28 juillet 2010

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TUNISNEWS
10 ème année,N° 3718 du 28.07.2010
 archives :www.tunisnews.net 

Reporters sans frontières: Tunisie – La presse sous pression – Les autorités tentent de faire taire les critiques

Reporters without borders: Tunisia – Journalists harassed – Wave of measures designed to intimidate and silence government critics

Reporters sans frontières: La vie du journaliste Fahem Boukadous est en danger

Taoufik Ben Brik: « Jours ordinaires chez (Be)-Naâli »

Abdel Wahab Hani: Le Conseil Constitutionnel est renouvelé pour une durée de trois ans, marquant le dernier mandat du Sage des Sages – Questionnements, Commentaires et Souhaits à chaud…

   Le Temps: Nominations et mouvement dans le corps des Secrétaires généraux des Comités de coordination

Tekiano: Piratage en Tunisie : Bon pour Windows, mauvais pour l’Open source ?

Réalités: Le politique et le religieux en Tunisie: Les malentendus de l’Histoire

Réalités:Tunisien, musulman, arabe…

L´Express: Al-Qaeda au Maghreb islamique  – 10 questions sur les terroristes islamistes au Sahel

Le Monde Diplomatique: Rapports explosifs sur la guerre en Afghanistan


Reporters sans frontières Communiqué de presse 28 juillet 2010 Tunisie

La presse sous pression

Les autorités tentent de faire taire les critiques

 


 

La pression du gouvernement tunisien s’accroît sur les journalistes qui osent critiquer le pouvoir et défendre de la liberté d’expression.  

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les mesures de répression prises par le gouvernement pour intimider les journalistes, portant atteinte à leurs libertés fondamentales, dont la liberté d’expression et de réunion. Par ailleurs, les autorités souhaitent limiter les critiques sur l’incarcération du journaliste Fahem Boukadous.  Reporters sans frontières réitère ses appels à sa libération immédiate et inconditionnelle. » a déclaré l’organisation.  

 

Suite à la publication de deux articles illustrant l’Etat policier tunisien dans le journal français le Nouvel Observateur, le poète et journaliste Taoufik Ben Brik est assigné à résidence depuis plusieurs jours. Un cordon de policiers en civil empêche en permanence toute personne d’accéder à son domicile.  

 

 Le vendredi 16 juillet 2010, le n°555 du journal d’oppositionAl-Maoukef a été saisi quelques heures après sa diffusion en kiosque (http://fr.rsf.org/tunisie-mensonges-et-controle-de-l-19-07-2010,37976.html). Sa publication contenait le texte de l’initiative du Pacte républicain du Parti démocrate progressiste (PDP) et un poème satyrique de Taoufik Ben Brik, dédié au journaliste emprisonné Fahem Boukadous.  

 

Le pouvoir cherche également à étouffer les répercussions de « l’affaire Boukadous » sur Internet. Le journaliste et blogueur Zyad Al-Heni a été convoqué par la police, le 27 juillet 2010. Il s’est présenté à 9 heures au commissariat de Gourjani à Tunis et a été relâché à 16 heures sans avoir subi d’interrogatoire ni reçu d’explications.  

 

La police l’a menacé de le convoquer à nouveau si elle le jugeait nécessaire. Il serait visiblement inquiété pour ses articles en faveur de Fahem Boukadous. Il a posté sur son blog un commentaire sur la déclaration de l’épouse du journaliste et une lettre ouverte au procureur chargé de l’affaire.  

 

Le mardi 27 juillet 2010, les forces de police ont empêché l’organisation d’un séminaire sur les perspectives de dialogue démocratique organisé dans l’enceinte du journal Al-Maoukef. Aucun des journalistes et intellectuels conviés n’a pu pénétrer dans le bâtiment.

 

Ce climat de terreur sur les libertés de la presse s’inscrit dans la volonté de l’exécutif tunisien de criminaliser la profession de journaliste. Le vote de l’article 61 bis loi du Code pénale le 1er juillet 2010 (http://fr.rsf.org/tunisie-appel-au-president-de-la-09-07-2010,37906.html) et l’arrestation le 15 juillet 2010 du journaliste Fahem Boukadous (http://fr.rsf.org/tunisie-quand-le-monde-tourne-a-l-envers-15-07-2010,37957.html), illustrent l’intolérance croissante du régime envers les journalistes et les défenseurs des  libertés fondamentales.

 

Reporters without borders Press release July the 28th, 2010

TUNISIA

Journalists harassed

Wave of measures designed to intimidate and silence government critics


 

The Tunisian authorities have in the past few days stepped up their harassment of journalists who dare to criticise the government and defend freedom of expression.

“We are very worried by the measures taken to intimidate journalists and restrict their fundamental freedoms, including the freedom of expression and assembly,” Reporters Without Borders said. “The authorities are also trying to rein in criticism of journalist Fahem Boukadous’ imprisonment. We reiterate our call for his immediate and unconditional release.”

Poet and journalist Taoufik Ben Brik has been under house arrest for the past few days, after writing two articles for the French newspaper Nouvel Observateur about Tunisia’s police state. A permanent cordon of plain-clothes police is preventing anyone from visiting his home.

Issue No. 555 of the opposition newspaperAl-Maoukef was seized on 16 July, just hours after it appeared on newsstands. It contained the text of a “Republican Pact” proposed by the opposition Progressive Democratic Party (PDP) and a satiric poem by Ben Brik dedicated to Boukadous, who had been arrested and jailed the previous day.

The authorities are also trying to stop online criticism of Boukadous’ imprisonment. Blogger and journalist Zyad Al-Heni went to Gourjani police station in Tunis at 9 a.m. yesterday in response to a summons and was held until 4 p.m. without being interrogated or given any explanation.

The police threatened to issue another summons if they deemed it necessary. Al-Heni is clearly being harassed because of his articles in support of Boukadous. His latest blog entries have included a comment about a statement by Boukadous’ wife and an open letter to the prosecutor in charge of the case.

The police prevented a seminar about the prospects for democratic dialogue from being held yesterday at Al-Maoukef’s headquarter. None of the invited journalists and intellectuals was allowed to enter the building.

The latest wave of harassment, combined with the adoption on 1 July of a bill designed to criminalise the activities of Tunisian human rights defenders and Boukadous’ arrest two weeks ago, suggest that the regime is becoming increasingly intolerant of journalists and others who defend basic freedoms.

 


Reporters sans frontières

La vie du journaliste Fahem Boukadous est en danger


Publié le 28 juillet 2010 Condamné à quatre ans de prison pour avoir filmé les manifestations populaires du bassin minier de Gafsa au printemps 2008 pour El Hiwar Ettounsi, le journaliste Fahem Boukadous est dans un état de santé dramatique. Incarcéré le 15 juillet dernier par la police alors que ses examens de santé étaient encore en cours, Fahem est sujet à des crises d’asthme aigues. Enfermé dans une cellule en plein désert, où la température peut atteindre les 50°, sans soin ni suivi médical, ses jours sont comptés. Lors de sa visite à son époux et compagnon de lutte, Afef Benaceur a constaté l’extrême dégradation de son état de santé. Victime d’une violente crise d’asthme le vendredi 23 juillet, Fahem n’a pas pu voir de médecin dans l’immédiat. Au lieu de lui apporter de l’oxygène comme l’exige la procédure médicale en pareil cas, il a été maintenu en détention. Ce sont les autres prisonniers qui ont alerté les gardiens devant la gravité de la situation. Ses codétenus tapaient sur les portes en appelant au secours. Le médecin de l’hôpital régional de Gafsa n’est arrivé que quarante minutes plus tard, trouvant Fahem Boukadous dans un état grave. Il a aussitôt fait part à l’administration de ses préoccupations. Prévenu trop tard, il aurait pu le trouver mort. A l’issue d’un procès inique, Fahem Boukadous a été condamné le 13 janvier 2010 par le tribunal de Gafsa à quatre ans de prison ferme, pour “appartenance à une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens », et “diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public“, sur la base des articles 131 et 121 du code pénal tunisien (http://fr.rsf.org/tunisie-quand-le-monde-tourne-a-l-envers-15-07-2010,37957.html). Malgré les dénégations de l’administration tunisienne, Fahem Boukadous est bien journaliste, et travaille pour le compte de la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi depuis 2006.


