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   TUNISNEWS   
                 7 ème année, N° 2347 du 25.10.2006 
   
  
  
  
AFP: La Tunisie                       ferme son ambassade à Doha pour protester contre                       Al-Jazeera 
  
  AP: La Tunisie décide de                       fermer son ambassade à Doha   
  
AFP: Fin de                       l’enquête judiciaire française sur l’attentat de Djerba                                             Jeune Afrique: La télévision de la                       discorde                        DOSSIER SPECIAL de l’AFP sur le port du voile                       islamique en Europe 
 
  
    Le Figaro:                       Les cheikhs du Golfe s’offrent la Sorbonne
  
 
 
 
  
 
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   Cliquez ici     pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe     humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens
 Voir également     les documents vidéo:
 
  Le Cri De     Détresse De La Famille Du Prisonnier Politique Fathi Issaoui   
  Nouveau     témoignage vidéo de l’AISPP sur les multiples condamnations pour les     mêmes faits en Tunisie.
      (Source :    www.nawaat.org     )
 
 
 
     
 
 
La Tunisie       ferme son ambassade à Doha pour protester contre Al-Jazeera
 
  
       
 mercredi 25 octobre 2006, 17h10                TUNIS (AFP) – Le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé       mercredi la fermeture de l’ambassade de Tunisie à Doha pour protester       contre une « campagne hostile » de la chaîne de télévision qatarie       Al-Jazeera, qui a récemment diffusé deux interviews d’un opposant tunisien.       « La Tunisie a décidé de mettre fin à sa représentation diplomatique au       Qatar et de fermer son ambassade à Doha, malgré l’estime et le respect       qu’elle porte à ce pays frère », a indiqué le ministère dans un communiqué.       Cette décision a été prise après la diffusion le 14 octobre par Al-Jazeera       d’une interview d’un opposant tunisien établi en France, Moncef Marzouki,       appelant à la « résistance civile » contre les autorités tunisiennes.       Al-Jazeera « tourne le dos à la vérité et à l’objectivité chaque fois       qu’elle aborde l’actualité en Tunisie, méprisant les règles élémentaires       de la déontologie et semblant mener une campagne hostile destinée à nuire       à la Tunisie », a indiqué le ministère des Affaires étrangères.       La chaîne qatarie a diffusé samedi dernier une seconde interview de M.       Marzouki, chef du Congrès pour la République (interdit), quelques heures       après son retour en Tunisie. M. Marzouki, 61 ans, qui avait été laissé       libre à son arrivée à Tunis, avait notamment déclaré qu’il refusait de se       rendre à une convocation d’un juge d’instruction souhaitant l’interroger       sur son appel, dans sa première interview, « à l’unification de toutes les       formes de résistance ».       « Par ses prises de position délibérément malveillantes à l’égard de la       Tunisie, Al-Jazeera a dépassé toutes les limites et transgressé les règles       morales sur lesquelles repose la pratique journalistique », est-il ajouté       dans le communiqué.       Pour Tunis, « de telles prises de position sont en outre en contradiction       avec le principe de la libre expression, car elles incitent aux désordres       et appellent à la sédition ce qui viole les lois et usages internationaux       et les valeurs qui fondent les relations entre Etats ».       « La Tunisie, qui respecte et exerce la liberté d’opinion et d’expression       et qui apprécie à sa juste valeur toute information honnête a fait siennes       ces nobles valeurs qu’elle a érigées en choix fondamental dans ses       orientations politiques », a ajouté le ministère tunisien des Affaires       étrangères.
 
 
 
La Tunisie décide de fermer son     ambassade à Doha
  
     
    AP | 25.10.06 | 18:57
 
 TUNIS (AP) — La Tunisie a décidé de fermer son     ambassade à Doha (Qatar), a annoncé mercredi un communiqué du ministère     tunisien des Affaires étrangères.      De même source on justifie cette mesure par la « campagne hostile » menée par     la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira contre la Tunisie.      Al-Jazira a diffusé en l’espace d’une semaine deux interviews de l’opposant     tunisien Moncef Marzouki dans lesquelles le chef du Congrès pour la     République (CPR, interdit) appelle les Tunisiens à la « résistance civile »     contre le régime, la première à la mi-octobre lorsque ce dernier était     encore en France, où il est établi depuis cinq ans, et la deuxième samedi     dernier à son retour à Tunis.      La chaine qatarie a également organisé un débat autour de la question du     voile islamique en Tunisie au cours de laquelle des intervenants ont accusé     les autorités tunisiennes de « violation des droits individuels ».      Tunis accuse Al-Jazira de « mener une campagne hostile destinée à nuire à la     Tunisie » en « tournant le dos à la vérité et à l’objectivité chaque fois     qu’elle aborde l’actualité en Tunisie et en méprisant les règles     élémentaires de la déontologie ».      Après avoir fait valoir que « la Tunisie respecte et exerce la liberté     d’opinion et d’expression et apprécie à sa juste valeur toute information     honnête », le communiqué considère que « par ses prises de position     délibérément malveillantes à l’égard de la Tunisie, Al-Jazira a dépassé     toutes les limites et transgressé les règles morales sur lesquelles repose     la pratique journalistique ».      Selon Tunis, « de telles prises de position sont, en outre, en contradiction     avec le principe de la libre expression, car elles incitent au désordre et     appellent à la sédition, ce qui viole les lois et usages internationaux et     les valeurs qui fondent les relations entre Etats ».      Face à une cette évolution qu’elle qualifie de « dangereuse », la Tunisie a     décidé de mettre fin à sa représentation diplomatique au Qatar et de fermer     son ambassade à Doha, « malgré l’estime et le respect qu’elle porte à ce pays     frère ». AP
 
 
Fin de l’enquête judiciaire française     sur l’attentat de Djerba
  
         AFP 24.10.06 | 11h58           Le juge Jean-Louis Bruguière vient de clore son enquête sur l’attentat de     Djerba, en Tunisie (21 morts en 2002) dans laquelle cinq personnes sont     mises en examen dont le commanditaire présumé, Christian Ganczarski,     présenté comme un proche d’Oussama Ben Laden, a annoncé mardi une source     judiciaire confirmant une information du Parisien.          L’avis de fin d’information a été adressé la semaine dernière aux « parties »     de ce dossier, qui disposent d’un délai de 20 jours pour demander des actes     complémentaires. Le dossier sera ensuite transmis au procureur de la     République de Paris qui prendra ses réquisitions.          Il s’agit du premier dossier terroriste français lié au réseau Al-Qaïda dont     les auteurs présumés pourraient être jugés devant une cour d’assises, a-t-on     précisé de même source.          Trois des suspects du dossier, Christian Ganczarski, Walid Naouar, frère du     kamikaze qui s’était fait exploser dans la synagogue de Djerba, et Khalid     Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11 septembre qui fait     l’objet d’un mandat d’arrêt international dans ce dossier, sont en effet mis     en examen pour « complicité d’assassinats » en relation avec une entreprise     terroriste.          Les cas de deux autres mis en examen, des Tunisiens proches de Walid Naouar,     mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une     entreprise terroriste » pourraient être disjoints dans la perspective de leur     éventuel renvoi en correctionnelle.          L’attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie) avait fait 21 morts dont     14 touristes allemands le 11 avril 2002.          (Source : Lemonde.fr, le 24 octobre 2006)  
 
La télévision de la discorde
  
         Signe de la détérioration des rapports, déjà tendus, entre la Tunisie et le     Qatar, Jalloul Jaribi (Erreur : Il s’agit au     contraire de M. mohamed Saad), l’ambassadeur tunisien à     Doha, vient d’être rappelé « pour consultation » à Tunis.           La décision traduit, selon des sources diplomatiques arabes, l’exaspération     des autorités tunisiennes face à la couverture « non équilibrée » de     l’actualité tunisienne par la chaîne de télévision satellitaire Al Jazira     financée par l’émir de Doha.           Une récente émission faisant la part belle aux critiques contre     l’interdiction du port du voile dans certains établissements publics     tunisiens aurait été la goutte qui a fait déborder le vase.          (Source : Jeune Afrique N° 2389 du 22 au 28     octobre 2006)  
 
TIB : expansion maghrébine
 
 par SAMIR GHARBI, MARIANNE MEUNIER, PHILIPPE     PERDRIX, RIDHA KÉFI           Pour Mohamed Fekih, vice-président et directeur général de la Tunis     International Bank (TIB), l’année 2006 devrait confirmer les très bons     résultats enregistrés en 2005 : + 36,8 % de bénéfices nets (à 9,2 millions     de dollars), un rendement de 20 % pour les actionnaires (tous     moyen-orientaux) et une expansion non-stop au Maghreb.           Créée en 1982, la TIB appartient en majorité au groupe Kipco (Bahreïn) via     l’une de ses filiales, la United Gulf Bank (86,56 % du capital de la TIB),     ainsi qu’à une vingtaine d’autres actionnaires du Golfe (13,44 %).           Mohamed Fekih, dont les fonctions ont été renforcées lors de l’assemblée     générale du 11 avril 2006, est également satisfait des bonnes performances     de la filiale du groupe en Algérie : après dix-huit mois d’activité, Algeria     Gulf Bank (AGB), au capital de 2,5 milliards de dinars algériens (35     millions de dollars), a réalisé un bénéfice supérieur à 1 million de     dollars.           À cela s’ajoute la mise en route, au premier semestre 2006, d’un bureau de     représentation à Tripoli, en Libye.           
(Source : Jeune Afrique N° 2389 du 22 au 28     octobre 2006) 
  
