TUNISNEWS
spp8 ème année, N° 2803 du 26.01.2008
AISPP: Libération de sept accusés dans des affaires d’ <<antiterrorisme >> AFP: Procès de jihadistes du groupe impliqué dans des affrontements Le Temps :Mémoire collective : 26 janvier 1978 …« Le Jeudi noir » Le Temps : Témoignage * »Dar-Essabah » et les tumultueuses années 70 NOUVELOBS: Le courrier de Mohamed Lamjed Abdessalem AFP: Ben Barka enterré à Paris, près d’une autoroute, selon un livre israélien Mizaanoun:Pluies de mai (II)
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 26 janvier 2008 Libération de sept accusés dans des affaires d’ »antiterrorisme » :
Houssine Ben Brik, Fadhel Lhouimli, Boussaîd Trabelsi, Bilal Miled, Islah Issaoui, Mohammed Bacha, Seïfeddine Benkahla
* la vingt septième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi Hamidane, a rendu son jugement tard dans la soirée d’hier vendredi 25 janvier 2008 dans : – l’affaire n°10511 dans laquelle sont déférés Houssine Ben Brik, Fadhel Lhouimli, Boussaïd Trabelsi, Bilal Milad et Islah Issaoui, déférés en vertu de la loi « anti terroriste » du 10 décembre 2003 […] le juge a condamné à l’emprisonnement pour une durée de deux ans et cinq mois et à une peine de contrôle administratif pour une durée de cinq ans tous les accusés. Tous les accusés dont la durée d’emprisonnement avait dépassé la peine prononcée ont été remis en liberté. – l’affaire n°10478 dans laquelle sont déférés Mohammed Bacha et Seïfeddine Benkahla […] Le tribunal les a condamnés à une peine de deux ans et cinq mois. Ils ont été libérés puisqu’ils passé en prison une durée supérieure à la peine à laquelle ils ont été condamnés. Début du procès des trente détenus dans l’affaire du « projet terroriste » La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a examiné hier vendredi 25 janvier 2008 l’affaire n°14505 dans laquelle sont déférés Hichem Saadi, Mohammed Taoufik Ben Abdallah, Taoufik Herzli, Ahmed Hedhli, Oussama Nouar, Yahya Ben Zakour, Selman Zrig, Mohammed Lafi, Ali Arfaoui, Lassaad Hachana, Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Rafik Elouni, Ahmed Saadani, Amir Charfeddine, Abderrahmane Tennich, Mehdi Khlaïfia et Mouazz Ghazzaï, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la République, d’appel à adhérer à une organisation en rapport avec les infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour désigner une organisation terroriste, son activité et ses membres; La commission de la défense était composée de Maîtres Ahmed Néjib Chebbi, Mohammed Néjib Hosni, Abdelfattah Mourou, Anouar Aoualed Ali, Samir Ben Amor, Amor Horchani et Samir Dilou. Le juge a commencé par la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire des accusés, l’audience du 11 février 2008 devant permettre aux avocats de poser des questions à leurs clients et de plaider. Des agents de la police politique ont -encore une fois ! – interdit à la plupart des membres des familles des détenus d’assister à l’audience et de s’approcher du tribunal. Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Procès de jihadistes du groupe impliqué dans des affrontements
AFP, le 26 janvier 2008
Deux Tunisiens appartenant à un groupe de trente jihadistes, dont deux ont été condamnés à mort fin décembre pour des affrontements avec les forces armées en 2006 et 2007, ont comparu samedi devant le tribunal de première instance de Tunis.
Mohamed Mahmoudi, 22 ans, et Tarak Hammami, 32 ans, sont poursuivis notamment pour adhésion à une organisation terroriste, entraînement militaire, maniement d’armes (Kalachnikov et RPG) et franchissement illégal des frontières avec l’Algérie, selon l’acte d’accusation lu samedi à l’audience devant la 4e chambre criminelle.
Les deux prévenus ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient en possession de grenades le 27 avril 2006 à Kasserine (centre-ouest), ville au pied du mont Chaambi (1.544 mètres), où le groupe dit « Armée d’Assad Ibn Fourat » aurait établi un campement pour préparer des attentats en Tunisie. Leur arrestation est antérieure aux affrontements armés survenus entre fin décembre 2006 et début janvier 2007, au sud de Tunis, causant, selon un bilan officiel, la mort d’un militaire, d’un agent de police et de douze jihadistes.
Selon Tunis, le noyau dur du groupe formé de six personnes (5 Tunisiens et un Mauritanien) s’était infiltré en 2006, avec des armes par la frontière algérienne, après avoir séjourné dans les maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Selon l’accusation, Mohamed Mahmoudi et Tarak Mosabahi auraient participé à des opérations terroristes en Algérie au cours desquelles deux gendarmes ont été égorgés et leurs armes saisies.
Lors de leur interrogatoire, ils ont nié ces accusations et démenti avoir envisagé des attentats en Tunisie, Mohamed Mahmoudi affirmant que son passage dans les maquis algériens devait le préparer au Jihad en Irak. Les deux accusés, comparaissant avec deux passeurs contrebandiers, ont affirmé avoir été « acculés » à regagner la Tunisie à cause du pilonnage par l’armée algérienne du massif AbouGhafer (est algérien), où ils étaient établis. Ils ont reconnu avoir passé la frontière avec les meneurs du groupe –morts dans les affrontements–, y compris leur chef et émir Lassad Sassi, ancien gendarme et vétéran d’Afghanistan. La prochaine audience a été fixée au 2 février par le juge Mehrez Hammami.
Dans un procès séparé, deux membres du groupe, Saber Ragoubi, 24 ans, et Imed Ben Ameur, 34 ans, condamnés à mort le 31 décembre, doivent être rejugé mardi prochain en appel.