« Jours ordinaires chez (Be)-Naâli »


Taoufik Ben Brik. Votre attention s’il vous plaît. J’ai une « redondance » à communiquer. Je sais que c’est pénible, lourd et ennuyeux d’entendre toujours la même litanie, mais est-ce que j’ai le choix ? Me taire, peut-être ?! Je suis acculé. Soyez clément. Supportez-moi si j’insiste. J’en fais trop. Certainement. Je ne l’ai pas cherché. Ils l’ont cherché. Mon comité d’accueil est de retour. Vingt malabars mal fichus en guise de policiers de surveillance rapprochée. Mais qui vous a jamais parlé de l’éternel retour ? Dans tous les cas, depuis vendredi 23 juillet (treize pour les superstitieux), ma garde personnelle est visible. Elle te colle à la peau. Ces visiteurs de nuit et de jour bloquent les deux entrées (sorties) de ma résidence, le Beau Site, sis au Nasser II, les deux boulevards qui y mènent (Hedi Nouira et l’Ere Nouvelle (sic)) ; sont sous le porche du café Le Champs Elysées et feignent de se cacher derrière les colonnes de la salle des festivités, Awtar. Ils bougent tellement, dans tous les sens, pour créer un semblant d’alerte, de danger imminent. De couvre-feu. Le qui-vive. Qui va là ? Le pompier, le laitier, le jardinier. Un siège. Personne n’a le droit ni la possibilité de monter me voir. Adel Ghezala, un ami précieux, comptait hier, mardi 27, m’immortaliser avec sa petite caméra. « Les amis de FaceBook et de YouTube, me dit-il, sont demandeurs du poème Naâli, avec voix et images. » Dès qu’Adel a montré le bout du nez dans les parages, six ou sept taureaux fous furieux l’ont pris en chasse. Adel n’a pas demandé son reste et a pris la poudre d’escampette. Seul ce « texto » leur a échappé: « Le comité d’accueil est de retour. On m’a interdit d’accéder à la résidence. Mon sac à dos est plein de choses interdites. Je rappelle dès que je serai à l’abri. » Stop. Où peut-on être à l’abri ? Chez soi, dans la rue, au café ? Nulle part. Pourquoi cette mise en quarantaine, cette mise en garde musclée ? A coup sûr, Naâli, mon poème revanche, qui a causé la saisie du n°555 de l’hebdomadaire El Mawkif, a causé en filigrane des démangeaisons chez mon lecteur préféré (Be)-Naâli . Un autre texte, si je ne me trompe pas, n’a pas eu l’heur de plaire à mon censeur. « L’Etat raconté à mes enfants », un parchemin sur lequel j’ai esquissé des croquis de trois énergumènes : Rached Fougali, le chef de la police d’El Manar II, le juge Mehrez Hammami, alias Boga et Bouraoui Youssfi, le maton en chef de la prison de Siliana. Qu’est-ce qu’ils croient me faire avec leur Menace ? Que je vais vaciller ? Le cœur reste vaillant. Vous n’entendez pas ma flûte ? (Source: nouvelobs.com le 28 juillet 2010)

 


Le Conseil Constitutionnel est renouvelé pour une durée de trois ans, marquant le dernier mandat du Sage des Sages

Questionnements, Commentaires et Souhaits à chaud…   


 Par Abdel Wahab Hani 

Si Fethi Abdennadher devrait quitter son poste en juillet 2013 et ne sera pas ‘Juge suprême des élections’ généales d’octobre 2014 

 « Au nom de Dieu, Clément et miséricordieux, Nous, représentants du peuple Tunisien, réunis en assemblée nationale constituante. Proclamons la volonté de ce peuple, qui s’est libéré de la domination étrangère grâce à sa puissante cohésion et à la lutte qu’il a livrée à la tyrannie, à l’exploitation et à la régression : – de consolider l’unité nationale et de demeurer fidèle aux valeurs humaines qui constituent le patrimoine commun des peuples attachés à la dignité de l’Homme, à la justice et à la liberté et qui œuvrent pour la paix, le progrès et la libre coopération des nations, – de demeurer fidèle aux enseignements de l’Islam, à l’unité du Grand Maghreb, à son appartenance à la famille arabe, à la coopération avec les peuples « africains pour édifier un avenir meilleur et à la solidarité avec tous les peuples »(1) qui combattent pour la justice et la liberté, – d’instaurer une démocratie fondée sur la souveraineté du peuple et caractérisée par un régime politique stable basé sur la séparation des pouvoirs. Nous proclamons que le régime républicain constitue : – la meilleure garantie pour le respect des droits de l’Homme, pour l’instauration de l’égalité des citoyens en droits et en devoirs, pour la réalisation de la prospérité du pays par le développement économique et l’exploitation des richesses nationales au profit du peuple, – le moyen le plus efficace pour assurer la protection de la famille et le droit des citoyens au travail, à la santé et à l’instruction. Nous, représentants du peuple Tunisien libre et souverain, arrêtons, par la grâce de Dieu, la présente Constitution : »

PREAMBULE de la Constitution de la République tunisienne

بسم الله الرحمان الرحيم نحن ممثلي الشعب التونسي المجتمعين في مجلس قومي تأسيسي، نعلـــن، إن هذا الشعب الذي تخلص من السيطرة الأجنبية بفضل تكتله العتيد وكفاحه ضد الطغيان والاستغلال والتخلف،مصمـــم، ـ على توثيق عرى الوحدة القومية والتمسك بالقيم الإنسانية المشاعة بين الشعوب التي تدين بكرامة الإنسان وبالعدالة والحرية وتعمل للسلم والتقدم والتعاون الدولي الحر، ـ وعلى تعلقه بتعاليم الإسلام وبوحدة المغرب الكبير وبانتمائه للأسرة العربية وبالتعاون مع الشعوب الإفريقية في بناء مصير أفضل وبالتضامن مع جميع الشعوب المناضلة من أجل الحرية والعدالة، ـ وعلى إقامة ديمقراطية أساسها سيادة الشعب وقوامها نظام سياسي مستقر يرتكز على قاعدة تفريق السلط، ونعلــن، أن النظام الجمهوري خير كفيل لحقوق الإنسان وإقرار المساواة بين المواطنين في الحقوق والواجبات ولتوفير أسباب الرفاهية بتنمية الاقتصاد واستخدام ثروة البلاد لفائدة الشعب وأنجع أداة لرعاية الأسرة وحق المواطنين في العمل والصحة والتعليم، نحن ممثلي الشعب التونسي الحر صاحب السيادة نرسم على بركة الله هذا الدستور :

التوطئــة دستور الجمهورية التونسية

 

Reconduction des membres nommés du Conseil Constitutionnel :

L’ensemble des six membres nommés du Conseil Constitutionnel viennent d’être renouvelés, par un Décret et un Arrêté, concomitant, du Président de la République et du Président de la Chambre des Députés, conformément à la Constitution de la République et aux dispositions de la Loi organique n° 2004-52 du 12 juillet 2004, relative au Conseil constitutionnel, parue au JORT n° 56 du 12 juillet 2004, promulguée par le Chef de l’Etat après Adoption par la Chambre des Députés dans sa séance du 5 juillet 2004.

En effet,

Par Décret (أمر) n° 2010-1748 du 19 juillet 2010, le Président de la République :

« Est renouvelée, la nomination des personnes citées ci-dessous, membres au conseil constitutionnel pour une période de trois ans, à partir du 21 juillet 2010 :

Messieurs :

Fethi Abdennadher : président,

– Mohamed Ridha Ben Hammed : membre,

– Brahim Berteji : membre. »

D’un autre coté, par Arrêté (قرار) du Président de la Chambre des Députés du 19 juillet 2010 :

« La nomination de Monsieur Nejib Belaïd et Madame Radhia Ben Salah, membres au conseil constitutionnel, est renouvelée pour une période de trois ans, à compter du 21 juillet 2010. »

Selon l’article Article 75, alinéa 4 de la Constitution de la République, (Modifié par la loi constitutionnelle n° 2002-51 du 1er juin 2002) :

« Le Conseil Constitutionnel se compose de neuf membres ayant une compétence confirmée, et ce, indépendamment de l’âge, dont quatre, y compris le président, sont désignés par le Président de la République, et deux par le président de la Chambre des députés, et ce, pour une période de trois ans renouvelable deux fois, et trois membres sont désignés qualités : le premier président de la Cour de cassation, le premier président du Tribunal administratif et le premier président de la Cour des comptes. »

S’agissant des 3 autres membres es-qualité, nous retrouvons :

Monsieur Mongi Lakhdhar, Premier Président de la Cour de Cassation, Monsieur Ghazi Jribi, Premier Président du Tribunal Administratif et  Madame Faiza Kéfi, Premier Président de la Cour des Comptes.

Notre Conseil Constitutionnel est donc  reconduit pour accompagner le 5e Quinquennat de l’actuel Chef de l’Etat et devra se renouveler en juillet 2013, tout juste un an avant les prochaines élections générales, présidentielles et législatives d’octobre 2014.

Critères de Compétence juridique,  Limitation des mandats et Obligations des Sages:

Si les critères de compétence juridique, inscrits dans la Constitution, ne sont pas questionnables s’agissant de nos sages, il est permis de soulever deux points importants concernant la Limitation des Mandats et l’Indépendance des membres.

