3 octobre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2325 du 03.10.2006

 archives : www.tunisnews.net


Front Line: La liberté d’expression sur Internet vaut aussi pour Mohammed Abou!

Le Maghrébin: Mouvement Nahdha: Hamadi Jebali avance ses pions… Le Maghrébin: L’AMD, « Le Maghrébin » et nous… Houcine Ghali: A  propos des grands projets  environnementaux, allez voir du cote de Jebeniana Webmanagercenter: La Tunisie, pays le plus compétitif d’Afrique et du monde arabe – Portée d’une distinction

 Communiqué de Front Line à l’occasion du XIe SOMMET DE LA FRANCOPHONIE, BUCAREST, 28-29 SEPTEMBRE

La liberté d’expression sur Internet vaut aussi pour Mohammed Abou!

 
Le XIe Sommet de la Francophonie, organisé les 28 et 29 septembre 2006 à  Bucarest, portera sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’éducation. L’avocat et défenseur des droits humains tunisien Mohammed Maherzi Abou est emprisonné depuis mars 2005 pour avoir écrit un article très critique sur le site Internet Tunisnews. «S’il est vrai que l’utilisation des TIC dans l’éducation peut contribuer efficacement à  réduire la fracture numérique qui sépare aujourd’hui le Nord et le Sud, sans le respect de la liberté d’expression, cet objectif restera vain», a déclaré Vincent Forest, responsable du Bureau européen de Front Line, la Fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits humains.
Bruxelles, 26 septembre 2006 – Alors que le Sommet de la Francophonie s’apprête à  discuter de l’usage d’Internet dans l’éducation, la condamnation de Mohammed Maherzi Abou, avocat et membre du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), est devenue un cas emblématique de la violation de la liberté d’expression sur Internet.
Mohammed Abou purge actuellement une peine arbitraire de trois ans et demi dans la prison de El Kef, à  170km de Tunis, où se situe sa résidence familiale. Il est constamment menacé et est victime de mauvais traitements de la part des quatre détenus qui partagent sa cellule. Depuis le 19 mars 2006, il a entamé une grève du sommeil afin de protester contre ses conditions de détention, ne dormant que quatre heures le jour lorsque les quatre détenus violents sont absents de la cellule. Selon lui, les autorités pénitentiaires l’ont enfermé avec ces quatre hommes dans le but de le persécuter. Sa femme, Samia, la seule à  pouvoir lui rendre visite, craint pour la vie de son mari, physiquement très affaibli.
Un procès entaché de nombreuses irrégularités
Le 1ermars 2005, Mohammed Abou est arrêté sans mandat d’arrêt. Le motif apparent de son arrestation semble être la publication la veille de son arrestation d’un article sur le site Internet Tunisnews (illégal en Tunisie), en protestation à  l’invitation envoyée au Premier Ministre israélien Ariel Sharon d’assister au Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) en novembre 2005. Dans cet article, il dénonce les violations des droits humains en Tunisie et accuse le Président tunisien Ben Ali et sa famille de corruption. Le 25 avril 2005, à  l’issue d’un procès entaché de plusieurs irrégularités selon de nombreuses ONG tunisiennes et internationales – dont Front Line – Mohammed Abou est condamné par une Cour de Première Instance à  trois ans et demi de prison, dont deux pour « violence à  l’encontre d’une avocate »,en juin 2002, et un an et six mois pour « insulte au pouvoir judiciaire »,et « perturbation de l’ordre »- considérées respectivement comme des infractions au code de la presse et au code pénal – pour avoir diffusé des fausses informations,dans un article publié en août 2004 sur Tunisnews. Cet article dénonçait les violations des droits humains dans les prisons tunisiennes et comparait les tortures et mauvais traitements subis par les prisonniers tunisiens à  ceux infligés aux prisonniers irakiens d’Abu Ghraib.
Cette condamnation a été confirmée le 10 juin 2005 par une Cour d’Appel. Lors du jugement en appel, le juge n’a autorisé Mohammed Abou qu’à  répondre par oui ou par non, sans lui laisser, ni à  ses avocats, la possibilité de s’expliquer. Afin de protester contre sa condamnation et la persécution de sa famille et de ses collègues, il a entamé deux grèves de la faim depuis le début de sa détention. Son organisation, le CNLT, est l’une des nombreuses ONG que le gouvernement tunisien refuse de reconnaître.
Pour l’organisation d’origine irlandaise Front Line, «la condamnation et le traitement cruel et inhumain dont Mohammed Abou fait l’objet visent à  l’empêcher de mener à  bien ses activités de défense des droits humains en Tunisie».
Les autorités françaises interpellées
Face à  la situation extrêmement préoccupante du défenseur des droits humains tunisien, Front Line a – via son nouveau bureau européen installé à  Bruxelles – lancé une campagne de pression pour demander la libération immédiate et inconditionnelle du défenseur tunisien. Outre les autorités tunisiennes, Front Line a interpellé les autorités françaises (MM. Chirac, De Villepin, Douste-Blazy, et Mme Girardin) pour qu’elles demandent instamment, à  l’occasion du Sommet de la Francophonie, à  leurs homologues tunisiennes de:
 * mettre un terme à  toute forme de harcèlement judicaire contre Mohammed Maherzi Abou et de le libérer immédiatement et sans condition;
 * garantir l’intégrité physique et psychologique de Mohammed Maherzi Abou, en assurant qu’il ne soit pas victime de torture ou de mauvais traitements pendant sa détention et en le changeant immédiatement de cellule;
 * assurer à  Mohammed Maherzi Abou un accès régulier aux représentants légaux, à  sa famille, aux visites consulaires et aux soins médicaux.
Les Etats membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie, fondée sur le partage d’une langue et de valeurs communes, se sont engagés à  promouvoir les droits humains dans les Etats membres. Front Line attend de ces Etats membres qu’ils passent de la parole aux actes!

