25 décembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2408 du 25.12.2006

 archives : www.tunisnews.net


Comment Mohamed Sakhr Materi, gendre de Ben Ali, a ramassé en un tour de main, neuf milliards ! Le Temps: Echange de coups de feu entre un groupe d’individus et une patrouille des forces de l’ordre
La Presse: Echange de coups de feu entre de dangereux criminels et les forces de l’ordre Aِfricanmanager: Tunisie : Sérieuses menaces chinoises sur les chaussures ! Réalités : “Violence contre les femmes”: Levée de tabous


Comment Mohamed Sakhr Materi, gendre de Ben Ali,

a ramassé en un tour de main, neuf milliards !

 

Première phase : Le PDG de la Banque du Sud, Ben Slimane, annonce publiquement que les créances de la banque étant non recouvrables, celle-ci est potentiellement en faillite et ne présente plus aucune valeur.

 

Deuxième phase : Ben Slimane informe les actionnaires italiens de la banque (13 millions d’actions) pour leur dire que, malgré l’état catastrophique de la banque, il a déniché un acheteur de leurs parts  au prix nominal de 1 dinar 100 millimes l’action.

 

Troisième phase : Les italiens acceptent la proposition et vendent leur part  pour 14,3 millions de dinars à Mohamed Sakhr Materi, gendre de Ben Ali, et époux de sa fille Nesrine, qu’il paya avec un chèque STB garanti sur parole…

 

Quatrième phase : Ben Slimane fait faire un audit qui conclut, soudainement, à la solvabilité de la banque, sur la foi de quoi un consortium bancaire hispano marocain décide d’acheter la majorité des parts de la dite banque dont les 13 millions d’actions de Mohammed Sakhr Fahd Materi pour le prix de 1, 800 dinar  l’action. Soit un bénéfice net de 700 millimes par action. Faites le compte : 13 millions d’actions  x 700 millimes = 9 milliards !

 

Cinquième phase : A titre de gratification pour service rendu à la famille possédante de la Tunisie, Ben Slimane est bombardé PDG d’une société financière prospère.

 

Sans commentaire.

 

(Source:correspondance spéciale de Tunis)


Echange de coups de feu entre un groupe d’individus et une patrouille des forces de l’ordre

 

Deux dangereux criminels abattus et deux autres arrêtés

 

Le Temps – Agences – Une source officielle du ministère de l’intérieur et du développement local a  annoncé hier  que, durant la nuit du 23 décembre 2006, un échange de coups de feu a eu lieu entre un groupe d’individus, se trouvant dans une habitation située dans la banlieue sud de la capitale et une patrouille des forces de l’ordre sur les lieux.

 

Ces échanges de coups de feu ont fait deux morts parmi ce groupe et ont permis l’arrestation de deux autres. On déplore aussi deux blessés parmi les forces de l’ordre.

 

Les investigations préliminaires indiquent que les éléments de ce groupe sont de dangereux criminels recherchés.

 

(Source : « Le Temps » (Tunisie), le 25 décembre 2006)

 


Dans la banlieue sud de la capitale

 

Echange de coups de feu entre de dangereux criminels et les forces de l’ordre

 

• Deux morts parmi le groupe et deux arrestations

 

• Deux agents de sécurité blessés

 

Une source officielle du ministère de l’Intérieur et du Développement local annonce que, durant la nuit du 23 décembre 2006, un échange de coups de feu a eu lieu entre un groupe d’individus, se trouvant dans une habitation située dans la banlieue sud de la capitale, et une patrouille des forces de l’ordre sur les lieux.

 

Ces échanges de coups de feu ont fait deux morts parmi ce groupe et ont permis l’arrestation de deux autres. On déplore aussi deux blessés parmi les forces de l’ordre. 

Les investigations préliminaires indiquent que les éléments de ce groupe sont de dangereux criminels recherchés.

 

(Source : « La Presse » (Tunisie), le 25 décembre 2006)


 

