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AP: Tunisie: deux morts dans l’incendie d’un poste de police à Sidi Bouzid
AFP: La Tunisie indemnise les familles de martyrs et renoue avec Paris
AP: Tunisie: chute de 40% du tourisme en janvier
AFP: Tarak Ben Ammar prépare un film sur le « martyr » Mohamed Bouazizi
AFP: Tunisie: le gouvernement allège le couvre-feu mais reste vigilant AFP: Le PDG de Fram confiant dans la reprise du tourisme en Tunisie
Le Collectif Vive la Tunisie Libre et Prospere : La verité sur la campagne contre Hedi Baccouche
3loullou: Le RCD de Montréal ou le recyclage rhizomatique Abdo Maalaoui: La jalousie assassine l’esprit de la SOLIDARITÉ au Canada …
Human Rights Watch
Tunisia: Prison Visit Ends 20-Year Ban
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More Coverage:
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By granting us access, Tunisia’s transitional government has taken a step toward transparency in its prison operations that we hope will continue and extend to local organizations.Eric Goldstein, deputy Middle East and North Africa director at Human Rights Watch
Government Should Ease Overcrowding, Let Families Visit Death Row Inmates
Tunisie : deux tués dans une manifestation contre la police au Kef
Tunisie: Incidents à Sidi Bouzid après la mort de deux détenus dans un poste de police
Tunisie: deux morts dans l’incendie d’un poste de police à Sidi Bouzid
La Tunisie indemnise les familles de martyrs et renoue avec Paris
Tunisie: chute de 40% du tourisme en janvier
Alliot-Marie a aussi utilisé le jet tunisien pour une excursion dans le sud
Tarak Ben Ammar prépare un film sur le « martyr » Mohamed Bouazizi
Tunisie: le gouvernement allège le couvre-feu mais reste vigilant
Le PDG de Fram confiant dans la reprise du tourisme en Tunisie
Tunisie: 11 cas d’immolation dont cinq morts
LE COLLECTIF VIVE LA TUNISIE LIBRE ET PROSPERE (CVTNLP) LA VERITE SUR LA CAMPAGNE CONTRE HEDI BACCOUCHE
Le RCD de Montréal ou le recyclage rhizomatique
La jalousie assassine l’esprit de la SOLIDARITÉ au Canada …
Abdo Maalaoui, Montréal, Canada
L’ennemi de la liberté et de la démocratie est le doute, le soupçon, la désolidarisation, l’accusation gratuite, la méfiance, etc… La dictature tunisienne nous a injecté le virus de la haine, de la jalousie et « el hogra » envers autrui !
J’ai milité depuis 40 ans pour voir un jour la Tunisie libre et les Tunisiens solidaires. Cette Révolution allumée par les jeunes qu’on a souvent traité injustement de divers adjectifs négatifs. Le jour J, ils n’ont pas hésité de montrer leurs poitrines aux vraies cartouches de l’ennemi.. Nous avons payé très cher et le sang des jeunes pauvres et innocents a coulé… Afin que le Tunisien s’exprimer librement et à jamais…
Monsieur Alloulou a observé toute cette Révolution, étendu confortablement dans son salon devant sa chaîne de télévision. Il a fait comme le loup … Il s’est levé pour prendre son micro-ordinateur et il a commencé de tirer sur ceux et celles qui ont bravé le froid canadien parce qu’ils sont devenus le miroir de son échec… puisqu’il n’a rien foutu. Alors Monsieur Alloulou malheureux d’avoir rater le bateau … il a pris son clavier et il a commencé de tirer, il a ciblé en premier lieu celles qui ont été les plus combatives à Montréal. Comme il est petit, il voulait se montrer avec les grands, malicieusement, il a choisi Nawaat pour crucifier publiquement le symbole de la lutte pour cette liberté à Montréal, il a oublié que l’histoire a glorifié Jésus et a humilié Judas !
Voilà que le petit Judas tunisien du Canada a voulu accuser injustement des jeunes tunisiennes qui ont commis un seul crime : celui d’appeler les Tunisien(ne)s du Canada à la SOLIDATIÉ pour soulager nos frères et sœurs du fardeau de la misère et de la pauvreté.
Notre Judas Alloulou a toujours mangé froidement, il n’a jamais connu la souffrance et l’angoisse du lendemain ?
Bref, j’étais à la première réunion de Ma Tunisie, j’ai écouté et j’ai pleuré de joie de voir comment cette jeune étudiante tunisienne Mariem se battait pour exprimer son cri de cœur afin d’aider autrui. Devant une salle complètement chauffée et devant des Tunisien(ne)s qui ont soif de s’exprimer ! ..
J’ai un honneur et un privilège de parler avec Mariem à quelques occasions pour avoir des conseils administratifs sur MA TUNISIE, c’est mon devoir de l’aider ! Je ne suis pas le seul, il y a eu d’autres vieux, en langage africain, qui l’ont fait aussi bénévolement ! Comment peut-on refuser d’aider nos jeunes ?
Et voilà que Judas Alloulou profite de Nawaat pour tenir des propos injustes et humiliants pour celles qui ont investi un temps fou et beaucoup d’énergie rien que pour aider…
Je demande à Judas Alloulou maintenant que tu as craché gratuitement ton venin sur des innocentes, est-ce que tu peux nous montrer le chemin à emprunter pour préserver cette LIBERTÉ. ?
On n’a rien compris, la Révolution vient de commencer, elle a besoin de votre SOLIDARITÉ dans divers secteurs et c’est sain de diversifier les organisations selon nos diverses compétences…
Je comprends Mariem et ses sœurs ont ciblé le secteur de la Solidarité, mais je suis entrain de mettre en oeuvre un projet intégré de pêche et d’aquaculture pour aider les jeunes pêcheurs ruraux et les jeunes filles rurales aquacultrices, c’est ma compétence et son mon « dada » pourquoi voulez-vous que j’adhère à quelque chose que je suis moins bon ? En plus Mariem a eu la gentillesse de demander votre avis, quant a moi, je suis professionnel, je connais mon domaine, j’ai décidé d’investir mon temps et mon argent … est-ce que je suis obligé de demander votre avis ? Mais NON.. ? On est dans un pays libre … ou chacun de nous peut choisir sa mission et les gens compétents avec qui il veut partager sa conception !
Au Québec, je suis dans le domaine de l’économie solidaire depuis 1976, je suis militant contre la dictature depuis bientôt 40 ans, personne ne peux m’accuser. J’ai payé dix (10) longues années d’exil à cause de la dictature de Ben Ali, j’étais fliqué par les gens du Consulat de Tunisie à Montréal, l’Ambassade et quelques-uns uns du RCD. Il ne faut pas paniquer ! Je n’ai pas à avoir peur, j’ai agi selon mes convictions, je suis chanceux, le temps m’a donné raison. J’ai la FOI dans ce que j’ai fait. Avec l’âge, j’ai compris que la Vie est un combat, chacun a fait son job ! Mon job à moi est de militer, leur job à eux est de me surveiller et de me «stoler». C’est vraie que j’étais une menace pour eux !
Je ne suis pas naïf, au sein de l’Ambassade de Tunisie au Canada ainsi du Consulat et de la Cellule RCD de Montréal, j’ai rencontré des gens honnêtes, compétents, généreux qui ont beaucoup donné à notre communauté tunisienne du Québec… Ils ont payé souvent de leur poche. Ils n’ont pas besoin de privilèges du pouvoir au contraire le pouvoir les a utilisés pour faire la promotion de la Tunisie sur leur dos. Pour moi, ces gens ont aussi servi leur pays !
Hier, ils ont été mes adversaires, aujourd’hui nous avons gagné ! Ils ne sont pas devenus mes ennemis, au contraire ils sont toujours mes frères égarés ! Est-ce que je dois les liquider, est-ce que je dois les lyncher ? Est-ce que je dois les humilier ? Est-ce que je dois les insulter ? Est-ce que je dois les abaisser ? Non jamais..!
J’étais dans le Centre tunisien, j’ai rencontré quelques uns, je les ai salué avec respect, je suis prêt à les protéger des têtes brûlées, à les respecter, à continuer de les aimer ? Longtemps, j’ai prôné la violence, avec l’âge et l’expérience, j’ai compris : Ce n’est pas avec la haine qu’on va édifier notre liberté, c’est avec l’Amour de l’un envers l’autre SI on veut construire une Tunisie Nouvelle !… Pourtant dix ans d’exil, de harcèlement et de mépris. C’est mon droit de me venger !…
J’ai lutté toute ma vie contre tout ça ! Aujourd’hui on a gagné l’accès à notre Liberté et à la Démocratie, vous voulez que je tombe dans le même piège qu’eux ? Non Jamais !
Mariem et ses sœurs, vous avez fait ce que vous devriez faire… Vous êtes de la race des lionnes qui se battaient pour avancer, n’écoutez pas ce petit renard méloïdé, n’écoutez pas Judas raconté ? Il ne peut y aller nul part, il est cuit ! Donne-lui la chance de se repentir ! Parce que je sais qu’un jour, il va découvrir sa petitesse d’esprit et sa grande jalousie. Mariem, ce n’est pas avec des gens comme lui que la Tunisie va se libérer ou va avancer… Je suis fière de ce que vous êtes entrain de faire ! Je suis solidaire avec vous ! Comme avec toutes les autres organisations d’hier et d’aujourd’hui qui ont pour MISSION d’aider à soulager la misère de nos familles pauvres en Tunisie… Un grand merci !
maalaoui@ymail.com
MAM/Tunisie: un second voyage en jet ?