« L’Audace » numéro 139/140 , octobre 2006 a paru dans les kiosques parisiens.

Au sommaire:
 
L’édito de Khaled Ben M’Barek
Les informations politiques
Le harcèlement de Samia Abbou
Les déboires de la Ligue des droits de l’homme
Interview exclusive avec Moncef Ben Salem
Prostitution: Des filles mineures, proies de Imed Trabelsi et Kais Ben Ali
Les infos corruption
Les frasques de Belhassen et Imed Trabelsi
Les magouilles au sein du Groupe chimique s’intensifient
La plume déchainée: Ben Ali sur le divan

Mouvement Nahdha 

Hamadi Jebali avance ses pions…

Fatima Kabba  Depuis sa sortie de prison, il y a moins d’une année, Mr Hamadi Jebali, une figure de proue du mouvement islamiste tunisien Nahdha et l’un de ceux qui ont assumé l’intérim de sa présidence, fait régulièrement  des apparitions médiatiques qui ne laissent pas d’attirer l’attention. De par leur contenu, de par leur fréquence et de par leur ton. Le ton : il se veut expressif d’une maturation de la pensée nahdhaoui vers la modération, la tolérance et le réalisme. La fréquence : Jebali est celui parmi les hauts dirigeants nahdhaouis qui intervient le plus dans les médias essentiellement électronique et ce nonobstant les mises en demeure qui lui ont été notifiées par les autorités sécuritaires du pays de ne plus s’adonner à des activités publiques à caractère politique. Enfin le contenu : il prend systématiquement le contre pied du discours du président en titre du mouvement Rached Ghanouchi que Jebali ne cite jamais et auquel il ne fait  ostentatoirement aucune référence. Même pas pour le critiquer.  Le dernier en date de l’interview qu’il adonnée à « tunisnews », le 25 septembre, est un modèle du genre. S’agissant, à titre d’exemple, du rapport de l’islam militant à l’occident, aux pays occidentaux et aux valeurs fondant la civilisation occidentale, Jebali se situe nettement à l’antipode du discours acrimonieux et belliqueux de Ghanouchi sur le même thème. Ce dernier  – et ses interventions dans les cyberforum en portent toujours le témoignage- a maintes fois développé une rhétorique apocalyptique contre l’occident, soutenant, sur la base de sa propre interprétation du texte sacré et de certaines assertions de ses maitres penseurs ( Hassan Al Banna et Said Kotb)  que l’occident est condamné à terme au dépérissement. Hamadi jebali joue une autre partition.  Pour lui : « L’occident est une réalité multiple qu’il nous importe de ne pas appréhender avec des aprioris. Ni idolâtrie, ni diabolisation ». Il déplore l’inexistence d’approches méthodiques et scientifiques chez les arabes et musulmans  dans la compréhension de l’autre dans tous ses dimensions et va jusqu’à célébrer  les capacités prospectives de l’occident et de ses formidables potentialités académiques « qui lui procurent  les outils d’une heureuse adéquation entre le concept et l’acte ». Il regrette enfin l’impuissance