24 février 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2832 du 24.02.2008

 archives : www.tunisnews.net

Pétition pour dénoncer les agressions contre les militantes Fatma Ksila et Samia Abbou Pétition: Tunisie – Justice pour Naoufel Sassi Omeyya Seddik: Petite synthèse sur la situation en Tunisie Slim Bagga: Infos Slim Bagga: Ben Ali: Mon nom est complot Houcine Ghali: Les eculubrations du parti vert pour le progres Ridha Kefi: Tunisie – Les islamistes font-ils encore peur ? Bakchich : Sarkozy ne veut plus serrer les mains des ennemis d’Israël IcWales: Tunisia cash withdrawals fraud: new victim steps forward Le Temps: Trafic de drogue :Saisie de 150 kilos de Hachich La Presse: Entretiens sur la musique – Ali Saïdane : «Populaires, dites-vous…?» Ashraf Zayd: Discours sur le « Discours » Ou La philosophie par les nuls Khil we Lil: Censure, autocensure et dissidence


 

 

Tunisie : Pétition pour dénoncer les agressions contre les militantes Fatma Ksila et Samia Abbou

Deux militantes des droits humains, Mme Fatma KSILA, Secrétaire générale du CRLDHT (Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie) et Mme Samia ABBOU, membre de l’ALTT (Association de Lutte contre la Torture en Tunisie), viennent d’être sauvagement agressées par des sbires de la police politique de Sousse.

Venues enquêter auprès des familles de prisonniers politiques impliqués dans l’affaire dite de « Soliman », elles ont été victimes de bousculades, de coups répétés et d’insultes ordurières.

En vérité, il s’agit au pays du C.S.P (code du statut personnel), de pratiques courantes contre tous les militantes et militants démocrates.

Voilà un régime qui ne manque pas une occasion pour « défendre les droits des femmes », qui aligne ses ministres femmes comme autant d’arguments de « féminisme » et qui ne cesse d’attenter à ces mêmes droits avec une brutalité et une obscénité sans nom dès lors qu’il s’agit de défenderesses des droits humains ou de militantes politiques.

  • Nous avons tous en mémoire les montages pornographiques immondes contre certaines militantes.
  • Nous n’oublions pas non plus le sort inqualifiable réservé aux magistrates de l’AMT (Association des Magistrats Tunisiens), aux épouses et aux sœurs des prisonniers politiques et, tout récemment, le déchaînement de la presse de caniveau contre Souhayr Bellhassen, présidente de la FIDH.
  • L’agression contre Fatma KSILA et Samia ABBOU fait partie de cette politique de la terreur réservée aux militantes femmes, qui constitue un volet de la répression permanente de tous les militants de la liberté.
  • Nous, citoyens tunisiens résidents en France, tenons à exprimer notre solidarité avec Fatma et Samia et à dire l’indignation et le dégoût que nous inspirent de telles pratiques.
  • Au-delà de la simple indignation nous nous considérons mobilisés pour envisager différentes formes d’action afin de dénoncer et informer tous les milieux démocratiques des ignominies au quotidien perpétrés dans notre pays.

Premiers signataires :

(Pour signer la pétition envoyer un mail à

rita@ras.eu.org)

Abdelwahab Hammami

Abir Ghali

Abir Kréfa

Adel Thabet

Adnane Ben Youssef

Bahija Ouezini

Béchir Abid

Fatima Ouassak

Habib Ouerda

Hédi Jilani

Hichem Abdessamad

Houda Zekri

Imed Daimi

Iyed Dahmani

Kamel Ghali

Kamel Jendoubi

Khemais Ksila

Lotfi Hammami

Mohamed Ben Saïd

Mohamed Bhar

Mohieddine Cherbib

Moncef Guedouar

Nejib Baccouchi

Omeyya Seddik

Ramzi Oueslati

Sofiene Makhloufi

Tarek Ben Hiba

Tarek Maatoug


 

Pétition

Tunisie – Justice pour Naoufel Sassi

Un énième procès se déroule en Tunisie dont les audiences ont été ouvertes le 4 janvier 2008. Il concerne trente tunisiens arrêtés en 2006 qui ont tous ont été victimes d’actes de torture et parfois d’abus sexuels, constatés et documentés, dans les centres de détention de la police et/ou dans les prisons tunisiennes.

