24 février 2011

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TUNISTUNISNEWS NEWS 10ème année,N°3929 du 24.02.2011


   Le journal de Quebec: L’ambassadeurtunisien craint la bisbille

HoucineGhali: IL FAUT JUGER LES AMBASSADEURS DE LA MISSION PERMANENTE A GENEVE

Houcine Ghali: INOUBLI,SECRETAIRE GENERAL DE L’ UNION DEMOCRATIQUE UNIONISTE ( UDU ), SE REFAIT UNEVIRGINITE POLITIQUE!!

Khaled Ben Mbarek: Je rentre!

Fethi GHARBI: Et maintenant, oùva la Tunisie ?

La Lettre Med : MAMs’enlise chaque jour davantage dans les sables mouvants tunisiens

Le NouvelObdervateur : Les premieres pistes pour les reformes politiques Courrier international: Unavant-goût de Tunisie ?

Slim Amamou, le blogueur devenu secrétaire d’Etat

La Depeche: Lepoint sur la révolution dans les pays arabes

Jeune Afrique :Ettadhamen, cité martyre de Tunisie

Saâd Lounès:Algerie, Le prochain Chef d’Etat-major dirigera la transition

Merouane Mokdad:Algerie, Rôle de l’armée, protection de certains détenus, maintien de l’ordre…

 


L’ambassadeurtunisien craint la bisbille


ASSEMBLÉE NATIONALE

 

Craignant que la question tunisienne ne devienne « un enjeuinterne entre les partis politiques québécois », l’ambassadeur de la Tunisie auCanada, Mouldi Sakri, a décidé hier matin, à la dernière minute, d’annuler laconférence de presse à laquelle il devait participer au foyer de l’hôtel duParlement.

« J’ai pris ma décision en écoutant la période des questions àl’Assemblée nationale, a-t-il assuré au Journal. J’ai senti qu’une sortiepublique ne servirait pas la cause de la démocratie en Tunisie et ne serait pasen notre faveur. »

Lors de la période des questions, la députée péquiste LouiseBeaudoin avait demandé si « le gouvernement du Québec sera à la hauteur de nosvaleurs et de nos principes pour aider le peuple tunisien à régler rapidementla question du gel des avoirs de la famille Ben Ali ».

La ministre des Relations internationales, MoniqueGagnon-Tremblay, a répondu que « nous sommes ici devant une situationexceptionnelle, et c’est pourquoi je souhaite que le gouvernement fédéralagisse avec diligence ».

Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu Ben Ali, setrouve au Canada − vraisemblablement dans la région de Montréal −depuis le 20 janvier. L’ambassadeur tunisien devait notamment évoquer lademande d’extradition déposée par les autorités tunisiennes contre celui quiest présenté comme l’ancien « parrain » de la mafia politique tunisienne.

La main d’Ottawa?

Pendant toute la journée d’hier, la rumeur a couru qu’Ottawa avaitexercé des pressions sur M. Sakri pour l’empêcher de prendre la parole àl’Assemblée nationale. Le palier fédéral est réputé pour sa sensibilité auxsujets touchant ses champs de compétence lorsqu’ils sont débattus à Québec.

Niant formellement avoir reçu des appels en ce sens en provenancede la capitale fédérale, M. Sakri a cependant admis du bout des lèvres quel’annulation de sa conférence de presse lui permettait vraisemblablement degarder de bonnes relations avec Ottawa.

Malgré ce démenti, deux sources dignes de foi ont juré au Journalque l’ambassadeur tunisien a reçu, hier matin, l’ordre formel d’Ottawa de nepas s’adresser aux journalistes parlementaires de Québec. Le ministère fédéraldes Affaires étrangères n’a pas répondu aux questions du Journal.

Le 9 février, les députés du Québec ont adopté une motion unanimeréclamant, entre autres, le gel des avoirs des proches de l’ancien présidentBen Ali.

TAÏEB MOALA

24/02/2011 20h02 

 


TUNISIE :IL FAUT JUGER LES AMBASSADEURS DE LA MISSION PERMANENTE A GENEVE


 

Houcine Ghali, Genève

 

La mission permanente de Tunisieauprès de l’ ONU et des Organisations internationales intallées à Genève

a joué un rôle prépondérant enfaveur des clans Ben Ali/Trabelsi durant ces 23 dernières années. En effet, lesdifférents ambassadeurs qui étaient nommés à la ville de Calvin ont étéchoisis ( parfois par Leila Trabelsi elle même ) pour servir les intérêtsdes tenants du pouvoir destourien. Tous étédes porteurs de valises et des intermédiaires serviles auprès des banques,avocats d’ affaires, fiduciaires et gérances de fortunes suisses pour placerles milliards de dollars volés au peuple tunisien au profit des rejetonsBen Ali et Trabelsi.

 

Non seulement ils ontparticipé volontiers à seigner leur pays et a y favoriser le chômage et larépression, mais ils ont aussi défendu un pouvoir monolithique et arbitrairelors des réunions de la Commissions des droits de l’ Homme à Genève, en niantl’ existence de la répression, de la torture et des prisonniers politiques. Desannées durant, leurs discours et enterventions ( on peut les consulter au siègede l’ ONU à Genève ), ont constitué de simples éloges à la clairvoyance de BenAli, au risque que représente pour l’ Occident le terrorisme islamiste et auxavancées dans tous les domaines grâce à la sagesse du maître du coup d’ Etatmédical du 7 novembre 1987.

 

Mais leur soumission aupouvoir répressif de Carthage ne s’ est pas arrêtée là puisqu’ un bureau deleur mission servait exclusivement à un agent du ministère de l’ intérieur pourtraquer les opposants en Suisse, en faisant des rapports sur leurs activités etbeaucoup d’ entre eux ont subi des tracasseraies sans fin lors de leur retourau pays.

 

Il y a quelque mois, l’ambassadeur de la mission permanente de Tunisie à Genève s’ est débarrassé dequelques tonnes d’ archives compromettantes, selon l’ aveu d’ un destransporteurs tunisiens installé en Suisse.

Quant à l’ ambassadrice deTunisie à Berne, elle a été désignée par Léila Ben Ali en personne pour s’occuper de ses affaires et l’ aîder à planquer son argent en Suisse. Durant lesdeux ans en exercice, elle n’ a rien trouvé d’ autre à offrir aux Tunisienstravaillant en Confédération hèlvétique, qu’ une invitation pour venir écouterun imam venu de Tunis pour prêcher lors du mouled!!

 

En 2004, je me suis adresséà notre  ambassadeur de la mission permanente à Genève pour qu’ ilintervienne dans l’ affaire Abderrahmane Tlili et demander le rapatriemant desdizaines de millions de francs suisses que ce dernier à placé dans les banqueset dans l’ immobilier. Je lui ai présenté un dossier de 400 pages prouvant endétail, avec documents officiels, l’ implication de Tlili dans lacorruption, le blanchiment d’ argent et le vol d’ une immense fortune depuisqu’ il était PDG à l’ Office de l’ huile jusqu’ à son passage par l’ office del’ aviation civile.

Il m’ a répondu, dans son bureau,qu’ il n’ est pas là pour ce genre de travail et que sa mission consisteuniquement à représenter le pays auprès des Organisations internationales et del’ ONU à Genève. Il n’ a même pas eu l’ idée de me dire qu’ il va alerter legouvernement à Tunis.

 

La plupart de ces ambassadeurs dela mission de Tunisie à Genève ont été récompensés pour les services rendus auxclans Trabelsi et Ben Ali, comme le fait de s’ occuper des séjours des mafieuxmembres deux familles régantes, tel Mohamed Sakr El Matri, qui déscend souventà l’ hôtel des Bergues, tous frais payés par notre mission et conduit par deschauffeurs y travillant avec des voitures diplomatiques.

Ainsi, Samir Labidi a été nomméministre des sports et de la jeunesse, puis ministre de la communication etporte-parole officiel du gouvernement quelques jours seulement avant la chutede Ben Ali; Kamel Morjane a rejoint le gouvernement dès novembre 1999, en tantque ministre de la Défense et puis des Affaires étrangères, et avant eux,l’ ancien ministre de l’ enseignement supérieur a lui aussi été ambassadeur àla mission permanente à Genève.

 

Il est temps que legouvernement provisoire mette de l’ ordre dans les ambassades et surtoutinterroge les anciens et actuels ambassadeurs tunisiens en Suisse pour leurparticipation aux crimes des clans de l’ ancien pouvoir, à savoir le vol, leblanchiment et le placement des milliards de dollards dans les banques et l’immobilier helvétiques

 

Houcine.ghali@bluewin.ch


TUNISIE :AHMED INOUBLI, SECRETAIRE GENERAL DE L’ UNION DEMOCRATIQUE UNIONISTE ( UDU ),SE REFAIT UNE VIRGINITE POLITIQUE!!