Mise en cause pourses vacances controversées en Tunisie, la ministre des Affaires étrangères est de nouveau montrée du doigt. Selon une informationpubliée par le site Internet du Nouvel Observateur, Michèle Alliot-Marie n’aurait pas uniquement utilisé un jet privé au début de ses vacances tunisiennes pour 20 minutes, comme elle l’avait expliqué. Le site de l’hebdomadaire évoque en effet un aller-retour fait dans le même appareil le 29 décembre, évitant ainsi à la ministre et son compagnon de traverser des villes en révolte. À bord du même appareil, appartenant à l’homme d’affaires tunisien Aziz Miled, la ministre se serait rendu à Tozeur, dans le grand sud tunisien. « Une agence locale, Nomade, a été chargée d’organiser la visite », ajoute le nouvelobs.com. Interrogée mercredi à l’Assemblée, MAM avait pourtant affirmé à propos de son ami tunisien, Aziz Miled : « Il n’a à aucun moment mis son avion à ma disposition, je l’ai accompagné pendant vingt minutes de trajet en avion ». Elle avait précisé avoir fait fin 2010 lors de ses vacances en Tunisie une excursion avec Aziz Miled, sans préciser où ni avec quel moyen de locomotion. « Visiblement certains cherchent à faire rebondir cette affaire alors qu’il n’y a aucun élément nouveau », a rétorqué aujourd’hui l’entourage de la ministre, interrogé par l’afp. « Michèle Alliot-Marie elle-même a parlé spontanément de cette excursion » sur des médias mercredi alors qu’on l’interrogeait sur la compatibilité de ses fonctions avec le recours à un avion privé, a-t-on ajouté de même source.
Source : « Le Figaro » Le 05-02-2011
Cohn-Bendit fustige « l’attitude extrêmement bête » d’Alliot-Marie
Malgré les appels à clore la polémique, les réactions continuent, samedi 5 février, dans la classe politique, à propos de l’usage par Michèle Alliot-Marie d’un avion privé appartenant à des proches du président déchu Ben Ali en Tunisie.
Daniel Cohn-Bendit a ainsi évoqué sur Europe 1 « une attitude extrêmement bête ». Moquant les nombreuses approximations de la ministre des affaires étrangères quant aux circonstances de ce voyage touristique, effectué alors que les troubles enflaient en Tunisie, il a jugé que « celle-là, elle doit faire n’importe quoi mais certainement pas ministre des Affaires étrangères, point à la ligne ».
En Allemagne « son parti l’aurait poussée à démissionner, je suis presque sûr », juge encore l’eurodéputé franco-allemand, pour qui la situation est « complètement aberrante ». Il critique une « forme d’amnésie« ayant consisté à ne pas voir « le backchiche, la corruption » en vigueur sous le régime de l’ex-président tunisien Ben Ali. « On a pris Alliot-Marie la main dans le sac », mais « cette amnésie là, elle est pour justifier des années et des années de comportements de soutien à des Ben Ali, des Moubarak etc.. », juge-t-il.
« ON POUSSE LE BOUCHON TROP LOIN »
A contrario, le ministre de la coopération, le centristeHenri de Raincourt, a pris la défense de sa ministre de tutelle, fustigeant une « polémique minable, indigne et pitoyable ». Pour lui, « Ce qui compte, c’est naturellement l’honnêteté, l’exemplarité, le respect d’un certain nombre de valeurs ».
Henri de Raincourt dénonce, après l’affaire Bettencourt, une forme de « chasse aux sorcières » : « Est-ce que j’ai le droit de monter dans la voiture qui appartient à un des mes amis, qui est chef d’entreprise ? On va finir par se poser la question, parce qu’on pousse le bouchon tellement loin que lorsqu’on est un élu, on ne pourra plus rencontrer quelqu’un qui exerce dans le milieu médical, industriel ou économique. Ca devient absolument stupide ».
Source: “Le Monde.fr” Le 05-01-2011
Violences en Tunisie : l’ombre de Ben Ali plane encore
Le regain de violence survenu ces derniers joursen Tunisie rappelle que malgré le départ deBen Ali, les hommes de l’ancien despote ne sont pas prêts à quitter le pouvoir.
Meziane est encore sous le choc. Ce propriétaire de café àKasserine, à l’est du pays, n’est pas prêt d’oublier la journée de dimanche. « Cinq jeunes âgés de 15 à 18 ans sont venus me menacer », se désole-t-il. « Ils m’ont dit que si je ne fermais pas mon café lundi, ils reviendraient le brûler, avec moi à l’intérieur. »
La mort dans l’âme, Meziane a donc mis la clé sous la porte le temps d’une journée, comme l’ensemble des commerçants de Kasserine. Dans les rues de la ville désertée par ses habitants, un curieux cortège a défilé : « Des jeunes armées de couteaux ou de haches hurlaient », ajoute l’homme d’âge mur.
Originaire de Kasserine, Meziane est catégorique : il n’a reconnu aucun visage. « A leur allure, on pouvait voir que c’était des vagabonds. » Des bâtiments publics ont été incendiés, la bibliothèque pillée.
Des bandes de jeunes sèment la terreur
Kasserine n’est pas un cas isolé. Partout en Tunisie, des bandes de jeunes sèment la terreur depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier. Le vide sécuritaire dénoncé par les habitants a en outre été renforcé par la grève menée par les policiers. « Il y a un énorme sentiment d’insécurité ici », confirme de Tunis Fouad Boukari journaliste à Radio France. Après la promesse du gouvernement d’augmenter leur salaire, les policiers ont repris leur service.
Rabhi Samir, professeur à Kasserine et militant des droits de l’homme, dénonce un coup monté. « Ces jeunes sont des mercenaires payés par les grosses têtes des sections régionales duRCD, le parti de Ben Ali », assure-t-il. « Ils ont pour mission de rependre le chaos pour que le RCD soit perçu comme le seul parti capable de maintenir l’ordre. »
Preuve de l’implication du l’ex-parti unique selon le militant : le tract distribué hier aux habitants de Kasserine. Rabhi Samir lit le texte à haute voix : « Nous allons annoncer la guerre contre tous les gens qui propagent des rumeurs contre les hommes intègres de Kasserine. »
Dans les noms évoqués sur le tract se trouve celui de Kamel Hamzaoui. « Même s’il n’est plus au comité central du RCD depuis quatre ans, tout le monde ici sait qu’il agit dans l’ombre du parti, qu’il décide tout grâce à son pouvoir de financement », clame le professeur.
La dictature est encore debout
Avec ses débordements, une évidence s’impose aux yeux de Selim Ben Hassen, leader du mouvement d’opposition Byrsa : même si le despote est tombé, la dictature, elle, est toujours debout. Malgré le changement de gouvernement opéré le 27 janvier, les fidèles de Ben Ali ne sont pas encore tous partis.
La tension est montée à son comble lundi quand2 000 à 3 000 jeunes ont envahi le ministère de l’intérieur. Farhat Rahji, à sa tête, et Rachid Ammar, chef d’état-major de l’armée de terre, ont échappé de peu à la mort.
Interviewé par la chaîne privée Hannibal TV mardi, le ministre a dénoncé un coup de force d’une partie du ministère de l’Intérieur suite à sa promesse de juger les coupables de pillages. Selim Ben Hassen est persuadé que beaucoup de responsables des forces de sécurité roulent encore pour l’ancien système :
« Si certains déstabilisent le pays en espérant encore que cela fasse revenir Ben Ali, d’autres, coupables d’exactions en tout genre, ont conscience que de nombreuses archives sont empilées dans les administrations et les commissariats.
Quand on a torturé quelqu’un, on n’a pas forcément envie que cela devienne public. »
Difficile de se débarrasser des pros-Ben Ali
Pour Eric Gobe, chargé de recherche au CNRS spécialiste du Maghreb, la résistance d’une partie de la classe politique est une évidence :
« l’appareil de sécurité a été mis en place par Ben Ali, qui avant d’être président a été ministre de l’intérieur. Il a mis en place des hommes qui lui font totalement allégeance. Il va donc être difficile de se débarrasser d’eux, il ne vont pas partir comme ça. »
L’intervention télévisée de Farhat Rahji a été très appréciée en Tunisie. L’annonce dulimogeage de 42 hauts responsables de l’Intérieur a été perçue comme une volonté de tirer un trait sur l’ère Ben Ali. Rabhi Samir, militant de Kasserine, reste cependant prudent : « On a de l’espoir de voir la situation s’améliorer, mais il reste beaucoup à faire. »
Tunisie, lendemains de revolutions
A contre-coeur, ils ont repris le chemin de Kasserine. Hamzaoui, un agriculteur reconverti dans la sculpture sur bois et ses amis qui depuis le départ de Ben Ali campaient sur la place de la Kasbah, voulaient obtenir la démission de tous les ministres « d’ancien régime ». Ils disaient qu’ils ne laisseraient personne leur confisquer « leur » révolution, celle des sans grade, des déshérités de cette région du sahel ou tout à commencé. N’était ce pas eux qui avaient payé le plus lourd tribut à la liberté? A Kasserine, cette ville dont beaucoup de Tunisiens du nord avouent aujourd’hui avec mauvaise conscience n’avoir jamais entendu parler avant les « évènements », il y a eu plus de 50 morts pendant la Révolution. Aujourd’hui, après avoir réussi a obtenir la démission de 4 ministres, les révoltés de la Kasbah ont été délogés par les gaz lacrymogènes de la police qui vient de reprendre du service. Et le premier ministre de Ben Ali, Mohammed Ghannouchi est resté en place à la fureur de ces hommes déterminés à ne plus jamais se laisser faire. « s’ils essayent de nous tromper, nous reviendrons » jure Hamzaoui sur la route qui le conduit de Tunis à Kasserine.