Parmi eux, M. Naoufel Ben Slimane Sassi, 45 ans, père de quatre enfants, expert en gestion financière et en fiscalité a été arrêté devant son cabinet dans le centre de Tunis le mercredi 14 juin 2006. Il a été détenu au secret pendant trois semaines. Sans nouvelles de lui, son épouse a déposé le 21 juin 2006 une plainte pour enlèvement auprès du procureur de la République enregistrée sous le n° 7028436/2006.

Par la suite, au mois de juillet 2006 M. Sassi est réapparu à la prison de Tunis, soumis à une détention préventive dont la régularité du point de vue de la procédure a nécessité une falsification du procès verbal d’arrestation. Son procès s’est ouvert le 4 janvier 2008, un an et demi après son arrestation[1].

Mr Naoufel Sassi a payé très cher ses opinions. En 1990, il a été jugé pour « appartenance à une organisation non autorisée » et a passé dix mois de prison après avoir subi de longues séances de torture. En 1993 il est de nouveau arrêté, incarcéré au secret et torturé pendant quarante jours sans aucun jugement. Depuis sa libération, il a été privé pendant plus de six ans de facto du droit au travail, au passeport, à la sécurité sociale, et contraint à un régime très lourd de contrôle administratif. Dans cette nouvelle affaire, il est poursuivi pour six chefs d’inculpation sur le fondement des articles 11 à 21 de la loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003 à propos de laquelle Amnesty international déclare : « (…) la situation des droits humains en Tunisie s’est manifestement détériorée depuis l’introduction de la Loi antiterroriste de 2003. Ce texte contient une définition vague du terrorisme, qui a été utilisée par les forces de sécurité pour viser les défenseurs des droits humains, les critiques pacifiques et les opposants du gouvernement, dans une tentative d’étouffer toute critique indépendante. Des actes de torture et d’autres mauvais traitements sont toujours signalés, notamment dans les prisons. Des centaines de prisonniers politiques détenus en lien avec des activités terroristes présumées, notamment des prisonniers d’opinion, subissent toujours des conditions carcérales constituant un traitement ou châtiment cruel, inhumain et dégradant, voire une forme de torture »[2]. Il s’avère, suite à vérification, que des parties entières du dossier d’accusation de l’affaire en cours proviennent du dossier d’instruction du procès de 1990 pour lequel M. Sassi a déjà été condamné et a purgé une peine : Les interrogatoires, les chefs d’inculpation et les différents témoignages sont identiques. Cela ressemble tout simplement à une opération de « copier/coller », par conséquent M. Sassi serait jugé deux fois pour les mêmes « faits » !

Nous soussignés :

1/ Déclarons être profondément préoccupés par son sort et par celui de toutes les victimes de pratiques judiciaires et policières illégales du point de vue de toutes les lois et conventions protégeant les droits humains et les droits des personnes justiciables.

2/ Sommes attentifs au déroulement de ce procès et sommes disponibles pour soutenir toute initiative visant à la défense des droits de Monsieur Sassi et à la dénonciation des graves atteintes aux droits fondamentaux dont trop de personnes sont l’objet en Tunisie. 

Premiers signataires :