 

Houcine Ghali, Genève

 

Depuis le 14 janvier 2011, Ahmed Inoubli, dirigeant de l’ UDU, n’arrête pas de nous innoder de prises de positions, de déclarations, d’interventions et d’ analyses politiques favorables à la révolution populairequi a eu lieu en Tunisie. Il rappelle qu’ il n’ a pasrencontré l’ ancien président Ben Ali depuis 2008, que son parti  s’ estsouvent opposé aux orientations du pouvoir destourien, que le peuple a souffertdes exactions et de la corruption des Trabelsi et compagnie et s’ autorise mêmede parler au nom des masses populaires en émettant ses conceptions pour l’avenir radieux des Tunisiens!!

 

Ainsi donc, Ahmed Inoubli a effacé d’ un trait de main tout lepassé ignoble de l’ UDU, son allégeance au pouvoir de Ben Ali, ses prises depositions antipopulaires et au profit des deux clans qui dominent le régime,son opportuniste noséabond en fermant les yeux face à larépression, à la torture, au musèlement de la presse, aumassacre de la Constitutions, aux trucages des élections et au règne de lacorruption.

 

Si Ahmed Inoubli n’ a point rencontré Ben Ali depuis 2008, c’ estqu’ il l’ a fait à de nombreuses reprises depuis qu’ il a pris en main l’UDU, c’ est à dire prés de 7 ans et il a toujours dressé des louanges auprésident de la République et à son régime, soutenu sans réserve le pouvoirpour ses ambitions personnelles, les quelques sièges dérisoires de députés etconseillers, la nomination d’ Abdessalem Bouaïcha en tant qu’ ambassadeur àKhartoum et la subvention accordée par le gouvernement à son parti et à sonhebdomadaire. 

 

C’ est ainsi qu’ aprés avoir été reçu par le président Ben Ali le23 avril 2005, Ahmed Inoubli, tout fier de se voir reconnaitre commedirgeant de l’ opposition officielle par le maître de Carthage, suite à descompromissions, à la soumission et à l’ acceptation d’ un jeu politiquedérisoire contraire à l’ intérêt du pays,  s’ est fendu d’ une déclarationindigne d’ un honnête homme politique :  » Je suis honoré d’ avoir été reçupar le chef de l’ Etat auquel j’ ai transmis les salutations et les sentimentsde considération des cadres et militants du parti. Je lui ai fait part de leurferme attachement aux constantes nationales et leur engagement à ne jamaisfaire de surenchère sur l’ indépendance du pays  » ( La Presse du24 avril 2005 ).

 

Dans l’ Expression du 13 novembre 2008, AhmedInoubli a fait l’ éloge du  » Changement  » d’ une manière encoreplus élogieuse que celle prononcée par un membre du RCD, parti au pouvoir : » En premier lieu, le changement a permis de sauver l’ Etat et sesinstitutions. Il a ensuite entrepris d’ importantes réformes constitutionnellesqui ont fait évoluer le pays…Sur le plan de politique interne, le changementa instauré le pluralisme et le multipartisme et a fait évoluer la situation desdroits de l’homme et des libertés « .

 

Créé en 1988 par Abderrahmane Tlili, ancien membre du PSD et duRCD, pour participer à la mascarade de l’ existence d’ une oppositionofficielle mais en réalité faisant partie de la mouvance présidentielle, l’ UDUa longtemps vêcu de la manne financière provenant de la fortune amassée parTlili et planquée en Suisse.

Ahmed Inoubli a repris en mains les destinées de l’ UDU et ne s’est opposé ni à l’ amendement de la Constitution par un pseudo-référendum, enmai 2002, permettant à Ben Ali de briguer un quatrième mandat en octobre 2004,ni à la campagne lancée en septembre 2010 pour un sixième mandat en 2014.

 

Ahmed Inoubli n’ a plus rencontré le chef de l’ Etat depuis 2008tout simplement parce que dernier ne lui accorde plus de crédit et l’ ignoreprincièrement. Imagine-t-on Ben Ali demander à Ahmed Inoubli de venir le voirau palais de Carthage et le leader de l’ UDU refuser cette invitation? Alonsdonc, qui en Tunisie ose contrarier Ben Ali?

De toute façon, même sans voir Ben Ali, Ahmed Inoublicontinue de lui apprter tout son soutien ainsi que celui de son parti. C’est ainsi que le 30 décembre 2010, lors de l’ ouverture du congrésinterrégional du grand Tunis et du Nord, des militants de l’ UDU, le secrétairegénéral a « affirmé que le processus pluraliste et démocratique en Tunisieprogresse depuis l’ avènement du changement à un rythme soutenu et accumule desacquis multiples à la faveur des initiatives successives du président ZineEddine Ben Ali » ( La Presse du 31 octobre 2010 ).

 

Enfin, continuant dans sa myopie politique et son allégeanceopportunisie à Ben Ali, Ahmed Inoubli a réagi ainsi, après l’ allocation duprésident de la République, seulement trois jours avant la victoire de larévolution et la fuite du rat de Carthage :  » L’ allocation du président BenAli constitue dans son fondement et au vu de ses dimensions politiques etsociales qu’ elle véhicule, une protection pour la patrie et le citoyen, unepréservation de sa dignité et une garantie de l’ emploi des jeunes. Il a appeléà faire preuve d’ esprit patriotique élevé et d’ une responsabilitéconstructive…loin de toute destruction ou violence, auxquelles seuls lesincapables recourent » ( La Presse du12 janvier 2011 ).

 

Vous avez saisi! Pour Ahmed Inoubli donc, les événements de SidiBouziz, la mort de Mohamed Bouazizi et la révolte du sud du pays, deux joursseulement avant qu’ elle ne libère le peuple de la tyranie, de larépression et de la corruption, n’ étaient que l’ eouvre des incappables!!

Et ces incapables sont devenus aujourd’ hui des héros, aux yeux dumême Ahmed Inoubli, qui continue à mentir comme il respire et changer de vesteaux grè des circonstances.

 

Houcine.ghali@bluewin.ch


Je rentre !


 

Quand la liberté rentrera , je rentrerai

Victor Hugo

 

Comme c’est moche de parler à la première personne ! Maiscette fois-ci, cela en vaut la chandelle.

En effet, je rentre dans mon pays après 19 ans d’exil. Depuisque cette chose extraordinaire me taraude, je suis obligé de me tenir encontact permanent avec un média quelconque qui atteste qu’en Tunisie, il s’estpassé quelque chose de fabuleux et de grandiose : la Révolution ! la vraie, pascelle des rêves de grands soirs ou des élucubrations paranoïaques de bourgeoisen manque de lévitation intellectuelle.

De temps en temps, le doute nous tourmentait. Nous étions face àun roc, même s’il est atteint d’un cancer. La sagesse tunisienne nous rappelaitque « les chiens ont la vie longue ». Surtout quand ils sont cajolésdans le sens du poil par les profiteurs étrangers de tout poil.

Pour beaucoup, c’était une raison de plus de tenir à notre rôle devigies, de témoins et de guetteurs de la Bonne nouvelle, qui arrive le14-janvier 2011, qui devra devenir une fête nationale. Car, ce grand moment nenous a jamais quittés. Même quand il s’apparentait à une chimère lointaine,faisant du présent une douleur permanente. Nos tyrans ont toujours été pournous des « dictateurs en sursis »…

 

Mais bien des Tunisiens ont préféré embrasser la main qu’ilsn’avaient pu mordre. Ils ont alors monnayé une situation personnelle favorable contretout leur être politique et moral. Certainsse sont rendus et ont quasiment disparu de la scène. D’autres se sonttransformés en VRP et en rabatteurs de gibier aux portes des chancelleries,pour le compte de l’Infâme de Tunis. Ils ont porté un très grand tort à lacause de notre pays et ont entaché le crédit moral de la résistance.

Comme il le fallait, nous avons traité ces personnes selon leprincipe de René Char : pas de respect pour ceux qui ont du respect pour leurtortionnaire… Ils n’ont pas plus d’importance que cela. Nuln’osera jamais comparer notre retour pleinement au leur.

 

Nous avons toujours préféré les qualifier de « cadavresjonchant le champs de bataille », leur attribuant par là même la qualité devictimes de la tortiocratie…

Cependant, le principe de René Char est encore plus pertinentquand il s’applique aux compatriotes qui étaient de ce côté-ci de laMéditerranée. Ceux qui ne craignaient rien pour leur sécurité physique et quiavaient des situations sociales plus ou moins difficiles, mais en tout cas plussupportables que celle de n’importe quel militant de l’intérieur. Ces gensavaient tout loisir de lutter aux côtés de la Tunisie libre, surtout à unmoment où même les persécutions et les représailles contre les familles avaientcessé.

