في كل يوم، نساهم بجهدنا في تقديم إعلام أفضل وأرقى عن بلدنا، تونس Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to a better information about our country, Tunisia |
F T C R: Non aux fascistes vive la révolution et les libertés d’expressions
ATF: Non à l’obscurantisme pour une Tunisie des libertés
Communiqué du Front du 14 Janvier- Paris: Réponse aux mensonges
AP: Tunisie: des avocats agressés lors d’une manifestation d’islamistes
Reuters: Guaino hébergé en Tunisie sous Ben Ali
Reuters: Tunisia Islamists say fear election delay planned
Kapitalis: Au secours, Saïda Agrebi est de retour!
Kapitalis: Ghannouchi révèle sa vision de la Tunisie à Londres
Middle East Monitor: Shaykh Ghanoushi unveils Tunisia’s vision in British parliament
Comme au cinema: Tunisie: interpellations après une manifestation de salafistes
Tekiano: Tunisie : Peut-on tout dire au nom de la liberté d’expression ?
Tekiano: Tunisie : Taoufik Ben Brik contre Nadia El Fani
Wbdo: Une manifestation devant le palais de justice dégénère
Ouest France: En Tunisie, Kasserine entre colère et nouvel élan
Gnet: Tunisie/INS : « Les statistiques ont été manipulées et non falsifiées »
Bilel Chabbi: Révolution en danger, les preuves par des faits
NON AUX FASCISTES
VIVE LA RÉVOLUTION ET LES LIBERTÉS D’EXPRESSIONS
Non à l’obscurantisme pour une Tunisie des libertés
Réponse aux mensonges.
Tunisie: des avocats agressés lors d’une manifestation d’islamistes
Guaino hébergé en Tunisie sous Ben Ali
Tunisia Islamists say fear election delay planned
Au secours, Saïda Agrebi est de retour!
Ghannouchi révèle sa vision de la Tunisie à Londres
Le 20 juin, Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, a pris part à une table-ronde organisée par le Middle East Monitor (Memo) dans les Maisons du Parlement, à Londres. Compte-rendu par ‘‘Meadle East Monitor’’.
En raison de ses activités politiques à la tête du parti Ennahdha, cheikh Ghannouchi et des milliers de ses compatriotes avaient été contraints à l’exil politique pendant plus de deux décennies, mais maintenant, à la suite du soulèvement populaire en Tunisie ayant inspiré la vague de révolutions dans le monde arabe, cheikh Ghannouchi a pu finalement retourner dans sa patrie tunisienne.
Les gens n’ont plus peur de l’Etat policier Visiblement fier de tout ce que ses compatriotes, hommes et femmes, ont pu obtenir, grâce à leurs courageuses protestations publiques, et notamment le renversement du président Ben Ali, un dictateur corrompu, cheikh Ghannouchi a évoqué les changements positifs intervenus en Tunisie au cours des quatre derniers mois. «La peur a disparu», a-t-il dit, les gens n’ont plus peur de l’Etat policier. Au contraire, les gens, aujourd’hui, se considèrent comme les maîtres de l’État – comme cela devrait être. Les prisonniers politiques ont été libérés. Il y a eu le retour d’un grand nombre d’exilés qui ont passé des décennies loin de leurs maisons et de leurs familles en Tunisie. Il y a eu aussi un regain de popularité des groupes islamistes modérés, tel qu’Ennahdha (qui signifie littéralement la Renaissance). Il y a cependant encore un long chemin à parcourir, a averti cheikh Ghannouchi. Beaucoup craignent que, malgré le changement des personnes qui étaient associées au dictateur déchu, il n’y aurait finalement qu’un lifting de l’ancien régime. Ce qu’il faut, c’est plutôt un nouveau départ. Les Tunisiens ne cherchent pas à démanteler leur État ou à lancer une chasse aux sorcières, comme d’autres pays seraient tentés de le faire en ce moment. Ils veulent seulement une direction démocratiquement élue à laquelle ils pourraient faire confiance. Cheikh Ghannouchi a aussi expliqué que le parti Ennahdha est l’un des groupes politiques les plus populaires en Tunisie. Il a raconté comment des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues pour exprimer leur joie lorsque lui et les représentants de son parti sont retournés récemment enTunisie, après un long exil.
