Liberté et Equité: Le jeune Chihebeddine Bejaoui perd un œil – L’administration de la prison veut s’exempter du crime
Le Mouvement Ettajdid : Communiqué au sujet des scènes de violence à la Place du Gouvernement Alliance Maghrébine pour la démocratie: Déclaration SLIM BAGGA: CACIQUES ET FLICS VEULENT VOLER AU PEUPLE SA REVOLUTION Ahmed BEN AMOR: 14 JUILLET ET 14 JANVIER Yahyaoui Mokhtar: Le Compromis Mohamed Amami : La bureaucratie syndicale tente de nouveau son plan de sauvetage Kamel Mahdhaoui: Gouvernance sans conscience n’est que science de la ruine ! Houcine BARDI: LA RÉVOLUTION DÉVOYÉE
Reuters: Des commerçants tunisiens veulent reprendre une vie normale AP: HRW demande « des enquêtes indépendantes » sur les violences en Tunisie AFP: Tunis: le gouvernement n’a jamais ordonné l’évacuation de la Kasbah AFP: Tunisie: des Tunisiennes défendent leur liberté et réclament l’égalité AFP: Tunisie: situation économiquement sous contrôle (ministres)
REVUE DE PRESSE
Le jeune Chihebeddine Bejaoui perd un œil L’administration de la prison veut s’exempter du crime
Communiqué au sujet des scènes de violence à la Place du Gouvernement
CACIQUES ET FLICS VEULENT VOLER AU PEUPLE SA REVOLUTION
14 JUILLET ET 14 JANVIER
La grande manifestation du vendredi 14 janvier 2011 devant le ministère de l’Intérieur représente le coup fatal pour le président déchu. Car ce bâtiment, pour tous les opposants, symbolise la torture , la répression. Un bâtiment qui abritait durant le protectorat les services de la sureté du colonialisme français. Sous les pieds des passants de la grande avenue de la capitale Tunisienne , des détenus sont malmenés dans les geôles du sous sol à cause de leurs opinions. Tous les prisonniers politiques sont passés par ces locaux. C’est la Bastille de Tunis. En scandant devant ce sinistre bâtiment la fin d’un pouvoir despotique, les tunisiens et les tunisiennes ont réalisé ce que le peuple français a fait le 14 juillet 1789. A une différence de taille, le peuple tunisien était moins violent que le peuple de Paris. Il est souhaitable de raser ce bâtiment, et d’aménager sur ses décombres une place dédiée à la liberté de la parole : speakers’ corner. Hyde Park à la tunisienne où on reconnait aux citoyens le droit à la libre expression. Ce qui hier symbolisait la terreur et la peur, cette place sera le lieu de la délivrance. L’agora de la jeunesse et un espace de créativité sans limite. Car tant que la discussion et l’échange libre sont garantis, la Tunisie ne connaitra pas un retour en arrière. Le 14 janvier doit être fêté comme un jour de liberté de la parole, de la transparence, et d’une presse libre. C’est un droit inaliénable que le peuple tunisien a payé avec le sang de ses martyrs. Ahmed BEN AMOR Paris le 29/01/2011 abenamor94400@yahoo.fr
La bureaucratie syndicale tente de nouveau son plan de sauvetage
Gouvernance sans conscience n’est que science de la ruine !
LA RÉVOLUTION DÉVOYÉE
Houcine BARDI
« Il fait une révolution parce que cet Etat est trop puissant, mais le résultat est de le rendre plus rationnel, plus commode, plus utile, plus utilisable : alors l’homme ne souffre plus. Il accepte, ô combien, cette autorité maintenant qu’elle est devenue plus rationnelle et que les faux plis, faux pas, arbitraires des fonctions ont pour un temps disparu. Alors l’Etat peut reprendre sa marche en avant dans la conquête de la société, de l’homme. Jusqu’à une autre crise provenant de nouvelles incommodités ou impuissances
J. ELLUL, Autopsie de la révolution, p. 191.
Les événements se succèdent à un rythme déconcertant en Tunisie. Après le départ, le 14 janvier 2011, du dictateur Ben Ali et sa famille mafieuse, emportant dans leur fuite poltronne une bonne partie (une tonne et demie !) de la réserve en or de la Banque Centrale de Tunisie, on assiste actuellement à une opération planifiée visant à étouffer l’élan vital du peuple tunisien, qu’on qualifierait, sans risque d’exagération, de tentative d’Interruption Forcée de la Révolution. Comme lorsqu’une jeune femme, belle et libre, subit l’avortement imposé par les siens pour sauver la fausse vertu de la tribu « déshonorée ».
Vous vous rappelez tous le « coup d’état chirurgical » —comme disaient avec emphase les chiens de garde du régime défait— qui a permis au dictateur déchu de s’imposer à la tête de l’État, une certaine nuit du 6 /7 novembre 1987, en hypothéquant, 23 ans durant, le changement profond tant espéré par les tunisiens.
Une manœuvre encore plus pernicieuse est à l’œuvre aujourd’hui en Tunisie. Elle vise, mutatis mutandis, à rabaisser le plafond des revendications populaires, en arguant du désordre qui guette, du populisme menaçant, des extrémismes qui pointent, et en substituant la « goule » de l’intégrisme islamiste que brandissait, naguère, systématiquement l’ancien régime (pour faire peur à tout le monde et empêcher ainsi le changement) par l’épouvantail de l’armée « s’apprêtant à s’emparer du pouvoir à tout moment ».
Le prétendu « Gouvernement d’Union Nationale » est une énorme supercherie qui abrite en son sein les forces de résistance rétrograde de l’ancien régime despotique. Les partis d’opposition ultra-légitimistes (ATTAJDID et le PDP) sont en train de participer de cette entreprise (le FDTL, à son honneur, a refusé de participer à cette grotesque mise en scène à laquelle l’UGTT avait déjà opposé une fin de non-recevoir). Ils commettent, ce faisant, une grossière et inexcusable faute politique (et non une simple erreur !) en continuant de s’agripper à cet ersatz de GUN, contre la nette volonté populaire réclamant l’extirpation du RCD du paysage politique tunisien.
Ces partis auxquels échoient des strapontins vermoulus dans la formation gouvernementale actuelle, espèrent sans doute « cueillir », un tant soit peu, les « fruits politiques de la révolution », pour « bien se positionner » dans la perspective des prochaines élections législatives et présidentielle. Foutaises, leur dira-t-on. Celui qui engrangera « la mise », n’en déplaise à messieurs CHEBBI et AHMED IBRAHIM, n’est autre que le RCD défait dominant —contre toute logique et attente— ce gouvernement fantoche de désunion nationale, de la tête aux pieds.
On veut nous faire croire que ce qui importe c’est le résultat [À titre d’exemple voir la déclaration pathétique de M. CHEBBI (PDP) à sa sortie du 1er conseil des ministres du GUN, ainsi que ses innombrables autres interventions télévisées ; il ne passe pratiquement pas un jour sans que ce ministre n’intervienne sur les chaines nationales ou satellitaires ; l’homme s’est érigé en super-défenseur têtu et acharné du GUN —un porte-parole bis autoproclamé—, à telle enseigne que l’on s’interroge quel temps lui reste-t-il pour l’exercice de sa fonction ministérielle !] Ils veulent dire par là, la réalisation des réformes politiques dont le pays a urgemment besoin, abstraction faite de ceux qui les conduisent. Nous leur répondons fermement : celui qui peut le plus peut le moins ; le peuple tunisien qui a réussi à faire fouir lâchement le dictateur sanguinaire, est aussi bien capable de mettre en mouvement —à travers ses ressources humaines présentes entre autres au sein même des ministères— les réformes dont la Tunisie a grandement besoin, et de contraindre démocratiquement au silence le rassemblement inconstitutionnel despotique (RCD) en tant qu’instrument coercitif ayant systématiquement servi les choix liberticides et criminels de l’ordre dictatorial. Faire appel, ou pire encore se soumettre docilement à l’état de fait imposé par les caciques du régime dictatorial, qui se sont —comme par l’effet du Saint Esprit— convertis, en l’espace d’une nuit, en « moteurs du changement », équivaut à offrir aux vaincus de l’ancien régime, un canot de sauvetage (une sorte de Radeau de la Pieuvre) leur permettant de se recycler à bon compte au sein de l’ordre démocratique naissant et, par là-même, voler (qui veut dire au sens juridique : la soustraction frauduleuse des biens d’autrui) au peuple les fruits de son labeur révolutionnaire.
Sous d’autres cieux où l’honneur aurait encore un sens, (on pense particulièrement au Japon) ces vaincus de la dictature se seraient tout bonnement fait hara-kiri. Mais l’honneur ne s’acquiert pas. Ceux qui en sont intrinsèquement dépourvus disparaitront sans en connaître jusques même la signification…
Ceci participe, à nos yeux, d’une conception générale renvoyant à une nécessaire moralisation / « éthicisation » de la vie politique tunisienne. Ceux qui ont pratiqué —directement ou indirectement y compris à travers le silence coupable— le mensonge érigé en système de gouvernement ; l’usurpation permanente de la souveraineté populaire ; le pillage et le crime politique organisé, durant presque un quart de siècle, sont à tout jamais discrédités aux yeux des tunisiens et ne pourront en aucun cas se reconvertir, après coup, pour se farder des vertus de la réforme. Leur chef de bande criminelle, se terrant actuellement chez ses amis saoudiens, s’y est essayé, en vain, lors de ses télévisuelles élégies pré-funèbres.
En un mot, il s’agit tout simplement d’être pour ou contre l’assainissement de la vie publique et de l’espace politique tunisiens. C’est la condition sine qua non d’une réelle réhabilitation de la/du politique dans notre pays. Nous ne sommes certainement pas de l’avis de Saint Just qui avait prôné : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Cependant, nous défendrons jusqu’au bout et de toutes nos forces le droit du peuple tunisien à préserver les acquis de sa révolution, et à se prémunir contre toutes les tentatives de confiscation et d’appropriation au rabais, d’où qu’elles viennent, du RCD comme des partis dits de l’opposition démocratique.
La phase actuelle est une phase d’affirmation des objectifs révolutionnaires. Personne ne peut dénier au peuple tunisien la légitimité d’une pareille posture. Essayer d’imposer aux vrais acteurs de la révolution, à peine affranchis de la dictature, une sorte de course contre-la-montre pour la constitution d’un gouvernement de recyclage profitant essentiellement aux vaincus est, disons-le clairement et sans le moindre détour, on ne peut plus criminel eu égard à la chance inouïe qui s’offre à notre peuple d’obtenir ce dont il a toujours rêvé d’avoir, dès avant même l’indépendance : la liberté.
Un peuple qui a enduré le despotisme notamment au cours des deux dernières décennies, a le droit de se hâter lentement dans la construction de son ordre démocratique nouveau. Un lent processus d’appropriation des espaces publics est indispensable pour faire dégager les visées profondes de la volonté populaire. En d’autres termes, la formation structurée de l’opinion publique doit « prendre son temps » pour se constituer et prendre forme sans avoir à se soucier de qui « expédie » les réformes politiques urgentissimes s’imposant à tous. Or, l’actuel gouvernement (GUN), de par le passé dictatorial notoire et insultant de la majorité écrasante de ses membres, s’est ostensiblement érigé en obstacle sur le chemin de cette construction qui devrait, en principe, s’opérer dans la confiance. Comme le rappelle à juste titre le Dr BEN JAAFAR (FDTL) « On ne fait pas du neuf avec du vieux » (L’Humanité, 21/01/11).
Les réformes dont il s’agit [entres autres : reconnaissance des partis interdits, levée des interdits sur la liberté de la presse et des médias, amnistie générale, réforme du code électoral, de la loi sur les partis et leur financement, de la loi sur les associations, indemnisation des familles des martyrs, etc.] constituent les préalables nécessaires à l’instauration du régime démocratique, lequel ne pourra prendre corps que dans la mesure où le débat argumentatif (rationnel) puisse se déployer pleinement et librement dans des espaces publics pluralistes (démocratiques) débouchant sur le choix d’une majorité parlementaire librement et démocratiquement choisie par des électeurs avertis…
L’obstination du GUN (dans sa composition majoritairement RCDiste précédemment évoquée) à vouloir se maintenir contre la volonté populaire est en train de faire perdre au peuple tunisien un temps extrêmement précieux, et le fait dévier délibérément des tâches fondamentales qu’il est appelé à réaliser. Ce succédané à la Kerenski (la réédition de l’histoire sous forme de farce) est désormais L’obstacle majeur sur la voie de la construction démocratique viable et durable en Tunisie. Sa chute est par conséquent le préalable à tout processus démocratique authentique dans notre pays.
La question à laquelle on se propose d’apporter des éléments de réponse est la suivante : qu’est-ce qui fait se maintenir en place ce gouvernement impopulaire, non représentatif et non légitime ?
Il convient tout d’abord de poser ceci : le GUN a pour tâche —non dite, il va de soi— de mettre rapidement un terme à l’effervescence révolutionnaire, de manière à ce que les acquis et les transformations profondes, notamment politiques, que pourrait réaliser le peuple tunisien, ne puissent pas déstabiliser la région (Maghreb), voire même tout le monde arabe. Il faut que la « parenthèse » révolutionnaire se referme le plus rapidement possible, sans trop de dégâts pour les « régimes modérés » (sic) et sans perte significative d’influence pour les américains et leurs alliés.
La notion de plafond des exigences révolutionnaires nous aidera à comprendre les vrais enjeux géostratégiques qu’implique la révolution tunisienne.
C’est un lieu commun que d’affirmer que les revendications populaires atteignent un niveau très élevé pendant les périodes révolutionnaires. Lorsque les États suivent le cours de leur évolution normale, les revendications économiques, sociales ou politiques, sont presque toujours « restreintes ». Elles peuvent porter sur des augmentations de salaires ou des aides sociales, le retrait d’une loi ou le changement de la position gouvernementale par rapport à telle ou telle question, l’exigence du départ d’un ministre, etc.
Ces revendications sont dites restreintes parce qu’elles ne remettent pas radicalement en cause le statu quo, les équilibres en présence. L’outil dont disposent les sociétés démocratiques, pour sanctionner « sévèrement » les échecs gouvernementaux est, soit le vote majoritaire contre les sortants, soit l’abstention massive. Les manifestations dans la rue, même avec des millions de participants (la réforme sur les retraites…) ne semblent pas avoir une réelle incidence quant à l’infléchissement significatif des politiques impopulaires menées par des majorités issues d’élections démocratiques. Cette sanction ne devient « efficace » que lorsqu’elle aboutisse au changement de majorité, ou l’élection d’un président issu de l’opposition.