Les motivations de ces individus étaient très claires : ilsparticipaient à la surenchère enclenchée au début des années 2000 et quilançait la saison des redditions intéressées. Quelques nominations à des postesde prestige serviront d’appâts pour attirer d’autres militants, les dépouillerde leur histoire personnelle et de leur dignité, les couper de l’opposition etles jeter aux oubliettes. C’était un très mauvais remake de l’après 7 novembre1987.

 

A l’avènement de la Révolution, nous autres opposants étions commeces pionniers du Farwest, dans ces westerns débiles et fascinants, qui se fontencercler par les Indiens et luttent des jours et des nuits sans espoir desecours face aux assauts répétés et à l’épuisement des munitions. Ils se préparentà vendre cher leur peau quand retentit la trompette de la cavalerie, quiterrasse les assaillants…

 

C’est là où nous étions quand nous avions entrevu des vagues selever au loin…

 

Et puis, le tsunami lancé par le séisme local de Sidi Bouzid adéferlé sur le pouvoir du général Ben Ali. Une formidable accélération del’Histoire ! Absolument inédite dans l’histoire de l’humanité : quelquessemaines pour abattre la tortiocratie la plus implacable, la plus brutale, laplus policée, la plus camouflée et la mieux choyée par les pays riches.

 

Aujourd’hui encore, j’éprouve le besoin de me frotter les yeux detemps en temps pour m’assurer qu’il ne s’agit pas d’un rêve éveillé, d’uneconséquence du syndrome de l’exil ou d’un mirage provoqué par la soif.

 

Ben Ali, Moubarak, Gueddafi ne sont plus là ?? Tout le lot enmoins de deux mois ?? N’importe quoi !

Un scénario fou de politique fiction !

 

Je pense que je ne me ferai à cette idée que lorsque j’auraitouché le sol national de mes propres mains; quand je me serai empli lespoumons de son air unique; quand j’aurai serré dans mes bras Rim et mes autresproches que je n’ai plus revus depuis 1992.

 

J’aurais achevé alors mon deuil de tous les compatriotes avec quij’ai milité, que j’ai aimés et qui sont tombés en cours de route, morts etenterrés ou morts en continuant à boire et manger.

 

Je voudrais balayer tout de suite ce discours mielleux et creuxselon lequel il faudrait oublier ce qui a été pour se consacrer à je ne saisplus quel avenir. Mémoire et responsabilité d’abord; le pardon, le dépassementet l’oubli viendront après que l’on aura vérifié qu’il n’y a pas d’injustices àlever. La justice ne devra pas être le parent pauvre des hautes valeurs àsauvegarder dans la Tunisie nouvelle, dans la Deuxième République en gestation.

 

Il reste à affronter le syndrome des retornados, ces exiléschiliens revenus dans leurs pays après la dictature de Pinochet (1973-1986).Eux-mêmes ayant hérité de cette qualification des portugais rentrés au pays descolonies africaines libérées. Ils partagent tous le statut de personnesdérangeantes, dont on ne sait pas quoi faire, que l’on eût souhaité qu’ellesfussent demeurées dans l’exil qui les avait si bien accueillies. C’est donc unsens foncièrement péjoratif que revêt cette expression, aux antipodes de l’idéede revenir dans son pays dans la gloriole.

J’ai évoqué ce point parce que certains ont gueulé dans des médiasqu’ils (?) ne voulaient pas entendre parler de ceux qui viennent de l’étranger(Êkilli jeyin mil kharij). Une attitude emprunte d’ignorance et d’impudeurplutôt que de méchanceté.

 

Mais d’abord, REVOIR TOUNIS EL KHADHRA ET MOURIR…

 

A Besançon, le 25 février 2011

Khaled Ben Mbarek


Etmaintenant, où va la Tunisie ?