Abdallah Samir – Réalisateur, France

Acerbo Maurizio – Député, Italie

Aigon Odile – Fonctionnaire territoriale, France     

Aknin Luce – Etudiante, France  

Alouani Hafida – Etudiante, France  

Amici Sesa – Députée, Italie

Andalouci Siham – Correctrice, France  

Angelini Corinne – Maire adjointe, professeure de comptabilité, France  

Arab Chadia – Enseignante, France

Arnoux Philippe – Enseignant, France  

Attina Dominique – Artisan italien, France  

Audette Emma – Journaliste, France  

Autexier Samuel  – Secrétaire de rédaction, France  

Azais Serge – Paysan, France

Bechara Soha – Ancienne prisonnière du camp de Khiam, libanaise, Suisse  

Bénard Gilles – Restaurateur, France  

Ben Hiba Tarek – Conseiller régional, France

Ben Kirane Zakaria  – Ingénieur marocain, France  

Ben Sadia Hamida  – Chef de projet, France  

Ben Said Mohamed – Médecin tunisien, France

Ben Yedder Nadhir – Avocat, Tunisie  

Ben Youssef Adnane – Ingénieur Tunisien, France  

Benezech Geneviève – Pharmacienne, France  

Berrabah Rabah- Educateur spécialisé, France  

Bertrand Reynald – Monteur-réalisateur, France  

Bettaieb Riadh – Association Solidarité Tunisienne, France  

Bhar Mohamed – Artiste musicien tunisien, France  

Bianchi Sergio – Editeur, Italie

Blakey Maria – Artiste australienne, France  

Borvo Nicole – Sénatrice, France  

Bouamaied Ksila – Coordinatrice dans une association, tunisienne, France  

Bouchardeau François – Editeur, France  

Bouchardeau Hélène – Etudiante, France  

Bouchardeau Johanna – Assistante d’édition autrichienne, France  

Boughanmi Ezzeddine – Enseignant Tunisien, France

Boumediene-Thierry Alima – Sénatrice, France

Bouteldja Naima – Journaliste, Grande-Bretagne

Brafman Jean – Conseiller régional, France  

Braouezech Patrick – Député, France

Bras Claire – Professeur, Française  

Bret Robert – Sénateur, France

Burgio Alberto – Député, Italie

Busch Néli – Paysanne allemande, France  

Bussoni Ilaria – Rédactrice d’édition, Italie  

Cacciari Paolo – Député, Italie

Caruso Francesco – Député, Italie

Chaari Fethia – Traductrice, France

Chahal Nahla – Anthropologue et éditorialiste libanaise, France

Chammari Khemaïs – Expert-Consultant, Tunisie

Chammari Taoufik – Cadre, Tunisie

Charara Walid – Chercheur, Liban

Cheneviere Cédric – Apiculteur, France  

Cherbib Mouhieddine – Employé Tuniso-français, France  

Chourabi Sofiène – Journaliste, Tunisie  

Chrii Mohammed Rachid – Fonctionnaire, Maroc  

Cogodi Luigi – Député, Italie

Combesque Marie Agnes – Cadre, France  

Copans Sylvain – Ingénieur du son, France  

Cordeiro Albano – Chercheur-retraité, France  

Cossic Adrian – Cadre administratif espagnol, France  

Cours-Salies Pierre – Professeur des universités, France

Dahmani Iyed – Informaticien tunisien, France  

Daimi Imed – Ingénieur tunisien, France  

Daumas Lucile – Documentaliste française, Maroc  

Deiana Elettra – Députée, Italie

Demessine Michelle – Sénatrice, France

De Oliveira Rosa – Sans profession, France  

Derouiche Imène – Militante associative tunisienne, Canada  

Di Salvo Paola, Cercle ARCI, Italie  

Djoufelkit Youssef  – Educateur, France  

Dogot Delphine – Juriste belge, France  

Dreano Bernard – Inspecteur du travail, France  

Duntze Nicolas – Paysan, France  

Duqué Marc – Retraité, France  

Duranti Donatella – Députée, Italie

El Babili Mohamed – Informaticien, France  

El Baz  Ali – Coordinateur d’association marocain, France  

El Morabiti Laaroussi – Syndicaliste marocain, Espagne  

Fabing Bernadette – Cadre, France  

Farina Daniele – Député, Italie

Fath Jacques – PCF, France

Flautre Hélène – Députée Européenne, France  

Folena Pietro – Député, Italie

Fournier Pierre – Retraité d’hôpital, France

Fraysse Jacqueline – Députée, France

Frias Mercedes – Députée, Italie

Gaillot Jacques – Evêque, Partenia

Gantin Karine – Cedetim, France  

Ghali Kamel – Poète, écrivain tunisien, France  

Girard Youssef – Etudiant, France

Gonthier-Maurin Brigitte – Sénatrice, France  

Graceffo Germana – Juriste, Italie  

Guadagno Luxuria Vladimir – Députée, Italie

Guedouar Moncef – Entrepreneur tunisien, France

Guérin Françoise – Lingère, France  

Haji Youssef – Directeur d’ONG Franco-Marocain, Palestine

Hajji Lotfi – Journaliste, Tunisie  

Hammami Lotfi – Doctorant tunisien, France  

Hammoudou Mohamed – Ingénieur, Maroc  

Henry Marion – Jardinière, France  

Iacomino Salvatore – Député, Italie

Id Yassine Rachid – Etudiant, France

Iznasni Nordine – Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), France

Jani Jamel – Association des droits de la personne au Maghreb, Canada  

Jaziri Houcine – Gérant tunisien, France  

Jendoubi Kamel – Président du Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme

Jeribi Maya – Secrétaire Générale du Parti Démocratique Progressiste, Tunisie

Julinet Stéphane – Juriste, Française  

Kakpo Nathalie – Sociologue française, Grande-Bretagne

Korhili Kasser – Coordonnateur de formation, France  

Ksila Khémais – Secrétaire Général de la L.T .D.H, aide de bibliotheque tunisien, France  

Lakehal-Brafman Adjera – Animatrice, France  

Le Masson Richard – Paysan, France  

Lemaire Gilles – Ancien Secrétaire Général des Verts, France

Leoni Carlo – Député, Italie

Lombardi Angela – Députée, Italie

Louchene Karim – Educateur de jeunes enfants, France  

Mainguet Anne-Marie – ACAT, France

Makri Yamin – Editeur, France  

Manai Ahmed – Retraité tunisien, France  

Mantovani Ramon – Député, Italie

Marchesi David – Retraité britannique, France  

Marrucchelli Fernanda – Cadre associatif italienne, France  

Martinez olivier – Confédération Paysanne du Gard, agriculteur, France  

Martin Jeanine – Fonctionnaire, France  

Marzouki Moncef – Médecin tunisien, France  

Mascia Graziella – Députée, Italie

Maury Karine – Vendeuse, France  

Maury Céline – Conseillère f, France

Mespoulet Vincent – Enseignant, France  

Mohamadi Alal Lhassane – Enseignant- retraité, Maroc  

Moraguès José Luis – Maître de conférences, France  

Morain Suzanne – Militante, France

Moumne Morad – Etudiant, France

Muller Rainer – Gérant, France  

Ollivier Marc – Retraité, France  

Passerieux Antoinette – Linguiste, France  

Perugia Mariacristina – Députée, Italie

Pinto  Alfonso – Doctorant, Italie  

Pontiac Mickaël – Educateur, France  

Porquet Cécile – Service assistant française, Etats-Unis d’Amérique  

Poyet Marie-Ange – Réalisatrice, France  

Rekaby Abdel-Amir – Ecrivain irakien, France

Sabench Jean ardouane – Agriculteur, France  

Sassi Mondher – Professeur de philosophie, Tunisie  

Schwan Francis – Militant pour les D.H., Belgique

Seddik Ady – Etudiant, France

Seddik Modhaffar – Commerçant, France  

Seddik Omeyya – Cousin de Naoufel Sassi, tunisien, France  

Seddik Teym – Etudiant, France

Seddik Youssef – Ecrivain tunisien, France  

Sibony Michèle – Enseignante, France  

Siniscalchi Sabrina – Députée, Italie

Sissani Fatima – Journaliste, France  

Smeriglio Massimiliano – Député, Italie

Sommer-Houdeville Thomas – Doctorant, France  

Taleb Lenda – Traductrice, France  

Taleb Nassima – Phytologue, France  

Tari Ali – Educateur spécialisé, France  

Tayah Latifa – Responsable de programme ONG, France

Thabet Adel – Informaticien, France  

Tixier Guillaume – Formateur, France  

Tomassini Antonia – Historienne, rédactrice parlementaire, Italie

Toscane Luiza – Militante, France

Trifi Mokhtar – Avocat, Tunisie

Tromparent Florence – Hôtesse de l’air, France  

Vanhove Myriam – Assistante, France  

Zarka Pierre – Observatoire des Mouvements de la Société, France

Zebib Dounia – Enseignante, France  

Zulueta Tana – Députée, Italie
 


 

[1] Pour des détails quant à cette affaire, consulter : http://naoufelsassi.blogspot.com/

[2] Voir le communiqué de presse « Tunisie. Annonce sur les droits humains, à l’occasion des vingt années de pouvoir du président Ben Ali » du 2 novembre 2007 http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/tunisia-human-rights-briefing-20th-anniversary-president-ben-alis-rule

Omeyya Seddik
zonegrise@yahoo.fr
00 33 (0)6 87 75 74 84 Lire, signer et faire signer la pétition « Justice pour Naoufel Sassi » ICI Visiter le blog « Justice pour Naoufel Sassi » ICI
 