A Kasserine, comme après toutes les révolutions, c’est l’heure des règlements de comptes et des purges. Il faut savoir avec qui se montrer. A qui ne pas serrer la main. Il y a les résistants de dernière heure qui crient plus fort que les autres contre l’ancien régime, ceux qui retournent tranquillement leur veste. Et puis il y a miliciens de la police secrète qui pratiquent la politique de la terre brulée, vandalisent les écoles et les hangars : ils savent qu’ici dans la ville des laissés pour compte de la croissance tunisienne qui compte le taux de chômage, de prisonniers, de suicides et de divorces le plus élevé du pays, on ne leur pardonnera pas. Moncef , le propriétaire d’une usine de carrelage a glissé dans sa poche une liste de 21 personnes recherchées par la population de Kasserine. Y figurent le maire, le gouverneur et les chefs de la police politique mais surtout les personnages les plus hais du système ben Ali, les Omdas. Ces agents du gouvernement qui exigeaient de l’argent en échange d’une place à l’hôpital ou d’un emploi. Et puis il y a le représentant de la « famille », Griri Ali, celui a qui les Trabelsi avaient accordé le monopole de la contrebande avec l’Algérie, toute proche, contre un pourcentage. La population lui a déjà réglé son compte et Griri Ali panse ses blessures à l’hôpital sous bonne garde avant de rendre des comptes…
Tout le monde a son histoire a raconter, qui brosse à petites touches le système mafieux et Kafkaïen qui loin des usines à touristes d’Hammamet ou de Nabeul, a gangrené jusqu’au plus petit village de Tunisie. Il y a le propriétaire du hammam qui a du fermer boutique parce qu’il n’arrivait pas à faire un don de 5000 dinars à la caisse de solidarité géré directement par Ben Ali, il y a ce chef de service à l’hôpital qui a osé remettre en cause un des décisions du président et qui a été enregistré par un de ses collègues avec son téléphone portable, non par orthodoxie idéologique mais parce qu’il voulait lui prendre sa place. Et puis il y a Abdelkader, un instituteur, accusé d’appartenir à un mouvement islamiste parce qu’il allait trop souvent à la mosquée et qui depuis sa sortie de prison en 1990 doit signer une feuille de présence tous les jours à deux postes de police distants de 160 km l’un de l’autre…
Dans la cité de Zoor, un des quartiers les plus pauvres de Kasserine, Afaf Idoudi, 17ans reçoit allongée dans une petite pièce plongée dans la pénombre. Pendant la révolution, elle a reçu une balle dans la jambe alors qu’elle suivait l’enterrement d’un de ses jeunes voisins, tué d’une balle dans la tête par un tireur d’élite. Quand elle a dit au Omda qu’elle n’avait pas d’argent à lui donner contre cet emploi de serveuse payé 70 euros par mois, il lui a conseillé d’emprunter…A son chevet, son frère Bilal, n’a le droit que de travailler un mois par an à l’hôtel Yasmine beach d’Hammamet parce qu’il fréquente trop la mosquée. Juste après la démocratie, c’est la liberté de culte que revendique aujourd’hui cette jeunesse déshéritée de Kasserine. Tous racontent les harcèlements qu’ils ont subi par ce qu’ils ont choisi envers et contre tout de porter le hijab ou la barbe « sous Ben Ali, la religion c’était notre seul espace de liberté » explique Bilal qui votera pour Ennahda, le parti islamiste, aux prochaines élections.
Dans ses nouveaux bureaux, Ahmed Néjib Chebbi, le ministre du développement régional, que l’on présente comme un des possibles futurs présidents de la Tunisie, sait que l’avenir démocratique de son pays se joue là, chez cette jeunesse déshéritée de Tala, Sidi Bouzid ou Kasserine qui par frustration s’est réfugiée dans la religion. « si nous n’arrivons pas à répondre aux besoins sociaux des gens, nous allons sauter et Dieu sait qui gagnera alors… la Tunisie, pionnière et vitrine de ce mouvement de démocratisation du monde arabe a besoin de 5 à 10 milliards de dollars pour faire face à ses défis…Aidez nous ! »
Source : « Le nouvel observateur » Le 04-02-2011
Rire avec la révolution
Quand les Tunsiens se moquent de leur ancien dictateur
Jamais les Tunisiens n’ont été autant portés sur l’humour que depuis le soulèvement populaire qui a entrainé la chute de Zine El Abidine Ben Ali. Sur Internet, ils s’en donnent à cœur joie en brocardant le dictateur déchu et ses homologues arabes. Petit florilège.
Rira bien qui rira révolté : cela semble avoir été le leitmotiv des Tunisiens tout au long de la « Révolution du Jasmin ». Certes, l’humour politique était déjà très prisé sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, mais on riait sous cape. Et puis, on a l’impression que les Tunisiens n’ont jamais été aussi inspirés en railleries de tous genres que depuis le soulèvement populaire qui a secoué le pays ces dernières semaines. Les réseaux sociaux Facebook et Twitter, qui ont permis aux Tunisiens de se mobiliser pendant les manifestations ayant entraîné la chute du régime de Ben Ali, sont les principaux vecteurs de cet humour de résistance. Tout une série de blagues sur le président déchu et sa famille est, en outre, recensée sur plusieurs sites Internet. Quelques exemples :
Urgent : en se réveillant ce matin, le roi d’Arabie saoudite a découvert qu’il lui manquait de l’argent, Leila est passée par là ?
Offre spéciale : pour un Zine El Abidine et un Moubarak dégagés, un kadhafi offert ! Offre valable jusqu’au 14/02/2011.
Petite annonce. Offre d’emploi N°140111 : On cherche un nouveau président pour la Tunisie, Expérience : débutant accepté. Type de contrat : CDD. Qualités requises : orphelin, fils unique, stérile, et surtout chauve pour qu’il ne fréquente pas les salons de coiffures. (La famille de l’épouse du président déchu Leïla Trabelsi, une ancienne coiffeuse, a mis la Tunisie en coupe réglée).
Commentateurs : « avant, en Tunisie, on avait 10 millions de commentateur sportifs, maintenant on a dix millions de commentateurs politiques. »
Ben Ali nous avait promis 300 000 emplois. Il nous a offert 10 millions de postes… De gardien de quartier, (en allusion aux comités de vigilance formés par les Tunisiens pour défendre les quartiers des milices armées de Ben Ali).
Source: “Afrik.com” Le 05-02-2011
Indemnisation des proches des « martyrs de la révolution »
Trois semaines après le renversement du président Zine El-Abidine Ben Ali, la Tunisie commence à dédommager les familles des victimes de la « révolution du jasmin ».
Le gouvernement provisoire a commencé à octroyer des indemnisations aux familles des personnes qui ont péri à Ben Arous, dans la banlieue sud de Tunis, au cours des semaines d’émeutes qui ont conduit à la chute du régime. Les autorités de transition verseront 20 000 dinars (14 000 $) par personne décédée et 3000 dinars (2100 $) par blessé, selon un communiqué officiel.
Le dernier bilan provisoire de l’onu rapportait 219 morts et 510 blessés lors du soulèvement.
Signe que les troubles s’estompent depuis quelques jours, le gouvernement de Mohammed Ghannouchi a décidé de rétablir dès lundi prochain la journée de travail complète dans les administrations et les entreprises publiques. Depuis le début de la contestation, les fonctionnaires ne travaillent qu’en matinée.
De brèves grèves sectorielles (transports en commun, employés intérimaires à Tunis Air) et de petites manifestations (employés de la radio nationale) perturbent encore le pays, mais dans l’ensemble, l’activité économique du pays a repris son cours normal.
Les fonds de 46 proches du clan Ben Ali gelés
De son côté, l’Union européenne (UE) a affirmé vendredi qu’elle gelait les avoirs de 46 proches du clan du chef d’État déchu Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi.
« Il s’agit pour l’essentiel de membres des deux familles » Ben Ali et Trabelsi, a indiqué à l’Agence France Presse une source diplomatique. Jusqu’à présent, seul l’ancien couple présidentiel était sur la liste européenne de gel des avoirs qui a été établie par les autorités tunisiennes.
Source: ”radio-canada” Le 04-02-2011
Nadia Chaabane Un nom qui ne fait guère consensus chez les Tunisiens, « la révolution du jasmin ! »
Linguiste, vice-présidente de l’association des Tunisiens en France, initiatrice de l’Appel des femmes tunisiennes du 23 janvier.
Beaucoup de ceux qui ont participé à cette marche vers la liberté contestent cette appellation et la refusent. Ils l’ont exprimé à maintes reprises devant les médias mais il faut croire que ces derniers sont sourds et loin d’être démocratiques au point de s’octroyer le droit d’abuser de leur pouvoir pour véhiculer ce nom et l’imposer aux Tunisiens.
Le jasmin est souvent associé à la Tunisie de la carte postale et des affiches dans le métro parisien. Une Tunisie fantasmée. Car pour les Tunisiens, le décor avait un envers et des coulisses, beaucoup plus sombres et sordides. Aujourd’hui les Tunisiens n’ont pas envie d’être folklorisés et n’ont pas envie que leur œuvre soit réduite à une vision orientaliste et « carte-postalienne ». Curieuse manière de saluer un peuple que de l’usurper de son œuvre.
Avec 219 morts et 510 blessés, selon le rapport encore provisoire du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’onu, cette révolution n’embaume pas le jasmin. Notre révolution s’est faite et continue à se faire avec beaucoup de douleur, de peur et de sang.
Le nom n’étant pas encore déposé, j’ai vérifié, il serait peut-être temps de laisser aux Tunisiens le choix du nom de leur révolution. Ils ne se reconnaissent nullement dans ce terme chargé de stéréotypes et « d’andalouserie » de pacotille, d’autant que Ben Ali lui-même a employé ce mot, en 1987, lors de sa prise de pouvoir. Et le jasmin de Ben Ali est tâché du sang des Tunisiens.
Cette révolution est d’abord celles des « sans » : sans présent ni avenir, sans rien, sans rêves. N’ayant plus rien à perdre, ils nous ont rappelé que la dignité se paie au prix fort. Alors, par respect de la mémoire des martyrs, notre révolution s’appelle la révolution tunisienne, elle s’est faite à mains nues, pour la dignité et la liberté, et elle restera dans l’histoire pour cela. Vous n’écrirez pas notre histoire à notre place !
Source : « l’humanite » Le 05-02-2011
Tunisie : révolte ou révolution ?
« Oui, la révolution est en marche ! Et pas seulement en Tunisie. » c’est avec ses mots simples que j’ai donné, en ma qualité de modérateur, mon avis favorable à la publication, sur le site Agoravox, d’un article qui parle de la révolte réussie de nos voisins Tunisiens. Ces mots me sont venus spontanément, sans aucun effort intellectuel ni hésitation quant à leur formulation. Pour moi, cela va de soi que ce qui s’est passé en Tunisie est une révolution au sens classique du terme. Et, avec « pas seulement en Tunisie », vous l’aurez compris, l’allusion est clairement exprimée : l’onde de choc se propagera inéluctablement vers les pays voisins dont les populations connaissent les mêmes déboires que le peuple frère de Tunisie.