qui frappe les arabes à comprendre objectivement l’occident  et à y déceler les centres réels de la décision de telle sorte qu’ils puisent à leur tour entrer en possession des mécanismes propres à leur faire prendre les bonnes décisions. Tout le discours de Jebali sur les autres thèmes de l’entretien  – rapport avec le pouvoir et  le mouvement du 18 octobre – est tissé sur le même modèle : modération, réalisme et sens du compromis. Un discours-rupture donc avec les traditionnelles litanies nahdhaouies  surtout quand elles sont verbalisées par Ghanouchi et sa garde prétorienne formatée  à son prisme de vue (et dont le plus  emblématique reste le radical salafiste cheikh Hedi Brik ) Certes plus d’un analyste tunisien, parmi les fins connaisseurs du mouvement Nahdha, refusent de se laisser berner par les nouvelles inclinaisons à la fois stratégiques et doctrinales manifestées par Jebali. Ils les considèrent comme des variations cosmétiques d’un même fonds idéologique. L’un d’entre eux a eu recours au calembour  d’expression arabe qui assimile Jebali et Ghanochi à une même entité : « Haj Moussa, Mousa-Haj ». Mais le fait strictement politique que les déclarations de Jebali a imposé  est bien l’affaiblissement du leadership de Ghanouchi. Nous avons analysé  dans un précédent article « Le Maghrébin du 11 septembre »  les prémisses de cet affaiblissement notamment à travers l’abondan par ce dernier de son attribut présidentiel dans la signature des communiqués de la Nahdha. Et  la prestation de Jebali  semble venir non seulement confirmer le fait mais révèle ce dernier comme un sérieux postulant à sa succession. Tant il est vrai que ses déclarations ne peuvent pas ne pas avoir reçu l’assentiment préalable de la direction de Tunis du mouvement. Le moment choisi pour ces déclarations est un autre signe indicatif. Elles interviennent  dans un temps où les cercles politiques bruissent des rumeurs annonçant un imminent « demissionnement » de Ghanouchi,  condamné en raison de ses échecs à la fois stratégiques  et conduitaux  dans la gestion du mouvement. L’averti analyste politique tunisien et en même temps vice président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme Slah Jourchi,  connu pour être un des plus crédibles connaisseurs de l’islam politique en Tunisie, a bien laissé comprendre, dans un article paru le 25 septembre  dans « Suisse-Info », la véracité  d’un  prévisible transfert d de pouvoir au sein de la Nahdha de l’extérieur où réside Ghanouchi  à l’intérieur où réside Jebali. Ce dernier, en se manifestant aussi bruyamment, si différemment et de toute la légitimité de ses quinze années d’emprisonnement dans les geôles de monsieur Ben Ali, ne fait rien pour infirmer ces  bruissements. Au contraire…. (Source : « Le Maghrébin », édition du 2 octobre 2006) Site web : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/

 