La loi organique n° 2004-52 est plus explicite. Elle énumère dans son Chapitre Deuxième un ensemble de d’articles fixant les modalités de nomination des Sages, le fonctionnement de l’Institution et les obligations de ses membres:

« Art. 6. – Le Président de la République nomme quatre membres y compris le président pour une période de trois ans renouvelable deux fois, et ce, parmi les personnalités ayant une compétence confirmée dans le domaine juridique.

En cas d’empêchement définitif pour un membre ou sa démission, le Président de la République nomme un nouveau membre pour trois ans. Cependant, et lorsqu’il s’agit du président du conseil et s’il est désigné parmi les membres du conseil, sa présidence court jusqu’à la fin de son mandat.

Art. 7. – Le président de la chambre des députés nomme deux membres pour une période de trois ans renouvelable deux fois, et ce, parmi les personnalités ayant une compétence confirmée dans le domaine juridique.

Les dispositions prévues à l’article 6 de la présente loi s’appliquent en cas d’empêchement définitif de l’un des deux membres ou en cas de sa démission.

Art. 8. – Le premier président de la cour de cassation, le premier président du tribunal administratif et le premier président de la cour des comptes sont membres au conseil es-qualité.

Art. 9. – Les membres nommés prêtent devant le Président de la République et avant d’entrer en fonction, le serment suivant :

« Je jure par dieu tout puissant de remplir mes fonctions en toute loyauté et fidélité, de les exercer en toute impartialité et dans le respect de la constitution, de garder le secret des délibérations et du vote et de ne prendre aucune position publique, et de ne donner aucune consultation sur les questions relevant de la compétence du conseil constitutionnel ».

Art. 10. – Le membre du conseil constitutionnel ne peut exercer des fonctions gouvernementales, ni être membre à la chambre des députés ou à la chambre des conseillers ni être membre au conseil économique et social, ni exercer un mandat électoral général régional ou local, ni des responsabilités de direction d’un parti politique, d’un syndicat ou d’une organisation professionnelle quel qu’en soit le degré.

Les membres nommés ne peuvent exercer une fonction publique, ou occuper une fonction rémunérée dans un établissement public ou une entreprise publique. Les fonctionnaires ou les agents publics désignés membres au conseil constitutionnel sont mis en disponibilité spéciale durant leur mandat. Cependant, les membres du conseil constitutionnel désignés parmi les fonctionnaires ou les agents publics peuvent continuer à exercer leur fonctions, et ce, après autorisation spéciale et à condition qu’elles ne soient incompatibles avec leur indépendance et leur impartialité.

Art. 11. – Les membres du conseil constitutionnel peuvent continuer à exercer leurs fonctions à condition qu’elles ne soient incompatibles avec leurs fonctions au conseil.

Les membres du conseil constitutionnel informent sans délai le président du conseil de l’activité qu’ils exercent hors du conseil. Ils le tiennent informé des changements qui pourraient survenir, si ces changements sont susceptibles d’être en contradiction avec les dispositions de la présente loi.

Art. 12. – Les membres du conseil constitutionnel sont tenus de s’abstenir de tout ce qui pourrait compromettre leur indépendance, leur impartialité et la dignité des fonctions qu’ils occupent. Il leur est interdit, pendant la durée de leur mandat, en particulier :

– de prendre aucune position publique ou de donner des consultations sur des questions relevant ou étant susceptibles de relever de la compétence du conseil,

– de laisser mentionner leur qualité de membre du conseil constitutionnel dans tout document n’ayant pas de lien avec leur activité au conseil.

Art. 13. – Les membres du conseil constitutionnel portent une tenue spéciale à l’occasion des cérémonies officielles. Les modalités d’application du présent article sont fixées par décret. »

Questionnement juridique du principe « Un Mandat renouvelable deux fois » :

Le même article 75 de la Constitution précise, dans son alinéa 4 précité, la condition de « compétence confirmée » et ajoute surtout la limitation du mandat « pour une période de trois ans », en limitant le nombre des mandats « renouvelables deux fois ». Ce qui veut dire un mandat global de 9 ans, non renouvelable.

Monsieur Fethi Abdennadher, l’actuel Président, dont la nomination a été renouvelée le 21 juillet courant pour une nouvelle période de 3 ans, assume la Présidence de cette honorable institution républicaine depuis l’an 2000. En témoigne ses activités es qualité, répertoriées par la presse nationale au moins depuis 2000.

Notons, que techniquement parlant, l’article 75 de la Constitution n’a été introduit que par le Référendum du 26 mai 2002 et que la Loi organique fixant les prérogatives et les modalités de fonctionnement du Conseil des Sages de la République n’a été promulgué que le 12 juillet 2004.

Ayant à l’esprit le principe élémentaire de Droit voulant que la Loi ne puisse avoir d’effet rétroactif et en attendant de reconstituer le profil JORTiste du Sage des Sages, nous reprenons sa dernière nomination pour remonter son histoire institutionnelle. Il a du être reconduit, pour une cadence de 3 ans, en 2004 et en 2007 pour être renouvelé  en 2010.

Si l’on se réfère à ce raisonnement, la nomination de Mr Abdennadher ne saurait être entachée d’irrégularité mais serait sa dernière reconduction possible dans l’état actuel du Droit, dans la lecture juridiique la plus favorable à son maintien.

Reste qu’étant les dépositaires d’une Institution qui « contrôle la Constitutionnalité des Lois », en charge du « Contrôle de la constitutionnalité et du fonctionnement des institutions » et qui a été hissée « Juge suprême des élections », d’une manière définitive sans recours possible, en plus de leur rôle de prmier plan dans les périodes tranistoires et intérimaires consécutives à la « vacance définitive » du pouvoir suprême, les Sages doivent être irréprochables, en matière de Respect total et Intégral des Lois de la République, dont ils contrôlent la conformité.

Etendue des prérogatives des Sages :

Les articles 72 à 75 de la Constitution fixent l’entendue de ces prérogatives, encore augmentées par la Loi organique du 12 juillet 2004. Revisitons la Constitution, pour prendre conscience de l’importance de l’Institution :

Contrôle de la Constitutionalité des Lois et des Institutions :

« Article 72 (de la Constitution):

Le Conseil constitutionnel examine les projets de loi qui lui sont soumis par le Président de la République quant à leur conformité ou leur compatibilité avec la Constitution. La saisine du Conseil est obligatoire pour les projets de loi organiques, les projets de loi prévus à l’article 47 de la Constitution, ainsi que les projets de loi relatifs aux modalités générales d’application de la Constitution, à la nationalité, à l’état des personnes, aux obligations, à la détermination des crimes et délits et aux peines qui leur sont applicables, à la procédure devant les différents ordres de juridictions, à l’amnistie, ainsi qu’aux principes fondamentaux du régime de la propriété et des droits réels, de l’enseignement, de la santé publique, du droit du travail et de la sécurité sociale.

De même, le Président de la République soumet obligatoirement, au Conseil Constitutionnel les traités visés à l’article 2 de la Constitution.

Il peut également lui soumettre toutes questions touchant l’organisation et le fonctionnement des institutions.

Le Conseil constitutionnel statue sur les recours concernant l’élection des membres de la Chambre des députés et de la Chambre des conseillers. Il contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les résultats. La loi électorale fixe les procédures prévues en la matière. »

Contrôle du Règlement intérieur des deux Chambres :

La Loi organique du 12 juillet 2004 a ajouté d’autres prérogatives, notamment :

Art. 19. Alinéa 2 précise, par exemple que :

« Le président de la chambre des députés ou le président de la chambre des conseillers, selon le cas, soumet au conseil constitutionnel le règlement intérieur de la chambre concernée conformément au paragraphe 3 de l’article 74 de la constitution. », sans doute pour en contrôler la conformité d’avec l’esprit et le texte de la Constitution. »

Contrôle et ‘Justice’ des Elections :

Les articles 30 à 40 de ladite Loi organique énumèrent les responsabilités des Sages en matière électorale, concernant « L’élection du Président de la République », pour « Les élections législatives » et pour le « Contrôle du Référendum », où le Conseil constitutionnel est habilité « Juges des Elections », sans aucun Appel, Recours ou Cassation possible de ses décisions, devant aucune autre institution que lui-même. Et ce de la phase de réception de candidatures, jusqu’à le contrôle de leur conformité et leur ‘homologation’, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs des élections et des référendums.