   « Le Maghrébin », Sommaire de l’édition du 24 octobre  2006
   Editorial:   L’islam entre extrémistes et provocateurs, par Asma Chraïbi   L’événement culturel de cette semaine est le débat du jeudi 26 octobre qui se   déroulera à l’Institut du Monde Arabe à l’occasion de la sortie du livre   encyclopédique intitulé « Histoire de l’islam et des musulmans en France du   moyen âge à nos jours », ouvrage dirigé par le grand penseur algérien le   Professeur Mohamed Arkoun et préfacé par le grand historien Jacques le Goff.   Cet immense travail -qui compte pas moins de 1200 pages grand format et auquel   ont participé plus de 70 chercheurs musulmans et français- retrace l’histoire   des rapports entre l’islam et la France depuis 13 siècles. En effet les   chercheurs ont analysé et cerné tous les épisodes tumultueux depuis la fameuse   bataille de Poitiers (732) jusqu’aux plus récents débats autours du foulard   islamique, des images caricaturales, etc.… 
   Tunisie: Progression   de la pauvreté, par Fatima Kabba   L’Union Générale Tunisienne du Travail (centrale syndicale tunisienne unique),   dont la direction est connue pour être en bonne intelligence avec le Système   de Mr Ben Ali, n’a pas pu malgré toutes ces prudences, ne pas s’associer à  la   campagne que  six autres organisations tunisiennes ont lancée  contre ce   qu’ils ont qualifié dans un communiqué commun  au début du mois d’octobre  «   de propagation de la pauvreté en Tunisie ».Le fait est en soi éloquent et ne   peut qu‘attester de la véracité du phénomène. 
   Maroc:   « Les Salafistes posent un vrai problème au Maroc » par Giles Kepel  A   un moment, les responsables et la police concédèrent qu’ils jouaient un rôle   de protection au sein des jeunes contre les dérives de la déliquescence. Mais   sans faire attention, ils préparaient le terrain aux Salafistes Jihadistes   pour recruter certains jeunes. Certaines arrestations ont montré que leur   parcours commence par les idées dogmatiques des salafistes et ils finissent   par être embarqués par les djihadistes et l’exécution des opérations ».  
   Mauritanie:   Ahmed Ould Daddah inquiet,  par Mehdi Amine     Le Rassemblement des Forces Démocratiques mauritanien se dit inquiet à   l’approche des élections législatives du 19 novembre. C’est ce qu’a fait   savoir son président, Ahmed Ould Daddah, dans un entretien accordé à la chaîne   de radio RFI. « Nous avons eu beaucoup d’inquiétudes ces derniers temps », a   déclaré le leader du RFD à sa sortie d’un entretien avec le chef de l’Etat   mauritanien, un entretien auquel ont pris part d’autres formations politiques.  
      ليبيا:    خطاب المهندس سيف الإسلام القذافي والرؤية المتشائلة بقلم اللأستاذ ضو المنصوري    عون    الانتقادات المنهجية التي    تضمنها خطاب سيف الإسلام القذافي ، لم تكن مفاجئة للمتتبعين للشأن العام، فمن   خلال    تقارير مؤسسة القذافي للتنمية والمقابلات الصحفية التي أجريت معه بات جلياً ان   أمرا    ما لابد ان يحصل ، وآلا فقدت المؤسسة و أدارتها مصداقيتها ولم تعد محلاً لتقه   الذين    علقوا عليها آمالهم.    جاء الخطاب في 20 أغسطس وقبل عشرة أيام من الاحتفال بالذكرى    السابعة والثلاثين من عمر الثورة ، وفى ظل ظروف دولية وداخلية مهيأة لما تضمنه من    انتقادات جوهرية لمجمل التوجهات الاقتصادية والسياسية في لـيـبـيـا 
     Société: Un   ramadan aux antipodes de l’Esprit, par Djameledine Ben Chenouff  Le   jeûne est recommandé, parfois prescrit, par presque toutes les religions, même   les plus primitives. L’homme a peut être pensé que c’était là le moyen de   soumettre son corps à sa seule volonté, de combattre tous ces instincts   bestiaux qui naissent avec lui , de vaincre ces besoins irrsistibles d’un   corps despotique, de le mortifier, de le subjuguer et de s’ élever, ne serait   ce que pendant quelques heures, vers des états extatiques que ne peuvent vivre   que ceux qui peuvent se libérer. 
   Maghreb :    Nous nous dirigeons vers un Maghreb des régions, par  Benjamin Stora   Profondément laïque et manifestant une grande empathie, mais sans concessions,   pour son sujet de prédilection – les nationalismes maghrébins -, Benjamin   Stora poursuit ses recherches sur le terrain : il est actuellement détaché au   Centre de recherches de sciences humaines et sociales de Rabat. Dés le   déclenchement de la « deuxième guerre d’Algérie », à l’hiver 1991, il a adopté   une position critique tant envers les islamistes, dont il expliquait la montée   en puissance, au sein d’une jeunesse en proie au chômage, essentiellement par   les errements du régime « militaro- bureaucratique » en place, qu’à l’égard du   régime lui-même. Il s’est ainsi longtemps attiré les foudres à la fois des   intégristes et du courant « éradicateur » 
 Le   sommaire en détails :   Editorial : l’Islam   entre extremistes et provocateurs, par Asma Chraïbi.  SU :    informations   confidentielles.    Politique :   Algérie :   Privatisation rime avec bradage, par Ahmed Kaci.    Maroc : Les salafistes posent un vrai problème au Maroc, par Youcef   Lahlali. Tunisie: Progression de la   pauvreté, par Fatima Kabba. Mauritanie:   L’inquiétude d’Ahmed Ould Dadah.  Maghreb: Nous   nous dirigeons vers un Maghreb des régions, par Benjamin Stora.     Maghreb:  L’Italie et le   Maghreb au moyen âge , par Georges Jehel. Chronique   : Sidi   Ammis, quatrième  Ziara… 
   (Source : « Le Maghrébin », édition du 24 octobre 2006)
   Lien :    http://www.hebdo.amd-maghreb.org/ 
 
DOSSIER SPECIAL de l’AFP sur le port     du voile islamique en Europe
 
 PARIS, 25 octobre 2006 – A la suite de la     polémique suscitée dans différents pays par le port du voile islamique, en     particulier en Grande-Bretagne, l’Agence France Presse a diffusé ce mercredi     25 octobre 2006 le dossier suivant:          AFP, le 25 octobre 2006      Voile: la Grande-Bretagne s’interroge sur les bienfaits de la laïcité      Par Cyril BELAUD          LONDRES, 25 oct 2006 (AFP) – Le débat sur le voile fait s’interroger la     Grande-Bretagne sur les vertus de son modèle multiculturel et sur la place     du religieux dans la société, au point d’accorder un écho nouveau,     quoiqu’encore modéré, aux arguments des défenseurs de la laïcité.     La dénonciation par Jack Straw puis Tony Blair du voile comme signe de la     séparation des communautés, puis l’indignation suscitée par le cas d’une     jeune musulmane refusant d’enlever son niqab (voile intégral) ont creusé une     nouvelle brèche dans le multiculturalisme britannique.     Célébrant la diversité ethnique, ce modèle, mis en place dans les années 60,     met l’accent sur la tolérance d’une société respectant la culture et la     religion de chaque communauté, sans les soumettre à un modèle dominant. Il     s’oppose au système français d’assimilation.     Mais sur la sellette depuis des années pour son incapacité à vraiment     intégrer ses minorités, puis sérieusement ébranlé après les attentats du 7     juillet 2005 à Londres, perpétré par de jeunes musulmans britanniques, le     multiculturalisme laisse aujourd’hui s’exprimer les tenants d’un concept de     laïcité (« secularism ») auparavant tabou.     Cette semaine, le Sunday Times a posé la question crûment: « Est-il temps de     faire sortir Dieu de l’Etat? ». La semaine dernière, l’Independent écrivait     dans son éditorial: « En tant que journal laïque et libéral, nous croyons     fermement à la séparation de l’Eglise et de l’Etat ».     Dans le même numéro, le journal suggérait que le modèle français serait plus     efficace. « L’approche +français est français+ semble mieux marcher que     l’approche +britannique veut tout dire+, osait-il, s’appuyant sur une     enquête récente du centre de recherche américain Pew, qui montre que 81% de     musulmans britanniques se disent d’abord musulmans, contre 42% de musulmans     français qui mettent en avant leur identité religieuse.     La presse, toutes tendances confondues, a laissé s’exprimer des opinions     telles que celles de Terry Sanderson, vice-président de la Société laïque     nationale: « Le temps est venu de sérieusement considérer la question de     faire de la Grande-Bretagne une démocratie laïque ».     Le débat est centré sur le rôle des écoles confessionnelles et de l’Eglise     d’Angleterre. Créées par un accord datant de 1944, les écoles     confessionnelles sont maintenant au nombre de 7.000 – soit un tiers des     écoles publiques – essentiellement chrétiennes.     Au fil du temps, les autres confessions ont affirmé leurs prétentions à     disposer d’écoles ainsi financées par l’Etat. Il existe au moins 36 écoles     juives, sept musulmanes et deux sikhs. Les musulmans espèrent obtenir le     financement de 150 établissements supplémentaires.     Mais ces écoles sont désormais vues comme le ferment de la séparation entre     les communautés et de nombreuses voix ont réclamé leur suppression.     Sans aller aussi loin, Alan Johnson, le ministre de l’Education, a cependant     proposé un amendement pour que les futures écoles confessionnelles intègrent     25% d’élèves de religion différente ou athées.     L’autre front d’attaque des défenseurs de la laïcité est d’appeler à la     remise en cause du caractère officiel de l’Eglise d’Angleterre, qui dispose     de privilèges que lui envient les autres religions, et de limiter     l’expression religieuse à la sphère privée.     En raison du caractère officiel de l’Eglise anglicane, chaque journée au     parlement débute par la prière. La reine, qui en est le « gouverneur suprême »,     en nomme l’archévêque et les évêques sur proposition du Premier ministre.     Les évêques occupent même 26 sièges à la chambre des Lords, la chambre basse     du parlement.     L’idée de séparation de l’Eglise et de l’Etat (« disestablishment »),     récurrente depuis le milieu du 19e siècle, refait donc progressivement son     chemin. Mais le débat, encore     embryonnaire, reste complexe. Plus qu’une séparation stricte, certains     prônent un « co-establishment », accordant les mêmes droits à chaque     confession.
         AFP  
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Hidjab, niqab, tchador et burqa: les     différents voiles islamiques
  
         AFP, le 25 octobre 2006      PARIS, 25 oct 2006 (AFP) – Le voile islamique, dont le port s’impose à de     nombreuses femmes musulmanes tenues de se cacher au moins partiellement le     visage, s’inscrit dans des traditions souvent antérieures à l’islam lui-même.     Le port du voile pour les femmes est attesté chez les juifs dans la Bible     depuis des temps immémoriaux et existait chez les Arabes avant l’avènement     de l’islam.     Le hidjab (ou hidjeben, en dialecte maghrébin) est formé sur la racine arabe     hajaba, qui signifie cacher, dérober aux regards, mettre une distance. Ce     voile cache les cheveux, les oreilles et le cou, ne laissant voir que     l’ovale du visage.     Promu par les Frères musulmans, il est souvent complété par une tunique ou     un imperméable. Il s’est généralisé dans le monde musulman, remplaçant les     tenues traditionnelles, remontant à l’époque romaine, comme le « haïk » en     Afrique du Nord, grande pièce de laine ou de coton d’environ 5 m sur 1,60 m,     qui dissimule les formes du corps et voile le visage.     Le voile s’appelle aussi lithâm (cache-nez) ou encore khimâr, terme     générique qui désigne tout ce qui couvre la tête: mantille, châle ou écharpe.     La burqa est, à l’origine, le vêtement traditionnel des tribus pachtounes en     Afghanistan. Ce long voile, bleu ou marron, couvre complètement la tête et     le corps de la femme musulmane. Un grillage cache les yeux. Depuis quelques     années, cette tenue est devenue, aux yeux du monde occidental, le symbole du     régime des talibans en     Afghanistan, qui l’ont rendue obligatoire.     La burqa a son équivalents arabe, le niqab, qui s’est répandu sous     l’influence de l’islam wahhabite. Ce grand voile est complété par une étoffe     ne laissant apparaître qu’une fente pour les yeux.     Certaines femmes y ajoutent des lunettes de soleil et des gants. Niqab vient     de la racine arabe naqaba, qui veut dire trouer, parce qu’il ne laisse que     deux « trous » pour les yeux. Le tchador, en Iran, est un vêtement     traditionnel porté par les femmes, utilisé principalement aujourd’hui par     les pratiquantes. Il s’agit d’une pièce de tissu semi-circulaire ouverte sur     le devant qui ne possède ni ouverture pour les mains ni fermeture, mais est     tenue par les mains ou les dents, ou encore en entourant ses extrémités     autour de la taille.     Le port du tchador n’est pas obligatoire dans la République islamique à la     différence du port d’un voile sur la tête.          AFP  
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Comme le Royaume-Uni, d’autres pays     d’Europe s’interrogent face au voile
  