 


 

Urgent – Tunisie

Les principales infos d’actualité :

 
– Recrudescence des procès prétendument liés à des entreprises terroristes concernant des centaines de tunisiennes et de tunisiens, procédures à chaque fois condamnées par toutes les ong de défense des droits humains – Confirmation en appel d’une condamnation à mort dans l’affaire dite de « Soliman », seule parmi la vague de procès en cours portant sur des faits réels survenus dans des conditions confuses. Précédent grave car exécution possible suite à un procès dont le déroulement scandalise tous les observateurs nationaux et internationaux – Tabassage en règle de deux militantes des droits humains procédant à une enquête auprés de familles de détenus. – Candidature précoce aux élections présidentielles d’une figure connue de l’opposition démocratique. Me Nejib Chebbi s’attaque de front au système de la présidence à vie, de la « gouvernance » par la répression policière, par le clientélisme et la prédation. – Une pétition de soutien à un opposant pousuivi dans une parodie de procès (audience le 25 février) recueille des centaines de signatures parmi lesquelles une trentaine de parlementaires italiens et français. Je vous adresse ci-dessous une synthèse sommaire de la situation prévalant en ce moment en Tunisie. Elle est suivie du texte d’une pétition ayant mobilisé un grand nombre de personnalités dont beaucoup de parlementaires. Ces infos sont à utiliser librement, si vous pensez que c’est utile, et de la manière qui vous semble la meilleure. O. S.  
 
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Petite synthèse sur la situation en Tunisie

Pour toutes précisions, informations complémentaires, références ou contacts : 00 33 (0)6 87 75 74 84 ou zonegrise@yahoo.fr La situation en Tunisie ces derniers temps est des plus inquiétantes. Outre une conjoncture socio-économique explosive illustrée notamment par une révolte populaire dans le sud-ouest du pays contre la cherté de la vie et contre une politique déterminant un taux de chômage très fort, le nombre de grèves non contrôlées par la centrale syndicale unique est en très forte augmentation. Face à cela le régime autoritaire du général Ben Ali investit principalement dans le sécuritaire et le répressif. Un appareil policier et judiciaire hypertrophié lui sert, à l’intérieur du pays de principal instrument de gestion du mécontentement par la peur, au niveau international il lui sert à recueillir le soutien des Etats-Unis et de l’Europe en se positionnant comme un agent zélé de la Guerre Globale contre le Terrorisme. Pour justifier ce statut et pour diffuser la terreur dans sa population, le pouvoir multiplie les poursuites, les arrestations et les procès en lien avec une loi antiterroriste promulguée en décembre 2003. Ce type de procès, dont l’écrasante majorité est construite à partir de dossiers complètement vides, concerne maintenant des milliers de Tunisiens et de Tunisiennes. Ceux-ci sont en règle générale soumis à la torture et à toutes sortes de mauvais traitements et sont souvent condamnés à des peines très lourdes. La plupart des ONG de défense des droits humains, nationales et internationales, se sont alarmées de cette situation et ont condamné à chaque fois les procédures en question. Le procès qui fait l’objet de la pétition et de la mobilisation rapportées ci-dessous est l’une de ces mascarades.Ces derniers jours, un autre procès s’est déroulé à propos de la seule affaire (parmi des centaines) où des faits matériels constatés sont reprochés aux prévenus. Il s’agit de l’Affaire dite de « Soliman », du nom de la ville prés de laquelle des fusillades ont opposé des jeunes islamistes aux forces de l’ordre. Ce procès s’est tenu en présence de nombreux observateurs nationaux et internationaux qui, tous, ont dénoncé les violations systématiques de la procédure et des droits de la défense. Ce procès s’est conclu par une condamnation à mort confirmée en appel, plusieurs condamnations à la prison à vie et à des peines très lourdes d’emprisonnement. La répression brutale et les mauvais traitements peuvent toucher tout le monde. La semaine passée deux femmes, mesdames Ksila et Abbou déléguées par une association de défense des droits humains et par une association de lutte contre la torture, sont allées recueillir des témoignages de familles de prévenus en vue de l’élaboration d’un rapport sur la situation judiciaire en Tunisie. Elles ont été rouées de coups par la police politique et se sont vues confisquer tout leur matériel d’enquête. Plus largement, le pays vit une situation de blocage qui dure depuis des années. Le pouvoir de M. Zine el-Abidine Ben Ali, qui a accédé à la présidence suite à un putsch contre Habib Bourguiba le 7 novembre 1987 soutenu en sous-main par les Etats-Unis d’Amérique et par l’Italie. Il s’est construit un appareil policier énorme et omniprésent ; il a mis en place un système de clientélisme et de prédation financière et économique qui permet à quelques familles du sérail de contrôler la plus grande partie des ressources et des flux financiers du pays ; il a instauré un état d’exception permanent et non déclaré qui étouffe toute expression de contestation et qui diffuse une terreur dans la population. Monsieur Zine el-Abidine Ben Ali a imposé un changement de la Constitution afin de pouvoir se présenter sans limite aux élections présidentielles, sachant que toutes celles qui ont précédé étaient des parodies où les résultats étaient connus d’avance (96% a été le score le moins bon du Président). Des élections présidentielles doivent avoir lieu en octobre 2009, et il semble qu’une bonne partie de l’opposition démocratique habituellement très divisée, ait l’intention de s’opposer à ce que ce soit une réédition des échéances passées. D’ores et déjà, Monsieur Ahmed Nejib Chebbi, une figure connue de l’opposition, ancien dirigeant du Parti Démocratique Progressiste, a déclaré sa candidature soutenus par des personnalités politiques, associatives et syndicales diverses. Il compte pendant les deux ans qui nous séparent de l’échéance électorale mener une campagne populaire large afin d’établir qu’il est possible de s’opposer frontalement au pouvoir en place et de défendre une alternative crédible et populaire. A suivre… La pétition ci-dessous concerne un procès parmi tant d’autres. Il est assez représentatif de la manière dont la justice est administrée en Tunisie. Il se trouve par ailleurs qu’y est impliquée une personne très chère à l’auteur de ces lignes.
 
