TUNISNEWS
7 ème année, N° 2444 du 30.01.2007
Le Soir d’Algérie: La Tunisie interdite aux Algériens de moins de 30 ans Le Temps: Les jeunes tunisiens et les études à l’étranger Houcine Ghali: » OH! MOUCH NORMAL! » AFP: Maroc: identification des corps de 166 victimes des « années de plomb » AFP: L’interdiction de fumer dans les lieux publics progresse en Europe AFP: Bruxelles pour une interdiction générale de fumer dans les lieux publics
La Tunisie interdite aux Algériens de moins de 30 ans
Abder Bettache
L’information, selon laquelle, les autorités tunisiennes ont pris dernièrement des mesures contre des Algériens voulant se rendre en Tunisie, dont l’âge ne dépassait pas la trentaine, nous a été confirmée de source diplomatique tunisienne.
C’est par le biais d’un diplomate exerçant au niveau du secrétariat du consulat de Tunisie situé à Tébessa contacté hier par téléphone que l’information nous a été confirmée, estimant toutefois qu’«il ne s’agit là que de simples mesures provisoires destinées à mettre de l’ordre au niveau des postes-frontières». Par expression «mettre de l’ordre», notre interlocuteur a implicitement reconnu que ces mesures prises par les autorités tunisiennes sont étroitement liées aux derniers accrochages meurtriers de Soliman et Hammam-Lif. Pour rappel, les éléments du groupe terroriste accroché par les services de sécurité tunisiens les 23 décembre dernier et 3 janvier ont été identifiés comme étant des terroristes islamistes qui ont des liens avec le GSPC algérien et le GICM marocain, et par voie de conséquence avec Al-Qaïda. Selon le ministre de l’Intérieur tunisien, Rafik Haj Kacem, premier responsable à l’avoir officiellement reconnu, «il s’agit d’un groupe de nature terroriste salafiste composé essentiellement de Tunisiens impliqués dans les affrontements sanglants qui ont eu lieu fin décembre et début janvier en Tunisie». Le diplomate tunisien basé à Tébessa indique que “le contrôle se fait d’une manière plus sévère tant à l’aller qu’au retour au niveau des deux postes-frontières algéro-tunisiens”. Il s’agit en effet, de deux importants postes-frontières qui sont Bouchebka et Ras-El- Ayoun. Cependant, pour notre interocuteur «l’information telle que rapportée par la presse algérienne était plus à caractère sensationnel qu’informatif (!)» et ce, même s’il avoue que «ces mesures prises à titre préventifs depuis quelques jours seront maintenues jusqu’à nouvel ordre». Selon d’autres sources, la mesure tunisienne ne se limite pas aux seuls postes-frontières situés dans la localité de Tébessa. «Elle touche tous les autres postes situés sur la bande frontalière algéro-tunisienne dont ceux situés dans la wilaya d’El- Oued en l’occurrence les postes de Taleb-El-Arbi et Hezoua», ajoute-t-on. Toutefois, la question qui reste soulevée à travers cette mesure est le silence observé par les autorités tunisiennes, qui n’ont point justifié cette mesure, que d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier d’«illégale», et ce, au vu des accords conclus entre Alger et Tunis sur la question de la libre circulation des personnes entre les deux pays. Sur un autre plan, si la situation est maintenue en l’état et inscrite dans la durée, il n’est pas exclu que la conséquente directe se fera ressentir sur l’économie tunisienne confortée ses dernières années par l’arrivée massive dans les villes tunisiennes des touristes algériens, dont une majorité d’entre eux sont des jeunes. D’ailleurs, pour la seule année estivale 2006, des statistiques indiquent que le nombre de touristes algériens ayant visité la Tunisie a franchi la barre du million. Il est à noter qu’au lendemain du premier accrochage, les autorités avaient parlé d’un groupe de dangereux criminels. A partir de là, la presse locale a été partagée quant à l’identité des éléments du groupe. Selon un journal, citant une source officielle, les éléments de la bande dirigée par un ancien gendarme, Lassad Sassi, révélé une première fois par le quotidien français Libération se sont infiltrés par petits groupes à travers la frontière algérienne. Toutefois, seule l’identité du chef de la bande a été confirmée. L’ancien gendarme, Lassad Sassi capturé blessé après l’accrochage du 3 janvier dernier, est mort des suites de ses blessures. Aucune autre information, ni détail, pas même l’identité des éléments éliminés n’ont été donnés. Les autorités tunisiennes accusent le GSPC et le GICM, tous les deux affiliés à Al- Qaïda, d’être indirectement impliqués dans les deux accrochages. Ils seraient derrière le recrutement et l’entraînement des terroristes tunisiens. La Tunisie n’a pas connu de véritable menace terroriste hormis l’attentat de Djerba au mois d’avril 2002. Le front interne semble bien maîtrisé, y compris pour les islamistes modérés qui sont muselés par le pouvoir de Ben Ali.