    AFP, le 25 octobre 2006      LONDRES, 25 oct 2006 (AFP) – Le débat actuel sur le Niqab au Royaume-Uni     prolonge celui entamé dans de nombreux autres pays européens, où le voile     islamique est devenu le symbole des interrogations sur l’intégration des     musulmans.     France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suède… les pays européens     sont confrontés à des degrés divers à la même question, face à des voiles     qui se sont faits plus nombreux ces dernières années et sont devenus parfois     la marque la plus visible d’une « séparation » des communautés, selon les     termes du Premier ministre britannique Tony Blair.     « Dans la plupart des pays européens, un débat similaire est en cours »,     a-t-il récemment souligné, ajoutant que derrière la question du voile se     dessinait un débat plus large, « sur la relation entre notre société et     comment la communauté musulmane s’y intègre ».     Au Royaume-Uni, où les attentats du 7 juillet 2005 ont remis en cause le     modèle « multiculturel » cher aux Britanniques, le débat s’est concentré ces     derniers jours sur le niqab, tenue islamique pourtant marginale, qui ne     laisse voir que les yeux: une institutrice de 24 ans, Aishah Azmi, a été     suspendue après avoir refusé de l’enlever en classe. Les prud’hommes locaux     ont refusé l’argument qu’elle avait été victime de discrimination, mettant     en avant l’intérêt des enfants.     Comme dans d’autres pays européens, le gouvernement a laissé aux autorités     locales la responsabilité de la décision.     Quelque 1,6 million de musulmans vivent au Royaume-Uni, majoritairement     pakistanais et bangladais.     La France, pays européen avec la plus forte proportion de musulmans (environ     5 millions, principalement du Maghreb), est à ce jour l’un des rares à avoir     légiféré au niveau national, interdisant en mars 2004 le port de signes     religieux ostentatoires à l’école publique, dont le hijab, voile qui laisse     l’essentiel du visage dégagé.     Le niqab y reste très minoritaire, mais commence également à susciter un     malaise. Un député UMP (droite/majoritaire), Jacques Myard, a ainsi déposé     en avril une proposition de loi préconisant deux mois d’emprisonnement et     3.750 euros d’amende en cas de violation du principe selon lequel « toute     personne allant et venant sur le territoire de la République doit avoir le     visage découvert permettant aisément sa reconnaissance ou son identification ».     Selon lui, le niqab « est une violation de l’égalité des sexes, un très grave     danger pour le vouloir vivre ensemble ».     Aux Pays-Bas, où 5,8% de la population est musulmane et où les     fonctionnaires peuvent porter le voile sauf « si celui-ci interfère avec la     sécurité, la fonctionnalité ou l’impartialité », le débat se concentre     également désormais sur la burqa (version afghane du niqab), même si elle ne     concerne qu’une minorité. Le parlement, il y a un an, a voté pour     l’interdire dans les lieux publics, mais la mesure n’est pas encore     appliquée, le ministère de la Justice estimant qu’elle est en contradiction     avec la loi antidiscrimination.     En Allemagne, où vivent plus de 3,2 millions de musulmans majoritairement     turcs, le débat dure aussi depuis plusieurs années.     Certains Länder ont changé la loi et d’autres sont en train de légiférer en     vue d’interdire de manière plus ou moins stricte les signes religieux à     l’école. Ainsi, le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) a interdit en avril 2004 aux     enseignantes le port du voile à l’école.     En revanche, le tribunal administratif de Stuttgart a autorisé en juillet     une institutrice convertie à porter le foulard islamique dans une école     publique.     Dans ce contexte, plusieurs personnalités allemandes d’origine turque ont     appelé à la mi-octobre les musulmanes allemandes à abandonner le foulard,     pour marquer leur intégration.     En Italie, où vivent environ un million de musulmans, la question du voile a     été relancée la semaine dernière par une déclaration du chef du gouvernement     Romano Prodi. « Si une femme veut porter le voile, très bien », mais le « bon     sens » demande que son visage ne soit pas caché, a-t-il dit.     Un récent incident lors d’un débat télévisé a révélé l’extrême sensibilité     du sujet. Daniela Santanché, députée Alliance Nationale (droite), a été     traitée d' »infidèle » par un 87imam fondamentaliste, pour avoir avancé que le     port du voile n’était pas une prescription du Coran. Cet échange a valu à la     députée une protection policière et des manifestations de solidarité de     responsables politiques de gauche comme de droite, qui ont tous insisté sur     la nécessité pour les musulmans de « s’intégrer ».     En Belgique, où les musulmans, pour l’essentiel d’origine marocaine ou     turque, représentent 4,5% de la population, la question du voile revient     aussi régulièrement, mais la réglementation en incombe aux autorités locales.     Un petit nombre de communes, en Flandre (nord) et à Bruxelles, ont interdit     la burqa ou d’autres vêtements masquant entièrement le visage, en se basant     sur des règlements de police prévus pour réglementer… le port des masques     de carnaval.     Et le débat fait également rage en Turquie, pays musulman à 99% mais     strictement laïc, où les voiles sont interdits depuis des années dans les     universités et la fonction publique. Le pays est profondément divisé sur la     question.          AFP  
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En France, plus aucune jeune fille ne     vient à l’école avec un voile
    
    AFP, le 25 octobre 2006      PARIS, 25 oct 2006 (AFP) – Une loi de 2004 bannissant le port du voile à     l’école en France, qui avait suscité des réactions hostiles dans de nombreux     pays musulmans, a eu un effet rapide et spectaculaire: aucune jeune fille ne     s’est présentée voilée aux deux dernières rentrées scolaires, contre 1.500     en 2003.     Seuls quatre cas litigieux ont été recensés cette année par le ministère de     l’Education nationale, tous concernant de jeunes sikhs qui refusent de     retirer leur coiffe.     En septembre 2004, 47 jeunes avaient été exclus de leur établissement sur     les 639 qui s’étaient présentés à la rentrée en portant une grande croix, un     turban ou un voile, contrevenant ainsi à la loi du 15 mars 2004 sur la     laïcité qui interdit les signes religieux ostensibles dans les     établissements scolaires.     Dernière voie de recours pour ceux qui refusent ces décisions, le Conseil     d’Etat, plus haute juridiction administrative française, doit prochainement     statuer sur cinq cas litigieux.     « On ne pensait pas que ça se passerait aussi bien, parce que chaque jeune     auquel on s’opposait avant le prenait pour lui alors qu’à partir du moment     où il y a une loi, cela concerne tout le monde et personne ne se sent     particulièrement visé », explique Jean-Claude Lafay, membre du SNPDEN, le     principal syndicat de proviseurs.     Pour lui, il s’agit d' »un problème marginal en France, pas spécifique à une     religion et en particulier à la religion musulmane ». « Les jeunes catholiques     intégristes, les jeunes juifs intégristes ne posent pas moins de problèmes »,     assure-t-il.     On sait peu de choses sur les élèves exclus ou qui ont simplement renoncé à     se scolariser, sauf qu’ils sont peu nombreux.     « La majorité a retiré son voile mais le vit très mal », assure cependant Nora     Rami, porte-parole du « comité 15 mars et libertés » qui a instauré une     permanence téléphonique pour les familles se refusant à appliquer la     nouvelle loi.     Les autres se sont inscrites au Centre national d’enseignement à distance, (CNED)     suivent leurs études en Belgique ou, dans certains cas, sont reparties dans     leur pays d’origine.     Selon Mme Rami, l’enseignement privé (à 97% catholique en France), non     concerné par la loi, a refusé d’accueillir les jeunes filles qui désiraient     garder leur voile.          AFP  
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De plus en plus de femmes voilées au     Maghreb
    
    AFP, le 25 octobre 2006      TUNIS, 25 oct 2006 (AFP) – Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se     voiler au Maghreb, témoignant souvent d’un regain de religiosité, mais aussi     d’une affirmation identitaire ou politique, voire d’un effet de mode.          En Algérie, comme en Tunisie et au Maroc, le port du voile s’est développé     ces dernières années, notamment chez les jeunes filles et femmes, alors que     la tendance demeure stable en Libye et en Mauritanie où elles ont     traditionnellement la tête couverte.     Aucune loi ne régit le port ou l’interdiction du voile en Afrique du Nord,     sauf en Tunisie où un décret de 1981 promulgué sous la présidence du père de     l’indépendance Habib Bourguiba proscrit le port de « l’habit sectaire » dans     les lieux publics.     La célébration, cette année, du cinquantième anniversaire du « Code du statut     personnel » accordant aux Tunisiennes les droits les plus étendus de tout le     monde arabo-musulman n’a en rien freiné un phénomène perceptible dans tous     les milieux.     En soulignant leur attachement à la religion musulmane, les autorités ont     lancé en octobre une vigoureuse campagne contre les habitudes vestimentaires     « d’inspiration sectaire importées de l’extérieur ».     Si les contrôles sont devenus stricts en Tunisie, des policiers obligeant     des femmes à se dévoiler dans les lieux publics, le foulard, qui couvre la     tête et le pourtour du visage est en revanche fréquent dans les universités     marocaines, où les syndicats étudiants sont contrôlés par un mouvement     islamiste radical.     L’interdiction du voile à Royal Air Maroc a suscité la semaine dernière une     protestation d’un député islamiste, qui a sommé la direction de la compagnie     de respecter « les croyances religieuses ».     En Algérie, l’interdiction du Front islamique du salut en 1991 avait été     suivie de l’abandon du voile par de nombreuses femmes.     Mais comme dans les pays voisins, d’autres l’ont désormais adopté.     Au-delà d’un retour à la religion encouragé par des prédicateurs et des     télécoranistes arabes très écoutés au Maghreb sur les chaînes satellitaires     émettant d’Egypte et de plusieurs pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite,     cette tendance semble aussi répondre à une affirmation identitaire.     La guerre en Irak, l’invasion israélienne du Liban et le conflit avec les     Palestiniens, tout comme les difficultés d’émigration en Europe sont autant     d’événements qui amènent des jeunes filles à adopter le voile et à affirmer     leurs traditions musulmanes face au monde occidental.     Sans être obligatoirement un emblème de l’islamisme militant, comme il le     fut en Algérie où, selon le sociologue Nasser Djabi, il « n’exprime plus de     projet politique », le voile permet parfois, comme l’affirment des     Tunisiennes, un moyen de manifester son opposition au pouvoir en bravant un     interdit.     De Tripoli à Casablanca, comme de Nouakchott à Kairouan, le voile est enfin     pour nombre de Maghrébines un effet de mode confirmé par le succès des     commerces de « tenues islamiques ».     Voiles de luxe brodés de fils d’or et pièces d’étoffe légère et colorée     rehaussant l’éclat du visage y côtoient de stricts couvre-chefs de couleur     sombre portés parfois avec un ample manteau long pour éviter, comme le     confie une ménagère tunisienne, d’être « importunée dans la rue ». Le port du     « niqab » qui dissimule entièrement le visage, sauf les yeux, demeure marginal     au Maghreb.          AFP  
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Le voile au pluriel en Egypte
  