En fait, depuis quelques jours, je m’interroge sérieusement sur le sens à donner aux manifestations de rue qui se sont produites en Tunisie et qui ont forcé l’ex Président Ben Ali à prendre la poudre d’escampette et à fuir, « comme un voleur« , de son pays : révolte ou révolution ?
A mon sens, il y’a une sacrée différence entre ces deux mots. La révolte ne porte généralement que sur un fait précis et est le fait d’une catégorie bien précise de personnes, par exemple des mineurs ou des dockers qui contestent leurs conditions de travail ou leur misérable salaire. Dans ce cas, il n’ya pas le feu en la demeure et le problème peut être facilement réglé si les autorités en charge de cette catégorie de travailleurs savent user de la carotte au lieu du bâton. En revanche, lorsque les manifestants ou les émeutiers s’emparent de la rue et ne veulent plus déguerpir malgré les moyens sécuritaires utilisés par les pouvoirs publics en place, cela veut dire que quelque chose de plus sérieux est entrain de se tramer : la révolution. La révolution qui met sens dessus dessous tout un pays ou parfois même toute une région, le Maghreb dans ce cas-là, ne cherche pas moins qu’un changement radical de toutes les structures existantes, toutes les politiques suivies jusque là. On ne doit pas se contenter de demi mesures. La « rue arabe », comme on aime bien l’appeler en Occident,ne devrait plus se laisser berner par des promesses et rien que des promesses. Sans Vouloir verser dans l’extrémisme, je dirais qu’à un changement radical, il faut opposer une réponse radicale. La révolution française de 1789 ne s’est imposée qu’après qu’il y eut des têtes coupées et exposées dans les lieux publics sur des piquets. Arrêtons-nous à cet exemple sinon les débats risquerons d’être chauds, brûlants même.
Et, apparemment, je ne suis pas le seul à essayer de comprendre dans quel contexte ces évènements doivent être placés. Ainsi, Lecomte, un auteur d’Agora vox, dans son dernier écrit intitulé » La Tunisie de l’après Ben Ali« , se pose, lui aussi, la même question. Voilà ce qu’il en dit : » Pour certains il s’agit là de la première révolution dans un pays arabe, pour d’autres c’est un MAI 68 maghrébin susceptible de servir d’exemple aux régimes voisins voire à plusieurs autres états arabes« . Effectivement, nous n’avons pas encore assez de recul pour pouvoir procéder à une bonne analyse géopolitique de la situation et la classer ensuite dans le cadre qui lui convient le mieux : révolte des laissés-pour-compte qui, au fil des jours va certainement s’essouffler et s’estomper ou, au contraire, révolution au sens Gramscien du terme (c’est-à-dire ayant impliqué également l’élite intellectuelle tunisienne) qui, tôt ou tard, s’étendra à l’ensemble de la région et provoquera un changement radical sur le plan politique de tout le Maghreb et peut être même du Moyen-Orient. Et on le voit d’ailleurs, jour après jour, les « masses arabes » se soulèvent un peu partout, de façon un peu timide pour les unes (Algérie et Yémen) ou au contraire avec fracas comme c’est le cas actuellement en Egypte.
Il faut dire que, du moins jusqu’à l’heure actuelle, peu de journalistes et d’analystes politiques se sont sérieusement penchés sur le véritable sens à donner à cette insurrection des tunisiens contre un régime autoritaire qui les maintenait sous une chape de plomb depuis au moins vingt trois ans. La raison en est que personne ne s’attendait à « ce coup de tonnerre sous un ciel serein » d’une Tunisie à l’apparence trompeuse si douce et où il faisait si bon vivre pour … les touristes européens ! Les émeutes de Tunisie, par leur ampleur et leur durée, ont donc surpris tout le monde. Les Tunisiens qui passaient aux yeux de leurs voisins de l’Ouest (les Algériens) pour des gens qui ont une peur bleue de leurs services de sécurité se sont, en fin de compte, révélés assez coriaces et n’entendent nullement lâcher prise jusqu’à la satisfaction de tous leurs revendications à savoir :
< faire table rase du passé (qui leur fait rappeler beaucoup de mauvais souvenirs) en éliminant du pouvoir et le RCD et les caciques de ce parti politique qui a mis le pays en coupe réglée
< rebâtir une société plus juste et plus libre en faisant appel à toutes les forces saines du pays. Ces forces saines existent, on ne s’en doute pas. La Tunisie est, en effet, un pays dont la population est à majorité jeune et instruite. De plus cette jeunesse a fait preuve, tout au long de ces émeutes, d’une maturité et d’une conscience politiques qui laissent le monde entier sans voix, coi quoi ! Elle ne s’est à aucun moment laissé envahir par le pessimisme quant à l’aboutissement ou non de son combat juste et légitime. Dès le départ, on l’avait bien compris, son slogan, même s’il n’était pas inscrit sur des pancartes ou des banderoles, ne pouvait qu’êtrevaincre ou mourir ! Et ils ont vaincus ! « Le mur de la peur » est tombé dans le monde arabe selon l’éditorialiste du journal Le Monde de ce jour (le 29 JANVIER) et nous sommes nombreux à partager largement ce sentiment. Nous en sommes même fiers : que la peur ait changé de camp.
Evidemment, toute révolution commence d’abord par une révolte.
La plèbe se révolte contre l’ordre établi (par la bourgeoisie) mais elle peut ne pas maitriser le cours de l’évènement, et c’est à ce moment-là qu’entre en jeu le rôle de l’intellectuel qui doit porter à bout de bras cette révolte pour en faire une révolution.
En gros, c’est cette logique qui a été mise en œuvre et bien respectée en Tunisie : un jeune homme s’immole par le feu et c’est l’étincelle qui met le feu aux poudres. Les avocats (intellectuels) et le syndicat des travailleurs (UGTT) prennent la relève en encadrant de façon parfaite et bien ordonnée le mouvement de contestation qui, au bout de quelques jours seulement, aboutit à la chute du gouvernement et du parti RCD au pouvoir depuis 23 ans.
En somme, ce que les Etats-Unis et la CIA n’ont pu faire avec leur feuille de route pour le Grand Moyen-Orient (après la guerre du Golf et la chute de Saddam Hussein), la rue arabe en ébullition est en train de le concrétiser. Les régimes autoritaires qui ont tenu en laisse pendant longtemps leurs peuples respectifs sont entrain de tomber les uns après les autres, effet domino oblige.
Ces derniers jours, on a beaucoup glosé sur les évènements dramatiques qui secouent certains pays du monde arabe ; chacun y va de son commentaire. Pour certains, ces évènement ressemblent à tous points de vueà Mai 68, pour d’autres c’est la première révolution au sens propre du terme qui a commencé en Tunisie et qui, tel un Tsunami, ne manquera pas d’emporter d’autres pays de la sphère arabo-musulmane et cela pour la simple raison que ces pays présentent beaucoup de similitudes non seulement sur le plan religieux et culturel mais aussi sur le plan de la nature de leurs régimes politiques : tous dictatoriaux et corrompus jusqu’à la moelle.
C’est plutôt la FIN des dictatures et non la FAIM des peuples qui poussent la « rue arabe’ à la révolte pour ne pas dire REVOLUTION.
Source : « agoravox » Le 05-02-2011
Tourisme, La Tunisie rassure un partenaire turc
«Nous sommes ici sous les consignes de notre ministère du tourisme, pour aider la Tunisie à sortir de l’impasse, et lui tenir la main dans ces moments difficiles », dit en prélude Bassaran Ulosoy, président de l’association des agences de voyage Turques (TURSAB), lors d’une conférence de presse donnée hier à Tunis, aux côtés de Mehdi Houas, ministre tunisien du Commerce et du Tourisme. Une délégation turque composée de représentants de compagnies aériennes, de tours opérateurs (TO), et des membres du ministère du tourisme turc, sont arrivés hier à Tunis, pour évaluer la situation sécuritaire et entamer des débats sur la manière de renforcer la destination Tunisie. Selon les dernières statistiques, les recettes du secteur du tourisme en Tunisie ont accusé une chute de 40% pour le mois de janvier, par rapport au même mois de l’année dernière. Une situation prévisible, avec l’avènement de la Révolution Tunisienne, et les remous qui l’ont accompagné. «Les touristes présents au mois de janvier étaient en majorité ceux arrivés en décembre, il n’est pas exclu que nous ayons encore une baisse des rentrées au mois de février», confie le ministre tunisien membre du gouvernement de transition, avant d’ajouter : «Le seul gage d’une année prospère est le retour de la sécurité et de la stabilité, ce vers quoi nous allons progressivement. D’ailleurs, la semaine prochaine verra la levée du couvre-feu puisque la situation sécuritaire s’améliore de jour en jour ». Et au président de la TURSAB de rebondir : «Nous nous sommes réunis récemment en Turquie, et avons conclu que cette année allait être une bonne année pour la Tunisie, je suis confiant». L’hôte turc, a par ailleurs affirmé, qu’il encourageait tous les TO de son pays, installés à travers le monde, à augmenter leur trafic vers la Tunisie. Actuellement la Tunisie, draine quelques 20 000 touristes turcs par an, un chiffre dérisoire comparé aux 9 millions de turcs qui passent leurs vacances à l’étranger. Mehdi Houas, a par ailleurs dit vouloir rassurer les pays amis, « ils peuvent envoyer leur compatriotes en Tunisie, en toute sécurité et dans un climat de liberté ». Interrogé, sur l’avenir de la mise à niveau du tourisme en Tunisie, le ministre a répondu avoir prévu un plan d’urgence pour sauver la saison à court terme, «pour l’instant nous allons vendre le produit tunisien tel qu’il est, en rassurant les TO sur l’état sécuritaire du pays. Ensuite nous travaillerons à faire hisser la qualité du produit tunisien, et à ne plus brader la destination Tunisie», a-t-il dit. Il fut un temps où la Tunisie était méconnue par les peuples des contrées lointaines. La Révolution tunisienne a voulu que tous les médias du monde en parlent. « Nous allons essayer de rebondir sur cette chance », a fait remarquer le ministre tunisien. Par ailleurs, le président de la TURSAB avait fait la promesse, lors de cet entretien, de multiplier le nombre de touristes turcs en Tunisie, par dix, dans les quelques années à venir.
