24 mars 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2497 du 24.03.2007

 archives : www.tunisnews.net


Kalima: La journée d’action internationale pour Mohammed Abbou, un succès

Kalima: Le Président du Parlement européen rencontre à Tunis Samia abbou et la société civile tunisienne

Lettre du Prof. Moncef BENSALEM

AFP: Tunisie: aides d’urgence après une vague de froid inhabituelle  Le Temps: L’indignation (trop sélective) de Reporters Sans Frontières Le Journal: La sexualite a risque gagne du terrain… Le Journal: L’égalité en héritage – Une problematique en debat


OMCT

Organisation Mondiale Contre la Torture

vous invite à sa réunion parallèle au Conseil des droits de l’homme sur

Législation anti-terrorisme en Tunisie

Lundi, 26 mars 2007 – 13:00 – 15:00

Palais des Nations, Salle XXI

 

INTERVENANTS:

· Mme Sihem Bensedrine, porte-parole, Conseil National pour les Libertés en

Tunisie (CNLT)

· M. Raouf Ayadi, avocat, ancien secrétaire général, Conseil National pour les

Libertés en Tunisie (CNLT)

· M. Martin Scheinin, expert indépendant sur la Protection des droits de l’homme

et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste

MODERATEUR:

· M. Eric Sottas, directeur, Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)

Une interprétation sera disponible en français et anglais.


 

