3 mai 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°3997 du 03.05.2011


F.T.C.R: 100 migrants tunisiens en grève de la faim à Vintimille

FIDH: Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, femme arabe de l’année

Reuters: Libye – La ville de Yafran asphyxiée par des semaines de siège

ATS:Plus de 8000 Libyens ont fui dans le sud de la Tunisie (HCR)

AFP: France: plusieurs dizaines de Tunisiens interpellés dans un foyer à Nice

AFP: Migrants tunisiens: Bruxelles demande des explications à Paris et Rome

AFP: Coups de canifs attendus dans l’espace sans frontières européen

AFP: L’armée tunisienne renforce sa présence à sa frontière sud

AFP: Le G8 appelé à adopter des « plans d’action » pour Tunisie et Egypte (Juppé)


REVUE DE PRESSE

La F.T.C.R.
 

SOUTIEN AUX 1OO MIGRANTS TUNISIENS EN

GRÈVE DE LA FAIM A VINTIMILLE EN ITALIE

La F.T.C.R. soutient la lutte des 100 migrants tunisiens qui ont entamé hier une grève de la faim dans un local appartenant à la douane italienne près de la gare de Vintimille en Italie.
L’association amie italienne ARCI soutient cette lutte ainsi que plusieurs autres associations italiennes, françaises et tunisiennes de Nice.
Les migrants tunisiens munis d’un document de séjour délivré par les autorités italiennes à titre humanitaire, demandent la liberté de circulation à travers l’Europe et un permis de travail conformément aux conventions internationales et européennes des droits des migrants.
La F.T.C.R. demandent aux autorités italiennes et françaises d’arrêter de prendre les migrants tunisiens comme des otages de leurs politiques sécuritaires et racistes, elle demande aux forces démocratiques et humanistes de se mobiliser pour permettre aux migrants récemment arrivés après la révolution tunisienne d’obtenir la régularisation de leurs situations en matière de séjour.  
Pour la F.T.C.R.
Le président Tarek BEN HIBA

Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) Communiqué

Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, femme arabe de l’année

Souhayr Belhassen reçoit le prix Takreem 2011 de la femme arabe pour son action en faveur des droits humains http://www.fidh.org/Souhayr-Belhassen-presidente-de-la-FIDH-femme


 

Samedi 30 avril 2011, Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH a reçu le prix Takreem de la femme arabe de l’année, au cours d’une cérémonie qui s’est tenue au Village culturel Katara, au Qatar.

« Je dédie ce prix aux femmes et aux hommes qui ont fait la révolution tunisienne. Je dédie ce prix à toutes les révolutions en cours dans le monde arabe », a déclaré Souhayr Belhassen lors de la cérémonie de remise des prix.

Les Prix « Takreem Achievement Awards » ont pour objectif de récompenser les grandes personnalités du monde arabe qui se sont distinguées par leurs travaux remarquables et leurs succès dans différents domaines. La catégorie « Femme de l’année » rend hommage aux femmes qui, par leurs actions, participent au rayonnement de la région arabe dans le monde. Cette cérémonie présentait les lauréats de la deuxième édition du prix « TAKREEM Arab Achievement » dans différentes catégories.  

Parmi les membres du jury, Mohamed ElBaradei, Prix Nobel de la paix 2005; Hanan Ashrawi, parlementaire palestinienne; ou encore Lakhdar Brahimi, ancien sous-secrétaire général de l’ONU.

Plus d’informations sur les « Takreem Achievement Awards » : http://www.takreemawards.com/  

Contacts presse : Karine Appy/Arthur Manet + 33 1 43 55 14 12 / + 33 1 43 55 90 19


Invitation

Le Club femmes Tahar Haddad animé par Noura Borsali vous invite à une rencontre-débat avec son Excellence Madame Saoudatou Ndiaye Seck, ambassadrice du Sénégal à Tunis et son Excellence Madame Maria Reta Ferro, ambassadrice du Portugal à Tunis qui nous parleront respectivement de la bataille pour la parité au Sénégal et de la Révolution des Œillets au Portugal. Et ce le vendredi 06 mai 2011 à 15h au Club culturel T.Haddad, rue du tribunal, Médina de Tunis.

Libye – La ville de Yafran asphyxiée par des semaines de siège


 
 
Reuters, le 3 mai 2011 à 01h12 GMT
par Tarek Amara
 
DEHIBA, Tunisie, 3 mai (Reuters) – La situation devient dramatique pour les habitants de la ville rebelle assiégée de Yafran, dans les montagnes au sud-ouest de Tripoli, privés de vivres, d’eau potable et de médicaments, ont raconté lundi des réfugiés à la frontière tunisienne.
 
Yafran, à une centaine de km de la capitale, est située dans le djebel Nafoussa, majoritairement peuplé de berbères, qui s’est soulevé il y a deux mois contre le régime de Mouammar Kadhafi.
 
De nombreuses localités ont été attaquées mais les témoignages suggèrent que Yafran, l’un des plus grands centres de population de la région, subit les plus dures pénuries.
 
Fatma Douri, une femme de 35 ans, arrivée il y a deux jours avec sa famille dans un camp de réfugiés proche de la ville frontière de Dehiba, s’est enfuie de Yafran.
 
« Si j’étais restée là-bas, mes deux petites filles seraient mortes. Imaginez! Elles n’avaient plus de lait ni de nourriture depuis des semaines », a-t-elle déclaré.
 
« Il faut absolument lever le siège de cette ville, sinon des milliers d’enfants mourront dans les prochaines semaines. »
 
Les rebelles ont pris le contrôle ce week-end du poste frontière de Dehiba-Wazin, ce qui a permis de réapprovisionner certaines villes rebelles.
 
Mais les routes, périodiquement bloquées par les forces loyalistes, ne sont pas toujours ouvertes jusqu’à Yafran, la plus à l’est des villes de la région.
 
« La vie là-bas est difficile, il n’y a plus rien à manger », déclaré Karim, venu en Tunisie pour récupérer des vivres.
 
Un autre, Massoud Chaben, est arrivé à Dehiba et compte se rendre à Tataouine pour acheter essence et nourriture. « Il n’y a même plus d’eau potable », souligne-t-il.
 
La ville est soumise à d’intenses bombardements des forces kadhafistes, soulignent d’autres habitants de Yafran arrivés en Tunisie, de même que les travailleurs humanitaires.

 

Plus de 8000 Libyens ont fui dans le sud de la Tunisie (HCR)


 
ATS, le 3 mai 2011 à 11h04
 
Genève (ats) Plus de 8000 Libyens se sont réfugiés pendant le week-end dans le sud de la Tunisie, a indiqué mardi le HCR. La plupart sont des femmes et des enfants d’origine berbère fuyant les combats entre les forces de Kadhafi et l’opposition.
 
« L’exode à partir des montagnes de l’ouest de la Libye a repris après une brève interruption la semaine dernière », a déclaré à Genève un porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) Adrian Edwards. Les réfugiés ont été accueillis à Dehiba.
 
Le poste-frontière a changé de mains ces derniers jours et a été repris par les opposants à Kadhafi, a précisé le HCR. Les résidents de Dehiba s’inquiètent des activités militaires le long de la frontière, a expliqué le porte-parole.
 
Davantage de Libyens quittent par ailleurs leur pays par la voie maritime pour se réfugier en Italie, a affirmé le HCR. Près de 3200 personnes en provenance de Libye sont arrivées à Lampedusa au cours des cinq derniers jours, la plupart originaires de pays d’Afrique sub-saharienne.
 
Quelque 8100 personnes ayant fui la Libye sont arrivées en Italie depuis le 26 mars et 1132 autres sont arrivées à Malte par bateau depuis la mi-avril, a précisé le porte-parole du HCR.

 

France: plusieurs dizaines de Tunisiens interpellés dans un foyer à Nice


 
AFP, le 3 mai 2011 à 11h32
 
NICE, 03 Mai 2011 (AFP) – Quelque 72 immigrés, essentiellement tunisiens, ont été interpellés mardi matin dans un foyer à Nice, dans le sud-est de la France, a-t-on appris de sources concordantes.
Dans un communiqué, la préfecture des Alpes-Maritimes précise que 23 des personnes interpellées ont déjà été réadmises en Italie d’où elles venaient, alors que « les autres seront placées en centre de rétention administrative en vue soit d’une réadmission vers l’Italie, soit d’une reconduite dans leur pays d’origine ».
Le communiqué de la préfecture ne précise pas la nationalité des personnes interpellées. De source proche de l’opération, on indique toutefois qu’il s’agit, dans la quasi-totalité, de migrants de nationalité tunisienne. Le dispositif mis en place pour l’opération a mobilisé 167 policiers, gendarmes et douaniers.
D’autres opérations du même ordre ont eu lieu ces derniers jours dans d’autres foyers de la région, selon la préfecture, qui ajoute que « ces opérations se poursuivront dans les prochains jours ».
Le maire de Nice, Christian Estrosi (UMP, droite) a indiqué « qu’il ne prendrait aucune mesure pour organiser un accueil qui pourrait peser sur les contribuables niçois et constituer un signal contraire à l’action que mène l’Etat en matière de contrôle des flux migratoires ».