Tunisie: une femme élue à la tête d’un parti d’opposition

  AFP, lundi 25 décembre 2006 TUNIS – Maya Jribi a été élue à la tête du Parti démocrate progressiste (PDP, opposition), devenant ainsi la première femme à diriger un parti politique légal en Tunisie, a-t-on appris lundi à Tunis, dans un communiqué du PDP.  Biologiste de formation, Maya Jribi, 46 ans a été choisie à l’issue d’un congrès de cette formation à Tunis. Elle sera aussi la deuxième femme à diriger une formation politique en Afrique du nord, après l’Algérienne Louisa Hanoun, la charismatique secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT).  Mme Jribi a exprimé lundi sa « fierté », affirmant que son élection « traduit l’apport réel des femmes et consacre les principes de l’alternance et de la démocratie prônés » par le PDP. Cela « répond aussi à une certaine féminisation de l’action politique, dont je suis assez fière », a-t-elle déclaré à l’AFP.  « Les femmes militantes en Tunisie sont très nombreuses et il est temps pour elles d’être plus visibles et de s’engager dans l’action politique organisée », a-t-elle ajouté.  Les femmes représentent la moitié des habitants de la Tunisie et constituent le quart de la population active dans ce pays de dix millions d’habitants. Femme frêle au caractère bien trempé, Maya Jribi succède à la tête du PDP à l’avocat Néjib Chebbi, chef historique du ce parti qu’il a fondé il y a vingt-trois ans.  M. Chebbi, qui siègera désormais au sein d’un nouveau bureau politique de 28 membres, avait décidé de quitter la direction de son parti pour donner l’exemple d’une alternance nécessaire au pouvoir.  En novembre 2005, cet avocat avait participé à une grève de la faim médiatisée d’opposants de tout bord pour réclamer la liberté d’organisation et d’expression et la promulgation d’une amnistie générale.  A l’ouverture du congrès vendredi, il a souligné la nécessité de réformes politiques et économiques et une nouvelle Constitution pour garantir l’alternance et la séparation des pouvoirs en Tunisie.  Il avait aussi dénoncé « une forte détérioration des libertés, l’aggravation du chômage parmi les diplômés, la baisse du pouvoir d’achat, la régression des investissements et la propagation de la corruption ». Créé en 1983 et devenu légal en 1988, le PDP a clôturé dimanche soir à Nabeul (60 km au sud de Tunis), son congrès tenu sous le slogan « Citoyens et non sujets ».


 

 

VIDEOS à voir :

 

Couverture de la chaîne Al Jazeera du 4éme congrès du PDP

http://smawebdesign.com/mcgallerypro/show.php?start=0&id=129&video=1

 

 

Document historique : le Journal Télévisé d’Antenne2, le 7 novembre 1987

http://www.dailymotion.com/visited/search/Bourguiba/video/xtmtw_7-novembre-1987

 

Le sommet citoyen du SMSI

2006

Une réalisation de III Mousquetaires

Une production de III Mousquetaires

Durée : 5 min 17 s

 

Plusieurs ONG tunisiennes non reconnues par le gouvernement en place n’ont pas été admises dans les murs du SMSI. Souvent liées à la défense des droits de la personne et de la liberté d’expression, elles se sont regroupées pour organiser un sommet parallèle où ces thématiques pouvaient être discutées.

 

http://citoyen.onf.ca/onf/info?aid=8042&eid=20703&atid=1

 

 

La censure Internet en Tunisie

2006

Une réalisation de III Mousquetaires

Une production de III Mousquetaires

Durée : 4 min 47 s

 

Internet n’est pas qu’un outil de liberté et de commerce, c’est aussi un outil de quantification qui peut devenir un outil de contrôle. Voici un aperæu d’une application pratique : la Tunisie.

 

http://citoyen.onf.ca/onf/info?aid=8042&eid=20702&atid=1

 

 

Hypocratie

2006

Une réalisation de III Mousquetaires

Une production de III Mousquetaires

Durée : 5 min 39 s

 

Portrait d’une Tunisie moins idéale que la carte postale que l’on veut bien nous vendre. Petit compendium des expériences des III Mousquetaires à l’intérieur et à l’extérieur du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI).

 

http://citoyen.onf.ca/onf/info?aid=8042&eid=20708&atid=1

 

 

La liberté d’expression… à la tunisienne

2006

Une réalisation de III Mousquetaires

Une production de III Mousquetaires

Durée : 2 min 30 s

 

La liberté d’expression vue par des étudiantes de Tunis.

 

http://citoyen.onf.ca/onf/info?aid=8042&eid=20701&atid=1

 

 


 

Tunisie : Sérieuses menaces chinoises sur les chaussures !

par : H. TLILI

L’industrie du cuir et des chaussures, l’un des secteurs clés de l’économie tunisienne, a été parmi les tous premiers à bénéficier de la loi de 1972 (off –shore), un secteur fortement sollicité par les partenaires étrangers notamment européens, qui y ont trouvé le meilleur remède au « Tsunami» chinois qui a bénéficié il y’a plus de 20 ans de l’arrivée massive en Asie des grandes marques de chaussures et qui a causé la disparition d’un grand nombre d’usines dans les pays producteurs en France, en Allemagne, en Italie, et d’autres.