(Source : « Le Soir d’Algérie » (Quotidien- Alger), le 30 janvier 2007)
» OH! MOUCH NORMAL! »
Houcine Ghali, Genève Etalé en grosses lettres sur les bus et les trams de Tunis, répété à longueur de journée à la télévision pour vanter des boissons ou autres produits de consommation, présenté en de pages entières sur les journaux du pays, utilisé régulièrement notamment par l’ensemble des jeunes mais aussi par le reste de la population pour marquer leur étonnement, jamais un slogan publicitaire tel que » MOUCH NORMAL » n’a exprimé aussi bien et aussi objectivement la réalité tunisienne! La situation socio-politique s’y trouve parfaitement résumée d’une manière inconsciente par l’ensemble des medias et supports publicitaires et l’expression » MOUCH NORMAL » fut adoptée par la majorité de la population pour manifester son étonnement et sa stupéfaction. En effet, » MOUCH NORMAL » que des barbouzes du pouvoir en place tabassent régulièrement des journalistes étrangers venus couvrir des événements importants dans le pays et des leaders de l’opposition radicale qui n’ont fait que manifester ou exprimer leurs droits à l’exercice de la démocratie; que la presse soit muselée et bâillonnée et les mas medias étatiques interdits d’accès à l ‘opposition; que la justice dépende totalement du pouvoir politique, ne jouisse d’aucune indépendance et que les associations de magistrats et d’avocats se trouvent sous la main mise du gouvernement; que les militants tunisiens assoiffés de liberté et de démocratie subissent une répression régulière après cinquante ans d’indépendance; qu’après 19 ans de règne sans partage par le président Ben Ali, la Tunisie ne fasse que s’enfoncer dans la dictature, le règne de l’arbitraire et la dilapidation de ses richesses par une minorité sans vergogne; que le peuple tunisien, avec ses 350.000 étudiants de l’enseignement supérieur, sa pléiade de cadres universitaires, son taux d’an alphabétisation le plus bas des pays en voie de développement, sa conscience politique aigüe, son aspiration à la démocratie légendaire, vive des promesses d’émancipation sans fin, supporte l’oppression, subisse la répression et ne participe nullement au choix de la stratégie qui trace son existence et définisse son avenir! Non, » MOUCH NORMAL » que la Constitution tunisienne soit modifiée » trois cents fois » pour les seuls besoins du clan qui détient le pouvoir; que le gouvernement revienne sur ses propres décisions en remettant à jour la présidence à vie qu’il a lui-même abolie après la déposition de Bourguiba le 7 novembre 1987; que le président de la République endosse en même temps le rôle de Premier ministre, chef du gouvernement, chef des armées et leader du parti dominant l’Etat, le RCD! Effectivement » MOUCH NORMAL » qu’un ouvrier du bâtiment travaille toute une journée pour un salaire de 10 dinars tandis que le kilo de viande d’agneau coûte aujourd’hui 12 dinars et que ni le SMIG ni le SMAG ne soient respectés, surtout dans les villages et la campagne; que la femme qui cueille les olives ne gagne que 5 dinas par jour, après huit heures de labeur dans le froid et la misère; que la facture d’ électricité qui comporte 3,500 dinars en tant que frais de consommation s’élève à 6,800 dinars car l’administration y a ajouté la TVA, le timbre fiscal, la maintenance, etc…; que beaucoup de Tunisiens n’arrivent pas à joindre les deux bouts tandis qu’ une minorité s’est trouvée milliardaire après seulement quelques années de pratiques mafieuses et de confiscation de biens publics; que le 26/26 pour « la solidarité » devienne un impôt déguisé, soutiré même aux enfants des écoles primaires et que la masse