Ennahdha ne peut pas conduire la Tunisie par lui- même Au cours des 30 dernières années, le parti Ennahdha et ses membres ont été en lutte pour leur existence même, a-t-il dit. Ayant été banni, ils ont réussi à garder le parti et son éthique en vie et sont maintenant prêts à rentrer plus forts que jamais et plus déterminés pour représenter leur peuple. La Tunisie est un pays magnifique, a dit cheikh Ghannouchi à son auditoire, mais sous une direction corrompue dans les dernières décennies, il a beaucoup souffert. Vingt-cinq pour cent des ressources du pays étaient contrôlées par Ben Ali et quelques-uns des problèmes les plus importants auxquels la Tunisie fait face maintenant sont d’ordres social et économique. Plus de 700.000 personnes sont au chômage en Tunisie, dont beaucoup de diplômés. Cependant, ce ne sont que quelques-uns des nombreux problèmes auxquels cheikh Ghannouchi et son parti se sentent en mesure de répondre. Et bien qu’il ne soit plus possible de marginaliser les islamistes, le leader d’Ennahdha reconnaît que ces derniers ne peuvent pas conduire la Tunisie par eux-mêmes. Les élections qui devaient avoir lieu le 24 juillet sont désormais fixées pour le 23 octobre, période à laquelle Ghannouchi est confiant que les militants du parti Ennahdha seront les mieux placés pour se présenter au peuple comme les nouveaux représentants d’un gouvernement démocratique en Tunisie.
Source : « Kapitalis » Le 28-06-2011
Shaykh Ghanoushi unveils Tunisia’s vision in British parliament .
Tunisie: interpellations après une manifestation de salafistes
Une trentaine de personnes ont été interpellées mardi à Tunis lors d’une manifestation de Salafistes venus réclamer la libération de leurs camarades arrêtés après le saccage d’un cinéma qui présentait un film sur la laïcité en Tunisie, ont indiqué des témoins. Trois avocats agressés par des manifestants ont dû être transportés à l’hôpital, a-t-on indiqué de même source. Plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées mardi matin devant le palais de justice de Tunis en scandant « Allah est grand » ou « le peuple est musulman et le restera ». Ils étaient venus réclamer la libération de six personnes arrêtées dimanche dernier après que des Salafistes eurent pénétré dans un cinéma du centre de Tunis – brisant ses portes en verre – pour empêcher la projection du film de la cinéaste tunisienne Nadia El Fani, « Ni Allah, ni maître » qui traite de la place de la laïcité en Tunisie. La manifestation a dégénéré et la police est intervenue pour disperser les manifestants islamistes, interpellant une trentaine d’entre eux, selon des sources concordantes. L’intervention du groupe de manifestants salafistes dans le cinéma dimanche a provoqué une levée de boucliers dans les milieux culturels tunisiens, qui ont dénoncé cet acte d’intolérance. La cinéaste Nadia El Fani était absente dimanche, se trouvant en France car elle est malade. Depuis une projection de son film fin avril à la clôture du festival de Tunis et la diffusion d’un reportage sur elle sur une télévision tunisienne, elle a été la cible des islamistes qui appellent sur Facebook à la couvrir de crachats.
Source: “Comme au cinema” Le 28-06-2011
Tunisie : Peut-on tout dire au nom de la liberté d’expression ?
Par Lotfi Ben Cheikh
Les intégristes de la laïcité défendent becs et ongles l’initiative de la projection du film documentaire intitulé «Ni Allah Ni maître» de Nadia El Fani. Mais même dans des pays où la liberté d’expression est censée règner, on n’hésite pas à interdire, ou déprogrammer la diffusion d’un film quand les circonstances l’exigent.
«Je suis pour la liberté d’expression. Mais franchement, programmer un tel film dans un tel contexte est de la pure provocation». Ainsi s’exprime Leila, cadre sup en (pantalon moulant) dans une administration publique. «Je suis contre les islamistes, je ne voterai pour eux pour rien au monde. Mais je suis Musulman. Et à ce titre, je trouve que la projection du film «Ni Dieu, Ni Maître» est une atteinte à mes valeurs et à mes croyances, comme à celles de 99% des Tunisiens». Taoufik Ben Brik lui-même, peu suspect de sympathiser avec les courants religieux ne ménage pas ses critiques face à ce qu’il considère comme étant de la «pornographie idéologique».