Constatation de la « Vacance définitive » à la Présidence et gestion de la Transition « intérimaire » :

L’article 57 de la Constitution donne quant à lui, dans ses 7 paragraphes, notamment dans son alinéa 1, un pouvoir suprême aux Sages en matière de constatation de « la vacance définitive à la Présidence », clef de voûte de notre régime politique républicain, et ce pour «  pour cause de décès, de démission ou d’empêchement absolu », avant d’engager une procédure de succession intérimaire, décrite minutieusement par la Constitution:

« En cas de vacance de la Présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d’empêchement absolu, le Conseil constitutionnel se réunit immédiatement et constate la vacance définitive à la majorité absolue de ses membres. Il adresse une déclaration à ce sujet au président de la Chambre des conseillers et au président de la Chambre des députés qui est immédiatement investi des fonctions de la Présidence de l’Etat par intérim, pour une période variant entre quarante cinq jours au moins et soixante jours au plus. Si la vacance définitive coïncide avec la dissolution de la Chambre des députés, le président de la Chambre des conseillers est investi des fonctions de la Présidence de l’Etat par intérim et pour la même période ».

Et les Sages sont invités par la Constitution à rester vigilants dans cette période de transition intérimaire, veillant à ce que le Président intérimaire respecte à la lettre l’esprit de la transition comme il est précisé dans le texte de la Constitution, dans son article 57, alinéas 3 ; 4 ; 5 ; 6 et 7 :

« Le Président de la République par intérim ne peut présenter sa candidature à la Présidence de la République même en cas de démission. »

« Le Président de la République par intérim exerce les attributions dévolues au Président de la République sans, toutefois, pouvoir recourir au référendum, démettre le Gouvernement, dissoudre la Chambre des députés ou prendre les mesures exceptionnelles prévues par l’article 46. »

« Il ne peut être procédé, au cours de la période de la Présidence par intérim, ni à la modification de la Constitution ni à la présentation d’une motion de censure contre le Gouvernement. »

« Durant cette même période, des élections présidentielles sont organisées pour élire un nouveau Président de la République pour un mandat de cinq ans. »

« Le nouveau Président de la République peut dissoudre la Chambre des députés et organiser des élections législatives anticipées conformément aux dispositions du deuxième alinéa de l’article 63. »

Souhaits républicains et citoyens en ce dernier mandat du Sage des Sages :

Nous présentons enfin nos félicitations aux Sages reconduit ce 21 juillet et en leur nom le Premier parmi eux le Sage des Sages Si Fethi Abdennadher ; tout en leur souhaitant un Grand Mandat et en partageant avec eux les souhaits républicains ci-après

Ayant à l’esprit les revendications démocratiques légalistes et les aspirations de notre peuple à une Vie démocratique évoluée dont il est digne ;

Renouvelant notre foi en la République, garante de l’Indépendance de l’Etat, de la Souveraineté du Peuple et de la pérennité de Régime Démocratique, pour paraphraser nos vaillants Constituants ;

Rappelant notre engagement citoyen, légaliste, démocratique et respectueux des Institutions de la République ;

Rappelant les caractères indélébiles de notre Peuple épris de Liberté, habité de Sagesse, nourri de Modération et tourné vers l’Avenir;

Ayant à l’esprit notre Appel pour le Retour des Exilés Tunisiens en début de Législature et notre Appel pour un Pacte Républicain d’Apaisement et de Détente en ce début de Quinquennat ;

Nous exprimons nos souhaits les plus sincères en un nouveau mandat 2010-2013 des Sages fait d’avancées démocratiques irréversibles, consacrant la Primauté de la Loi, la Conformité avec la Constitution, le Respect des Droits humains de toutes les tunisiennes et les tunisiens, dans les textes et dans les faits.

Nous souhaitons un Conseil Constitutionnel mieux affranchi, plus à l’écoute de tous les partenaires politiques, sociaux, économiques et associatifs et plus attentif aux aspirations démocratiques de notre peuple.

Nous aimerions voir d’autres Sages accéder au Conseil, à l’occasion du prochain renouvellement qui doit se préparer dès aujourd’hui, tant la vie des Institutions n’aime pas les ruptures brutales. L’ancien Premier Ministre Si Rachid Sfar qui fait un travail magnifique à la Chambre des Conseillers, l’ancien Messieurs les Ministres Si Ahmed Ben Saleh,  le Juriste Si Yadh Ben Achour, le 3e de la Lignée des Ben Achour, Sa sœur l’excellente Ella Sana Ben Achour, le Brillant juriste Si Sassi Ben Hlima, Le Professeur de tous nos juristes Si Sadok Belaïd, le Grand historien de tous les temps Si Hichem Jaït, l’ancien Ministre Chef de la Diplomatie et juriste respecté Si Béji Kaïd Sebsi, le brillant ancien Ministre Si Mohamed Jegham, les anciens Ambassadeur Si Ahmed Ounaies et Si Mohamed Lotfi Cherif, le brillant avocat Si Abdelfattah Mourou, l’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifiqu ancien Garde des Sceaux Ministre de la Justice et des Doits de l’homme Si Béchir Takkari, la magistrate Ella Kalthoum Kannou, la Professeuse et brillante Magistrate Madame le Juge de Cassation Ella Monia Ammar,  l’Historien de nos Institutions Si Mohamed Lotfi Chaïbi, les anciens Bâtonniers de l’Ordre National des Avocats Me Si Abdeljelil Bouraoui et Me Si Béchir Essid, Âïd Retornado l’économiste et fin connaisseur du Droit Sid Ahmed Manaï, Âïd / Retornado le brillant avocat parisien Maître Ahmed Maalej Junior, second du nom dans la famille et dans la profession, et tant d’autres illustres tunisiennes et tunisiens, juristes notamment, qui pourraient bien assumer la haute charge de Sages de la République.

La Tunisie est digne d’avancées démocratiques majeures, dans le respect de Sa Constitution, de Sa République, de l’Indépendance de Son Etat, de la Souveraineté de Son peuple, de la Sauvegarde de Son Régime Démocratique et de la Défense de ses Intérêts, des Droits et du Bien-Etre des Ses Citoyens;

Ses Sages constitutionnels doivent l’y aider et lui baliser son chemin ;

Vive la Tunisie,

Vive la République,

Genève, le 26 juillet 2010

تَحْيَى تُونِس

تَحْيَى الجُمْهُورِيَّة

Âïd / Retornado, Bi Idhni Allah, Ahabba Al Mouhibboun Wa Kariha Al Karihoun

Abdel Wahab Hani

العائِد بإذن الله تعالى، أحبَّ المُحِبُّون وكَرِهَ الكارِهون

عبد الوهَّاب الهاني

awhani@yahoo.fr

+33 6 17 96 00 37 (toujours injoignable depuis toutes les lignes de l’opérateur étatique Tunisie Telecom, par décision arbitraire d’un ‘ir-respensable’ zélé qui continu à se pourrir la vie à 70 ans, des peurs d’une démocratisation, pourtant inéluctable, de notre système politique , Rabbi Yehdi Ma Khlaq, mais l’Histoire jugera Koll al-Khalq)

 


 

Nominations et mouvement dans le corps des Secrétaires généraux des Comités de coordination


Carthage-TAP     Le Président Zine El Abidine Ben Ali a pris connaissance, lors de sa réunion, hier matin, avec M. Mohamed Ghariani, Secrétaire général du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), de l’activité du RCD, notamment la tenue des universités d’été interrégionales et les programmes destinés aux Tunisiens à l’étranger et en particulier la Conférence nationale des cadres du Rassemblement et les activités ciblant les compétences tunisiennes, la famille émigrée, la jeunesse et les étudiants. La contribution du RCD à l’élan de solidarité et les conférences intellectuelles et religieuses au cours du mois de Ramadan ont, également, retenu l’attention du Chef de l’Etat. Le Secrétaire général du RCD a annoncé que le Président Zine El Abidine Ben Ali a décidé la nomination de MM. : – Faouzi Aouam, premier Scrétaire général adjoint, chargé des structures, – Mohamed Ben Abdallah, Secrétaire général adjoint, chargé des relations avec les organisations et les associations, – Adel Jarboui, Secrétaire général adjoint, chargé de la jeunesse, de l’éducation et de la culture, – Mohamed Ali Jelassi, président du département des structures et de la mobilisation. Le Président de la République a, d’autre part, décidé d’opérer un mouvement dans le corps des Secrétaires généraux des Comités de coordination du RCD, en vertu duquel ont été nommés MM : – Mohamed Jemii, Secrétaire général du Comité de coordination du Bardo, – Mohamed Nahali, Secrétaire général du Comité de coordination de Manouba, – Mustapha Arfa, Secrétaire général du Comité de coordination de Sousse, – Ridha Bokri, Secrétaire général du Comité de coordination de Kébili, – Taoufik Hammas, Secrétaire général du Comité de coordination de Kairouan, – Imededdine El-Gabsi, Secrétaire général du Comité de coordination de Médenine, – Ahmed Karray, Secrétaire général du Comité de coordination de Sfax, – Mahmoud Ghozzi, Secrétaire général du Comité de coordination de Béja, – Mohamed Hédi Jabli, Secrétaire général du Comité de coordination de Sidi Bouzid, – Mohsen Boumeiza, Secrétaire général du Comité de coordination de Zaghouan.