Dans les périodes révolutionnaires, les masses opèrent un renversement des rapports de force qui fait littéralement exploser les cadres habituels de la revendication parcellaire et restreinte. Les gouvernants n’étant plus en mesure de maintenir l’ordre établi contesté par la majorité, un changement de régime s’impose et avec lui les règles du jeu politique, de la répartition des richesses, etc. généralement pour tendre vers plus d’égalité, de liberté, de justice et de démocratie…
Le plafond des exigences révolutionnaires est le plus souvent fixé pendant la destruction de l’ancien régime, dans le feu de l’action d’anéantissement. En effet, c’est à ce moment-là que la rupture s’accomplit de la manière la plus nette en opposant frontalement à l’ordre ancien les mots d’ordre (ce concentré de revendications radicales) résumant les aspirations des révoltés. Lesquelles aspirations ont été, en Tunisie, quasiment les mêmes que celles scandées dans pratiquement toutes les précédentes révolutions qu’a connues l’humanité : justice sociale, dignité, liberté notamment politique, égalité, rejet de la corruption, rejet de la dictature, rejet du parti unique (de fait en Tunisie), etc.
Nous sommes là au faîte d’un projet de refondation globale. Les peuples ont, en effet, cycliquement besoin de se régénérer en s’injectant du « sang neuf » dans le corps social, leur permettant de s’immuniser contre les dangers qui les menacent en permanence et qui ont pour noms : l’injustice, le despotisme, la dictature, l’oppression, l’exploitation, etc. De même qu’elles en ont besoin pour affronter l’avenir de plus en plus complexe et réinventer les conditions de possibilité d’un vivre en commun plus humain et plus juste.
Pour résumer la précédente digression, nous dirions qu’il y a une différence de nature entre un gouvernement résultant d’élections concurrentielles organisées dans le cadre du jeu démocratique ordinaire, et un gouvernement qui serait issu d’une révolution. La « feuille de route » de ce dernier est incomparablement plus évoluée, plus exigeante et plus contraignante.
Arrivé à ce niveau de notre analyse, une question subsidiaire se pose : où en sont les « partis gouvernementalistes » (PDP, ATTAJDID) de ces exigences révolutionnaires au plafond exceptionnellement élevé ?
Précisons au préalable que ces deux partis, au même titre d’ailleurs que tous les autres partis politiques tunisiens, (pour des raisons très complexes irréductibles à la seule donne oppressive imposée par la dictature) ne sont pas au vrai sens du mot des partis de gouvernement. La « gouvernementalité » suppose, en effet, outre un programme d’actions cohérent, la présence (au sein des partis qui y aspirent) d’hommes d’État, de responsables, de cadres et de techniciens qui ont une réelle maitrise (ou du moins une connaissance suffisante) des rouages de l’appareil étatique, et qui seraient en mesure de gérer rationnellement les affaires de la cité à tous les niveaux (socio-économiques, politiques, culturels, diplomatie et affaires étrangères, etc.). Pour le dire très rapidement, ces deux partis (au même titre d’ailleurs que les autres composantes de l’opposition tunisienne) ne sont pas outillés pour exercer le pouvoir. Nous ne portons pas, en disant cela, un jugement de valeur sur cette incapacité, et nous irons jusqu’à concéder à ceux qui s’en prévalent, que la gouvernance est tributaire d’un apprentissage, non seulement en fréquentant les grandes écoles (telle que l’ENA), mais également en « fréquentant » les gouvernements… sans pour autant que l’on nous fasse forcément admettre que « le métier de coiffeur s’apprend en confiant les têtes des orphelins aux apprentis-coiffeurs » (proverbe dialectal tunisien voulant dire que c’est toujours au détriment des plus faibles que les forts acquièrent et se prévalent de leur force)
Ceci étant dit, revenons à la manière dont les « partis gouvernementalistes » ont appréhendé les exigences révolutionnaires des tunisiens, non sans rappeler au passage que leur rôle dans la chute du dictateur a été quasiment insignifiant (en comparaison, par exemple, avec celui joué par la centrale syndicale UGTT ou l’Ordre National des Avocats).
Ces partis ont accouru à l’appel des survivants du régime défait, en charge de la composition du GUN (gouvernement d’union nationale), avec une rapidité qui laisse, le moins que l’on puisse dire, pantois. Comme si en dehors de GHANNOUCHI (premier ministre) point de salut, et au-delà du RCD le néant.
On ne s’attardera pas sur ce que d’aucuns qualifieraient de « soif maladive de pouvoir » pour expliquer cette galopade ubuesque…
Ces partis qui, comme on vient de le rappeler, se trouvent être dépourvus des compétences indispensables à l’exercice concret du pouvoir ; dépourvus également de la moindre assise sociale pouvant leur fournir le soutien dont ils auraient besoin en cas de négociation ou de mise en jeu des rapports de force… décident quand même de se maintenir dans une formation gouvernementale dont le chef n’est autre que le premier ministre du dictateur, qui plus est entouré de non moins de treize ministres issus du RCD (le parti unique de fait du dictateur déchu), dont les ministères de souveraineté sont détenus par des figures emblématiques de la dictature… et, « la cerise sur le gâteau », en l’absence de la seule organisation pouvant prétendre à une représentativité populaire significative, l’UGTT à laquelle est venu « s’arrimer » le FDTL, lesquels ont refusé de participer à cet ersatz de « gouvernement d’union nationale ». Sans compter bien évidemment les partis et associations relégués par l’ordre dictatorial en marge de la légalité.
Nous nous sommes précédemment attardés sur la « captation » politicienne par le prétendu GUN, de la mise en œuvre des réformes urgentes, que même le dictateur avait insinué —lors de sa dernière clownesque mise en scène télévisuelle— vouloir entreprendre s’il lui était donné de rester au pouvoir. Ces mesures urgentes constituaient « l’horizon indépassable » pour tout candidat à la gouvernance dans l’immédiat après-révolution. Un strict minimum d’honnêteté et de bonne foi devrait en principe dissuader quiconque, parmi les actuels gouvernants, d’essayer d’en tirer la moindre fierté injustifiée. Ce qui ne va pas sans nous rappeler, au passage, la devise Nietzschéenne selon laquelle : « Il ne faut se mettre que dans des situations où il n’est pas permis d’avoir de fausses vertus… » (Le crépuscule des idoles). Ceux qui ont annoncé ces mesures n’ont fait que proclamer/formaliser ce que la révolution du peuple tunisien avait déjà accompli. En un mot leur geste est synonyme d’une simple prise d’acte gouvernementale du fait révolutionnaire, et rien de plus.
Mais au-delà de la mise en œuvre formelle desdites réformes préalables, c’est l’esprit dans lequel elles sont engagées qui mérite de notre part la plus grande attention. Contrairement à ce qu’essaye maladroitement de dissimuler CHEBBI & Co, avec une particulière mauvaise foi, l’identité des acteurs importe au plus haut point. Elle implique un état d’esprit ou de rupture ou de continuité, avec l’ordre ancien. La captation par voie de reconversion versus la transformation. Tels sont les termes de la démarcation en cours.
La reconversion dont il s’agit est double : reconversion des serviteurs de l’ancien régime en « concepteurs/réalisateurs » de la transition démocratique ; et reconversion d’une partie de l’opposition « légitimante du GUN » en « partis de gouvernement » qui n’est autre en réalité qu’une cinquième colonne du « tassement » de la révolution.
En effet, pour les uns (les forces révolutionnaires et apparentées) il s’agit avant tout d’affirmer haut et fort la volonté de changement radical via une rupture non seulement organique mais aussi —peut être surtout— symbolique (dans le sens sociologique et psychanalytique) avec l’ancien régime et tout ce qu’il représente.
Pour les autres (les réformateurs patentés —PDP, ATTAJDID—, à ne pas confondre avec les réformateurs raisonnés —le FDTL et l’UGTT), il s’agit avant tout de « prendre place » coûte que coûte et aussi rapidement que faire se peut, dans le dispositif de transition en vue de se faire largement connaître —mass-médias aidant— auprès des Tunisiens (ce qui est légitime en soi), et surtout de prouver aux traditionnelles grandes puissances alliées de l’État tunisien (l’administration américaine et la France essentiellement) leur « sens de la responsabilité » de la « mesure » et de la « modération ». Ce qui doit être traduit par ceci : la Tunisie vous restera on ne peut plus fidèle et le changement ne sera nullement un chamboulement ; il ne dépassera pas, rassurez-vous, un certain seuil qui pourrait favoriser la résurgence de l’islamisme radical, ou ressusciterait le communisme. Nous sommes, les entend-on presque dire, votre vraie soupape de sûreté contre tous les risques de déviation « populiste » qui ferait basculer la Tunisie dans le camp des « ennemis de l’Occident ».
Prendre conscience de ces enjeux géostratégiques nous aide à identifier clairement les lignes de démarcation entre les deux blocs actuellement en gestation sur la scène politique tunisienne.
Le statut de la Tunisie dans l’échiquier régional et international a toujours été défini sur la base de ce que l’on pourrait appeler « La Doctrine Bourguiba » ; grosso modo, la Tunisie alliée sûre de l’Occident. Il s’agit là d’un choix non seulement pragmatique, mais aussi idéologique reflétant la conception que se faisait Bourguiba de la modernisation. L’Europe étant perçue comme étant non seulement Le siège par excellence de la puissance (militaire, scientifique, technologie, et politique), mais également La source exclusive de la rationalité et des lumières dont a besoin la Tunisie pour se construire…
Le régime de Ben Ali n’a fait que jardiner, tout en les caricaturant, ces choix stratégiques réfléchis. Il en a fait son fonds de commerce, « moussé » à souhait, pour asseoir sa domination sur le peuple tunisien. À ce propos, s’il est un reproche à faire aux « occidentaux » ce serait celui d’avoir cru, avec une naïveté feinte, aux mensonges éhontés du régime de Ben Ali en ce qu’il serait un « rempart contre l’intégrisme-terrorisme », et de n’avoir à aucun moment accrédité, un tant soit peu, les « thèses » des défenseurs des droits humains et de l’opposition tunisienne concernant la nature dictatoriale-mafieuse du régime.
C’est le souci de préservation de ce « pré-carré », minuscule fut-il, contre toutes les éventualités imprévisibles et incontrôlables, qui a fait que la France ait pu continuer à soutenir jusqu’au bout le dictateur déchu. C’est comme si elle était ligotée, incapable de croire ou même d’admettre la possibilité d’un après Ben Ali.
Quant aux Américains, incomparablement plus pragmatiques, ils ont in extremis pris la réelle mesure de l’irréversibilité du changement en cours, et en ont immédiatement tiré la conclusion, la seule, qui s’imposait, à savoir le lâchage de celui qui a toujours été sourd et imperméable à leurs « préconisations », et qui était sur le point de leur faire perdre un allié précieux dans le Maghreb et la Méditerranée. Le dictateur, dans un acte volontariste désespéré, avait tardivement montré patte blanche à ses maîtres de la Maison-Blanche, mais alors il était trop tard. Il lui a été, donc, infligé conséquemment le châtiment réservé aux dictateurs qui refusent de « jouer le jeu » en temps utile, c’est-à-dire passer « le relai » et permettre la transmission —et non plus la transition— du pouvoir « dans des conditions normales » à un autre futur dictateur, moyennant les classiques réformettes politiques homéopathiques…
La peur panique instantanément intériorisée par les Américains (encore une fois, en opposition avec l’incommensurable « aveuglement » français) portait, justement, sur cette « ouverture » sur l’inconnu. L’oncle Tom n’aime vraiment pas que les choses échappent à son contrôle, et il est capable de prouesses acrobatiques pour reprendre les choses en main.
L’armée tunisienne, qui a été l’objet du plus grand mépris de la part du dictateur déchu, qui l’avait réduite en nombre (40 000 contre 140 000 policiers), en budget, en influence et en prestige, ne pouvait donc que « faillir » à la fidélité qui lui était exigée de la part de Ben Ali.
La chute du dictateur étant alors imminente, il fallait rapidement passer au plan « B » et mettre en place un dispositif gouvernemental, soutenu il va sans dire par l’armée, et qui rattrape la loupée de « transmission de pouvoir » qu’a fait bêtement avorter le dictateur par son obstination stupide à vouloir se maintenir coûte que coûte à la tête de l’Etat.
Le GUN (Gouvernement d’Union Nationale) de GHANNOUCHI & Co est l’outil de ce rattrapage. La recomposition se faisant autours du « noyau dur » qu’est le RCD recyclé (non plus instrument de coercition, mais vecteur de changement démocratique), de l’armée (réhabilitée en tant que « sauveuse » et gardienne de l’ordre républicain), de « l’opposition démocratique récupérable » (faire-valoir d’une « transition démocratique » acceptable par les bailleurs de fonds de la Tunisie…), et quelques figures responsables et « fréquentables » de la « société civile » (M. BOUDERBALA et Mme TLATLI).
C’est ce « savant dosage », concocté par qui on sait (la visite de trois jours, en Tunisie, du sous-secrétaire d’Etat américain pour le Proche-Orient, le sinistre Jeffrey FELTMAN, est à même de convaincre les plus sceptiques), qui fourni au GUN cette apparente assurance dans son acharnement à se maintenir aux « commandes transitoires » de l’Etat. Le RCD est loin d’être défait et ses réseaux tentaculaires n’attendent que le moment propice pour revenir « rénové » et débarrassé de ce qui l’avait « souillé à l’insu de son plein grès » ; l’armée « sage et raisonnable » bénéficie de l’appui de tous « les amis » de la Tunisie (USA en tête) et fait brandir savamment les menaces du désordre, d’anarchie, d’instabilité, du crime organisé par les bandes armées « qu’on a vu sévir » à titre d’exemple menaçant ; les représentants de « l’opposition démocratique » (ATTAJDID et PDP) remplissant parfaitement leur rôle légitimant… et les régimes arabes demeurant à l’abri de la contagion.
Poussons plus avant les implications de ces considérations géopolitiques pour essayer de comprendre ce que l’on veut dire exactement par « ouverture sur l’inconnu ».
Afin d’empêcher que la Tunisie ne puisse, justement, « s’ouvrir » à d’autres perspectives que celles permises par les puissances tutélaires, on lui appliquera la « règle » du tiers exclu : deux choix, pas un de plus, s’offriraient aujourd’hui aux tunisiens :
Celui, tout d’abord, pragmatique s’inscrivant dans le droit fil de la « doctrine Bourguiba » et qui confortera les Américains et leurs alliés dans leurs choix stratégiques afférents au monde arabe, dont la contrepartie sera le renforcement (peut être même le doublement) des aides américaines et européennes à destination de la Tunisie.
Celui, ensuite, chauviniste-belliqueux, rompant avec la traditionnelle allégeance tunisienne à l’« Occident », et qui ferait de la Tunisie un allié probable de l’axe Iran – Syrie – Hezbollah. Les conséquences se déclineront ici en deux temps : celui de l’intervention de l’armée tunisienne pour imposer le respect de ladite « doctrine » avec, le cas échéant, le soutien « des voisins arabes », et au cas où celle-ci échoue (il faut parer à toutes les éventualités y compris les plus invraisemblables), recourir à « la preuve par Gaza » : l’asphyxie économique et politique de la Tunisie. Le tout pour faire comprendre aux « radicaux » que ce choix serait purement et simplement suicidaire.