 

Migrants tunisiens: Bruxelles demande des explications à Paris et Rome


 
AFP, le 3 mai 2011 à 14h12
 
BRUXELLES, 03 Mai 2011 (AFP) – La Commission européenne a indiqué mardi avoir demandé des clarifications à la France et l’Italie au sujet de leurs politiques controversées à l’égard des milliers de migrants tunisiens arrivant chez elles et au centre d’une polémique entre les deux capitales.
Rome doit fournir « dans un délai de deux semaines » des éclaircissements sur les permis de séjour et documents de voyages délivrés aux Tunisiens afin qu’ils puissent se rendre en France, tandis que Paris doit fournir « dès que possible » des précisions sur les contrôles effectués dans les zones frontalières avec l’Italie.
Bruxelles entend vérifier dans le premier cas que l’Italie ne distribue pas sans contrôle sérieux les documents dans le seul souci de voir les Tunisiens quitter le plus vite possible son territoire, souligne un diplomate.
Dans le cas français, l’exécutif européen veut s’assurer que les autorités ne procèdent pas à des contrôles systématiques et permanents, qui seraient en infraction avec les règles de l’espace Schengen sans frontières, souligne-t-il.
Dans le détail, il a été demandé au gouvernement italien, dans un courrier envoyé vendredi, de fournir dans un délai de deux semaines « plus de clarifications en ce qui concerne la procédure suivie et les critères retenus concernant les demandes » de permis et de documents de voyage par les Tunisiens, a souligné un porte-parole de la Commission, Marcin Grabiec.
Bruxelles veut savoir sur quoi se basent les autorités italiennes pour « établir l’identité et la nationalité des requérants ».
La Commission demande en outre ce que Rome prévoit pour les titulaires des permis italiens au bout de leur période de validité de 6 mois.
Dans le cas de la France, « la Commission demande plus de clarifications concernant les contrôles policiers dans la zone frontalière » avec l’Italie, « en particulier la fréquence des contrôles effectués, ainsi que des informations sur les lieux de ces contrôles », a souligné le porte-parole.
La question de l’accueil des migrants tunisiens a provoqué des tensions entre la France et l’Italie, des pays où la question de l’immigration a été placée au coeur du débat politique par l’extrême droite.
Plus de 20.000 d’entre eux ont débarqué illégalement sur l’île italienne de Lampedusa depuis la révolution tunisienne et beaucoup souhaitent se rendre en France. Rome leur délivre des documents leur permettant de quitter l’Italie pour d’autres pays de l’espace Schengen, ce qui irrite Paris.
Quelque 72 immigrés, essentiellement tunisiens, ont encore été interpellés mardi matin dans un foyer à Nice, dans le sud-est de la France, dont un tiers ont été réadmis en Italie d’où ils venaient.
D’autres opérations du même ordre ont eu lieu ces derniers jours ailleurs dans la région.
Des dizaines d’autres immigrés tunisiens, arrivés dans le pays via l’Italie et interpellés la semaine dernière à Paris et Marseille, font aussi l’objet de procédures de reconduites à la frontière. Les autorités entendent envoyer ainsi un signal pour dissuader de nouveaux exilés clandestins, qui suscite toutefois la colère d’associations dénonçant des arrestations « ciblant » les Tunisiens.
Engagées dans un bras de fer, la France et l’Italie ont plaidé en faveur d’une réforme de l’espace Schengen autorisant les pays à rétablir les contrôles aux frontières plus facilement. La Commission doit faire mercredi des propositions en ce sens.

 

Coups de canifs attendus dans l’espace sans frontières européen


 
AFP, le 3 mai 2011 à 14h44
Par Alain JEAN-ROBERT
 
BRUXELLES, 03 Mai 2011 (AFP) – La Commission européenne compte proposer mercredi une plus grande latitude pour rétablir les contrôles au sein de l’espace Schengen sans frontières, sous la pression de Paris et de Rome qui s’inquiètent de l’arrivée de milliers d’immigrants tunisiens.
Le rétablissement temporaire des frontières nationales est une « possibilité parmi d’autres » à utiliser dans des conditions exceptionnelles, a précisé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans une lettre envoyée en fin de semaine dernière à la France et à l’Italie.
Mais l’essentiel, estime un diplomate européen, est que le principe du rétablissement des contrôles aux frontières soit clairement signifié.
Cette révision pourrait « miner la philosophie du système Schengen », qui repose sur la confiance mutuelle entre Etats, a toutefois averti Yves Pascouau, un expert européen des questions migratoires, dans une étude publiée mardi par le Centre européen de politique (European Policy Center).
Paris, en conflit avec Rome au sujet de l’accueil des migrants tunisiens, estime que les actuelles « clauses de sauvegarde », qui permettent aux Etats de rétablir les contrôles, sont trop restrictives.
La France souhaite notamment qu’ils puissent le faire non seulement en cas de « menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure » –comme c’est prévu aujourd’hui– mais aussi en cas de « défaillance » d’un Etat dans la surveillance de ses frontières.
Un diplomate européen a cité l’exemple de la frontière gréco-turque qui constitue l’un des principaux points de passage de l’immigration clandestine en Europe.
Il est « essentiel » que le contrôle des frontières aux confins de l’Europe soit « efficace et crédible », souligne le texte que la Commission doit présenter mercredi et dont l’AFP a obtenu une copie encore susceptible de modifications.
Le rétablissement temporaire des frontières nationales doit « être une incitation à la vertu pour obliger ces pays à être plus rigoureux, plus exigeants », explique un diplomate.
La Commissaire européenne chargée des questions d’immigration Cecilia Malmström devrait aussi proposer un renforcement des compétences et de la capacité d’action de l’agence Frontex, l’organisme chargée de la surveillance des frontières extérieures de l’UE.
Ses propositions seront ensuite au menu d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur le 12 mai à Bruxelles avant d’être finalisées en juin à l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE.
« L’objectif est d’aller le plus vite possible pour renforcer la gouvernance de l’espace Schengen », a confié un diplomate d’un grand pays européen.
Toutefois, si les propositions de Bruxelles vont dans le sens voulu par Paris et Rome, le débat sur le meilleur moyen de les mettre en oeuvre n’est pas tranché. La France plaide pour un nouveau texte législatif changeant le code Schengen, afin de donner plus de poids aux modifications, alors que la Commission et certaines capitales penchent pour une procédure moins lourde de simple « clarification » des règles existantes, selon des diplomates.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a posé des limites à une modification des règles. « La liberté de mouvement en Europe est une telle réussite qu’elle ne devrait pas être renégociée », a-t-il souligné.
L’espace Schengen compte 25 Etats membres dont trois pays non membres de l’UE (Norvège, Suisse et Islande, et bientôt Liechtenstein). Il permet à plus de 400 millions de citoyens de circuler librement de la Finlande à la Grèce, du Portugal à la frontière polonaise, sans devoir montrer leur passeport.
L’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, initialement prévue en mars dernier, est toujours en suspens.

 

L’armée tunisienne renforce sa présence à sa frontière sud


 
AFP, le 3 mai 2011 à 13h41
 
POSTE FRONTIERE DE DEHIBA , 03 Mai 2011 (AFP) – L’armée tunisienne a renforcé mardi sa présence à sa frontière sud avec la Libye, près du poste-frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé dimanche en Libye dans le secteur forces kadhafistes et forces rebelles, a constaté l’AFP.
Des soldats tunisiens ont aménagé de nouvelles positions de part et d’autre de la route à 500 m du poste frontière et des véhicules Hummers de l’armée avec une mitrailleuse sur le toit circulaient sur la route. Des membres de la garde nationale tunisienne portaient désormais gilets pare-balles et fusils d’assaut.
Le poste-frontière de Dehiba avait été évacué dimanche après-midi après des des tirs à l’arme lourde entendus à une dizaine de km de là. Au moins quatre obus de gros calibre, selon l’AFP, tirés par les forces kadhafistes, avaient touché le sol tunisien sans faire de victimes, tout près de la ville de Dehiba située à 4 km de la frontière.
Forces loyalistes et rebelles s’affrontent dans cette zone depuis une semaine pour le contrôle du poste-frontière et de la route qui mène à Zenten (ouest de la Libye), un axe logistique important pour les deux camps.
Des réfugiés de Libye, fuyant les combats entre Zenten et Tripoli, continuaient de franchir mardi régulièrement la frontière. Des files de voitures, sur plusieurs centaines de mètres, attendaient le passage au poste-frontière, sous un soleil brûlant. Selon la police tunisienne, ils étaient 3.100 dimanche et 1.440 lundi.

Le G8 appelé à adopter des « plans d’action » pour Tunisie et Egypte (Juppé)


 
AFP, le 3 mai 2011 à 15h41
 
PARIS, 03 Mai 2011 (AFP) – La Tunisie et l’Egypte ont été invitées à participer fin mai à Deauville (nord) au sommet du G8 pour que les huit puissances les plus industrialisées adoptent des « plans d’action » en leur faveur et fassent réussir leur transition, a annoncé mardi Alain Juppé.
Devant l’Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française a expliqué que le président en exercice du G8, Nicolas Sarkozy, avait invité ces deux pays à Deauville « avec un objectif très précis: mobiliser les grandes puissances pour qu’elles bâtissent des plans d’action qui vont permettre à ces deux pays de faire face à leurs difficultés économiques ».
« La meilleure réponse que nous puissions apporter aux mouvements terroristes et extrémistes, c’est précisément de permettre à tous ceux qui aspirent à la liberté et à la démocratie de gagner cette transition qui n’est pas encore aboutie », en particulier en Egypte et en Tunisie, a précisé le ministre.
« Si nous les laissons s’enfoncer dans ces difficultés économiques, la transition politique sera menacée. Il est donc important que nous nous engagions à fond pour que les idées de démocratie et de liberté triomphent en Tunisie, en Egypte et fassent contagion à travers le monde arabe, y compris en Syrie », a poursuivi Alain Juppé.
Le sommet du G8 (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon, Canada, Italie) aura lieu les 26 et 27 mai.
Toujours devant l’Assemblée nationale, M. Juppé a aussi souligné que le roi Mohammed VI du Maroc avait « su proposer des réformes audacieuses » dans son pays.
Après l’attentat de Marrakech, il faut que « nous manifestions dans ces circonstances notre soutien au peuple marocain et aux autorités marocaines ». « Dans le grand mouvement de libération des peuples arabes, qui se manifeste aujourd’hui, le roi du Maroc a fait preuve d’une très grande capacité d’innovation », a fait valoir le ministre.
« Il a su proposer des réformes audacieuses, il faut que nous les aidions à les mettre en oeuvre », a-t-il souligné.
Une bombe commandée à distance a soufflé le 28 avril un café, l’Argana, sur la place Jamâa El-Fna, haut lieu du tourisme à Marrakech, faisant 16 morts –dont huit Français– et 21 blessés. L’attentat n’a pas été revendiqué.

Des réfugiés tunisiens refusent de quitter un immeuble parisien


 

130 réfugiés tunisiens, pour la plupart passés par l’Italie, ont investi depuis le 1er mai un immeuble vide dans le 19ème arrondissement, refusant hier la proposition de la mairie de Paris de les reloger.

Les matelas s’entassent, la nourriture et l’eau sont portées aux fenêtres, les réfugiés tunisiens s’organisent au 51 avenue Simon Bolivar. C’est la seconde nuit que 130 migrants du Collectif des Tunisiens de Lampedusa ont passé dans ce bâtiment vide de la mairie de Paris dans le 19e arrondissement, en face du Parc des Buttes Chaumont. Déjà occupé mi-avril par le collectif Jeudi noir, l’immeuble, sous le coup d’un arrêté de mise en péril, avait été évacué rapidement pour des raisons de sécurité.

Hier, pourtant, les squatteurs, pour la majorité des jeunes, dont quelques mineurs, ont refusé la proposition de la mairie de Paris qui prévoyait le relogement de 95 personnes dans trois hôtels le soir même, puis le reste des occupants aujourd’hui avec l’aide d’Emmaüs et France Terre d’Asile. Pour Sonia Buscarini, secrétaire générale CFDT de Paris, ces murs de fortune « ne sont pas adaptés et il serait plus raisonnable de quitter les lieux rapidement. »

Jusque là, les migrants occupaient en grande partie le Parc de la Villette, où certains d’entre eux sont restés malgréles interpellations du mercredi 27 avril. « Nous souhaitons mettre la mairie devant le fait accompli, martèle Willbourn, qui soutient le mouvement. Bertrand Delanoë doit comprendre que les mots ne suffisent pas. » Le maire de Paris s’est alarmé le 26 avril au micro d’Europe 1 du traitement réservé aux réfugiés, qualifiant de « minable » la réaction de l’Etat sur fond de débat sur l’espace Schengen.