L’AMD, « Le Maghrébin » et nous…

Samad Filali Membre du Bureau Exécutif de l’AMD L’idée de la création de l’Alliance Maghrébine pour la Démocratie a été accueillie avec ferveur et enthousiasme. Les personnalités contactées de tout bord pour adhérer n’ont pas hésité un seul instant. Ce qui traduit leur  désir et leur volonté de bâtir ce Maghreb tant attendu sans se poser la moindre question ni sur le comment ni sur les moyens humains pour atteindre les objectifs affichés dans la charte de l’AMD. L’AMD a fait de son journal « Le Maghrébin » son fer de lance pour informer les internautes sur le Grand  Maghreb, les sensibiliser à ses problèmes et les faire contribuer à son édification. Son forum se veut une tribune libre pour débattre et échanger des opinions autours de thèmes qui concernent notre Maghreb et notre société en général, et ce, dans le respect de la dignité des hommes et des femmes. Après trois éditions du « Le Maghrébin » l’AMD a recueillie des appréciations divergentes.  Editoriaux et certains articles ont suscité autant d’approbation que de déception. Chacun les appréciant à travers sa propre grille de lecture. C’est normal, naturel et sain, s’agissant d’une association bâtie sur le sacro saint principe du pluralisme. Un pluralisme qui prévaut aussi au sein du Bureau Exécutif. Et c’est un choix délibéré de la part des fondateurs. L’AMD n’est pas un parti politique géré par l’uniformise et le formatage. De nos divergences nous entendons faire des marches de dépassement vers des dénominateurs communs. Aussi bien dans la déclaration fondatrice que dans la conférence de presse annonçant la naissance de l’AMD, il a été bien insisté sur la vocation non politique de l’AMD, c’est à dire sur son refus de s’inscrire de quelque manière que ce soit dans la course aux pouvoirs. Car son action s’inscrit dans le cadre de la société civile afin de contribuer à promouvoir les valeurs démocratiques. Vu la complexité des situations inter et intra maghrébines, le Maghreb ne se fera pas sans la participation active de la société civile. C’est elle qui contribue dans les différents pays à la promotion de la culture démocratique, et c’est à elle que revient le rôle de décloisonner les relations entre les peuples du Maghreb. Le tout pensé sur le long terme. Lorsqu’on  a fait appel à des figures membres de la coalition gouvernementales au Maroc gouvernements ou ayant des responsabilités officielles, nous étions conscient que nous étions en train de réduire notre marge de manœuvre.  Mais  notre objectif était noble : faire adhérer toutes les potentialités maghrébines à ce projet et en faire le projet sociétal de toutes et tous les maghrébins. Ce projet doit nous permettre de libérer les énergies et d’engager de grands chantiers créateurs d’emploi et de  richesses afin de donner aux populations maghrébines une raison de croire en le Maghreb. Nous sommes conscients que nous sommes appelés à marcher sur le fil du rasoir : faire un subtil distinguo entre censure et rigueur déontologique  et établir un critérium consensuel sur ce qui est démocratique et ce qui ne l’est pas….Tant il est vrai que la démocratie n’est pas uniquement une revendication, mais  une culture, un état d’esprit, une pratique. C’est pourquoi, la responsabilité est lourde sur les épaules du Bureau Exécutif de l’AMD. Elle nécessite clairvoyance, sérénité et un vrai sens du consensus. Et consensus ne veut pas dire la compromission. Au contraire, nous devons être fermes sur les principes à commencer par nous-mêmes. L’AMD est pour le moment un cadre maghrébin prometteur  pour apprendre le sens de la démocratie,  accepter la différence, gérer la divergence des idées  et fermenter des consensus. C’est là  un défi de tous les jours que nous avons à relever : Garder la flamme allumée d’un Maghreb uni, moderne et démocratique. Quant au « Maghrébin », c’est déjà un pas qu’il existe et qu’il maintienne  sa périodicité. Il a commencé par combler un vide. Et ce n’est pas peu de choses… (Source : Editorial du « Le Maghrébin », édition du 2 octobre 2006) Site web : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/


 