C’est, vous l’avez compris, la reproduction subconsciente —à l’heure de la mondialisation capitaliste— du conflit (discorde) « BEN YOUSSEF / BOURGUIBA » qui avait éclaté, souvenez-vous, la veille de l’obtention par la Tunisie de l’autonomie interne (1954). Avec tout de même cette différence de taille que l’actuelle « discorde larvée » est —en tout cas jusqu’à présent— dépourvue d’identifiants personnels. On n’a toujours pas l’équivalent des deux grands leaders du mouvement d’indépendance nationale.
Sommes-nous véritablement contraints de suivre exclusivement un de ces deux « chemins » ? Nous ne le pensons pas. La frêle révolution des AHRÂR tunisiens peut se frayer une tierce voie altermondialiste non-belliqueuse soucieuse en premier lieu de construire l’Etat de droit démocratique qui se déclinera sur le mode d’un double nivellement : vers le haut s’agissant des droits civils, culturels, politiques, économiques et sociaux, des citoyens libres et égaux ; et vers le bas s’agissant de l’Etat qui doit scrupuleusement se soumettre à la loi et au droit. Elle doit en second lieu adopter fermement une posture critique à l’égard de l’ordre mondial ultra-capitaliste et hyper-individualiste en se rangeant sans ambiguïté du côté de ceux qui luttent pour davantage de justice et d’égalité dans les rapports internationaux, en particulier Nord-Sud.
Ni les américains, ni a fortiori les français, n’ont aidé (c’est tant mieux d’ailleurs !) le peuple tunisien à accomplir sa révolution. Obama a certes pris clairement position en temps relativement utile (en comparaison avec le sinistre gouvernement Sarkozy qui, le 11 janvier 2011, a proposé « généreusement » par la voix de sa ministre des affaires étrangères, rien moins que de prêter main forte à la dictature en vue de mater « proprement » la révolte grandissante) en faveur « des légitimes aspirations à la liberté du peuple tunisien », mais cela ne dédouane guère les USA de 23 ans de soutien inconditionnel à la dictature. Versons-nous dans le ressentiment, en disant cela ? Pas le moins du monde. Ce qui nous intéresse, en tant que tunisiens fraichement libres, c’est surtout l’avenir. Un avenir affranchi de la tutelle ou de la suzeraineté de qui que ce soit. Autrement dit, notre libération n’est pas (et ne doit pas être perçue) comme dirigée (agressivement) à l’encontre de l’Autre, mais, en empruntant le langage foucaldien, soucieuse de soi.
Une « voie médiane » (comme aiment à le dire les taoïstes) transcendant le clivage précédemment identifié, est donc possible. Les « amis » de la Tunisie —gageons qu’ils l’aient enfin compris— n’ont nullement besoin d’assurances ou de garanties que certains s’en autoproclament les « fournisseurs ». Ils se doivent, par contre, de faire « pénitence » en accordant leur « confiance » au devenir autonome de la révolution tunisienne, laquelle a montré au monde entier, non seulement qu’elle est d’une modernité forçant l’admiration, mais surtout qu’elle est mature et suffisamment dotée de sagesse et de bon sens pour éviter les excès contreproductifs.
C’est pourquoi nous ne pouvons réprimer l’envie de dire ceci, en guise de conclusion : de grâce, « amis de la Tunisie », épargnez-nous le brandissement ridicule de la « goule-armée » qui, sous prétexte de maintien de l’ordre et de remplissage du vide institutionnel, tente d’imposer pernicieusement une laisse invisible au désir de liberté des tunisiens. Et dites à messieurs les ministres du GUN (leur chef autoproclamé en tête) tout autant qu’au Chef d’état major des armées de terre, d’arrêter leurs gesticulations grotesques au sujet de la restauration dictatoriale comme seule alternative à ce « machin » de GUN… Durant toute sa vie moderne, notre peuple a été traité, au mieux en prodigue, au pire en mineur, alors qu’il vient de prouver de manière étonnante qu’il est on ne peut plus majeur, capable comme le dit Kant de sortir de l’état de tutelle dont il est lui-même (mais aussi avec d’autres… suivez mon doigt) responsable, avec une capacité insoupçonnée —de la part aussi bien de ses bourreaux et leurs amis que de ses propres élites— à se « servir de son entendement sans la conduite d’un autre » (E. Kant : Vers la paix perpétuelle. Que signifie s’orienter dans la pensée ? Qu’est-ce que les Lumières ?, GF-Flammarion, p. 43)
H. BARDI
Paris le 25 janvier 2011.
Des commerçants tunisiens veulent reprendre une vie normale
HRW demande « des enquêtes indépendantes » sur les violences en Tunisie
Tunis: le gouvernement n’a jamais ordonné l’évacuation de la Kasbah
Tunisie: des Tunisiennes défendent leur liberté et réclament l’égalité
TUNIS (AFP) – 29.01.2011 18:12 AFP – Fethi Belaid Des centaines de femmes ont crié samedi à Tunis leur détermination à défendre l’émancipation acquise depuis plus d’un demi-siècle, à la veille du retour dimanche en Tunisie du chef en exil du mouvement islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi. « C’est un mouvement historique! C’est aussi l’occasion d’exprimer le soulagement et la joie de fêter la fin de la dictature exercée par un régime mafieux, c’est la fin de la peur après tant d’années vécus sous la terreur! », s’est réjouie Leila, une journaliste. A l’appel de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Ftfd) et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), des centaines de femmes, universitaires, actrices, avocates et militantes de droits de l’Homme ont participé à cette « marche pour la citoyenneté et l’égalité » sur l’avenue Habib Bourguiba, théatre quotidien « happening démocratique » permanent. « Nous sommes là pour affirmer les droits acquis de la femme et éviter tout retour en arrière, pour dire que nous sommes pas prêtes à négocier notre liberté avec les islamistes », a affirmé Amel Betaib, une avocate. Dès 1956, le Code du statut personnel (CSP) institué par le président Habib Bourguiba, a accordé aux Tunisiennes une longueur d’avance sur de nombreux pays musulmans en matière d’émancipation abolissant la polygamie et la répudiation, une première dans le monde islamique. « Nous voulons adresser un message important aux islamistes notamment ceux du mouvement Ennahdha (Renaissance): nous sommes pas prêtes à reculer ou à perdre nos acquis », a assuré Sabah Mahmoudi, une universitaire. En exil à Londres, depuis le début des années 1990, Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamique Ennahdha, interdit de toute activité durant le régime de l’ex-président déchu Zine El Abidine Ben Ali, est attendu dimanche en Tunisie. Il a refait surface durant la révolution tunisienne et se dit prêt à jouer un rôle dans la nouvelle Tunisie. « Nous voulons une Tunisie de lumière », « Non à l’obscuranlisme, oui à la modernité », « Pour une république démocratique laïque », pouvait-on lire sur les banderoles portées par des jeunes femmes taquinées de temps à autre par des groupes d’adolescents venus spécialement pour assister à cette marche pour admirer quelques beautés. « Nous ne craignons pas les islamistes parce que nous avons un potentiel extraordinaire dans notre pays qui a fait ses preuves en faisant tomber la dictature et on va pas sortir d’une dictature pour retomber dans une autre », a déclaré à l’AFP Sana Ben Achour, présidente de la Ftfd. Dans la manifestation, certaines défendent tout de même les islamistes qui ont payé un prix très cher sous le régime Ben Ali au début des années 90. « Ce sont des citoyens tunisiens qui ont les mêmes droits que les autres et ne constituent en aucune façon une menace », dit ainsi Sihem Bensedrine, une militante des droits de l’Homme bête noire de l’ancien régime. « Le problème c’est la police qui a construit ce régime, pour moi il y a aucun danger islamiste » ajoute-t-elle. Présentes dans tous les secteurs d’activité, les tunisiennes représentent 26% de la population active, plus de 50% des étudiants, 29% des magistrats et 24% des diplomates. Le Parlement est le plus féminin de la région depuis un demi-siècle. Sur fond de chômage, la présence des femmes au travail est souvent mise en accusation par des religieux fondamentalistes sur des chaînes satellitaires religieuses arabes. « La révolution des jeunes doit instaurer la démocratie sans nous imposer leur religion et la charia », la loi islamique, lance une manifestante.
Tunisie: situation économiquement sous contrôle (ministres)
El equilibrio de Oriente Medio se tambalea
EEUU, dispuesto a apoyar a El Baradei para jubilar a Mubarak
Las revueltas en Egipto pueden hacer que el delicado equilibrio en Oriente Medio se tambalee, y los gobiernos occidentales, con Estados Unidos al frente, se han visto desbordados por la situación. Mohamed El Baradei podría convertirse en el candidato idóneo para Washington como sustituto del general Hosni Mubarak, siempre que el país no cambie de régimen.
La crisis política e institucional en Egipto se acelera. La afluencia masiva de manifestantes en El Cairo y las principales ciudades del país, están desbordando la capacidad de Estados Unidos, y otros gobiernos occidentales para encauzar el cambio que exige el pueblo egipcio sin alterar el equilibrio estratégico en Oriente Medio. Washington parece apoyar a Mohamed El Baradeipara sustituir al octogenario general Hosni Mubarak, símbolo de la férrea dictatura que atenaza Egipto desde hace tres decenios.
« Egipto no puede cambiar de sistema. Estados Unidos y Europa no lo van a permitir », afirma el general argelino Rachid Benyelles, que fue jefe de la Marina de guerra de su país e interlocutor privilegiado de Occidente en asuntos estratégicos. El general Benyelles, uno de los pocos militares que ocupó un puesto en el ‘buró político’ del Frente de Liberación Nacional argelino en los años 70 y 80, explica que « los desafíos geoestratégicos que unen a Egipto con toda la región medio-oriental son de tal magnitud, que Washington, París y Bruselas impedirán por todos los medios que caiga el sistema ». Benyelles sin embargo deja una opción abierta a la diplomacia occidental que es la de « imponer una mayor apertura política al régimen egipcio, incluso aconsejar enérgicamente al presidente Kmubarak y a su descendencia que renuncien a un futuro mandato ».
Los manifestantes en las calles piden abiertamente el fin de la era Mubarak y la renuncia del mismo al poder presidencial. Algo que la diplomacia occidental podría aceptar siempre que se mantengan los equilibrios geopolíticos. El principal país al que concierne este hipotético cambio de sistema sería Israel. « Esperamos que las autoridades egipcias puedan garantizar la libertad y los derechos a sus ciudadanos, y que mantengan sus buenas relaciones con Israel, tal y como han practicado en los últimos 30 años », advirtió estos días el viceprimer Ministro israelí Sylvan Shalom.
La dificultad para Occidente es que la única alternativa creíble y con visos de estabilidad del actual grupo dirigente de Hosni Mubarak es la candidatura de Mohamned el Baradei. Muy bien visto por Occidente por su trabajo en la Agencia Internacional de Energía Atómica, el aspirante a suceder a Mubarak tiene el respaldo de la asociación ‘Hermanos Musulmanes’. « Lo que Estados Unidos no pueden aceptar es que los islamistas egipcios impongan sus opciones en la orientación política de Egipto », sostiene un analista estratégico europeo, que explica que « Washington podría aceptar islamistas en el gobierno de Túnez, de Jordania o de Líbano, pero nunca en Egipto ». La razón es la presión del grupo opositor ‘Hermanos Musulmanes’ en un futuro régimen democrático en El Cairo, cuestionaría directamente los Acuerdos de paz en Oriente Medio firmados en 1979.
En las manifestaciones del « viernes de la ira » han irrumpido ya abiertamente los seguidores de ‘Hermanos Musulmanes’. Una decena de miembros, entre ellos el ‘numero dos’ de la misma, Mahmud Ezzat, han sido detenidos, al igual que otras dos figuras clave en la organización: Essam Erian y Abdel Rahman el-Berr.
El movimiento que lidera Mohammed Badie se presenta como una alternativa creíble al dictador Mubarak, decidida a aceptar « las reglas democráticas ». Sin embargo, si en el plano interno los islamistas egipcios no difieren mucho de los tunecinos, de los jordanos o de los marroquíes, que son vistos además como el último freno a los yihadistas, entre los que se encuentra el egipcio Ayman El Zawahiri, ideólogo de Al Qaeda, el lugar que ocupa el país en el tablero medio-oriental no permite a Occidente hacer la vista gorda. Lo que explica los llamamientos ‘in extremis’ de los gobiernos alemán, francés y norteamericano al régimen de Mubarak para escuchar a la calle y hacer todas las concesiones necesarias con el fin de mantener la estabilidad. La pregunta es si Occidente no habrá llegado demasiado tarde.
Pedro Canales. Rabat
(Source: El Imparcial (Quotidien Eapagne) le 28 janvier 2011)
http://www.elimparcial.es/mundo/eeuu-dispuesto-apoya-a-el-baradei-para-jubilar-a-mubarak-77929.html
Jeudi, la Tunisie a formellement demandé à Ottawa d’arrêter Belhassen Trabelsi, frère de l’épouse de Ben Ali, riche homme d’affaires, considéré comme le parrain d’un clan ayant détourné des fonds publics en Tunisie. Une demande d’extradition devrait suivre. Selon le site canoe.ca, le ministère canadien de l’Immigration (Immigration Canada) a indiqué que Belhassen Trabelsi a perdu son statut de résident permanent. Ce statut lui aurait été enlevé parce que l’homme n’aurait pas respecté certaines conditions liées à ce statut, par exemple celle de séjourner au moins deux ans sur cinq au pays. Toujours selon le site canoe.ca, nous apprenons que vendredi le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a déclaré que le Canada a l’intention d’expulser Belhassen Trabelsi. Il aurait fait cette déclaration lors d’un arrêt à Val-D’Or (Canada), alors qu’il était en tournée prébudgétaire. Cependant un membre du cabinet du ministre, joint à Ottawa, a précisé que le ministère des Affaires étrangères n’a pas l’autorité requise pour prendre cette décision et que même si c’était le cas, une telle mesure prendrait des années à se concrétiser.
Car aucun traité d’extradition n’est en vigueur entre le Canada et la Tunisie. De plus Belhassen Trabelsi a officiellement demandé le statut de réfugié. Ce type de démarches peuvent durer plusieurs années, selon les autorités canadiennes, en dépit de la demande officielle formulée par la Tunisie (via son ambassadeur) d’arrêter M. Trabelsi.
Selon la chaîne TVA, Belhassen Trabelsi et sa famille auraient quitté leur hôtel en catimini pour se rendre dans un endroit tenu secret du public, mais connu des autorités. Démarche logique puisque l’hôtel était constamment surveillé par des Tunisiens vivant au Canada.
Plusieurs médias canadiens avaient dit qu’il avait été arrêté par la police de Montréal qui l’avait mis tout de suite à la disposition des services canadiens de l’Immigration. Or, la réalité semble toutefois légèrement différente. Belhassen Trablesi ne semble pas avoir été arrêté par la police, mais exfiltré par la police pour qu’il aille dans un endroit plus tranquille connu par elle. En d’autres termes, elle a protégé son départ de l’hôtel.
