent, aujourd’hui encore, de s’être trop vite résignés. Vingt ans plus tard, l’Union européenne observe avec scepticisme, voire une certaine défiance, le soulèvement de populations dont le bâillonnement passa, des décennies durant, par pertes et profits au nom de «la lutte contre le péril islamiste et la stabilité de la région». Car, différence majeure s’il en est, si, à l’Est, la peur de l’URSS a été jusqu’à l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev (1985) un facteur de dissuasion décisif pour oser l’ingérence, au Sud, de quelles mauvaises raisons disposent les pays occidentaux pour se disculper ? La peur de l’Islam encore et toujours ? Le nœud gordien du conflit israélo-palestinien ? Hier, la légitime impatience des pays de «l’autre Europe» de rejoindre l’Union européenne finit, au terme de quelques marchandages, par recevoir une réponse à la hauteur du défi historique qu’elle représentait. Aujourd’hui, il est à craindre que «la peur de l’invasion» ne prenne le pas, une fois de plus, sur la mise en place de mécanismes de soutien et d’accompagnement concrets. Sous réserve que ceux-ci participent d’une véritable stratégie européenne vers les pays arabes du pourtour méditerranéen, mue par des valeurs d’ouverture et de solidarité, et non plus synonyme de repli et d’intérêts commerciaux étroits. Le contexte économique constitue une autre différence de taille. A l’Est, l’aspiration des populations à la liberté autant qu’à un meilleur niveau de vie ouvrit la voie aux économies libérales pour prendre pied dans des contrées où tout était à reconstruire… et à privatiser. Dans les pays arabes, la configuration est tout autre : l’enjeu n’est pas ici de réaliser un changement systémique inédit (sortie d’une économie planifiée-instauration d’une économie de marché) mais, au vu des énormes disparités socio-économiques dont cette région souffre, de redistribuer les dividendes de la richesse nationale de façon plus équitable. Ces différences posées, osons quelques comparaisons concernant la transition démocratique. A l’Est, la «dé-communisation» a suscité moult désillusions, notamment parce que la reconversion des anciennes élites communistes a entaché, parfois même dévoyé, un processus de démocratisation par nature heurté. Dans les pays arabes, l’Etat-Parti, qui occupait à l’Est l’intégralité de l’espace politique, économique et social, apparaît moins tentaculaire. Mais les écueils restent nombreux et, tant que les règles du jeu démocratique ne s’imposeront pas, corruption et clientélisme continueront de corroder les relations publiques, voire privées. Enfin, last but not least, à la recomposition de l’échiquier politique s’ajoute l’indispensable débat sur l’intégration pacifique de l’islam politique dans le champ démocratique. Le repli et l’enfermement idéologiques qui ont sévi dans les ex-pays communistes durant quarante années y avaient engendré une atomisation extrême de la société avec, pour conséquences, une conscience civique aliénée, des contre-pouvoirs inexistants. Tel n’est pas le cas des sociétés civiles tunisienne et égyptienne : leur ouverture sur l’extérieur grâce aux réseaux sociaux et à l’émigration, la jeunesse de leurs rangs, leur appétence pour une vie politique démocratique, la légitimité dont jouissent certaines structures (avocats, syndicalistes, associations) sont des atouts. Mais ne sous-estimons pas la capacité de nuisance de tous ceux qui contribuèrent à maintenir au pouvoir ces dictateurs, les dérives dangereuses que peut occasionner une soif de revanche incontrôlée ou encore, tout simplement, l’incapacité politique à gérer les impatiences qui, aussi légitimes soient-elles, ne doivent pas compromettre un processus d’émancipation et de démocratisation que chacun a la responsabilité de rendre irréversible.