La journée d’action internationale pour Mohammed Abbou, un succès

Redaction 20 mars 2007

Le 1er mars 2007, l’avocat et défenseur des droits humains a bouclé ses 2 ans derrière les barreaux. Tous les défenseurs ont nourri l’espoir qu’avec la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information en novembre 2005, les autorités tunisiennes feront un geste en direction de la société civile et libèreront maître Abbou. Il n’en fut rien. Non seulement Abbou n’a pas été libéré, mais ses conditions de détention se sont régulièrement dégradées et les harcèlements se sont étendus à sa famille. Sa femme et ses enfants n’ont cessé depuis de subir des actes de harcèlement de la part de la police politique, allant jusqu’à l’agression physique contre Samia abbou et l’encerclement de son domicile. Maitre Abbou est le prisonnier qui résume à lui seul les atteintes aux libertés que subit la société civile tunisienne : • Il s’agit en premier lieu d’une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Mohamed Abbou a été jugé et condamné en appel en juin 2005 à trois ans et demi de prison ferme pour avoir exercé sa liberté d’expression; La principale charge retenue contre lui repose sur une tribune , critiquant les prisons tunisiennes comparées à la prison iraquienne d’Abu Ghraieb, qu’il avait publié sur le site Tunisnews; • Son procès a été, selon tous les observateurs présents, une parodie de procès sans interrogatoire ni plaidoiries et où les droits de la défense ont été violés systématiquement. La Cour avait refusé d’entendre un important témoin à décharge, l’avocat suisse, Alain Werner, présent lors des faits. Le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies a conclu à a détention arbitraire en novembre 2005. Son cas illustre l’absence d’une justice indépendante. • Il s’agissait également, pour le pouvoir, de réduire au silence les défenseurs de droits humains en punissant pour l’exemple l’une de ses figures emblématiques qui s’est toujours constitué bénévolement dans des affaires se rapportant aux délits d’opinion et aux droits humains, et s’est illustré par son activité associative au sein du Comité directeur de l’Association des Jeunes Avocat de Tunisie, ainsi qu’au sein du CNLT, du CIJ et de l’AISPP. A l’initiative du CNLT, une journée internationale pour la libération de Mohamed Abbou a été organisée le 1er mars 2007. Cette journée a été un franc succès et de très nombreuses ONG en Afrique, dans le monde arabe, aux USA, au Canada et particulièrement en Europe se sont mobilisées pour réclamer sa libération. Web actions, rassemblements, lettres adressées aux ambassades de Tunisie à l’étranger, pétitions, actions urgentes, opération « coup de poing » ont illustré cette journée à travers le monde. Voici une revue de certaines de ces actions. Le réseau de l’IFEX (l’Echange international de la liberté d’expression) s’est largement impliqué dans cette journée d’action et a lancé un appel à tous ses membres pour participer à la campagne. Le Tunisian Monitoring Group (TMG) du réseau de l’IFEXa décidé d’envoyer une mission en Tunise et de consacrer la journée du 1er mars à Mohamed Abbou. La mission (composée de Carl Morten PEN Norvège, Alexis Krikorian Union Internationale des Editeurs (UIE), Virginie Jouan Association Mondiale des Journaux (AMJ), et Youssef Ahmed Index on Censorship, Royaume-Uni) s’est rendue à la prison du Kef en compagnie de Samia Abbou et de représentants du CNLT et de l’OLPEC mais un barrage de policiers en civil les a empêchés d’arriver jusqu’à la prison. Ils ont rencontré le lendemain un représentant du ministère de la Justice avec lequel ils ont évoqué ces problèmes. Le représentant de l’ONG égyptienne HRinfo, membre du TMG n’a pas reçu son visa pour rejoindre le TMG à Tunis, celle s’est jointe à la campagne du 1er mars par une web action avec le CIHRS.  Reporters sans Frontières a fait une opération « coup de poing » à l’Office du Tourisme tunisien à Paris et collé sur les vitrines de l’ONTT des affiches exigeant la libération de Abbou avec les slogan « Tunisie, terre de répression » ou « Mohammed Abbou, deux ans ça suffit »; Ils ont également publié un communiqué. Amnesty International a largement contribué au succès de cette journée en mobilisant ses sections à travers le monde. Presque toutes les sections d’Amnesty International en Europe et particulièrement en Franceont mené plusieurs actions (pétitions, actions urgentes), de nombreuses sections ont demandé à rencontrer l’ambassadeur de Tunisie dans leur pays, ces derniers se sont mis aux abonnés absents, à relever l’ambassadrice de Tunisie en Hollande qui s’est faite porter malade, elle et son premier secrétaire ! Seule Amnesty Belgique à réussi à rencontrer un représentant diplomatique tunisien. Un texte émouvant a servi de base à cette campagne. Voici le texte de la pétition envoyée au Président de la république tunisienne par les groupes d’AI : « Ce jeune défenseur des droits humains, victime d’un procès dont l’iniquité a été établie par les observateurs présents, purge une peine de 3 ans et demi à la prison civile d’El-KEF, à environ 200 kms de TUNIS où résident sa femme et ses enfants. Sa « faute » : avoir eu l’audace de critiquer sur Internet, le président Ben Ali. Les motivations de sa condamnation ne sont que prétextes. Le groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires, a conclu que la détention de Me Mohamed ABBOU était arbitraire et constituait une violation de l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. L’Observatoire pour la protection des défenseurs (un programme de l’OMCT et de la FIDH) ainsi que l’ACAT ont envoyé une lettre ouverte aux Ambassadeurs de la Tunisie en France et en Suisse Ainsi qu’aux Ambassadeurs de la Tunisie auprès de l’ONU, de la LEA, de l’UA et de l’UE. L’ONG américaine Humanrightsfirst a fait une action pour Abbou et sollicité les autorités pour sa libération. Release Mohamed Abbou, Jailed Human Rights Lawyer in Tunisia De même l’ONG américaine Committee to protect Journalists (CPJ) à participé à cette campagne. L’ONG Frontline defenders a activement contribué à la réussite de cette journée. La présidente de Frontline a rencontré des représentants du gouvernement pour soulever le cas Abbou. L’ONG irlandaise a également eu une réunion avec le Sous comité des droits humains du gouvernement irlandais qui a fait à son tour une question écrite au Parlement. Le représentant de Frontline à Bruxelles a soumis le cas Abbou au Parlement européen, au Conseil, à la présidence allemande et à la Commission européenne. Une lettre au Président tunisien a été envoyée par de nombreux militants. L’Institut de presse international (IPI), un réseau d’éditeurs de journaux dédié à la liberté d’expression a pour sa part lance une campagne auprès de ses membres pour la libération de Abbou. La réseau du PEN club, qui est le plus important réseau des écrivains et journalistes dans le monde s’est lui aussi mobilisé pour la libération de Abbou à travers son programme « écrivains en prison » en appelant à nternational day of action to free Mohammed AbbouI. L’Association mondiale des journaux a elle aussi lancé une Web action en faveur de Mohamed Abbou le 1er mars. Kamel Jendoubi, le président du REMDHet du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme (C.R.L.D.H.)s’est associé au nom de son ONG à l’opération coup de poing organisée par RSF et les deux ONG ont publié des communiqués à cette occasion. action Pour la libération immédiate et inconditionnelle de Me ABBOU
 