Le bureau du ministre Cannon a précisé vendredi après-midi que le Canada s’engageait à geler les avoirs du milliardaire Trabelsi et non à l’arrêter, comme l’a demandé jeudi l’ambassade tunisienne à Ottawa.
Selon businessnews.com une personne très proche de Belhassen Trabelsi est arrivé à Montréal. Il s’agit de Hamadi Touil, ancien président d’Alpha Ford.
Alpha, distributeur des marques Ford, Jaguar, Land Rover et Hummer, est la filiale du groupe Karthago de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ex-président Ben Ali, en fuite au Canada, avec son épouse, Zohra Djilani, fille de Hédi Djilani, l’ex-président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat).
Selon des témoins sur place, M. Touil est arrivé depuis Paris à bord d’un avion d’Air France, jeudi après-midi. Plusieurs Tunisiens l’attendaient à l’aéroport pour protester contre son arrivée au Canada.
Or selon kapitalis.com, Hamadi Touil avait quitté Tunis le 15 janvier à bord d’un avion Air France. Les autorités tunisiennes, qui avaient voulu débarquer le bras droit de Belhassen Trabelsi, ont essuyé le refus du commandant de bord français, qui a exigé un mandat d’arrêt en bonne et due forme.
Il aurait donc séjourné en France, grâce à ce commandant de bord d’Air France, du samedi 15 janvier au 27 janvier sans être inquété, et en plus il aurait pris un avion Air France en direction du Canada sans problèmes. Mais que fait notre gouvernement concernant ces hommes d’affaires tunisiens qui ont dévalisé leur pays ?
Quant à sa réception et son statut sur le territoire canadien, la question est également posée, surtout quand on se souvient de la déclaration du premier ministre canadien Stephen Harper depuis le Maroc, je cite : « les membres de l’ancien régime tunisien ne sont pas les bienvenus au Canada ».
Source : « Le Post » Le 29-01-2011
L’ex-ambassadeur de Tunisie à l’Unesco témoigne
Suite au remaniement gouvernemental, l’ex-ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, Mezri Haddad, actuellement à Paris après avoir quitté ses fonctions à quelques heures du départ en exil du président Ben Ali, revient pour France-Amérique sur la situation et les perspectives politiques tunisiennes. Témoignage d’un « réformateur » qui appelle au retour de la démocratie.
Journaliste et philosophe, Mezri Haddad critique le régime de Zine el-Abidine Ben Ali dès 1989. Exilé politique en France, il est une figure respectée de l’opposition tunisienne des années 1990. En 2000, il rompt son exil et rallie le régime de Ben Ali . Fin 2009, il accepte le poste d’ambassadeur de Tunisie à l’Unesco – poste vacant depuis 1996 – et fait ses premières armes diplomatiques. Début 2011, alors que Tunisiens ont envahi les rues pour réclamer plus de démocratie, il remet le 14 janvier sa lettre de démission à Ben Ali. Le même jour, le président tunisien quitte le pays et abandonne le pouvoir. Mezri Haddad s’exprime ici pour la dernière fois avant de consacrer les trois prochains mois à l’écriture d’un livre de témoignage. Et revenir, peut-être, dans la vie politique tunisienne.
Pourquoi avoir accepté, en novembre 2009, le poste d’ambassadeur tunisien auprès de l’Unesco ?
Le président Ben Ali m’avait donné le choix entre le portefeuille du ministère de la Culture et l’Unesco. Je trouvais dommage, pour la Tunisie, que ce poste reste inoccupé, j’ai donc choisi le poste d’ambassadeur.
L’Unesco réunit les notions de dialogue entre civilisation, d’éducation pour tous, de l’importance fondamentale de la culture et de la paix pour les peuples. Des questions sur lesquelles j’ai beaucoup écrit. De plus, en étant à l’extérieur du pays, je pouvais garder un esprit critique sur la situation politique intérieure. Je tiens à cette liberté de penser.
Qu’est-ce qui a motivé votre démission le 14 janvier dernier ?
J’ai démissionné car je n’étais plus en phase avec ma conscience et mes idées. Je ne pouvais plus cautionner un régime aux antipodes de mes convictions. Malgré cela, je n’ai pas de mérite à avoir démissionné dans la matinée du 14 janvier, quelques heures avant le départ précipité du président Ben Ali. Il n’y avait aucun calcul politique, je n’ai été guidé que par Aristote, Platon et Voltaire.
Dans une tribune parue hier dans le quotidien « La Presse », vous adressez un message aux politiques et au peuple tunisiens pour que naisse un véritable Etat démocratique sans « faire le procès de la Tunisie depuis 1956 ». Le remaniement annoncé le 27 janvier va-t-il dans ce sens ?
Ce remaniement a été composé judicieusement pour préparer l’échéance démocratique, à condition que la sécurité et la paix civiles soient rétablies. Il y a un temps pour exprimer ses revendications puis un temps pour réformer, pour la transition démocratique. Le temps de la réforme est venu.
Il ne faut pas que les nouveaux partis – qui ont été exclus par le régime de Ben Ali – agissent aujourd’hui en excluant son parti, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, ndlr). Le RCD, comme d’autres organismes d’état, s’est enlisé dans le culte de la personnalité et l’autocratie mais il a aujourd’hui le droit de se réformer et de se recomposer sous sa forme originelle, celle du Néo-Destour. Il peut rappeler tous ceux qui en ont été exclus. Décréter que le RCD n’a plus le droit de participer à la vie politique serait une erreur politique.
Le Chef du parti islamique « Ennahda », Rached Ghannouchi, en exil à Londres, devrait rentrer en Tunisie dimanche. Comment accueillez-vous cette annonce, vous qui refusez de voir apparaître une « démocratie islamique » ?
Il est tunisien et a le droit de revenir dans son pays même si je me pose en adversaire de son idéologie. Pour moi, le combat doit être mené sur le plan intellectuel, des idées et du politique. C’est le moment où jamais d’écrire une constitution qui fasse une distinction entre le politique et le religieux. Pour construire une démocratie sur des bases solides, il faut rendre constitutionnelle cette séparation.
Mais les islamistes doivent accepter les règles du jeu démocratique en revoyant leur idéologie et en effectuant une autocritique. Un parti de fibre islamique peut contribuer à la vie politique de la Tunisie.
Que pensez-vous de l’attitude très critiquée de la France face à la révolution politique tunisienne ?
Je trouve ces critiques déplacées et injustifiées. Il est indigne que certains saisissent les événements tunisiens pour régler des comptes politiques ou les exploiter à des fins électoralistes. Le gouvernement français n’était pas dans une posture de soutien total au régime de Ben Ali. Il tentait de faire évoluer le régime vers plus de démocratie et de respect des droits de l’homme, grâce à la persuasion et sans médiatisation. La France est restée fidèle à sa vocation universelle de terre des droits de l’homme. La position de Michèle Alliot-Marie (ministre des Affaires étrangères, ndlr) était courageuse et morale.
Pensez-vous que des élections démocratiques tunisiennes pourront avoir lieu dans 6 mois ?
J’en suis persuadé. Ce gouvernement n’a pas encore de légitimité démocratique mais il a une légalité. Ses attributions consistent à rétablir la paix civile, redresser l’économie tunisienne, ainsi qu’à préparer la transition démocratique.
Envisagez-vous de vous investir dans l’avenir politique de la Tunisie ?
J’ai le devoir de témoigner de mon propre parcours et des deux derniers mois tunisiens. Le peuple tunisien a le droit de savoir ce qu’il ignore. Je me consacre uniquement à cela, avant d’envisager le moindre avenir politique. J’ai toujours eu deux vocations : la philosophie et la politique. On ne peut pas être philosophe et politique en même temps. Je sacrifie donc le politique dans les mois qui viennent.
Quel est votre point de vue sur les manifestations égyptiennes de ces derniers jours ?
Je n’ai jamais été un révolutionnaire. Je crois au réformisme et au gradualisme démocratique. Je crois à la politique des étapes, telle que l’évoquait Habib Bourguiba. C’est pourquoi, je ne souhaite pas que l’Egypte tombe dans l’anarchie et dans la révolution. L’Egypte est un pays géopolitiquement important et sa déstabilisation n’est pas souhaitable.
Source : « Le journal francais des etats-unis »
La crise tunisienne inquiète les voyagistes français
La Tunisie est la première destination de voyage des Français, devant le Maroc et l’Égypte.
Ils veulent garder leur sang-froid. Mais après deux années difficiles, les voyagistes français sont très inquiets :la période de grande instabilité politique que traverse la Tunisie, les manifestations en Égypte et le risque de contagion dans la région, réel ou perçu, pourraient miner leur activité.
«Jusque-là, ce n’est pas catastrophique car c’est encore la basse saison en Tunisie, déclare Antoine Cachin, président du directoire de Fram. Les gros enjeux sont pour les vacances de Pâques et d’été. Les réservations sont presque au point mort, c’est inquiétant. Mais on a encore un peu de temps devant nous.» Mi-janvier, Fram a rapatrié de Tunisie 1 600 touristes en trois jours. Au millier de clients qui n’ont pas pu partir, le tour-opérateur propose des reports vers d’autres destinations : la plupart optent pour les Canaries, un peu pour le Maroc. Alors que c’est le moment de réserver pour cet été, les clients préfèrent pour l’instant l’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie) à l’Afrique du Nord, à l’exception du Maroc, constate aussi Fram. D’ordinaire, la Tunisie représente 18 % des ventes du tour-opérateur (son troisième marché, après l’Espagne et le Maroc), l’Égypte 5 %. «En Égypte, où nous avons actuellement 500 clients, la situation est différente car la haute saison va commencer, souligne Antoine Cachin. Les ventes sont quasi-nulles mais il y a peu d’annulations. Nous faisons partir 230 clients ce week-end.» Le manque à gagner ne sera pas rattrapé.
Rapport imbattable
Marmara est en première ligne : 38 % de ses clients optent pour des vacances en Tunisie et en Égypte. Le tour-opérateur revendique une place de leader en Tunisie avec 33 % des ventes de séjours clés en main. Idem en Égypte, avec 44 % du marché. «Chaque année, plus d’un million de Français partent en Tunisie, déclare Florian Vighier, directeur général. Pour les tour-opérateurs français, c’est la destination la plus rentable sur le long terme, avec un rapport qualité-prix imbattable. Nous ne voulons pas imaginer un scénario où la destination ne repartirait pas cet été.» En 2010, Marmara a fait partir 350 000 clients en Tunisie (sa première destination), à un prix moyen de 600 euros par personne, tout inclus (vol + hébergement). Habituellement, d’octobre à mars, Marmara affrète 20 vols par semaine pour la Tunisie (Djerba surtout). Aujourd’hui, c’est le calme plat puisque jusqu’au 7 février inclus, tous les séjours et circuits sont suspendus, une disposition prise le 26 janvier par l’Association des tour-opérateurs (Ceto).
Les départs vers l’Égypte, où 80 % des clients de Marmara sont sur les bords de la mer Rouge, ont été suspendus ce week-end par l’ensemble des tour-opérateurs. Le ministère des Affaires étrangères recommande de ne pas se rendre dans le pays. Le Club Med possède trois villages dans le pays. Tous sont ouverts, alors que ses cinq villages en Tunisie (trois à Djerba, un à Nabeul et un à Hammamet) sont fermés. Celui de Djerba La Douce est resté ouvert jusqu’au 16 janvier, date à laquelle il a été fermé par mesure de précaution. Sa réouverture est prévue le 12 février.
«Les tour-opérateurs français ont une dépendance économique importante vis-à-vis du Maghreb, déclare René-Marc Chikli, président du Ceto. Et l’inverse est vrai. Le tourisme est la deuxième activité économique de la Tunisie. Nous sommes pris en tenailles entre l’exigence de sécurité de nos clients et la nécessité pour nous comme pour les pays d’accueil de faire revenir les touristes. En stoppant les départs, nous perdons chaque jour des millions d’euros.»
Source. « Le Figaro » le 29-01-2011
Tunisie. Ce que Ben Ali doit au général El Kéfi
Nouvel extrait de l’ouvrage de Aly Zmerly, ‘‘Ben Ali le ripou’’ publié en exclusivité et en téléchargement libre, par Kapitalis. L’auteur raconte ici les premiers pas de Ben Ali dans la vie dans la vie conjugale et la fonction militaire.
C’est donc en octobre 1957 que Ben Ali est de retour à Tunis. Promu sous-lieutenant, il est affecté à l’état-major. Célibataire, il est logé dans un bâtiment tout proche du ministère de la Défense, servant de mess pour les jeunes officiers. Très timide, taciturne, morose et méfiant, Ben Ali n’a jamais cherché à se distraire et a toujours refusé d’accompagner ses camarades dans un quelconque endroit de la capitale.
Les fiançailles avec Naïma El Kéfi Un jour, deux de ses pairs, esprits taquins, s’amusèrent à lui suggérer de se marier. «Il te faut, lui dirent-ils, t’unir à la fille d’une grosse légume capable de te faire grimper rapidement les échelons du commandement.» La plaisanterie se répéta et fut poussée à son maximum. On lui suggéra de demander la main de la fille du «patron». Imperturbable, Ben Ali restait de marbre. Mais plus pour longtemps. Les deux compères eurent l’audace de solliciter une audience au Commandant en chef, d’autant plus qu’il a demandé au jeune officier de donner des cours particuliers à son garçonnet Hédili. Immédiatement reçus, ils firent savoir à l’officier supérieur qu’ils ont été chargés par le sous-lieutenant Ben Ali de la délicate mission d’entreprendre les premiers contacts en vue d’obtenir la main de mademoiselle sa fille. Le Commandant Mohamed El Kéfi, homme brave et simple, fut ravi et manifesta sans hésitation son accord. Mis devant le fait accompli, Ben Ali accepta la proposition, d’ailleurs toute à son honneur. On battit le fer tant qu’il est chaud. Les fiançailles furent rapidement célébrées. Ce fut une première pour la mairie de Hammam-Sousse. L’acte y fut conclu selon la nouvelle loi du 1er août 1957 réglementant l’état civil par le maire en personne, en présence de nombreux invités de marque parmi lesquels le Gouverneur de Sousse et le représentant du Secrétaire d’Etat à la Défense nationale. Le quotidien La Presse de Tunisie donna un long compte-rendu de l’événement. Ben Ali offrit à sa fiancée de nombreux cadeaux dignes du rang des beaux-parents. Achetés à tempérament, il solda les traites tirées à cet effet avec plusieurs années de retard et laissa auprès des bijoutiers et des drapiers la réputation d’un mauvais payeur. Le mariage fut consommé un peu plus tard, le 19 juillet 1961. Ce soir là, la bataille de Bizerte battait son plein. Pendant que Ben Ali, indifférent à ses devoirs supérieurs, goûtait aux joies du mariage, l’armée française tirait de toutes ses armes terrestres et aériennes sur quelques unités éparses de la jeune armée nationale tunisienne, ainsi que sur des centaines de jeunes militants accourus de toutes les régions pour manifester leur détermination à débarrasser le pays de toute présence militaire étrangère.