A PROPOS DES GRANDS PROJETS  ENVIRONNEMENTAUX, ALLEZ VOIR DU COTE DE JEBENIANA

Houcine Ghali, Genève Houcine.ghali@bluewin.ch A la une du journal La Presse du 30 septembre dernier, le président Ben Ali s’est entretenu avec son ministre de l’environnement et du développement durable, M. Nadhir Hammadi, à propos de « l’avancement du programme relatif à l’amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers populaires… ». Ils y parlaient de parcs urbains, de sites naturels pour diversifier les activités de loisirs, de parcours environnementaux et d’assainissement dans les quartiers de banlieue de la capitale. Ainsi donc, et conformément à une politique destourienne privilégiant depuis toujours le Grand Tunis, la banlieue bourgeoise formée de Carthage, La Marsa, Gammarth,etc..et du Centre du Sahel avec Sousse et ses alentours, le pouvoir ignore superbement toutes les régions de l’intérieur et notamment le Nord et le Sud du pays. La campagne tunisienne et les  400 villages du pays ne sont que peu concernés par les plans de développement et d’assainissement dont parlent le président de la République et son ministre concerné. Comme infrastructures, ils n’ont eu que l’Avenue de l’environnement comme décor sans autres moyens pour améliorer la qualité de leur vie. Je les invite à aller voir du côté de Jebeniana, un village de 48.000 habitants, représentatif d’une grande partie de la Tunisie oubliée des plans et du développement, avec des routes inappropriées, une saleté sans précédent, des décharges sauvages à ciel ouvert, un chômage avoisinant les 50% de la population active et aucune infrastructure digne de ce nom. Voici ce qu’ils verront : Situé à 30 kms de Sfax, sur la route du Sahel, le bourg de Jebeniana constitue l’exemple type du développement anarchique, de la main mise de quelques notables sur l’ensemble des activités politiques et économiques, de la pratique des combines, du règne de la corruption et de la violence, de l’absentéisme des habitants, du vide culturel, de l’absence d’infrastructures indispensables et de l’indifférence des responsables locaux à l’égard des conditions de vie de la population. Contrairement aux autres villages environnants, les routes reliant Jebeniana demeurent désuètes, étroites, cabossées et impropres à une circulation de plus en plus intense et dangereuse. La portion de cette route qui commence près du marabout Sidi Bishèg jusqu’à l’épicerie Ghlem Bahri est digne du siècle passé, avec ses bosses, ses trous et son étroitesse. Lorsqu’il pleut à Jebeniana, c’est la panique générale car, manque de canalisations et d’égouts, l’eau stagne à plusieurs endroits en charriant de la boue et la circulation devient encore plus chaotique. Pour vaquer au plus pressé, la municipalité pompe cette eau dans une citerne tirée par un tracteur, comme dans les années 60 ! Car, les fonctionnaires et élus nommés par le pouvoir destourien pour veiller au bien être des habitants de ce bled, n’ont pas pensé à installer des canalisations pour l’évacuation de l’eau lors des pluies, mais ont en posé d’autres pour les eaux usées depuis des années sans jamais les raccorder aux foyers ni construit le terminal final pour leur traitement. Ils ont préparé les nattes avant de construire la mosquée, comme disait le dicton ! Conséquences : certaines familles ont installé les raccordements eux-mêmes, d’autres versent carrément leurs eaux usées et le contenu de leurs poubelles directement dans les canalisations et tous ces détritus se déversent dans un champ privé, à près de 4 kilomètres du village, et stagnent là en dégageant des odeurs nauséabondes dont les néfastes conséquences se manifesteront bientôt. La saleté qui caractérise Jebeniana n’existe nulle part ailleurs. Se trouvant à la porte du village, la décharge municipale, à ciel ouvert, s’est transformée en un immense tas où se mêlent déchets, ordures, carcasses d’animaux, plastic, verre, pneus…,d’où se dégage une fumée ocre, étouffante et chargée de gaz intoxicants et asphyxiants. Utilisée depuis 