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 26 janvier 2008 Libération de sept accusés dans des affaires d’ »antiterrorisme » :
Houssine Ben Brik, Fadhel Lhouimli, Boussaîd Trabelsi, Bilal Miled, Islah Issaoui, Mohammed Bacha, Seïfeddine Benkahla
* la vingt septième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi Hamidane, a rendu son jugement tard dans la soirée d’hier vendredi 25 janvier 2008 dans : – l’affaire n°10511 dans laquelle sont déférés Houssine Ben Brik, Fadhel Lhouimli, Boussaïd Trabelsi, Bilal Milad et Islah Issaoui, déférés en vertu de la loi « anti terroriste » du 10 décembre 2003 […] le juge a condamné à l’emprisonnement pour une durée de deux ans et cinq mois et à une peine de contrôle administratif pour une durée de cinq ans tous les accusés. Tous les accusés dont la durée d’emprisonnement avait dépassé la peine prononcée ont été remis en liberté. – l’affaire n°10478 dans laquelle sont déférés Mohammed Bacha et Seïfeddine Benkahla […] Le tribunal les a condamnés à une peine de deux ans et cinq mois. Ils ont été libérés puisqu’ils passé en prison une durée supérieure à la peine à laquelle ils ont été condamnés. Début du procès des trente détenus dans l’affaire du « projet terroriste » La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a examiné hier vendredi 25 janvier 2008 l’affaire n°14505 dans laquelle sont déférés Hichem Saadi, Mohammed Taoufik Ben Abdallah, Taoufik Herzli, Ahmed Hedhli, Oussama Nouar, Yahya Ben Zakour, Selman Zrig, Mohammed Lafi, Ali Arfaoui, Lassaad Hachana, Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Rafik Elouni, Ahmed Saadani, Amir Charfeddine, Abderrahmane Tennich, Mehdi Khlaïfia et Mouazz Ghazzaï, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la République, d’appel à adhérer à une organisation en rapport avec les infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour désigner une organisation terroriste, son activité et ses membres; La commission de la défense était composée de Maîtres Ahmed Néjib Chebbi, Mohammed Néjib Hosni, Abdelfattah Mourou, Anouar Aoualed Ali, Samir Ben Amor, Amor Horchani et Samir Dilou. Le juge a commencé par la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire des accusés, l’audience du 11 février 2008 devant permettre aux avocats de poser des questions à leurs clients et de plaider. Des agents de la police politique ont -encore une fois ! – interdit à la plupart des membres des familles des détenus d’assister à l’audience et de s’approcher du tribunal. Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Mécollective : 26 janvier 1978 …« Le Jeudi noir » La première grève générale depuis l’indépendance…. Dossier réalisé par Néjib SASSI et Mourad SELLAMI Mohamed Sayah, à l’époque, Directeur du PSD : «L’histoire des milices du parti est inventée» Habib Guiza, ex-Secrétaire Général de l’Union Régionale du Travail de Gabès : « L’UGTT n’a pas tiré les leçons qu’il faut de ces évènements »
Le 26 janvier 1978, la grève générale décrétée par l’UGTT dégénère en émeutes. C’est la première grève générale qui intervient après l’indépendance. Dès l’aube des centaines de travailleurs mais aussi des chômeurs et des jeunes investissent les artères de la capitale. L’affrontement avec les forces de l’ordre est tellement violent que le gouvernement fait appel à l’armée, décrète l’état d’urgence et instaure, en fin d’après-midi, le couvre feu. Officiellement on déplore 51 morts. Mais du côté de la Centrale Syndicale on parle de plus d’une centaine « En tout cas, le chiffre en lui-même témoigne de la gravité des affrontements entre groupes de manifestants et forces de sécurité, au cours d’une journée marquée par des actes de déprédation à l’encontre , principalement d’établissements commerciaux et de véhicules publics et privés. Néanmoins l’ordre fut rapidement rétabli. La police et l’armée procèdent les 26 et 27 janvier, à plusieurs centaines d’arrestations parmi les manifestants et les responsables syndicaux dont M. Habib Achour, le secrétaire général de l’UGTT », écrit un historien. « Tunis brûlera » Dans le « Livre blanc » publié par le Parti Socialiste Destourien (PSD) après les événements, on lit: « A 9 heures , Habib Achour téléphone depuis son domicile à la Direction de la Sûreté Nationale et demande le retrait des forces de l’ordre stationnées depuis la veille devant le local de l’UGTT. Il donne pour cela un délai d’une demi heure. Ce délai passé, ajoute-t-il, « Tunis brûlera ». A 9h30, les premières attaques en force commencent. Elles partent simultanément de Bab Saâdoun, de Bab Bhar, de Mégrine et de Ben Arous. D’autres foyers d’agitation apparaissent, quelque temps après, dans différents endroits de la capitale. Des groupes armés de moellons, de barres de fer, de cocktails molotov, tout l’arsenal classique de la révolte, surgissent aux points névralgiques de la ville, entraînant souvent derrière eux des badauds et des jeunes inconscients. La violence culminant puis baissant alternativement à l’un ou l’autre de ces points, gagne toute la ville. Tout se passe comme si le mouvement était minutieusement orchestré et organisé par des meneurs professionnels. C’est l’émeute . Les magasins, les entreprises et les moyens de transports publics et privés sont saccagés et brûlés. A dix heures , le train assurant la liaison avec la banlieue Sud est stoppé et endommagé par des ouvriers venus de la zone industrielle. Les incendies éclatent en divers points de la ville. Les pillages, les actes de violence et de vandalisme se multiplient . Des citoyens sont agressés, jusque dans leurs domiciles ». Les forces de l’ordre ont résisté pendant plus de quatre heures. Mais à 13 heures, elles furent débordées. Devant l’ampleur de la violence , le gouvernement fait appel à l’armée. Elle intervient vers 14 heures portant ses efforts sur la protection des zones industrielles et certains quartiers de la ville en proie à la destruction et au pillage. En fin d’après-midi, l’état d’urgence est proclamé et le couvre feu établi de 18h à 5 heures du matin . Une information judiciaire a été ouverte le soir même de ce 26 janvier 1978 par le parquet. Face au gouvernement, qui à l’époque a analysé les événements en termes d’atteinte à la légalité républicaine de la part d’une minorité détournant le mouvement syndical de sa mission, les syndicalistes parlent d’une tentative de mainmise sur la centrale syndicale. Le 26 janvier 1978. C’était, donc, la date de l’unique grève générale décrétée dans la Tunisie républicaine. Les vieux s’en rappellent sûrement. Quelques jeunes en entendent, peut-être, parler. D’autres jeunes n’en ont jamais fait allusion. Mais, les uns et les autres ne disposent pas d’informations suffisantes, et de témoignages précis, pour commenter rationnellement ces événements douloureux de l’histoire récente de la Tunisie. Les écrits existant se limitent, souvent, à relater les faits historiques sans aucune analyse des tenants et des aboutissants du processus qui a abouti au déclenchement de la grève générale. Or, et au-delà des faits épars et apparents, il y avait, inéluctablement, un « montage » qui expliquerait l’aboutissement à cette impasse. Car, la grève générale en était bien une et il ne serait pas rationnel d’interpréter autrement les événements ! Donc, c’est à la recherche de cet « habillage » que le Temps s’est attelé à l’occasion du 30ème anniversaire du 26 janvier 1978. Un tour d’horizon a été fait avec des acteurs, encore en vie, de cette période difficile de l’histoire de la Tunisie pour recueillir leurs témoignages et leurs bilans, trente ans après. D’ailleurs, pressons-nous de dire qu’ils ont été unanimes à affirmer que la question d’évaluation est très importante d’autant plus que plusieurs des protagonistes de ces évènements ne sont plus de ce monde. Donc, et selon eux, il faudrait impérativement la faire tant qu’il y ait, encore, des témoignages possibles de ceux qui les ont vécus. A leurs yeux, il serait dommage de tourner la page sans en tirer les conclusions comme ce fut le cas pour le différend entre Bourguiba et Ben Youssef. « L’histoire ne pardonne pas de telles omissions », ont-ils soutenu. Dès lors, il fallait retrouver parmi les survivants des personnes qui acceptent de parler de ces moments douloureux de l’histoire de la Tunisie et qui étaient parmi leurs acteurs actifs d’un bord ou de l’autre. Ainsi, nous avons reproduit l’évaluation de monsieur Mohamed Sayah, Directeur du Parti Socialiste Destourien à l’époque (empruntée à notre consœur « L’EXPRESSION », ainsi que celle de monsieur Habib Guiza, coordinateur de l’Union Régionale du Travail de Gabès à l’époque et chef de file de la grève générale à la zone industrielle de la région qui comptait plus de dix mille ouvriers. Mohamed Sayah, ex-directeur du Parti Socialiste Destourien incarnait aux yeux de plusieurs l’aile dure du PSD. Il avait occupé plusieurs postes ministériels après avoir quitté la direction du parti au début des années 1980. Quant à Habib Guiza, il avait écopé de deux années de prison dans l’un des procès qui ont fait suite à la grève générale du 26 janvier 1978. Il a repris, ensuite, les rênes de l’action syndicale à l’échelle régionale. Il a été élu et réélu Secrétaire Général de l’Union Régionale du Travail de Gabès relevant de l’UGTT. Il dirige actuellement une association indépendante « l’Association Club Mohamed Ali de la Culture Ouvrière ». L’ACMACO s’intéresse, comme son nom l’indique, à la propagation d’une nouvelle conception de l’action syndicale. : Mohamed Sayah, à l’époque, Directeur du PSD