A la tête du Service de la Sécurité militaire Le beau-père, par contre, ne fit pas décevoir les espoirs placés en lui. Bien au contraire. Il nomma son gendre à la tête du Service de la Sécurité militaire – en renvoyant son chef dans ses foyers: le capitaine Ben Lanwar –, poste normalement réservé à un officier expérimenté et compétent. Or, Ben Ali, nous l’avons déjà dit, était jeune, dépourvu d’expérience et d’un niveau scolaire assez faible. La mission du Service de la Sécurité militaire est double: la recherche du niveau opérationnel des armées supposées être en possession d’un éventuel ennemi d’une part, et d’autre part, la connaissance du niveau technologique de l’armement dans le monde, soit tout le secret industriel des usines d’armement, de télécommunications, de transport, de soins médicaux, bref, tout ce qui touche à l’intégrité matérielle du territoire national contre toute attaque de l’étranger. Tout cela nécessite l’existence, au sein dudit service, de plusieurs réseaux spécialisés et un budget considérable. Imaginez un peu l’équivalent tunisien de la CIA ou du Mossad. Or, ni Ben Ali ni son beau-père n’étaient capables de concevoir le fonctionnement de telles agences. On s’est d’abord rabattu sur le renseignement interne: chercher à savoir, au sein même des unités de l’armée, si tel officier a bu un verre de trop dans tel endroit ou s’il a couché avec une fille dans tel hôtel ou si, au cours d’une conversation, il a exprimé des jugements sur ses chefs hiérarchiques, ou sur le régime politique et autres balivernes relevant d’un ignoble esprit de délation. Ainsi donc, Ben Ali préparait à l’usage du ministre d’une part et de l’état-major d’autre part un bulletin quotidien à vous donner la nausée. Il y déballait les diverses médisances reçues la veille de tout le territoire. M. Bahi Ladgham, Secrétaire d’Etat à la Défense Nationale manifesta à la lecture de ces papiers quotidiens d’abord de l’étonnement puis de la colère pendant que son chef de cabinet, M. Habib Ben Ammar, s’en délectait ou en faisait son régal matinal. Les niveaux culturels des deux hommes étaient sans commune mesure. Le sieur Habib Ben Ammar devait le poste important qu’il occupait non pas à sa valeur intrinsèque mais à sa qualité d’époux, depuis 1956, de Neïla Ben Ammar, sœur de Wassila Ben Ammar, alias la «Mejda». Simple soldat de l’armée beylicale dans les années trente et bel homme, il s’enticha de Chafia Rochdi, jeune vedette de la chanson, eut d’elle une fille et vécut durant plusieurs années de ses larges subsides.
Les larmes de Sidi Ali Ben Ali Du temps où il était célibataire, Ben Ali se déplaçait dans une vieille Panhard, rendait souvent visite à ses parents et les assistait dans la mesure de ses moyens. A partir de son mariage, les visites s’espaçaient graduellement jusqu’à s’arrêter tout à fait. Ce fut au tour du père de rendre visite à son fils. Une fois par mois, le vieux, Sidi Ali Ben Ali, avec son chapeau de paille à larges bords, sa blouse ample et grise et ses grosses sandales se présentait à la villa du Bardo. Si Ben Ali n’est pas à la maison, Naïma – c’est le prénom de sa première épouse – n’accueillait jamais son beau-père, mais lui demandait d’attendre son fils sur le seuil de la porte d’entrée. Au cas où Ben Ali est chez lui, il introduisait son père dans le vestibule et après un rapide échange de formules de civilité, lui glissait quelques dinars et prenait congé de lui. Par la suite, Ali Ben Ali, saisissant l’absence de sympathie de sa bru, prit l’habitude d’aller voir son fils au bureau. L’accueil était des plus froids. L’entretien ne dépassait pas quelques minutes. Vers le milieu des années soixante, Ben Ali, excédé, ordonna à son père de ne plus le déranger. Ce jour-là, plusieurs témoins virent un vieillard à la stature gigantesque, de grosses larmes coulant des yeux, descendre en titubant les escaliers des cinq étages du bâtiment. Par contre, avec sa mère Ben Ali était affectueux. Il l’aimait d’autant plus qu’elle n’avait jamais quitté le village. Il avait un frère prénommé Moncef qui l’importunait de temps en temps. Sous-officier à la caserne de Bouchoucha dans le bataillon hors rang, c’est-à-dire non destiné au combat, il dilapidait rapidement sa solde. Beau garçon, il lui arrivait de faire le gigolo pour boucler ses fins de mois ou de venir le voir dans sa petite Austin rouge pour le taper de quelques dinars. Plus tard, à la tête de l’Etat, à 51 ans, Ben Ali a semblé prendre soin de sa mère. Est-ce là des regrets et une façon de se racheter ou seulement de la poudre aux yeux du public? Comme dit l’autre: «va savoir». Deux faits sont à souligner cependant : la télévision ne l’a jamais montré entouré de ses ascendants d’une part et, d’autre part, Jeune Afrique avait provoqué sa colère pour avoir révélé leur existence dans un reportage illustré publié peu après le 7 novembre 1987.
Source : « kapitalis » Le 29-01-2011
Lien :http://kapitalis.com/fokus/62-national/2475-tunisie-ce-que-ben-ali-doit-au-general-el-kefi.html
Tunisie: à Sidi Bouzid, une « génération sacrifiée » de chômeurs diplômés
« Vous trouvez que c’est une ville ici? Il n’y a rien, pas d’entreprises, pas d’usines, pas d’infrastructures. C’est une région abandonnée, une génération sacrifiée », dénonce Bilal Chouabb 30 ans, dans les rues sordides de Sidi Bouzid.
Ce cri de détresse est celui de toute la jeunesse, dans cette ville du centre-ouest déshérité et frondeur de la Tunisie, où l’immolation d’un jeune marchand de fruits, Mohammed Bouazizi, a déclenché la révolution qui a emporté le régime autoritaire et corrompu de l’ex-président Ben Ali.
Dans la « cité 17 », des petites maisons alignées, dont la plupart n’ont pas l’eau courante, donnent l’impression d’être inachevées. Au bout de la rue envahie par la boue, un terrain vague, moitié décharge, moitié enclos où broutent des moutons, une vache et quelques poules.
« Nous les jeunes, on a tous fait des études pour échapper à la misère. Mais à quoi bon? Je suis diplômée depuis 2005 et je n’ai jamais trouvé de travail », se désole Nciri Thouraya, 30 ans.
« Je n’ai même pas cherché dans la région, je sais qu’il n’y a pas de travail ici, cette région n’appartient pas vraiment à la Tunisie. Je suis allée à Tunis, à Sousse, à Hammamet… sans résultat. Alors pour gagner un peu d’argent, je travaille dans les champs », explique-t-elle.
Elle tient à la main une pochette plastique protégeant son diplôme en « management informatique ». Quelques jeunes adultes la rejoignent, qui sont vite une dizaine, puis davantage encore. Tous racontent la même histoire, brandissent les mêmes diplômes en technologie, histoire, philosophie… Et chacun veut faire visiter sa maison, constater sa misère, l’envers du décor de la réussite de l’ancien régime dans le domaine de l’éducation.
« Mon père est décédé, on est six frères: deux à l’université, deux au lycée et les deux aînés au chômage ! Si on mange le matin, on ne dîne pas le soir. Si on dîne le soir, c’est qu’on n’a pas mangé le matin ! », se désespère Haykel Derbali, 29 ans, diplômé d’université, qui travaille sur les chantiers de construction – « quand il y a de la place » – pour faire vivre sa famille.
« Et quand par miracle, on trouve un boulot, il faut payer pour l’obtenir », témoigne-t-il, dénonçant la corruption généralisée de l’ancien régime Ben Ali.
Le taux de chômage s’élève à environ 14% de la population active en Tunisie, mais monte à 30% parmi les chômeurs diplômés, environ 100.000 sur 10 millions d’habitants. Des syndicalistes estiment que leur nombre pourrait en réalité atteindre 400.000.
Et la situation est pire encore dans le centre du pays, enclavé et loin des zones développées du nord ou de la zone côtière touristique.
Ici, pas de plage ou de souk pittoresque, mais des oliviers dans une plaine poussiéreuse, où des sacs plastiques accrochés par le vent dans les cactus apportent la seule touche de couleur.
« Il y a eu à partir des années 1990 une massification non rationnelle d’entrée dans l’enseignement supérieur, notamment dans les filières des sciences humaines, sans prendre en compte les débouchés sur le marché du travail », analyse le sociologue Mehdi Mabrouk.
Pour cet enseignant à Tunis, la solution passe par « une politique volontariste pour l’emploi, qui évite une overdose dans le secteur public, mais qui développe une culture citoyenne dans l’entreprise, qui n’a jamais fait du recrutement une priorité stratégique ».
Mais le temps presse. Pour Mohammed, la jeune génération qui voit ses aînés au chômage est découragée et n’a même plus envie d’étudier.
« Je termine une formation de trois ans en télécommunication et je sais qu’il n’y a rien pour moi à la sortie. Je ne peux pas rester à la maison à ne rien faire. Je pense émigrer en France », confie-t-il.
Source : « la Depeche » Le 29-01-2011
La Tunisie veut séduire les investisseurs à Davos
Le nouveau gouverneur de la Banque de Tunisie a assuré que la situation économique est «sous contrôle». Il a répété que Leila Trabelsi, la femme de Ben Ali, n’a pas volé d’or avant sa fuite.
Le nouveau gouverneur de la Banque de Tunisie a lancé, à Davos, un appel à la confiance aux investisseurs internationaux. Reprenant à son compte un des slogans des manifestants qui ont conduit au changement de régime politique, «la démocratieest bonne pour l’investissement» Mustapha Kamel Nabli a souligné que «le système des paiements fonctionne, tout comme les banques et les paiements extérieurs et qu’il n’y a pas de pression sur le taux de change».
Il a certes reconnu que certains secteurs, comme le tourisme a-t-il précisé, sont actuellement «désorganisés» du fait des changements politiques. Néanmoins il considère que la situation économique est «sous contrôle. Nous n’avons besoin d’aucune aide extérieure. Nos réserves de changes sont fortes». Adoptant délibérément un langage technique, cet ancien universitaire, qui est passé par la Banque mondiale, a expliqué que «les fondamentaux (économiques du pays) sont bons, la main d’œuvre est éduquée».
Interrogé sur les réserves en or du pays, il a précisé qu’un inventaire physique a été opéré par une équipe de deux contrôleurs internes et de deux auditeurs externes à la Banque. Il est apparu que les réserves en or détenues dans les coffres de l’institution à Tunis s élevaient à 5,7 tonnes, à quoi s’ajoute 1,4 qui a été déposée à la Banque d’Angleterre. Au total les réserves effectives sont conformes aux chiffres du FMI (près 6,8 tonnes). Contrairementaux rumeurs selon lesquelles l’épouse de l’ancien président Ben Ali aurait emporté 1,5 tonne appartenant à la Banque centrale, les réserves de cette dernière sont intactes.
Un ex-cadre d’Ernst&Young
Mustapha Kamel Nabli s’est présenté comme un universitaire, qui après avoir rejoint le gouvernement Ben Ali en 1990, s’en est séparé en 1995 pour émigrer. Il est accompagné à Davos de deux nouveaux ministres qui viennent tout juste d’être nommés. D’une part, Yassine Brahim qui a en charge le ministère des Infrastructures et des Transports et d’autre part Sami Zaoui. Ce dernier était jusqu’à ces jours derniers un cadre de la firme d’audit Ernst&Young à Paris, où il était établi depuis 23 ans. Il est désormais à la tête du ministère des Technologies informatiques et de l’information
Source : « Le Figaro » le 29-01-2011
Le temps des révoltes
Tahar Ben Jelloun dit que les événements de Tunisie ne sont pas une révolution mais une révolte. Je crois qu’il est important de dire qu’il a raison. Car ce n’est pas un parti organisé, une idéologie structurée, qui a renversé un pouvoir dictatorial et corrompu. C’est le désespoir et l’indignation. Stéphane Hessel donc plus que Marx ou Ben Laden. Une révolte est partie des campagnes et des banlieues vers le centre des villes et le pouvoir.
Cela est beaucoup moins différent qu’on ne le croit des révoltes de banlieues que nous avons vécues en France. Chaque fois, il y a un événement déclencheur tragique, avec mort de jeunes. Et tout s’embrase. Et la première réaction des pouvoirs en place est la solidarité de ceux qui craignent la rue enflammée. Sans travail, sans avenir, avec des prix alimentaires et des loyers qui augmentent, comment vivre? Doit-on laisser l’avenir de nos quartiers et de notre rive sud à des Restos du cœur? Alors oui, soyons attentifs aux mouvements en Egypte, au Maroc, en Algérie… Mais n’oublions pas que ces révoltes sans projets, ce seul et si puissant désir de vivre, doivent déboucher vers des politiques différentes, ou bien le sang coulera.
Cela est vrai aussi chez nous où 130.000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans formation, où 43% des jeunes hommes des quartiers et 37% des jeunes femmes n’ont pas de travail, où 30% des ménages de ces mêmes quartiers sont constitués de mamans seules avec enfants. Il est certes très important de débattre de l’anglais dans les maternelles ou de la semaine de quatre jours, mais l’avenir de la révolte est dans le stock terrible de ces centaines de milliers de jeunes sans qualifications ni espoir. Mais il est vrai que notre police est réputée spécialisée et que Mme Alliot-Marie est toujours ministre! Attention, Indignez-vous vient de franchir le seuil du million d’exemplaires vendus.
Source: ”leJDD” Le 29-01.2011
La Tunisie en road show à Davos
La force du Forum a toujours été de savoir offrir ses tribunes aux « révolutions » : au Berlin de la chute du Mur, au Moscou de Yeltsine, a l’Ukraine orange et aujourd’hui au jasmin de Tunis. A peine nommes Mustapha Nabli, nouveau gouverneur de la banque centrale, et Yassim Brahim ,jeune patron de GL Trade/Sungard propulsé ministre des Transports, étaient la pour rassurer les investisseurs. Tonalité générale de cette session pleine a craquer : la Tunisie est un petit pays (10 millions d’habitants) qui consacre 7pc de son PIB a l’éducation et compte 80pc de propriétaires. Bref qui dispose d’une classe moyenne mure pour la démocratie. Le meilleur service a lui rendre est de ne pas interférer dans le processus qui doit conduire aux élections d’ici six mois et qui sera difficile. Les partis sont jeunes, inexpérimentés et un leadership clair n’a pas encore émergé. L’appel est surtout adressé à la finance mondiale a qui il est demandé de ne pas perturber les finances publiques par des dégradations intempestives de la note pays, surtout quand les agences de notation n’étaient pas émues par la corruption de l’ancien régime. La pérennité du nouveau régime dépendant de sa capacité à créer des emplois qualifiés pour ses nombreux diplômés, les investisseurs sont très bienvenus. Et l’Egypte ? La demande démocratique y est elle aussi très forte mais, préviennent les autres panélistes, on parle là de 80 millions de personnes beaucoup plus pauvres, bien moins formées qu’en Tunisie. C’est la vraie « voix du monde arabe qui se fait entendre ». Attention que l’impatiente espérance d’un scénario tunisien ne vienne pas bousculer le rythme des choses. La révolution egyptienne attend d’ailleurs son nom, fleur ou couleur. Incorrigible Davos qui traduit tout en marketing.