Les jusqu’au-boutistes de la laïcité, eux, défendent becs et ongles l’initiative de la projection du film documentaire intitulé «Ni Allah Ni maître» de Nadia El Fani. Considérant que les Tunisiens ont gagné de haute lutte le droit de s’exprimer, indépendamment de leurs croyances, et de leurs opinions politiques ou religieuses. Toute expression serait-elle donc permise, dans la mesure où elle n’appelle pas à la violence. On remarquera cependant que même dans des pays réputés comme étant sourcilleux sur les questions de liberté d’expression, on n’hésite pas à interdire, repousser ou déprogrammer la diffusion d’un film, ou d’un documentaire, quand les circonstances (ou certains intérêts) l’exigent. La chaîne télé culturelle ARTE a ainsi déprogrammé le documentaire « Jénine, Jénine » qui devait être diffusé le 1er avril. Le film en question ne touchait pourtant directement les intérêts français, encore moins les fameuses «valeurs républicaines» de l’Hexagone. Ce qui n’a pas empêché les responsables de la chaîne télé franco-allemande de zapper le documentaire consacré aux violences atroces subies par les Palestiniens dans le camp de Jénine, au printemps 2002. L’explication ? On la trouve dans l’hebdomadaire français «Le Nouvel Obs», peu suspect d’antisémitisme : «le Conseil des communautés juives de France, (…) a demandé « publiquement » l’intervention des autorités auprès d’ARTE pour que « Jénine, Jénine », « film de propagande palestinienne », soit déprogrammé». « Octobre à Paris », le film documentaire sur la répression sanglante des manifestations d’Algériens en France, tourné en 1962, sortira dans les salles parisiennes, en octobre prochain. Après une censure qui a duré… 50 ans. S’agiraient-ils de cas rares et isolés, dus à l’influence de certains lobbies ? Pas nécessairement. Un petit tour d’horizon nous permettra de nous apercevoir que même dans les pays à tradition permissive, on ne se permet pas de tout passer, de tout dire, sous couvert de liberté d’expression fut-elle cinématographique. Le long-métrage «La Vie de Brian» réalisé en 1979 par les britanniques Monty Python, a été interdit pendant huit ans en Irlande, et pendant un an en Norvège. Les Italiens attendront 1990, soit onze ans, avant de pouvoir voir ce film à l’humour corrosif dans leurs salles. Ce même film, qui se permet de tourner en dérision l’histoire biblique, a même été interdit jusqu’en 2001, dans l’île anglo-normande de Jersey. En mars 2011, en Allemagne, une chaîne télé est allé jusqu’à censurer deux épisodes de la série des «Simpsons» qui évoquaient d’une manière un peu cavalière une catastrophe nucléaire… en dessins-animés. Les exemples de films censurés, déprogrammés, reportés, pour cause de contexte défavorable abondent. Il ne s’agit en aucun cas, ici, de faire l’éloge de la censure. Mais simplement de rappeler qu’il est courant, même dans le monde développé, d’éviter la diffusion des œuvres susceptibles de provoquer, à tort ou à raison, des troubles parmi les populations, à un moment donné. Que dire alors dans le contexte d’une Tunisie qui sort encore à peine d’une Révolution? Or décider de projeter le documentaire de Nadia El Fani alors même que notre pays connait encore de graves turbulences est pour le moins une gageure. Loin de permettre la diffusion des valeurs modernistes, l’opération pourrait même de braquer davantage une société conservatrice traversée de courants contradictoires. Pis : les revendications athées de Nadia El Fani ne sont pas sans dangers pour les Tunisiens qui se battent contre l’obscurantisme. Avec des propos de ce genre, le risque est grand pour les réformistes, les défenseurs de la modernité, de se faire passer auprès du bon petit peuple, (l’amalgame aidant), pour des mécréants. Et ce faisant, Nadia El Fani et ses amis ne rendent pas vraiment service à la cause qu’ils prétendent défendre. Même si rien ne justifie, rien n’excuse, le déchaînement de violence aux relents moyenâgeux qu’a essuyé le cinéma AfricArt.
Source : « Tekiano » Le 28-06-2011
Une manifestation devant le palais de justice dégénère
Lors des événements qui ont éclaté dimanche après-midi, à Tunis, à l’occasion de la projection du film « Ni Allah ni maître » à l’Africart, sept jeunes ont été arrêtés par la police.