« Nous sommes fatigués, nous avons faim, nous voulons des papiers et la liberté, manifeste Makki, un membre du collectif. Cela fait depuis fin janvier que j’ai quitté la Tunisie sans trouver de répits. » Le jeune homme, qui garde le sourire, a passé 22 heures en mer avant d’atteindre les côtes italiennes. Passé par Vintimille, il a réussi à passer la frontière en voiture jusqu’à Nice, Marseille et enfin Paris, après avoir été réexpédié lors d’une tentative avortée en train. Il vit désormais comme un SDF sur les bancs du métro ou dans des parcs d’où il est chassé régulièrement. « On n’a pas le droit de vivre ou quoi? », s’exclame-t-il lorsqu’il évoque la pression en France.

« Les migrants tunisiens découvrent avec stupeur la réalité de la France », raconte Imed, délégué du 9e collectif des sans-papiers qui assure que tout se passe bien dans le bâtiment. Pour lui, la réunion a montré la motivation des réfugiés à rester longtemps et obtenir des aides efficaces. « Depuis qu’ils sont arrivés, il y a de véritables rafles, dénonce Henri, un militant au milieu de la centaine de personnes présentes pour soutenir le mouvement. Ils souhaitent seulement être traités avec dignité. »

« La révolution, c’est l’instabilité, répond un Tunisien à une résidante excédée. Ce n’est pas une partie de plaisir, l’exil est long et dangereux. Beaucoup sont morts. » Samy, un sans-papier en France depuis quelques années, soutient les squatteurs: « Le coeur est là-bas, mais la raison est ici. Malgré mes diplômes, il n’y a rien à gagner en Tunisie. » En prison pendant 20 ans pour s’être opposé au régime de Ben Ali, il voit d’un mauvais oeil la reconstruction démocratique en cours: « Il faut de l’unité, mais rien ne va dans ce sens. »

Source : « L’express » Le 03-05-2011

Un immeuble parisien occupé par des Tunisiens


 

Une centaine de jeunes migrants ont investi un bâtiment appartenant à la ville de Paris dans le XIXe arrondissement et lancé un appel aux soutiens.

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De jeunes migrants tunisiens occupaient lundi un immeuble situé au 51 avenue Simon Bolivar, dans le XIXe arrondissement de Paris. Ils ont investi le bâtiment vers 1h du matin, selon Mouhieddine Cherbib, membre de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR). Le nombre d’occupants varie selon les sources. D’après la police, entre 80 et 100 Tunisiens sont installés dans le bâtiment, alors que certains occupants parlent de 200 personnes, dont plusieurs mineurs. La police a déployé un dispositif minimum et n’empêchait pas les allées et venues.

«Ni police, ni charité, un lieu pour s’organiser», réclamait une banderole déployée sur le bâtiment par le Collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris, qui revendique l’occupation. «Nous vivons dehors, passons de 24 à 36 heures sans fermer l’œil, nous avons peur, nous avons froid et manquons de tous les besoins fondamentaux de la vie quotidienne», explique ses membres dans un communiqué. Le collectif appelle à un rassemblement devant l’immeuble ce lundi soir et demande à ceux qui veulent le soutenir d’apporter de la nourriture et des couvertures.

«Nous voulons interpeller le gouvernement»

L’immeuble, un bâtiment insalubre qui avait été occupé par des membres du collectif Jeudi noir à la mi-avril, est la propriété de la ville de Paris, mais «ce n’est pas une action contre la mairie de Paris», a déclaré Mouhieddine Cherbib. «Nous voulons interpeller le gouvernement pour obtenir des logements décents pour ces Tunisiens.»

Yves Contassot, conseiller municipal (Vert) de la ville présent sur place, a indiqué que des négociations avec le cabinet du maire étaient en cours. «L’idée est de trouver un lieu pour 80 personnes», a-t-il ajouté, précisant que la mairie de Paris devait faire des propositions dans l’après-midi. Selon lui, certains migrants seraient prêts à rentrer en Tunisie mais en contrepartie d’une prime au retour volontaire de 2000 euros.

Selon la FTCR, ces Tunisiens dormaient depuis plusieurs jours dans des jardins parisiens, en particulier au Parc de la Villette, également situé dans le XIXe arrondissement. La semaine dernière, la police a multiplié les arrestations de migrants et a notamment mené une opération dans ce quartier, plaçant des dizaines de personnes en garde à vue. Selon Le Parisien, trois Tunisiens munis de permis de séjour temporaires délivrés par l’Italie ont été reconduits à la frontière dimanche, après le rejet par un juge de Paris de leur demande de remise en liberté.

Source : « Le Figaro » Le 02-05-2011

Le G8 appelé à adopter des « plans d’action » pour la Tunisie et l’Egypte, selon Alain Juppé


 

La Tunisie et l’Egypte ont été invitées à participer fin mai à Deauville (nord) au sommet du G8 pour que les huit puissances les plus industrialisées adoptent des « plans d’action » et fassent réussir la transition à ces deux pays, a dit mardi Alain Juppé. Devant l’Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française a expliqué que le président en exercice du G8, Nicolas Sarkozy, avait invité ces deux pays à Deauville « avec un objectif très précis: mobiliser les grandes puissances pour qu’elles bâtissent des plans d’action qui vont permettre à ces deux pays de faire face à leurs difficultés économiques ». « La meilleure réponse que nous puissions apporter aux mouvements terroristes et extrémistes, c’est précisément de permettre à tous ceux qui aspirent à la liberté et à la démocratie de gagner cette transition qui n’est pas encore aboutie », en particulier en Egypte et en Tunisie, a précisé le ministre. « Si nous les laissons s’enfoncer dans ces difficultés économiques, la transition politique sera menacée. Il est donc important que nous nous engagions à fond pour que les idées de démocratie et de liberté triomphent en Tunisie, en Egypte et fassent contagion à travers le monde arabe y compris en Syrie », a poursuivi Alain Juppé. Le sommet du G8 (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon, Canada, Italie) se tiendra les 26 et 27 mai. Toujours devant l’Assemblée nationale, le chef de la diplomatie a aussi souligné que le roi du Maroc avait « su proposer des réformes audacieuses » dans son pays. Après l’attentat de Marrakech, il faut que « nous manifestions dans ces circonstances notre soutien aux peuple marocain et autorités marocaines ». « Dans le grand mouvement de libération des peuples arabes qui se manifeste aujourd’hui, le roi du Maroc a fait preuve d’une très grande capacité d’innovation », a fait valoir Alain Juppé. « Il a su proposer des réformes audacieuses, il faut que nous les aidions à les mettre en oeuvre », a souligné le ministre. Une bombe commandée à distance a soufflé le 28 avril un café, l’Argana, sur la place Jamâa El-Fna, haut lieu du tourisme à Marrakech, faisant 16 morts – dont 8 Français -, et 21 blessés. L’attentat n’a pas été revendiqué.

 

Source : « Les Echos » Le 03-05-2011

Tunisie : l’autre Bouazizi, mémoire de la région de Sidi Bouzid


 

Professeur à l’Institut national du patrimoine, Lamine Bouazizi est spécialisé dans l’histoire de la région de Sidi Bouzid. Pour lui, la révolution aurait eu lieu même sans l’immolation par le feu de son célèbre homonyme.

Le nom Bouazizi est très répandu à Sidi Bouzid. Le plus souvent, ces homonymes n’ont aucun lien de parenté, ni même, parfois, d’affinités particulières. Premier martyr de la révolution, Mohamed Bouazizi a rendu célèbre son patronyme en s’immolant par le feu, geste qui marqua le début de la révolution tunisienne.

Avant cela, un autre Bouazizi avait acquis une grande notoriété locale. Lamine, 40 ans, diplômé en anthropologie et enseignant à l’Institut national du patrimoine, à Tunis, passe pour la mémoire de Sidi Bouzid. Ses travaux sur l’histoire de la région, les origines de sa population et les circonstances de ses révoltes paysannes successives en ont fait un interlocuteur incontournable pour mieux comprendre ce qui s’est passé. Sa frêle silhouette contraste avec son regard de braise, et sa voix fluette s’accommode de la détermination de son propos.

Après une enfance et une adolescence passées à Sidi Bouzid, Lamine est contraint de s’éloigner de sa terre natale pour poursuivre des études supérieures. Cette terre nourricière que ses ancêtres ont durement travaillée sans jamais en être les propriétaires est l’obsession de l’historien qu’il est devenu. Il se spécialise dans les questions foncières, fait des recherches spécifiques sur la région de Sidi Bouzid et publie ses articles dans les revues prêtes à défier le plus gros propriétaire foncier : l’État.

Accélérateur de révolution

« Bien sûr, analyse-t-il, que le régime RCD bridait les libertés, que la corruption, le népotisme et le clientélisme en constituaient la marque de fabrique. Mais l’erreur de Ben Ali a été de sous-estimer la capacité de mobilisation du monde paysan. » Pour Lamine, l’immolation de Mohamed n’a pas été le déclencheur de la révolution, mais son accélérateur. « Une année avant son geste, Sidi Bouzid était déjà en ébullition, un processus qui a débuté en 2005, quand des dizaines de familles de paysans ont été chassées de leurs terres sur décision du directeur de l’agriculture au sein du gouvernorat. »

Selon Lamine, si la chute de Ben Ali permet de « respirer la liberté, elle ne change pas fondamentalement les choses. Cela peut reprendre à tout moment », ne cesse-t-il de marteler dans ses prises de parole lors des meetings sur la place centrale de Sidi Bouzid, devenue le haut lieu de la révolution et un espace de débat quotidien. Lamine refuse cependant d’inscrire son action dans un cadre partisan. « Comme la majorité des gens d’ici, je me sens proche des nationalistes panarabes. Si vous cherchez une étiquette, accolez-moi celle de nassérien progressiste. »

Source : « Jeune Afrique » Le 03-05-2011

Saisie de 37 pièces archéologiques au domicile de Moncef Materi


 

 

Les agents de la brigade judiciaire à Carthage ont découvert et saisi, lundi 2 mai 2011, 37 pièces archéologiques au domicile de Mohamed Moncef Materi, père du gendre de l’ancien président, sis à Carthage Dermech.