 
(Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunisie) le 28 juillet 2010)

 


Piratage en Tunisie : Bon pour Windows, mauvais pour l’Open source ?


Pour sauver les logiciels libres, les SSII demandent au ministère des TIC de combattre le piratage. Les stats d’utilisation de l’Open source dans notre pays sont en effet peu satisfaisantes malgré les efforts entrepris depuis près de dix ans. Un récent rapport dresse un état des lieux alarmant pour la survie du “Gnu” en Tunisie.

On a beau avoir depuis 2003 une unité dédiée à l’Open source rattachée au ministère des Technologies de la Communication, un secrétariat d’Etat chargé de l’Informatique, de l’Internet et des Logiciels libres ou encore portail dédié au Gnu (mascotte de l’esprit du Libre dans le monde informatique), l’Open source peine toujours à décoller en Tunisie.

C’est le résultat d’un rapport faisant un état des lieux de l’utilisation et du développement des Logiciels libres en Tunisie. Ce rapport, publié sur Internet par un groupe de défenseurs des Logiciels libres, a été travaillé conjointement par l’Institut de Sondage et de Traitement de l’Information Statistique (ISTIS) et la société d’ingénierie informatique MedSoft pour le compte du ministère des Technologies de la Communication.

Dans sa conclusion, le rapport dresse un bilan plutôt négatif de la pérennité de l’Open source en Tunisie : «La principale constatation qui se dégage de ce sondage est la confusion qui règne dans les esprits des utilisateurs et développeurs sur la notion du Libre. (…) Cet indicateur résume la réalité de la situation et renvoie à l’ampleur du travail qui reste à accomplir dans le cadre de la mise en place d’une stratégie de développement de l’utilisation du Logiciel libre Principalement, il met en évidence une faiblesse structurelle sur le terrain».

Open source : Persona non grata

Et les chiffres mis en exergue dans ce rapport sont plutôt alarmants concernant l’utilisation et la connaissance des Logiciels libres dans les différentes structures économiques du pays. Si les associations, écoles, universités et sociétés privées boudent délibérément le Gnu pour différentes raisons, les Société de Service en Ingénierie Informatique (SSII), par contre, ne montrent guère d’engouement pour le Libre malgré leur statut “d’ambassadeurs de l’Open source”.

Pire encore, 87,4% des postes de travail de ces SSII tournent sous Windows, le système d’exploitation propriétaire de Microsoft. Cet OS est également prédominant dans l’utilisation de leurs serveurs : 60,8% d’après le rapport.

Pourtant, ce sont les SSII «qui sont supposées prendre en charge le développement du secteur [NDLR : des logiciels libres] au niveau économique par l’offre», épingle l’étude délivrée au ministère des technologies de la communication le mois dernier.

Malgré cela, les directeurs des SSII continuent à croire que les Logiciels libres connaîtront beaucoup de succès en Tunisie durant les trois prochaines années.

Le piratage n’encourage pas le Linux

Mais ils ne cachent pas leur réticence et scepticisme sur l’utilisation de l’Open source pour leur propre infrastructure ou pour le compte de leur client : «Le manque de représentant de l’éditeur, le risque d’incompatibilité avec les solutions existantes chez les SSII et leurs clients et le manque de support et d’assistance technique représentent les principaux facteurs les plus contraignants à l’utilisation des Logiciels libres selon les déclarations des SSII», rapportent les auteurs de cette étude.

Pour ces sociétés spécialisées dans les services informatiques, la prospérité de l’Open source en Tunisie «pourrait être entravée» par la copie illégales des logiciels propriétaires qui sont très demandés sur le marché. 72% des SSII ont en effet recours au piratage pour vendre leurs services avec des prix compétitifs.

En plus clair, plus il y a du piratage des logiciels payants, plus on cultive l’addiction du consommateur à ce produit. Au final, ces personnes préféreront donc la voie du piratage au lieu de découvrir les solutions gratuites de l’Open source et les multiples avantages qu’elles offrent.

Aide financière pour promouvoir l’Open source

Pour y remédier, les directeurs des SSII demandent au ministère des Technologies de la Communication 18 actions de “sauvetage”. On en citera par exemple la protection des logiciels propriétaires, l’octroi d’avantages fiscaux pour les SSII opérant dans le domaine du Libre, l’assistance et l’aide financière pour les entreprises tunisiennes pour la migration de leurs applications existantes aux solutions Open source, ainsi que l’adoption progressive des logiciels libres au sein du secteur public.

Rappelons que le ministère des TIC aannoncé cette semaine un nouveau concours national qui se tiendra le 15 décembre prochain pour récompenser le meilleur projet à base d’Open source. Une action qui vise sans doute à promouvoir, même timidement, le Logiciel libre en Tunisie. Mais faut-il s’attendre qu’un tel concours puisse éradiquer le mal qui ronge le monde de l’Open source en Tunisie ?

Welid Naffati

(Source: Tekiano.com le 28 juillet 2010) Lien: http://www.tekiano.com/tek/tek-news/3-4-2483/piratage-en-tunisie-bon-pour-windows-mauvais-pour-l-open-source-.html


Le politique et le religieux en Tunisie: Les malentendus de l’Histoire.