(Source: le site de  Kalima mis en ligne le 20 mars 2007)


Le Président du Parlement européen rencontre à Tunis Samia abbou et la société civile tunisienne

 

Sihem Bensedrine

A l’occasion de la réunion à Tunis de l’Assemblée parlementaire euro méditeranéenne (APEM), le Président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering a tenu à rencontrer les représentants de la société civile tunisienne. Les autorités tunisiennes n’ont pas vu ce vœu d’un bon œil et se sont empressées de lui concocter un emploi de temps très chargé afin qu’il ne puisse pas faire cette rencontre. C’est à sa descente d’avion à 20.30 le samedi 17 mars qu’il a décidé d’inviter à une rencontre la société civile indépendante au siège de la Délégation européenne à Tunis. Mokhtar Trifi (LTDH), Abdeljelil Bedoui (CNLT), Khedija Cherif (ATFD), Radhia Dridi (AFTURD), Lotfi Hajji (SJT), Mohamed Jmour (COA) ont tour à tour exposé la situation des droits de l’homme en Tunisie et leurs attentes à l’endroit du Parlement européen ; Mais l’intervention la plus émouvante a été celle de Samia Abbou qui a parlé du cas de son mari, en prison depuis plus de deux ans. Elle a été entendue.

 
(Source: le site de  Kalima mis en ligne le 18 mars 2007)


Prof.Moncef BENSALEM                                                                                                                                                          Sfax March,20,2007 Tel (216 97 85 64 47) mail:  saif@ifrance.com   If I take the liberty to address your high kindliness today, it is because as academic and victim, I can revolt against twenty years of free repression and without mercy, against a long injustice inflicted to about ten thousand Tunisian citizens. My intention is merely to unveil you the true oppressive face of the Tunisian regime so that justice is made and that right are given back