Le secteur compte aujourd’hui 440 entreprises dont 225 totalement exportatrices, créant 31370 postes d’emploi dont 22920 dans les entreprises totalement exportatrices, d’une valeur de production qui avoisine les 672 millions d’Euros. La valeur des exportations y est estimée à 412 millions d’Euros, fractionnés sur le secteur des chaussures 56%, 27% pour les tiges des chaussures, 10% pour les articles de maroquinerie et 7% pour les cuirs, habillement et accessoires.

L’Italie occupe toujours la tête des pays destinataires avec 40.02%, suivie par la France avec 35.06%, l’Allemagne 9.36%, la Grande Bretagne 4.78%,  l’Espagne avec 3.92% et 6.86% pour d’autres pays. Par ailleurs, le volume des exportations vers l’Italie a enregistré une évolution de 39.4% depuis 2005.

Les progrès réalisés dans les années 90 en Tunisie, avec un taux de croissance annuel de 4.3%, ainsi qu’une percée de l’ordre de 11% par an des exportations, pourraient, indirectement être le résultat des difficultés d’une industrie européenne qui cherchait, par le biais des bas salaires de la main d’œuvre tunisienne, à compenser le déficit et l’explosion des coûts. Les industries européennes et tunisiennes sont ainsi devenues plus complémentaires que concurrentes.

Le secteur des ICC a continué d’enregistrer une progression de ses échanges commerciaux extérieurs durant les dix premiers mois de l’année 2006 au niveau des exportations (+3.4%) et au niveau des importations (+11.6%) et ce, en comparaison avec la même période de l’année 2005. le taux de couverture des importations par les exportations est de 188.5%, à la même période de l’année.  Les exportations ont atteint 597.1 MDT. Par ailleurs, la Tunisie aura importé pour l’équivalent de 316.8 MDT, soit une augmentation de 11.6% par rapport aux 10 premiers mois de 2005. La hausse des exportations du secteur est assurée essentiellement par la branche chaussure qui a marqué un taux d’évolution de  4.4%, les tiges ont évolué de 10.1% et la maroquinerie qui affiche une légère augmentation par rapport à 2005.

Les importations concernent essentiellement les composantes et les matières premières de qualité introuvables en Tunisie et bien évidemment les produits chinois,  que rien ne semble capable d’arrêter.

Radiographie d’un secteur.

Le centre national du cuir et de la chaussure, a organisé le mercredi 20 décembre 2006 un séminaire à Tunis  sous le thème de la «compétitivité et l’exportation dans le secteur des industries du cuir et de la chaussure». Un séminaire pendant lequel Roland Steyns, expert en chaussure a présenté une étude sur la compétitivité de ce secteur en Tunisie, une étude qui  a porté sur un échantillon d’entreprises appartenant au sous-secteur du cuir et des produits en cuir, qui a compris les secteurs de la tannerie, des chaussures celui de la maroquinerie et enfin les vêtements en cuir. Dans cette étude l’expert a évoqué un nombre d’handicapes que la mise à niveau devrait surmonter, notamment pour les entreprises travaillant pour la marché local.

Le premier handicape, selon R. Steyns, est celui de l’insuffisance de l’industrie annexe. Les industriels locaux se trouvent confrontés à «un cercle vicieux» dans la mesure où, pour être en mesure d’exporter de façon efficace et rémunératrice, il est indispensable de pouvoir travailler avec des composants et matières de qualités, importés car introuvables en Tunisie, ce qui constitue la « quadrature du cercle ». Et l’expert d’expliquer que des entreprises offshore telles que Atel, Sopic, Tunima, s’en sortent elles très bien, dans la mesure où l’import des composants et le ré- export des tiges et des chaussures est réglé « comme du papier à musique », mais ces entreprises, gérées majoritairement par des techniciens étrangers, se réduisent à exporter la main d’œuvre locale bon marché. L’expert européen souligne l’indispensabilité de ces montages à la survie du secteur industriel tunisien des industries des cuirs et affirme que tous les fabricants, sans exception, assurent que leur grande priorité était de trouver un partenaire étranger qui leur assure marketing, assistance logistique et technique.

La deuxième handicape souligné est celui du manque de création, dans la mesure où toutes les nouvelles matières et composants neufs manquent au moment de la confection des collections, les créateurs tunisiens potentiels se sont réduits à copier des articles, déjà dans les magazines et les étalages, donc vieux avant même d’être nés. Le fabricant tunisien prend ainsi au moins une saison de décalage « ce qui est dommage dans la mesure où il y’a un bon potentiel créatif en Tunisie » souligne R. Steyns.