Par Zyed Krichen   

 Plusieurs dizaines d’intellectuels tunisiens se sont rassemblés autour de l’association Club M’hamed Ali de la Culture ouvrière, présidée par Habib Guiza, pour entamer une étude de grande envergure qui porte sur la Tunisie à l’horizon 2040. Cette prospective ambitionne de repenser le projet moderniste tunisien. Cette phase prospective est précédée d’un bilan pluridisciplinaire critique qui met en perspective les mutations et les profonds mouvements de fond de la société tunisienne. L’équipe de recherche de base est composée d’éminents intellectuels : Abdelkader Zghal, Abdelmajid Charfi, Tahar Ben Guiza, Mustapha Haddad, Ahmed Ounaïes, Amor Belhédi et Mahmoud Ben Romdhane comme coordinateur scientifique. L’un des axes de la recherche dans cette phase de perspective est l’évolution du religieux et du politique en Tunisie depuis le XIXème siècle. Cette équipe est animée par le sociologue Abdelkader Zghal et est constituée de quatre historiens : Abdelhamid Henia, Fatima Ben Slimane, Raouf Hamza et Hichem Abdessamed (voir l’entretien qu’il a accordé à Réalités en page 14). De “l’exception islamique” à l’imbrication du religieux et du politique) La thèse de départ de ce groupe, développée par Abdelkader Zghal, est la déconstruction de la thèse de “L’exception islamique” qui veut que dans cette religion il y a une confusion entre le politique et le sacré, alors que le Christianisme par exemple, serait le précurseur et l’annonciateur de la modernité, vu qu’il avait déjà séparé les deux sphères par la célèbre phrase imputée à Jésus-Christ: «Donnez à César ce qui est à César et donnez à Dieu ce qui est à Dieu». Pour Abdelkader Zghal, la déconstruction de l’exception islamique, thèse développée par Bertrand Badié et reprise en Tunisie, toujours selon M. Zghal, par le politologue Hamadi Redissi —auteur de “L’exception islamique” (Seuil 2004, Ceres 2008)— nécessite de repenser la notion même de modernité. La thèse de l’équipe de travail est qu’il n’y a pas fusion entre le politique et le religieux, mais plutôt imbrication, et certains diront domestication, de la religion par le politique. Pour étayer la thèse de l’imbrication, ou de la domestication, les quatre historiens de l’équipe ont scruté l’histoire de la Tunisie de 1574 (date de la chute de la dynastie hafside et de la victoire des Ottomans sur les Espagnols venus au secours de dernier monarque hafside) jusqu’en 1987, date de la déposition de Bourguiba. Abdelhamid Hénia, qui s’est intéressé à la période la plus longue de ce découpage historique (de 1574 à 1830, date de la conquête de l’Algérie par la France) a montré que la prise du pouvoir par les Ottomans —en fait par les citadins de Tunis qui ont instrumentalisé les milices Ottomanes— s’est accompagnée d’une prospérité notable lors des 17ème et 18ème siècles par une nouvelle renaissance de l’Ijtihad musulman connu sous le nom de “la pratique juridique et religieuse”. Cette époque, selon M. Hénia, a été celle des prémisses d’une sécularisation au sens où l’Ijtihad prenait acte, de plus en plus, de l’évolution de la société et tentait de lui apporter des réponses nouvelles. Fatima Ben Slimane s’est intéressée, quant à elle, à une période charnière et cruciale de la Tunisie : de 1830 à 1881. C’est-à-dire les cinquante années qui ont précédé le protectorat français en Tunisie et qui ont connu des tentatives de réformes audacieuses dont la plus importante est le Pacte fondamental (Ahd El Amen) de 1857 qui deviendra la première Constitution de la Tunisie moderne. Fatima Ben Slimane a épluché les archives pour retrouver les débats de l’époque entre les hommes de religion, les Uléma, et les hommes du pouvoir, censés, ensemble, d’avoir entériné le texte du Pacte fondamental. Les Uléma n’ont pas pu suivre l’audace des politiques. Ils ne pouvaient accepter l’émergence d’une justice civile, ni que les minorités religieuses, qu’elles soient autochtones (les Juifs tunisiens) ou étrangères (les Chrétiens européens) puissent avoir les mêmes droits que les Musulmans. Pour ces hommes de religion, malékites et hanéfites, le droit charaïque ne permettait pas de légitimer ces innovations. Ils se déclaraient par conséquent inaptes à accompagner ces réformes, et ces réformes se feront sans eux. Pour Raouf Hamza, qui s’est intéressé à la période coloniale (1880-1956), l’une des conséquences de la colonisation a été la revitalisation de l’Islam et l’instrumentalisation, par les élites nationalistes, de la religion et de ses symboles. C’est à ce moment-là qu’est né le populisme, cette idéologie qui prétend parler au nom des masses populaires en produisant une idéologie de combat qui donne à l’action nationaliste des relents religieux sacrés. Ainsi la nation est la Oumma, Bourguiba est son prophète, la colonisation est un châtiment qui nécessite la Rédemption et l’Indépendance est le Paradis. En effet, l’Indépendance est perçue comme une espérance messianique et la récompense finale. Hichem Abdessamed a analysé la relation du politique et du religieux dans la Tunisie post-coloniale et essentiellement dans la pensée et l’action de Bourguiba (1956-1987). L’historien est revenu aau fameux discours d’Ankara dans lequel Bourguiba critique d’une manière assez véhémentes la politique d’Atatürk. Bourguiba n’est pas un laïque. Il ne croit pas à la séparation entre le politique et le religieux, même s’il a tout fait pour disqualifier, une fois arrivé au pouvoir, les élites religieuses. Le travail de ce groupe de recherche, qu’on a ébauché à grands traits, a été présenté lors d’une journée de travail, le 15 juillet courant. Il a donné lieu à un débat riche et fécond entre différents spécialistes et acteurs de la société civile. Nous avancerons ici quelques réflexions pour enrichir ce débat fondamental sur notre passé, notre présent et notre avenir… Clarifier plutôt que déconstruire Parler de l’Islam et de la politique, ou du politique, suscite toujours des passions, même dans les sphères intellectuelles. L’Islam et le politique réfèrent à des réalités historiques, politiques et spirituelles complexes. Avant de tenter de construire ou de déconstruire une thèse globale (fusion ou imbrication entre le religieux et le politique) il faudrait surtout procéder à des clarifications. De quoi parle-t-on ? De la pensée théologique ou de l’expérience historique ? De l’histoire des idées ou de l’histoire sociale ? Aucun chercheur sérieux n’a prétendu qu’il y a fusion entre le politique et le sacré dans l’histoire sociale de l’Islam, pour la simple raison que sociologiquement le politique et le religieux étaient portés par des forces sociales différentes. Dans l’Islam sunnite, dont la Tunisie a réintégré le giron après la brève ère fatimide et dans un degré moindre almohade, les élites politiques et religieuses sont nettement distinctes, et très tôt s’est imposé dans cet Islam majoritaire le principe du réel comme fondement de la légitimité du politique. La fusion, toujours incomplète, entre ces deux sphères, n’a été tentée que dans les mouvements minoritaires comme le Kharijisme et le Chiisme et la dynastie almohade au Maghreb. Mais même dans ces mouvements les élites religieuses et politiques n’étaient pas les mêmes bien que le chef suprême, souvent désigné sous le nom d’Imam, prétendait personnifier les deux pouvoirs, celui de l’épée et de la plume, en même temps. Ainsi, depuis les Omeyyades, c’est-à-dire dès le premier siècle de l’Hégire, le politique a toujours dominé le religieux et lui a assigné un rôle de légitimation. Cela étant dit et jusqu’au choc colonial la production intellectuelle dans le Monde musulman, à de très rares exceptions près, s’est toujours exprimée comme une interprétation et parfois comme l´unique interprétation des textes sacrés de l’Islam. Cette clarification étant faite, il est plus intéressant, dans la compréhension de notre propre Histoire, d’analyser le discours des élites religieuses et politiques, parfois alliées et parfois concurrentes en fonction des moments de rupture ou de grande mutations sociales et politiques comme l’avènement d’un Etat territorialisé, le choc colonial ou l’Indépendance. En d’autres termes, comment la fragmentation politique de la Umma islamique s’est-elle répercutée sur la production intellectuelle des élites religieuses ? Comment la perte de l’hégémonie politique, militaire et scientifique, représentée par le choc colonial, a-t-elle transformé la vision du monde des élites politiques et religieuses du Monde de l’Islam ? Qu’est-ce qui a fait que les élites institutionnelles de l’Islam sunnite ont fini par accepter en leur sein les élites de l’Islam populaire tel que le maraboutisme les a exprimées dès le 13ème siècle ? Il est curieux qu’un Sidi Belhassen Ech Chadheli, dont le sanctuaire est vénéré jusqu’à nos jours, fut expulsé de la Tunisie du 13ème siècle sur instigation des Uléma de la prestigieuse Zitouna et que le maraboutisme fut combattu par l’Institution religieuse durant un siècle et demi pour revenir en odeur de sainteté à la fin du 14ème siècle et pour devenir l’un des éléments structurants de l’Islam maghrébin ? Le refus des Uléma de la Zitouna d’entériner le Pacte Fondamental ne signifie-t-il pas la fin du règne sans partage des élites traditionnelles sur le champ religieux ? Les mouvements réformistes, issus pour la plupart de ces élites dans la deuxième moitié du 19ème siècle ne sont-ils pas la dernière tentative pour refaire le temps perdu ? Auquel cas l’échec du réformisme devient beaucoup plus celui des élites qui l’ont porté qu’un échec purement intellectuel. L’émergence de l’idéologie islamiste ne serait-elle pas en même temps le coup de grâce au réformisme musulman et sa transmutation en idéologie de combat permise par la modernité et portée par de nouvelles forces sociales issues de l’accès de plus en plus massif des nouvelles élites semi-rurales et citadines déclassées à l’Ecole moderne qui a supplanté, un peu partout dans le Monde musulman, l’enseignement traditionnel ? Toutes ces questions, et bien d’autres, méritent un débat dépassionné. Le mérite de cette initiative d’envergure entreprise par l’Association Club M’hamed Ali de la culture ouvrière est d’engager un véritable travail de fond par des intellectuels indépendants sur l’histoire et l’avenir de notre pays. Seulement il y a parfois une petite déformation “tunisienne” qui consiste à tout vouloir reprendre dès le début. La pensée n’est féconde que si elle prend en ligne de compte des acquis, fruits, de la recherche académique et intellectuelle, afin d’éviter le mythe de Sisyphe, qui tout en pensant avancer ne fait que du sur place.

(Source: « Réalités » (Hebdomadaire – Tunisie) le 26 juillet 2010)