         Par Alain Navarro
    AFP, le 25 octobre 2006      LE CAIRE, 25 oct 2006 (AFP) – Des banlieues miséreuses aux quartiers chics,     la question pour les musulmanes égyptiennes n’est plus de se voiler ou pas,     mais de choisir son voile, du plus rigoriste au plus branché.     Après 30 ans de réislamisation, les femmes nue-tête sont aujourd’hui     archi-minoritaires sur les bords du Nil et la plupart sont des coptes     chrétiennes, elles-mêmes très minoritaires en Egypte.     Par volonté idéologique ou religieuse, forte pression sociale et familiale,      les Egyptiennes sont voilées à 80 %, risque la sociologue Mona Abaza, pour     qui c’est le « signe le plus réussi et le plus préoccupant de l’islamisation »     Officiellement, le voile n’est ni banni dans la fonction publique ou les     universités, comme en Turquie, ni obligatoire, comme en Arabie saoudite.     L’épouse du président, Suzanne Moubarak, n’est pas voilée. Sur deux femmes     ministres, l’une est coiffée d’un bonnet.     La présidente de la 1ére chaîne de la télévision nationale, Nadia Halim, a     récemment adopté le voile mais aucune présentatrice de journaux des chaînes     publiques ou satellitaires privées n’apparaît voilée à l’antenne.     Le temps paraît donc loin du geste inaugural, et qui fit scandale, de Hoda     Charaoui, la grande féministe égyptienne, d’ôter son voile publiquement en     gare du Caire à son retour d’un voyage en Europe, en 1923.     C’est aujourd’hui, à rebours, une nouvelle bataille qui a repris « au nom de     l’islam, et du choix personnel », en faveur du « niqab », une pèlerine de     couleur sombre qui cache l’intégralité du corps et ne laisse entrevoir que     les yeux.     Des étudiantes qui le portaient ont été exclues du foyer de l’Université de     Helwan, au sud du Caire, relançant une controverse sur « le licite et     l’illicite » en matière de code vestimentaire islamique, aux enjeux ici     politiques.     « Je n’accepte pas qu’on dise que le niqab est une obligation », affirme Soad     Saleh, professeur de droit islamique et ex-doyenne de la faculté féminine     des études islamiques d’al-Azhar.     Le visage ceint d’un bandeau bleu sous un voile blanc, cette réformiste     musulmane, surnommée le Mufti des femmes, affirme que « cacher le visage des     femmes n’est pas dans le Coran, c’est une vieille tradition bédouine ».     En bas de l’échelle sociale, ce sont des Egyptiens, souvent des villageois,     émigrés en Arabie saoudite et autres pays du Golfe, qui en ont rapporté le     mode de vie puritain et ségrégatif à l’égard des femmes.     Des militantes islamistes ont aussi mené le combat du voile à l’Université,     comme une obligation religieuse, tout en y affirmant le rôle de la femme     dans le combat politique contre le régime et l’Occident.     A l’autre extrême, le « hijab », le voile encadrant le visage ou foulard ne     cachant que les cheveux, se fait parfois frivole, de couleur vive, avec     jeans et chemisettes moulantes, conjuguant islamisation et mondialisation.     Après les anciennes vedettes « repenties » et tombées en dévotion, c’est une     nouvelle génération de stars, comme Hanan Turk, qui se bousculent, avec     voile en soie griffé, sur les écrans de cinéma ou de télévision.     Regardés avec passion après le repas de rupture de jeûne de Ramadan, l’Iftar,     des feuilletons offrent une nouvelle image de la femme, imprégnée de morale     piétiste « new-look », comme le prêche le télécoraniste Amr Khaled. Ce sont     sous l’impulsion de prédicateurs et prédicatrices « mondains » que sont aussi     multipliés les salons islamiques réunissant les bourgeoises cairotes pour     des « halaqat », des causeries piétistes chics.     Il y aussi l’engouement pour la poupée voilée, Fulla, mise sur marché après     que la police saoudienne eut bannie Barbie, qualifiée « de poupée juive » dont     les tenues « honteuses » étaient « des symboles de l’Occident pervers ».          AFP  
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Le port du voile est respecté en     Iran, mais le tchador ne progresse pas
 
    AFP, le 25 octobre 2006           TEHERAN, 25 oct 2006 (AFP) – Le port du voile est strictement respecté en     Iran mais les efforts des autorités pour imposer une tenue plus islamique à     un plus grand nombre de femmes n’ont pas encore été couronnés de succès.     La question ne semble d’ailleurs pas la première préoccupation des     intéressées, qui souhaitent surtout une meilleure égalité de traitement avec     les hommes dans les sphères juridique, professionnelle, ou maritale.     Une des images traditionnelles de la république islamique véhiculée à     l’étranger est celle de femmes portant le tchador, une longue robe noire et     ample couvrant la tête jusqu’au pieds, et ne laissant paraître que le visage.     Les plus observantes tiennent même d’une main ou entre les dents les pans de     cette robe permettant de dissimuler la moitié inférieure du visage.     Mais dans les villes, elles sont très nombreuses à se contenter d’un     foulard, parfois de couleur vive, couvrant plus ou moins complètement la     chevelure, et d’un « manto », ou manteau, plus ou moins léger selon les     saisons, et plus ou moins court et cintré, censé couvrir les formes     féminines.     Ces règles, entrées en vigueur progressivement après la révolution islamique     de 1979, s’appliquent à toutes les femmes, iraniennes ou étrangères,     musulmanes ou d’une autre confession.     Elles sont observées avec une application variable, et les autorités     surveillent cette dernière avec une conviction tout aussi élastique.     Chaque printemps, avec le retour des beaux jours et de la chaleur qui les     accompagne, des jeunes femmes prennent des libertés avec ce code     vestimentaire.     Leur foulard glisse imperceptiblement vers l’arrière et leurs chevilles     apparaissent. Et chaque année les autorités lancent une nouvelle campagne     pour contenir de tels « excès ».     A la fin août la police iranienne annonçait avoir donné en un mois des     avertissements à 64.000 femmes à Téhéran pour mauvais port du voile     islamique.     A la fin mai le porte-parole du gouvernement Golamhossein Elham     reconnaissait que « nous avons des problèmes » pour le respect du port du     voile.     « Il n’y a aucune loi pour obliger les femmes à porter le voile islamique,     car le voile est un choix religieux et historique des Iraniennes »,     remarquait-il. « Mais il ne faut pas utiliser la violence, et plutôt faire un     travail culturel », avait-il ajouté, déplorant notamment que « le marché soit     envahi de vêtements qui ne conviennent pas ».     La solution: « le président (Mahmoud) Ahmadinejad a ordonné au ministère du     Commerce de prendre des mesures pour inonder le marché avec des vêtements     conformes aux valeurs islamiques pour que les femmes aient le choix ».     Cette mesure « douce » n’a eu qu’un temps, de nombreux magasins de mode     donnant la préférence au tchador dans leur vitrine avant de revenir à des     tenues plus en vogue.     Pour la prix Nobel de la paix et avocate iranienne Shirin Ebadi, la question     du voile n’est pas la première priorité des femmes. En août elle expliquait     à l’AFP que « si j’étais écrasée par une automobile, je recevrais la moitié     de la compensation accordée à un homme », et remarquait qu' »en matière     criminelle le témoignage d’une     femme vaut aussi la moitié de celui d’un homme ».     La loi iranienne place la femme dans une position de subordination à son     mari qui peut par exemple lui interdire de travailler ou de voyager à     l’étranger. La législation lui est aussi défavorable en cas de divorce, de     garde des enfants et d’héritage.     Pour le professeur de sociologie Hamidreza Jalaipour, c’est dans le monde du     travail que « beaucoup d’entre elles souffrent de discriminations pour les     salaires et promotions ».     Malgré cela « les hommes se démocratisent et soutiennent une amélioration de     la condition de la femme », a-t-il dit à l’AFP. Par exemple, dans les     universités, les étudiantes représentent maintenant plus de 60% des     effectifs de première année.          AFP  
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Chronique d’une islamophobisation des esprits     
ROBERT REDEKER : IL N’Y A JAMAIS EU DE     FATWA !
 