1960, cette décharge s’étale jusqu’aux bords de la route, déborde les champs d’oliviers voisins appartenant à des privés et constitue un lieu privilégié pour des chiens sauvages qui y trouvent pitance et sèment la peur au prés des passants. Des voisins habitant à côté mettent carrément leur vie en danger car ils aspirent à longueur de journée de la fumée et air chargé d’une nocivité extrême. Face à l’étroitesse de la décharge, les employés de la municipalité chargés de la voirie déversent les ordures n’importe où, dans les oliveraies des habitants, au coin d’une rue, au fond d’un quartier en ruine, au bord de la route…Jebeniana est en train de se transformer ainsi en une gigantesque poubelle avec une campagne transgressée par les buveurs de Celtia et de Château Mornag qui, faute de bars dans le village, se saoulent sous les oliviers en laissant sur place leurs sachets en plastic, leurs bouteilles vides et leurs canettes d’aluminium. Car par une aberration invraisemblable, le vin se vend partout à travers le pays, à Sfax, à la Chebba, à El Jem, trois villes se situant chacune à 30 kms de Jebeniana où il est interdit. Voulant être plus croyants que le prophète, les élus municipaux refusent d’accorder une autorisation de vente de vin et de bière, mais laissent quatre vendeurs clandestins ruiner de nombreuses familles puisque la bouteille de Château Mornag et celle de Celtia sont vendus pratiquement le double de leur prix officiel ! Lorsqu’on entre au marché de poissons de Jebeniana, une odeur désagréable vous assaillent les narines, de l’eau usée stagne sur le sol et les étalages dégagent un air misérable. Aucun prix n’est indiqué et les vendeurs marchandent selon la tête du client. Lorsque plusieurs sortes de poissons sont mélangés, le prix proposé tient compte des poissons les plus chers ! Comparaison faite, les poissons coûtent à Jebeniana toujours plus cher qu’à Sfax, deuxième ville du pays où le pouvoir d’achat se trouve plus élevé qu dans les villages environnants. Le bureau de l’association des consommateurs se situe à dix mètres du marché de poissons, mais aucun agent ne se soucie de ce qui s’y passe. Les fonctionnaires de la municipalité se désintéressent totalement des problème du village. Ils passent leur temps à discuter des faits divers, enfermés dans leurs bureaux, s’adonnant de temps à autre à quelques tâches bureaucratiques et ignorant superbement ce qui se passe à l’extérieur. Le délégué en fait de même, ne se réunit jamais avec les habitants et se suffit de la rencontre de quelques notables et responsables d’organismes voués corps et âme au pouvoir central. Depuis sa nomination jusqu’à son départ, trois ou quatre années après, le délégué à Jebeniana ne met jamais les pieds dans les quartiers du village, ne voit rien des innombrables calamités de ce lieu et ne se soucie guère des problèmes qui s’y accumulent. La saleté, les passants qui pissent sans gêne contre les murs en plein centre du village, les déchets qui jonchent le sol un peu partout, l’eau qui stagne et gêne la circulation, tout cela ne suscite guère son intérêt, lui qui vit la journée dans son vaste et agréable bureau et le reste du temps dans ses appartements bien agencés aux étages de la délégation Une fois par année, le gouverneur de Sfax organise une visite à Jebeniana. La municipalité consacre alors trois jours pour nettoyer, arroser et embellir le quartier où se trouvent la délégation, le poste de police, celui de la garde nationale et le bureau dfu parti au pouvoir, le RCD. Car, lorsque le gouverneur vient à Jebeniana, ce n’est nullement pour s’entretenir avec la population, s’enquérir de leurs problèmes, constater le misérable état de leur village et l’absence d’infrastructures, mais seulement pour visiter les lieux d’où émane le pouvoir, organiser une réunion avec les responsables locaux, faire honneur à un grand plat de couscous avec la viande d’agneau, appelé « meslène », puis rentrer tranquillement à Sfax. Sa visite consiste en fait à s’assurer que l’ordre