«L’histoire des milices du parti est inventée»
Pour M. Mohamed Sayah, à l’époque des faits directeur du Parti socialiste destourien (PSD), parti unique au pouvoir, «on peut cerner l’environnement dans lequel s’est déroulée la crise en commençant par le limogeage du ministre de l’Intérieur, M. Tahar Belkhodja. C’est à partir de là que l’on peut comprendre le tout : le cadre institutionnel, le processus de prise de décision et les principaux protagonistes. Le jour même où la décision de démettre Belkhodja de ses fonctions a été prise – il avait tenu un discours opposé à celui du Premier ministre feu Hédi Nouira à l’Assemblée nationale -, cinq ministres ont annoncé leur démission. Ce qui montre que Belkhodja n’était pas le seul en désaccord avec le Premier ministre. Cette crise ministérielle a été très vite réglée mais elle n’était pas sans signification». M. Sayah rappelle aussi qu’à l’époque «le poste de Premier ministre était très convoité. La raison était l’état de santé de Bourguiba, devenu depuis une dizaine d’années le principal objet de spéculations du microcosme politique tunisien. Près d’une année avant le déclenchement de cette crise, Bourguiba présenta les signes d’un nouvel accès de ce qui avait été diagnostiqué chez lui par certains de ses médecins traitants en France et aux Etats-Unis comme une psychose maniaco-dépressive. Cette maladie avait valu à Bourguiba, comme en 1971, un séjour de plusieurs mois à Genève, où il était suivi par l’équipe du professeur Ajuria Guena. À son retour à Tunis, début janvier 1977, l’ex-Président avait déclaré à la télévision vouloir (et devoir), à la demande de ses médecins, se décharger sur son premier ministre de toutes ses obligations, y compris ses audiences avec les ministres. Il ne devait pas se conformer longtemps à cette recommandation. Mais il n’en a pas fallu plus pour relancer les spéculations sur sa succession. Et d’attiser d’autant les rivalités et les convoitises. Le plus convoité alors était le poste de Premier ministre, qui avait été institué en faveur de son titulaire de l’époque. Déjà, en décembre 1969, on avait instauré la succession automatique par le Premier ministre pour le reste de la législature en cas de vacance du pouvoir à la tête de l’Etat». Quel est le rôle de l’UGTT dans la crise ? Selon M. Sayah, la centrale syndicale avait été convoitée elle aussi pour le même dessein. «Cela tenait d’abord, a-t-il expliqué, au rôle qui a été toujours le sien comme principal partenaire du parti au cours de la lutte de libération, puis, après l’indépendance, comme son allié incontournable dans l’exercice du pouvoir. Et ce rôle jamais l’UGTT n’a eu à le jouer aussi pleinement, et les convoitises sur elle n’ont donc jamais été aussi fortes que lorsqu’il a été envisagé, déjà en 1971, et à la seule initiative de Nouira, d’instituer, en sa faveur et dans l’intérêt de tous, la politique contractuelle qui a réalisé de nombreux acquis pour les travailleurs.» En ce qui concerne les rapports conflictuels entre Habib Achour et la direction du PSD, M. Sayah tient à préciser que ce dernier était revenu à la direction du parti en 1973. «C’était, a-t-il dit, après que Achour, de son propre chef, et sans qu’il n’en ait jamais parlé, fusse allé le réclamer à Bourguiba. Il est vrai qu’en 1965, lors d’une précédente crise entre le gouvernement et l’UGTT, nous n’étions pas toujours sur la même longueur d’onde. Mais jamais, il n’y a jamais eu, ni de sa part ni de la mienne, la moindre mésentente personnelle et encore moins de raisons de nous en vouloir l’un à l’autre. Il en a toujours était ainsi pour moi en tout cas, même lorsque, pour des raisons que j’ignore, il a semblé croire que j’ai comploté contre lui.» En quoi consistait ce soi-disant «complot» ? M. Sayah répond : «C’était en 1975. À son retour d’un voyage aux Etats-Unis, il lui aurait été dit – et écrit même après – qu’en son absence, j’aurais cherché à l’évincer de l’UGTT, en proposant à Bourguiba de le remplacer par Farhat Dachraoui. Ce n’était pas vrai et ce dernier avait démenti que je l’avais accompagné chez Bourguiba comme l’avait écrit par la suite Tahar Belkhodja.» [dans son ouvrage »Les Trois décennies Bourguiba », NDLR]. Interrogé à propos des milices qu’il entretenait au sein du PSD et qui auraient joué un rôle dans le pourrissement de la situation et le déclenchement des violences avec les syndicalistes, M. Sayah se défend : «L’accusation lancée contre moi à ce sujet est autrement grave. Elle n’en est pas moins fausse. Le terme »milice » désigne une force militaire ou paramilitaire. Il a été prononcé pour la première fois par Mohamed Masmoudi, fin octobre-début novembre 1977. Le jour même, il avait été repris en écho par le responsable régional de l’UGTT à Sfax, qui a parlé de »milices » et de gens préparant une tentative d’assassinat de Habib Achour». Selon l’ancien directeur du PSD, qui appartenait au clan dur du régime, «il n’y a pas eu de milices au sens de force militaire ou paramilitaire. Mais, pour accréditer l’idée, on était parti, comme toujours, d’un fait sans rapport avec l’accusation. Le fait, dans ce cas précis, était ce qu’on appelait les »services d’ordre ». Il est vrai que l’université a été le théâtre d’échauffourées à propos desquelles on avait aussi accusé le parti. En réalité, c’est la fédération des dockers qui y est intervenue, envoyée par Habib Achour, alors que je n’étais pas directeur du parti. Achour disait en 1972 (et les textes existent) que l’UGTT était comme les »gardes rouges » de Mao, qu’elle défendait le gouvernement et le régime. Comme je l’ai expliqué, il existait un »service d’ordre » du parti dont les membres, fichés par la police, portaient un brassard. Ils intervenaient uniquement lorsqu’il y avait de grandes manifestations dans le pays, comme la visite de chefs d’Etat, parce qu’il n’y avait pas suffisamment de policiers. Après le 26 janvier 1978, le ministre de l’Intérieur avait déclaré qu’il ne disposait pas d’assez de policiers pour assurer le respect du couvre-feu. Il demanda alors que le parti mette des gens à sa disposition. J’ai posé des conditions. En réunion du bureau politique et du gouvernement, j’ai dit qu’il fallait faire recruter ces jeunes par les responsables régionaux, et qu’une fois recrutés, ils devaient toujours être accompagnés d’un agent de police en uniforme. En 1981, la justice a établi que l’accusation à mon encontre relative à l’existence de milice ne reposait sur aucun fondement. Pendant un mois, l’hebdomadaire »Erraï » avait invité les personnes qui auraient eu à souffrir des milices à s’exprimer sur ses colonnes ? J’attendais avec intérêt. La seule personne qui s’est présentée a fait état d’une agression en 1972 à Tunis dans le quartier de Jebel Lahmar, sans être en mesure de dire qui étaient ses agresseurs». Cette interview a été réalisée dans le cadre d’un dossierexhaustif de notre consoeur le Magazine « l’Expression » du 25 janvier 2008 Habib Guiza, ex-Secrétaire Général de l’Union Régionale du Travail de Gabès :
« L’UGTT n’a pas tiré les leçons qu’il faut de ces évènements »