         écrit le 24/10/06 à 18:46:40 par Jacques RICHAUD          La sur-médiatisation et la dramatisation de «l’affaire Robert Redeker » par     nos services politico-médiatiques aurait pu inciter à la prudence tous ceux     qui en toute bonne foi souvent ont cru devoir réagir après s’être indignés.     Une simple investigation «journalistique » menée correctement aurait     peut-être pu éveiller quelques soupçons concernant les intentions de ceux     qui ont instrumentalisé ce fait en évoquant les noms de Rushdie et Calas, un     peu trop vite peut-être.          C’est alerté par des amis arabophones étonnés de la teneur des affirmations     exploitées par la presse que j’ai demandé à trois sources arabophones     différentes, dont une universitaire, de vérifier la teneur des propos tenus     sur la chaîne Al-jazeera, incriminés comme à l’origine de la «FATWA » dont     serait victime Robert Redeker. Les trois «retours » reçus ce jour douze     octobre sont similaires et surprenants !          Pour donner à cette modeste investigation la rigueur nécessaire et     l’interprétation utile, il est important de reconsidérer la chronologie des     faits établis, en se posant à chaque étape les questions que cette affaire     non encore achevée, ne manque pas de soulever.          
– I – CHRONOLOGIE D’UNE AFFAIRE SINGULIERE :          – C’est le 19 septembre 2006 que le Figaro publie une double tribune sur la     même page, celle de Robert Redeker et celle d’Antoine Sfeir. Celle de Robert     Redeker se nomme «Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde     libre ? »          – Le jour même de la parution de ce quotidien du matin, 19 septembre, sa     diffusion est interdite en Tunisie (Elle sera le 24 septembre également     interdite en Egypte par décret – source Reporters sans frontières le 25 9     2006)          – C’est le même jour que Robert Redeker déclare «avoir reçu des menaces de     mort » et prévient le responsable de son établissement de son incapacité à     assurer la poursuite de ses cours ; il est aussitôt «exfiltré » et caché en     lieu sur, ainsi que sa famille mise également sous «protection » par la     Défense et Surveillance du Territoire (DST). Le professeur lui-même sur     I-Télé précisera avoir reçu des «menaces directes par mail » et révèle que     des forums jihadistes «qui ne sont pas accessibles à tout le monde » donnent     «toutes les coordonnées pour pouvoir (l’)assassiner ».          – Ce n’est que le 20 septembre sur la chaîne Al-jazeera dans le bulletin     d’information bref de Hassad Al Yaoun d’une minute qu’est transmise     l’information de la censure du Figaro en Tunisie, à cause «d’un article     insultant le prophète Mohammed » écrit par un philosophe dont le nom n’est     pas même cité, mais qui «accuse le Coran d’inciter à la violence » et qui     «se moque des rites du pèlerinage chez les musulmans » (Tout ceci est     effectivement contenu dans la tribune de RR). Dans une information     complémentaire la parole est donnée au «Président de l’union islamique des     savants musulmans » le cheikh Youssef Al-Qardaoui qui dans son commentaire     appelle les musulmans «à protester d’une manière sage le vendredi 22     septembre…pour défendre l’islam et son prophète contre les propos du Pape     Benoît XVI et l’auteur de l’article du Figaro », dont le nom ne sera pas     cité ; en appelant à la modération et «à ne pas s’attaquer aux églises ou     aux ambassades…pour ne pas donner l’image de musulmans violents dont les     médias occidentaux sont friands »          A ce stade retenons que le nom de REDEKER n’a pas même été cité et que la     protestation émise n’appelle nulle vengeance, mais une expression de     réprobation calme pour le surlendemain. IL N’A JAMAIS ETE QUESTION DE «     FATWA »qui possède un sens religieux et juridique particulier connu de tous     !          – Le 21 septembre, et sans attendre la manifestation prévue le lendemain,     Pierre Rousselin directeur adjoint du Figaro exprime sur la chaîne     Al-jazeera «ses regrets concernant la publication de l’article…(qui) est une     erreur…(et) n’exprime pas l’avis du journal…(cette) tribune libre     n’engageant que son auteur…(cette publication a été faite) sans vérification     préalable, il s’en excuse ». Le même jour 21 septembre l’article est retiré     du site du Figaro (j’ai pu le vérifier), l’intervention de Pierre Rousselin     sera aussi retirée du site d’Al-jazeera. A ce stade on peut s’étonner de la     non-mention de ce fait dans les médias français ; et plus encore de la     complaisance plus tardive de tous ceux qui partiront en campagne au nom de     la «liberté d’expression » sans même évoquer le désaveu et la dérobade du     Figaro, qui s’associera à la même campagne ! Personne n’a reproché au Figaro     une quelconque «islamisation » des esprits comme le déclarait l’auteur de la     tribune incriminée et qui l’aurait poussé à commettre cette autocensure !              Surtout aucun lien ne peut non plus être établi entre les menaces reçues la     veille par RR et l’émission de la chaîne arabe ; ce fait est d’évidence ! Si     des menaces ont été faites leur source est ailleurs.          – Pourtant le même jour 21 septembre le texte de Robert Redeker ainsi que     celui d’Antoine Sfeir sont repris et diffusés sur le site français PROCHOIX     (animé par Fiammetta Venner et Caroline Fourest), accompagnés d’un article     Fiammetta Venner intitulé « Quelques remarques à propos du Pape, de l’Islam     et du Figaro ». Cette diffusion est explicitement destinée à «notre lectorat     tunisien » pour contourner la «censure ». Cet article, il faut le souligner     prend nettement ses distances avec celui de RR en stigmatisant aussi les     violences des autres religions.          – Le vendredi 22 septembre les médias français sont présents à la     manifestation appelée par le cheikh Youssef Al-Qardaoui qui se passe dans le     calme et ne sera donc pas relayée par les chaînes nationales. Le même jour     Nasrallah se faisait ovationner à Beyrouth par une foule immense au cours     d’une manifestation pour «le jour de la victoire », cette manifestation a     été intégrée aux journaux télévisés français et a fait le sujet principal     des chaînes arabes, pour lesquelles Robert Redeker reste toujours un inconnu     !           – Le même jour 22 septembre Tarik Ramadan publie sur son site un long     article «le Pape et l’Islam : le vrai débat » sans mentionner la tribune de     RR. Le forum de discussion qui suit mentionne l’article du Figaro pour s’en     indigner ainsi que de sa reprise sur le site de Prochoix ; en réponse il est     écrit que «sœur Caroline (Fourest)…prétendue antiraciste…cette femme est une     Oriana Fallaci déguisée…voilée sous les appellations de …féministes,     antiracistes, laïques…no comment ».          – Le 25 septembre sur le site Prochoix c’est cette fois Caroline Fourest     elle-même qui signe un éditorial mensonger au regard des faits rappelés     ci-dessus : « Sur Al-jazeera, Youssef Al-Quradami désigne Robert Redeker à     la vindicte » en écrivant mensongèrement « Le 20 septembre sur la chaîne     Al-jazira le cheikh Youssef al-Qaradani a profité de son immense audience     pour désigner le philosophe Robert Redeker comme islamophobe du moment. Ce     n’est pas rien lorsqu’on connaît l’influence du cheikh…aucun texte ne mérite     une FATWA MONDIALE ». Et Caroline Fourest «soutien le droit de Redeker à     s’exprimer », elle assume d’avoir repris la publication, mais prend elle     aussi ses distances avec le ton de RR en disant «toutes les religions sont     instrumentalisables pour le pire »          
LE MOT « FATWA « » A ETE LANCE ET LA SUITE EST CONNUE :      Tous les bien-pensants qui se croient démocrates choisissent leur camp sur     l’énoncé d’une imposture. Il n’y a jamais eu de Fatwa et le nom de Robert     Redeker n’ a pas même été prononcé !          
A CE STADE QUE RESTE T-IL ?          – Des menaces exprimées dés le 19 septembre dont la police serait dans     l’incapacité de déterminer la provenance informatique, régionale ? nationale     ? internationale ? Chacun sait que n’importe qui peut envoyer un mail à     n’importe qui, même à soi-même ; mais la tracabilité de ces envois est tout     à fait possible et même devenue légale depuis les lois Perben et les mesures     «antiterroriste ».          – Alors que fait la police ? Info-intox ou manipulation ? L’origine des     menaces est elle identifiée ? Tenue encore secrète ? Cela accréditerait     l’hypothèse d’une manipulation policière et politique désireuse de tirer     aubaine de la publication de cette tribune islamophobe, en entretenant une     pesanteur dont Robert Redeker est la première victime désormais, même s’il     n’y a jamais eu de « fatwa » !          – On laisse se dérouler la réaction à une «fatwa » qui n’a jamais existé.     Une Presse complaisante à l’émotion générale ressentie fournit jour après     jour les tribunes qui accréditent les thèses de Robert Redeker, sans     prudence ni discernement. L’ensemble de la presse se positionne clairement     dans le «choc des civilisations » annoncé du côté de Robert Redeker dont la     tribune immonde trouve un succés inespéré de l’auteur lui-même !           – Robert Redeker est-il à l’abris pour autant ? Même en l’absence de « fatwa     » ? Sûrement pas, tant il est évident qu’une agression sur sa personne     accréditerait à la fois sa thèse et celle de ceux qui le soutiennent, en     même temps qu’elle démontrerait le bien fondé d’une accentuation des mesures     «sécuritaires » déjà développées dans notre pays.          – Robert Redeker pourrait bien avoir à se méfier de certaines «protections     ». Il pourrait devenir demain «l’idiot utile » ou la victime même d’une     cause qui le dépasse désormais.           – Ceux qui logiquement doivent le plus souhaiter sa protection efficace sont     ceux qui trouvent ses thèses immondes justement ! Longue vie à Robert     Redeker pour qu’il puisse demain rencontrer d’autres hommes et femmes,     musulmans et sains d’esprit qui lui feront percevoir la profondeur de ses     erreurs.          
L’EMBALLEMENT :          C’est le 27 septembre que le grand public par «la Dépêche du Midi » apprend     «à la une » que «un professeur de philosophie est menacé par les islamistes     »          – Le 29 septembre la revue électronique «Respublica » éditorialise sous le     pseudo habituel «Evariste » un article : « Robert Redeker : première victime     de la FATWA en France » et stigmatise de façon très virulente tous ceux qui     oseraient ne pas le soutenir. L’Union des Familles Laïques (UFAL) par la     voix d’Evariste apporte «un soutien inconditionnel à Robert Redeker » et     dénonce «la rhétorique insidieuse qui consiste à assortir la condamnation de     la FATWA dont est victime Robert Redeker d’un même si ou d’un bien que ».     Une pétition de «la Gauche Républicaine » est donc lancée immédiatement     signée par des dizaines de personnalités.          – Le 30 septembre 2006 le recteur de la grande mosquée de Lyon Kamel Kabtane,     dans un communiqué, «Emet les plus grandes réserves quant à l’origine exacte     de ces menaces… l’heure est aussi aux manipulations », il faut que «les     auteurs soient identifiés et sanctionnés comme le permettent les lois de la     République » (cité sur le site Prochoix)          – Le même jour 30 septembre «Libération » fait sa une sur «Peut-on encore     critiquer l’Islam ? » et Olivier Roy écrit «certains jouent à chatouiller la     fatwa » et dans ce numéro Caroline Fourest précise «nous sommes passés d’une     affaire Ruschdie tous les dix ans à une affaire Ruschdie tous les ans, voire     maintenant quasiment tous les mois. A l’époque quand l’ayatollah Khomeiny     lança sa FATWA contre l’écrivain, la gauche était soudée pour défendre la     liberté d’expression et le droit d’offenser toutes les religions ». Le même     joue «le Monde » évoque le «repérage » par la DST de «forums jihadistes     anglais » qui confirmeraient la menace avec photos, adresse plan d’accès au     domicile de RR….Mais quel crédit peut-on apporter à ces allégations ?          Il va de soi que ces menaces sont injustifiables et imposent la protection     de Robert Redeker par la force publique. Mais la situation n’est pas     véritablement la même entre une condamnation à mort par une autorité     religieuse islamiste (qui n’a jamais eu lieu) et une menace par des propos     haineux sur Internet comme il en circule quotidiennement sur des dizaines de     forums accessibles à tous, particulièrement entre les communautés impliquées     dans les drames du Moyen Orient.           