Par Fethi GHARBI

Une chose évidente mais souvent éludée : le mondearabe est gouverné dans sa totalité  par des régimes monarchiques. Si lesuns comme ceux du Maroc et du Golfe s’assument en tant que tels, d’autres se griment  lamentablement en se prenant pource qu’ils ne sont pas : des républiques. Les monarchies, les vraies, ontsi l’on peut dire le mérite d’éviter à leurs sujets les énormes dépensesconsacrées aux fausses campagnes électorales et aux élections truquées. En destituant le Bey en 1957 et en proclamant la république en Tunisie, Bourguiban’a été pendant tout son long règne que le digne  héritier du régime qu’ilvenait de renverser. Trônant à la tête de sa république enmonarque absolu,  il a vidé les institutions de toute leur substance.Aucune comparaison avec le présidentialisme gaullien. Quand on reprochait à laVème république de n’être qu’une sorte de monarchie, De Gaulle la qualifiaitd’élective. Si le présidentialisme en France dérive actuellement vers unhyper-présidentialisme asphyxiant, il n’en demeure pas moins que l’ institutionjudiciaire et le pouvoir législatif gardent l’essentiel de leur  autonomieface à l’exécutif. Dans un pays comme la Tunisie tout comme en Afrique noire etdans le monde arabe l’empire a imposé des pouvoirs absolus déguisés enrépubliques fantoches qu’il corrompt pour mieux les tenir en laisse.Le régime de Ben Ali constitue l’illustration malheureuse d’une tellecollusion. Pendant plus de deux décennies, une dictature des plus sanguinaireset des plus corrompues « s’épanouissait » sous le regard bienveillantet complice des États-Unis et de la France. Ne souffrant d’aucun contre-pouvoir, fasciné par sa propre image,celle que lui renvoyait son parti unique, Bourguiba, « le combattantsuprême », pris d’un délire mégalomaniaque se fait président à vie et partà la dérive dans un désert institutionnel. Pendantla longue maladie du monarque, les luttes intestines pour la successionplongeront le pays dans le chaos le plus total. Le vide politique institué parBourguiba et son entourage finira par profiter à un militaire anonyme maisbénéficiant du soutien des États-Unis. Le 7 novembre 1987, en fomentant un coupd’état « médical », Ben Ali réussira à rafler le pouvoir sous l’œilmédusé des apparatchiks du parti. La Tunisie passe ainsi d’un absolutisme quel’on pourrait qualifier de narcissique vers un absolutisme corrompu. Le pèrefondateur vient de céder la place au parrain cleptomane. Cependant, le profildu dictateur tunisien n’a rien d’exceptionnel, il est à l’image d’une bonnepartie de chefs d’états corrompus et corrupteurs membres du club Françafrique.Ce réseau né avec les indépendances continue à piller les ressources desanciennes colonies grâce à la complicité de dirigeants africains asservis parla métropole. Le voyage à Tabarka puis à Tozeurde Michèle Alliot-Marie et de son compagnon et ministre Patrick Ollier à bordd’un jet privé d’un proche de la famille régnante prouve à quel point lesdirigeants français restent fidèles à leurs traditions gaulliennes.Trop sensible, la ministre des affaires étrangères a préféré survoler à hautealtitude la misère des « bantoustans » de l’ouest tunisien et lesmassacres perpétrés par la police de son protégé. En soutenant  sa ministre, Nicolas Sarkozy montre qu’ilne dévie pas d’un iota de la politique françafricaine, lui quiquelques semaines après son investiture s’est empressé de décerner la Légiond’Honneur à Robert Bourgi conseillant à ce dernier de rester fidèle à laphilosophie de Jacques Foccart. Assurées de l’impunité que leur garantit leur allégeance à l’empire,les dictatures se livrent à toutes sortes d’exactions, s’enfonçant d’une annéeà l’autre dans des pratiques criminelles et mafieuses.Un sentiment de pérennité s’empare alors de certaines d’entre elles quifinissent par s’empêtrer dans des paradoxes insurmontables. De la présidence àla présidence à vie voilà que nous assistons depuis quelque temps àl’apparition d’un phénomène incongru, celui des « dynastiesprésidentielles », celle des Bongo, des Moubarak etc… BenAli, lui, dont le fils n’a que six ans pensait léguer son héritage à sa femme,la régente de Carthage qui assurerait la transition jusqu’à ce que leprétendant au trône atteignent la majorité. Toutceci n’a pas l’air, bien entendu, d’offusquer outre mesure les grandespuissances qui préfèrent la continuité à travers des monarchies corrompues etdociles. Ceux qui parlent de l’avènement de la deuxième république en Tunisie ignorentque ce pays n’a jamais eu réellement de première république. Malgré lesapparences, la destitution du bey correspondait plus à un coup d’état qu’à unchangement de régime. Au lieu d’œuvrer à la démocratisation du pouvoir,Bourguiba n’a fait que renforcer l’autoritarisme. Ignorant des lois del’Histoire, il s’est cru en mesure d’inventer une idéologie. Il a commencé alorspar se tailler une histoire nationale sur mesure, se présentant comme le pèrefondateur de la Tunisie post-coloniale, excluant du coup  tous ceux etcelles qui ont contribué depuis le 19ème siècle à la lutte anti-coloniale.S’inspirant probablement de la « modernité » occidentale qui a gommédeux millénaires d’histoire pour accoler la civilisation grecque aux tempsmodernes, le combattant suprême s’aventure loin dans l’antiquité pours’inventer son mythe fondateur. Après le règne de la légendaire Elissa,princesse de Tyr et fondatrice de Carthage, le temps s’est arrêté et le pays asombré dans un « moyen âge » obscur qui n’a pris fin qu’avecl’avènement du sauveur au beau milieu du vingtième siècle. Cette visionmythomaniaque martelée pendant des décennies par le « clergé » duparti, par les médias et dans les manuels scolaires n’a presque jamais eud’impact sur une population bien ancrée dans sa culture.  Cependant,lorsque l’idéologique chancelle  il finit toujours par céder le pas à lacoercition. Le choix du parti unique constitue l’autre volet ayant servi à asseoir l’absolutisme et à exclure toute voix dissonante. Toutes lessensibilités politiques ont été systématiquement éradiquées quelques annéesaprès l’indépendance.  Le despote n’a pas hésité à commanditerl’assassinat de personnalités politiques et syndicales réfugiées en Europe telsque Salah ben Youssef ou Ahmed Tlili. Le Néo-Destour, ayant servi d’abord decaisse de résonance aux délires du président mégalomane s’est petit à petitemparé de tous les organes de l’état et même de la puissante centralesyndicale. Devenu l’incarnation du pouvoir, le Parti-Etat a vu gonfler sesrangs par des gens guidés plus par leur esprit mercantile que par unequelconque conviction politique. Une masse considérable de privilégiés prendral’allure d’une classe parasitaire contrôlant le pays sur le plan économique,politique et sécuritaire. Livrée à la délation et aux violences policières, lasociété tunisienne s’enfonce dans la médiocrité et la paranoïa. Le parti-Etat,cet édifice échafaudé par Bourguiba  évoluera avec  Ben Ali vers unpouvoir mafieux. Au-delà de l’ex-président, de safamille et de celle de sa femme, la « mafiocratie » s’étend à toutecette classe parasitaire formée par les cadres du parti  disséminés dansles organes de l’état et de la société civile.  A partir des années 90, lasociété sombre dans la corruption , le népotisme et le racket pratiqué d’unemanière systématique par le président déchu et sa famille élargie. Un jeune diplômé doit payer cinq mille dinars et plus pour »s’acheter » un emploi  alors qu’un homme d’affaire doit accepterde partager avec l’un des membres de la famille régnante pour pouvoir réaliserun quelconque projet. Je crois qu’à ce niveau-là, il faut au moins reconnaître à BenAli et au RCD le mérite d’avoir devancé de plusieurs longueurs Condoleezza Riceen instaurant en Tunisie bien avant l’Irak  « le chaos créateur ». Seulela coercition permet à toute cette faune  prédatrice de contrôler lapopulation en érigeant la terreur en système : Près de deux cent millepoliciers doublés d’une armée de délateurs surveillant les cafés, les mosquéeset les administrations quadrillent systématiquement l’ensemble du territoire. Voilà que les médias et les dirigeant occidentaux, scandalisés , sortentsoudain de leur longue amnésie pour étaler au grand jour les forfaitures dudictateur, de sa famille et même de son parti. Ils oublient toutefois que lescrimes de Ben Ali ne se limitent pas à la corruption, aux rapines et à latorture. Ce grand architecte du miracle économique tunisien est félicité parDominique Strauss-Kahn en personne. Décoré en 2008 par le dictateur, ce dernierdéclare : « l’économie de la Tunisie est saine, c’est un exemple à suivrepar les pays émergeants… »  Comment peut-il parler autrement d’unchef d’état qui a ouvert toutes grandes les portes de l’économie tunisienne auxajustements structurels exigés par le FMI et la Banque Mondiale! Moinsnationaliste que les autres collaborateurs de Bourguiba, Ben Ali s’avère êtreL’homme de la situation : un pantin aux mains du néo-libéralisme; son rôle aété d’appliquer la médecine économique mortelle du FMI, laquelle, sur unepériode de plus de 20 ans, n’a servi qu’à déstabiliser l’économie du pays et àrépandre la pauvreté et la désolation. Les émeutes sanglantes du pain de 1984consécutive au doublement du prix du pain imposé par le FMI ont constitué le point de départ de cette politique meurtrière. A partir de 1990, lecapitalisme d’état qui pendant trois décennies a assuré aux classes pauvre etmoyenne la gratuité de l’enseignement et des soins a subitement cédé la placeau capitalisme le plus sauvage. L’ accumulations des emprunts depuisl’indépendance et la hausse subite des taux d’intérêt pendant les années quatrevingt a fini par provoquer une crise de la dette. Pour l’obliger à honorer leservice de ses dettes, la Tunisie fut  soumise  par le FMI et laBanque mondiale à des Programmes d’ajustements structurels (PAS) :privatisation à outrance du domaine public, compression de la main-d’œuvre àtous les échelons de l’économie. L’exemple des mines de phosphate de Gafsa quiil y a quelques années employaient seize mille ouvriers n’offrent plusaujourd’hui que cinq mille emplois, illustre bien cette dérive. De son coté, lesyndicat ferme l’œil depuis deux décennies laissant toute la latitude à la »mafiocratie », aux entreprises nationales et internationales dedisposer comme elles l’entendent des masses laborieuses. La sacro-sainteflexibilité devenue dans la bouche de tous ces gens synonyme de précarité. EnTunisie,  la « flexibilité » n’est autre que la destruction del’emploi protégé; elle consiste à donner davantage de pouvoir aux employeurspour imposer des salaires plus bas par le biais de formes de travail atypiquestels que les CDD et l’intérim. Lessociétés étrangères ont sauté sur l’aubaine qui leur est offerte, profitantsans vergogne de ces masses de semi-esclaves. C’est ce vivier de main-d’œuvre taillable et corvéable à merci qui allèche tanttous ces prédateurs occidentaux. Vient s’ajouter à tout cela la convertibilitédu dinar tunisien qui depuis les années quatre vingt dix permet auxinvestisseurs de rapatrier tous leurs bénéfices, provoquant une hémorragie decapitaux intenable. Pour compléter le tableau Ben Ali n’a eu de cesse de braderà tours de bras tous les secteurs de l’économie tunisienne au profitd’investisseurs étrangers. La majorité des Hôtels touristiques ont étéprivatisés au profit du Groupe ACCORD, club Med, etc, alors que les secteursdes banques, de la santé, de l’agriculture, de la pêche, de l’enseignement, dela presse, de l’internet, des télécommunications, du textile sont tombés entreles mains d’acquéreurs étasuniens, européens et même israéliens. On ne peutdonc que comprendre l’affolement de M. Feltman et de M. Sarkozy surpris par cetélan révolutionnaire. Le chef d’état français, toujours en retard d’unedécennie, a même eu l’idée de génie de gratifier les tunisiens d’un ambassadeurd’une rare originalité. Le tact de M. BorisBoillon nous a littéralement ébloui… Pris sous les tirs croisés du pouvoir mafieux et des financesinternationales, les tunisiens ont fini par exploser après vingt trois ans demisère et de terreur érigée en système. Toutesclasses confondues, des plus déshérités à  la bourgeoisie d’affaires, ilsse sont tous unis pour abattre le monstre. L’ayant décapité, beaucoup ont tendance à s’endormir surleurs lauriers oubliant ses tentacules qui continuent à étouffer dangereusementle tissu social. La révolution n’a pas encore abouti malgréce que prétendent certains médias. La Tunisie est en situation révolutionnairemenacée par des forces contre-révolutionnaires parfaitement organisées. Legouvernement provisoire imposé par les français et les étasuniens maissubissant les coups de boutoir incessants des forces révolutionnaires continuedepuis plus d’un mois à s’adonner à des exercices de funambulisme éreintants.Cette révolte selon Sarkozy et Feltman (sous-secrétaire d’État américain pourles Affaires du Proche-Orient) ne doit nullement se transformer en révolution.Il s’agit pour eux de maintenir coûte que coûte la constitution de Ben Ali etde hâter des élections en vue d’une reconduite du régime présidentiel. C’est laraison pour laquelle Feltman s’est implicitement opposé à une remise à plat del’ensemble des institutions politiques tunisiennes. Il faut dire qu’avec unrégime parlementaire, les États-Unis risquent de perdre le contrôle de lasituation. Quand le pouvoir n’est plus concentré entre les mains d’un seulhomme (le président-monarque) et qu’il est disséminé entre les diversreprésentants du peuple, il est plus difficile pour les forces néo-libéralesd’établir les alliances et de dicter une ligne de conduite politique.Cependant, la contre-révolution se trouve par ailleurs renforcée de l’intérieur.En effet, la grande bourgeoisie, une fois débarrassée de la mafia Ben Ali tentedepuis quelque temps de mettre un frein au mouvement. Le patronnât tremble àl’idée que la révolution n’emporte toute la panoplie de lois d’asservissementde la classe ouvrière promulguées pendant le règne du dictateur. Tous les atermoiements du gouvernement provisoire illégitime avec sescommissions d’enquête ne servent en réalité qu’à noyer le poisson. Le seulobjectif de cette équipe se limiteà précipiter les élections d’un nouveau président-roi, d’un nouveau dictateurentièrement acquis à la cause néo-libérale. Tout ce que les tunisiens auront à faire…tout ce que les tunisiens fontaujourd’hui est de descendre dans la rue pour déblayer les restes del’épave!   Tous pour un  seul mot d’ordre : imposer au nom de la légitimitérévolutionnaire l’élection d’une assemblée constituante!   Tous pour une constitution républicaine! Tous pour des institutions républicaines authentiques!    Tous pour l’avènement de la première république tunisienne! Source: “Le Post” Le 23-02-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/02/23/2414828_ou-va-la-tunisie.html