Le Temps : Trente ans sont déjà passés depuis les événements du 26 janvier 1978, quel est, selon vous, leur impact sur le mouvement syndical ? Habib Guiza : Pour comprendre l’évolution des événements qui ont abouti au 26 janvier 1978 à Gabès, il est utile de rappeler les transformations subies par la structure socioéconomique de la région. En effet, les plus grands investissements consentis par la Tunisie dans les années 1960 et 1970 ont été faits à Gabès. Ce tissu industriel a engendré la création d’une nouvelle classe ouvrière implantée au groupe chimique, au port, à la cimenterie, aux constructions métalliques, etc… La région comptait, déjà, plus de dix mille employés, qui sont essentiellement des jeunes de 20-25 ans nouvellement débarqués des universités et des lycées. Leur niveau minimum d’instruction était la 7ème année secondaire. Le Groupe Chimique de Gabès n’acceptait pas d’enrôler des jeunes de niveau moindre. Ces jeunes constituaient l’essentiel de la nouvelle classe ouvrière de Gabès. Donc, le gros des troupes des syndicalistes de la région n’était plus constitué par des fonctionnaires mais, plutôt, par cette jeunesse. A ce moment là, la direction de l’Union Régionale du Travail de Gabès était constituée par des éléments passifs du Parti Socialiste Destourien qui occupaient à la fois les instances du PSD et du syndicat. Ils n’étaient pas motivés par les événements qui avaient secoué la Tunisie. La nouvelle vague des syndicalistes les a déposés. Le bureau régional a été dissous et un comité provisoire, dont j’étais le président, a été désigné par la Centrale Syndicale. C’est ce comité qui a coordonné les mouvements de la région durant cette période. D’ailleurs, les anciens membres de l’URT de Gabès ont condamné le mot d’ordre de la grève générale et ils ont quitté, depuis, les instances de l’UGTT. Par contre, les élections tenues en 1980 nous ont institué légalement à la tête de l’URT. . Que représente pour vous cet événement ? – Le 26 janvier représente pour moi la lutte pour l’indépendance du mouvement syndical qui a pris une nouvelle dimension dans les années 1970. Des raisons objectives et subjectives ont été derrière cet essor. Objectivement d’abord, à travers l’élargissement de la base sociale de ce mouvement par la création de nouvelles zones industrielles à Gabès, Kasserine, Bizerte, Sfax, Sousse, etc…Il y a eu un développement industriel durant les ères de Ben Salah et de Nouira. Il y a eu une évolution notable dans les services comme les banques, les assurances, le tourisme, aux côtés de l’enseignement, la santé, le transport, etc…Subjectivement, aussi, la dynamique de l’enseignement a transformé l’étoffe des nouveaux venus dans le monde du travail. Ils sont plus conscients de l’environnement socioéconomique qui les entoure. Donc, ils sont avertis quant à leurs droits et plus aptes à les défendre. En plus, il faut voir, aussi, l’apport des ressortissants de l’université qui s’est transformée, elle aussi, durant la même période. Par ailleurs, il y a une volonté politique derrière ça. En effet, l’échec du processus d’ouverture dans le PSD dans le congrès de Monastir en 1971, a poussé à accorder une grande marge d’action au mouvement syndical. Vu ses spécificités, l’UGTT a eu une marge d’action importante, surtout en l’absence d’autres espaces où les diverses sensibilités politiques pourraient s’exprimer. Ainsi, la centrale syndicale a concentré le gros des revendications. C’était l’effet de la présence de cette nouvelle classe ouvrière et de la radicalisation des structures de base de l’UGTT. Les motions comportaient de plus en plus de revendications politiques. Les slogans sur les libertés démocratiques, la liberté de la presse et le multipartisme, devenaient monnaie courante. D’ailleurs, la première des aspirations légitimes des syndicalistes était de libérer l’UGTT de la tutelle du PSD. C’était la première des priorités. Il fallait « libérer » la Centrale Syndicale pour lui permettre de jouer son rôle avant-gardiste. Or, le climat politique dans le pays n’avait pas suivi cette évolution de la structure sociale. Donc, il était compréhensible qu’il y ait eu cette confrontation entre deux conceptions de la vie politique en Tunisie. La première qui s’attachait à une vision unique et figée de la scène. Elle était incarnée par le courant des « faucons » du Parti Socialiste Destourien. Alors que la seconde prônait une ouverture sur les autres courants réformateurs dans un cadre institutionnel pour éviter les débordements. La direction de l’UGTT et le courant des « libéraux » du PSD défendent cette 2ème thèse. Le 26 janvier 1978 a, certes, marqué temporairement l’ascendant des « faucons ». Mais, il était également le tournant en matière de démocratie et pluralisme. En effet, le climat politique de 1977 a déjà permis la création de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et la parution des hebdomadaires « Erraï » et « La démocratie ». Ensuite, il y a eu les événements de janvier 1978 et les procès qui avaient suivi. Seulement, une année après, les ténors de la ligne dure avaient été démis. Et en 1981, le pluralisme a été proclamé. La vie politique avait, alors, connu le début d’un épanouissement. . Quelles sont les leçons que vous avez tirées de ces événements ? – Malheureusement, l’UGTT n’a pas tiré les leçons qu’il faut de ces événements. La Centrale Syndicale était, certes, sortie plus forte de ce coup dur. Elle avait acquis plus de crédibilité. Elle avait permis d’ancrer de nouvelles traditions politiques en dehors du Parti Socialiste Destourien. Mais ces acquis avaient besoin d’être renforcés à travers un rajeunissement de la direction et des programmes d’action qui renforcent cette autonomie chèrement acquise. Or, rien de tout cela n’a été entrepris. Pire : c’était une logique revancharde qui avait dominé suite à la réinstallation de Achour aux commandes. Petit à petit, l’UGTT a perdu cette fière allure qui l’avait caractérisée dans la lutte nationale et qu’elle a reconquis dans la bataille pour l’autonomie. D’ailleurs, il suffit de regarder un peu du côté de la direction actuelle pour se convaincre que les artisans du congrès de mars 1977 avaient disparu des instances de l’organisation. Lequel congrès avait, pourtant, amorcé le clivage de l’autonomie. A part Abdessalem Jrad, le SG actuel, aucun membre du bureau exécutif actuel n’a été emprisonné suite à ces événements. Certains ont, même, collaboré avec les « fantoches » de Tijani Abid. Donc, l’institutionnalisation a tué la fibre militante des structures. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 26 janvier 2008)
Témoignage * »Dar-Essabah » et les tumultueuses années 70 « Le courant libéral et la naissance du « Temps » »
Par Mohamed Ali De formation initialement journalistique, notre confrère Mohamed Ali Habachi, s’est forgé une solide réputation en maîtrise d’Histoire moderne et contemporaine de la Tunisie. Il a déjà à son actif deux ouvrages, dont l’un relate les faits saillants de la scène politique et syndicale depuis l’indépendance. Entamant sa carrière de reporter au milieu des années 70, notre invité se souvient bien de cette époque, marquée dit-il d’une amorce de libéralisme engagée par feu Hédi Nouira après le 2ème congrès du PSD, tenu en septembre 1974. Le pays sortait alors de trois crises graves la fin du collectivisme et ce procès de Ben Salah, les troubles estudiantins qui avaient entraîné aussi les élèves du secondaire en février 1972, et le congrès du PSD, tenu à Monastir en 1971 et la scission du courant libéral et l’éclusion de ses instigateurs). Devenu l’homme fort de la Tunisie, Nouira devait opter pour une certaine ouverture pour désamorcer la crise générale. En vérité, précise notre invité, le courant dit libéral au sein du PSD, remonte plus loin. Déjà au congrès de Sousse tenu en 1959, trois années après l’indépendance, des voix se sont élevées plus ou moins timidement pour réclamer une certaine démocratie au sein des instances du parti. Bourguiba ne tardera pas à évincer ceux qui avaient osé contester ce qu’ils qualifiaient de pouvoir personnel. Cinq années plus tard, et à l’occasion de la tenue du congrès de Bizerte en 1964, Bourguiba devait opter pour un net durcissement, option qui s’était prolongée jusqu’à 1971. Habib Achour écarté depuis 1964 venait d’être réhabilité à la tête de l’UGTT en 1971 après une longue traversée du désert. Il devait prêter main-forte à Nouira en engageant la Centrale syndicale dans la politique contractuelle prônée par le gouvernement depuis 1974. Nouira visait à modeler les contours d’un modèle de société à base de salariés et petits et moyens entrepreneurs tout en inaugurant un libéralisme qui devait profiter au secteur privé encore à ses débuts. Le répit social ne devait être que de courte durée. En 1977, les rapports devenaient de plus en plus conflictuels entre le pouvoir et la centrale syndicale. Les terribles événements du 26 janvier 1978 finiront par secouer le pays. Le congrès du PSD, tenu en 1979, devait se distinguer par une volonté manifeste de Nouira de se démarquer de l’aile dure du parti. Il prôna une certaine ouverture envers la jeunesse et l’intelligentsia. C’était trop tard. La fin des années 70 devait être aussi sombre et dramatique que celle des années 60. Les sanglants événements de Gafsa au début de 1980, devaient tout ébranler, et précipiter le départ de Nouira profondément affecté. Il projetait peut-être d’engager la Tunisie dans un début de libéralisme politique, relativement de pair avec son libéralisme économique. A son avènement au gouvernement, et tout au long des années 70, Nouira avait pu bénéficier d’un certain préjugé favorable. Dar Essabah qui se fait comme toujours l’écho de l’opinion publique, depuis sa fondation par le militant, feu Habib Cheikhrouhou, devait apporter tout naturellement son soutien au courant libéral qui se faisait percevoir au milieu des années 70. D’ailleurs, le journal « Le Temps » devait être lancé par feu Cheikhrouhou pour répondre à un besoin qui se faisait de plus en plus sentir auprès d’un lectoral attentif et avide depuis longtemps d’une presse libre. Des précisions à noter pour l’Histoire, conclut notre invité.