Tunisien, musulman, arabe…


Par Foued Zaouche Qui suis-je ? Tunisien, musulman, arabe. Certainement les trois selon les conventions, mais qui suis-je d’abord car il faut donner une priorité à une appartenance ? Les trois sont différentes et peuvent être parfois contradictoires. Chacune des identités laisse supposer des partis-pris culturels qui marquent un engagement. Si je choisis d’être arabe, je m’engage dans une entité à forte consonance politique car j’épouse en même temps tous les problèmes du Monde arabe, qui sont nombreux hélas et dans lesquels souvent je ne me reconnais pas. Je suis malade parfois de constater l’impuissance du Monde arabe, sa désunion, sa démagogie et son peu de créativité aussi bien sur les plans scientifique et industriel que culturel. De la même manière, je mesure combien les “Arabes” ont été maladroits dans la gestion du problème palestinien aussi bien que dans celle de l’affaire irakienne car, à chaque fois, ils n’ont pas su trouver le chemin d’un dialogue fructueux et ont préféré des attitudes opportunistes et même pour certains compromettantes qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui les ont choisies. D’ailleurs, le spectacle du Monde arabe est désolant car chacun semble cultiver une désunion qui conduit à ce que nous observons aujourd’hui : un ensemble éclaté où la solidarité proclamée n’est qu’un vain mot trompeur. Si je choisis de donner la priorité à mon statut de Musulman, je m’enferme dans une globalité encore plus vaste et j’épouse de la même manière tous les problèmes liés à une “renaissance” qui n’est en réalité qu’une régression de la compréhension du message islamique. L’extrémisme musulman partout fait des adeptes et donne une image rétrograde de l’Islam avec un discours pompeux et passéiste qui ne laisse aucune place à un individu libre et responsable. Il n’est pas difficile de comprendre que je choisis résolument d’être avant tout Tunisien et de faire de mes appartenances arabes et islamiques des appartenances secondaires. Se revendiquer comme Tunisien d’abord, c’est donner la priorité à mes différences et elles sont nombreuses. Sur le plan arabe, la Tunisie se définit par un discours cohérent qui a toujours privilégié le dialogue avec le Monde arabe et qui ne s’est jamais servi de cet étendard pour réclamer une option politique. La Tunisie est marquée à jamais par le discours de Jéricho du Président Bourguiba qui a conseillé à la partie palestinienne d’accepter le partage de l’O.N.U de 1947. Si on l’avait écouté, les peuples arabes et le monde entier auraient connu une paix féconde qui aurait changé le destin de bien d’individus. Sur le plan de notre appartenance islamique, nous devons constater avec tristesse que l’expérience tunisienne est unique car elle est le seul pays “ arabe ” à avoir séparé le religieux du politique, promouvant un Islam ouvert, tolérant et généreux, fidèle en cela à la seule référence qui compte, celle d’un Dieu Clément et Miséricordieux. Il existe un Islam tunisien, inspiré par des penseurs comme Tahar Haddad, Fadhel Ben Achour, Abdelmagid Charfi, qui offre une spiritualité apaisée et sereine. Notre pays, fier de ses acquis, a institué un Code du Statut Personnel qui octroie l’émancipation pleine et entière à la femme. La Tunisie a été la première à avoir institué le planning familial dans les années 60 qui nous permet aujourd’hui de profiter de la maîtrise de notre natalité et de pas être, comme d’autres, empêtrés dans des problèmes de surpopulation qui condamnent leur développement. Il a fallu pour cela mener un combat sans relâche contre les traditions et les conditionnements ataviques, le même que l’on devrait mener contre le voile et tous les errements que connaît hélas notre beau pays. La fierté des Tunisiens est d’être ce qu’ils sont, les héritiers d’une histoire nationale singulière qui fait leur grandeur. Oui, je suis Tunisien avant d’être arabe ou musulman, c’est-à-dire que je privilégie mon identité nationale et je ne suis pas prêt à me laisser séduire par des diviseurs qui ne cherchent qu’à me dominer. La priorité donnée à ma “ tunisianité ” est un devoir national surtout lorsque j’observe la confusion de certains qui sont prêts à oublier leur identité tunisienne pour s’affubler d’une personnalité étrangère qui constitue une véritable trahison pour nos valeurs conquises par des hommes et des femmes qui se sont battus pour que la Tunisie soit ce qu’elle est aujourd’hui, un pays unique dans le Monde arabe et fier de ses différences, le seul à être dans le sens de l’Histoire. Ce n’est qu’ainsi que notre pays pourra poursuivre sa route en toute indépendance, jaloux de ses conquêtes telles que son régime républicain, son Code du Statut Ppersonnel, ses options politiques comme la priorité donnée à l’enseignement. Il faut le dire et le répéter, dans ce monde cruel et sans pitié, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et ne pas croire en des appartenances qui ne sont que des mythes. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler les incidents violents entre l’Egypte et l’Algérie pour un simple match de football qui a laissé surgir des démons étranges, bien révélateurs de ce qui peut animer des pays pourtant officiellement dénommés “ frères ”.  

 
(Source: « Réalités » (Hebdomadaire – Tunisie) le 26 juillet 2010)

Al-Qaeda au Maghreb islamique

10 questions sur les terroristes islamistes au Sahel


Par Dominique Lagarde, Jean-Michel Demetz

Au moment où Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) vient de frapper, voici les réponses aux interrogations que soulève la nébuleuse djihadiste.

« Un acte barbare et odieux » qui a visé une « victime innocente qui aidait les populations locales ». En confirmant lui-même la mort de Michel Germaneau, 78 ans, otage aux mains d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), Nicolas Sarkozy a mis en lumière ces islamistes de la zone sahélienne qui rêvent d’en découdre avec l’Occident et d’écrire sur cette partie du continent africain un épisode du choc des civilisations.Qui sont ces fous d’Allah, tour à tour combattants et adeptes de la prise d’otage?    

1. Quand et comment AQMI est-il né?

AQMI a été créé en janvier 2007. Elu à la tête de l’Etat algérien en avril 1999, le présidentAbdelaziz Bouteflika réussit dans les années qui suivent à convaincre la plupart des groupes armés de rendre les armes. Un seul s’y refuse: leGroupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), né en 1998. Son émir, Abdelmalek Droukdel, un ancien électronicien, décide alors de se rapprocher d’Al-Qaeda. L’affiliation du GSPC à la centrale terroriste est confirmée en septembre 2006 parAyman al-Zawahari, l’un des principaux lieutenants d’Oussama ben Laden. En janvier 2007, le GSPC troque son intitulé contre celui d’Al-Qaeda pour le Maghreb islamique.    

2. Que sait-on des liens actuels entre AQMI et Ben Laden?

La structure en étoile d’Al-Qaeda laisse une large autonomie d’action aux mouvements périphériques. Mais il ne fait guère de doutes que Ben Laden rêverait de s’offrir un nouveau front en Afrique et de créer un « Waziristan sahélien » – du nom des zones tribales pakistanaises qui échappent largement au contrôle du pouvoir central. En 2002, déjà, les forces de sécurité algériennes avaient abattu le Yéménite Imad Abd-al-Wahid Ahmed Alwan (nom de guerre: Abou Mohammed), dépêché d’Afghanistan par le Saoudien. Depuis, le retour de « combattants » maghrébins et sahéliens d’Irak a coïncidé avec le regain de violence en Afrique. AQMI souhaite inscrire sa lutte dans le djihad global. Ainsi, la cellule qui avait kidnappé, en janvier 2009, le Britannique Edwin Dyer réclamait-elle la libération du Palestinien Abou Qatada, qualifié par un juge espagnol de lieutenant d’Al-Qaeda pour l’Europe.    

3. Que sait-on d’Abdelmalek Droukdel?

Agé de 40 ans, cet Algérien né dans la région de Blida, connu aussi sous le nom de guerre d’Abou Mossaab Abdelouadoud, a été condamné par contumace à la prison à vie par un tribunal algérien en 2007. Soumis à des sanctions onusiennes, recherché par Interpol, cet ingénieur de formation passé à la lutte armée après l’interruption des élections en passe d’être gagnées par les islamistes du FIS, en 1992, a engagé une lutte à mort contre le pouvoir algérien, constitué, selon lui, d' »apostats, de fils de chiens, de traîtres au service de la France ».    

4. Où opère AQMI?

En Algérie même, sa base territoriale demeure limitée à quelques gouvernorats, principalement en Kabylie. Mais sa branche saharienne, aux confins de la Mauritanie, du Niger et du Mali, de la Libye et du Sud tunisien, dispose d’un important réseau transfrontalier. Pour Al-Qaeda, ces territoires jusqu’ici inexplorés devenaient terres de djihad. La nébuleuse est organisée en petites cellules disséminées. Ainsi, le groupe visé par l’opération militaire mauritanienne avec soutien français du 22 juillet ne compterait guère plus de 400 combattants autour de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid.    

5. Quelles sont les cibles d’AQMI?

Les premiers attentats revendiqués par AQMI, en 2007, visent l’Algérie: le 11 avril, trois attaques coordonnées frappent le palais du gouvernement, un commissariat de police et une caserne de gendarmerie ; le 11 juillet, une camionnette bourrée d’explosifs fonce sur une caserne à Lakhdaria; en septembre, à Batna, le président Bouteflika est victime d’une tentative d’attentat; en décembre, le Conseil constitutionnel et des bureaux des Nations unies sont visés, à Alger. Mais cette stratégie urbaine échoue. AQMI va alors se spécialiser dans la chasse aux ressortissants occidentaux, notamment dans la zone saharo-sahélienne, où la sécurité est particulièrement précaire. Le 24 décembre 2007, quatre touristes français sont assassinés dans l’est de la Mauritanie. Menacé, le Paris-Dakar 2008, doit être annulé. Le 22 février 2008, ce sont deux touristes autrichiens qui sont enlevés dans le Sud tunisien puis transféré dans le désert algérien. Ils seront finalement libérés par l’armée malienne. Mais, en décembre 2008, deux diplomates canadiens sont enlevés au Niger, puis, en janvier 2009,quatre touristes européens sont kidnappés, à la frontière entre le Mali et le Niger. Tous seront libérés, sauf un, le Britannique Edwin Dyer, dont la mort est annoncée en juin 2009. En novembre 2009, AQMI revendique l’enlèvement de trois Espagnols en Mauritanie, puis, au Mali cette fois, d’un Français de 61 ans, Pierre Camatte, un humanitaire qui a développé la culture d’une plante thérapeutique contre le paludisme. Enfin, le 26 juillet, l’Elysée confirme la mort de Michel Germaneau, enlevé le 19 avril dans le nord du Niger.    