Le chef de la brigade, Houssem Chokki, a indiqué, dans une déclaration à la TAP, que l’opération de perquisition se poursuit en vue de trouver d’éventuelles autres pièces, sachant que celles déjà retrouvées, présentent une grande valeur historique et archéologique, s’agissant de sculptures sur marbre datant des ères ottomane, hafside et même romaine.

L’importance de ces découvertes a amené les agents de la brigade et les spécialistes en archéologie à décider la poursuite des fouilles dans le domicile où les pièces ont été enfouies sous terre par des gens payés par les Materi après le 14 janvier.

A noter qu’il n’a pas été possible d’interroger Mohamed Moncef Materi et son épouse puisqu’ils se trouvent à l’étranger depuis trois mois.

Source: “Business News” Le 03-05-2011

Tunisie: Mohamed Laoucet Ayari lance l’association « Al-Chaahed »


 

Dr Mohamed Laoucet Ayari, expert et chercheur tunisien à l’Agence spatiale américaine (NASA), a donné, lundi, à Carthage, banlieue nord de Tunis, une conférence de presse, au cours de laquelle, il a présenté les objectifs de l’association Al-Chaahed qu’il vient de lancer en Tunisie après avoir obtenu le visa du ministère de l’Intérieur, le 2 avril 2011. Dr Laoucet Ayari a indiqué avoir formulé sa demande de création de cette association depuis 2009, laquelle demande avait été rejetée par l’ancien régime, ajoutant que le but premier de son association est scientifique. Il s’agit, surtout, de diffuser la culture de l’astronomie et de l’ingénierie spatiale auprès des jeunes générations. L’association Al-Chaahed qui compte deux bureaux, l’une à Kairouan et l’autre à Sfax, s’attachera à drainer les élèves pour les sensibiliser à la découverte de l’espace et leur apporter une formation pratique dans ce domaine, tout en les impliquant dans des concours internationaux et en aidant les plus doués d’entre eux à obtenir des bourses d’études auprès d’universités internationales spécialisées. Le savant a, également, expliqué que les recherches technologiques ont un grand impact sur notre vie quotidienne et contribuent à la promotion de l’économie, indiquant qu’il compte fabriquer des outils d’observation en Tunisie, ce qui devrait permettre de générer des emplois. Dr Ayari est l’inventeur du télescope Al-Chaahed qui permet l’observation du croissant, et autres applications géologiques, météorologiques et spatiales. Il est, également, possible d’utiliser Al-Chaahed pour la mesure de la pollution et de la température de la terre ainsi que pour détecter l’érosion, a expliqué l’inventeur de ce télescope.

Source : « Espace Manager » Le 03-05-2011

Tunisie. Les magistrats montent au créneau


L’Association des magistrats tunisiens (Amt) a décidé une grève générale avec présence sur les lieux du travail pour le 5 mai. Elle a aussi appelé à un rassemblement devant le siège du ministère de la Justice, samedi matin.

Dans une motion issue de la réunion du conseil national, le 1er mai, à Sfax, les magistrats dénoncent «la déformation de l’article 8 du projet de décret-loi relatif à l’Instance pour les élections», déformation qui porte atteinte à sa neutralité et à son indépendance.

Elimination des symboles de la corruption Ils ont, dans le même contexte, décidé de suspendre, pour une semaine, la participation de leur association à la Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, «suspension qui pourrait être suivi d’un retrait au cas où le décret-loi ne sera pas conforme au projet initial». Ils ont, également, fait part de leur attachement à l’accélération de l’élimination des symboles de la corruption au ministère de la Justice, tout en veillant à ce qu’ils rendent des comptes pour leurs méfaits. Ils considèrent, dans ce sens, que les décisions prises, jusqu’à maintenant, ne répondent pas sérieusement aux demandes d’assainissement. Par ailleurs, les membres du conseil national de l’Amt ont réaffirmé leur refus catégorique des dispositions de l’article 17 du décret-loi n°14 de l’année 2011, en date du 23 mars 2011, portant organisation provisoire des pouvoirs publics.

Election de conseils supérieurs provisoires de la magistrature Ils appellent à sa révision conformément aux exigences de l’étape transitoire, avec l’élection de conseils supérieurs provisoires de la magistrature qui seront chargés de l’administration de la justice et l’instauration d’un mouvement des magistrats juste et transparent, avec la participation de l’Amt. D’autre part, les magistrats enregistrent, dans leur motion, «l’échec des négociations avec le ministère de la Justice», pour lesquelles avaient été suspendues la grève et le sit-in de protestation. Les magistrats ont, également, adopté la création de bureaux régionaux de l’Amt, de même qu’ils ont proposé d’amender l’article 13 des statuts de leur association et d’élargir à 9 membres la représentation des magistrats dans le bureau exécutif. Il convient de noter qu’une première version d’un projet de décret-loi organisant le Conseil supérieur de la magistrature (Csm) vient d’être élaboré dans le sens de «la garantie de son indépendance du pouvoir exécutif» et l’élection de tous ses membres, a appris l’agence Tap de source responsable au ministère de la Justice. Ce projet, précise la même source, a été soumis à l’Amt, afin qu’elle présente ses suggestions à ce sujet en attendant la constitution d’une commission mixte pour l’élaboration de la version définitive du projet de décret-loi.

Source : « Kapitalis » Le 03-05-2011

 

 

Yassine Ayari, l’heure est grave, encore et toujours


 
 
« L’heure est grave », c’est par cette exclamation que Yassine Ayari, l’un des plus célèbres cyber-activistes tunisiens, avait pris l’habitude de débuter ses séquences vidéo sur Facebook dans lesquelles il fustigeait, bien avant le 14 janvier, la censure Internet orchestrée par le régime de Ben Ali. Mais la contre-politique est une seconde nature chez Yassine et rien n’aura étanché sa soif de changement, ni le départ du Président déchu, ni la dissolution de son parti ni même le départ de Ghannouchi et des derniers ministres RCD du gouvernement de transition. Dans ce café branché des Berges du Lac où je le rencontre, Yassine s’inquiète du prolongement de la présence des militaires dans les cités tunisiennes et parle de leur état de fatigue physique et mental qui pourrait être à l’origine d’une bourde. Il se demande aussi où sont passés les millions de dollars d’aide reçus par la Tunisie depuis la révolution alors qu’on n’entend qu’un discours axé sur les caisses vides de l’Etat. Il doute aussi de la volonté du premier ministre actuel d’en finir avec les ombres du passé ayant lui-même été aux affaires quelques décennies en arrière. Il peut continuer ainsi longtemps, Yassine, à développer, analyser et argumenter, avec patience et méthode, ses critiques. Les 20.000 nouveaux recrutements prévus pour la fonction publique d’ici le début du mois de juillet ? Ils ne feront qu’aggraver le sur-effectif dont elle souffre déjà. Quant aux nouvelles filières de professionnalisation annoncées, elles existaient déjà et on n’a fait que les sortir des cartons. Yassine est une inépuisable sentinelle, un incollable critique, un éternel insatisfait. Beaucoup le trouvent adepte de la théorie du complot, d’autres l’accusent de couper les cheveux en quatre, de voir le mal partout mais Yassine n’en a cure, il continue à défendre ses idées et prises de position avec opiniâtreté mais toujours dans la non-violence, la marque de fabrique de tous les activistes du web tunisien. Rencontre avec ce jeune informaticien de 30 ans qui vit en Belgique mais rentre très prochainement définitivement en Tunisie. On n’a qu’à bien se tenir car nul n’est à l’abri de ses foudres.
 
Bab Souika. C’est là qu’est né en 1981 Yassine Ayari. Mais de ce quartier tunisois il aura très vite à bouger pour arpenter une multitude de villes tunisiennes au gré de la carrière militaire de son père. Il sera ainsi toujours le petit nouveau à l’école, « mais du coup j’ai des amis partout, dit Yassine, et j’ai très tôt eu la conscience que Tunis n’est pas la Tunisie. J’ai habité à Jendouba, Kasserine, Jebel Ouest ». A Remada, il parcourt chaque matin, comme tous les autres enfants, les huit kilomètres qui le séparent de son école et dans les villes frontalières de l’Algérie, il côtoie ces populations oubliées qui vivent du trafic d’essence et de marchandises en tout genre parce qu’elles n’ont pas d’autre choix pour survivre. A la maison, Yassine vit entouré de livres et a la chance de profiter de sa mère qui se consacre à l’éducation de la fratrie.
 
Elève brillant féru d’histoire et de mathématiques, petit génie de l’informatique, Yassine est admis au lycée Bourguiba où il constitue le cauchemar des professeurs, refusant entre autres de lire la déclaration du 7 Novembre en classe, mais le moment qui signe le début de sa véritable conscience politique se passe dans le métro de Tunis. Avec ses camarades de classe, tous des tabliers vêtus, il discute et rigole. Un policier en tenue lui dit de rire moins fort. « Pourquoi ?, demande Yassine ». La réponse est une gifle qui fait s’écrouler ce symbole de l’autorité publique que constitue un policier en tenue censé représentant l’Etat de droit et la défense du citoyen contre les injustices. Cette offense fait naître en lui un sentiment de révolte qui se double d’impuissance lorsque son père, le militaire, préfère ne pas porter plainte.
 
En 2000, Yassine réussit brillamment son Bac Maths et intègre l’école préparatoire de Nabeul, l’IPEIN. Là, il se présente aux élections de représentation des étudiants et échoue lamentablement ne s’étant allié ni au RCD ni à l’UGET qui contrôlaient l’Institut. « Seul mon meilleur ami et ma copine de l’époque ont voté pour moi, raconte-t-il ». Il récidive lorsqu’il intègre l’IPEIT à Tunis et réussit, « mais j’ai été un piètre délégué je crois parce qu’à chaque fois que je demandais quelque chose au directeur, il me disait ok et ne faisait rien ». Toujours brillant dans ses études, Yassine est tellement confiant qu’il ne passe que le concours français d’accès aux grandes écoles où il échoue, malheureusement, à l’oral. Les portes de l’avenir se referment et ses parents passent l’été à lui rappeler cet échec pitoyable. C’est alors qu’avec un visa de tourisme pour la France et 180 euros dans la poche, il débarque à Paris, une sorte de défi personnel pour montrer à ses parents qu’il n’est pas un loser. Yassine utilise ses économies pour insérer une annonce dans un journal pour réparation à domicile d’ordinateurs et c’est de cela qu’il vit toute l’année qu’il consacre à la préparation du concours d’entrée aux grandes écoles françaises. Ce revenu ne lui permettra pas de louer ne serait-ce que quelques mètres carrés parisiens, « alors les gares, les ponts, les jardins publics, les clochards, je connais. Je pouvais passer trois jours sans manger ». Le jour, Yassine prend le bus qui fait le tour de la capitale française et c’est là qu’il préparera son concours. « Un soir du 24 décembre, il faisait -8°C, j’étais seul et j’avais tellement froid sur mon banc public que je me suis mis à parler à ma cigarette ». Le Cristal, ce compagnon des jours de misère est toujours l’ami fidèle dans lequel puisera régulièrement Yassine Ayari tout au long de notre entretien. Bien que ces heures de mauvaise fortune ne soient plus qu’un mauvais souvenir, le Cristal, lui, est toujours là, peut-être pour lui permettre d’humer l’air que respirent les pauvres et les démunis dont il a partagé, pendant quelque temps, le quotidien.
 