Source: ”globalnet” Le 05-01-2011
Lien: http://www.gnet.tn/temps-fort/tourisme-la-tunisie-rassure-son-partenaire-turc/id-menu-325.html
Tunisie: Chutte de 40% du tourisme en janvier
Un des principaux secteurs pourvoyeurs de devises étrangères et d’emplois en Tunisie, le tourisme a subi le contrecoup de la « révolution du jasmin » qui a secoué le pays pendant plusieurs semaines.
Lors d’une conférence de presse, le nouveau ministre du Tourisme Mehdi Haouas a fait état d’une chute de 40% des chiffres enregistrés en janvier (entrées et recettes) par rapport au même mois de 2010. Il s’attend à un déficit plus sévère pour le mois de février.
Le tourisme, qui contribue à hauteur de plus de 6% au PIB de la Tunisie et emploie quelque 400.000 personnes, avait procuré en 2010 des recettes de l’ordre de 3,5 milliards de dinars (plus de 1,8 milliard d’euros).
Malgré cette baisse, M. Haouas s’est dit « très optimiste » pour l’avenir en se basant sur « l’amélioration notable de la situation sécuritaire ». « Nous voulons rassurer tous les pays amis qui envoient leurs ressortissants en vacances en Tunisie qu’ils peuvent désormais le faire dans la sécurité totale en plus d’une atmosphère de liberté absolue », a-t-il dit.
Pour sauver la saison touristique, ce jeune membre du gouvernement de transition venu de Marseille où il était établi, a dévoilé « des mesures d’urgence » qui prévoient notamment une offensive en direction des tours opérateurs de pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande Bretagne.
En plus du soleil et de la mer, il souhaite que les professionnels tunisiens « garantissent un accueil de grande qualité » aux visiteurs. Selon lui, « la révolution que vient de connaître le pays offre des opportunités nouvelles dans la mesure où elle a révélé au monde entier un peuple extraordinaire ».
Aussi, s’est-il dit persuadé que « cette année sera exceptionnelle » pour le tourisme tunisien. « Si ce plan de sauvetage n’aboutit pas, il faudra me trouver un remplaçant », a-t-il ironisé.
Présent à la conférence de presse, le président de la fédération turque des agences de voyages (TURSAB) Bassaran Ulosoy a dit vouloir « tendre la main aux amis tunisiens qui traversent une période difficile ». A la tête d’une organisation regroupant 6.500 agences de voyage, il a promis de faire passer le nombre de touristes turcs en Tunisie de 20.000 actuellement à 200.000 dans les deux années à venir
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 05-02-2011
Les défis de la révolution
La révolution démocratique qui a chassé Ben Ali du pouvoir en Tunisie, celle qui a commencé en Egypte, et les mouvements du Yémen à la Jordanie pour renverser les régimes autoritaires et promouvoir des élections libres et les droits de l’homme bouleversent le monde arabe. Celui-ci était resté en marge des grandes vagues de transition démocratique de la fin du xxe siècle, qui avaient renversé les régimes militaires d’Amérique latine comme les « démocraties populaires » d’Europe de l’Est, mais aussi les dictatures de nombre de pays musulmans non arabes, de l’Indonésie à la Turquie, pour instaurer des élections pluralistes.
Le monde arabe semblait resté à l’écart de cette histoire universelle. Coincé de l’extérieur par le conflit avec Israël et par l’ubiquité de la rente pétrolière, il paraissait pris à l’intérieur entre l’enclume autoritaire et le marteau islamiste, écrasant les aspirations démocratiques. Le 11 septembre 2001 avait redoublé ce cercle vicieux dont ni les opérations militaires dirigées par les Etats-Unis au Moyen-Orient accompagnées d’incantations à la démocratisation, ni les attentats récurrents d’Al-Qaida suivis d’exhortations au djihad ne permirent de sortir. Une décennie plus tard, ce cercle peut-il être brisé, et comment ?
Tout processus révolutionnaire est causé par la coalescence de divers groupes sociaux antagonistes en temps normal, soudainement rassemblés pour chasser du pouvoir un dirigeant ciblé par la contestation. Une fois celui-ci tombé, les composantes de la coalition révolutionnaire se disputent le pouvoir jusqu’à ce que l’une instaure un nouveau régime politique – comme l’ont montré les révolutions française, russe ou iranienne. Qu’en est-il en Tunisie et en Egypte ? Comment les diverses forces sociales et les divers groupes politiques ou religieux se disposent-ils et composent-ils ? Quelles sont les options possibles ?
En Tunisie, la tentative d’immolation par le feu, le 17 décembre 2010, du jeune vendeur ambulant dont la charrette avait été confisquée, Mohamed Bouazizi, mort de ses blessures le 4 janvier, s’inscrivait dans un contexte social tendu, notamment depuis la révolte des mineurs de Gafsa, en 2008. Il donna à la frustration populaire latente un emblème et une icône ; au contraire des attentats-suicides djihadistes, cette immolation ne cherchait à tuer personne d’autre que celui qui l’avait commise, et par son extraordinaire force symbolique, elle fut le cri déclencheur de la révolte. Elle mobilisa d’abord des jeunes urbains pauvres des régions délaissées de la Tunisie centrale, puis des étudiants déclassés, des diplômés chômeurs.
Ce mouvement parvint à dire une exaspération générale qui dépassa les revendications d’un seul groupe social localement circonscrit et, dix jours plus tard, les manifestations, en touchant la capitale, changeaient de nature. Le relais fut pris par les classes moyennes, salariées comme libérales, d’autant plus lassées par la prédation et le racket du clan Ben Ali que la Tunisie n’est pas un pays rentier, mais tire ses performances économiques du dynamisme de ses entrepreneurs. Or, ceux-ci, en s’alliant avec la jeunesse pauvre en référence au sacrifice de Bouazizi, constituèrent une coalition qui isola un régime appuyé sur sa police – alors que l’armée, dont Ben Ali se méfiait, s’était peu compromise avec lui, et que le corps des officiers pouvait se reconnaître dans les classes moyennes mobilisées contre le pouvoir.
Il semble que la pression de l’état-major a été le déclencheur de la fuite de Ben Ali le 14 janvier – outre les incitations venues de Washington. Malgré les violences et pillages de nervis de l’ancien régime, destinés à effrayer les classes moyennes pour les détourner de la révolution, les manifestations ont contraint les instances politiques de transition à purger le gouvernement intérimaire des politiciens de l’ancien parti au pouvoir. La force des couches moyennes urbaines, dans un pays de 10 millions d’habitants, la formation de beaucoup de leurs porte-parole en France et leur attachement à une lecture laïque de la démocratie leur donnent des atouts pour la compétition électorale dans un pays où toute la loi et la Constitution sont à réécrire.
De leur capacité à offrir des perspectives à la jeunesse pauvre dépendra leur maintien à la tête du mouvement révolutionnaire, face au bouleversement radical des hiérarchies sociales auquel aspirent spontanément les déshérités, et à la rupture culturelle à quoi tendent les islamistes. Ceux-ci, en Tunisie, sont divisés, comme ailleurs dans le monde sunnite – à l’inverse de l’Iran de 1979, où Khomeyni avait pris la tête d’un clergé chiite mobilisé jusqu’à sa prise de contrôle total du pouvoir.
Le mouvement Al-Nahda n’a pas joué de rôle visible dans la révolution, et son dirigeant historique, Rached Ghannouchi, est rentré de Londres, accueilli par un petit groupe de fidèles qui se réclame du parti islamo-démocrate turc AKP de Tayyip Erdogan. Sur le plan des valeurs, ils ne pourraient l’emporter sur les classes moyennes libérales que s’ils parvenaient à incarner une alternative crédible en parlant le langage de la foi et celui de la démocratie, en galvanisant ensemble le peuple et les classes moyennes pieuses. L’AKP a bénéficié du discrédit des kémalistes qui avaient soutenu les coups d’Etat militaires, Khomeyni de la puissance économique du bazar. Rien de pareil en Tunisie, où les intellectuels et militants laïques ont été persécutés par la police du régime déchu, et où le souk est beaucoup plus faible que les secteurs économiques contrôlés par la bourgeoisie modernisatrice.
L’intifada égyptienne (comme l’appellent ses partisans) a commencé avec l’exemple tunisien, mais le mouvement s’inscrivait là aussi dans une série de frustrations populaires intenses : le Mouvement du 6 avril 2008, qui a coordonné les manifestations, se réfère à la longue grève des ouvriers du textile de Mahalla. Il a été renforcé par le verrouillage des élections législatives de novembre-décembre 2010, qui a décrédibilisé le régime aux yeux des citoyens, et par les effets du massacre des fidèles rassemblés pour le Nouvel An dans une église d’Alexandrie – qui l’a affaibli à l’international en ouvrant une polémique sur le peu de cas fait de la sécurité des chrétiens d’Orient. Mais le rapport des forces en présence et leur distribution sont différents sur les rives du Nil et en Tunisie.
Contrairement à la puissance des classes moyennes libérales de ce pays, celles d’Egypte pèsent bien moins démographiquement dans un pays de plus de 80 millions d’habitants, dont la majorité vit dans une pauvreté sans équivalent en Tunisie. Les grands entrepreneurs, liés à Gamal Moubarak, et dont le fidèle Ahmed Izz, magnat de l’acier, contrôlait l’appareil du parti, n’ont pas permis l’émergence d’une bourgeoisie opposante. Ainsi, les manifestations, si elles suscitent de fortes sympathies dans toutes les classes sociales, peinent à trouver des relais pour transformer la révolte en une coalition révolutionnaire capable de faire tomber le pouvoir.