C’est ainsi qu’aujourd’hui des dizaines de leurs camarades se sont rassemblés devant le palais de justice de Tunis pour protester et réclamer leur libération, et ce, d’après Mosaique FM.
Si au départ, cette manifestation était calme, avec des pancartes et des hymnes disant que la Tunisie est un pays musulman avant tout, l’ambiance a dégénéré par la suite. Selon le site Babnet, l’avocat Naceur Laouini a été tabassé par certains manifestants alors qu’il était sorti devant le ministère pour discuter avec eux. La discussion s’est rapidement transformé en une partie de boxe…
D’ature part, et selon nos sources, les avocats Fakhr Gafsi, membre du barreau de Tunis, Sami Trifi, du parti Ennahdha, Samia Abou, Leila Ben Debba, Abdenaceur Laayouni ont, également, été agressés au sein du tribunal. Les agresseurs ont assailli les lieux dans le but donc de libérer les sept membres de leur mouvement, arrêtés lors de l’attaque du cinéma Africart.
Source: “Wbdo” Le 28-06-2011
Lien: http://www.webdo.tn/2011/06/28/une-manifestation-devant-le-palais-de-justice-degenere/
Tunisie : Taoufik Ben Brik contre Nadia El Fani
Sur le film de Nadia El Fani, Ben Brik martèle : «La majorité des Tunisiens, et pas seulement, les Islamistes, n’acceptent pas ce type de discours». Pis : «Ces gens font de la pornographie idéologique» conclut-il. «Projeter ce genre de films c’est s’exposer automatiquement à ce type de réaction».
Taoufik Ben Brick a été l’un des premiers à tirer un coup de semonce contre le régime de Zaba. Ses livres étaient interdits. Ses articles censurés, et la police politique s’était abattu sur le militant qui a dû faire connaissances avec les geôles de la dictature.
Dans une interview diffusée lundi 27 juin sur les ondes de Mosaique FM, Taoufik Ben Brik raconte pourquoi il a refusé le Prix International italien de la liberté de Società Libera (et les 200 000 euros qui vont avec). Le même prix a pourtant été attribué à des personnalités comme Nelson Mandela, Lech Walesa, et à… Oriana Fallaci, la journaliste italienne célèbre pour ses diatribes s’attaquant ouvertement aux Musulmans et à l’Islam.
La raison pour laquelle Ben Brick a refusé la récompense ? La fondation qui octroie ce prix est d’obédience libérale. Une doctrine économique qui s’est révélée «catastrophique pour la Tunisie» selon Taoufik. Ben Brick précise «est-ce que tu peux prendre du fric distribué par Le Pen ou par le roi d’Arabie Saoudite» ?
Le plus célèbre des journalistes tunisiens a également rappelé que son frère Jalel Brik, le militant de gauche connu des milieux révolutionnaires internationaux, n’a absolument rien à voir avec le Jalel Brik qui sévit sur les réseaux sociaux. Taoufik précise que ni lui, ni son frère, n’ont une connaissance de Facebook, Google, et autres trucs disponibles grâce aux ordinateurs.
Mais ceux qui seront étonnés de voir le contestataire tunisien zapper délibérément plus de 400 000 de nos dinars, ne seront pas au bout de leurs surprises. Ils vont découvrir une nouvelle facette du sulfureux Ben Brik. Celle du défenseur des valeurs de l’Islam.
Sur les violences qui ont émaillé la manifestation culturelle de dimanche au Cinema AfricArt, l’opinion de Taoufik Ben Brik ne manquera pas de piquant. Il souligne ainsi d’abord «qu’il n’a pas vu le film de Nadia El Fani». Mais il précise qu’avec un titre pareil, (la rabbi, la seyed), « il constitue une atteinte aux valeurs et à la foi des Tunisiens». Il s’interroge : «Je me demande si cette cinéaste a les moyens de se confronter à des questions religieuses. Dostoievski est resté 3 ans dans un ermitage avant d’écrire les Frères Karamazov. Nadia El Fani a le droit de parler de la religion, mais est-elle qualifiée pour» ? Ben Brik martèle que «La majorité des Tunisiens, et pas seulement, les Islamistes, n’acceptent pas ce type de discours». Pis : «Ces gens font de la pornographie idéologique» conclut-il.