Entre-temps, dans le microcosme des Tunisiens de Paris, il rencontre celui qui fera son éducation de la politique tunisienne en cassant tous les totems. Il lui révèlera la réalité de tous ces opposants de façade et autres contestataires de la figuration qui se nourrissent de la souffrance des classes populaires tunisiennes et crient assez fort pour obtenir des financements d’institutions internationales qui souhaitent favoriser la pluralité démocratique et les droits de l’homme. Yassine gardera depuis une profonde désillusion et une défiance exacerbée envers les politiques de tous bords.
 
A la fin de l’année, auréolé de sa réussite au concours, il rentre à Tunis pour préparer ses papiers pour l’inscription en France. Mais c’est sans compter sans l’intransigeance du consulat français à Tunis qui refuse à un Tunisien qui a vécu sans papiers en France pendant une année un visa d’étudiant. L’inscription dans une grande école française et même le contrat de travail qu’il aura décroché entre-temps n’y feront rien. Yassine se rabat alors sur l’école supérieure privée Esprit à Tunis où il poursuivra avec succès ses études et intègre, en 2007, le monde professionnel. La même année, il ouvre son premier compte Facebook qu’il utilise, entre autres, pour égrener ses critiques. « Je n’ai jamais utilisé de pseudo mais j’ai toujours veillé à publier ce que je pouvais assumer, raconte Yassine ». C’est donc à demi-mots qu’il pourfende la censure Internet et les pratiques mafieuses du clan gouvernant. Les sanglantes répressions lors du soulèvement du bassin minier de Gafsa en 2008 feront monter d’un cran ses prises de position. Il se déplace à Redeyf, filme et partage ses vidéos où il raconte la détresse des gens, les arrestations arbitraires et sa profonde amertume. Sa page Facebook est alors censurée. Ce n’est pas tout. En rentrant d’un voyage d’affaires en Libye, Yassine est accueilli par deux agents, qui s’avèreront être du renseignement, qui lui feront subir un interrogatoire et lui signifieront, en toute amabilité, qu’il est en train de dépasser les lignes rouges. Un petit avertissement qui était loin de décourager le jeune informaticien.
 
En 2009, c’est les élections législatives en Tunisie. Yassine propose à ses amis de quartier au Bardo de se présenter. Aucun d’eux n’ayant jamais fait de politique, c’est en indépendant que Yassine présente sa liste à Béja avec les quatre amis qu’il arrive, très difficilement à rassembler. Pourquoi Béjà ? Parce que c’est le gouvernorat le plus proche qui ne nécessitait qu’une liste de cinq personnes au minimum. Le gouverneur de Béja n’accepte de rencontrer les cinq jeunes candidats que sous la menace d’une campagne médiatique internationale et lorsqu’ils lui assurent qu’ils n’ont aucune chance de gagner les élections. « Là, j’ai compris l’absurdité du système, raconte Yassine, qui est telle que cinq gamins qui viennent déposer une candidature pour des législatives dans une ville du nord du pays sont considérés comme un danger». La liste est finalement invalidée !
 
Sur son mur Facebook, Yassine poste toujours de petites phrases assassines à peine voilées : « Pas de présidence à vie, extrait de la déclaration du 7 Novembre 1987 » ou encore « où est le changement ?». Ces affronts virtuels deviennent rapidement insuffisants pour Yassine qui décide de passer à l’action concrète avec l’organisation de la journée Nhar 3ala Ammar en mai 2010. Il est arrêté en plein Avenue Bourguiba alors qu’il s’apprêtait à rencontrer Slim Amamou pour, justement, annuler l’opération qui coïncidait avec la finale de la coupe de football de Tunisie. Il passera 14h au poste de police sans manger à entendre les obscénités de ses tortionnaires qui ne veulent pas croire qu’il n’y a aucune organisation derrière cette opération et qu’elle est vraiment le fait d’un groupe de jeunes tunisiens qui réclament tout simplement liberté et justice pour tous. Après avoir signé des papiers qu’il était trop fatigué pour déchiffrer, Yassine est reconduit chez lui. Son accompagnateur lui ordonne de ne quitter son domicile que lorsqu’il le rappelle. On attend encore son appel.
A Telnet où il travaille, Yassine ne reçoit aucun avertissement formel mais ses collègues l’évitent soigneusement même lors du déjeuner où il s’attable toujours seul à la cantine de l’entreprise. Au milieu de cette ambiance lourde, il décide de quitter la Tunisie surtout qu’une entreprise belge lui fait une offre professionnelle intéressante. De Bruxelles où il s’installe, il continue à militer à travers le web, débarrassé de la censure. Dès le 22 décembre 2010, Yassine se met en contact avec ses amis dans les régions insurgées de la Tunisie et inonde le web des informations qu’il reçoit. Il constitue un réseau fiable qui lui file au jour le jour les informations locales. Un soir, un ancien copain l’appelle d’un taxiphone la voix tremblante : « tu es recherché par la police tunisienne, si tu rentres en Tunisie, tu seras arrêté tout de suite ».
 
Lorsque Slim Amamou et Aziz Amami sont arrêtés le 6 janvier 2011, c’est la mobilisation pour Yassine et ses amis qui établissent un véritable quartier général et se relaient pour alerter le monde, les agences de presse internationales et Internet à travers des vidéos et des communiqués de presse sur l’arrestation arbitraire des jeunes cyber-activistes et sur les morts qui continuent de tomber sous les balles de la police. « Nous avons passé 600 fax en une seule nuit, se rappelle Yassine. A un euro le fax, la facture a été salée ». Frustré de ne pouvoir rentrer à Tunis et ne sachant que faire pour évacuer sa frustration, Yassine appelle, le 14 janvier 2011 vers 18h, le ministère de l’Intérieur tunisien. Il décline son identité et se lance dans une prolifération d’insultes aussi dégradantes les unes que les autres. Ses interlocuteurs lui rendent la pareille. C’est alors que Yassine voit défiler sur l’écran de sa télévision la nouvelle de la fuite de Ben Ali qu’il annonce en direct aux agents du ministère au bout du fil. Ces derniers changent brusquement d’attitude et s’érigent en victimes obéissant à des ordres qu’ils n’ont pas la capacité de discuter. La Tunisie vient de basculer dans l’après-révolution. Quelques jours après, Yassine rentre respirer l’air de la liberté qu’il a tant attendue et espérée. Depuis, il est toujours aussi vigilant et ses prises de positions aussi virulentes car le combat continue et l’heure est toujours grave pour Yassine
 
Anissa Ben Hassine
 
(Source: www.leaders.com.tn le 2011-04-29 )



Par Abdallah Rihani

écrit de Montréal – Des arguments qui justifient le bannissement des Rcdistes, visages de l’échec de la décision et de l’influence sur la vie politique en Tunisie.

La dictature et la chute dans le vide, subies par le peuple et le pays, étaient-elles nécessaires et inévitables? Si oui, est-ce que cela veut dire que la même descente aux enfers peut encore survenir en Tunisie dans le futur sans que personne ne pourrait rien empêcher?

Les coûteuses erreurs du passé Ces questions s’imposent car en novembre 1987 le jeu politique n’était pas cristallisé ni figé et il ne le deviendra que plus tard après plus de 18 mois environ. Durant cette première période tout le monde a succombé à la liesse, les hommes politiques en particulier n’avaient pas saisi l’opportunité pour faire le travail pour lequel ils sont généralement choisis ou élus. Ce travail consiste à négocier, au nom des groupes ou des associations, pour soutirer des concessions, réaliser des gains et se donner des garanties contre les volte-face et les manipulations. À cet égard, les forces vives du pays n’avaient-elles pas fait montre d’inconséquence politique et de faiblesse grave d’évaluation et de vision en 1987? La réponse est claire ici puisque ces forces n’avaient pas montré une grande volonté de changement ni la conviction ferme de mettre un terme aux habitudes non démocratiques et despotiques imposées par Bourguiba et les Destouriens peu de temps après l’indépendance. Le syndicat Ugtt, certes toujours surveillé, toujours réprimé, n’était pas en position de requérir quelque garantie que ce soit contre le retour des campagnes sanglantes et des machinations dont il était régulièrement l’objet. Mais le syndicat national n’était pas le seul à se rallier en 1987 sans gain substantiel, toutes les formations de l’opposition politique tunisienne s’étaient montrées optimistes, bien disposées envers Ben Ali, pourtant reconnu pour être le responsable de la boucherie sanglante du 26 janvier 1978. Ces forces n’avaient montré aucune méfiance envers le successeur autoproclamé de Bourguiba et ses complices conspirateurs. Cela aussi malgré le fait que les moyens utilisés par le trio Baccouche-Ammar-Ben Ali étaient llégaux, violant les lois et passibles de peines très sévères. Tout avait été accepté. Moins que tout le monde, en novembre 1987, les Destouriens n’avaient montré aucune réticence envers les actes posés et aucune méfiance envers les possibles dérives du nouveau chef qui s’était imposé. Ce point est important à souligner car il permet de rappeler que les coups de force et les conspirations sont des traits associés à la pratique historique du Destour depuis bien avant l’indépendance de 1956. Pas étonnant alors que ses membres, en 1987, n’aient rien trouvé d’anormal au mépris des lois pour ensuite accepter aussi l’usage étendu et abusif de la force et de la torture contre les citoyens et comme moyens valables pour atteindre des objectifs politiques contestés par la société. Il faut aussi rappeler que le Destour a toujours disposé d’une milice aux ordres capable de violenter les étudiants, de briser les grèves, d’agresser les opposants, leurs enfants, conjoints, proches et voisins. En novembre 1987, la fameuse déclaration programme (ou, plutôt, le mensonge) lue par Ben Ali avait causé une joie que le peuple, débarrassé du spectacle quotidien d’agonie que projetait Bourguiba, n’avait pas cherché à gâcher. Le peuple n’a pas réclamé, et les élites avec lui, des garanties pour une véritable vie démocratique et une rupture, véritable et définitive, avec les pratiques défaillantes du passé. Tout le monde doit tirer les leçons pour le temps présent, trois mois et demi après la révolution du 14 janvier 2011. Bien sûr, le contexte était particulier, nul ne peut oublier qu’en 1987, les conditions politiques et sociales étaient difficiles, incomparables avec celles de 2010-2011. Il faut cependant rester lucide et se dire, comme notre passé l’illustre bien, que le remplaçant d’un tyran ou d’un dictateur ne sera pas forcément un démocrate acquis à l’ouverture et immunisé contre les dérives autoritaires. Il faut espérer le meilleur mais se préparer aussi à affronter le pire s’il se présente. Notre propos veut souligner ce qui suit: toutes les garanties qu’un peuple peut se donner contre les dérives autoritaires et dictatoriales sont légitimes, beaucoup moins regrettables et beaucoup moins dommageables pour la collectivité et les individus que les malheurs et la terreur que l’absence de ces garanties peut occasionner. Le 7 novembre 1987, le Parti-État Destour croyait avoir trouvé un sauveur, disait-on, il a fallu peu de temps pour que le pays découvre le dictateur sanguinaire qui se cachait derrière. Il faut rappeler ces faits pour que la même erreur ne sera pas répétée aujourd’hui, surtout que nous voulons changer véritablement de siècle, devenir et rester un peuple libre de ses choix et de son destin.