La crise en Europe fruit de la mondialisation et « partenaire naturel et historique des fabricants tunisiens » note l’expert, a certes causé la disparition d’un grand nombre d’usines dans les pays producteurs. Ceux qui ont résisté, sous traitent en Inde, Indonésie et surtout en Chine ce qui a causé la disparition des clients « donneurs d’ordre » européens du marché tunisien. Ils privilégient bien évidemment investir dans des pays là où ils trouvent des usines implantées et extrêmement bien organisés, jouissant de l’aide technique et logistique des taiwanais et des coréens.

Le marché tunisien a donc été doublement affecté, en voyant les importations chinoises, avec prés de 4 milliards de paires de chaussures en 2003, augmenter sur tout l’ensemble de l’Afrique de 40% par an avec des prix souvent au tiers des produits concurrents. « Mais l’industrie de la chaussure chinoise est en passe de mettre sérieusement à mal, pratiquement et psychologiquement, les secteurs « cuir » dans le reste du monde, dont la Tunisie ».

7 MDT de pertes pour un seul industriel !

Les choix technologiques, discutables et qui ont été faits dans le passé, représentent pour leur part, un autre handicape majeur. Dans son étude, R. Steyns insiste sur les choix « surprenants » de convoyeurs de piquage Simplex à vitesse continue et réglable, qui demandent énormément de rigueur, de minutieuses gammes opératoires et de longues séries de commandes, alors que les transporteurs à tapis et tableau de commande offrent bien plus de flexibilité et semblent mieux convenir au contexte tunisien. Cet exemple et bien d’autres, souligne R. Steyns, expliquent la productivité  médiocre relevée dans toutes les usines qu’il a visitées, ceci d’autant qu’elles fonctionnent en général à environ 40 à 60 % de leurs capacités.

L’expert évoque ensuite, comme handicape majeur, les difficultés financières dans lesquelles se débattent, au moins certaines entreprises tunisiennes, sans oublier de noter qu’elles avaient auparavant investi les bénéfices des années fastes dans l’immobilier, le tourisme et autres secteurs qui ne sont pas de leurs compétences. Il cite même l’exemple d’une entreprise (il en a visité 6 usines durant 3 mois et demie), dont il ne dira pas le nom, qui avait enregistré des pertes de l’ordre de 7 MDT. Il ajoute que les moins pessimistes lui auraient déclaré qu’ils ne voyaient plus d’avenir dans le secteur et que leurs chances de survie sont suspendues à un évènement, par ailleurs improbable, qui arrêterait l’inexorable marche chinoise !

Une contestation aussi faite, et qui représente un autre handicape du secteur, celle de la faible productivité et la qualité du produit tunisien. Selon l’expert qui n’a pas été tendre à ce sujet, «le niveau de la qualité uniformément médiocre des chaussures est en faite causé par les faibles investissements technologiques depuis l’apparition de la crise au début des années 2000 ainsi que le manque de pièces de rechange». Un autre facteur  jouant un rôle important dans « cette chute », selon l’expert de chaussure étant celui de la rareté des cadres techniques « réellement qualifiés » ainsi que le manque de qualification de beaucoup d’opérateurs, qui dans un but de limiter les coûts de la main d’œuvre «engagent des apprentis qu’ils changent pour d’autres stagiaires dés que ceux-ci sont prêts à devenir des ouvriers à plein temps, payés au tarif normal, avec à la clé de nouvelles pertes de productivité » !

… et la concurrence des artisans !

A la concurrence chinoise, s’ajoute aussi une concurrence dérangeante du secteur artisanal « largement déréglé » puisque les artisans subissent beaucoup moins de contraintes  sociales et législatives, eux qui ont des coûts beaucoup plus bas et qui recourent à des équipements plus basiques ont accès aux mêmes sources de matières et composantes que les industriels, et ils peuvent même attendre que les collections sortent en magasins pour les copier en l’espace d’une semaine et souvent pour des prix sensiblement plus bas.

Mais ce ne sont pas seuls les artisans qui causent du mal au secteur, les industriels eux-mêmes ont montré des preuves de pauvre maintenance préventive et des stockages ce « qui n’est pas étonnant dans ce climat déprimé actuel » souligne R. Steyns qui a remarqué à quel point la maintenance des machines, des bâtiments et des stockages était négligée.