Redisons le clairement, il n’y a jamais eu de «fatwa », ce qui n’exclue pas     la matérialité de menaces d’autre nature et elles aussi préoccupantes,     dénoncées par l’intéressé lui-même. Le web est devenu un terrain privilégié     de la manipulation et les idées les plus abjectes circulent quotidiennement     sur des forums plutôt mal pondérés, les interventions y sont le plus souvent     signées de «pseudo » qui autorisent toutes les outrances, se faisant même     parfois passer pour «la partie adverse» pour lui donner une image révoltante,     personne ne peut empêcher cela.          Mais transformer un «fait grave » en un phénomène de société relève de     l’irresponsabilité et de la démesure. Caroline Fourest elle-même et Philippe     Val et bien d’autres ont été «menacés » après certains de leurs écrits et     protégés de façon plus discrète !           La résonance donnée à la menace dénoncée par RR lui-même a pour premier     effet d’amplifier, en la généralisant, la sensation d’une menace qui est à     la base de la xénophobie et de tous les racismes. Plus personne ne perçoit     que pour RR la critique de la religion musulmane dans son ensemble n’est pas     une discussion philosophique mais une «opinion » qui s’inscrit dans la     promotion du «choc des civilisations ». Qu’une large assemblée     d’intellectuels se soit rangés derrière sa frange la plus extrémiste est un     succès considérable pour les thèses de RR ! Tout cela ne fait le jeu que des     néoconservateurs les plus extrémistes et de la partie adverse     authentiquement jihadiste…Mais que vont faire certains dans cette galère ?          – Le 30 septembre Caroline Fourest écrit «Affaire Redeker : A quoi joue la     DST ? » pour s’étonner du fait que «davantage que le niveau des menaces,     habituel, c’est bien le niveau de la réaction policière qui a changé » et     questionne en référence aux menaces islamistes supposées : « Les services     détiennent-ils des informations précises ou sont-ils dans le bleu ». elle     questionne «s’agit-il de créer un effet de panique légèrement     disproportionné qui punit Redeker au lieu de le protéger » ? Il faut     dit-elle «s’interroger sur le choix policier et donc politique opéré »…          – Une autre voie est étouffée : Le 30 septembre le groupe progressiste du     «Manifeste des Libertés » édite une autre pétition «Pour la liberté de     parole » dont le texte est le suivant : « Nous dénonçons avec la plus grande     force les menaces de mort dont fait l’objet Robert Redeker, bien que nous     soyons en désaccord avec ce qu’il a écrit, avec la médiocrité triviale de     ses propos, avec ses outrances verbales en miroir avec les islamistes     violents ». Cette pétition plus «voltairienne » que celles affirmant un     soutien inconditionnel ou une approbation aura de nombreuses signatures de     personnalités musulmanes, mais curieusement ne sera ni médiatisée ni reprise     par la presse nationale.           Nos médias massivement se sont retranchés dans le camp du soutien à     l’intolérance de Redeker, occultant aussi bien des vérités factuelles (l’absence     de fatwa) que des voix plus pondérées que celles attisant objectivement le «choc     des civilisations » replacé dans l’actualité par la tribune de Robert     Redeker !          – En effet l’emballement s’est poursuivi. Le 1 octobre 2006 «le Monde » à     son tour éditorialise «Pour Robert Redeker ». (Edition datée du 2 octobre     2006)          – On peut retenir, mais nous le savions déjà, que l’opinion publique «ca se     fabrique » et des ouvrages ont déjà été consacrés à l’invention de cet     «islam imaginaire » qui doit nous terroriser, non pas dans sa perversion     islamiste mais bien dans son ensemble.          – Le même jour un nouveau «Respublica » appelle à un «soutien sans réserve »     et réaffirme que Robert Redeker est «victime d’une FATWA » qui le force à la     clandestinité, réfutant toute «analyse indécente de ses propos ». Il réédite     une tribune ancienne de Robert Redeker publiée dans La Dépêche du Midi le 21     octobre 2003 consacrée à « L’islamophobie, l’arme des islamistes contre la     laïcité » (sic !) faisant référence au livre de Caroline Fourest et     Fiammetta Venner reprenant l’histoire du concept d’islamophobie décrit comme     « une arme forgée par les islamistes » ! Il cite aussi la formule de     Maïakovski «les mots sont des balles » (Qu’il ne pouvait donc ignorer en     écrivant sa tribune du 19 septembre 2006 !). L’auteur tentait aussi     péniblement de démontrer que l’islamophobie n’est pas un racisme et écrivait     « Un islam à visage humain est-il possible ? » . Le même numéro contient un     communiqué de presse de l’UFAL «la République doit protéger les victimes des     FATWA » et un article d’Antoine Peillon (président de la France Radicale     Gauche Démocratique et Républicaine) menaçant : « Nous mettons aussi en     garde …ceux qui ne le soutiennent pas totalement et sans condition, car ils     sont dés lors, plus que jamais nos adversaires ». Cela ressemble au discours     de Bush en septembre 2001 ««Ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous     ! ». On a envie de dire tu déconnes Antoine ?          – Le 2 octobre «le Monde » rattache, d’après la DST la menace à AL-Qaida (qui     possédait donc dés le 19 septembre un plan de la commune de Saint-Orens et     l’adresse du professeur…brrrr, il y a de quoi trembler !) La menace ne     relèverait plus d’une fatwa mais du terrorisme ? Le Monde publie une autre «liste     de soutien » que celle lancée par Respublica, intitulée celle-ci «En faveur     de Robert Redeker ».          – Le 3 octobre la revue Prochoix de Caroline Fourest relaie cet appel avec     invitation à le signer sur l’adresse de la revue «les Temps Modernes » dont     RR était éditorialiste.          – Le 4 octobre « Evariste » dans un nouveau «Respublica » stigmatise le MRAP     et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ou «Quelques islamo-gauchistes     pèsent bien peu, de même que le sectarisme congénital d’une organisation     laïque qui trouve encore le moyen de lancer une polémique au lieu de se     rassembler derrière la défense de Redeker ». Il stigmatise aussi «Nicolas     Sarkozy, qui encourage les fous d’Allah à réclamer toujours plus de     dérogations communautaristes » et Evariste prétend s’exprimer au nom des «citoyens     » qui «en ont assez », rappelant que Redeker est «victime » et «condamné à     mort ». Dans le même numéro Sonja Rivière écrit «Redeker a finalement raison     », rajoutant même aux propos de RR que…          – «Le mois sacré de ramadan doit apporter son quota de sacrifices humains »     et il est temps de «dénoncer l’effroyable imposture »…(Cela ne vous rappelle     rien ?) et une «islamisation des esprits devenue insupportable ». Le même     jour dans Charlie-Hebdo, Caroline Fourest collaboratrice régulière de cet     hebdomadaire s’étonnait des excuses de Rousselin : « Les éditorialistes du     Figaro ne nous avaient pas habitués à tant de prudence sur l’Islam », tout     en confirmant encore une fois que «le théologien vedette d’Al-jazeera et des     frères musulmans…a désigné Robert Redeker à la vindicte le 20 septembre ».     Elle ironise sur «le courage économique » du Figaro ayant présenté ses     excuses. Elle surenchérit à propos d’une «fatwa contre Mozart » après le     retrait préventif d’Idoménée du Deutsche Oper à Berlin, même si elle relève     que pour Angela Merkel «l’autocensure par la peur n’est pas tolérable »…Ainsi     donc peu importe qu’il y ait eu ou non «fatwa » ; il nous faut penser     seulement «qu’il aurait pu y avoir, qu’il y aurait certainement même eu     fatwa, inspirant une peur qui explique le retrait de la pièce ! ». Dans le     même numéro Philippe Val stigmatise «Sa sainteté Mouloud Aounit » qui avait     eu le tort de rappeler au nom du MRAP que «toute forme de violence en     appelle hélas d’autres en retour, parfois plus extrêmes encore ». Le «canard     Enchaîné » du 4 octobre à raison de décrire «Une affaire islamentable » et     de conclure «pour… passer de l’invective au dialogue, du simplisme à la     complexité, il faudrait des gens qui savent penser en profondeur…comment     dit-on, déjà ? Des philosophes ». Hélas les philosophes ont signé en masse     leur soutien «inconditionnel » à Robert Redeker.          – Le 5 octobre «le Point » titre «Nous sommes tous des Redeker » mais donne     aussi la parole à Tarik Ramadan : « Robert Redeker est libre de dire ce     qu’il veut, je l’ai affirmé et répété, mais j’ai moi aussi le droit de dire     que son texte est haineux ». Le «Nouvel Observateur » du même jour réaffirme     encore «le 20 septembre, Redeker est dénoncé sur Al-jazira ».          – Le 6 octobre «Valeurs Actuelles » titre «la fatwa Redeker ».          – Le 7 octobre dans «Marianne » Guy Konopnichi s’égare «Je tiens le principe     de respect pour une saloperie… entre Mahomet et Robert Redeker, je choisis     Redeker. N’en déplaise à Mouloud Aounit ! ».          – Le 9 octobre 2006 c’est dans le journal «La Croix » que sera précisé à     propos de la chaîne Al-jazeera : « Le nom du philosophe (n’a) pas été     prononcé » dans un sujet traité en «à peine une minute ».          Toutes les démarches rapportées montrent que l’économie de la vérité devient     la base d’un appel à dénonciation universelle d’une menace, exactement celle     qui est au cœur de la chronique de Robert Redeker !           – Il est confirmé que dénoncer la surenchère des extrêmes n’est pas dans     l’air du temps pour les pétitionnaires. Pour Philippe Val « La situation a     de quoi inquiéter », la menace contre RR est assimilable à l’attitude de     Ahmadinedjab en Iran qui veut «mettre du plutonium dans les centrifugeuses »     !          La boucle est enfin bouclée qui nous désigne en filigrane la logique et     l’objectif de toute la campagne menée : Il s’agit d’instrumentaliser «l’affaire     Redeker » pour préparer l’opinion à la troisième guerre de Georges Bush,     après l’Afghanistan et l’Irak, ce sera demain l’Iran…          – Pourtant, le 5 octobre 2006 Pascal Boniface directeur de l’Institut de     Recherche Internationale et Stratégique (IRIS) avait publié une note dans     Témoignage Chrétien qui rappelle que « Robert Redeker est favorable au choc     des civilisations », tout autant que «ceux qui l’ont menacé ». Il précise     «ses idées sont nauséabondes, mais c’est bien sur le domaine des idées qu’il     faut les combattre. Ses propos auraient pu même avoir une suite sur le plan     juridique, car il contredit très réellement les lois françaises sur     l’interdiction de propager la haine raciale. Mais tout est fait pour que le     débat soit piégé. Les menaces ont transformé Robert Redeker de coupable en     victime. Plus personne ne parle du caractère raciste de ses propos, mais des     menaces qu’il a subies. Or les deux sont condamnables ». Il conclue « Soit     on admet le droit de tout dire y compris les injures raciales au nom de la     liberté…soit l’on considère que le climat est tellement lourd et explosif     qu’il faut apporter certaines limites à la liberté d’expression. En tous les     cas on ne peut pas plaider pour la première thèse dans certains cas et pour     la seconde dans d’autres ».           II – DE NOMBREUX QUESTIONNEMENTS PERSISTENT AUTOUR DE CET EVENEMENT ET     SURTOUT DE SON INSTRUMENTALISATION:          
LES FAITS :          – Il n’y a pas eu de Fatwa, mais tout le monde feint de l’ignorer ; ce     mensonge était nécessaire pour une dramatisation de la menace.          – Il y aurait bien eu des menaces dont les services de renseignement     affirment qu’elles seraient «de mort » et en relation avec «al-qaida » sans     étayer cette affirmation de preuves depuis plusieurs semaines. Ceci est     surprenant de la part d’un ministre de l’intérieur qui nous avait habitué à     une communication plus agressive sur des faits divers de gravité moindre.          – Il est avéré que les premières menaces, le jour même de la publication,     sont antérieures à une émission sur la chaîne Al-jazeera présentée, de façon     mensongère, comme le relais d’une «fatwa » qui relève du fantasme ; sachant     bien que très peu d’arabophones auront eu la capacité de vérifier ce fait.               La vraie question est de savoir si ces menaces relèvent d’une piste locale (expliquant     la précision de la menace), d’une piste nationale ou internationale ;     l’incertitude entretenue plaide pour que l’hypothèse d’une gigantesque     intoxication ou manipulation doive être considérée.          