 

MAMs’enlise chaque jour davantage dans les sables mouvants tunisiens


 

Le quai d’Orsay n’en finit pas avec les bavures de ses diplomates.Il semble que le chef du département des AE, Michèle Alliot Marie n’est pasprête à se tirer des sables mouvants tunisiens où elle s’enlise chaque jourdavantage. Après son histoire des vacances  au soleil et  le voyage àbord d’un jet privé, qu’elle s’ait fait faire payer en Tunisie au moment où lepeuple tunisien se soulevait contre le régime Ben Ali en place, et de latransaction immobilière un peu louche que ses parents ont contractée à lasauvette avec un des proches du président Ben Ali sur les côtes tunisiennes,une nouvelle bavure vient entacher le parcours diplomatique de MAM.

La ministre française aurait rencontré en secret, selon un journaltunisien, le 27 décembre, le général Ali Seriati, chef de la sécuritéprésidentielle et Rafik Hadj Kacem, ministre de l’Intérieur, deux hommes fortsdu régime du président tunisien déchu. Ces deux derniers auraient sollicité deMAM, l’aide de la France pour mater la rébellion.  Des allégations complètement fausses, rétorque le quai d’Orsay, qui a démentiformellement cette information.  Les trois personnalités, précise la même source, se seraient réunies pendantprès de deux heures en fin de matinée  dans le salon d’honneur de l’hôtelTabarka Beach. Au cours de cet entretien secret, l’ancienne ministre françaisede l’Intérieur a fini sous la « pression” d’Ali Seriati, par s’entretenirtéléphoniquement avec Ben Ali. Mais le cabinet de MAM persiste et signé, en affichant un démenti « formel » decette rumeur. « Michèle Alliot Marie, soutien son cabinet, n’a eu aucun contactdurant son séjour (en Tunisie) avec les deux personnes citées dans ces articles».  Le comble c’est que Michel Alliot-Marie qui avait récemment nié que la Franceavait acheminé un renfort en matériel anti-émeutes au régime tunisien, a étédémentie par la saisie le 14 janvier dernier, d’une cargaison du matériel enquestion à l’aéroport Roissy. Un autre fait vient corroborer un peu plus les informations relayées par lapresse tunisienne. A la demande de l’Elysée, la chef de la diplomatie françaisea été remplacée par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde et soncollègue des Affaires européennes, Laurent Wauquiez pour représenter la Francelors de la première visite de responsables gouvernementaux français auxnouvelles autorités tunisiennes. Le ministère des AE a invoqué lundi 21février, un déplacement au Brésil « prévu de longue date » pour justifierl’absence de la chef de la diplomatie Michele Alliot-Marie, censée effectuer elle-mêmecette mission protocolaire pour renouer avec les nouvelles autorités de Tunis.

Source : « La Lettre Med » Le 23-02-2011

Lien : http://www.lalettremed.com/select-infos/303-mam-senlise-chaque-jour-davantage-dans-les-sables-mouvants-tunisiens

 

Lespremieres pistes pour les reformes politiques


 

Leprésident de la commission pour les réformes politique Yadh Ben Achour a faitquelques premières annonces, tout en appelant à la patience.

Le président de la commission pour les reformes politiques pour la Tunisie atenu, mercredi 23 février, la première conférence de presse sur l’avancée desréflexions sur la question. Yadh Ben Achour a notamment annoncé la possibilitéde mettre en place un vote via la simple présentation d’une carte d’identité, aassuré que les décisions respecteraient la volonté de l’opinion publique mais aappelé aussi à la patience.

Yadh Ben Achour a tout d’abord précisé qu’il n’y avait encoreaucune date définie ni pour la nouvelle constitution ni pour une éventuelleélection.

« Nous avons un problème de temps. Si nous voulons desélections crédibles cela ne s’organise pas en deux ou trois mois », aprécisé le constitutionnaliste. « Mais nous comprimerons au maximum laquestion de temps. Cela dit je dois vous dire que les experts les plusoptimistes disent qu’il faut 22 semaines à partir de la réforme du code électoralpour organiser des élections ».

Rumeurs

Yadh Ben Achour a profité de la conférence de presse pour s’enprendre à la presse à qui il a demandé de faire son travail. En effet,plusieurs rumeurs ont couru autour de la commission et notamment sur sa composition. »Les membres qui sont cités dans la presse comme ayant démissionné n’ontjamais fait partie de la commission, a-t-il souligné. Ce sont des intox et lesmédias doivent faire leur travail » au lieu de reprendre n’importe quoi.

« Nous voulons faciliter les élections pour les citoyens,peut-être en utilisant la carte d’identité au lieu des cartes et deslistes électorales », a-t-il dit. Cela permettrait en effet degagner du temps. Les listes, extrêmement décriées sont à refaire dans le pays. « Lepremier but est d’avoir une loi électorale propre » a souligné le présidentde la commission, précisant : « on ne va pas laisser la constitution dansla seule main des juristes ». « Aussi nous allons créer un siteinternet où chacun pourra écrire des commentaires » a-t-il affirmé.

Parité

Yadh Ben Achour a par ailleurs assuré qu’il faut penser à unereprésentation des Tunisiens de l’étranger. « Nous n’y avions pas pensé.Merci de nous le faire remarquer, nous allons prendre cela en compte »a-t-il indiqué au journaliste qui lui posait la question. Un membre de lacommission interrogé sur la question de la parité a souligné que « le codeélectoral doit prôner la parité et mettre en place des quotas mais qu’il esttrop tôt pour dire lesquels. »

« Je sais que c’est difficile pour la population mais nousavons besoin d’un minimum de confiance. Nous devons tous contrôler legouvernement, chacun doit pouvoir observer son action et faire entendre sonavis » a-t-il ainsi fait valoir.

« Il faut apaiser la population avec des décisions rapides. Jevais dire au gouvernement qu’il doit apaiser les cœurs et lui demander unefeuille de route pour au plus tard le 1er mars. »

Source : « Le Nouvel Obdervateur » Le 23-02-2011

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110223.OBS8566/tunisie-les-premieres-pistes-pour-les-reformes-politiques.html

 

Unavant-goût de Tunisie ?


Pour le premier anniversaire de la mort du dissident OrlandoZapata Tamayo après 86 jours de grève de la faim, plusieurs manifestations sontorganisées sur l’île et dans le monde. Mais sa tombe est gardée par la police,relève la blogueuse Yoani Sánchez qui fait le parallèle avec la révolutiontunisienne.

es cimetières de village sont pittoresques et tristes, avec leurstombes passées à la chaux, le soleil dardant toute la journée ses rayons surleurs faïences et leurs chemins de terre tassée par le passage des prochesendeuillés. Ce sont des lieux où l’on n’entend généralement que des sanglots.Mais dans le petit village de Banes [à l’est de Cuba], il y a un cimetière oùdes cris insolites ont retenti ces douze derniers mois. Et pour couronner letout, depuis quelques jours l’entrée des lieux est gardée, comme si les vivantspouvaient contrôler l’espace où gisent les morts. Des dizaines d’agents depolice veulent empêcher les amis et les proches d’Orlando Zapata Tamayo [mortsle 23 février 2010 après 86 jours de grève de la faim pour demander lalibération des prisonniers politiques] de commémorer le premier anniversaire desa mort.