Source: ”les Echos” Le 29-01-2011
Tunisie : Les deux prochains défis du Gouvernement de transition
Pour Mohamed Ghannouchi, le Gouvernement provisoire doit faire face à deux défis essentiels : La transition démocratique et la relance de l’activité économique, pour une plus grande justice sociale.
C’est ce qui ressort d’une interview accordée par le Premier ministre à la chaîne privée Nessma. A une question sur les tractations ayant abouti à la constitution de cette deuxième composition du Gouvernement provisoire, Mohamed Ghannouchi a indiqué que l’objectif était de mobiliser des compétences tunisiennes hautement qualifiées établies à l’étranger pour relever les défis auxquels fait et fera face la Tunisie.
Il a également souligné la nécessité de concentrer les efforts sur des objectifs de «rupture avec le passé et le recours à la conciliation sur de nouvelles bases, tout en s’attachant à la souveraineté de la Tunisie et de son peuple pour qu’il reste fidèle aux martyrs et à tous ceux qui ont trouvé la mort, vécu des moments pénibles ou ont été torturés, durant la période écoulée».
Source : « wmc » Le 29-01-2011
Tunisie: Biographies des nouveaux membres du gouvernement
Six nouveaux membres du gouvernement d’union nationale viennent d’être nominés et ont prêté serment, vendredi, en fin de matinée, devant M. Foued Mebazaa, président de la République par intérim. Ci-après la biographie officielle de chacun d’entre eux:
Biographie de M. Farhat Rajhi, nouveau ministre de l’intérieur M. Farhat Rajhi nouveau ministre de l’intérieur au sein du gouvernement d’union nationale, est né le 29 décembre 1952 à Tunis. Licencié en droit de la faculté de droit de Tunis (juin 1975), M. Rajhi a une carrière de 36 ans dans le domaine de la magistrature. Il a occupé pendant 8 ans le poste de juge rapporteur auprès du tribunal immobilier avant d’être nommé juge au tribunal cantonal de Tunis puis successivement adjoint du procureur général près la cour d’appel de Tunis et vice-président du tribunal immobilier. Il a également occupé le poste d’inspecteur des services judiciaires au sein du ministère de la justice. M. Rajhi a été nommé président de la chambre criminelle près la cour d’appel de Monastir puis procureur général près la cour de cassation. Il a aussi occupé les postes de président de la chambre criminelle relevant de la cour d’appel de Bizerte, procureur général successivement près la cour d’appel de Nabeul et de Bizerte. Il a été aussi président de la chambre criminelle près la cour d’appel de Tunis. M. Rajhi enseigne la Procédure pénale à l’Institut supérieur de la magistrature. Il est auteur de plusieurs articles et contributions dans la revue jurisprudence et législations. Il est marié et père de deux enfants. Biographie de Mme Habiba Ezzahi Ben Romdhane, ministre de la Santé publique Mme Habiba Ezzahi Ben Romdhane, nommée ministre de la Santé publique est née en 1950, à Ksar (gouvernorat de Gafsa). La nouvelle ministre de la Santé publique est diplômée de la Faculté de médecine de Tunis (1978). Elle a suivi une formation en santé publique à l’université Laval (1979), à l’université de Chicago (1981) et à l’université de Tokyo (1988). Elle est professeur en médecine préventive à la Faculté de médecine de Tunis et responsable du Laboratoire de recherche sur l’épidémiologie et la prévention des maladies cardiovasculaire. Elle est experte auprès de l’Organisation mondiale de la santé. Mme Ezzahi Ben Romdhane est récipiendaire du prix 2001 des sociétés maghrébines des sciences médicales. Elle est membre fondatrice de la Société tunisienne d’épidémiologie, du groupe international « Femmes, maladies cardiovasculaires et accidents vasculaires cérébraux » et de la Société internationale d’épidémiologie et de prévention des maladies cardiovasculaires. Mme Ezzahi Ben Romdhane est coordinatrice scientifique des projets euro-méditerranéens « transition épidémiologique et systèmes de santé » (2002/2005) et « études des maladies cardiovasculaires et du diabète dans les sociétés en transition socio-économique » (depuis 2009). Elle a, également, le statut de coordinatrice scientifique de l’enquête nationale sur la violence à l’encontre des femmes (2010) et de l’Observatoire national de la condition féminine (1994). Elle est la responsable de l’enquête nationale sur la morbidité et le recours aux soins (2004/2005) et de l’enquête nationale sur la morbidité maternelle (2010). La nouvelle ministre de la santé est militante et membre fondatrice de la section tunisienne d’Amnesty international, de l’Association tunisienne des femmes démocrates et de l’Association tunisienne pour la recherche sur le développement. Elle est mariée et mère de trois enfants. Biographie de M. Mohamed Ennaceur, nouveau ministre des affaires sociales M. Mohamed Ennaceur qui vient d’être nommé ministre des affaires sociales est né le 21 Mars 1934, à Eljem (Mahdia). Il est diplômé de l’Institut des Hautes Etudes de Tunis (1956). Il a obtenu un doctorat en droit social à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne (1976). Il a été nommé deux fois ministre du travail et des affaires sociales (1974/1977) et (1979/1985). M. Ennaceur assure, depuis 2005, le poste de coordinateur des activités du Pacte Mondial des Nations Unies en Tunisie et d’auditeur Social et de Consultant International depuis 2000. Entre, 1991 et 1996, il a occupé le poste de Chef de la Mission Permanente de Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies et des Institutions Internationales Spécialisées à Genève. M. Mohamed Ennaceur est ancien Commissaire Général de l’Office des Travailleurs tunisiens à l’Etranger (1973-1974). Il est le président Fondateur de l’Association Tunisienne de Droit Social depuis 1985, directeur Fondateur de la Revue Tunisienne de Droit Social, vice-Président de la Société internationale du Droit du Travail et de la Sécurité Sociale, président Fondateur de l’Institut de l’Audit Social de Tunisie et président Fondateur du Festival International de Musique Symphonique d’El Jem. Il est, également, président de l’Institut Social Consult, membre de l’institut International de l’Audit Social (Paris) et conseiller du Centre d’Etudes Prospectives et Stratégiques de Paris. Il a travaillé au sein de plusieurs instances régionales et internationales spécialisées dans les droits de l’homme. Biographie de M. Mokhtar Jellali, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement M. Mokhtar Jellali, qui vient d’être nommé ministre de l’Agriculture et de l’Environnement dans le gouvernement provisoire d’union nationale, est né le 6 mars 1947, à Touila dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. M. Jellali a effectué ses études supérieures à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis et à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration). Il est titulaire d’une licence en droit (spécialité droit général). Il a entamé sa carrière professionnelle en tant que fonctionnaire à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) et puis dans une Société d’informatique où il est devenu, ensuite, son directeur technique et commercial. M. Jellali a occupé, également, le poste de directeur à l’Agence foncière d’habitation (AFH) et a fait aussi une carrière d’avocat. Sur le plan social et politique, il a contribué à la création de la ligue du centre pour le développement intégral qui regroupe les gouvernorats de Sidi Bouzid, Kairouan et Kasserine. Il a occupé le poste de vice-président et ensuite président de cette ligue. Il a été membre du bureau politique de l’Union démocratique unioniste (UDU) avant de démissionner du parti il y a 5 ans. M. Jellali est, également, un ancien député au parlement (Chambre des députés) durant la période 1999-2004 et un militant des droits de l’homme. Il est marié et père de 3 enfants. Biographie de M. Elyès Jouini, ministre auprès du Premier ministre M. Elyès Jouini, qui vient d’être nommé ministre auprès du Premier ministre, chargé des réformes économiques et sociales et de la coordination avec les ministères concernés, est né le 5 janvier 1965 à Tunis. C’est un économiste et universitaire tunisien, membre de l’Institut universitaire de France. Il est actuaire agréé par le ministère tunisien des Finances et membre de l’Institut des actuaires (Paris). Il obtient son doctorat de Mathématiques appliquées de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 1989 et obtient, en 1992, son habilitation à diriger des recherches (HDR) de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a également enseigné à l’Ecole Polytechnique de Paris et de Tunisie, à l’IPEST, à l’Ecole nationale de la Statistique et de l’Administration économique (Ensae, Paris) et à la Stern Business School (New-York University). Il est depuis 2003, directeur de l’Institut de finances de l’Université Paris-Dauphine et depuis 2005, vice-président de cette université. En 2000, M. Elyès Jouini a conduit l’étude de référence sur la réforme du secteur tunisien des assurances. Il a, par la suite, travaillé sur l’assurance maladie, l’assurance automobile et les retraites à la demande en Tunisie. M. Elyès Jouini a été administrateur de la Banque de Tunisie. Il est actuellement administrateur de la COMAR, de Magasin Général et d’Altran Telnet Corporation. Il se consacrera désormais entièrement à son ministère. Il a obtenu plusieurs distinctions : 1984 : major au concours des Ecoles normales supérieures de Fontenay-aux-Roses et de Saint-Cloud 1987 : major à l’agrégation de mathématiques 1990 : prix Nathalie Demassieux (meilleure thèse en science de l’Académie de Paris) en 1989 1995 : commandeur de l’Ordre du mérite (Tunisie) 2005 : co-lauréat du Prix du meilleur jeune économiste de France décerné par le Monde de l’économie et le Cercle des économistes français.
Source : « Espace Manager » Le 29-01-2011
Lien :http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-biographies-des-nouveaux-membres-du-gouvernement.html
Au Peuple tunisien : simplement Merci
Ce texte n’a aucune prétention analytique, il est écrit avec le coeur.
Peuple tunisien, la saine colère, fille légitime de ton indignation, a pris le visage de la force et de la dignité. Tu as dit non à l’oppression, malgré les sacrifices.
Civil(e)s, innocent(e)s, tombé(e)s sous les balles d’exécutants de seconde zone, que Dieu accueille et honore les souffles de vos corps injustement agressés.
À tous les opposants, détenus, torturés, interdits de territoire, tués, ayant eu le courage de leurs aspirations, ayant eu le courage de leurs idées, à vous, merci, sincèrement, simplement. Aux combattants anonymes, merci d’avoir pris le train de l’Histoire en marche. L’honneur, l’audace, l’insolite c’est vous.
Humat Al-Hima n’a jamais vibré avec autant d’harmonie, d’émotion, de vigueur. Humat Al-Hima, les « défenseurs de la patrie », qui d’autre que vous ? Vous et seulement vous.
Soulèvement soudain, pérenne, sincère, non violent. Quel exemple, quelle énergie, quelle claque. Le roi est mort, vive le peuple, vive les peuples.
Peuple résilient, Kairos venu, dame résignation ne fut pas la bienvenue, quelle noblesse ! Cris de révolte, force révolutionnaire, souffle de liberté gonflant des poumons que la menace ne peut plus asphyxier.
Pionnier, historique, inspirant, peuple tunisien vous essaimez l’espoir et le courage dans le cœur de vos voisins, vos frères en peuple, vos ennemis en gouvernement.
Tarek Bouazizi, tu as sacrifié ton corps, ton intégrité, ta jeunesse, ta vie, pour crier, de tout ton être, l’indignation qui a saisi ton cœur, au-delà de la souffrance et de la peur
Tu as cristallisé en toi la résistance, le refus du silence, le refus de tout un peuple, de tout ton peuple. Cette Révolution, tu en es le symbole. Que Dieu t’accueille, que Dieu donne la force à ta famille de vivre avec le manque de toi.
Peuple tunisien, tu fais changer le regard sur « l’arabe », le « musulman », en ces temps où l’ignorance, la méconnaissance, pullule comme un véritable fléau du lien entre nous, êtres humains, mille mercis !
Nation carte postale pour les uns hier, nation détonante pour tout le monde aujourd’hui, Tunisie, tu dépasses mes espérances, comment te dire merci ?
Vous êtes beaux.
Dédié à Tarek (Mohammed) Bouazizi, sa famille, et à tous les tunisiens.
Samir Ben Salem, français d’origine tunisienne.
Source : « AGORAVOX » Le 29-01-2011
Lien :http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/au-peuple-tunisien-simplement-87963
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Tunisie/Égypte : des comparaisons non fondées ?
Ni le gouvernement égyptien ni l’opinion égyptienne ne semblent manifester de réactions exagérées aux évènements de Tunisie, selon Dina Ezzat.
Il n’y a pas la moindre similitude. Les manifestations devant l’ambassade d’Algérie étaient vraiment massives. Il était très difficile de passer au travers de la sécurité pour prendre des photos. Les manifestations devant l’ambassade de Tunisie furent très petites et il n’y eut aucun problème, vraiment aucun, pour prendre des photos, » dit un photographe de presse d’un quotidien indépendant.
Comparer les grosses manifestations de rue devant l’ambassade d’Algérie, dans le district de Zamalek au Caire, qui suivirent la défaite l’automne dernier de l’équipe nationale de foot égyptienne aux épreuves de qualification pour la Coupe du Monde, avec les petites et brèves manifestations de militants politiques devant l’ambassade de Tunisie, également à Zamalek, serait, selon un habitant de la région, « comme si on comparait la Somalie à l’Égypte ».
Mais qu’en est-il de comparer la Tunisie avec l’Égypte ?
Le ministre du Commerce, Rachid Mohamed Rachid, et le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Abul-Gheit, n’ont pas mâché leurs mots pour nier tout parallèle entre les scènes politiques à Tunis et en Égypte.
« Les évènements de Tunis ne peuvent se reproduire en Égypte. L’Égypte a un mécanisme de 64 millions de cartes de rationnement pour amortir les hausses internationales des prix alimentaires. Et nous n’avons pas augmenté les prix des carburants depuis 2008, » expliquait le ministre du Commerce et de l’Industrie.
« Chaque pays a son propre contexte. Ceux qui parlent de répétition des évènements tunisiens en Égypte disent n’importe quoi. Ils se livrent à des fantaisies sans fondement » déclarait de son côté le ministre des Affaires étrangères.
Tant Rachid qu’Abu-Gheit répondaient alors aux questions de journalistes à Sharm El-Sheikh, en marge du Sommet économique arabe organisé et présidé par l’Égypte.
Leurs remarques réagissaient aux comparaisons faites entre la Tunisie et l’Égypte et qui étaient devenues incontournables dans la presse indépendante et dans certains débats télévisés. Pourtant, même les critiques les plus virulents du régime concèdent que la Révolution du Jasmin est peu susceptible de se répéter en Égypte, soit en raison des « mécanismes de décompression », soit en raison de la faiblesse de la classe moyenne égyptienne et des syndicats comparés à leurs homologues tunisiens.