d’argent qu’il engrange ne soit pas gérée dans la clarté par une quelconque institution! Décidément » MOUCH NORMAL » que dans un pays qui a signé les textes onusiens concernant les droits humains, la liberté de circulation et d’expression, le pouvoir destourien bâillonne son peuple, sa police bastonne ses manifestants, ses juges malmènent ses avocats et les agents du ministère de l’intérieur pourchassent, humilient et agressent ses opposants! Non, » MOUCH NORMAL » que les moyens d’information ne font que privilégier la politique du pouvoir et les activités du RCD à longueur d’année, sans jamais parler du mécontentement populaire, de la répression qui s’abat sur les opposants, des exactions de la police et sans permettre au discours critique d’atteindre la population, suite au total verrouillage de la radio et de la télévision nationales; que les Tunisiens apprennent la réalité de leur pays par l’intermédiaire des médias étrangers! Reste-t-il quelque chose de normal en Tunisie? Il suffit de parcourir les rues et de tendre l’oreille pour constater que la plupart des Tunisiens utilisent l’expression » MOUCH NORMAL » effectivement pour parler de quelque chose qui est parfaitement normal! Une belle fille passe dans la rue et un garçon qui lance à ses copains: » Regardez les mecs, » MOUCH NORMAL » combien elle superbe!! Après avoir dîné dans un restaurant, Mounir racontait sa soirée à des amis: » J’ai passé une soirée » MOUCH NORMAL « ! Le repas, le vin, l’ambiance, les filles, tout fut » MOUCH NORMAL « ! En Tunisie, ce qui est normal devient donc exceptionnel, extraordinaire, étonnant. Ce qui fait que le peuple a effectivement perdu le sens de la normalité pour plonger dans le bizarre et l’anormal. Il s’est tellement familiarisé avec l’anormalité qu’il a fini par la subir sans réaction dans tous les domaines de la vie sociale. Il est donc atteint d’une modification pathologique qui explique sa soumission sans broncher à toutes les atteintes à ses droits et à sa dignité. Ce ne sont là qu les conséquences d’une politique imposée au pays basée sur le mensonge, l’irrationnel, l’hypocrisie et la gouvernance par la répression.
Les jeunes tunisiens et les études à l’étranger
Fuite en avant ?
Il y a quelques années, on pouvait affirmer que l’unique but de la poursuite des études à l’étranger, c’était de trouver une formation que les instituts tunisiens n’assuraient pas. La raison principale était le désir de mieux se former, d’étudier…
bref, partir pour mieux revenir. De nos jours, tous les Masters, toutes les perspectives de poursuite d’études de la physique quantique au « common law », en passant par les études spécialisées en ingénierie de l’environnement, sont tout à fait faisables entre nos murs. Plus besoin d’Europe pour les études, on a ce qu’il faut. Donc, il y a bien une autre raison qui pousse les étudiants à faire « des pieds et des mains » pour partir ! Le nombre de jeunes inscrits pour des études à l’étranger se compte par milliers, et ce malgré les procédures compliquées et les faibles chances d’être admis. En fait, les raisons de ce désir dépassent le simple cadre universitaire.
Partir étudier ou, carrément, « brûler », ce n’est pas uniquement des raisons économiques, ce n’est sûrement pas pour travailler agent de nettoyage, ou ouvrier. En parlant avec les jeunes d’aujourd’hui, on se rend compte que les raisons sont beaucoup plus profondes. Certains sont motivés par une volonté d’améliorer leur C.V. et se donner un plus par rapport aux autres, d’autres se sentent mal à l’aise dans notre système social et éducatif et ne se voient pas consommer tout leur potentiel et réaliser leurs ambitions ici.