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 26 janvier 2008)
Le courrier de Mohamed Lamjed Abdessalem
Voici le courrier que nous a fait parvenir Mohamed Lamjed Abdessalem, un kinésithérapeute d’origine tunisienne menacé d’expulsion.
« Bonjour, Je vous envoie ce mail pour vous informer de la situation d’urgence dans laquelle je suis depuis jeudi 10 janvier. Ma sœur avait rencontré M. Sarkozy en avril 2007 lors de son meeting à Eurexpo de Lyon pour lui apporter son soutien, celui de sa famille et de ses amis s’il acceptait de débloquer ma situation de « sans papiers », il lui avait fait une promesse de régler ça. Huit mois après, rien ne s’est passé alors elle lui a adressé un courrier fin décembre pour demander suite à leur rencontre. Ma sœur a reçu jeudi matin une réponse de la part de son cabinet disant qu’il contactera le Préfet pour examiner la situation. A 9h, quatre policiers habillés en civil ont frappé chez mes parents, j’y étais seul. Sans ouvrir la porte, ils se sont présentés comme des personnes de la préfecture qui avaient besoin de voir mon père, ils ont insisté pour que je leur ouvre. Je leur ai dis que je n’ai pas la clé et que mon père travaille, qu’il vaut mieux revenir plu tard. Ils ont répondu que je dois signer un papier en urgence, je leur ai demandé alors de le glisser sous la porte sinon revenir. Ace moment, ils ont reconnu être de la police et ont menacé d’appeler un serrurier pour défoncer la porte, ils sont restés une heure a frapper violemment et à sonner sans relâche en criant: » ouvrez cette porte » . J’ai tellement eu la trouille que je croyais les voir entrer de partout même par chez les voisins, j’ai alors fermé toutes les fenêtres, j’ai appelé ma sœur et mon père pour l’informer et lui demander de ne pas venir, de faire barrage à ma mère pour lui éviter de tomber nez à nez avec les flics, ce qui peut la faire tomber dans les vapes vu son diabète instable, son insuffisance surrénale et son insuffisance thyroïdienne. J’ai appelé ensuite mon avocat qui, comme d’habitude, s’est montré peu intéressé! J’ai alors appelé une journaliste de TLM qui était venu nous filmer deux fois en 2006 et en 2007. Sous les bruits des coups sur la porte et la sonnette qui n’arrêtait pas de crier, j’ai ouvert la fenêtre de ma chambre pour me jeter s’ils arrivaient à pénétrer. Ma sœur m’a appelé pour me dire qu’ils sont montés frapper chez elle, elle était devant la porte, j’en profité pour m’enfuir. Un ami à moi m’a appelé en début d’après midi pour me dire que deux flics ont frappé chez lui, il leur a pas ouvert. Je me cache depuis sans pouvoir rejoindre mon école ni voir ma famille car nous craignons qu’ils reviennent ou qu’ils surveillent leurs déplacements, on n’utilise même pas la ligne fixe de chez mes parents de peur qu’elle soit sous écoute. Jusqu’à quand cela va durer et quelle sera la fin? Mon père lui aussi est diabétique, il souffre en plus d’hypertension , ni lui ni ma mère ne pourront supporter qu’on m’éloigne, le préfet le sait bien car une attestation médicale délivrée par Dr Jacquelines BOSLE, médecin agrée par la préfecture, témoigne de leur fragile état de santé et insiste sur la nécessité de ma présence auprès d’eux vu que je m’occupe de leurs soins, aussi de la scolarité et de l’intégration de mes 4 frères et sœurs arrivés en France depuis pas longtemps . Ma mère est dans un sale état moral, elle ne cesse de pleurer. Le préfet avait prononcé une OQTF à mon égard en mars 2007, il a une année pour l’appliquer, de force s’il le faut, sans que j’ai le droit de faire recours, le courrier de ma sœur adressé à Sarkozy a eu pour effet le contraire de ce qu’ elle a espéré et nous voilà tous à subir la gestapo. J’ai versé près de 20 000 euros de frais de scolarité pour mes études d’ostéopathie, je suis en cinquième année, on ne veut même pas me laisser obtenir le diplôme. Mon but est toutefois de finir mes études mais aussi de vivre en France auprès de ma famille et de mes proches. La journaliste de TLM est venu me voir l’après midi du jour même, elle m’a filmé, je suis passé aux infos du soir. Je vous joints un des six articles parlant de ma situation. Je reste à votre entière disposition pour toute autre information. Cordialement. Mohamed Lamjed ABDESSALEM »
(Source: NOUVELOBS.COM | 26.01.2008 | 12:38) http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/social/20080126.OBS7277/le_courrier_de_mohamed_lamjed_abdessalem.html
AFP, le 25 janvier 2008 à 09h48 Ben Barka enterré à Paris, près d’une autoroute, selon un livre israélien
Par Charly WEGMAN JERUSALEM, 25 jan 2008 (AFP) – L’opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé il y a 42 ans à Paris, a été assassiné par Ahmed Dlimi, N.2 de la police secrète marocaine, puis enterré dans la capitale, près d’une autoroute, affirme un ouvrage publié vendredi par le journaliste israélien Shmouel Seguev. « Le 29 octobre 1965, Ben Barka est arrivé à Paris en provenance de Genève, avec un passeport diplomatique algérien. Il a déposé ses valises chez son ami Jo Ohanna, un juif marocain, et s’est rendu à pied à la brasserie Lipp pour y rencontrer un journaliste français, quand deux policiers français en civil l’ont interpellé et conduit dans une voiture de location jusqu’à une villa au sud de Paris », a raconté M. Seguev dans un entretien à l’AFP. « Nous savons avec certitude que Ben Barka était encore en vie le 1er novembre (…) [le général] Dlimi ne voulait pas le tuer, mais lui faire avouer son intention de renverser le roi Hassan II », a-t-il ajouté. « Ben Barka avait les chevilles entravées et les mains nouées dans le dos, et Dlimi lui a plongé la tête dans un bac rempli d’eau. A un moment donné, il a pressé trop fort sur ses jugulaires, l’étranglant ainsi à mort », a-t-il poursuivi. « Le ministre marocain de l’Intérieur, le général Mohammed Oufkir, chef de la police secrète, est ensuite arrivé à Paris pour organiser l’enterrement, qui s’est déroulé à Paris, quelques jours après le décès, sur une aire en construction, où il y avait du béton et du ciment, aux abords de l’autoroute du sud », a encore indiqué M. Seguev. Son livre, préfacé par un ancien chef du Mossad, le service d’espionnage israélien, Ephraïm Halévy, et publié en hébreu par les éditions Matar sous le titre « Le lien marocain », fourmille de détails sur les relations secrètes entre Israël et le Maroc. Le Mossad a ainsi indirectement permis aux services secrets marocains de repérer l’opposant socialiste, puis de le piéger: « Ben Barka, qui voyageait beaucoup à travers le monde, se servait d’un kiosque à journaux à Genève comme d’une boîte postale où il venait récupérer son courrier, et le Mossad a donné cette information à Dlimi », affirme Seguev. On apprend aussi que Ben Barka a rencontré en 1960 un haut responsable du Mossad pour lui demander –en vain– une aide financière et en armes afin de renverser le régime chérifien, et que David Ben Gourion, le fondateur d’Israël, en a averti le souverain marocain. Après le déclenchement en 1963 de la guerre entre le Maroc et l’Algérie, le chef du Mossad, Meir Amit, doté d’un faux passeport, a rencontré à Marrakech le roi Hassan II pour lui déclarer: « Nous pouvons, et nous voulons vous aider ». Les instructeurs d’Israël ont ensuite entraîné des officiers marocains, formé des aviateurs au pilotage de Migs-17 soviétiques, organisé ses services secrets, surveillé la construction de la barrière entre le Maroc et l’Algérie, vendu des armes, y compris des chars AMX-13 français via Téhéran, et équipé des embarcations de pêche avec des radars pour les transformer en gardes côtes. En 1965, Israël a pu suivre le sommet arabe de Casablanca et a ainsi découvert l’impréparation des armées arabes bien avant la guerre de juin 1967. M. Seguev consacre aussi une place importante aux pourparlers du Mossad avec le roi Hassan II, qui ont préludé à la rencontre secrète au Maroc du ministre israélien des Affaires étrangères Moshé Dayan avec le vice-Premier ministre égyptien Hassan al-Toami, puis au voyage historique du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem en 1977. M. Seguev souligne qu’il n’a pas eu accès aux archives du Mossad, encore sous le sceau du secret. Ancien capitaine des renseignements militaires, puis correspondant à Paris du quotidien Maariv, il dit avoir noué des liens très étroits avec les renseignements israéliens. AFP