musclé règne dans la région et à donner ses directives aux responsables locaux du pouvoir. Le tribunal a été construit juste une année après l’indépendance du pays, c’est à dire en 1957, au moment ou Jebeniana ne comptait qu’à peine cinq milles habitants et où les plaintes étaient moins nombreuses vu le règne de la tolérance, de l’amabilité et de la sérénité. Aujourd’hui, la population a fortement augmenté, les procès sont légion, mais le tribunal est demeuré le même, avec un seul juge, la même salle d’audience et simplement un peu plus de fonctionnaires subalternes. Il fallait voir l’audience qui a lieu tous les jeudi, avec une salle archaïque, archi-comble, un président du tribunal qui traite, l’espace de trois heures, près de 200 dossiers, dans une ambiance indescriptible d’incompréhension, de non connaissance des faits, d’expédition des plaintes, du non-respect du droit à  la parole et à la défense, de l’agressivité manifesté à l’égard des plaignants, de l’absence de temps permettant au juge d’étudier les dossiers. C’est dans de pareilles conditions, avec des avocats véreux qui font traîner les procès en demandant plusieurs fois leur renvoi, pour gagner plus d’argent, qu’une justice indigne de ce nom, se pratique. C’est tout simplement kafkaïen ! Bondés à longueur d’année, les cafés de Jebeniana expriment un fantastique baromètre pour le chômage qui touche la région. Beaucoup de jeunes y passent toute leur journée tandis que de nombreuses filles travaillent dans le secteur de la confection de vêtements pour nourrir plusieurs familles. Ouvriers, inactifs et intellectuels, tous consacrent des heures entières à taper le carton, refaire le monde, donner les solutions pour la guerre en Irak et la résistance en Palestine, raconter les dernières blagues concernant les clans au pouvoir et commenter les faits divers du village ainsi que les matchs de football. Jebeniana manque totalement d’infrastructures et de lieus de distraction. La culture y est totalement absente et la libre expression bannie. C’est pourquoi un grand nombre de ses habitants se tournent vers l’alcool pour oublier un temps soit peu la médiocrité de leur vie, tandis que d’autres prennent le chemin de la mosquée pour faire semblant de donner un sens à leur existence. Règne de la corruption, de la gabegie et du clientélisme, de l’inefficacité et de l’iniquité, dégradation morale de la population et du personnel administratif, Jebeniana est l’expression même de la négation de se qui fonde l’Etat : le bien public. Les gens n’accordent plus d’importance ni aux lois, ni aux normes, ni aux valeurs, ni aux règles que le pouvoir politique ne cessent de mettre en avant pour consolider la cohésion sociale et l’adhésion idéologique. Il faut bien dire ici que le syndrome Bourguiba a fait, et pour bien longtemps, un effet néfaste sur un peuple tunisien qui s’est habitué à un paternalisme schysophrénique, qui consiste à ce  que « le père de la nation » résolve à lui tout seul tous les problèmes de ses protégés.  C’est pourquoi les habitants de Jebeniana ne manifestent, par eux-mêmes, aucune volonté de changement face aux multiples problèmes qui les assaillent. Ils attendent, comme de coutume, un sauveur, fusse-t-il le plus médiocre des gouvernants. Il sont ainsi à l’image de l’ensemble des Tunisiens. Quant au gouvernement, qui ne se soucie dans ces régions recoulées que de l’ordre quitte à ce qu’il règne par la répression, il se contente de promesses, en lâchant de temps à autre quelques réformettes ( construction d’écoles, de mosquées, petit trançon de route de 2 kms, distribution de durées alimentaires pour nécessiteux au nom du président et du RCD, mise à disposition d’un bus pour les handicapés…), sans jamais viser l’essentiel : créer du travail, implanter les infrastructures nécessaires pour une véritables amélioration de la qualité de la vie des habitants et surtout, changer la mentalité des responsables locaux qui est trop marquée par l’hypocrisie, la corruption et l’absence totale de civisme.