Le pétrole, les revenus du canal de Suez, le tourisme, constituent une rente contrôlée par l’état-major, des rangs duquel Moubarak est issu ; les chefs de l’armée craignent qu’il paraisse chassé sous la pression populaire. Ils mettent en balance la pérennité au pouvoir de leur corps – remplacer un président impopulaire par un autre général mieux famé – avec sa cohésion – hésiter à sacrifier le raïs tant qu’il compte des relais capables d’organiser des contre-manifestations, de recruter des nervis qui agressent les opposants. A une armée divisée tant que Moubarak reste en place fait face une opposition mal organisée.
Les Frères musulmans, fondés en 1928, disposent du réseau le plus dense en Egypte de relais sociaux, d’associations caritatives, et contrôlent dans les faits la plupart des ordres professionnels – médecins, ingénieurs, journalistes, etc. Et la masse des manifestants s’est considérablement accrue dès qu’ils ont appelé à descendre dans la rue le 28 janvier. Mais ils sont divisés sur la stratégie politique : certains s’accommoderaient de participer à une démocratie militaire transitoire, dans une perspective de type AKP, d’autres refusent de se salir les mains pour préserver l’idéal d’Etat islamique. D’autant que les Frères doivent faire face à la puissance du courant salafiste, moralement rigoriste et intransigeant, violemment antichrétien, mais hostile, comme ses inspirateurs saoudiens, à toute action contre l’Etat, tant qu’il demeure nominalement musulman.
Enfin, les djihadistes, décimés par les services du général Souleiman, le nouveau vice-président, font peser une hypothèque que la propagation du chaos ne permettrait pas d’ignorer. Une jeunesse urbaine pauvre, pléthorique, entassée dans les immenses banlieues gonflées par l’exode rural, est avide des promesses de la modernité et d’un peu de bien-être, et beaucoup redoutent qu’elle ne soit prête à en découdre : les opposants sauront-ils la faire espérer, verra-t-elle son avenir chez des généraux qui promettent des réformes démocratiques après le retour de l’ordre, ou basculera-t-elle dans le camp islamiste ?
Tels sont les défis sociaux, politiques et religieux de la révolution démocratique arabe naissante
Source: “Le Monde.fr” le 05-02-2011
«La Tunisie a réussi la première révolution 2.0»
De son bureau de Paris, alors que ses compatriotes tunisiens manifestaient pour demander la fin du régime de Ben Ali, Sami Aloulou s’est senti impuissant. L’architecte de 28 ans était bien loin des rues de Sidi Bouzid et de Tunis. Mais il était toujours très près de son ordinateur.
«Pendant que les grandes villes s’embrasaient, j’ai senti le besoin de me joindre à la lutte à partir de Paris. C’est là que Facebook s’est imposé», raconte le jeune homme, assis dans le salon de ses parents, dans un des quartiers les plus cossus de la capitale tunisienne.
Du jour au lendemain, Sami Aloulou s’est joint avec une trentaine de personnes au groupe Anonymous et est devenu un combattant du web. «Notre champ de bataille, c’était le web. J’étais puceau dans ce genre d’intervention. On faisait circuler de l’information. On intervenait dans des forums de discussion. On envoyait des messages d’espoir. Pendant la révolution, ma vie est devenue complètement virtuelle.»
L’information relayée par l’internet mobilisait les manifestants. Inversement, les protestataires qui faisaient face à la police avec courage donnaient du courage aux militants du web. «Chacun intervenait à sa manière. Mais on peut dire que les vidéos (de la répression des manifestations) relayées sur Facebook ont été un vecteur primordial de la colère collective», estime Sami Aloulou.
Du virtuel au grand coup
Le groupe auquel il appartenait est devenu célèbre le jour où les plus habiles de ses membres ont réussi à pirater plusieurs sites gouvernementaux ainsi que celui de la banque Zitouna, qui appartenait au clan du président Zine el-Abidine Ben Ali.
Un jeune blogueur, Slim Amamou, soupçonné d’avoir participé à cette opération, a été arrêté à Tunis le 6 janvier, emprisonné et malmené par la police avant d’être relâché le 13, la veille de la chute du régime.
Cette libération a été l’une des dernières tentatives de Ben Ali pour calmer les esprits avant qu’il ne soit forcé de s’enfuir. Du jour au lendemain, Slim Amamou est devenu le symbole du front internet de la révolution tunisienne. Il a été nommé secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports dans le gouvernement de transition – une nouvelle qu’il a diffusée sur Twitter.
Fin heureuse, dangereux combat
C’est là une fin heureuse pour cette dangereuse bataille souterraine, note Sami Aloulou. Même s’il était à Paris pendant les manifestations, à des années-lumière des gaz lacrymogènes et des tirs des snipers, le soldat virtuel d’Anonymous était convaincu que ce qu’il faisait était risqué. Pour garder la haute main sur le web tunisien, dans un pays où 30% de la population appartient à la grande famille des internautes, le régime de Ben Ali disposait d’une large équipe de cyperpoliciers dont les principaux mandats étaient de restreindre l’accès aux sites contestataires et de traquer les dissidents. Des dizaines d’entre eux ont été arrêtés depuis 10 ans. Les militants de la diaspora craignaient que leurs familles ne subissent des représailles.
Selon Sami Aloulou, les mêmes cyberescouades tentaient aussi de faire de la propagande pendant les manifestations de décembre et de janvier. «Notre rôle était de faire de la contre-propagande. L’information non vérifiée circulait et tout s’embrasait très rapidement», note le jeune homme, avec un peu de recul.
Après le départ de Ben Ali, Sami Aloulou a pris le premier avion pour Tunis afin de célébrer la victoire, qui, croit-il, est en partie celle des militants de l’internet. «La Tunisie a réussi la première révolution 2.0, estime-t-il. Les Iraniens ont essayé, mais nous, nous sommes allés jusqu’au bout.»
Source: “Cyberpress” Le 05-01-2011
Mystère au ministère de l’intérieur tunisien
Pendant que la révolution démocratique s’enracinait dans une série de pays arabes, en particulier avec l’embrasement de la situation en Egypte, celle de la Tunisie n’est toujours pas réglée, où le processus promet d’être long et compliqué.
Cette semaine s’est produit un fait étrange et inquiétant, la prise d’assaut par plus de 2000 individus armés se revendiquant de la « sécurité intérieure » du ministère, le ministre lui même ne trouvant son salut qu’en une fuite éperdue. Cette quasi tentative de coup d’état n’a pas fait la une de la presse française, les seuls à en rendre compte étant dans un premier temps la version tunisienne de « business News » et le site web d' »Arrêt sur Image ». Ce silence assez singulier (même si « l’actualité chaude », c’est l’Egypte) renforce le sentiment d’étrangeté de l’affaire elle même.
« M. Rajhi assure qu’il s’agissait bel et bien d’un complot contre l’Etat et le gouvernement transitoire et qu’il n’a dû son salut, avec le général Ammar, qu’à un miracle à un point tel qu’il n’a pensé qu’à sauver sa peau. Il est parti sans son manteau, ses lunettes et son portable. Lunettes et portables qui lui ont été dérobés ! » Voilà comment le magazine « Business News » présente « l’affaire » .. Quelques jours aprés le départ de Ben Ali et le remplacement d’un cabinet ministériel constitué par de vieux cheveaux de retour du « systéme Ben Ali » par des ministres moins compromis dans la complicité avec le systéme (même si tous, et notamment M. Rajhi, ne sont pas des « opositionnels », mais de hauts fonctionnaires ayant fait preuve d’une certaine neutralité) une attaque majeure prend pour cible le ministère de l’intérieur, sans que cela titille la curiosité des principaux journaux sauf « Le Monde » qui a écrit un entrefilet, mais sans parler de ce quasi coup d’état en particulier, mais en la noyant dans un ensemble de considération sur les exactions de l’ancienne « police politique » du régime.
La question apparait en effet bien mystérieuse, et les objectifs des conjurés ne semblent pas trés évidents. Leurs motivations ne pouvaient se limiter au fait de voler less lunettes et le manteau du ministre de l’intérieur. Prendre d’assaut un des centres du pouvoir d’état requiert une préparation minutieuse et des complicités nombreuses. En effet ce jours là, la police était en « grève politique », selon les déclarations de M. Rajhi lui même. De plus Business News poursuit de façon plus étrange encore : « Et dire que le directeur général de la sûreté nationale n’a arrêté personne. Après avoir informé le ministre qu’une cinquantaine d’assaillants avaient été retenus, il est revenu pour annoncer qu’il les a laissé partir ! ».On peut se poser de sérieuses questions sur le contrôle réel de la situation par un gouvernement qui apparait comme un gouvernement fantoche, uniquement capable de donner une apparence de normalisation. Quels étaient les objectifs réels des troupes félones, et n’assiste t on pas à une entreprise de mystification, plus digne d’un mauvais polar que d’un scénario politique.
Il n’empéche que le silence de la majeure partie de la presse française (ni Libération, ni Le Figaro, ni même Mediapart n’en ont parlé) est aussi incompréhensible.