Pluies de mai (II) (Quand Sarkozy se découvre l’ami des pays musulmans et arabes qui sont pour l’ouverture, la tolérance, la paix et la stabilité)
Par : Mizaanoun Une lecture biaisée des choses. Dans son éditorial, le quotidien espagnol El Pais du 12 décembre 2007, analysant les évènements qui ont eu lieu quelques jours après la visite du président français Nicolas Sarkozy a écrit : « L’Europe et surtout les pays du sud ont plus d’une raison pour s’inquiéter devant l’escalade terroriste qui vient de secouer l’Algérie. Ce n’est pas uniquement parce qu’elle menace les structures économiques du pays nord-africain, un des principaux fournisseurs de gaz de l’Union Européenne, mais aussi pour ce qui est de nature à constituer un front de fanatisme aveugle dans un territoire contigu susceptible, dans le futur, de servir de base à des actions hostiles sur son flanc sud.» Il est bien clair que dans l’esprit occidental la première priorité et toutes les priorités passent par l’assurance de l’accès, sans entrave aucune, aux sources des matières premières pour qu’elles soient en abondance sur le marché au plus bas prix – des prix souvent symboliques – pour garantir – selon la doctrine Carter – le bon fonctionnement de la globalisation. Par la suite vient la sécurité, celle du monde occidental bien entendu. Ce n’est certainement pas le seul journal européen ou occidental qui interprète les choses d’une telle manière. Toutes les déclarations des gouvernements occidentaux vont dans le même sens et font la même lecture des évènements et des choses quand ce ne pas eux-mêmes qui s’y trouvent directement à l’origine. C’est une lecture biaisée qui se fait à partir de prisme d’un égocentrisme profond, conjugué à des intérêts économiques et géostratégiques dépourvus de toute légitimité. Tous ces intérêts dont on parle ont été constitués à la faveur de la présence coloniale d’hier de chacun des pays occidentaux séparément et renforcés par la domination occidentale féroce et collective d’aujourd’hui. Des intérêts imposés par la force du feu et du sang en premier lieu et par la loi de la force par la suite. Logiquement aucun pays libre et souverain n’est tenu ni à les respecter ni à les valider comme tels et encore moins à perpétuité et aux dépens de son progrès et des propres intérêts de sa population et de ses valeurs. Et tel qu’on ne cesse de le constater il n’est malheureusement pas le cas. Les dictatures sont installées là où elles se trouvent justement pour tordre le coup à la logique à la vérité et ainsi faciliter la continuité de la domination occidentale. Faut-il s’étonner de ne trouver dans ce genre d’analyse aucune référence réelle aux intérêts et à la souveraineté des autres peuples? Quant aux arguments sécuritaires, ils sont d’un cynisme écœurant. Depuis plusieurs années, avant que n’apparaisse aucun groupe armé de n’importe quelle nature que ça soit, l’OTAN avaient déjà mis sur pieds des plans d’interventions militaires dans toute la région du sud de la méditerranée. Ces plans sont révisés et mis à jour avec tous les armements nécessaires y compris les missiles, les avions, les porte-avions et toutes les munitions appropriées. La plus grande partie de ces armes est stockée le plus proche de la zone, c’est à dire dans les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, la France et l’Italie. Les manœuvres militaires occidentales se déroulent aussi de manière cyclique dans les eaux territoriales de tous les pays du Maghreb. Elles ont lieu officiellement avec la participation des forces armées de ces pays en tant que forces « amies ou alliées». Et ce sans compter les éléments de services de renseignements militaires qui résident en permanence dans tous ces pays et sont déguisés sous des formes et des dénominations multiples qui va du corps diplomatique jusqu’aux organisations dites humanitaires. Un renfort de renseignement militaire supplémentaire encore plus sophistiqué est en train de s’organiser sous la houlette de l’Administration américaine qui sera encore plus étendu pour couvrir toute l’Afrique du nord et la partie de l’Afrique saharienne. Cet organisme américain est connu sous les sigles AFRICOM. Évidemment quand le journal parle d’éventuelles futures actions hostiles dirigées vers le flanc sud de l’Europe, il prend nécessairement les lecteurs pour des naïfs ou tout simplement il s’adonne à un exercice d’intoxication. Et ce n’est pas tout. D’autre part, l’Occident dans son ensemble, loin d’être dissuadé par les échecs multiples, malgré les destructions massives et les centaines de milliers de victimes, en Afghanistan, en Irak, au Pakistan et ailleurs, est loin de renoncer à son hégémonie et chaque jour on apprend un peu plus sur les réajustements qu’apportent l’un ou l’autre de ses différents organismes militaires, ses chefs de file politique ou intellectuel. Une base navale française aux EAU, comme au bon vieux temps. M. Sarkozy, précisément c’est lui, en tant que nouvel acteur en plein déchaînement sur la scène nationale et internationale, avec son programme de rupture générale avec tout et avec tous. Il dit qu’il veut tout changer sur tous les plans y compris le sentimental (Ou de l’intimité. Comprendra qui voudra). D’ailleurs de la théorie à l’action. Dès son entrée à l’Élysée il a rompu avec sa deuxième épouse Cécile. Quelques deux mois après il a rompu avec la période de grâce dans ce genre de questions de cœur. Car qui aurait cru que le monsieur, donné comme follement amoureux de Cécile allait tomber amoureux aussi follement d’un sosie de celle-ci ? – Et en plus là aussi il rompt avec les moules et fait tout un spectacle avec sa nouvelle conquête qu’il promène du Disneyland de Paris à Louxor en Égypte en passant par Pétra en Jordanie. Pour les frais de ces voyages d’amour, il rompt aussi, comme il dit avec ses prédécesseurs qui facturaient sur le compte du contribuable, et se fait offrir des avions privés et des palais aussi privés. Tout le monde, en France, sait aujourd’hui que le fournisseur de moyens de transport aérien au chef de l’état, c’est l’homme d’affaires monsieur Bolloré. Pour le logement, c’est la découverte, car aucun de ses prédécesseur n’avaient jamais joui de tant de générosité de la part des émirs du Golfe qui ont mis à sa disposition, à titre amical, leurs palais privés en Égypte ou en Jordanie. Ils sont sans le moindre doute aussi disposés à en faire de même pour les prochains voyages privés de M. Sarkozy, dans n’importe quelle région arabe ou même dans le monde entier. Les émirs du