Un mal être
Les jeunes se sentent une frustration latente qui sommeille au fond d’eux pendant des années et qui se met au grand jour lors du choix des objectifs de la vie, notamment après le bac ou après un premier cycle d’études universitaires. L’étudiant se rend alors compte qu’il cherche autre chose, qu’il n’est pas comblé par ce qu’il faisait ou qu’il n’était pas en train de réaliser ses voeux. Il ne se sent pas à l’aise dans ce cadre prédéfini et face aux options limitées auxquelles il était astreint. Ces ambitions et ces envies restent prisonnières et rongent cet étudiant qui demeurera démoralisé et déçu. C’est comme une liberté de mouvement qui manque. La recherche d’horizons nouveaux qui revêtent la couleur de l’espoir se présente alors comme la solution contre la frustration. Celle de ne pas pouvoir réaliser pleinement ses projets et ses désirs sur tous les plans : professionnel, relationnel, culturel, social… Le mal-être aggravé par l’augmentation de tabous et d’interdits religieux et socioculturels de notre société touche un bon nombre de jeunes ressentant le besoin de mieux s’épanouir. L’épanouissement dans les études, dans le mode de vie, dans la culture, semble être un manque dans les esprits d’une bonne partie des jeunes étudiants. Ces étudiants sont déçus, insatisfaits des perspectives d’avenir qui se présentent, ils n’ont pas confiance en cette société qui renvoie une image superficielle et factice. Ainsi Mona L. , 22 ans, étudiante en Beaux Arts, confie que « c’est une sensation d’être en suspension, détachée de la collectivité. Je ne peux pas et je ne veux pas m’identifier à cette jeunesse pour qui lire un livre ne sert à rien, pour qui c’est normal de dépenser l’équivalent d’un salaire dans une soirée, pour qui tricher aux examens est une constante. En bref, je peux dire que mes valeurs morales me donnent le titre d’extraterrestre aux yeux de mes compatriotes. Bien sûr les gens seraient amenés à penser que ma moralité et ma droiture sont dictées par la religion et la sévérité de mon éducation, mais non, j’ai juste une conscience et une intelligence qui fait que l’épanouissement selon moi passe par autre chose. »
Certains diraient que tous ces jeunes veulent gagner leur indépendance par rapport à l’institution familiale, une liberté qui se résume en une sorte de déviance, mais cela est certes superficiel et simpliste. C’est plutôt parceque la personnalité du jeune déborde le cadre préétabli de la famille et dépasse le dessein classique voulu par les parents; les choix ne sont plus conformes à une certaine acceptation du parcours normal d’un jeune tunisien. L’étudiant voit grand et a des ambitions qui transcendent sa situation sociale et son avenir tel que prédestiné. Il y a une recherche d’un entourage qui accepte une culture modelée ou personnalisée et une mentalité non conformiste. Recherche du moyen de vivre l’expérience qui permet de la mise en œuvre tout le potentiel et acquis sans que cela soit dicté par un système ou un moule, sinon dénaturé parcequ’ inacceptable.
« La majorité de la jeunesse a été éduquée ou « déséduquée » dans un sens où il n’y a plus de repères ou, s’il y en a , ils ne conviennent pas. Face à une culture uniforme et décadente qui s’impose et envahit tous les milieux, assumer ses idéaux et ses principes devient chose difficile. Déjà comme beaucoup de jeunes, je vis une sorte de tiraillement entre deux cultures. Cette tendance est accentuée par l’invasion d’une culture à laquelle je ne m’identifie guère et qui me déprime parce que je fais partie de la minorité » explique Amine B., 23 ans, étudiant en droit.
Améliorer le C.V.
Les raisons peuvent être aussi simples que le désir de se démarquer des autres. Face à un marché de l’emploi impitoyable et saturé, l’étudiant veut se donner un avantage et avoir un plus par rapport aux autres. Un Master dans une grande école française, ou un stage dans une société internationale, pèse lourd dans son C.V. De peur de la désillusion qui touche le diplômé chômeur, l’étudiant élargit son horizon et tente de faire partie des meilleurs pour trouver une place. Ines K. , étudiante en maîtrise , veut faire un Master à Paris parce que « ça a une grande importance dans mon cursus, je veux avoir un parcours irréprochable où je gagnerai une bonne formation et une expérience enrichissante».
Au service de légalisation des diplômes, une file de jeunes étudiants de tout âge veulent s’inscrire en France , en Ukraine, en Allemagne…pourquoi ? Est ce que c’est mieux ? « Ailleurs n’est peut-être pas mieux mais il y a quand même une autre chance », c’est la réponse à l’unanimité. C’est à dire que même si l’expérience ne leur apporte rien , ils auront quand même tenté.
D’autres ont envie de vivre une vie estudiantine riche qui forge une vraie personnalité avec des leçons de la vie et des épreuves. Amine confie : « une seule année d’études à l’étranger peut t’apprendre ce que tu n’ as pas appris ici en 5 ans : la vie. Savoir être responsable, s’auto gérer, faire les choix que l’on désire et l’on assume, côtoyer des gens différents et apprendre d’eux, bref une expérience qui t’ouvre l’esprit. Ici , le seul défi est de terminer ses études avant les autres pour travailler avant eux, alors que moi j’ai beaucoup d’autres projets et j’ai envie de vivre pleinement ma jeunesse ». Le jeune sait qu’il a tant à montrer et à donner, mais que le temps et les moyens manquent.