            Since 1987, to the knowledge of the Great Powers that, unfortunately, showed an excessive kindliness towards the regime of Tunis, a new segregation has entirely been applied to political convicts and ex-convicts as well as to their families in the form of collective punishment, Yet the Tunisian regime has ratified all UNO conventions concerning human rights, but under pretext to participate in anti-terrorism camping, for two decades, our leaders have been leading a campaign of extinction of all person suspected to belong to the Islamic tendency (ENNAHDHA: a democratic political movement, judged by all institutions as moderate and peaceful).
            This destruction consists in incarcerating the person concerned, obliging his wife to divorce, harassing his children to the point to incite them to abandon their studies, stifling the family economically, threatening any benefactor who brings him help, etc…In case of liberation the ex-detained is subjected to the judicial control between 2 and 8 times a day, which prevent him from exercising any professional activity; besides these ex-convicts are deprived in general of official papers, of  social insurances and are exposed to harassments of militias of the party in power as well as to the nocturnal and sudden visits of the police, to the excavation of their house and the seizure on means of culture ( computer, books, CD, manuscripts, etc.) This situation has become an obstacle for the unmarried ( convicts or convict’s children) anxious to found a home freely because all contact with the near relation of victims can lead to losses of rights as well as the layoff.
            Although very supported by several international scientific organization (Paris Academy of Sciences, CCSS Canada. NAS USA . TUB Berlin , ICTP Italy , etc.), I could not escape these repressive measures. In August 1987, while I was participating in the works of the jury recruiting to the Ministry of university education and scientific research, the police decided without any explanation the freezing of my salary. I was arrested in November 1987, then set free in May 1989 without suit and with the presidential promise to recover my salary and to return to my post.
            I approached my minister in order to resume my position; unfortunately in vain. On 9-11-89 I deposed three demands in the administrative court, one of which concerns the resumption of my academic activities at the university of Sfax ; 14 years later, in 2003, the affair was put to investigation, then again the absolute muteness until today!
            In April 1990, following an interview granted to the press, I was again arrested, judged and convicted to 3 years of firm jail for slanders and diffusions of false information. The conditions of this incarceration are indescribable: total lack of hygiene (absence of shower during 5 months, frequents presence of big rats coming from the septic pits), infectious illness risk (obligatory shaving every week with the same razor for a group of 15 prisoners), etc.
In other respects, provocations of guards are almost permanent; the penitentiary administration, under orders of policy makers, let bring in no means of culture in the cell where I was and that contained about a hundred common right prisoners on average, these are all smokers and the ventilation is minimal.
            In fact, in every jail, the administration books 2 to 3 cells compliant to norms of laws for visits of the ONGS and the official personalities. Prisoners of common right are encouraged to accomplish a dirty mission close to the political convicts in order to get a reduction of their pain or a  liberation. Four months before the end of my punishment and ordered by authorities, I was exposed to an infernal moral destruction : I was put in a room reserved to homosexuals and  addicts and where one slept heaped. I am incapable of describing these 120 days of terror and contempt of the human value, how can you imagine an academic living in such a situation in a cell 2m on 5m surrounded by 30 criminals of this kind and all are smokers – knowing that the daily exit didn’t pass the 15mn.
            In April 1993, I was transferred to my house where I was again assigned to residence: 3 brigades of police assure the surveillance in turns, no contact with people with whom I have no kinship including my neighbors, my mother who lived 50 km away from my home fell sick and then died in August 94 without being able to attend her burial. This illegal martial law was raised in June 2001 but the police pursuit continued. During these eight years, all my family lived under eyes of the political police day and night, my children hardly had the possibility to receive their friends under threats of pursuits in opposition to their parents. But several provocation and intimidations didn’t stop making our life even more laborious: frequent ruptures of telephone line (one of which lasted 4 years), stoppage of water meter, false invoice establishment, total impossibility to receive the mail and of several municipal services.
This situation worsened by the absence of financial resource since nobody worked in the family, no scholarship for studying, no health insurance. Fortunately two of my children succeeded in leaving Tunisia, one of them became political refugee in France, the other, 70 % handicapped after an even doubtful accident, is student in Munich; the two others who study in Master are deprived again of their passport; through the intermediary of my lawyer Mss A.Maatar a complaint has been deposed in the administrative court on 17 06 2006 in view to get my passport and that of my daughter Mariem, the  answer of the Ministry of the interior on January 2007 was the refusal (the motive: the nature of the journey could interfere with the order and public security and the reputation of Tunisia. Imagine, dear Mr., does this motive concern a student preparing a master in computer science or in mathematics or a professor searching for international reputation?
The situation which I have just described a part reverberated on my children and could have some deplorable ominous consequences on their life (my 4 children lost on the whole 13 years in their education), as for aftermaths that concern me here is some of it: diabetes type2, nephritic gripes, hemorrhoids, headaches, etc.
Beyond my own person, such a situation can only lead to serious consequences: to encourage the thrust of terrorism and to widen the gap between our society and the West to one moment where one began to discern some factors of bringing together, understanding and friendship (culture, scientific researches, economic interests,…) and to moment where we have the more need of a better understanding between our tow worlds.
In the hope to receive a positive reaction of your high kindliness, please Excellence accept my deep respect and my greatest recognition.
Pof Moncef BEN SALEM 1953, ingénieur  diplômé des écoles de Paris, docteur de spécialité et docteur d’etat. Ex directeur fondateur de département de math de Sfax,referry à Zentralblatt fur math Berlin et à Mathematicl Review Michigan , membre à ICTP  Trieste, AUPPELF, KEFAS, Union des math et phys Arabes, CNRS France ect … Adresse :  4 Rue Guinee , route Sokra Km 4, lotissement Daoud                 3052 Sfax  TUNISIE TEL :    216  97 856 447


Tunisie: aides d’urgence après une vague de froid inhabituelle

 