Golfe ont des propriétés seigneuriales partout. Donc après tous les contrats milliardaires dont on a parlé dans la première partie, monsieur Sarkozy a poursuivi sa marche triomphale et s’est rendu dans la région du Golfe. Tout d’abord, au cours d’un discours à Ryad, le 14 janvier dernier, il s’est félicité de « l’Islam modéré » mis en application par les dirigeants saoudiens et a remporté de nouveaux succès considérables dans le domaine économique. Entre quarante et quatre vingt milliards de dollars de contrats, dont un pour la construction d’une « ligne de chemin de fer » reliant la Mecque à Médine et d’autres dans le domaine du nucléaire civil. Par la suite il s’est rendu à Qatar pour rencontrer un autre de ses « grands amis arabes » du Golfe, l’émir Hamed ben Khalifa Al-Thani. Oui ce monsieur, qu’on a vu debout aux côtés de M. Sarkozy pendant le défilé du 14 juillet 2007. Bien que la caméra n’ait pas insisté trop longtemps dans la prise de vue, c’était largement suffisant, sur le plan esthétique, pour distinguer le contraste entre le nouveau chef d’état français en tenue sombre comme l’exigent les circonstances, dans sa taille modeste et un corps plus ou moins svelte, alors que son hôte, gros et gras, le corps drapé de la tête aux pieds dans ce qu’on appelle le costume traditionnel de la région du Golfe à la couleur blanc – sale brodé de fil d’or. La scène était insolite. Beaucoup de français et probablement aussi beaucoup d’arabes se sont-ils posés la question sur la présence d’un tel invité de marque! Le peu de temps qu’a duré la retransmission de cette image on voyait parfaitement le regard du président français tourné vers le lointain. On dirait qu’il scrutait l’horizon tout en ignorant la présence apparemment étrange du personnage qui était à ses côtés, mais la réalité est d’une toute autre nature comme vont le révéler les détails de la visite qui va avoir lieu quelques mois plus tard. En effet, ce jour-là du 14 juillet, l’émir était invité pour plusieurs raisons. La première est qu’il voulait être parmi les premiers à venir féliciter le nouveau président français. Monsieur Sarkozy est connu de longue date pour, au moins, son très peu de sympathie pour les arabes et les musulmans où qu’ils se trouvent, en France comme immigrés, ou chez eux. C’est un sentiment que monsieur Sarkozy partage profondément avec les classes populaires françaises, chose qu’il leur a parfaitement démontrée tout au long de sa carrière politique aux différentes institutions mais surtout en tant que ministre de l’intérieur. D’ailleurs c’est sur la base de ce sentiment teinté d’xénophobie et transformé en tout un programme politique que les français vont l’élire. Donc l’émir et tous ses homologues du Golfe ou les autres despotes arabes sont toujours ravis à chaque fois que la droite pure et dure arrive au pouvoir dans n’importe quel pays occidental. Ça leur donne plus de sécurité quant à leur avenir personnel et plus de latitude professionnelle dans le contrôle féroce qu’ils exercent impitoyablement sur leurs populations respectives. La deuxième raison à la visite réside dans les énormes contrats milliardaires à la vue que l’émir est venu en personne discuter avec M. Sarkozy et ainsi les confirmer. Un bon nombre de ces contrats se sont effectivement concrétisés par des achats milliardaires à EADS rapportés déjà dans la première partie de cet article et le reste vient de l’être au cours de ce dernier voyage en question de M. Sarkozy dans la région du Golfe. La troisième et dernière raison est d’ordre affectif pour l’émir : son fils et prince héritier, qui fait sa formation militaire au sein des forces armées françaises défilait en cette occasion aux côtés de ses camarades français sur les Champs Élysées. Donc au Qatar, il s’est agi de plusieurs autres contrats millionnaires et milliardaires dans des domaines aussi bien militaires que civils. Le journal Le Monde[1] écrit à ce sujet : « Le contrat prévoyant un « projet d’électrification du Qatar » de la fourniture de sous-stations » pour un montant de 470 millions d’euros a été signé entre AREVA Transmission & Distribution, une filiale du groupe Areva, et la société de distribution d’eau et d’électricité qatarie, Kahrama. Il s’agit, selon le groupe français, du plus important [contrat] jamais signé par ce pôle d’Areva. » Pour ce qui est du nucléaire, le mémorandum d’entente signé entre le groupe EDF et le Qatar prévoit « des discussions sur des coopérations dans les domaines de la production électrique nucléaire et la production d’énergies renouvelables, précise l’Élysée, qui insiste sur le fait que « les discussions porteront dans un premier temps sur un accord d’assistance pour une étude de faisabilité d’acceptabilité, et non sur un investissement ». Par ailleurs, des « opportunités d’investissements dans la chaîne gazière » de ce pays, qui possède les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, existeront également. Parmi les autres documents paraphés lors de cette visite, la présidence française signale un deuxième mémorandum d’entente entre la GDF et le Qatar Petroleum International (QPI) pour une coopération « à l’international dans le domaine de l’énergie », ainsi qu’un « accord-cadre de coopération » en matière de tourisme et une lettre d’intention entre la Gendarmerie nationale française et la Force de sécurité intérieure du Qatar. Les projets évoqués concernent par ailleurs les transports terrestres, l’aviation civile, le BTP, la formation et l’armement. » Tout de suite après le Qatar, le 15 janvier 2008, M. Sarkozy s’était rendu à Abou Dhabi, aux Émirats A. Unis. Les détails de cette visite étaient mis au point[2] lors d’un entretien à Paris entre le président français et le prince héritier d’Abou Dhabi au mois de juin dernier. Au sujet de cette visite sous le titre « La France va disposer d’une base navale permanente à Abou Dhabi, le journal El Pais[3] écrit : « La France disposera d’une base militaire permanente qui lui permettra de contrôler le détroit d’Ormuz, par lequel transitent les 40% du pétrole mondiale… Le président Nicolas Sarkozy qui a visité hier, en dernière étape de sa tournée dans la région du Golfe, les Émirats a signé cet accord militaire et d’autres accords de coopération dans le domaine de l’énergie atomique à travers lequel le fabriquant des centrales nucléaires AREVA, la compagnie pétrolière TOTAL et la compagnie électrique SUEZ vont construire deux réacteurs EPR de troisième génération… Le journal citant le président français écrit plus loin : « La France, dit-il, est pour la paix et la stabilité dans cette région du monde où les enjeux sont considérables. La France sera toujours aux côtés des pays musulmans et des pays arabes qui sont pour l’ouverture, la tolérance, la paix et la stabilité »… La base navale permanente, qui sera située face aux côtes iraniennes accueillera entre 400 et 500 militaires, selon des sources de l’Élysée. C’est un signal, dit Sarkozy, que la France envoie au monde entier, pour démontrer qu’elle est directement concernée par la stabilité de cette région de la planète. Toute fois il ajoute une nuance, « il ne s’agit pas d’affronter l’Iran.» Toujours dans le même article on lit : « Il ne s’agit pas de la première base permanente hors du territoire que la France construit depuis la fin de l’époque coloniale. Ce n’est qu’un pas de plus en avant vers le rapprochement entre Paris et les états du Golfe et particulièrement des