Ceux qui patrouillent aujourd’hui autour de la tombe de ce maçonsavent bien qu’ils ne pourront jamais l’accuser – contrairement àd’autres  – d’être un membre de l’oligarchie qui cherchait à récupérer sespropriétés. Ce métis, né après le triomphe de la révolution, qui n’a pas crééde plateforme politique et n’a jamais pris les armes contre le gouvernement,est devenu un symbole inquiétant pour ceux qui, eux, se cramponnent aux biensmatériels qu’ils ont acquis avec le pouvoir : les piscines, les yachts, lesbouteilles de whisky, les comptes en banque bien garnis et les demeuresréparties sur tout le territoire national. Un homme élevé dans l’endoctrinementidéologique leur a échappé en franchissant la porte de la mort et les a laissésde l’autre côté du seuil, plus faibles, plusminables.     

Parfois, la mort d’un être lui donne à jamais une place dansl’histoire. Cela a été le cas de Mohamed Bouazizi, le jeune Tunisien qui s’estimmolé par le feu devant un bâtiment gouvernemental parce que la police luiavait confisqué les fruits qu’il vendait sur une place. Les conséquences de sonimmolation étaient complètement imprévisibles, et encore plus « l’effetdomino » qu’elle a entraîné dans le monde arabe. La mort d’un Cubain,survenue le 23 février 2010, a inscrit dans le calendrier une date gênante pourle gouvernement. Aujourd’hui même, alors que Raúl Castro s’apprête à célébrerses trois ans à la barre de la nation, beaucoup se demandent ce qui va sepasser à Banes, dans le petit cimetière où les défunts sont plus surveillés queles détenus d’une prison.

La police politique encercle beaucoup de Cubains, mais elle nepourra empêcher le nom du défunt Zapata Tamayo d’être plus évoqué cette semaineentre les murs des maisons que le long rosaire des fonctions dugénéral-président.  

Source : « Courrier international » Le 23-02-2011

Lien : http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/23/un-avant-gout-de-tunisie

 

SlimAmamou, le blogueur devenu secrétaire d’Etat


Le cyberdissident le plus célèbre de Tunisie ne s’embarrasse guèrede protocole dans sa fonction de membre du gouvernement. Slim404, comme ses compatriotes l’appellent, reçoit, débat, discute. Entretien. (DeTunis)

Vous êtes considéré comme un des héros de la révolution (ilcoupe!)

Je ne me considère pas du tout comme un héros mais j’y travaille.Et je pense être sur le bon chemin pour le devenir dans 30 ou 40 ans.

Comment s’est fait le passage de la prison au gouvernement ?

J’ai été très pragmatique en acceptant tout de suite ce poste desecrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports parce qu’il me permettait d’êtreproche des membres du gouvernement et d’être là où les décisions se prennent.Et c’était très important que l’un d’entre nous soit dans le gouvernement pourêtre garant de nos revendications.

Ici, une partie de la blogosphère vous a beaucoup reprochéd’accepter de siéger dans un gouvernement aux côtés d’anciens dignitaires durégime Ben Ali ?

Oui ! Mais je suis bien plus utile et efficace à l’intérieurdu pouvoir qu’en dehors. Je rends compte aux Tunisiens de ce qui s’y passe. Etpuis, de toute façon, il fallait que ceux qui ont fait la révolution y soient.J’ai assumé mon rôle jusqu’au bout.

Justement, dès le premier conseil des ministres, vous rendezcompte instantanément des débats sur Twitter. Vous allez continuer?

Pas exactement de cette manière !La première fois, j’étais unpeu pirate dans le sens où je n’ai pas demandé la permission. Au second conseildes ministres, on m’a gentiment demandé d’attendre la fin pour twitter. Doncdorénavant, c’est que je vais faire.

Pourquoi?

J’écoute. Les autres ministres m’ont convaincu que ce n’est pasune bonne stratégie de communication. Des erreurs peuvent être faites et nousn’avons aucune marge pour rectifier. Bref, cela pouvait être source dedésinformation.  

Est-ce que c’est une web-révolution?

Non, Internet a servi de support à la révolution. Que s’est-ilpassé ? Des manifestations ont eu lieu à Sidi Bouzid et en l’absence desupport classique comme la presse, nous avons relayé la révolte. Internetest le support de notre révolution. Sans médias, ni relais, point derévolution. C’est essentiel. Même avec la mobilisation de tous les réseaux etmodes d’expression sur le web, la révolution a tardé et a eu beaucoup de mal àse faire. Ce que tout le monde oublie aujourd’hui, c’est que nous avionsessayé à plusieurs occasions, notamment lors des soulèvements dans le bassinminier de Gafsa en 2008.  L’expérience tunisienne va servir dans le reste du mondearabe ?

Absolument ! Egypte, Bahreïn…Sur Internet, pas de frontières.Nous sommes tous ensemble. C’est la même révolution qui continueet se déroule un peu partout dans le monde arabe. Elle a commencé en Tunisie unpeu par hasard car elle aurait pu démarrer ailleurs.

En Egypte, Moubarak a coupé le pays d’Internet. Ce que,curieusement, Ben Ali n’a pas fait ?

Ben Ali s’est fait avoir. Lacensure pensait toujours avoir la maitrise de l’information sur le web. Or nousavons appris à maitriser la censure. Nous savions la déjouer et se retournercontre elle.

L’attente de la jeunesse est immense. Qu’allez-vousfaire?

La priorité est l’organisation d’élections présidentielles libreset démocratiques. Mon poste à la jeunesse et aux sports, c’est uniquement pourgérer les affaires courantes. Eventuellement, si je peux améliorer les maisonsdes jeunes en très mauvais état, je le ferais. Mais l’objectif rested’organiser des élections le plus rapidement possible. Tout le gouvernement s’yattèle. C’est son seul objectif.  

Dans quel délai ?

On parle de six mois mais une commission indépendante va statuer. Nousn’allons pas interférer dans son travail.

Des manifestants continuent toujours de réclamer le départ desanciens du régime comme le Premier ministre Ghannouchi. N’ont-ils pasraison ?

Pour mener à bien la transition, il faut avoir des hommes quimaitrisent la gouvernance et les arcanes de l’Etat. Mohamed Ghannouchi estquelqu’un d’intègre. Tout le monde s’accorde là-dessus. Il avaitmême pris ses distances vis-à-vis de Ben Ali. Soyons pragmatique !

Il faudra travailler avec les RCDistes ? (Ndlr : Nom donné aux partisans de Ben Ali en référence à son parti RCD- Rassemblement constitutionnel démocratique)

Nous sommes obligés. Ils sont partout dans l’administration. Etles ‘’Rcdistes’’, pour la plupart, ne sont pas des éléments actifs. Ilsétaient contraints. Ensuite, les exclure reviendrait à jeter dehors la moitiéde la Tunisie.

Le péril islamiste ?

Il n’existe pas. La révolution l’a prouvé. Les islamistes ont étéinexistants durant toute la révolution. Avant, on avait peur; mais aujourd’huiavec tout ce qui s’est passé, je suis tranquille.  Maintenant, le jeudémocratique est ouvert. Nous n’allons plus exclure aucun camp.  Que lemeilleur gagne !

Vous allez rester actif dans la blogosphère ?

Bien sûr, je vais twitter, bloguer plus que jamais ! Une carrière politique en perspective ?

Très courte. Elle finit quand les élections seront organisées. Etaprès, je vais m’intéresser au monde.  C’est-à-dire ?

Il faut inventer de meilleurs outils pour faire émerger un nouveautype de citoyens. Une nouvelle forme de participation  à la vie publiqueexiste maintenant. Il faut penser des outils qui correspondent mieux à cettenouvelle donne. La citoyenneté est aujourd’hui au-delà des frontières desEtat-nations. Il faut savoir que des Egyptiens, des Bahreïniens, des Allemands,des Américains  ont a participé à la révolution tunisienne.

La France a soutenu Ben Ali jusqu’au bout. Surpris ?En colère?

Je dis aux citoyens français: merci. Ils nous ont soutenu et ontparticipé à la révolution.