Deux autres handicapes figurent sur cette étude qui sont l’absence de marketing structuré  et la faiblesse de l’organisation de gestion. La première étant causée par le volume de production qui ne justifie pas les frais considérables de prospection à l’étranger ce qui génère l’absence de toute organisation structurée de vente, alors qu’elles sont structurée pour l’export pour les autres sociétés off shore. Le dernier handicape que rencontrent les sociétés actives dans le domaine, est celui de la faiblesse de l’organisation de gestion, R. Steyns affirme qu’une seule des 6 usines visitées, une seule avait un outil de gestion couvrant le suivi de fabrication « l’informatique se limite au minimum nécessaire exigé par l’administration publique ; l’achat matériel et les salaires c’est-à-dire le processus comptable».

(Source : le portail africanmanager.com, le 25 décembre 2006)

Lien : http://www.africanmanager.com/site_fr/detail_article.php?art_id=112547

 


 

 

“Violence contre les femmes”: Levée de tabous

Samira Rekik

Deux jeunes filles marchent dans la rue dans un quartier populaire, quand l’une demande à l’autre : au fait comment va Nejla, est-elle heureuse ? Et son interlocutrice lui répond : comment, tu n’es pas au courant ? Eh bien figure-toi qu’il s’est avéré que le nouveau marié avait la « claque facile ». Les deux jeunes filles semblaient être déçues, comme si, à leur amie nouvellement mariée, le mari avait caché un vice, tel que le jeu ou la boisson. Tant mieux pour l’opinion publique qui commence à rejeter la violence, et surtout à en parler. Mais le chemin est encore parsemé de très grosses embûches. En 2002, une enquête a montré que 80% des femmes, toutes générations confondues, prônent la patience et le dialogue avec le mari en cas de violence conjugale, physique ou morale. 4% seulement des femmes préconisent le recours aux tribunaux. (ONFP, enquête tunisienne sur la santé de la famille, rapport principal, septembre 2002.) Nous sommes en Tunisie, pays phare dans le Monde arabe en ce qui concerne l’émancipation des femmes, et pourtant il se passe des choses telles qu’on se dit : ce n’est pas possible, on n’est plus chez les êtres humains, mais dans le monde de l’horreur. Il y a quelques mois, une jeune étudiante a été poignardée par son petit ami qui lui a asséné dix-sept coups de couteau. Les médias n’en ont pas parlé en tant que violence faites aux femmes, mais comme crime odieux. Il y a quelques années, dans un quartier chic de Tunis, un mari jaloux a rasé de force le crâne de sa femme. Les voisins ont entendu les cris persistants de la malheureuse, ils ont appelé la police. Certains ont trouvé des excuses au mari, la femme serait quelque peu volage, et on lui reconnaîtrait pas mal d’amants. Pour les uns elle aurait eu une relation avec son avocat, pour d’autres l’amant serait un riche homme d’affaires. Le seul crime de cette victime c’est d’être allée avec ses frères et sœurs signer des papiers d’héritage, chez un avocat. Le mari aurait préféré être présent. Ces violences faites aux femmes sont tellement spectaculaires et atroces que ça finit par se savoir. Par contre un grand nombre de femmes n’avoueront jamais qu’elles ont été violentées. Elles souffriront toutes seules sans aucun témoin. L’étude lancée en 2003 par le ministère tunisien des Affaires de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées, a démontré que 20% des femmes sont violentées ! (Rapport initial de la Tunisie «concernant la mise en œuvre de la déclaration solennelle sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique » ; ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l’enfance, et des personnes âgées, juin 2006 ;p 11). Cela n’arrive pas qu’aux autres ! Pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’ONFP (Office national de la famille et de la population), a organisé une journée d’information, « pour mettre en exergue les efforts consentis nationalement et internationalement pour lutter contre la violence à l’égard des femmes». Lors de cette journée, un film, réalisé par l’Office, a été présenté. Des témoignages cruciaux nous ont bouleversés ! Les femmes témoignaient à visage découvert. Samia, avocate, parle de son ex-mari, un riche éleveur de chevaux, qui, pour un oui ou pour un non, lui tapait dessus. Elle a fui ce mari violent pour protéger son fils qui, d’enfant brutalisé, commençait à devenir enfant violent. Amani, mannequin, raconte les violences dont elle a été victime de la part de son père. Pour mon père, témoigne-t-elle, la violence, fait partie intégrante de l’éducation. Aujourd’hui elle a fui le domicile parental. Imène, une jeune dame de vingt-trois ans, dont on voit les traces de violence physique sur le visage, s’est réfugiée chez ses parents avec son enfant de deux ans. Elle ne sait toujours pas pourquoi son mari la bat, pourquoi il lui a retiré sa carte d’identité et pourquoi il ne lui donne que deux dinars par jour pour préparer le repas de toute la famille. Sonia, jeune femme divorcée après de nombreuses années de mariage, nous raconte la violence physique et sexuelle, qu’elle a subie pendant de longues années de la part d’un mari qui rentrait saoul tous les soirs et qui la violait sous la menace de coups. L’assistance n’a pu retenir son émotion, à la vue de cette femme qui témoigne, comme toutes les autres, à visage découvert, des sévices qu’elle a subis de la part de son ex-mari. « Un jour il a cassé le brasero, il en a pris un fragment, et il voulait me couper le visage avec. Je me suis jetée à ses pieds, je les ai embrassés pour lui demander de ne pas le faire ». Après ces