Ainsi, partir à l’étranger pour étudier, oui, mais aussi pour investir l’énergie et le potentiel dans les choses qu’on aime que ce soit dans les études ou dans les loisirs. Ne serait-ce que pour aller voir une pièce ou un film, à la sortie de la fac, ou boire un pot dans un endroit sympa, tout en écoutant du « slam » ou un jeune artiste. C’est un tout qui manque à ces jeunes pleins d’ambitions et de rêves. Dommage qu’une autre embûche brouille leur horizon, les universités étrangères se montrent de plus en plus sévères et sélectives. Une minorité parmi ces étudiants pourra partir. C’est aussi une minorité qui, une fois partis, supportera la vie dure et modeste d’un étudiant aux ressources limitées. Qui aura donc les moyens de vivre comme il le désire ?
Hager ALMI
(Source : « Le Temps » (Quotidien- Tunis), le 26 janvier 2007)
Maroc: identification des corps de 166 victimes des « années de plomb »
AFP, le 30 janvier 2007 à 19h15 RABAT (Maroc), 29 jan 2007 (AFP) – Cent-soixante-six corps de victimes des « années de plomb » au Maroc (1960-1999) ont été identifiés en 2006, a indiqué lundi à Rabat le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH, public).
« Suite aux recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER) et du feu vert du roi Mohammed VI, des prélèvements ADN ont confirmé l’identité de ces anciennes victimes » inhumées dans différentes tombes à travers le pays, a annoncé le CCDH à l’occasion du renouvellement d’une partie de son bureau dont les membres sont nommés par le roi.
Le CCDH a ajouté qu’il commencerait dès la semaine prochaine à indemniser en masse les victimes de torture ou d’emprisonnement arbitraire, ou leurs ayant droit. En 2002, cet organe public avait indemnisé une première partie des victimes des « années de plomb », ces années de répression sous le régime du roi défunt Hassan II. Le CCDH avait été créé en 1990 par Hassan II pour examiner les dossiers épineux des violations des droits de l’Homme commises sous son règne. En janvier 2006, Mohammed VI avait demandé au CCDH d’assurer la mise en œuvre des recommandations de l’IER qu’il avait mise en place en 2004.
L’IER a instruit plus de 16.000 dossiers de victimes des atteintes aux droits de l’Homme durant les « années de plomb » et a élucidé les cas de près de 600 disparus. Pour les personnes mortes ou disparues et pour lesquelles l’Etat a reconnu sa responsabilité, le CCDH a affirmé que le ministère de la Justice avait établi des certificats de décès qui doivent être remis aux familles pour régulariser les problèmes administratifs et juridiques en suspens. Lundi, le président du CCDH, Driss Benzekri a ajouté que le Conseil signera prochainement avec le Premier ministre Driss Jettou et la Caisse nationale des œuvres sociales un accord en vertu duquel les victimes « des années de plomb » encore en vie pourront bénéficier d’une « assurance maladie et de vieillesse ». Il a été également décidé de réintégrer certains d’entre eux au sein de la fonction publique.
Le Conseil a enfin annoncé la mise en œuvre prochaine au Maroc d’une stratégie de promotion des droits de l’Homme. Selon M. Benzékri, le CCDH et le gouvernement sont parvenus à des accords pour « la réparation des préjudices individuels et collectifs et à la poursuite du processus de recherche de la vérité sur certains cas (de disparus ou morts) en suspens » ainsi que sur des réformes concernant le renforcement du processus démocratique ». AFP
L’interdiction de fumer dans les lieux publics progresse en Europe
AFP, le 30 janvier 2007 à 09h15 BRUXELLES, 29 jan 2007 (AFP) – L’interdiction de fumer dans les lieux publics, qui entrera en vigueur en France au 1er février, se généralise depuis deux ans en Europe, à l’exception notoire des bars et restaurants, pour lesquels de nombreux pays ont prévu des aménagements. L’Irlande a été la première à interdire totalement le tabac dans les lieux publics, le 29 mars 2004. Elle a été suivie par la Norvège (qui est hors UE), l’Italie, Malte, la Suède, l’Ecosse, la Lettonie et depuis le 1er janvier, la Lituanie. Le Pays de Galles devrait suivre en avril et l’Angleterre début juillet. L’Allemagne en revanche est à la traîne, au point qu’elle est parfois qualifiée de dernier paradis des fumeurs sur le continent.