Les médias, la dictature et la contre-révolution L’affirmation de Ben Ali comme dictateur a été rapide et ceux qui ont facilité sa mue maléfique dès sa prise du pouvoir sont les élites. Rapidement, les bien-pensants de l’époque se sont soumis. Journalistes, écrivains, académiciens, commentateurs, conseillers et autres intervenants des médias se sont mis à plat ventre devant lui. Les habitudes établies sous Bourguiba ont été reconduites et renforcées avec le nouvel homme fort du Destour. Les journalistes ne posaient pas de questions gênantes, ni au dictateur ni à ses collaborateurs; ils ignoraient les arguments dérangeants et se taisaient surtout, au lieu de relever les mensonges ou de dénoncer les abus. Cela alors que les membres du Rcd, au gouvernement comme ailleurs, devenaient les champions mondiaux de la démagogie et d’une langue de bois digne des pires dictatures de l’ancienne Europe de l’Est stalinienne. L’autocensure s’est installée pour devenir, petit à petit, la règle. Les honnêtes gens, incapables de travailler dans de telles conditions, se sont faits discrets ou se sont retirés de la place publique la cédant, tout entière, aux médiocres. Ce sont ces derniers qui vont profiter de l’occasion pour devenir les seuls à parler au nom du pays, à le représenter à travers le monde et pour s’allier à des puissances étrangères. Parmi celles-ci, certaines haineuses, étaient bien satisfaites de voir que la Tunisie et son peuple devenaient une entité sans âme, un corps sans vie disponible pour toutes les manipulations et toutes les machinations hostiles à son autonomie, ses attaches, son histoire, sa religion, sa culture et son aspiration à l’unité arabe. Avec la dictature, le loup s’était installé dans la bergerie et le berger lui donnait un coup de main. Quoi que disent les tenants de la réconciliation pressée d’aujourd’hui, l’univers de plomb instauré par Ben Ali n’a pas rebuté les destouriens rcédistes, bourguibistes ou non. Aucune indignation notable, aucune sortie des rangs à laquelle ils peuvent s’accrocher. Tout indique, hélas, que les avantages tirés par ces individus et leurs familles les rendaient aveugles et insensibles à ce qui accablait le reste de la population. Après 52 ans de règne sans partage, leur sortie d’une telle bulle ne pouvait qu’être brutale. Ils vivent la révolution du 14 janvier comme une catastrophe sans pareille, un désastre auquel ils ne s’attendaient pas. Ils ne pouvaient imaginer que leur dictateur serait chassé et que le système tentaculaire qu’ils ont créé avec lui allait s’effondrer et serait neutralisé sans recours à la violence, par un peuple aux mains nues, sans complot ni aide d’étrangers tirant les ficelles, sans revanches ni expressions de haine. Il est temps de tenir ces figures de l’échec, loin des centres de décision et d’influence sur la vie politique du pays. Ils ont des compétences dites-vous, rien ne les empêche de les exercer pour participer au développement et à la diffusion de la prospérité et des bonnes conditions de vie là où ils se trouvent sans chercher à tout corrompre ni à tout contrôler de la vie de leurs concitoyens. * Politologue universitaire vivant au Canada, qui a enseigné l’économie politique et l’histoire aux universités de Montréal (Uqamet UdM).

Source : « Kapitalis » Le 03-05-2011

Mohamed Ali Ganzouî convoqué devant le juge d’instruction


 

Mohamed Ali Ganzouî passera, mercredi 4 mai 2011, devant un des juges d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis pour répondre des accusations de torture qui lui sont reprochées alors qu’il occupait les postes de directeur de la sûreté nationale et de secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé de la sûreté. Mohamed Ali Ganzouî serait impliqué dans deux affaires de torture dont l’une où il est associé à Abdallah Kallel. D’autre part, un des juges d’instruction a entendu, lundi et mardi 2 et 3 mai 2011, un haut officier de l’armée nationale, en qualité de victime et témoin dans l’affaire de «tentative de coup d’Etat », plus connue sous d’appellation de « l’affaire de Barraket Essahel » au début des années quatre vingt-dix. Et on croit savoir qu’Abdallah Kallel doit comparaître, prochainement, dans le cadre de cette affaire où il est accusé, également, de torture.

Source: “Business News” Le 03-05-2011

Thema – Nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité dans l’espace euro-méditerranéen


« La réalité est, malheureusement, différente des aspirations politiques et des écrits sophistiqués »

 

Interview de Rym Ayadi : Directrice de recherche au Centre d’études des politiques européennes à Bruxelles – Quel nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité post révolution ? Il est certes un vrai défi de donner des réponses sans ambiguïtés politiques sur cette question de nature déjà ambiguë. Y avait-il un pacte de démocratie, de développement et de sécurité auparavant, pour parler d’un nouveau ?

Serait-il peut-être plus pertinent de se demander comment construire ensemble un pacte de démocratie, de développement et de sécurité durable pour l’espace euro-méditerranéen ? Rym Ayadi, Directrice de recherche au centre d’études des politiques européennes à Bruxelles, experte des développements économique, financier et politique, en Europe et dans la région MENA dirige depuis avril 2010 le consortium euro-méditerranéen (MedPro). Elle a animé lors du dernier forum international de Réalités un panel sur le nouveau pacte pour la démocratie, le développement et la sécurité dans l’espace euro-méditerranéen.

• Le Temps: Quel nouveau pacte de démocratie, de développement et de sécurité post révolution ?

• Rym Ayadi: Il est certes un vrai défi de proposer des réponses sans ambiguïtés politiques sur cette question de nature déjà ambiguë. Y avait-il un pacte de démocratie, de développement et de sécurité auparavant, pour parler d’un nouveau ? Les événements historiques qu’ont connu les pays du Sud de la méditerranée ont jeté l’ancre sur une vague de questions sur les politiques euro-méditerranéennes des dernières décennies. Des politiques qui viraient plus à l’échec qu’à la réussite pour certains (ou même pour la plupart). Commençons d’abord par comprendre les anomalies de ces politiques pour pouvoir aller en avant et ne pas se trouver prisonnier dans la même cage des concepts et aspirations politiques qui restent du domaine de la théorie. La révolution de la rue tunisienne a mis en exergue trois notions qui sous l’effet des masses ont interpellé les décideurs politiques des pays développés et ont exigé une révision de leur position politique vis à vis des dictateurs qui jadis servaient confortablement leurs intérêts sécuritaires et économiques. Trois notions fondamentales pour tout être humain : la liberté, la dignité et la justice qui ont été oubliées et bafouées dans le règne du régime déchu et qui après la révolution devraient être préservées et respectées comme objectifs dans la nouvelle Constitution tunisienne. Une autre notion que le peuple tunisien a hautement montré au reste du monde, la solidarité non seulement pour restaurer la sécurité des quartiers quand le système sécuritaire a fait défaillance mais aussi pour accueillir à bras ouverts les frères libyens qui fuyaient un autre dictateur engagé à consolider son crime contre son peuple et les bombes de l’Occident qui visaient à raser les troupes pro-dictateur…

• Comment de telles notions censées être des valeurs universelles ont pu sonner l’alarme sur des politiques renforçant des régimes qui les bafouaient ?

-Prenant le cas de la Tunisie, qui a signé un accord d’association avec l’Union européenne en 1995, dans le cadre du fameux processus de Barcelone, qui théoriquement visait à renforcer la coopération et dialogue politique principalement à travers des réformes de nature démocratique et de bonne gouvernance (qui normalement aurait eu pour résultante l’ancrage de la dignité des citoyens et le droit à la justice), de renforcer le dialogue culturel à travers la promotion de la société civile (qui naturellement nécessite une société libre), et la coopération économique ayant pour cible la mise en place d’une zone de libre échange en 2010. Cependant, la réalité est malheureusement différente des aspirations politiques et des écrits sophistiqués. Une coopération qui a largement focalisé sur les aspects et réformes économiques et a omis les aspects et réformes politiques. Une politique qui en pratique s’est trouvée soutenir inconditionnellement des régimes non démocratiques (et tout ce qui va avec de la corruption au non respect de la dignité, la justice et la liberté des citoyens) et sous le prétexte de la poursuite sans questionnement des réformes économiques libérales et de records économiques globaux qui en résultent (une croissance soutenue à hauteur de 3 à 4 %, une augmentation relative du PIB par tête (en moyenne)), tout en mentionnant une balance commerciale déficitaire pour la plupart du temps (à l’exception de l’Algérie et la Libye qui tous deux exportent du gaz et du pétrole), et d’une coopération aveuglée dans la lutte contre le terrorisme et les migrations illégales (qui sont révélés par les licences accordées pour les exports des armes et autre produits (qui d’ailleurs ont été utilisés contre les manifestants pacifiques), sans se soucier du partage équitable des richesses entre les régions et classes, la création de l’emploi (dans des pays où les niveaux de chômage des jeunes ont dépassé les 30%). Un diagnostic à résultante maigre pour la rive sud, auquel s’ajoute une crise économique européenne qui ne fait qu’accentuer les problèmes économiques et de marché de travail surtout pour les pays à grande dépendance à l’égard de l’Union Européenne, tels que la Tunisie ; et qui rend les questions budgétaires hautement pénibles. Les relations euro-méditerranéennes ont aussi souffert des divergences politiques au sein de l’union européenne, surtout que les pays du nord de l’Europe et l’Allemagne sont plutôt virés vers l’est que vers le sud. Une divergence qui rend toute politique européenne vis-à-vis du sud obsolète et peu cohérente.