LA MANIPULATION :          – C’est une constante du discours extrémiste d’englober dans sa stratégie     l’existence reconnue d’une «liberté d’expression » qui crée de fait une     «obligation d’en débattre » et de reconnaître le caractère «licite » de     quelque opinion que ce soit, en restant libre de la désavouer… « les     chambres à gaz n’ont pas existé ? Bon, débattons-en, à ma droite X, à ma     gauche Y qui représente la thèse inverse… »          – Mais avec l’affaire Robert Redeker le débat a changé de nature, car une     étape a été franchie qui consiste à court-circuiter même l’obligation     d’apprécier la thèse en présence, pour consacrer ses efforts seulement à la     défense de la liberté d’expression de son auteur !           – Il est vrai que la thèse aurait du mal a trouver des défenseurs crédibles     aux yeux de l’opinion comme des érudits sur le sujet de l’Islam ! La     nouvelle attitude est : « Ne parlons donc pas de ses thèses islamophobes     délirantes, unissons seulement nos efforts pour la défense de leur auteur     menacé, même sans trop bien savoir par qui…Et si ce texte a suscité la     colère de fanatiques, c’est donc qu’il était juste de les dénoncer ! CQFD »,     Redeker : un ; Raison :zéro !          
LES CONSEQUENCES PREVISIBLES :          – Pour comprendre l’importance de ce «glissement » il nous     faut nous rappeler que lorsque les intellectuels se sont mobilisés pour     contrer, dans le passé des thèses révisionnistes ou négationnistes ; il     s’agissait de ne pas étouffer ou déformer une vérité historique passée.     L’article de Redeker, lui, même s’il se réfère à une fausse connaissance du     Coran, s’exprime en fait dans et pour le temps présent et le temps à venir ;     il pose une affirmation qui est un acte de guerre dans un choc des     civilisations dont nous ne vivons que les premiers soubresauts. Ce choc se     prépare, par les armes et par les mots.           – Nous savons l’existence authentique de forces en présence que personne ne     songe à nier ; celles d’un islam perverti extrémiste mais encore     ultra-minoritaire et celles de l’axe du bien autoproclamé porteur, selon sa     prétention, des valeurs de la civilisation judéo-chrétienne. Les deux sont     prêts à incendier la planète, certains, dont Redeker croient ce choc     inéluctable et contribuent à la «diabolisation » de l’Islam tout entier pour     faire accepter ; le pire au plus grand nombre.          Lorsque nos intellectuels les plus médiatiques se sont solidarisés avec la     frange la plus intolérante de la pensée occidentale, c’est bien cette image     globale (et non celle d’un paradis de la liberté d’expression !) qu’ils ont     donné au reste du monde, comme un immense «quitus » à tous ceux qui militent     pour le choc des civilisations.          – Mais les premières victimes des écrits de Robert Redeker et du soutien     inconditionnel qui lui est apporté par beaucoup ne seront pas les islamistes     ; ce seront les très nombreux musulmans ou intellectuels éclairés qui     n’épousent pas leurs thèses et luttent dans ce monde complexe pour faire     sortir des peuples entiers de la théocratie et de l’obscurantisme par     certains entretenu. Ceux qui en Islam ont compris que les «lumières »     d’occident ne sont ni éloignées ni incompatibles avec les «lumières »     d’Islam, ignorées chez nous par le plus grand nombre, auront à répondre sur     leur vie de la haine répandue par Robert Redeker et renforcée par ses     soutiens. Le pire, qui doit être admis, est que l’élimination programmée de     ces «modérés » est au centre de la stratégie des uns comme des autres. Le     choc des civilisations annoncé par tous les néoconservateurs militaristes de     la planète n’est pas une option de progrés espéré mais une option de     confrontation armée considérée comme inévitable.           Robert Redeker, par ses écrits antérieurs et actuels, est un soldat de ce     combat. La question qui est posée à tous d’un soutien voulu inconditionnel     n’est pas une question philosophique, c’est une question politique.          – Notre choix «Pour Redeker » peut paraître peu signifiant et allant de soi     dans nos salons mondains. Mais pour ceux qui luttent contre l’intolérance     dans des lieux ou la connivence n’est pas de mise entre penseurs aux     opinions divergentes, mais ou les minoritaires et démocrates sont en danger     de mort permanent, ce choix peut être une sentence fatale au motif même des     liens établis avec une forme de la pensée occidentale qui a porté au cours     des siècles le germe de la plupart des mouvements d’émancipation. Nous     sommes tous comptables, au nom même des idées que nous prétendons défendre,     de la vie de tous ceux qui sur          – d’autres rives ne nous haïssent pas et ne peuvent comprendre notre venin     ou notre lâcheté. Soutenir RR c’est clairement consentir au sort fait à ceux     là dont le sort, déjà et pour longtemps, semble nous être étranger.          – Condamner la menace sûrement, mais sans soutenir Robert Redeker, est donc     une nécessité absolue ; c’est la condition même de la crédibilité de la     démarche de tous ceux qui s’opposent à la pensée de Robert Redeker et qui     mesurent la gravité de ses conséquences.          – La démocratie d’opinion n’a t’elle pas généré une philosophie de la     protection ? Une philosophie qui pour affirmer sa liberté dénonce ce qui     serait susceptible de l’entraver ? Cette évolution peut même contribuer à     cautionner, paradoxalement, des lois liberticides.          – Ce que nous observons n’est-il pas l’extinction de tout débat sur la     responsabilité des intellectuels ? Ces débats qui en un autre temps ont     séparé et parfois réunis Jean Paul Sartre et Raymond Aron, seraient-ils     encore possibles aujourd’hui ? Lequel de ces deux penseurs aurait osé     stigmatiser l’autre en le menaçant de complaisance envers une « islamisation     des esprits », simplement pour avoir tenté de poser la raison en avant de la     passion ? Au stade ou sont arrivés certains de nos « philosophes », on peut     leur dire : « En sortant ce n’est pas la peine d’éteindre la lumière ;     l’ampoule a déjà rendu l’âme… »          – Comme tant d’autres philosophes qui se voulaient médiatiques, Robert     Redeker souhaitait obtenir par sa tribune «son quart d’heure de célébrité »     comme disait Andy Warhol ; sans imaginer qu’en s’auto-désignant expert en     islam, il allait se prendre les pieds dans le tapis et être placé devant la     responsabilité d’un acte qu’il croyait de pure forme. Le marketing des idées     a aussi ses revers, comme une mauvaise pub qui fait un « flop »           – La réalité de la détresse de Redeker ne semble pas faire de doute, qui     n’était pas préparé par son statut d’intellectuel, à devoir vivre en     clandestin selon les conseils que lui prodigue la DST. Mais les victimes de     son attitude sont aussi son épouse et ses enfants que nul ne songe à     soutenir et qui le méritent pourtant, totalement victimes, eux, de cette     surenchère sécuritaire qui devrait cesser dans l’intérêt de tous.          
CONCLUSION PROVISOIRE :          Cet événement d’une importance factuelle dérisoire représente en réalité un     événement majeur, révélateur d’un glissement de nos perceptions qui nous     fait banaliser l’intolérance. On peut y voir l’effet de «la peur » qui a     saisi nos sociétés depuis le 11 septembre 2001. On peut aussi y voir     l’impact d’une sournoise propagande au quotidien qui travaille pour     banaliser aussi bien le découpage du monde en un axe du bien et un axe du     mal, légitimant toutes les lois sécuritaires et les guerres préventives. Il     est dans ce contexte attendu que les intellectuels ne soient au service que     d’une seule cause qui sert les intérêts de l’occident ; ceux d’entre eux qui     tenteraient de garder une pensée « universaliste » sont suspects et     discrédités, assimilés au camp déjà désigné ennemi !          Robert Redeker, dans sa sincérité délirante et sa phobie voyait partout une     «islamisation des esprits » .     En réalité ce que cet événement a révélé c’est tout le contraire, c’est une     : ISLAMOPHOBISATION massive des esprits !          Parce que les mots «tuent » il ne faut banaliser aucun discours excessif. Le     tribunal de Nuremberg n’a pas jugé des combattants de terrain qui auraient     survécu à leurs crimes, il a jugé les penseurs et les instigateurs de ces     crimes qui avaient élaboré une idéologie faisant de l’intolérance un dogme.          Il est fait par certains appel à Voltaire, en omettant de dire qu’il n’a     jamais préconisé de taire la critique, mais seulement de la fonder sur la     raison et non sur la force. Qui peut imaginer qu’un Voltaire aurait signé un     soutien inconditionnel à une thèse dont il aurait détesté le contenu, sans     engager toute son énergie d’abord pour la combattre ? C’est ce que semblent     avoir collectivement oublié nombre de ceux qui croient devoir donner leur     bénédiction laïque à des propos islamophobes détestables. Tous ceux la sont     déjà formatés à une pensée de l’intolérance qui pourrait bien mener le XXI     ème siècle vers la tragédie.           Rares sont ceux qui s’interrogent, comme Mohammed Arkoun dans «Histoire de     l’Islam en France » (Albin Michel 2006) sur l’émergence de l’islamisme mais     aussi sur la construction médiatique de l’islamophobie. Assurément un     ouvrage tel que celui là doit paraître insupportable à tous les     annonciateurs du «Choc des civilisations ». Il se pourrait que la survie     même de notre société dépende de notre capacité à reconquérir une pensée     obscurcie, non par l’islam, mais notre peur de voir s’ébranler nos dogmes     hégémoniques et nos certitudes intellectuelles.          Nous n’échapperons pas, même au péril de notre confort intellectuel tenté     par la simplification de toute pensée à la réouverture du vieux     questionnement « Misère de la philosophie ? » ouvert par Proudhon.      Sauf à consentir au pire qui serait de laisser les ennemis de la pensée     diriger le monde, nous n’échapperons pas non plus à l’exigence d’un retour     vers une pensée qui ne soit pas asservie par l’opinion dominante, (actuellement     politico-médiatique plus qu’académique), mais plutôt vers une pensée     véritablement mise au service de la recherche d’une émancipation humaine     universelle. Si nous en restions là, les listes de pétitionnaires « Pour     Redeker » pourraient bien désigner déjà ceux qui démissionnent dans ce     combat.          
EPILOGUE :           Pendant que nos pseudo-intellectuels médiatiques font de la surenchère pour     soutenir l’un des leurs engagé dans un combat douteux ; le 7 octobre 2006 à     Moscou tombait sous les balles la journaliste et écrivaine Anna     Politkovskaïa dont une part de la vie a été consacrée à témoigner du sort     fait au peuple tchétchène.           La Tchétchènie, cette ex-république musulmane de l’ex-empire soviétique est     soumise à la folie d’une Russie gangrenée par la xénophobie, le racisme et     particulièrement l’islamophobie. Anna Politkovskaïa défendait admirablement     cette cause, non en soutien de la forme de ses combats, sachant refuser     toutes les complaisances dans les deux camps, mais en soutien et par essence     même d’une exigence de justice. Le racisme était totalement étranger à sa     pensée et elle était libre de toute aliénation, philosophique, politique,     matérielle ou religieuse ; pour cela son action était intolérable pour le     pouvoir en place. Les tueurs ne lisaient certainement pas le Figaro ; mais     pour exécuter un meurtre politique il faut à la fois mettre une arme au     poing d’un homme et aussi lui vider le cerveau en l’abrutissant de discours     haineux.          Nos frères tchétchènes seront demain plus seuls qu’hier, non seulement du     fait de la volonté de Moscou, mais aussi parce que rendus plus vulnérables     par le meurtre d’une femme libre dont la vie était consacrée à délégitimer     tous les discours haineux «rédékériens » qui ne sont rien d’autre que des     cautions avant meurtre.           Puisse cet événement contribuer à clore chez nous un débat ouvert après une     sinistre tribune du Figaro dont le journal lui-même s’est désolidarisé.          Le seul débat qui doive être poursuivi, on peut même dire réouvert, c’est     celui de la responsabilité des intellectuels face au monde réel, celui des     enjeux de domination ou de résistance, d’aliénation ou d’émancipation     humaine.          
NB : Ci-dessous les adresses web des émissions citées plus haut :      – http://aljazeera.net/NR/exeres/AO4E448D-3C05-45FC-962B-D1BE2D8B5E7E.htm      (Pierre Rousselin)          – http://aljazeera.net/NR/exeres/100D6B95-8ACB-4319-A78C-3AE5B986DE10.htm  (Hassad     Al Yaoum)          – http://aljazeera.net/NR/exeres/FD651A41-AB52-4F9F-B870-DA26F80E7DA8.htm      (Al Qardaoui)          (Source : le site Indymedia Grenoble, le 24 octobre 2006)     Lien :    
    http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&filtre=0&droiteA=0&numpageA=1&id=3649 
 Les     cheikhs du Golfe s’offrent la Sorbonne
 