Taoufik Ben Brik cautionnerait-il pour autant les agressions qui ont eu lieu en plein centre de Tunis ? Il s’empresse de répondre : «je ne cautionne rien du tout» ! Pour le journaliste, «projeter ce genre de films c’est s’exposer automatiquement à ce type de réaction violente. Des films s’en prenant à la chrétienté ont suscité des réactions violentes même dans des pays comme les Etats-Unis et la France. Que dire alors de la Tunisie, dans le contexte actuel »?
Source : « Tekiano » Le 28-06-2011
En Tunisie, Kasserine entre colère et nouvel élan
Le procès de Ben Ali reprendra jeudi. Les initiatives citoyennes se multiplient, dans cette région pionnièrede la révolution du 14 janvier qui s’estime toujours délaissée.
Tunis.Correspondance
Le micro passe d’un bout à l’autre de la table, au gré des mains qui le réclament. L’équipe de la radio en ligne Ici Kasserine diffuse son émission hebdomadaire du fond d’un café du centre-ville. Le matériel est rudimentaire et les présentateurs « amateurs », mais qu’importe.
«Nous faisons entendre notre voix », dit fièrement Mona Labbaoui, 28 ans, à la recherche d’un emploi dans le secteur de la biologie.
Dans cette ville pionnière de la révolution, les associations, quasiment inexistantes sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, ont fleuri par dizaines, depuis le 14 janvier. « La société civile a un grand rôle à jouer dans la construction de la démocratie», assure Nesrine Hermassi, 28 ans, qui a repris ses études en marketing pour échapper au chômage.
Les programmes de sa « web radio » se veulent pédagogiques. « On explique ce que signifie «régime parlementaire», «régime présidentiel» et pourquoi il faut voter. »
« Je pourrais voterpour le diable »
À Kasserine, où sont représentés plusieurs des 94 partis légalisés, la défiance est grande vis-à-vis du monde politique. «Il y a beaucoup de suspicion, constate Fodha Belgacem, du Mouvement des patriotes démocrates (gauche radicale), présent depuis peu dans le gouvernorat. Après vingt-trois ans de dictature, les gens n’ont en tête qu’une image de l’action politique. »
La section régionale a choisi un président de 32 ans, et fera campagne sur des problématiques locales, en vue des élections de l’assemblée constituante, le 23 octobre.
Mizar Jabbari, un chômeur de 29 ans, pourrait «voter pour le diable pourvu qu’il me vienne en aide». Comme lui, beaucoup d’habitants de Kasserine craignent d’être oubliés. Sur les murs du centre-ville, les revendications ont d’ailleurs continué à s’inscrire, depuis janvier. « Emploi ou nouvelle révolution », proclame l’une d’elles.
Dans le gouvernorat, le plus déshérité des vingt-quatre préfectures du pays, le taux de chômage des jeunes diplômés frôle les 40 %. « La ville a été l’étincelle de la révolution, mais rien n’a changé ici », juge Mizar Jabbari.
Au conseil municipal provisoire, mis en place il y a deux mois, on ne manque pas d’idées pour le développement de la région. « Implanter des usines agroalimentaires, développer le tourisme culturel, construire un campus universitaire », égrène Ridha Abasi. « Mais le budget n’est pas entre nos mains », regrette-t-il.
Faute de moyens, lui et ses collègues parent au plus pressé. Ce matin, balai et pelle à la main, ils arpentent les rues pour une « opération propreté ». «Je suis pauvre, j’ai onze enfants, que pouvez-vous faire pour moi ? », interpelle un homme à la peau burinée.