La réaction officielle de l’Égypte, publiée par le bureau de presse du ministère des Affaires étrangères vingt-quatre heures après le renversement du Président tunisien Zein Al-Abidine ben Ali, a évité de prendre position. Elle dit simplement « respecter les choix du peuple tunisien » et appelle tous les Tunisiens à respecter leurs intérêts nationaux.
La Présidence est restée à l’écart jusqu’à ce lundi (17 janvier), quand son porte-parole, Suleiman Awad, a fait une brève déclaration à l’agence d’informations officielle MENA (Middle East News Agency – Le Caire) pour réfuter un article diffusé et ensuite repris par la chaîne satellitaire Al-Jazeera, suggérant que le Président Hosni Moubarak avait ordonné des mesures préventives – tant militaires que socio-économiques – pour éviter une révolution en Égypte. L’histoire, dit Awad, « a été inventée de toutes pièces et est sans fondement ».
D’après le porte-parole présidentiel, Moubarak n’a programmé aucune réunion avec ses principaux généraux, comme Al-Jazeera le laisser entendre, et n’a pas davantage ordonné d’annuler l’augmentation des prix de certains produits de base, « car, en premier lieu, il n’y a aucun projet de cette sorte ».
Moubarak, ajoute Awad, dirige les affaires comme d’habitude, supervisant les préparatifs pour le sommet de Sharm El-Sheikh qui s’ouvre mercredi après-midi (19 janvier).
Ceci dit, les quotidiens officiels et les chaînes de la télévision d’État ont eu quelque mal à mettre l’accent sur l’ « engagement réaffirmé » du parti au pouvoir, le Parti national démocratique, et de son gouvernement, à « respecter les directives claires et fermes du Président Moubarak pour éviter que les pauvres ne subissent tout le poids des augmentations des prix ».
Le Premier ministre, Ahmed Nazif, le ministre de la Santé, Hatem El-Gabali, et le ministre de la Solidarité sociale, Ali Meselhi, ont publié concomitamment des déclarations annonçant des subventions accrues pour les zones rurales, des plans de préventions médicales élargis et le subventionnement de nouveaux programmes sociaux.
Pour un membre de la Commission politique du parti dominant, « placer ces déclarations dans le contexte d’un apaisement social dénature la réalité ».
« Les déclarations du Président Moubarak sur le soutien aux pauvres ne sont pas une nouveauté, » dit-il, parlant sous couvert d’anonymat. « Depuis le premier jour, Moubarak a démontré sa sensibilité à l’égard des défavorisés et cela reste constant, même alors qu’il lançait son programme de réformes économiques. »
« Les évènements récents en Tunisie peuvent avoir servi ceux qui (à l’intérieur du parti et du gouvernement) plaidaient pour reporter à l’an prochain le projet d’ajustement (des prix de certains produits de base) contre ceux qui défendaient un ajustement plus tôt ».
« Aucune décision définitive n’a été prise en la matière. Ce que nous savons, cependant, c’est que le Président fait passer un moment très difficile à son groupe économique à chaque fois que celui-ci suggère une hausse des prix ».
Un ancien conseiller du Président Moubarak affirme que cette version « est probablement exacte ».
« Au cours de mes années de travail avec le Président, j’ai noté un malaise systématique de sa part à propos de toute hausse des prix, même des cigarettes, un produit qui, en premier lieu, ne devrait pas être subventionné. De toute évidence, il finit par accepter certaines augmentations, mais je peux vous dire que s’il suivait les conseils de certains membres éminents du groupe économique, les choses prendraient une autre tournure ».
La Révolution du Jasmin peut avoir pris ses racines dans l’insatisfaction socio-économique, mais elle a pris finalement une dimension politique, les manifestants étant passé des exigences de meilleures conditions économiques à celle de la fin du long règne de Ben Ali.
Ces dernières années, l’Égypte a connu ses propres manifestations demandant des conditions économiques améliorées et/ou une réforme politique. Les manifestants, des vingtaines ou des centaines, mais jamais des milliers, demandaient la modification de la Constitution pour limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, que Gamal Mubarak, le fils cadet du Président et la vedette politique du PND (parti national démocratique), soit exclu de toute élection présidentielle à venir, la création de plus d’emplois et l’extension des subventions. Beaucoup de ces manifestations ont eu lieu devant le Parlement, là où, dimanche, un Égyptien s’est immolé par le feu pour protester contre les difficultés économiques. Deux autres ont fait de même mardi, l’un devant le Parlement, et l’autre à Alexandrie, et sont décédés de leurs brûlures. Rien ne dit, toutefois, qu’ils recueilleront le soutien qui suivit l’immolation de Mohammed Bouazizi, dans la ville tunisienne de Sidi Bouzid.
Cela ne veut pas dire que l’opinion égyptienne n’est pas marquée par la Révolution du Jasmin. A en juger par les courriers adressés aux rédacteurs en chef, y compris à ceux qui ont publié les déclarations officielles, et par les interventions sur Facebook, les Égyptiens ont été massivement impressionnés par la révolution tunisienne. Pourtant, à observer la différence entre les manifestations de masse à propos du football en novembre dernier, et le modeste rassemblement de militants politiques devant l’ambassade tunisienne de vendredi dernier, on pourrait bien en conclure que la Révolution du Jasmin n’inspirera pas une Révolution des Roses.
Source : « Info-Palestine » 29-01-2011
Tunisie, Egypte : quand les peuples prennent leur destin en main
Vous pouvez reprendre un à un tous les vœux officiels dont on nous inonda il y a moins de trente jours : aucun n’avait anticipé la précipitation sismique de l’histoire à laquelle nous assistons en Tunisie, en Egypte…
En moins de trente jours, c’est tout le paysage géopolitique mondial qui s’en trouve affecté. Et par qui ? Des « Arabes » ! Nos sous-civilisés favoris !
Des révolutions populaires sans leaders emblématiques
Sans même, comble du comble, que nos chers et si opportuns épouvantails islamistes en soient à l’origine. Ni en Tunisie, ni en Egypte (où on dit pourtant qu’ils ont pignon sur rue) ; ni encore en Algérie, en Jordanie ou au Yémen où de premières secousses populaires se sont déjà fait sentir.
Ce qui se passe dans ces pays est proprement sidérant. Une tentative de prise de contrôle d’un destinée politique par des peuples eux-mêmes. Qui est en mesure sérieusement de donner un nom ou un visage à de quelconques leaders à l’origine de ces évènements ?
« Le monde change, nous devons changer aussi », lâchait encore récemment je ne sais plus quel chantre de la philosophie des wagons accrochés docilement à d’improbables locomotives. Tunisiens et Egyptiens sont en train de nous prouver le contraire en entendant changer leur monde eux-mêmes.
Les maîtres du monde dépassés par les évènements
Et pendant ce temps-là, nos maîtres du monde officiels, réunis en Guignol’s band intimiste àDavos, pérorent sur la pérennité de leur empire, psalmodient façon Coué leur scie sur l’après-« crise qui est derrière nous ». Tandis que leur barcasse continue de péter de partout et à leur échapper, comme dans ces territoires révoltés pourtant si stratégiques à leur hégémonie planétaire.
A cet égard, les évènements historiques du 28 janvier en Egypte leur donnèrent l’occasion d’un étonnant remake tunisien, avec Hillary Clinton dans le rôle d’Alliot-Marie, et Obama dans celui de Sarkozy. Certes, Hillary Clinton ne proposa pas son aide sécuritaire à son homologue égyptien. Et pour cause. Que disait-elle il y a moins d’une semaine ?
« Notre évaluation de la situation, c’est que le gouvernement égyptien est stable et cherche les moyens de répondre aux besoins et intérêts légitimes du peuple égyptien. »
Quant à Barack Obama, sitôt aprèsl’intervention télé d’un Hosni Moubarak aux abois (là encore, répétition presque à l’identique des derniers sursauts de Ben Ali avant la fuite), il se contenta… de renouveler sonsoutien au président égyptien, en lui conseillant juste de mettre « des actes sur les mots » !
Populations occidentales sous gueule de bois
Nul ne peut aujourd’hui prévoir comment tourneront les évènements entamés dans le monde arabe, surtout pas nos savantsanalystes de laboratoire. Mais le fait notable est que ces évènements soient bel et bien enclenchés. Au nez et à la barbe des « puissants » à allure grandissante d’opérette.
Mais quid de nos populations à nous, de leur révolte à elles contre la décrépitude en train de frapper leur quotidien ? Vu à travers les exceptionnelles images diffusées par la chaîne arabeAl Jazeera, les soulèvements de Tunis et du Caire font en comparaison paraître bien pâlichonnes et molles nos braves manifestations pour les retraites.
Là où nous réclamons le maintien d’un univers révolu, eux en revendiquent un radicalement nouveau. C’est que nous sortons de plusieurs décennies d’agapes surconsommatrices et de grosse-tête un brin hypertrophiée quant à la supériorité de notre modèle. La gueule de bois qui nous assomme en retour donne la mesure de notre léthargie présente.
N’empêche qu’un cycle nouveau s’est mis en marche sous nos yeux. De nombreux obstacles se mettront probablement en travers de sa progression, le ralentiront, le pervertiront ou l’enraieront même, peut-être. Mais quel qu’en soit l’issue, celui-ci a le mérite d’exister et l’année 2011 s’annonce sous des auspices un peu plus encourageantes. Que nos amis tunisiens, égyptiens en soient ici remerciés.
Source : « Rue89 » Le 29-01-2011
L’oubli interdit: Une victime de Moez Trabelsi parle
«Il m’a humilié et plumé pendant plus de 10 ans»
La famille des Trabelsi s’est imposée et s’est incrustée de force dans de nombreux secteurs économiques du pays. Au Marché de gros de Bir el Kassâa, Moez et Houçem, fils de Moncef Trabelsi, se sont arrogé deux locaux (on parle de « carreaux » là-bas) : l’un à l’intérieur du pavillon N° 4 des fruits et légumes, le second du côté des poissonneries. L’année dernière à pareille époque, nous nous sommes rendus sur les lieux et quelques uns des intermédiaires et ouvriers du marché nous ont parlé d’abus multiples commis par les frères Trabelsi contre à la fois marchands et clients des halles.
Seulement, personne n’acceptait alors de nous révéler son identité. Hier, vendredi, nous sommes revenus à Bir el Kassâa pour voir ce qu’il en est advenu des deux « carreaux » usurpés et enregistrer les reproches et plaintes de ceux que les Trabelsi auraient de quelque façon lésés. Nos premiers interlocuteurs furent des entremetteurs et quelques uns de leurs employés: « Les deux frères Moez et Houçem nous ont fait voir de toutes les couleurs, répondirent-ils d’une même voix. Ce sont eux qui faisaient la loi notamment dans le prix de certains fruits comme les bananes dont ils monopolisaient le droit d’achat et de distribution. Là-bas, leurs tarifs étaient libres et ils décidaient des taxes à payer par les fournisseurs. Ils ont fait chanter plusieurs hôteliers et restaurateurs pour que ces derniers ne s’approvisionnent que chez eux. On dit aussi qu’ils vendent des quittances falsifiées et tout le monde sait qu’ils ne paient pas le droit d’implantation aux halles. Dans les pavillons des poissonniers, Houçem Trabelsi aurait chassé une locataire pour installer son commerce sur le carreau de celle-ci. Là-bas aussi, les Trabelsi jouent à leur guise avec les prix ». Aujourd’hui, après la chute du régime de Ben Ali, les carreaux que possédaient Moez et Houçem Trabelsi à Bir El Kassâa sont encore ouverts, les deux intermédiaires à qui ils sont loués continuent de les gérer. Nous nous sommes entretenus hier avec l’un deux, celui qui traitait avec Moez. Ce commerçant qui s’appelle Adel Jébali est originaire de Testour (gouvernorat de Béja) et descendant d’une famille qui exerce l’entremise commerciale de père en fils. Manifestement, la longue période pendant laquelle il a dû subir son arrogant propriétaire l’a beau
« Aujourd’hui, je me sens soulagé et rétabli dans ma dignité ! » coup marqué. Le voilà qui révèle les humiliations, les affronts, les abus endurés, ainsi que les pertes financières qu’il a enregistrées durant plus de 10 ans.
Humiliations et exploitation sans limites « J’en sors perdant à tous les niveaux et il était temps que survienne la délivrance. Encore faut-il que je m’acquitte dorénavant de toutes mes dettes contractées à cause de Moez Trabelsi. En effet, chaque fois qu’il passe au marché de gros, il se rend au carreau et s’empare d’importantes sommes d’argent qu’il promet de restituer sans jamais me rembourser. Il m’envoyait aussi ses amis pour s’approvisionner en fruits de qualité et se fâchait si je leur demandais de payer la facture de leurs achats. Ceci sans parler des cageots de fruits qu’il commandait lui-même, ou son frère ou sa mère et qui restaient toujours impayés. Il m’empruntait de l’argent quelquefois sans jamais me le rendre. Une fois, il m’a demandé 500 dinars et m’a remis un chèque comme gage. Je me suis empressé de le mettre dans ma poche quand il me ricana au nez : c’était une copie scannée et pas un chèque authentique. A d’autres occasions, il me demande d’aller lui acheter quelque chose et pendant mon absence dévalise la caisse. Une autre fois, il roula l’un de mes employés à qui il fit croire qu’il enregistrait les quantités de fruits réceptionnées, alors qu’il profitait de son inattention pour faire main basse sur la recette de la veille. C’est quelqu’un de très grossier et ce soûlard m’insultait à tout bout de champ. Pour tout vous dire, il me traitait comme son domestique. Figurez-vous qu’une fois, il s’est essuyé la chaussure avec un bout de ma chemise ! Je craignais sa malfaisance car j’ai des bouches à nourrir et que d’autres familles dépendaient de mon commerce, en l’occurrence celles de mes employés. Je le subissais la mort dans l’âme en espérant qu’un jour, j’aurai mon propre commerce et ne dépendrai plus de personne. Mais jamais il n’est intervenu en ma faveur ; de plus l’administration du marché n’a pas daigné, pendant toutes ces années, répondre positivement à mes nombreuses demandes pour l’appropriation d’un local. C’est sans doute sous l’influence de Moez Trabelsi que le P.D.G. de la coopérative qui gère le marché n’a pas donné suite à ma requête. Moez ne voulait pas que je me libère de son emprise et utilisait la menace pour parvenir à cette fin. Son père et sa mère aussi me faisaient subir leurs caprices et me traitaient comme le dernier de leurs serviteurs. » Soulagement et espoir «Aujourd’hui, je me sens soulagé et comme réhabilité dans ma dignité. Ma situation ici n’est certes pas régulière et je traite avec mes clients sans quittance légale. Au lendemain de la fuite des Trabelsi, on est venu me demander de fermer ; j’ai refusé catégoriquement d’obtempérer à l’ordre et tous mes collègues m’ont soutenu. Je ne bougerai pas d’ici tant qu’on n’a pas reconnu mon droit à m’implanter là où je suis. J’étais locataire chez Moez Trabelsi, mais à présent je suis prioritaire quant à la passation du carreau. Mon dossier est depuis des années entre les mains de l’administration du marché à qui j’ai maintes fois remis une demande au sujet d’un espace où m’implanter. Ma réputation est excellente et tout le monde en témoigne ici et ailleurs ; je reste solvable auprès de tous mes créanciers en dépit des difficultés financières du moment. La famille, mes amis et tous mes collègues me dépannent sans poser de conditions et la banque m’accorde avances et crédits. Mais, il me faut maintenant éponger toutes mes dettes et commencer une nouvelle ère. A proprement parler, je n’ai réalisé que des pertes avec les Trabelsi ; il est temps que je pense à moi et à ma famille. Je demeure optimiste en ce qui concerne le local ; personne ne peut me le contester. J’attends tout simplement que les choses se clarifient à la tête de la société gérante, après cela, je suis quasiment sûr qu’on m’accordera le carreau que je revendique. »
Source : « Le Temps » le 29-01-2011
Réponse au communiqué des employés de Dar Assabah paru le 21 janvier 2011 au journal le Temps, page 3
En réponse au dit communiqué je rappelle :
• Que j’ai refusé de céder les actions que je possède dans le capital de la société Dar Assabah dont le fondateur est mon feu père Habib Chikhrouhou, à Mohamed Sakher El Materi et la société « Princess Holding ».