• Pourrait-on parler de pacte euro-méditerranéen pour la démocratie, le développement et la sécurité ?

-Au vue de l’action militaire hâtive sur la Libye initiée par la France, de la décision de la France de réviser l’accord de Schengen, un pilier de la construction Européenne, due aux quelques milliers de Tunisiens qui fuient leur pays faute d’emplois, de l’enveloppe de quelques centaines de millions d’Euros accordée à la Tunisie et à d’autres pays du sud pour soutenir leur quête vers la démocratie, est ce qu’il y a eu vraiment un changement de politique ? Ou c’est un faux semblant de soutien conditionné pour préserver cette position fragilisée par les erreurs politiques ? Le 8 Mars, pour répondre aux rues arabes de voisinage, le partenariat ambitieux lancé par la commission européenne pour la démocratie et la prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée, relance l’espoir. Une promesse européenne pour soutenir les processus de démocratisation et renforcement des institutions, un partenariat renforcé avec les populations (sur l’appui de la société civile et les programmes d’échanges), et la promotion d’une croissance et un développement économique durables et inclusifs, grâce au soutien des PME, à la formation professionnelle, l’amélioration des systèmes de santé et d’enseignement et au développement des régions peu favorisées tout en introduisant le concept de différenciation et une enveloppe budgétaire plutôt maigre largement allouée au contrôle des frontières, aux aides humanitaires résultant de la crise libyenne et au soutien à la transition démocratique. Rappelons nous de l’allocation de l’union Européenne de base à la Tunisie de 17 M € en deçà des espérances. Une révision est en cours de la politique de voisinage et la volonté de passer à des statuts avancés tout en renforçant le dialogue politique et le concept de différenciation. La différenciation est une stratégie incitative : les pays allant plus loin et plus vite dans leurs réformes pourront compter sur un soutien plus important de la part de l’UE. Les aides seront réallouées ou recentrées lorsque des pays prennent du retard dans la mise en œuvre des programmes de réforme approuvés ou s’ils en réduisent la portée. Une stratégie attrayante sur papier, mais difficile à mettre en exécution car elle nécessite un système de monitoring performant sur place. Dans ce cadre, le rôle de la société civile est essentiel. Renforcer leur capacité est la clé pour suivre les réformes et à participer efficacement aux dialogues concernant les politiques à mener. Le risque est une course vers le bas. La société civile doit en profiter de programmes de jumelage et de formation pointus. Un autre volet essentiel de la coopération est la facilitation de la mobilité. La commission proposera des directives spécifiques qui seront ou pas adoptées par le conseil et le parlement européen. Dans le long terme, la commission aspire à libéraliser le régime des visas au cas par cas. Une stratégie ambitieuse qui risque d’être bloquée par les événements des derniers jours à Lampedusa et la décision dela France de la révision des accords de Schengen .Un autre domaine d’une importance fondamentale dans la région est la promotion du développement économique inclusive à travers la promotion du secteur des MPME, un secteur clé pour la création des emplois. Dans ce cadre l’accroissement du portefeuille de la BEI (de plus 1 Milliard€) est le bienvenu ainsi que la possibilité que la BERD intervienne dans le financement des PME dans la région. L’Union pour la Méditerranée jouera aussi un rôle dans le développement des PME en facilitant l’accès au financement, et au renforcement de la capacité dans le cadre de la sixième initiative pour le développement du secteur privé. S’ajoute à ceci, la nécessité d’adopter dans les plus brefs délais les règles d’origine préférentielles pan euro méditerranéennes et de revitaliser la coopération entre secteurs (particulièrement les secteurs du tourisme et de l’agriculture et de lever les obstacles tarifaires et non tarifaires face aux produits du sud. Sur le plan politique, l’UE a un rôle pivotal dans le processus de paix en Proche Orient. La mise en place d’un Etat palestinien est une condition nécessaire au développement de la région. Finalement, l’UPM doit être repensée pour se remettre à l’ordre du jour en la dotant des moyens pour renforcer ce partenariat et éviter la trappe du blocage politique. L’UPM doit être vue comme un instrument de co-développement et peut être adéquat pour accompagner la transition démocratique dans les pays du sud ; l’UPM peut se doter de nouveaux projets sectoriels – agriculture et tourisme importants pour le sud. Pour conclure, l’histoire euro-méditerranéenne est dans un tournant dans son histoire, soit l’opportunité est saisie pour développer le sud et le nord coude à coude, soit elle est perdue, comme d’ailleurs elle a été perdue par le passé, confirmant les écrits de l’historien Fernand Braudel.

Source: “Le Temps” Le 03-05-2011

La fin de la chape de plomb…


 

Jusqu’à présent, nous avons reçu 71 demandes de licence de création de radios et 25 demandes de télévisions Journaliste revenu de l’exil forcé, après la révolution, pour avoir été empêché d’exercer sa profession dans les règles de l’art, renvoyé à deux reprises de l’Agence Tunis-Afrique Presse (TAP) en 1978 et en 1994, Kamel Labidi a été nommé président de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (Inric), créée le 25 février 2011. Durant ces 17 années d’exil, il a collaboré, par des opinions, à plusieurs journaux étrangers : Le Monde diplomatique, en France, le Daily Star, à Beyrouth, le Cairo-Times, The Guardian, le New York Times et Herald Tribune aux Etats-Unis. Il a travaillé pour Amnesty International, notamment au bureau régional de Beyrouth, des territoires occupés palestiniens, et comme représentant aux comités pour la protection des journalistes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, basés au Caire et à Washington. Pendant plusieurs années, jusqu’à il y a trois mois, il a travaillé au sein de l’Aifex (International Freedom of Expression Exchange), une organisation regroupant plus de 80 ONG qui défendent la liberté d’expression. A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous l’avons rencontré. Il a évoqué l’Instance, qu’il préside, sa mission et ses attributions ainsi que le paysage médiatique, après la révolution, et le travail accompli au sein de l’Inric. Ecoutons-le. Le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, a cette année, vous en convenez, une saveur particulière en raison de la révolution. Qu’en dites-vous ? Ce goût particulier est celui de la liberté. Car c’est la première fois que la Tunisie célèbre cette journée sans qu’il y ait des journalistes tunisiens en prison. En outre, la presse n’est plus muselée comme elle l’a été pendant les deux dernières décennies où, sous Ben Ali, la Tunisie est devenue l’un des pays ennemis de la liberté de la presse et de l’internet. Jamais depuis la création du premier journal dans notre pays, Erraïd Ettounsi en 1860, La Presse et l’ensemble des médias n’ont été aussi étouffés et mis au pas par un régime répressif et dictatorial. Pis, l’hostilité de Ben Ali envers la presse libre et indépendante est même supérieure à celle de la plupart des résidents généraux sous le protectorat français de 1881 à 1956. Comment jugez-vous le paysage médiatique après la révolution ? Je peux dire qu’il n’y a plus de ligne rouge, qu’il y a une certaine liberté de ton, ainsi que des efforts de la part de la plupart des médias et journalistes pour exercer correctement leur métier, mais beaucoup reste à faire tant le poids et la chape de plomb des années Ben Ali ont provoqué de sérieux dégâts. Les journalistes, en fait, n’ont pas encore eu le temps de se ressourcer, de se recycler après tant d’années de confiscation de la parole et de la liberté de presse et d’expression. J’aurais aimé que la profession tire les enseignements de la situation antérieure et s’engage à ne plus se laisser manipuler par les gouvernants. J’aurais aimé, aussi, que les journalistes qui étaient sur le devant de la scène faisant l’apologie de Ben Ali, en le présentant comme un sauveur et un héros, s’éclipsent quelque peu en laissant la place à leurs confrères et consœurs qui n’ont pas été aussi impliqués qu’eux. Car, à mon avis, c’est là la meilleure manière de permettre aux médias de se réconcilier avec leur public et d’en terminer, je l’espère, avec la chape de plomb. Présentez-nous les principales attributions et missions de l’Inric. L’Inric a été créée le 25 février 2011 par un décret ministériel. Le premier gouvernement provisoire désirait une instance pour superviser le secteur audiovisuel comme le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) en France ou en Belgique. Après consultation avec les journalistes, il s’est avéré que tout le secteur, entre presse écrite et audiovisuelle, avait plutôt besoin d’une instance de réflexion, qui présente des propositions au gouvernement, cela afin de tourner définitivement la page Ben Ali et d’en finir avec la mainmise du pouvoir exécutif sur les médias. Et de faciliter, par ailleurs, l’émergence de nouvelles structures de régulation mettant un terme au monopole de l’Etat sur les médias publics et de garantir leur indépendance. Pour parvenir à cette fin, l’Inric, qui a tenu à être indépendante, puisque les membres ont été choisis par son président après consultation avec les confrères et consœurs, s’est employée à rencontrer un bon nombre de journalistes de la capitale et des régions. Cela dans le but d’identifier les obstacles et les problèmes qui les empêchent de pratiquer correctement et librement leur métier. L’Inric a également recueilli leurs suggestions et recommandations afin que jamais les médias ne connaissent ce qu’ils ont vécu auparavant et ne reviennent plus jamais en arrière. Ces rencontres avec les journalistes se poursuivent encore aujourd’hui et nous allons, à leur terme, soumettre un rapport au gouvernement et à la future Assemblée constituante. Ce rapport sera en même temps rendu public et l’opinion publique sera informée de toutes les recommandations fondées sur une observation rigoureuse du terrain, et de toutes les suggestions faites à partir de l’analyse des journalistes, des conclusions tirées des ateliers de travail et des expériences observées dans les pays démocratiques où la presse est libre tels la Grande-Bretagne, l’Espagne, le Portugal, l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Chili, etc. Enfin, notre mission est claire : proposer des recommandations susceptibles de garantir l’indépendance des médias, rehausser la qualité et l’image de la profession et réconcilier les médias, jadis utilisés comme instruments de propagande et de désinformation, avec le public. Le fait que vous soyez une instance uniquement consultative, n’est-ce pas là réduire son importance et son impact ? Considérant qu’il s’agit d’une période transitoire où le gouvernement provisoire souffre d’un déficit de légitimité, le pays a plus besoin, à mon avis, de propositions et de recommandations que de décisions. C’est pourquoi j’ai tenu moi-même, après consultation de nombreux confrères, consœurs et acteurs de la société civile, à ce que l’instance soit uniquement consultative avec pour mission de préparer le terrain à l’émergence de structures indépendantes de régulation du secteur. Avez-vous accompli un travail complet englobant tout le paysage médiatique ? Il s’agit d’un travail énorme et de longue haleine, tous les membres de l’Inric, à l’exception du président, sont des volontaires qui ont d’autres obligations professionnelles. Le travail de collecte des informations et des propositions ainsi que les ateliers de travail destinés à approfondir la réflexion sur les moyens les plus efficaces de doter le pays de structures indépendantes et démocratiques se poursuit. Il y a aussi le travail de formation des journalistes, y compris dans le domaine de la couverture d’élections libres et démocratiques. Est-ce que l’instance s’autosaisit ou est-elle saisie par d’autres parties tels les journalistes, les décideurs, les partis, etc. ? Y a-t-il eu des plaintes pour des cas de censure, de dérapages de la part des journalistes ? Nous travaillons avec les journalistes et les experts tunisiens et étrangers et nous recevons régulièrement des propositions écrites formulées par des journalistes pour améliorer la qualité de l’information et de la couverture de l’actualité, notamment en vue des prochaines élections. Nous recevons aussi des plaintes de journalistes dénonçant des atteintes au libre exercice de la profession par leurs supérieurs hiérarchiques, entre rédacteurs en chef et directeurs, et des cas de censure. Beaucoup de journalistes déplorent le fait que la situation de la gestion des rédactions, au sein de leur entreprise, est demeurée inchangée et que les responsables de ces journaux travaillent comme par le passé, sur instructions et coups de fil, n’ayant pas encore intériorisé les nouvelles exigences du métier après la Révolution. Certains journalistes déplorent également que les services de presse et les attachés de presse des différents ministères perpétuent les mêmes méthodes d’antan, comme si le pays était encore sous la coupe de la dictature. D’autres confrères et consœurs dénoncent la présence et l’influence des anciens thuriféraires de Ben Ali et de son épouse. Ils sont révoltés de voir que des individus qui avaient été chargés par les conseillers du président déchu de s’attaquer à des collègues, femmes et hommes, ainsi qu’à des opposants politiques occupent encore des postes importants au sein de ces médias publics et privés. La composition de l’Inric a suscité certains remous concernant certains de ses membres qui ont été vivement contestés. Qu’en est-il ? A l’heure où il importe pour notre métier de réduire, par l’effort, la compétence et le respect de la déontologie, le fossé de méfiance et de rejet creusé par l’ancien régime entre les journalistes et les citoyens, nous gagnerions à nous abstenir de lancer des accusations sans fondement ou de nous enliser dans les polémiques stériles qui n’auront que des répercussions négatives sur notre métier en ternissant son image devant l’opinion publique. Quelle est votre position sur l’affaire de radio «Kalima» ? Notre instance a été créée, nous l’avons déjà dit, pour doter le pays de mécanismes de régulation dignes de la Révolution et d’un pays démocratique. Donc tout en reconnaissant le fait que radio «Kalima» a été empêchée d’émettre sous Ben Ali et que ses promoteurs et journalistes ont été persécutés et attaqués, il s’agit maintenant de traiter tous les dossiers d’une manière équitable et transparente. Ce qui serait achevé avant la fin de ce mois-ci. L’examen de ces dossiers est en cours et l’Inric ne tardera pas à soumettre au gouvernement son avis au sujet de ces demandes de licences de radios et de télévisions. Nous avons élaboré des critères tels que les profils des promoteurs, les sources de financement, la nature des projets, leurs objectifs, l’étude technique, le plan de travail (Business plan), les programmes. Il faut aussi considérer une donnée importante concernant les radios, à savoir que l’Office national de télédiffusion ne cesse de rappeler que les fréquences radio disponibles pour le moment sont très réduites, notamment sur le Grand-Tunis. Concernant, maintenant, les radios qui veulent arroser tout le pays, sachons qu’environ deux tiers des fréquences sont utilisés par les radios publiques telles que la Nationale, Rtci, Ethaqafia, Radio-Jeunes et les radios régionales. Sans compter qu’un bon nombre de fréquences restantes sont utilisées par des stations de radios privées qui ont vu le jour sous Ben Ali et qui ont été créées par ses proches et amis. Combien avez-vous reçu de demandes de licence ? Jusqu’à présent, nous avons reçu 71 demandes de radios et 25 demandes de télévisions. Plusieurs parties nationales et internationales ont créé, sous forme d’ONG, des réseaux de contrôle du respect de la déontologie en Tunisie. Cela ne fait-il pas de l’ombre à votre instance ? Tout travail de nature à faire la lumière sur le degré de conformité de nos médias avec les normes internationales de liberté de la presse, qu’il soit l’œuvre d’ONG locales ou internationales, est le bienvenu. Car il s’agit de défendre la liberté d’expression. Mais ce qui importe, c’est que les ONG tunisiennes devraient coordonner leurs efforts, intensifier leur coopération avant de traiter avec des organismes ou fondations donateurs et établir, enfin, des priorités dans le domaine de la promotion et de la protection des médias. Vous avez rejeté la première ébauche de la sous-commission émanant de l’Instance supérieure de la réforme politique. Où en sont actuellement les choses ? La sous-commission a élaboré un projet de code de la presse liberticide et non conforme aux normes internationales de la liberté d’expression. Résultat : il a été rejeté aussi bien par notre instance que par le Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens). Mais, actuellement, la sous-commission travaille en collaboration avec l’Inric et le Snjt pour un autre projet de texte qui protègera réellement la liberté de la presse et le droit à l’accès aux sources de l’information, au sein de l’administration, et qui dotera le pays de structures indépendantes pour la régulation des médias.