D’accord, mais je parlais du gouvernement français…

C’est aux Français de s’occuper de leur gouvernement. Je nem’en mêle pas.

Oui mais cette position a eu des incidences : la démission devotre collègue des affaires étrangères ?

C’est son choix. Nous travaillons dans des conditions trèsdifficiles. La pression psychologique est très compliquée à gérer. Il a décidépersonnellement de partir. Je le comprends ! Moi aussi, j’ai été tenté parla démission à certains moments tant la pression du peuple était forte.

Peur de décevoir ?

Je n’ai absolument pas peur de décevoir. Maconfiance en l’avenir de mon pays est totale. Même si je déçois, le peupletunisien ne décevra pas.

Source : « Respect » Le 23-02-2011

Lien : http://www.respectmag.com/2011/02/23/entretien-avec-slim-amamou-le-blogueur-tunisien-devenu-secretaire-d%E2%80%99etat-4951

 

Le pointsur la révolution dans les pays arabes


Depuis quelques semaines, un vent de liberté souffle sur les paysdu Maghreb et du Proche-Orient. Débutée en Tunisie, la contestation des régimesen place a gagné progressivement l’Égypte, le Yémen, le Barheïn et aujourd’huila Libye. Tout commence le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, au centre de la Tunisie, quandun jeune vendeur s’immole par le feu après que sa marchandise ait étéconfisquée par la police. S’ensuivent des émeutes dans tout le pays, lesTunisiens réclamant la démission du président Ben Ali et la mise en place d’unevéritable démocratie dans le pays. Quelques semaines plustard, le 14 janvier 2011, le président Ben Ali quitte le pays pour se réfugieren Arabie Saoudite. La révolution arabe ne fait que commencer. En effet après la Tunisie, c’est autour de l’Égypte de faire la sienne. La population, que la crise paupérise,demande également la démission d’Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, et lamise en place d’un régime démocratique. Les Égyptiens reprennent les sloganstunisiens, notamment le fameux « Dégage ». Les insurgés campentplusieurs nuits sur la place de la Liberté du Caire, bientôt rejoints parl’armée. Le 11 février, le Raïs démissionne. Quelques échauffourées ont également lieu en Algérie et au Maroc, viteréprimées. Au Soudan, en Iran et en Jordanie, la jeunesse organise desmanifestations pour la démocratie. C’est au Barheïn, au Yémen et en Libye quela révolte est la plus forte. De nombreux accrochages ont lieu dans la capitaleyéménite entre les partisans du président Saleh et des opposants, dans lacapitale Sanaa. Manama, au Bahreïn, est le théâtre de nombreuses manifestationscontre la monarchie dirigée par Hamad ben Issa al-Khalifa. Dans ces pays, l’armée continue à soutenir le régime en place.C’est en Libye que la situation semble la plus explosive. Alors que lapopulation brandit des drapeaux de la monarchie et demande son départ, MouammarKadhafi s’est adressé à ses partisans, les exhortant à punir les insurgés.Toute la partie est du pays, où se trouvent les ville de Tobrouk et Benghazi,est passé sous le contrôle de la population. Des militaires ont désertéle pays et ont atterri à Malte, refusant de bombarder la population. Laposition du dirigeant libyen est de plus en plus difficile, l’opinioninternationale condamnant vigoureusement l’usage de la force contre lesmanifestants. Le printemps des peuples arabes semble en marche…

Source : « La Depeche » Le 23-02-2011

Lien : http://www.ladepeche.fr/article/2011/02/23/1020817-Le-point-sur-la-revolution-dans-les-pays-arabes.html

 

Ettadhamen,cité martyre de Tunisie


Pochede misère emblématique, ce quartier populaire de la périphérie de Tunis a payéun lourd tribut à la révolution. Mais ses habitants se sentent aujourd’huiabandonnés de tous. Reportage.

Toutle monde a vu Hénia à la télé. Il y a trois semaines, Al-Jazira a diffusé lesimages de cette mère hurlant sa douleur devant le catafalque de son fils.Depuis, de grosses larmes silencieuses ne cessent de rouler sur ses jouesrondes et brunes. Elle exhibe une photo froissée de Hichem, torse nu, uneétoile écarlate sur la poitrine. Unique soutien d’une famille de six personnes,il a été tué d’une balle en plein cœur, le 13 janvier. « Il rentrait duboulot. Il avait appelé pour dire qu’il y avait du grabuge et qu’il fermaitboutique. Avec les barrages sur la route, il a préféré prendre un raccourci. Endébouchant d’une rue, il a reçu une balle tirée sans sommation par despoliciers, en plein jour…, marmonne Khaled, le fils aîné, en serrant sa mère dansses bras. Hichem, Khaled, Qays… Le quartier a eu trois martyrs en unejournée. Dans notre rue, les cortèges funèbres se succédaient pendant que le pays faisait la révolution… »

Mèrescourage

Letribut payé par le quartier d’Ettadhamen, enclave populaire dans la prochepériphérie de Tunis, est très lourd et ne quitte plus les mémoires, au pointque l’on s’échange encore, dans un élan morbide, les photos et les vidéos desvictimes. « Il y avait des milliers de personnes à son enterrement, maisaujourd’hui, qui se demande ce que nous allons devenir ? poursuit Khaled,avec un mélange de révolte et de résignation. Je suis au chômage. Avant,j’étais sculpteur sur stuc, mais ce n’est plus à la mode. J’ai cherché d’autresformations, en vain. Je veux bien me reconvertir, mais si on ne m’oriente pas,si on ne me forme pas, comment faire ? »

Lescités populaires autour de la capitale sont autant de foyers de violencepotentiels. Il a suffiqu’Ettadhamen s’enflamme pourque, à leur tour, les quartiers de Helal, Ezzouhour, Ezzah­rouni, Kabaria,Douar Hicher s’embrasent. À partir du 12 janvier, quand le mouvement decontestation a gagné les zones urbaines, des hordes de jeunes, venus d’autresquartiers, ont mis la cité à sac. Situé à sept kilomètres du centre de Tunis,Ettadhamen, version maghrébine des favelas, abrite200 000 personnes, originaires principalement du Nord-Ouest, qui onttroqué la misère rurale contre la précarité urbaine. Le quartier est à lui seulune petite ville où l’indigence se drape dans de longues robes et des fichus,et s’abrite dignement derrière des constructions anarchiques aux murs à peinecimentés qui ne verront sans doute jamais un coup de peinture. « Jepenserai à peindre quand ma fille se mariera, dit Mounir, un chauffeur de taxi.J’ai le temps, elle n’a que 9 ans. » Il n’a surtout pas les moyens ;entre l’entretien du taxi et les bénéfices qu’il partage avec un associé, cepère de quatre enfants dégage à peine 10 euros par jour. « On achète lesyaourts à la pièce et le beurre par 50 g », dit-il. S’il a du mal àjoindre les deux bouts, il fait néanmoins partie des plus chanceux.

Vérolépar la pauvreté et le chômage, le quartier est sous l’emprise de la violence etdes trafics en tout genre, d’où sa mauvaise réputation. Pourtant,de jour, rien ne transparaît ; les gens vaquent tranquillement à leursoccupations, comme partout ailleurs. Les femmes y sont pour beaucoup, qui sesont lancées dans diverses activités, gèrent de modestes commerces etpratiquent des petits métiers pour subvenir aux besoins de leurs familles.Elles ont ainsi érigé un rempart diurne masquant la délinquance.

Béniesoit la microfinance

Depuisprès de vingt ans, les petites gens d’Ettadhamen ont cependant leur bouée desauvetage : Enda inter-arabe, une institution de microfinance. Ens’installant dans la cité, elle leur a redonné confiance en leur capacitéd’entreprendre et permis de monter de petits projets. Si bien que, au plus fortdes émeutes, les habitants du quartier ont défendu les locaux de cetorganisme aux cris de « C’est à nous ! Pastouche ! On ne mord pas la main qui nous a été tendue ! »Aujourd’hui, Enda inter-arabe, qui a octroyé, en Tunisie, plus de600 000 crédits à quelque 200 000 clients, se met aussi à l’écoutedu quartier. « Il ne s’agit pas de suivre des demandes de prêt ou de fairedu recouvrement ; les dégâts sont tels que les gens sont en état de choc,témoigne Intidhar, directrice de la section locale. Il faut les entendre pourpouvoir sérier les problèmes et savoir où et comment agir. » Par sontravail de proximité, Enda inter-arabe est devenu un interlocuteur pluscrédible que les institutions officielles, dont les locaux ont étésystématiquement incendiés.