Le parlement allemand vient seulement de voter en décembre l’interdiction totale de la publicité sur le tabac. La marge de manœuvre du gouvernement fédéral, qui a déposé un projet de loi pour interdire la cigarette dans certains lieux publics, est limitée. Un projet qui prévoyait d’interdire de fumer dans les restaurants a été écarté car ce sujet est de la compétence des Länder (Etats régionaux).Le Portugal n’a pas non plus encore de loi, mais le gouvernement la prépare, qui interdirait le tabac dans les lieux publics y compris les bars, restaurants et centres commerciaux. A l’exception de la Grèce et de la Hongrie, où les interdictions sont globalement ignorées, les mesures introduites au nom de la lutte contre le tabagisme passif ont été assez bien acceptées par les fumeurs.
Un an après sa mise en œuvre, un sondage révélait ainsi que 93% des Irlandais (et 89% des fumeurs) trouvaient que la loi était une bonne idée. Et à Rome, les Italiens qui veulent fumer ont depuis janvier 2005 pris l’habitude de s’installer en terrasse, été comme hiver. Mais sous la pression notamment des restaurateurs, de nombreux pays ont prévu des exceptions pour les bars et restaurants. En Autriche, où la proportion de fumeurs reste l’une des plus élevées d’Europe à 37% – contre 27% en moyenne fin 2005 -, bars et restaurants ne font l’objet d’aucune interdiction.
En Espagne, la loi anti-tabac appliquée depuis le 1er janvier 2006 ménage d’importantes exceptions, et l’immense majorité des bars et restaurants qui en avaient la possibilité ont choisi de rester fumeurs. Au Luxembourg, la loi appliquée depuis septembre épargne les boîtes de nuit et permet aux restaurants de réserver un espace fumeurs, dans une pièce séparée munie d’un système d’évacuation des fumées. En République tchèque, les restaurants et bars sont exemptés d’une interdiction en vigueur depuis 2005, alors même qu’elle s’applique aux arrêts de bus en plein air… En Belgique, le tabac est proscrit dans tous les restaurants depuis le 1er janvier, et les restaurateurs sont nombreux à crier à la perte de revenus. Mais on peut encore fumer dans les cafés et bars, même si les établissements de plus de 50m2 doivent réserver au moins 50% de leur superficie aux non-fumeurs. Snacks, glaciers et autres établissements de petite restauration peuvent eux aménager de petits espaces fumeurs à condition qu’on n’y serve pas de nourriture. De tels « fumoirs » pourraient d’ailleurs se multiplier. La Finlande devrait ainsi interdire de fumer dans les restaurants à partir de juillet, mais les restaurateurs pourront créer des fumoirs s’ils sont parfaitement étanches. Ces aménagements semblent répondre aux souhaits d’une majorité. Selon un sondage européen publié en mai, si les Européens sont globalement favorables à l’interdiction de fumer dans les lieux publics et au bureau (63%), ils ne sont que 40% à soutenir cette interdiction pour les bars et cafés. AFP
Bruxelles pour une interdiction générale de fumer dans les lieux publics
AFP, le 30 janvier 2007 à 14h29 BRUXELLES, 30 jan 2007 (AFP) – La Commission européenne s’est prononcée mardi pour une interdiction générale de fumer dans les espaces publics fermés, sans exceptions pour les restaurants, en lançant un débat sur la nécessité ou non d’adopter une législation au niveau de l’UE. Dans un Livre vert auquel les Etats membres doivent répondre d’ici le 1er mai, le commissaire à la Santé Markos Kyprianou estime qu’une interdiction générale de fumer dans tous les lieux publics fermés ou semi-fermés « serait la plus bénéfique pour la santé publique ». Les dérogations pour les bars et les restaurants ne protègent pas les clients, ni les employés pour les restaurants, pas plus que la mise en place de systèmes de ventilation dont l’efficacité est « limitée » selon Bruxelles. Emmenée par l’Irlande, qui a été la première à interdire totalement le tabac dans les lieux publics en mars 2004, l’interdiction de fumer dans les lieux publics se généralise désormais en Europe. Mais de nombreux pays ont prévu des aménagements pour les bars et restaurants. Pour atteindre cet objectif d’une interdiction générale au niveau européen, le commissaire suggère cinq options possibles, qui vont du maintien du statu quo à la législation contraignante en passant par une simple recommandation. La voie législative pourrait aboutir aux résultats « les plus robustes », mais en même temps elle « risque d’être relativement longue et le résultat final est difficile à prévoir ». Jusqu’ici, la question des espaces non fumeurs a fait l’objet de résolutions et de recommandations non contraignantes de la part de l’UE, sauf pour ce qui concerne l’exposition à la fumée sur le lieu de travail, qui fait l’objet de directives européennes. AFP