  AFP, vendredi 23 mars 2007 TUNIS – Des aides d’urgence doivent être distribuées à des familles démunies en Tunisie en raison des intempéries exceptionnelles et de la vague de froid qui frappent plusieurs régions du pays, a-t-on indiqué vendredi de source officielle. Ces aides –produits alimentaires, couvertures et appareils de chauffage– ont été ordonnées par le président Zine El Abidine Ben Ali pour porter secours à la population dans les régions les plus touchées, a indiqué l’agence officielle Tap. Une assistance sanitaire sera également offerte, en particulier aux enfants et aux personnes âgées, a ajouté l’agence, sans préciser les dégâts ou pertes causés éventuellement par les intempéries. Une vague de froid s’est abattue depuis mardi sur la Tunisie avec des chutes de neige sur les hauteurs et des pluies abondantes accompagnées d’orages, grêle et vents violents. Des températures proches de zéro ont été enregistrées dans plusieurs régions, notamment dans le nord, le centre et l’ouest. Les hauteurs de la région de Ain Drahem et Tabraka (nord-ouest) étaient recouvertes d’une couche de plusieurs centimètres de neige, selon des images diffusées jeudi par la télévision tunisienne. Selon l’Institut national de météorologie, la baisse exceptionnelle des températures ces trois derniers jours a été provoquée par l’infiltration d’un courant d’air soufflant du pôle nord sur tout le bassin méditerranéen. Le mauvais temps persistera jusqu’à dimanche, la météo prévoyant encore vendredi des chutes de neige, orages et grêle sur l’extreme nord, et des vents violents avec phénomènes de sable dans le sud désertique.

 


Les mots et les choses

 L’indignation (trop sélective) de Reporters Sans Frontières

Par : Ridha KEFI

Robert Ménard devant le siège de l’ONTT à Paris

Quand elle défend la liberté d’expression là où elle est bafouée, l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) est dans son rôle. C’est, en tout cas, la mission pour laquelle elle a été fondée et qui lui vaut les aides financières de nombreux bailleurs de fonds, dont l’Union européenne et le Pentagone américain.

Mais cette mission doit s’exercer sobrement, sans excès ni violence, dans le respect des lois et des convenances et, surtout, dans le cadre d’un engagement éthique sans faille, qui ne fait pas de discrimination entre les victimes de la répression ni ne réserve des traitements différenciés aux régimes qui s’en rendent coupables.

Or, l’ONG parisienne dirigée de main de maître, pour ne pas dire de manière autoritaire, par Robert Ménard, ne respecte pas toujours ces exigences, ou ne les respecte pas toutes et dans toutes les circonstances, car elle sacrifie, elle aussi, à la fameuse méthode des deux poids deux mesures, fermant les yeux parfois – ou ne les ouvrant qu’à moitié – sur les atteintes aux libertés dans tels pays et réservant ses opérations coups de poings à tels autres, souvent d’ailleurs les mêmes.

En renvoyant l’un à l’autre, l’oubli feint, dans un cas, et l’acharnement volontaire, dans l’autre, finissent par porter un coup dur à la crédibilité de l’organisation et à desservir, indirectement, la cause des confrères et consoeurs qu’elle prétend défendre, et qui gagneraient sans doute à trouver un bien meilleur avocat.

Cette réflexion nous a été inspirée par deux actions menées récemment par RSF et qui mettent en lumière les partis pris politiques de cette organisation, dont l’indignation est à géométrie variable, et trop sélective pour être un tant soit peu sincère.

Ainsi, le 1er mars dernier, une vingtaine de militants de l’organisation ont manifesté devant le bureau parisien de l`Office national du tourisme tunisien (ONTT), couvrant les vitrines des locaux d’affiches de soutien au cyberdissident emprisonné, l’avocat Mohamed Abbou. Interrogé par l’AFP, M. Ménard, présent à la manifestation, a expliqué qu’il s’agissait d’alerter les 800 000 touristes français qui se rendent chaque année sur les plages tunisiennes sur les atteintes à la liberté de la presse dans notre pays.