Source: ”Mediapart” Le 04-02-2011
Tunisie-Egypte : Les Fous de Dieu ne Veulent Pas d’un Cercle de Feu Autour Israël
La transition a commencé en Égypte après la nomination de Omar Souleiman comme vice-président ; ce fin connaisseur et négociateur du dossier israélien est en effet un clone parfait que recherchaient les États-Unis de Obama, nouvel éperon de l’alternance politique.Les Frères musulmans qui avaient entamé la contestation aux bords du Nil, comme jadis Habid Achour en Tunisie, sont restés dans une attitude prudente, comme en Tunisie. La brusque fermeté de Obama envers Moubarak étonne d’autant que le Raïs égyptien est toujours là, malgré un « Vendredi du départ » qui n’a rien donné à l’arrivée : le revirement spectaculaire de l’Occident pr$ete plus à sourire, aussi bien dans le cas tunisien qu’égyptien, qui a aidé à ruiner les maigres économies du Tiers-monde en fermant les yeux sur des détournements qui l’arrangeaient bien avec le financement de certains partis politiques locaux et de politiciens tout aussi véreux. L’Iran islamique qui se réjouit d’un prétendu réveil islamique devrait d’ailleurs doucher l’enthousiasme de façade de l’Occident soudain en bonne intelligence avec les peuples martyrisés naguère, et la propédeutique d’un président américain apparemment encore en apprentissage des réalités internationales. Rached Ghannouchi rentré en Tunisie après 20 ans d’absence du pays et à la faveur de la révolution de Jasmin n’envisage pas se présenter à la présidentielle, de peur de d’aider à vérifier la position de de Téhéran ; le chef historique du mouvement islamiste tunisien se pose désormais en «modéré» ; comme pour les Frères musulmans égyptiens, il devra faire face au cruel dilemme d’une attente démesurée de populations désireuses du « here and now » (tout, tout de suite) et un pragmatisme qui recommande aux Tunisiens et Égyptiens d’avancer à pas mesurés, pour ne pas altérer la marche accélérée du peuple libéré de l’obscurantisme dans lequel le pouvoir l’avait plongé pendant près de trente ans dans les deux cas. En Égypte, Baradei veut cristalliser aujourd’hui les frustrations et devenir le seul interlocuteur mandaté par tous pour négocier la transition ; les Frères musulmans, tout en essayant de récupérer la tension sociale, se font tout petits, pour ne pas perdre au change en devenant encombrants pour eux-mêmes, pour les Égyptiens et les partenaires du pays des pharaons au premier rang desquels figurent essentiellement les États-Unis et…Israël. Ben Ali et Hosni Moubarak auront pourtant joué jusqu’au bout leur partition dans la recherche d’une paix globale et durable au Proche et Moyen-Orient. Non sans effet manifeste ou latent dans l’esprit des acteurs nouveaux ou anciens de la région. La poussée islamique contenue par les plus fidèles alliés américains de la région semble ainsi devoir désormais se complaire dans une attitude de prudence, en attendant les suites du processus de paix au Proche-Orient ; si Ben Ali a fini par plier, devant un apparent lâchage des Occidentaux soudain assez revigorés pour saisir ses biens, Moubarak, dernier garant de la paix avec Israël, devrait rester au pouvoir avec son clone Souleiman, son probable remplaçant à la tête de l’État, une fois l’effervescence retombée. Les fous de Dieu n’ont pas voulu fermer la boucle du cercle de feu qui encercle l’État hébreux soumis aux pressions islamistes avec le nouveau Liban de Nagib Mikati, bras armé de la Syrie et de l’Iran , avec le concours local du Hezbollah. Les urgences de l’heure peuvent bien reléguer l’épineux sujet du Tribunal international sur le Liban (TSL) aux calendes grecques, le temps de régler l’essentiel pour ceux qui sont encore en vie.
Source: “pressafrik” Le 05.01-2011
Arab uprisings: why no one saw them coming
The west failed to ‘see like citizens’ and missed the signs that people in Egypt, Tunisia and Yemen were at breaking point
Why did diplomats, policymakers, analysts and academics fail to see and understand the growing popular unrest inTunisia,Egypt and other Arab countries?
It seems that the reasons why we thought a revolution impossible were wrong, our identification of the agents of change was misguided and our understanding of how collective mobilisation happens was too narrow. We need new ways to capture what is happening on the ground through the eyes of these countries’ people.
Failing to make sense of the protests
Egypt has witnessed a number of protests in the past five years. Demonstrators clearly showed that they were defying the restrictions of political activism and breaking through the fear barrier. We missed these hints of public dissent because these forms of collective action did not fit our checklist of what constitutes the « right kind » of citizen mobilisation that would shake an authoritarian regime.
The constant flare-up of protests, sit-ins, demonstrations and encroachments on public space all led by citizens, whether workers in their thousands or youngEgyptian Christian youth more recently, were often dismissed as too small, inconsequential or too narrow in their demands to be of significance for regime change.
However, to assume that the masses would not rise shows how dismissive we have been of the power of unruly politics.
The impact of state security on citizens’ lives
While policymakers and analysts focused on the oppressive role of the police force in dealing with the formal institutions and establishments – the media, the political parties – the extent and scope of state security monitoring of ordinary citizens was almost entirely neglected. The domestic intelligence service had created unsustainable levels of paranoia, fear and distrust that gripped citizens in Egypt,Yemen and Tunisia. By focusing on the formal institutional actors, we failed to « see like citizens » and missed out on the experiences citizens faced on a day-to-day basis.
Citizens tried to adapt to living with security services (and the thousands of informers) breathing down their necks. But with the increasing economic deprivation, the provocations of a regime that does democracy through rigged ballots and the absence of choices elsewhere, their breaking point was clearly nearing.
Economic figures that don’t add up on the ground
The official economic story, measured by the international community in terms of economic growth, suggested that Tunisia, Egypt and Yemen were weathering the economic crises. Yet on the ground, the story was very different.
In Yemen, as part of research by theInstitute of Development Studies on the impact of the economic crises on the poor, interviews conducted with families in Sana’a in April 2010 revealed the extent to which a war in the north, inflation and diminishing economic opportunities were taking their toll on their survival. Families were having to cut down severely on food and reduce their children’s school attendance because conditions had become so dire. The poor were fully aware of why this was happening: a corrupt government blind to the people’s suffering.
When the conventional saviours have no saving powers
Current understanding of the democracy process pinpoints three groups believed to be instrumental in challenging authoritarian regimes: political parties, the Islamist movement and human rights associations and other civil society organisations. In short, the focus has been on highly institutionalised actors operating in the formal, public sphere.
Opposition parties did not catalyse, organise or lead the citizen movements who took to the streets in Egypt or Tunisia. They were almost missing from the scene at the outset. As for the human rights groups, their role in awakening citizens or mobilising them into activism has been minimal, almost nonexistent.
Human rights organisations, like some vocal political party activists, have been instrumental in exposing the violation of human rights by existing regimes. But foreign funding for democracy promotion has led to it becoming increasingly professional in nature, and in some instances to depoliticisation as well. In a bid to prove that civil society organisations are the sites for igniting social activism, western policymakers and scholars have looked to development and human rights organisations for engagement in contentious politics – but in the process missed out on where the organic activism was unfolding.
Political analysts and scholars have been strongly advocating for the west to forge dialogues with « moderate » Islamist forces on account of their large popular support base and the fact that they represent the most significant political opposition to existing authoritarian regimes. But we may have all grossly overestimated the power of the Islamists on the ground. TheMuslim Brotherhood‘s position on the protests that erupted in Egypt on 25 January was ambivalent, and even when they joined in the uprising on the Friday « day of fury », it was evident that they were not leading, nor did they have a conspicuous presence.
Seeing like citizens
Informed by social movement theory about actors, agency and how change happens, we ended up asking the wrong questions as to why the people have risen. In Egypt, Tunisia, and Yemen, was there an organised social movement? Certainly not. Did they have visible leadership? No. Did they have a massive, or at least significant following? Not in the conventional sense of a mobilised constituency.
Our analytical perspectives failed to enable us to « see like citizens » and understand that people were overcoming barriers of fear and reaching breaking point.
However, it is not too late to be responsive: international diplomats need to side with the people now. Otherwise, it is not only the legitimacy of the current Egyptian regime that is at stake, but also the legitimacy of the entire international human rights framework.
Source: “The Gaurdian” Le 05-02-2011
Syria Is Not Egypt, but Might It One Day Be Tunisia?
Egypt’s President Hosni Mubarak has yet to answer his people’s demands to step down, but echoes of that call are reverberating around the region. In a frantic effort to stave off the potentially destabilizing protests that already ushered out the Tunisian government, Jordan’s king dismissed the Prime Minister and the cabinet, and Yemen’s president has promised that neither he, nor his son, will run in the 2013 elections. Speculation on who will be the next to fall has taken on the aspects of a Middle Eastern Mad-Libs game: swap out the proper name here, change a negative adjective qualifying a corrupt regime there, and substitute a few action verbs describing the government reaction to produce the new narrative for each country. The latest name to come up? Syria’s President Bashar al-Assad. Middle East watchers, perhaps more hopeful than informed, point to a new facebook page — The Syrian Revolution 2011 — which has garnered 15,000 fans in the scant week it has existed, as proof that Assad’s regime is the next to go.
But don’t expect the successor of the 47-year-old regime, which he inherited from his father in 2000, to be packing his bags anytime soon. Syria may suffer the same political alienation, economic dislocation and corruption that plagues most of the region’s regimes, but its government also holds a unique position that sets it apart from the others: that of a pariah state. Assad’s Syria is the only country in the Arab world that is not beholden to Western influence or support.(See TIME’s exclusive pictures of the turmoil in Egypt.)
In a recent interview with the Wall Street Journal, Assad exhibited a remarkable degree of schadenfreude while describing the differences between Syria and Egypt. Egypt, he said, is supported financially by the United States, while international sanctions, he hinted, keep his government true to the anti-Americanism of the Arab street. « You have to be very closely linked to the beliefs of the people, » he said. « When there is divergence between your policy and the people’s beliefs and interests, [it] creates disturbance. » It was an oblique jab at Mubarak’s pro-Israel stance, one that has made him very unpopular both at home and elsewhere in the Middle East.
But if an unpopular foreign policy were enough to topple a regime, triumphant protestors would be picking through the rubble of collapsed governments from Algeria to Pakistan. « There are two components that make a people rebel against a ruling party, » says Omar Nashabe, a long-time Syria watcher and correspondent for the Beirut-based Arabic daily Al-Ahkbar. The first, he says, is socio-economic, and has to do with basic rights and the services of the government. The second is political and ideological. « Mubarak failed on both levels. His government failed to provide for the people. And instead of working in the true interests of Egyptians, he was serving the true interests of the United States. That made him lose credibility. » Syrians may be afflicted by poverty that stalks 14% of its population combined with an estimated 20% unemployment rate, but Assad still has his credibility, according to Nashabe.