 De     notre envoyée spéciale à Abu Dhabi LÉNA LUTAUD (AVEC CAROLINE BEYER).
     Dans la contre-allée bordée de palmiers qui longe la bruyante avenue Sheikh     Maktoum bin Rashid d’Abu Dhabi, le ballet des BMW et des Mercedes est     intense. À chaque arrivée, les chauffeurs, en sueur, se précipitent pour     ouvrir les portières. Vêtues de leurs plus belles abayas noires, Amina,     Shahad et les autres passagères glissent à pas feutrés sur le tapis rouge     qui couvre le trottoir. Le 8 octobre, l’université Paris-Sorbonne-Abu Dhabi     faisait sa rentrée. « C’est notre premier jour de classe», chuchote Fatma,     très fière d’être l’une des premières étudiantes inscrites.
     C’est là, à huit heures d’avion du Quartier latin, dans ce petit morceau de     , au bord du golfe Persique, que la Sorbonne a ouvert un campus à l’étranger     sous son label. Du jamais vu en sept cent cinquante ans ! C’est même la     première fois que l’État français exporte une université. Au Moyen-Orient,     ce rôle a toujours été assuré par l’Église catholique, notamment par les     jésuites de la prestigieuse école Saint-Joseph, à Beyrouth. Venu de Paris,     le président de la Sorbonne, Jean-Robert Pitte, traverse le hall climatisé.     « Hier soir, j’ai longuement discuté avec le cheikh lors de l’iftar, le     repas qui marque chaque soir la fin du jeûne du Ramadan », confie-t-il avant     d’attraper le micro. Soutenu par ce prince moderniste, à la tête de l’un des     pays les plus riches de la planète, le professeur de géographie ose un     discours plutôt direct pour la région. « Le monde entier nous observe car     vous écrivez une page de l’histoire de la relation entre le monde islamique     et occidental, lance-t-il devant les étudiants. Nos professeurs vous     donneront l’esprit critique. Vous exercerez votre liberté de penser.     Contrairement à ce que croit George Bush, nous allons prouver qu’il n’y a     pas de bonne et de mauvaise civilisation, que l’Islam n’est pas une machine     de guerre. »
     Les applaudissements à peine interrompus, une étudiante demande la date des     élections de délégués. « On se croirait à la Sorbonne pendant la crise du     CPE », s’amuse Jean-Robert Pitte. « Pourra-t-on venir étudier en Europe ? »,     interroge Jinane. « Bien sûr, votre diplôme vous donnera aussi accès aux     autres universités européennes », répond le président, sous le regard ravi     d’Alanoud al-Sabah.
     Comme la majorité des autres étudiants, cette princesse koweïtienne a appris     le français pendant ses vacances à Divonne-les-Bains (Ain), où vit un grand     nombre de familles aisées du Golfe. Elle raconte : « J’aurais dû faire mes     études aux États-Unis. Mais le 11 septembre 2001, puis les attentats de     Londres ont tout bouleversé. Nos parents nous ont tous fait rentrer. Alors,     quand j’ai vu une publicité à la télévision pour la Sorbonne d’Abu Dhabi,     j’ai sauté sur l’occasion. C’est le même enseignement qu’à Paris, mais dans     une ambiance familiale puisqu’au lieu d’être 26 000 étudiants, nous serons     seulement 170 . »
      Pour 6 315 euros le semestre (162 euros l’année en France), l’élite du     Golfe n’a pas hésité. C’est le cas de Nasser al-Zaabi, puissant homme     d’affaires d’Abu Dhabi, venu accompagner sa fille Fatma, 18 ans. « Je suis     tellement reconnaissant envers notre cheikh et votre gouvernement. Nous nous     développons très vite ajoute-t-il, en pointant du doigt les chantiers qui     s’étendent à perte de vue dans le désert. Construire des gratte-ciel est     facile, faire évoluer les mentalités beaucoup moins. C’est à cela que la     Sorbonne va nous aider.»
      À l’écouter, les cheikhs ne se sont pas offert la Sorbonne comme ils se     payent une franchise Mc Donald’s. Profitant du déclin de Beyrouth et de     l’avenir incertain du Caire, Abu Dhabi, ville provinciale du Golfe, veut     basculer dans le XXIe siècle en devenant le nouveau pôle régional de la     francophonie. Peu importe si les matières enseignées par la Sorbonne ne     donnent pas de travail. L’or noir rapporte des milliards de dollars, et le     cheikh peut se permettre de miser sur la culture, les musées et l’éducation.     Jaloux de Dubai, qui s’est offert une notoriété mondiale avec ses pistes de     ski en plein désert, il s’est associé à des noms célèbres comme le Louvre et     la Sorbonne. Il a aussi demandé au lycée Louis-le-Grand, à Normale Sup et à     Centrale de l’aider à monter une filière d’ingénieurs. Pour attirer les     professeurs du Quartier latin, il a mis les moyens. Par l’intermédiaire de     Pascal Renouard de Vallière, un lobbyiste français proche des familles     royales du Golfe, son ambassadeur à Paris a rencontré pour la première fois     Jean-Robert Pitte lors d’une conférence de Suzanne Moubarak, l’épouse du     président égyptien. C’était à la Sorbonne, en juin 2004. Six mois plus tard,     Jean-Robert Pitte était invité à Abu Dhabi.
     En septembre 2005, ce dernier présente le projet à son conseil     d’administration : « Il a fallu argumenter. Les uns étaient réticents à     l’idée d’aller dans un pays musulman, d’autres pensaient que cela allait     nous coûter une fortune alors qu’à Paris, nous n’avons pas de gommes ! Quand     j’ai dit que le cheikh payait tout, y compris le salaire des remplaçants des     professeurs expatriés et que les cours seraient laïques et identiques à ceux     de Paris, le oui l’a emporté. »
     Gilles de Robien, le ministre de l’Éducation, a ensuite accéléré le montage     juridique de l’opération. Avec la promesse d’être mieux payés qu’en France –     le montant exact des salaires est secret  – sept professeurs ont accepté de     s’expatrier. Quant aux grands pontes, comme Pierre Brunel, spécialiste     d’Arthur Rimbaud, ils feront le voyage pour quelques jours.
      D’ici à 2007-2008, ces volontaires seront moins dépaysés : une réplique de     la Sorbonne, avec une interprétation locale du dôme de la chapelle, sortira     du sable, près de l’aéroport. Coût de l’opération : 25 millions d’euros.     Jean-Robert Pitte sait qu’à la Sorbonne certains espèrent que son pari     échoue. Les obstacles sont nombreux. Habitués à vivre séparément, les élèves     vont expérimenter la mixité. Les filles sont motivées, car elles veulent     s’émanciper, les garçons moins. Les enseignants vont aussi devoir faire un     effort. À la sortie du premier cours de philosophie, certains étaient déjà     découragés par leur professeur : il avait présenté son cours en français     sans s’arrêter. « Le plus difficile sera de durer, reconnaît Jean-Robert     Pitte. Abu Dhabi est un laboratoire pour que la Sorbonne s’implante par la     suite en Grèce, en Corée, au Japon, en Chine… »
     Dehors, la nuit tombe. Le chant des muezzins s’échappe des mosquées.     Jean-Robert Pitte regagne la France. Il reviendra ici pour l’inauguration     officielle, le 18 novembre.
     (Source : « Le Figaro » (France) du 25 octobre 2006)