Le 15 mars, rebelote: les mêmes personnes (ou presque) ont investi les stands de Cuba,  de l’Egypte et de la Tunisie au Salon mondial du tourisme 2007 à Paris, pour «protester contre l’absence de liberté d’expression dans ces trois pays, destinations prisées par les touristes français», comme l’a indiqué un communiqué de l’organisation.

Ces coups médiatiques, qui se répètent à intervalles réguliers, suscitent chez nous des interrogations légitimes. Pourquoi, en effet, dans un salon international où la plupart des pays sont représentés, les doigts accusateurs de RSF désignent-ils seulement Cuba, l’Egypte et la Tunisie, alors que la liste des pays accusés d’atteintes à la liberté d’expression est, sur la foi même des experts de RSF, assez longue et comprend quelques démocraties autoproclamées comme les Etats-Unis et Israël, rarement épinglés par l’organisation ?

Que M. Ménard et les siens aient voulu défendre un internaute emprisonné, cela se conçoit. Qu’ils aient voulu, pour une raison ou une autre, s’en prendre au régime en place en Tunisie, cela se conçoit moins, car une ONG spécialisée dans la défense des droits humains doit savoir établir une ligne de démarcation entre militantisme associatif et activisme politique. Mais qu’ils s’attaquent, comme ils continuent de le faire, à une activité qui fait vivre, directement et indirectement, près d’un million et demi de personnes, soit un Tunisien sur huit, et qui a des effets induits sur d’autres secteurs vitaux de notre économie, comme l’agriculture, le transport, l’industrie…, cela a de quoi susciter, en nous, une franche indignation. Et quelques interrogations, dont celle-ci: avant de planifier ses coups médiatiques, M. Ménard prend-t-il vraiment le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes ? Ou encore celle-ci: à quoi servirait-t-il de mettre en difficulté le tourisme, un secteur aussi volatile, sensible aux aléas de la conjoncture et dépendant des risques d’instabilité politique, sinon à aggraver le chômage, à accroître la délinquance, à grossir les rangs des candidats à l’émigration et à alimenter le désespoir et l’extrémisme religieux chez les jeunes ? Quant à Me Abbou, que RSF prétend défendre en appelant à saboter le tourisme tunisien, je ne pense pas qu’il accepterait que sa libération, que j’appelle personnellement de tous mes vœux, soit à ce prix là ?

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 24 mars 2007)

 

 