That may be true, at least for the time being. But playing to popular sentiments won’t keep Assad immune from the massive changes sweeping the region, says Nadim Houry, Human Rights Watch’s researcher for Syria and Lebanon. « If the lesson Assad takes from Egypt is that it’s all about foreign policy, he is learning the wrong one. » Mubarak’s policy towards the U.S. and Israel was just one grievance on a long list for the protesters, but it wasn’t the main one. While the occasional anti-Israel slogan could be heard at Tahrir Square, it was largely drowned out by demands for better treatment and dignity. « The main grievance was the daily humiliation at the hands of the security services, » says Houry. « It was about the corruption, the lack of economic development. And those elements are all present in Syria. »(See video of the violent struggle for Tahrir Square.)
What Egypt’s protest movement also had — at least after the first week — was the support of the United States and other Western countries that joined the chorus demanding Mubarak to step down. The United States has threatened to withdraw its substantial support for the Egyptian Army, a move certain to make the military leadership consider its options carefully. The U.S. has no such leverage over Syria, which has been subjected to sanctions since 2004, when it was accused of supporting terrorism, destabilizing Iraq, and meddling in Lebanon (Charges Assad routinely denies).
Sanctions have also had the unintended consequence of limiting in Syria the presence of the foreign democracy-promotion organizations that were instrumental in fomenting political organization and awareness in Egypt over the past several years. And while computer-savvy elites can circumvent the official ban on Facebook via proxy servers, a significant number of supporters for the protest « to end the state of emergency in Syria and end corruption » on Syria’s « Day of Rage Feb 4 and 5, » will be protesting in cities outside of Syria.
On Wednesday evening a small group of dissidents did manage to gather for a candlelight vigil in support of the activists in Egypt’s Tahrir square, but they were quickly attacked by a mob of what they assumed were plain-clothes police. When the main organizer, Suheir Atassi, went to the local police station to file a complaint, she was slapped and accused of being a « germ » and an agent of foreign powers, according to Human Rights Watch. In Aleppo, another protest organizer, Gassan Najar, was beaten and arrested, according to Syrian democracy activists
Syria has been under a continuous State of Emergency since 1963. Among other restrictions this limits the freedom assembly and speech, and any political opposition to the ruling Baath party is forbidden. But other limitations have been loosened under Assad, and there is now a fledgling independent media and the beginnings of economic reform. The government has encouraged cultural development and tourism. In many ways it could be said that Assad was attempting to drive Syria down the same path as Tunisia. Until, of course, he saw the Tunisian experiment of offering economic development in exchange for political freedoms implode early last month. In his interview with the Journal, Assad seemed confident that new political and economic reforms, though slow, would eventually give the Syrian people what they want in a way that would not provoke chaos. « Today is better than six years ago, » he said. « But it is not the optimal situation. We still have a long way to go because it is a process. To be realistic, we have to wait for the next generation to bring this reform. »
That was last week. These days, he might want to consider speeding things up a little. « If Assad looks down on the roofs of Damascus or Aleppo, » says Nashabe, « he will see all the satellite dishes capturing the pictures of people taking to the streets of Cairo and Alexandria and calling for freedom, calling for the stepping down of a dictatorship, calling for freedom from the predations of secret police and oppression of the media. » He adds, « I think Assad is smart enough to push forward the reforms that he has already started in a very practical way. » If not, Syria may yet be the next name entered in the Mad-Libs blank for « Threatened Arab Regime. »
Source: “Time” Le 05-02-2011
Lien: http://www.time.com/time/world/article/0,8599,2046426,00.html
Dr Monia FERCHIOU-CHERIF:
Lettre ouverte à la Télévision Nationale Tunisienne
Je suis citoyenne tunisienne, mère de famille, et j’ai le regret de devoir attirer votre attention sur l’invraisemblable léthargie de votre institution.
Il est vrai que si notre révolution s’était déroulée au siècle passé, elle aurait nécessairement investi les murs de la radiotélévision nationale ; internet nous en a dispensés. Il n’en est pas moins vrai que le vent de la liberté d’expression a nécessairement soufflé sous vos fenêtres.
Mais si la révolution a frappé à votre porte, il semblerait qu’elle soit restée sur le perron. Jusqu’à quand allons nous zapper des reportages sur les paysages et la faune de notre pays ? Jusqu’à quand allons nous zapper sur des interviews en vase clos, menés avec condescendance et circonspection ? Jusqu’à quand allons nous zapper un JT propagandiste staliniste ?
Où sont les débats avec des interlocuteurs de toute classe sociale pouvant poser directement les vraies questions : Quels sont les projets des commissions formées par ce gouvernement provisoire ?
Quelles sont leurs prérogatives, leurs limites, leurs délais ? A qui, a quoi, vont servir leurs travaux ?
Où sont les juristes, les spécialistes en droit constitutionnel qui peuvent nous expliquer vers quoi nous allons, pourquoi nous nous sommes battus. Cette constitution sera-t-elle changée avant les prochaines élections présidentielles ou après ? Si plusieurs options se dessinent qui fera le « bon » choix ?
Où sont les enquêtes de journalistes sur les personnalités actuellement au gouvernement (même) provisoire que la majorité des Tunisiens qui ont manifesté ne connaissent pas ? Quel est leur CV, qui sont-ils, comment ont-ils été choisis, par qui ?
Où sont les reportages sur l’actualité du Sud, sur les partis politiques qui existent, se forment ou se « déforment » ?
Ne serait-il pas temps de changer votre langue pseudo littéraire que personne (ou si peu) ne comprend par du tunisien accessible à tous ?Resterons-nous pour l’éternité condamnés à la nostalgie de Douagi et Haddad ? Ne serait-il pas temps de faire l’inventaire de vos étagères et de dépoussiérer tout ce que la censure y aura rangé ?Notre paysage culturel se limite –t-il à ce que vous proposez ?
A quand le direct sur nos ondes et nos écrans ? N’y a-t-il, pour nous Tunisiens et Tunisiennes, que le micro-trottoir enseigné dans nos écoles de journalisme ? Le zapping sur les chaînes étrangères est-il notre lot à jamais ?
Une terrible tristesse se dégage de votre programmation qui n’a d’égale que votre solitude. Avec toute ma compassion, une auditrice et spectatrice désespérée.
Source: “Le Temps” Le 05-02-2011
Le futur président de la République sortira-t-il de la télé ?
Les différents partis politiques qui jusqu’au 13 janvier 2011 étaient bâillonnés, ont eu leur droit de cité dans nos médias. Et c’est tant mieux pour la liberté de pensée et pour l’appartenance politique dans notre pays. Mais qu’en est-il des meetings politiques qui en découlent ? On aime un peu, beaucoup, passionnément ? |
Dans moins d’un mois, nous Tunisiens, serons en mesure de pouvoir voir enfin du moins par écrans interposés les meetings du Parti démocrate progressiste (PDP) et celui du mouvement Ettajdid. Ils ont été passés en revue lors du journal de 20 H qui s’ouvre désormais à tous les courants politiques même les plus radicaux. Les partisans du « Parti communiste des ouvriers de Tunisie » (PCOT), ceux « d’Ennahdha », et encore ceux du « Congrès pour la République » longtemps relégués aux oubliettes voire même persécutés, brimés, torturés, oppressés et opprimés retournent à leur pays, la Tunisie. Certains parmi eux préfèrent rester à l’écart de la vie politique alors que d’autres participent au bouillonnement politique qui s’opère et se propage à tous les échos. Et nos médias ne se font pas prier pour annoncer les scoops et inviter les figures de proue de cette nouvelle scène politique sur les plateaux télévisés et radiophoniques, voire même sur les colonnes des journaux. « c’est de bonne guerre. » remarque notre consœur Faouzia Mezzi, sociologue et journaliste lors d’une rencontre organisée par le CREDIF jeudi dernier où l’on a évoqué entre autres, la question de l’invisibilité de la femme journaliste lors des évènements ayant suivi le 14 janvier. Dans la foulée Mme Mezzi a dressé une « typologie des journalistes tunisiens » de l’après révolution. « Des journalistes ayant été marginalisés auparavant ont trouvé leur filon avec le changement de la conjoncture politique. Il y a ceux qui ont été obligés de travailler selon la ligne éditoriale imposée à l’époque et qui sont prêts aujourd’hui à faire des efforts pour surfer sur la vague de la révolution. Mais il y a ceux qui se sont retrouvés dans l’impossibilité de changer de style d’écriture. Ils sont conditionnés et ne peuvent s’exprimer que dans la langue de bois. » dit-elle. « Mais les journalistes doivent maîtriser les subtilités du monde de la politique en se familiarisant avec les différents partis et en se renseignant sur l’histoire des faits politiques pour pouvoir mener à bien un débat. Car aujourd’hui on assiste à un show médiatique qui requiert un minimum de connaissances en la matière. » fait remarquer de son côté Zied Krichen lui aussi présent au siège du CREDIF. Star system Le rédacteur en chef du magazine « Réalités » a donné un autre son de cloche, en évoquant le « star system » qui commence à retrouver tout son sens dans nos médias. Il suffit de participer à quelques débats télévisés et le tour est joué ! « j’ai toujours travaillé dans un magazine sans pour autant avoir de la notoriété auprès du commun des mortels, alors que mon portrait accompagne chaque publication. J’ai participé, il y a peu à quelques émissions sur nos chaînes nationales et du coup je suis sollicité dans la rue par des gens qui m’arrêtent pour me donner leur avis sur mes déclarations et en me proposant les leurs. » fait-il remarquer. Qu’on le veuille ou pas, le show politique auquel prennent plaisir certains parmi nos concitoyens fera des célébrités politiques au détriment d’autres qui n’auront pas la possibilité ou la volonté de se faire à la DICTATURE du système médiatique. C’est carrément marche ou crève. Et ceux qui resteront à la traîne ne seront que des figurants sur la scène politique. Notre prochain Président de la République, est-ce qu’on le connaît ? Pas pour l’instant. Mais une chose est sûre, le Président tunisien élu du peuple sortira de nos écrans de télévision. On ne zappe pas nos chaînes nationales pour le moment. |
Source: “Le Temps” Le 05-02-2011