Émirats Arabes Unis. Et comme démonstration de ces relations, avant d’entreprendre le voyage de retour, le président Sarkozy a visité le terrain où va se construire le futur musée du Louvre à Abou Dhabi et a contemplé la maquette, œuvre de l’architecte français Jean Nouvel.» Faut-il encore ajouter qu’à part la nouvelle base navale aux Émirats et une identique au Qatar, la France dispose aussi d’une autre base, à l’embouchure de la mer Rouge, à Djibouti. Donc comme on peut le lire dans le même article le président français affirme que la France sera toujours aux côtés des pays musulmans et arabes qui défendent l’ouverture, la tolérance, la paix et la stabilité. On dirait le même discours de Napoleon Bonaparte en Egypte. En tout cas aujourd’hui il ne diffère en rien avec le président Bush ou tous ses autres homologues occidentaux dans leur « affection commune » qu’ils portent aux « musulmans et aux arabes qui s’ouvrent pour la tolérance, la stabilité et la paix ». Et puis ces installations militaires françaises aux Émirats, au Qatar et dans le reste de la région ne sont destinées ni pour confrontation avec l’Iran ni – comme on peut bien l’imaginer – pour intervenir dans les affaires intérieures de la région. Il ne reste plus qu’à déduire qu’elles ne seraient finalement que des installations touristiques ! Si on regarde la carte de toute cette zone du Golfe on y trouve à part l’occupation militaire de l’Irak, un déploiement de forces militaires américaines spectaculaire[4] : Au Koweït 45.000 « marines », 9.000 soldats de l’armée de terre et 1.400 de l’armée de l’air. En Arabie « Saoudite » 5.000 éléments de l’armée de l’air. Au Qatar : 3.300 aussi des forces aériennes et 1.000 des forces terrestres en plus de la Centrale du Commandement, Centcom. Au Bahreïn en plus de la présence permanente de la V flotte, on y trouve 1.900 des forces aériennes et 1.200 des forces navales. Aux Émirats se trouvent déjà 500 des forces aériennes. À Oman, il y a 1.300 des forces aériennes dans la base de l’aéroport international de Seeb et 3.000 autres dans la base aérienne de Thumrait. En même temps mouillent dans les eaux du Golfe le navire de guerre l’USS Kitty Hawk avec 8.000 marins à bord, le navire de guerre l’USS Abraham Lincoln avec aussi 8.000 marins, le navire de guerre l’USS Constellation avec 5.630 marins et finalement le navire de guerre British Naval Task Group avec 4.000 hommes.[5] Avec toutes ces armadas américaines les 500 hommes de la marine française aux Émirats et autant au Qatar ne seraient qu’à titre presque symbolique pour le moment. D’autre part lors de son périple au Maghreb, quelque temps plus tôt, monsieur Sarkozy a rencontré aussi des musulmans pour «tolérance, la stabilité et la paix.» À tous les dirigeants de cette région, à part les affaires et les contrats milliardaires, il leur a témoigné le soutien de la France ! Enfin si le nouveau chef d’état français est décidé à rompre avec tous ses prédécesseurs, il fait mieux qu’eux tous pour renouer avec la page la plus sombre de l’histoire de la France. Davos 2008 ou la ruée vers « l’or arabe » Dans la chasse aux milliards « souverains » le président français a dépêché au fameux Forum Économique Mondial (WEF les sigles en anglais) qui se tient à Davos en Suisse l’un de ses plus proches collaborateurs, le premier ministre François Fillon. Il ne pouvait pas être la vedette de ce Forum, car il a un voyage officiel en Inde. Pour cette 38ième édition de la messe économique qui réunit la crème mondiale de personnages qui va de politiciens aux hommes d’affaires les plus célèbres pour discuter de la situation générale dans le monde tous les regards des 2500 participants sont braqués aussi sur les émirs du Golfe qui, loin d’avoir tout dépensé avec les achats multiples d’avions civils et militaires et les accords signés avec Bush, Blair et Sarkozy concernant des projets de constructions les plus divers, ils restent les plus aptes à sauver les uns et les autres du cataclysme financier qui vient de causer le premier séisme boursier mondial. Selon les spécialistes et les experts de la finance, le salut économique passerait désormais par les centaines milliards de dollars détenus par les émirs. Pour les Émirats Arabes Unis qui viennent en tête avec 943 milliards de dollars disponibles, ils sont représentés par M. Saïd Mbarak Al Hajri en tant que directeur d’ « Abou Dhabi Investment Authority ». Ils sont suivis par le représentant de la famille Saoud, Mohammed Al-Jasser, vice gouverneur de la banque centrale des saoudiens, qui offre de son côté 400 milliards de dollars. Quant au patron de la « Kuwait Investment » Bader Essaad, il arrive avec 300 milliards de dollars. Le chiffre que proposerait le « Qatar Investment Authority » n’est pas révélé, mais il ne doit pas être moins que celui de l’un ou de l’autre. Les « Cheikhs » qui sont représentés par des dinamiques dirigeants, tous formés dans les grandes écoles occidentales et particulièrement américaines, comme c’est le cas de l’émirati Al Hajri qui est diplomé de la célèbre université américaine de Harvard, ne sont plus intéressés aux dépôts bancaires à faibles risques. Leur nouvelle stratégie est « plus agressive ». Cette offensive à laquelle fait allusion M. Sarkozy quand il dit : « Face à la montée des fonds spéculatifs extrêment agressifs et des fonds souverains, qui n’obéissent à aucune logique économique, il n’est pas question que la France reste sans réagir…Pourtant à Riyadh, le 14 janvier dernier il a tenu un autre ton et a dit : « La France sera toujours ouverte aux fonds souverains dont les intentions sont sans ambiguïté, dont la gouvernance est transparente et dont le pays d’origine pratique la même ouverture à l’égard des capitaux étrangers[6]. Le journal Le Monde qui rapporte l’information ajoute : « Ce n’est pas par hasard si Nicolas Sarkozy a tenu ces propos à Riyadh et non pas à Moscou ou Pékin. Quoiqu’ils s’en défendent, les occidentaux accueillent aujourd’hui plus volontiers les capitaux arabes car, dans le passé, leurs détenteurs n’ont jamais cherché à prendre le contrôle des entreprises dans lesquelles ils investissaient. En revanche, ils se méfient des capitaux russes et chinois, nouveaux venus sur la scène mondiale et détenus par des états pour lesquels l’économie est une arme diplomatique. » Pour ce qui est de l’agressivité des capitaux « souverains » arabes ça relève tout simplement de la plaisanterie. Où qu’ils soient investis ces capitaux constituent un retour bénéfique à l’origine. Les émirs contrairement aux russes ou aux chinois n’ont aucun projet économique, car le seul projet réel qui se distingue des intérêts occidentaux et qui aurait pu constituer un danger pour les grandes et même les petites entreprises occidentales, n’aurait jamais permis de voir des centaines de milliards et même des billions de dollars entre les mains de ces émirs dont la seule présence reste une énorme barrière à tout projet de construction. Par contre il est vrai, qu’une fois tout projet arabe ou musulman écarté, il y a une bataille acharnée qui se déroule au sein même des pays occidentaux pour s’attirer vers ses propres entreprises ces milliards « arabes souverains » et successifs. [1] Voir Le Monde du 14 janvier 2008. [2] Voir Le Monde du 14 janvier 2008. [3] Voir El Pais du 16 janvier 2008 page 6 [4] Voir El Pais du 15 janvier 2008 page 2 [5] Voir El Pais du 15 janvier 2008 page 2. [6] Voir Le Monde du 15 janvier 2008.