Source: “La Presse” Le 03-05-2011

Lien: http://www.lapresse.tn/03052011/28301/la-fin-de-la-chape-de-plomb….html

Que devient Farhat Rajhi ?


 

Coqueluche, il y a un mois, des facebookers, Farhat Rajhi a disparu de la toile après son départ du ministère de l’intérieur. Et pour cause. Il est accaparé par son travail à la tête du Comité Supérieur des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales. Une tâche qui lui tient particulièrement à coeur. C’est qu’il nourrit de grandes ambitions pour cette institution créée, en 1991 et confinée depuis, dans un rôle purement décoratif. Son objectif : « une mise à niveau globale du CSDHLF pour lui permettre de jouer pleinement son rôle en tant que l’un des garants des acquis de la révolution ». Une réflexion en profondeur a été engagée pour y arriver. Il s’agit d’en finir avec les défaillances qui avaient constitué autant d’obstacles pour le Comité de mener à bien la tâche qui lui avait été assignée. Un document cite parmi ces défaillances, une quasi absence de l’indépendance à l’égard de l’autorité du Président de la république et de ses proches collaborateurs (conseillers…), une faible pluralité et diversité des membres de cette institution, surtout au niveau des personnalités nationales et des associations concernées par les droits de l’Homme et une quasi absence de l’indépendance dans la procédure de choix des membres du CSDHLF, de leur nomination, de leur démission ou révocation. Analysant la situation actuelle, le document relève « un certain nombre de points positifs en matière de liberté d’expression et d’association comme la proclamation d’une amnistie, la légalisation de 85 associations exerçant dans le domaine des droits de l’homme qui étaient interdites et d’une soixantaine de partis, la création de structures nationales de veille et de contrôle et de l’Instance Nationale indépendante des élections ainsi que l’adhésion de la Tunisie à un certain nombre de conventions et de protocoles. Il y a lieu également de signaler l’élaboration d’un projet de décret-loi relatif au cadre juridique du CSDHLF qui sera soumis pour approbation au Président par intérim dans les prochains jours. De nouvelles attributions pour le CSDHLF Les attributions de cette institution ont été également élargies pour qu’elles couvrent toutes les dispositions des Principes de Paris et la jurisprudence qui lui ont succédé depuis 1993, comme la possibilité de s’autosaisir ou suite à la réception d’une requête-de toute question portant sur les cas de violation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales et d’émettre des avis sur des questions relatives aux droits de l’homme et aux libertés publiques soumises par le Président de la République, le gouvernement et les institutions constitutionnelles, de recevoir les requêtes et les plaintes individuelles et collectives provenant des citoyens tunisiens et des étrangers se trouvant en Tunisie à propos des violations ayant trait aux droits de l’Homme et aux libertés publiques ou d’effectuer, sans préavis, des visites dans les établissements pénitentiaires et de rééducation, les centres de détention, les centres d’hébergement ou d’observation des enfants, les organismes sociaux chargés des personnes ayant des besoins spécifiques, et ce, en vue de s’assurer de l’application de la législation nationale relative aux droits de l’Homme et aux libertés publiques en conformité avec les conventions relatives aux droits de l’Homme ratifiées par la Tunisie. Toutes ces mesures devront concourir à faire du CSDHLF, une institution nationale totalement indépendante dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière visant la promotion et la protection des droits de l’Homme, la consolidation de leurs valeurs, la diffusion de leur culture et la contribution à la garantie de leur exercice. Une institution qui ne reçoit des instructions d’aucun pouvoir public pourra ainsi remplir pleinement sa mission. Pour l’avenir, le travail de cette institution sera focalisé aussi sur la nécessité pour le Gouvernement, d’introduire des réformes profondes en matière de justice, de sécurité ainsi que dans le domaine économique et la corruption. Parmi les propositions émises, on retiendra celles de l’abolition de la peine de mort, la révision du statut de la magistrature et l’assainissement des structures de sécurité.

Source: ”Leaders” Le 03-05-2011

Création d une nouvelle chaine de télévision arabe par satellite annoncée par le journaliste Ghassen Ben Jeddou


 

Au cours d’une interview télévisée Ghassen Ben jeddou a confirmé son départ de la chaine de télévision arabe « Al Jazira » et son intention de créer sa propre chaine TV.

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Le journaliste s’est attardé à expliquer les raisons de son départ. Il a expliqué que cela n’était en rien du à des différents. Il a précisé que sa démission exprime son désaccord, « je suis contre tout média qui s’abaisse au niveau de la déformation, d’incitation et d’exploitation de l’information et ceci quelque soit le média ».

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G. Ben Jeddou n’avait prévenu personne, hormis sa femme, de son départ. Il estime qu’il est arrivé à un stade qui ne lui permettait plus de continuer à travailler pour la chaine et qu’il devait donc partir. Il a par ailleurs ajouté que son départ pourrait lui fermer plusieurs portes tout en précisant que sa démission s’est passée dans le cadre de la cordialité

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Concernant ses projets à venir, le journaliste a nié les rumeurs concernant son retour en Tunisie pour occuper un poste de ministre ou toute autre fonction.

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M. Ben Jeddou a précisé qu’il ne renoncera jamais à son métier. Il a par ailleurs annoncé en exclusivité son intention de lancer une chaine de télévision arabe par satellite, « nous avons la possibilité d’ouvrir une chaine à haut niveau professionnel grâce aux compétences des journalistes arabes ».

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Il a profité de son interview pour lancer un appel aux investisseurs pour la création d’une chaine intègre et indépendante.

Source: “Madwatch” Le 03-05-2011

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