Entredéfaitisme et espoir

Troissemaines après la révolution du 14janvier, lequartier porte encore les stigmates de la violence qui a sévi pendant près decinq jours. Néjiba en tremble encore. « J’avais accompagné mon mari danssa tournée de distribution de produits d’hygiène. Nous n’étions au courant derien. Une bande de jeunes encagoulés nous a attaqués. Ils ont volé la voitureet m’ont frappée à coups de bâtons. À 3 mètres, un homme a été abattu. Desvoisins m’ont sauvée de ces pilleurs fous qui étaient plus nombreux que lessoldats. » Et de poursuivre : « Avant, on ne comprenait pasgrand-chose. Maintenant, on comprend encore moins. J’entends le soir, depuismon balcon, des anciens du parti qui affirment qu’avec l’ancien régime nousétions en paix. Et je vois, dans la mosquée d’en face, des gens se réunir etdistribuer des tracts. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais je crains lepire, rien n’est terminé. J’ai peur. »

Àses côtés, Sondous berce son nouveau-né et se veut optimiste : « Cen’est qu’un mauvais moment à passer. La vie continue, sans doute en mieux, mêmesi on ressent que la situation est encore très instable. Un peu depatience. » Pour sa part, Fethi n’a pas attendu pour redémarrer. Il vientà peine de finir de remettre sur pied sa petite échoppe de plaquesminéralogiques. Le visage constellé de peinture, ilsourit : « Les commerçants de ma rue ont subi de gros dégâts,beaucoup ont perdu toute leur mise, mais on a tous été solidaires. Pour allerplus vite, on a pris le même expert pour les dossiers d’assurance, on a partagétous les bons plans possible. Je ne pouvais pas racheter les machines qui ontété détruites, alors on m’en a spontanément prêté quelques-unes. J’airécupéré des rouleaux de vinyle dans la rue et je ferai appel à lasous-traitance en attendant de voir venir. Il n’est pas question de baisser lesbras et de s’arrêter. »

Accoudéeau comptoir de sa petite épicerie, Chérifa ne s’en laisse pas conter.« Tant que la police ne reviendra pas, tonne-t-elle, Ettadhamen seraplongé dans l’anarchie. Tous les jours, des vols, desbraquages et des agressions contre les femmes sèment la terreur. Il ne faut passe leurrer ; la vie n’a repris qu’en apparence. On a été meurtris sanssavoir ni par qui ni pourquoi. Aujourd’hui, rien n’a changé, c’est même pire.La nuit, on ne dort plus, on guette le moindre bruit. Les jeunes ont le choixentre la mosquée et la délinquance. Parfois, ils jouent sur les deux tableaux.On ne fait plus confiance à la police puisqu’elle nous a tiré dessus, mais on abesoin de sécurité et nous ne savons pas à qui nous adresser. Tout a brûlé etles agents sont partis. Personne n’est venu nous voir, on se débrouille entrenous. Nous sommes les oubliés de la révolution. »

Source : « Jeune Afrique » L e23-02-2011

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2614p040-045.xml5/tunisie-tunis-violence-microfinanceettadhamen-cite-martyre-de-tunisie.html

 

Le prochainChef d’Etat-major dirigera la transition


 

L’Algérie va peut-être vivre une nouvelle transition à la tête dupouvoir sans passer par l’insurrection populaire. L’instauration de l’étatd’urgence en 1992 avait donné les pleins pouvoirs au Général Toufik, patron duDRS, qui avait créé les fameux CTRI pour contrôler tout le pays.

 

Dans chaque région militaire, il y avait un Colonel de laDCSA (Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée) qui contrôlait lesmilitaires et un Colonel du CTRI (Centre de Traitement de Recherche etd’Investigation) qui contrôlait tous les pouvoirs civils.

 

A la tête du CTRI, ce Colonel contrôlait un ou plusieurs walis etétait destinataire d’une copie de tous les courriers et décisions importantes.Par le biais du wali et des commissions territoriales, il contrôlait tous lesélus (APW, APC), ainsi que les procureurs.

 

Sous couvert de lutte anti-terroriste, le DRS s’était arrogé unpouvoir totalitaire et anti-constitutionnel qu’est venu contrecarrer en 1999Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur, qui avait forcé Toufik à unesorte de « cohabitation » avec un partage du pouvoir sur les waliset la DGSN, pourtant dirigée par des militaires.

 

Sous couvert d’une très controversée lutte anti-terroriste,spécifique à l’Algérie, les officiers du DRS ontoutrepassé leurs missions sécuritaires et se sont mêlés d’affaireséconomiques.

 

Une concurrence acharnée entre le clan présidentiel d’Oujda et leclan du DRS a dangereusement explosé les compteurs de la corruption(affaires Khalifa, Sonatrach, BRC, etc…).

 

D’après les dires de Ould Kablia, les nouvelles dispositions de la »lutte anti-terroriste » ont dépouillé le DRS de ses pouvoirs, auprofit de l’état-major général de l’ANP, avec probablement la dissolutionprochaine des CTRI régionaux.

(voir article ci-dessous)

 

Les récentes révélations de Jean-Pierre Raffarin sur deschangements imminents, et la visite éclair de William Burns, annoncent peut-êtrel’accélération de la réforme du régime algérien sans passer par l’affrontementavec la population qui aspire à la même ferveur révolutionnaire que toutes lesrues arabes.

 

La mise à l’écart du général Souleymane en Egypte est unsigne révélateur que les USA et l’Europe ne veulent plus miser sur des Etatsarabes militaro-policiers, mais sur des élites civiles.

 

Tous les regards sont maintenant tournés vers le vieux chefd’état-major Ahmed Gaid Salah (76 ans). Va-t-il jouer le même rôle quele général Tantaoui en Egypte? Ou être remplacé par un nouvelhomme fort?

 

Saâd Lounès

 


Rôle del’armée, protection de certains détenus, maintien de l’ordre…


Ce qui va changer en matière delutte contre le terrorisme en Algérie

Avec la levée de l’état d’urgence, la lutte antiterroriste seradésormais menée par l’état‑major général de l’ANP. «Alorsqu’auparavant, les opérations étaient conduites par les chefs de régionsmilitaires. Aujourd’hui, c’est une action de coordination qui est centraliséeau niveau de l’état major général», adéclaré Dahou Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des collectivitéslocales, invité jeudi de la Chaîne III de la radio nationale.

 

Leministre est revenu sur les dernières mesures prises par le Conseil desministres portant sur la modification de la loi 91/23 du 06décembre  1991 relative à la participation de l’Armée à desmissions  de sauvegarde de l’ordre public hors des situationsd’exception et introduisant la lutte contre le terrorisme et la subversion. Rien nechangera, selon le ministre, dans le déploiement de l’armée, dans son suivi etdans l’évaluation de ses actions.  

 

Mais, ila indiqué qu’après la levée de l’état d’urgence, avec l’abrogation du décretlégislatif du 06 février 1993  portant prorogation de l’étatd’urgence, l’armée ne peut pas être réquisitionnée par l’autorité civile. « Pourles opérations contre le terrorisme, l’armée aura toujours le concours de lapolice et de la gendarmerie pour les barrages, le renseignement, le soutienlogistique. Cela ne change pas », a‑t‑ilindiqué.

 

Lesperquisitions de nuit et les barrages tenus par des militaires vont égalementdisparaître. Il a rappelé que les perquisitions nocturnes ne sont prévues nidans le code pénal ni dans le code de procédure pénale. « Il n’estpas nécessaire d’aller jusque-là parce que les choses sont mieux maîtrisées. Etla lutte contre le terrorisme a donné d’excellents résultats et en donneradavantage dans les prochaines semaines sinon dans les prochains mois »,a‑t‑il noté.

 

Lespersonnes inculpées dans des affaires de terrorisme et détenues peuvent, selonlui, être protégées si elles contribuent à l’effort de lutte contre leterrorisme ou aident à avoir un complément d’informations. Le Conseil desministres a adopté un projet d’ordonnance qui complète le Code de procédurepénale en permettant la mise en place d’une  protection pour unecertaine catégorie d’inculpés, en raison des informations  qu’ilsdétiennent, et qui sont de nature à aider la justice à approfondirses  investigations et à prévenir des actes terroristes. 

 

« C’estune manière de soustraire ces personnes à un quelconque acte de vengeance.L’assignation à résidence est laissée à l’appréciation du juge d’instruction.On a souvent reproché aux services de renseignements militaires de détenir despersonnes pendant des périodes indéterminées à l’insu de toute autorité ou àl’insu de leurs familles ou des avocats. Dorénavant, ces détenus seront missous la surveillance d’une autorité judiciaire. Celaoffre des garanties », a‑t‑il indiqué.

 

MerouaneMokdad

 

 

 

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