La Tunisie, pays le plus compétitif d’Afrique et du monde arabe – Portée d’une distinction

 
Par AbouSarra Le rapport mondial sur la compétitivité du Forum de Davos 2006-2007 a classé la Tunisie première en Afrique et dans le monde arabe et 30ème au niveau mondial. Le très sérieux « global Competitiveness Report 2006-2007 », un véritable hit parade des pays les plus compétitifs, établit chaque année ce classement sur la base d’indices de développement technologique, de performance des institutions publiques et de la qualité de l’environnement macroéconomique. Pour élaborer son rapport, le Forum de Davos a recouru, cette année, aux témoignages de 11.000 chefs d’entreprise auxquels il leur a posé une question très simple, en l’occurrence : « où fait-il bon d’investir ? ». Résultat : élaboration d’un document fort instructif, voire un tableau de bord de l’investissement pour l’exercice 2006-2007. S’agissant du classement de la Tunisie, il s’agit d’une performance qui illustre de manière éloquente, que la compétitivité de l’économie tunisienne est sur une courbe ascendante. En une seule année (2006), Elle a fait un bond en avant de sept places par rapport à 2005 (37ème). Selon les auteurs du rapport, avec ce saut qualitatif, « Tunis récolte le fruit d’avancées institutionnelles significatives ». La Tunisie, dont les performances économiques sont, désormais, internationalement reconnues, devance une vingtaine de pays de la zone Euro comme le Portugal (34ème), la Slovaquie (37ème), Malte (39ème), l’Italie (42ème), la Grèce (47ème). Au niveau maghrébin, elle se place loin devant le Maroc (70ème), l’Algérie (76ème) et l’Egypte (82ème). Dans le monde arabe, elle se positionne devant des pays très riches tels que l’Etat des Emirats Arabes Unis (32ème), Qatar (38ème), Koweït (44ème) et Bahreïn (49ème). Elle précède également la Chine (54ème), la Russie (52ème), l’Inde (43ème) et le Brésil (66ème). Cette distinction mérite d’être mise en valeur d’autant que le classement concerne quelque 125 pays contre 115 en 2005 et que les critères d’appréciation, dénommés dans le langage du forum « piliers » ont été, cette année, affinés et durcis au maximum pour dissuader toutes ambiguïtés et autres incertitudes. Dans le détail, le rapport passe au peigne fin la situation politique, économique et financière du pays : institutions, taux de croissance, politique de change, taux d’intérêt, infrastructure, qualité de l’éducation et de l’enseignement, climat des affaires, maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), technopoles… Résultats : la Tunisie réalise de bons scores mais aussi de moins bons. Elle occupe des places de premier plan à l’échelle mondiale dans certaines sous-rubriques : 3ème en termes de « dépenses du gouvernement » après Singapour et l’Islande, 4ème en matière « d’acquisition par le gouvernement de produits technologiques » après Singapour, la Malaisie,Taiwan et le Japon, 5ème en matière de coût de politique agricole après la Nouvelle-Zélande, la Zambie, la Malaisie et l’Indonésie, 11ème en matière de qualité du système d’éducation, 10ème dans la rubrique relative au « favoritisme dans les décisions des fonctionnaires gouvernementaux », après la Nouvelle-Zélande, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Singapour, Allemagne, Norvège, Suède et Suisse et devançant tous les autres pays développés y compris la France et les Etats-Unis. Autres classements qualitatifs dans des sous-rubriques forts sensibles. La Tunisie est classée 13ème en termes de confiance dont bénéficient les hommes politiques auprès de l’opinion publique, 17ème pour le lancement dans des délais compétitifs de projets économiques, 24ème dans la sous-rubrique « fiabilité des services de police » et 28ème concernant les relations du travail. Dans certaines sous-rubriques, les scores de la Tunisie ont été moins bons. C’est le cas de l’indépendance de la justice (34ème), la qualité de l’infrastructure (36ème), la dette publique (68ème), les restrictions à l’accès des étrangers à la propriété (51ème). Bien que le rapport estime que ces scores sont « défavorables à la compétitivité », ils constituent des résultats relativement positifs au regard du total des 125 pays concernés. Ce rapport, qui fait autorité dans le monde des affaires, est très attendu par les investisseurs. Ces derniers établissent leurs investissements et placements prévisionnels futurs en fonction des analyses et classement. C’est pourquoi le classement de la Tunisie constitue, manifestement, une grande satisfaction, voire une réussite qui effleure l’exploit. Il vient renforcer la confiance dans « le site Tunisie » et conforter la place de la Tunisie. Et pour ne rien oublier, ce classement positif de la Tunisie constitue un message fort pour y attirer de nouveaux flux d’investissements directs étrangers (IDE) et renforcer ses chances d’accès aux marchés financiers internationaux privés. (Source : www.webmanagercenter.com , le 2 octobre 2006 à 05h58) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=20608


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