• Que jusqu’à ce jour, je suis encore membre du conseil d’administration de la société qui est l’organe légalement compétent pour administrer la société et ce, conformément à l’article 17 de ses statuts et que j’étais contraint par Sakher El Materi de démissionner de mon poste de directeur général.
• Qu’il n’est permis à personne de s’approprier une partie du capital social de la société laquelle société malgré que 80% de son capital est détenu par Sakher El Matri et sa société Princess Holding demeure régie par le code des sociétés commerciales et par ses statuts.
En outre, je me pose la question comment moi ou toute autre personne pourrait s’approprier l’établissement comme il a été soutenu par les rédacteurs du communiqué ?
En tant que citoyen tunisien qui aspire et réclame la liberté de la presse, j’ai refusé toute forme de collaboration avec l’ancien régime, seul responsable de l’étouffement de la liberté d’expression ce régime qui a exercé sur moi en tant que directeur général de la société toutes formes de pressions morale et matérielles.
Je rappelle aussi que la société est passée par des difficultés économiques ce qui lui a permis de bénéficier des dispositions légales relatives au redressement judiciaire, j’ai pu pendant les dernières années sauvegarder tous les postes de travail au sein de l’entreprise tout en permettant aux employés de bénéficier de leurs droits légaux en prenant toutefois en considération l’intérêt général de l’entreprise afin de parvenir à sa sauvegarde par la poursuite de son activité et la sauvegarde des postes de travail, prétendre le contraire constitue des propos diffamatoires vis-à-vis de la société et de ses anciens dirigeants.
Enfin, je rappelle que la participation au capital de la société demeure régi par la loi et par les dispositions statutaires et ne peuvent être prises en considération, que les demandes légales et légitimes car on ne peut passer d’un état d’oppression à un état d’anarchie.
Mohamed Raouf CHEIKHROUHOU
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Réponse à la lettre de M. Mohamed Raouf Cheikhrouhou
En réponse à la lettre de M. Mohamed Raouf Cheikhrouhou, DAR ASSABAH précise ce qui suit:
M. Mohamed Raouf Cheikhrouhou a bénéficié de la qualité de membre du Conseil d’administration de DAR ASSABAH en vertu du PV de l’Assemblée générale s’étant tenue le 19 avril 2007 et ceci pour les mandats relatifs aux années 2007-2008-2009 et ce, conformément à l’article 19 du statut de la société et de l’article 190 du code des sociétés.
Dès lors le mandat de M. Mohamed Raouf Cheikhrouhou a pris fin avec la fin de l’année financière 2009. Et tant qu’il n’aura pas été de nouveau élu membre du Conseil d’administration en vertu d’une décision émanant de l’Assemblée générale, il ne pourra plus prétendre garder cette qualité.
En ce qui concerne le point 5 dans la mise au point émanant de M. Mohamed Raouf Cheikhrouhou, il s’avère, après examen de leurs dossiers administratifs que les employés de DAR ASSABAH n’ont pas bénéficié de plusieurs droits énoncés dans la convention collective de la presse écrite.
Source : « Le Temps » le 29-01-2011
Kaïs Ben Ali n’a pas été arrêté, pourquoi ? Il se cache chez des amis
Kaïs Ben Ali semble être encore en liberté. On se demande bien pourquoi ? C’est une information qui a été annoncée par la station Jawhara FM.
Le peuple tunisien et tous les médias du monde croyaient à son arrestation, puisqu’on a entendu diverses rumeurs sur son arrestation, précisant bien qu’il a été interpellé par l’armée à Msaken, dans la nuit de samedi à dimanche avec dix autres personnes qui « tiraient en tous sens » à bord de véhicules de police, où un membre de ce groupe de tireurs nocturnes a été tué lors de l’intervention des militaires, selon les dires de deux témoins, dont un médecin.
Depuis, on a entendu dire beaucoup de choses mais la vérité c’est que Kaïs est Libre, bien Libre, et qu’il se refugie chez des amis.
Rappelons que Kaïs Ben Ali est le fils de Moncef Ben Ali, un trafiquant de drogue notoire, condamné par contumace en France à 10 ans de prison, dans le cadre de l’affaire dite du « couscous connection », mais décédé il y a quelques années sans avoir purgé sa peine.
Kaïs Ben Ali est connu pour diriger de nombreux commerces dans la région de Sousse, notamment des débits de boisson alcoolique, et avait la réputation d’être un potentat local à Msaken.
Que les autorités en disent quelque chose à son sujet : Arrêté pour de bon, ou bien est-il encore en fuite, ou bien a-t-il négocié son relâchement ???
Source : « Tunivisions » le 29-01-2011
ARAB WORLD: How Tunisia’s revolution transforms politics of Egypt and region
The effects of theTunisian revolt are reverberating around the Arab world. The effects are being feltmost immediately in Egypt, but other societies are simmering as well.
The most obvious effect is the empowerment of the citizen. The individual who felt helpless before the all-powerful state has now discovered that ultimate political power really does lie in his or her hands — that in spontaneous and collective action, a repressive regime, enjoying widespread regional and international support, can be brought down in a few weeks.
Second, the Jasmine Revolution, like the Egyptian protests, are driven by a wide mix of socio-economic and political demands. They were not led by a particular party or movement, nor had a particular ideological coloring. In that sense, they were more about basic social, economic and political rights, than favoring one political-ideological trend over another. This pattern is now being reproduced. Past upheavals were driven by Arab nationalist, leftist or Islamist parties and ideologies — the Tunisian and Egyptian revolts are about basic human rights.
Third, the current revolts destroyed the claim that only the Islamist movement had the ideological and organizational power to challenge the authoritarian state. A spontaneous non-ideological citizen’s uprising accomplished in days what Islamist movements have failed to accomplish in decades. Islamists argued that their appeal to God would trump the state’s power; the Tunisian and Egyptian rebels show that the appeal to the citizen was more immediate and more effective. Islamists argued that their religious and mosque networks would secure the masses necessary for political action; the protests show that they could get more numbers and more fervor by appealing to the broad community of citizenship. It has become popular to die in religious jihad; the Tunisians, and now the Egyptians, show that it is equally noble to die in defense of citizens’ rights.
Fourth, there is much for political parties to consider. Islamists should realize that appeals to human rights, citizenship and social justice are more effective than simple appeals to religion and Sharia law. Secular, nationalist, leftist, liberal and other movements should awaken to the fact that even if their parties have been in decline, the citizenry is awakening. The ground for pluralist, citizen-based politics is very fertile, even if the ground has not been tilled for many decades.
In particular, this message should go out most strongly to labor unions that once were at the forefront of social struggle. It should be clear from events in Tunisia, and now Egypt, that issues of employment and social justice are more resonant and more effective in organizing public demand than the ideologies of all the different political trends.
Fifth, the events in Tunisia have changed the calculations of various elements of the ruling regimes. Previous upheavals had indicated that the ship always goes down with the captain. The demise of Saddam Hussein was accompanied by the collapse of his entire ship of state; the removal of the shah included all the officials and elites surrounding him; as did coups in Egypt, Syria, Libya and other Arab countries in the previous century.
Events in Tunisia have shown quite the opposite; indeed, the army realized that to save itself it had to send the ruler away rather than stand by him. The lesson that getting overly involved in politics might weaken military institutions rather than strengthen them is a lesson that was learned by most military establishments around the world in past decades — including the Turkish military. We hope it is being learned among Arab military officials as well, particularly in Egypt.
Sixth, business elites should examine the multiple lessons of Tunisia and Egypt. Social justice matters. Growing economic inequality, weak social safety nets and reliance on « trickle down, » despite modest GDP growth, is simply not good enough for the majority of the population. Nor can the state protect the rich from the demands of the middle classes and the poor. Instead of pressing the state for more monopolies and more unequal profits, business elites should awaken decision makers that growth needs to be more inclusive and that socio-economic development will need to be broadened if it is to be sustainable.
Seventh, the club of Arab rulers is certainly furious at Ben Ali for abandoning his post, and extremely worried about the new wind sweeping through the Arab world. One can expect little encouragement from them for positive change; rulers have acted rapidly to step back from economic austerity measures and dump quick social and economic benefits on their publics, thus hoping to avoid real political change. But as events in Egypt show, this might be too little, too late.
Activists from civil society, media, academia, political parties and enlightened elements within government and the business community should build on the new path that the Tunisians have pioneered, to make sure that the Jasmine Revolution leads to a full and broad reentry of Arab society to the path of democratization and citizens’ rights rather than end in a short and narrow dead end.
Finally, the international community — particularly the West — should realize that their support of repressive and corrupt regimes is not only morally reprehensible but also practically short-sighted. These regimes have long lost the support of their people and are more than ever at risk of collapse. The international community should help Tunisia make it all the way to full-fledged democracy; and otherwise, should stand aside to let Arab publics decide their political futures rather than maintain ailing regimes on international life-support systems.
Source: “Los Angeles times” le 29-01-2011
Tears and joy as Tunisia’s revolution rap debuts
Tears mixed with joy as « El General » — the rapper banned by Tunisia’s regime who helped inspire a revolt that has shaken the Arab world — took to the stage for the first time in Tunis on Saturday.
Smiling and confident in his oversize white puffa jacket, 21-year-old Hamada Ben Amor stepped out on to the stage and rapped the lyrics that earned him a spell in prison earlier this month as Tunisia’s revolution exploded.
« We live in suffering/ Like dogs/ Half the population is oppressed and living in misery/ President of the Country/ Your people are dead! », he said in his most famous song in front of several hundred cheering fans in a sports hall.
The song — a direct address to president Zine El Abidine Ben Ali, who fled to Saudi Arabia on January 14 — was an unprecedented form of rebellion against the old regime and it became an instant hit on Tunisian Facebook pages.
In the audience, opposition activist Atia Athmouni, 59, broke down in tears.
« He talks about the dictator, about the fallen heroes, about the revolution, » said Athmouni, who helped organise the first protests against Ben Ali last month in Sidi Bouzid, an impoverished rural town in central Tunisia.
Most of the fans were students — many of them in baseball caps and hooded sweaters — who said rap artists like El General encouraged them to take to the streets for the demonstrations that ultimately led to Ben Ali’s ouster.
Many of them sang along to songs that they only know from Facebook.
« Tunisian rap talks about reality. It tells stories about real life. That’s why they were banned, » said one fan, 19-year-old Maissa El Fahem, who had come with a group of friends after hearing about the concert on the Internet.
« We listen to his songs. The words really touched my soul, » she said.
Mohammed Marrekchi, 21, a mechanics student in a black leather jacket and jeans, said: « It’s not music for pleasure. It’s music with a real message.
« It helped people rise up, » he said, as El General took to the stage.
Before stepping out for his debut, Ben Amor told AFP it was an emotional moment. « Now that the dictator has left, I can finally breathe, » he said.
The concert started early at 2:00 pm (1300 GMT) because of the night-time curfew that is still in place in Tunisia following recent unrest.
Asked about the leaders who have replaced Ben Ali, the rapper said: « I hope the new government works in the interests of the people and not for itself. »
He looked to the country’s uncertain future in his first song on stage, rapping: « Tunisia is our country/ These people will never surrender/ Today we have to find a solution hand in hand/ Peacefully or with blood. »
Ben Amor’s fame is so far largely confined to Tunisia, but that could be about to change. He says his phone has been ringing off the hook with interest from foreign record labels ever since Ben Ali’s downfall on January 14.
He is set to travel for a concert in Senegal next month, then Athens, then Marseille and he’s going on tour around Tunisia in the summer.
The concert was held at the start of a rally for the Progressive Democratic Party (PDP), a former opposition group that is now part of the new government.
Music mixed with politics, as the crowd started chants against Egypt’s veteran ruler Hosni Mubarak, who is also under pressure from unprecedented protests.
« Mubarak! Mubarak! Saudi Arabia is waiting for you! » they chanted.
Party banners hung up in the hall read: « For a real democratic transition » and « Loyalty to the blood of the martyrs » — a reference to the dozens killed in a crackdown during the final days of Ben Ali’s 23-year rule.
Also speaking at the rally was Mannoubia Bouazizi, the mother of the 26-year-old fruit vendor from Sidi Bouzid whose self-immolation in protest at police persecution triggered the revolution.
She cried on the podium: « May God bless him! May God bless him! »
Source: “The Sydney morning Herald” Le 29-01-2011
Egypt, learning from Tunisia, squelches electronic speech
This must be the next logical step after the social-media-fueled uprising in Tunisia: The Egyptian governmentcut off Internet access for customers of Telecom Egypt (the government-owned telephone company) shortly after midnight Friday (local time in Egypt) as protests were heating up. The other broadband providers quickly followed suit, leading James Cowie of the Renesys blog to speculate that government officials were on the phones making offers the ISPs couldn’t refuse.
Blocking the Net is a drastic and chilling step, the kind of thing that would be unthinkable in a democracy that values free speech and the free flow of information. Or not: As Wired noted, abill that Sens. Jay Rockefeller (D-W.Va.), Olympia Snowe (R-Maine) and Bill Nelson (D-Fla.) sponsored in 2009 would have allowed the president to disconnect « critical infrastructure » from the Internet if needed in an emergency. The bill left the designation of what constituted « critical infrastructure » up to the president.
The idea drew so much flak, the provision wasdropped from a later draft. Besides, the point of the bill, as with competingHouse andSenate cyber-security proposals, was to keep vital U.S. resources from being blocked or hijacked via the Net — in other words, to keep them operating in the event of an attack, not to isolate them from the public.
Anyway, cutting off Internet access wouldn’t stop people from sending text messages far and wide. That’s why the government apparently ordered mobile phone operators toshut their networks down too.
Source: “Los Angeles Times” le 28-01-2011