Grossesses non désirées, avortements, «filles mères», MST

LA SEXUALITE A RISQUE GAGNE DU TERRAIN…

Par ELYES BEN SAAD

  Avec l’accès facile à la pornographie et la libéralisation des mœurs, la «consommation du sexe» explose chez les jeunes. Paradoxalement, l’éducation sexuelle demeure un sujet tabou. Les retombées de l’ignorance tournent souvent au drame.
Les statistiques officielles font ressortir une montée en flèche des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Le nombre des avortements «provoqués» est passé de 1164 en 2002 à 2126 en 2004. Ces chiffres sont à multiplier par trois selon les spécialistes. Des statistiques plus récentes semblent plus proches de la réalité. Entre janvier et février 2007, le centre de la santé de la reproduction du Bardo a traité 932 dossiers de jeunes non mariés. 373 d’entre eux, sont des dossiers de filles enceintes venues «réparer l’accident et se débarrasser du fruit du péché». Un petit détour du côté des cliniques privées de la capitale suffit pour constater que les spécialistes de la gynécologie–obstétrique s’inquiètent à propos des comportements sexuels à risque qui touchent une population de plus en plus jeune. Le Dr Farouk Ben Mansour ne mâche pas ses mots : «le comportement sexuel de nos jeunes est miné. La majorité des jeunes consomment fortement le sexe sans protection ou respect des règles d’hygiène». S’exprimant au cours d’un séminaire sur les enfants nés hors du cadre du mariage organisé, le 7 mars courant à Tunis, ce spécialiste de la santé de la reproduction des jeunes a indiqué que «la situation s’est beaucoup compliquée avec l’accès facile aux films pornographiques qui constituent à tort un support «éducatif» aux yeux des jeunes». C’est dire qu’en dépit du fait que les jeunes ont une vie sexuelle active, le recours à l’information fiable sur les rapports sexuels reste très difficile. A l’école, au sein de la sphère familiale, et même au niveau des petits cercles d’amis, on n’ose pas encore aborder le thème de la sexualité. Le sujet est toujours passé sous silence en raison du tabou qui l’entoure. L’âge moyen du premier rapport sexuel est aujourd’hui de 16 ans pour les garçons et de 17 ans pour les filles. Dans la tranche d’âge 18-29 ans, 47% des garçons et 33% des filles ont des rapports sexuels. 66% d’entre eux avouent avoir des partenaires multiples. Chiffre encore plus effrayant : 60% n’utilisent jamais des contraceptifs. Ces habitudes ont des conséquences désastreuses sur la santé des jeunes. Les études révèlent que les rapports sexuels non protégés sont responsables de 41% des cas de transmission du virus du sida. Des enquêtes menées par des associations montrent que les MST représentent plus de 65% de motif des consultations au niveau des centres de la santé reproductive de l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) et des espaces jeunes.     
De son côté, le nombre des mères célibataires suit une courbe ascendante depuis plusieurs années. Chaque année, on enregistre 1060 nouvelles naissances en  dehors de l’institution du mariage. 47% de ces femmes appartiennent à la tranche d’âge 21-25 ans et 10% ont entre 13 et 18 ans. Vies brisées
Les jeunes confrontés aux problèmes de santé dus à l’absence d’une «culture sexuelle» n’ont pas un profil bien déterminé. Il n’empêche que les consultations des espaces de la santé reproductive montrent que ces problèmes sont plus perceptibles chez les jeunes issus de la classe moyenne et souffrant de la violence familiale. Asma, 16 ans, lycéenne, vient de subir une interruption volontaire de grossesse dans une clinique privée de la place. Après plusieurs mois de prise en charge psychologique assurée par un centre de santé scolaire et universitaire, elle commence à se sentir mieux. Celle brillante élève a passé une année blanche en raison de son expérience traumatisante. Aujourd’hui encore, elle a beaucoup de mal à en parler. C’est «pour éviter aux jeunes filles de tomber dans le même piège» qu’elle a accepté de se confier à la conseillère psychologique du centre. «Je suis tombée enceinte après une relation superficielle non protégée avec un camarade de classe. Je ne savais rien sur le cycle menstruel et les contraceptifs. Je pensais que je ne risquais rien é tant vierge», regrette-t-elle. L’histoire de Leïla prend, quant à elle, les allures d’un véritable drame. Issue d’un milieu défavorisé, cette jeune fille âgée de 22 ans a grandi à Ibn Sina, une cité dortoir située à 7 kilomètres de Tunis, à l’ombre d’un père alcoolique et d’une mère analphabète. A l’âge de 13 ans, l’élève a été acculée par la force des choses à quitter les bancs de l’école.  Quand elle a soufflé sa 15ème bougie, son père lui a trouvé un poste de secrétaire auprès d’un médecin. Mais elle est mal tombée. Après dix heures de travail au cabinet, il l’emmenait chez lui laver la vaisselle et effectuer les autres tâches ménagères sans contrepartie. Pire, le docteur se serait «servi» à maintes reprises. «Je n’ai pas osé me plaindre par peur des représailles de mon père. C’était la honte. Je me suis sentie salie à jamais. Je n’ai pas tardé à basculer dans l’alcool et le cannabis», confie-t-elle. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, la petite s’est trouvée enceinte à deux reprises. Elle s’est débarrassée des fœtus en prenant des pilules abortives.
Cessons de nous voiler la face
Afin de juguler la montée du phénomène des grossesses non désirées, des avortements «choisis», des mères célibataires, des maladies sexuellement transmissibles et autres fléaux résultant de l’ignorance et des idées reçues, l’Etat multiplie les programmes relatifs à la santé reproductive adressés aux jeunes. Des cours relatifs à la reproduction humaine ont été introduits dans les manuels scolaires. Des services médicaux spécifiques ont été créés. Beaucoup reste cependant à faire pour bousculer les tabous. «Jusqu’ici, on n’ose pas parler d’éducation sexuelle. On continue à  se voiler la face. L’éducation sexuelle consiste à expliquer l’anatomie, le comportement sexuel, le cycle menstruel, les risques des rapports non protégés. Elle ne favorise pas, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’apparition de rapports sexuels précoces chez les adolescents. Elle permet, néanmoins, d’éviter les drames», explique un gynécologue de la place qui s’inquiète à propos de la démission des parents et des médias. Et de renchérir : «la société civile est appelée à s’impliquer davantage dans ce domaine. En Europe, on dispense des cours d’éducation sexuelle dans les écoles».
La situation incite à tirer la sonnette d’alarme, d’autant que la Banque Mondiale estime que le taux de prévalence du sida en Tunisie pourrait atteindre le seuil de 0,4% en 2015 si des mesures draconiennes ne sont pas prises. Ce taux est actuellement de l’ordre de 0,1% seulement. C’est dire que l’éducation sexuelle est désormais une ardente nécessité surtout que l’âge du mariage ne cesse de reculer. Un récent sondage illustre cette tendance. Il en ressort que 85% des jeunes ayant entre 15 et 29 ans sont célibataires contre 80% en 2001. Dans la tranche d’âge 30-49 ans, 20,5% des Tunisiens ne sont pas encore mariés contre 16% il y a cinq ans.
(Source : « Le Journal » (Hebdomadaire électronique – Tunis), N° 67 du 24 mars 2007) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/