témoignages, la première chose qui nous vient à l’esprit c’est de faire une mise au point sur la législation tunisienne en matière de violence conjugale (Voir encadré). Oui, sous nos cieux, parce que les femmes sont femmes, elles sont victimes de violences, physiques, verbales, psychiques, sexuelles… Oui, sous nos cieux, le harcèlement sexuel reste impuni parce que difficile à prouver. Oui, sous nos cieux, le viol conjugal n’est pas reconnu. « La plupart des gens sont choqués par le mot « viol conjugal ». Pour eux, cela veut dire, une femme qui se refuse à son mari, c’est évidemment illégal par la loi. Ceci étant, rien n’autorise l’époux à obliger sa femme à l’acte sexuel par la violence. La société fait preuve d’indifférence et de tolérance, voire d’approbation vis-à-vis de cette forme de violence. On considère que c’est une affaire privée, acceptable à la limite. D’ailleurs les femmes qui ont présenté des certificats attestant d’agressions sexuelles de la part de leurs époux, n’ont pas obtenu gain de cause. C’est bien beau d’avoir des lois, encore faut-il qu’elles soient appliquées telles que décrétées par le législateur. La première condition, sans laquelle aucune loi ne peut être appliquée comme il se doit, c’est l’information des magistrats ». (Me Khédija Madani, Femmes&Réalités -Février 2006, article de Nadia Ayadi). Justement, parlons-en, de ces lois qui ne sont pas appliquées, en particulier la loi n 2004-73 du 2 août 2004 concernant la répression des atteintes aux bonnes mœurs et du harcèlement sexuel. A ce jour aucune plainte n’a abouti en procès faute de…preuve. Pourtant le phénomène est plus répandu qu’on ne l’imagine, mais qui témoignera contre son patron, qui va risquer son emploi pour rendre justice à une collègue? Harcèlement sexuel dans un centre médical Une jeune femme médecin raconte son calvaire : le premier jour où je me suis présentée à mon nouveau poste, je suis allée voir mon chef de service pour qu’il signe ma prise de fonction. Il m’a bien reçue, mais voilà qu’au moment de partir, il se lève, met sa main sur la porte, pour la fermer, me bloque contre le mur et m’embrasse dans le cou. Je ne sais pas comment j’ai réagi ni ce que j’ai pensé, mais je me suis sauvée en courant, partagée entre la peur, le dégoût, et quelque part la culpabilité. Je regrette de ne pas l’avoir giflé, quitte à perdre mon emploi. Mais je ne voulais pas perdre ce travail que j’avais eu du mal à obtenir. J’ai tout de suite compris que le ciel m’était tombé sur la tête et que c’en était fini pour ma carrière à moins que je ne marche dans ce système. (Sinon je crève). Comme il fallait s’y attendre, chaque fois qu’on se rencontrait, il en profitait pour passer sa main furtivement sur ma poitrine, ou sur mes fesses. Chaque fois que je le fuyais, il me « convoquait » dans son bureau. Je m’arrangeais pour laisser la porte ouverte mais il appelait sa secrétaire et lui demandait de la fermer. Il ne me touchait pas de peur certainement que quelqu’un n’entre, mais me demandait pour qui je me prenais avec mon petit air offensé de sainte nitouche, alors que j’aurais beaucoup à gagner si je voulais coopérer. Pendant des années il a continué à me terroriser, en surgissant derrière moi au moment ou je m’y attendais le moins, pour me tripoter. Devant tout le monde, il montrait un visage de bon patron, et de bon père de famille « garant des valeurs morales ». Dans le service, j’étais mise en quarantaine. Il dénigrait tous mes efforts, et ne se gênait pas parfois pour me ridiculiser devant des subalternes. Tout le monde progressait sauf moi. J’avais l’impression d’être l’attardée mental du service. Me sentant au bord de la dépression, j’en ai parlé à sa secrétaire. Elle m’a rit au nez, me disant que son patron était un modèle de droiture, qu’elle le connaissait depuis dix ans et que jamais elle n’avait remarqué quoi que ce soit d’anormal dans son comportement. S’il y avait quelque chose, il le lui aurait dit, à elle, qui l’aide tous les matins à ôter sa veste, et à enfiler sa blouse. C’est aussi elle qui lui prépare son café et qui le goûte pour ajuster le sucre. Pendant qu’il boit son café, elle est à côté de lui, et il lui conte tous ses petits problèmes, ceux de la vie quotidienne, car des vrais problèmes « il n’en a pas, il est très heureux chez lui. Vous savez, docteur, vous n’êtes ni la première, ni certainement pas la dernière à tomber amoureuse de lui. Mais dommage pour vous, il est marié et amoureux de sa femme, alors si vous doutez de vos capacités de travail, allez faire autre chose ». J’ai craqué, j’en ai parlé à ma mère. Ensemble nous avons décidé de porter plainte. Nous sommes allées voir une avocate. Pour toute preuve, je n’avais que les organigrammes de travail de toute l’équipe et qui prouve à quel point j’ai été mise à l’écart et lésée dans mon avancement professionnel. Ce n’était pas assez pour une affaire de harcèlement sexuel. Il fallait des témoignages. Personne n’a voulu m’aider ; pour certaines collègues femmes, « s’il te plaît, ne nous mêle pas à ça », et j’ai compris qu’elles me croyaient. Pour les collègues hommes, « cette histoire te nuira à toi en particulier, sur le plan professionnel et sur le plan privé, imagine un peu ta réputation ». Ce qui m’a fait plaisir, c’est que personne ne m’a dit, tu te fais des idées, on ne te crois pas, mais ce qui m’a révolté c’est que tout le monde s’en doutait et personne ne voulait en parler. J’ai laissé tomber la plainte. Grâce à des amis influents, j’ai pu obtenir ma mutation sans l’avis favorable de mon « bourreau ». Même si je n’ai pas sombré dans la dépression franche, je reste marquée à vie. Je reste très repliée sur moi-même, j’ai d’ailleurs une image négative de moi-même, et j’ai du mal à m’investir dans une relation intime. Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir profité de ma condition de femme. Combien sont-elles dans le monde à être violentées uniquement parce qu’elles sont femmes ? En 1997 l’OMS estime qu’une femme sur cinq a été victime de violence au moins une fois dans sa vie. Mais en 1999 une autre étude conclut à une femme sur trois ! « Toutes les dix secondes une femme est brutalisée dans le monde, ceci doit provoquer l’effroi et la honte. Le temps que je termine ma phrase, au moins dix femmes ont été victimes de violence. En Espagne, plus de 100 femmes ont été tuées par leurs maris sur une période de neuf mois. Ce fléau existe depuis toujours mais il est plus connu aujourd’hui, parce que les femmes ne se taisent plus et sont arrivées à dépasser ce tabou, et n’ont plus honte de dire que leurs maris les ont battues. Malheureusement elles s’exposent parfois à plus de violence en dénonçant leurs agresseurs, et tombent dans un cercle vicieux » (L’ambassadeur d’Espagne en Tunisie). “Violence de genre” Pour parler de violence à l’égard des femmes, les institutions internationales parlent aujourd’hui de « violence de genre » car c’est une violence bâtie sur la discrimination sexuelle et entretenue par des convictions socioculturelles. Pour les Nations Unies, la violence de genre se définit comme suit : «Tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la crainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». Les Nations Unies insistent sur le rappel des différents aspects de la violence. Celle-ci peut être physique, elle va du coup au meurtre, sexuelle, où les rapports sont obtenus sous la contrainte et la menace, psychologique avec les chantages les humiliations et les dénigrements, et économique avec privation de moyens, confiscation de papiers administratifs et interdiction de sortir. Le projet de l’ONFP, en coopération avec l’Agence espagnole de coopération internationale Projet « équité de genre et prévention de la violence à l’égard des femmes ». Ayant constaté le nombre croissant de grossesses non désirées, d’avortements mal faits, de grossesses à risques, de maladies sexuellement transmissibles, de VIH/SIDA…comme conséquences de violences, l’UNFPA, a recommandé aux services de santé reproductive d’intégrer le traitement de la violence contre les femmes dans leurs programmes . Dans cet esprit l’ONFP démarre un très grand projet qui « contribuera à la prévention de la violence à l’égard des femmes et à la préparation des jeunes à une vie de couple plus respectueuse des droits de la personne humaine et de la dignité de l’autre ». Les objectifs spécifiques de ce projet sont nombreux. Il est question d’améliorer la connaissance du phénomène de la violence à l’égard des femmes en Tunisie, pour mieux appréhender le problème et délimiter les moyens de le prévenir et de le circonscrire. On sollicitera les responsables religieux et les acteurs sociaux pour qu’ils prennent position contre la violence à l’égard des femmes. A ce jour, en Tunisie, on n’a pas beaucoup de données concernant les violences faites aux femmes, l’ONFP prévoit une collaboration étroite avec les hôpitaux et la police. La législation sera améliorée car la violence n’est pas simplement physique, elle est aussi verbale, psychologique… Le Centre de santé de la reproduction de « Douar Hicher », dans le gouvernorat de la Manouba, est retenu comme «Zone pilote» du projet, notamment pour la mise en place d’une unité de diagnostic et d’accompagnement médical, juridique et social des femmes victimes de violence. Ce que dit la loi tunisienne La Tunisie a pris une série de mesures législatives en vue de prévenir et circonscrire la violence à l’égard des femmes. Au plan législatif, la Tunisie a ratifié en 1998 la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (Recommandation n°19 adoptée par le CEDAW à sa 11 ème session). *-L’abrogation, en 1993, de la notion de soumission de l’épouse, remplacée par le respect mutuel entre les époux (article 23 du CSP), devrait consacrer le partenariat dans le couple. *-Dans le cadre des réformes législatives, adoptées en juillet 1993, les amendements apportés au Code Pénal ont également sensiblement renforcé le droit de la femme à l’intégrité physique, et ce, par l’abrogation de l’article 207 qui considérait le lien conjugal comme une circonstance atténuante pour le meurtre commis par l’époux sur son épouse ou sur son complice surpris en flagrant délit d’adultère. Par cette abrogation un tel acte est reconnu comme un crime. * Le lien conjugal constitue désormais une circonstance aggravante pour la punition des violences à conjoint, sanctionnées par 5 ans de prison comme le prévoit l’article 218 du Code Pénal. Le viol, quant à lui, reste frappé de peines importantes, y compris la peine capitale lorsqu’il s’agit de mineure. * Une deuxième loi a été promulguée en 2004 (Loi n° 2004-73 du 2 août 2004) modifiant et complétant le code Pénal concernant la répression des atteintes aux bonnes moeurs et du harcèlement sexuel. * Par ailleurs, des registres sont ouverts dans les urgences des établissements hospitaliers et dans les commissariats de police pour identifier les cas de femmes victimes de violence. Une circulaire conjointe des ministères de l’Intérieur et de la Santé Publique, du 11/11/1995, invite les services hospitaliers d’urgence à rendre compte aux autorités concernées de tous les cas de violence qui sont admis ou traités dans leurs services.  