6. Quels sont les objectifs d’AQMI?

A l’origine, Abdelmalek Droukdel souhaitait, en adhérant à Al-Qaeda, transformer ce qui était jusque-là un combat limité au contexte algérienen djihad global. Il s’était engagé auprès de la direction d’Al-Qaeda à réunir sous sa houlette plusieurs mouvements djihadistes maghrébins. Cet objectif a largement échoué, malgré quelques tentatives avortées au Maroc et en Tunisie. D’où l’évolution de ces dernières années vers un djihad nomadisant et sahélien qui, bien souvent, relève du brigandage. Les prises d’otage permettent à AQMI d’attirer l’attention internationale, de gagner en prestige au sein du monde musulman et de se constituer un trésor de guerre grâce aux rançons versées à chaque libération.    

7. La France est-elle particulièrement menacée?

En juin 2009, Droukdel, lui-même, a menacé de « guerre » la France si elle interdisait le port de la burqa. La république laïque est, aux yeux des islamistes, une cible de choix. D’autant que l’ancienne puissance coloniale reste influente dans cette région d’où provient une immigration incontrôlée. Pour toutes ces raisons, Nicolas Sarkozy appelle « instamment » ses compatriotes à éviter le Sahel.    

8. Pourquoi le Sahel est-il devenu une « zone grise »?

Parce qu’il est pauvre et difficile à contrôler. Ce vaste territoire, à cheval sur huit Etats, dominé par des structures tribales, est devenu le carrefour de tous les trafics. Les populations nomades, largement abandonnées par leurs gouvernements, qui privilégient les ethnies paysannes du Sud, n’opposent guère de résistance aux combattants d’AQMI, qui sollicitent leur coopération en échange de quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Et les jeunes Sahéliens ne demandent pas mieux que de leur prêter main-forte. Le pouvoir d’attraction d’AQMI au Sahel est d’abord celui de l’argent. Et sa liberté de mouvement tient à l’incapacité des Etats concernés à contrôler ce territoire. En dehors de l’Algérie, les armées de ces pays sont faibles et mal équipées. Après la contrebande de tabac, l’essor du trafic de drogue, expédiée par les cartels d’Amérique latine avant de repartir à destination de l’Europe, contribue à affaiblir les structures sécuritaires. Qui peut résister à une corruption à une telle échelle?    

9. Le Sahel sert-il de base arrière pour frapper l’Europe?

Pas encore. Jusqu’à présent, en Europe, Al-Qaeda cible plutôt les jeunes de la seconde génération, qu’elle recrute sur Internet. Mais les responsables de la sécurité en Occident ne cachent pas leur inquiétude. Directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini déclarait dans un entretien à Politique internationale, ce printemps: « Dans notre pays, la menace islamiste reste à un niveau très élevé. Surtout celle qui vient d’AQMI. […] En quinze ans, malgré les efforts des différents services, malgré les progrès de la coopération internationale, l’islamisme militant a gagné de nouveaux pays. » Et de citer le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal. « Dans quinze ans, le danger sera peut-être descendu encore plus au sud », prévient-il.    

10. Comment les Occidentaux peuvent-ils riposter?

« Le crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni », a conclu le président de la République dans son allocution du 26 juillet. Mais que faire? Outre le renseignement, la clef réside sans doute dans la formation des armées africaines et, en leur sein, d’unités antiterroristes. Paris soutient le pouvoir mauritanien, absous, au nom de la lutte antiterroriste, de son accession au pouvoir en 2008 par la voie putschiste. Washington mise sur l’armée algérienne, qu’il rêve de transformer en pivot de son système de sécurité régionale. Un pari de long terme. En attendant, les Etats-Unis, inquiets du risque de déstabilisation, ont créé en 2007 un état-major régional, Africom. Jusqu’alors, l’Afrique dépendait de l’état-major européen. En association avec dix pays de la région, les Etats-Unis ont lancé l’opérationEnduring Freedom Trans-Sahara – en référence directe aux opérations en Afghanistan, baptisées Enduring Freedom. Les pays de la région ont promis de coopérer entre eux contre la menace commune.    
(Source: lexpress.fr lele 27/07/2010 à 09:55)

Les révélations du site Wikileaks

Rapports explosifs sur la guerre en Afghanistan


Une masse considérable de fichiers confidentiels de l’armée américaine vient d’être dévoilée, lundi 26 juillet, par le site InternetWikileaks.org. Ces documents relatent, événement après événement, le quotidien d’une guerre entamée en octobre 2001 et d’une occupation qui n’en finit pas.

Fouiller l’ensemble des quelque 92 000 rapports d’incident divulgués constitue une tâche herculéenne. C’est pourquoi Le Monde diplomatique s’est associé à l’initiative d’Owni.fr visant à mettre à la disposition de tous un outil de consultation de ces rapports. Accessible directement en ligne, ce dispositif nommé « War Logs » permet au lecteur d’appréhender le jargon militaire dans lequel les événements sont décrits, d’effectuer des recherches dans l’ensemble des documents dévoilés, et d’ajouter des annotations. La base de données comprend déjà 75 000 documents et sera enrichie rapidement.

Les lecteurs qui le souhaitent peuvent exploiter cet outil pour, d’une part, se familiariser avec ces documents exceptionnels, et, d’autre part, participer — avec les dizaines de personnes qui se sont déjà plongées dans ces fichiers — à la mise à nu de la guerre d’Afghanistan. Le Monde diplomatique reviendra sur ces révélations.

Avant d’ouvrir ces données à tout le monde, Wikileaks s’est associé à trois journaux, leur offrant une période d’exclusivité qui leur a permis de travailler sur ces informations : The Guardian, The New York Times et Der Spiegel. Ces derniers proposent, chacun sur leur site, un premier aperçu de ces 200 000 pages de « journaux de bord de guerre » (d’où le titre, War Logs), qui donnent de la guerre en Afghanistan une image dévastatrice aussi bien pour les talibans que pour les occupants occidentaux, Etats-Unis en tête.

Parmi les 300 rapports sélectionnés dans cette masse par The Guardian, trois concernent les troupes françaises. Notammentceci, qui n’avait jamais été rendu public : le 2 octobre 2008, à Tangi Kalai, à proximité de Kaboul, elles ont fait feu sur un bus s’approchant trop près d’un convoi militaire, blessant huit enfants.

Sur la carte dessinée par les « data journalists » (journalistes de données) du Guardian à partir de ces rapports, on peine à distinguer une « ligne de front » ou de grands mouvements stratégiques (voir la carte des incidents). Ce sont, un peu partout dans le pays, des engins explosifs improvisés (IED) qui tuent des civils, des troupes de la coalition ou des militaires afghans (voir la carte des IED).

Si, pour le président afghan Hamid Karzai, cette fuite ne nous apprend « rien qui ne soit déjà connu », Julian Assange, porte-parole de Wikileaks, est plus convaincant quand il affirme qu’une foule d’informations se nichent dans les données qu’il a collectées : « Regardez par exemple le ratio du nombre de tués par rapport aux blessés et aux prisonniers : cette guerre est extrêmement létale. »

Wikileaks pense ainsi pouvoir déjà mettre en évidence plusieurs éléments : — sur l’implication du Pakistan dans les attaques contre les forces de la coalition ; — sur le rôle qu’on prête encore, au sein de l’armée, à Oussama Ben Laden ; — sur une présence clandestine des Iraniens ; — sur les combats entre soldats afghans ; — sur l’unité américaine TF-373, spécialisée dans la capture et l’assassinat de chefs talibans, et qui disposerait d’une liste de 2 000 noms ; — sur le fait que les Etats-Unis ont caché au public l’usage de missiles sol-air par les talibans contre un hélicoptère Chinook ; le tout avec force détails, d’incident en incident et de mission en mission.

Quant au tableau des pertes humaines directes recensées par ces fichiers, qui couvrent six années de guerre (2004-2009), il est éloquent :  

Nombre de morts
Ennemis 15 506
Civils 4 232
Armée afgh. 3 819
OTAN 1 138

  Pour accéder à l’application, cliquez sur le lien ci-dessous :  

(Source: « Le Monde Diplomatique » le 26 juillet 2010) Lien: http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-07-26-Rapports-explosifs-sur-la-guerre  

 

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