  L’égalité en héritage

UNE PROBLEMATIQUE EN DEBAT

Par Sami NEJIMA Dans le cadre des activités du Forum d’El Wahda, le Parti de l’Unité Populaire a organisé, le 16 mars, un colloque sur «L’égalité dans l’héritage : entre la sensibilisation et la législation».
Ouvrant les travaux du colloque, Mme Arbia Ben Ammar, membre du bureau politique du PUP a souligné que «les acquis de la femme sont considérables, mais cela ne nous empêche pas d’agir pour compléter le Code du Statut Personnel en concrétisant, dans les faits, l’égalité entre les hommes et les femmes». Mme Ben Ammar a ajouté : «Le PUP a toujours soutenu la campagne nationale pour l’égalité de la femme et de l’homme dans l’héritage».
Ensuite, la parole a été donnée à Mme Sana Ben Achour, coordinatrice de la commission nationale des 50 années de Code du Statut Personnel, qui a donné, à cette occasion, une conférence sur le thème du colloque. Mme Ben Achour a rappelé que l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates et l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement ont publié un livre sur la question. Elle a souligné qu’aujourd’hui il y a des motivations d’ordre économique, social, juridique et culturel pour réaliser concrètement la légalité dans l’héritage entre la femme et l’homme
Pour Mme Ben Achour, plusieurs arguments militent pour la concrétisation de cette égalité. Il y a les changements intervenus dans la structure de la famille tunisienne et le rôle économique accru de la femme, qui participe aux dépenses de la famille en particulier, et au développement économique du pays en général. En plus, l’inégalité dans l’héritage est contre la Constitution qui stipule que tous les citoyens sont égaux. De même, l’inégalité affecte les relations au sein de la famille.
De son côté, M. Habib Marsit, président de la section de Tunis d’Amnesty International, a souligné que l’argument majeur qui milite en faveur de l’égalité dans l’héritage est justement l’égalité biologique entre l’homme et la femme. Pour M. Marsit, cette inégalité est une forme de racisme.
Prenant la parole, M. Salah Zghidi, membre du Comité directeur de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, a affirmé que l’égalité dans l’héritage n’est pas une question idéologique ou une affaire importée ou clonée, mais une question très importante qui, si elle se concrétise, consolidera les assises de la société toute entière.
Le riche débat qui a suivi, a révélé que pratiquement tous les intervenants sont pour la concrétisation de cette égalité. Reste à savoir comment, question à laquelle aucun intervenant n’a répondu.
(Source : « Le Journal » (Hebdomadaire électronique – Tunis), N° 67 du 24 mars 2007) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/

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