L’expérience espagnole : Madame Irène Lebeau, représentante de l’Agence Espagnole de Coopération Internationale La violence de genre est un problème universel, très complexe et chaque pays doit trouver le moyen de l’éliminer. En Espagne, on considère aujourd’hui que la violence n’est plus une affaire privée, mais un problème de santé publique. Après l’époque du Général Franco, les mouvements de femmes ont proliféré et leur première revendication a été la lutte contre la violence dont elles sont victimes. Ce que voulaient ces mouvements de femmes c’était sensibiliser l’opinion publique. Le problème de la violence est devenu une priorité publique. En 1983 on a créé le Centre de la femme espagnole. Des campagnes de sensibilisation et des programmes de formation à ce sujet ont été organisés. Au sein de la police des unités spécialisées ont été formées. Les femmes battues ont pu avoir droit aux logements sociaux. Les femmes espagnoles réclamaient une loi contre la violence depuis 1988, elle n’a vu le jour qu’en 2005 ! Depuis il existe des centres d’urgences pour accueillir les femmes et leurs enfants, il existe aussi un Observatoire national. Il a été décidé de renforcer les peines contre l’agresseur, de mettre l’accent sur l’éducation à l’école et sur le rôle des médias. Une nouvelle terminologie dans la loi, on parle de violence de genre car c’est un problème social et non un problème féminin. Tous ensemble on doit lutter contre ce mal, les leçons apprises par l’Espagne peuvent profiter à la Tunisie qui trouvera son chemin. (Source : Réalités N° 1095 du 20 dàcembre 2006)  


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