Source: “Ouest France” Le 28-06-2011
Tunisie/INS : « Les statistiques ont été manipulées et non falsifiées »
Les responsables de l’ancien régime s’immisçaient-ils dans le travail de l’INS pour faire dire ce qu’ils voulaient aux chiffres ? C’est là ou réside l’amalgame, selon Adnène Lassouad, sous-directeur de l’observatoire de la conjoncture économique à l’INS. « Il n’y a pas eu immixtion dans les méthodologies scientifiques, ni falsification des chiffres, mais il y a eu manipulation ». En effet, les pressions s’exerçaient au niveau de la publication. Tous les indicateurs n’étaient pas bons pour être rendus publics, et une sélectivité était de rigueur. Le système des statistiques est critiqué, à plus d’un égards et doit faire un effort pour recouvrer sa crédibilité perdue, souligne-t-il en substance. Quid de ce taux de pauvreté qui a fait polémique après que le ministère des Affaires sociales ait publié un taux de 24,7 %, alors que le seuil de pauvreté a été fixé à 3,8 % par l’INS ? Sur ce point, Yassine Jemal, sous-directeur des enquêtes sociales à l’INS, explique que la méthodologie du calcul du taux de pauvreté en Tunisie a été modifiée en 2005 sur recommandation de la Banque mondiale. « Cette méthodologie définit deux seuils de pauvreté : un seuil qui sert les politiques du gouvernement de l’époque et un autre qui les dessert, car il était un peu élevé ». Avec cette méthodologie, « l’INS a pu déterminer entre 2000 et 2005 des indicateurs révélant des disparités sociales, une injustice sociale grandissante et un accaparement des richesses par une catégorie sociale aux dépens d’une autre ». S’agissant du taux de 24,7 % qui a fait beaucoup de bruits, Yassine Jemal explique que « le ministère des Affaires sociales ne dispose pas d’indicateurs sur la consommation et les dépenses des ménages. Il s’est appuyé sur des registres administratifs englobant les catégories bénéficiant des programmes sociaux, de carnets de soins gratuits, et de carnets de soins à tarifs réduits »…. Selon ce résonnement, « celui qui bénéficie d’une aide sociale est considéré comme pauvre, or nous savons comment ces aides, ces carnets de soins étaient accordés sous l’ancien régime », relève-t-il en ajoutant, « ce taux n’est pas un indicateur scientifique. Le taux de 3,8 % (400 mille habitants) de l’INS de 2005 représente en revanche, le seuil de pauvreté extrême, et concerne les Tunisiens qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins alimentaires. Le deuxième seuil, appelé le seuil haut de pauvreté, et qui n’a jamais été publié sous l’ancien régime a été fixé à 11,5 %, soit 1.200.000 Tunisiens. Il concerne les habitants qui peuvent pourvoir à leurs besoins alimentaires, mais non à leurs autres besoins, comme la santé ou autres. Ce taux est de 29,4 % dans le Centre-ouest ». Autre question qui a fait débat récemment a trait à l’annonce faite par le ministre de la Planification et de la Coopération internationale sur l’avancement de la date de la réalisation du recensement général de la population de 2014 à 2012. Impossible, rétorque l’INS. « Il est difficile de réaliser un recensement avec la qualité requise à cette date. La préparation d’un recensement et le pré-dénombrement requièrent une période d’une année à une année et demi. Une commission technique d’experts s’est constituée au sein de l’INS ; elle va préparer un calendrier qui sera annoncé avant la fin du mois de juillet ». « L’annonce de l’avancement de la date du recensement sans la consultation préalable de l’INS nous rappelle les pratiques d’antan », regrette Adnène Lassouad, qui appelle à améliorer la qualité et l’accessibilité aux données. « Il s’agit de passer des statistiques gouvernementales à des statistiques publiques au service de tout le monde sur un pied d’égalité. Les statistiques publiques sont nécessaires à la démocratie, le gouvernement les utilise pour ses programmes et l’opposition, la société civile et les syndicats les utilisent pour évaluer les politiques gouvernementales et présenter des contre-projets », précise-t-il. Pour le sous-directeur de l’observatoire de la conjoncture économique, « l’INS a commencé à arracher son indépendance, et une motion a été faite dénonçant les entraves bureaucratiques, et appelant à la non-ingérence du ministère dans le travail technique de l’Institut ainsi qu’à l’amélioration des textes juridiques ». Mongi Mkadem, économiste et conseiller de l’émission, appelle à garantir « l’impartialité scientifique de l’INS même par rapport à la Banque mondiale ». A fortiori que « l’on va adopter d’ores et déjà l’indexation des salaires sur les prix, ce qui représente un grand enjeu ». « Une impartialité qui ne peut-être garantie que dans le cadre de l’indépendance et d’un cadre législatif avancé », rétorque Adnane Lassouad.
Source: “GlobalNet” Le 28-06-2011
Révolution en danger, les preuves par des faits