Omeyya Seddik


 

Béchir Tekkari sur France24

Entretien en arabe avec le ministre tunisien de la justice et des droits de l’homme Béchir Tekkari

L’entretien est diffusé en arabe le samedi à 18h13 et le dimanche à 19h40.

 

Déjà passé en français et en anglais jeudi 22h45 et ce vendredi 9h45..

Regarder en Direct

 


 

Infos

 

1/ Que ne ferait-on pas pour l’héritier?

 

Comme chacun sait, le petit Mohamed Zine El Abidine Ben Ali, est un bambin à la santé fragile. nous avons récemment appris que le couple royal envisage de s’installer dans l’ancienne résidence de Bourguiba à Mornag, lieu plus adapté à sa santé.

En effet, malgré les milliards dépensés aux frais du contribuable, le Palais de Sidi Bou Saïd n’est pas convenant. Outre, les fondations qui ne tiennent pas, et dont « L’Audace » avait à l’époque rendu compte de la fragilité du terrain, il y a un gros problème d’humidité. d’où la décision de déménager de Mornag, toujours aux frais du contribuable.

Mais qu’importe pour Ben Ali toutes cette dilapidation de l’argent public. L’Etat, c’est lui; et la santé de l’héritier avant tout.

Prompt rétablissement à cette famille à la santé fragile…

 

2/ Souha Arafat: une lettre assassine

 

La veuve du leader palestinien n’a toujours pas fini de régler ses comptes avec le couple présidentiel tunisien, qui l’avait jeté en pâture, confisqué ses affaires et jusqu’à l’ordinateur portable que Ben Ali avait lui-même offert à sa petite fille.

Elle ne rate ainsi aucune occasion d’accomplir des gestes publics calculés pour donner des infos sur le comportement de la Pharaone Leïla 1 et sur les pratiques d’un autre âge, à Carthage.

Récemment, donc, Souha Arafat a adressé une lettre au couple Bouebdelli, promoteur du Lycée Louis Pasteur, contraint à la fermeture. Dans cette lettre, elle dit ne jamais avoir été d’accord avec la fermeture de cet établissement lorsque décision avait été prise de créer, en association avec Leïla, une autre école privé, le lycée international de Carthage.

En d’autres termes, c’est Leïla qui est responsable de tout. Et son amoureux de Général n’a fait que faciliter cette injustice…

 

3/ Fiasco

 

D’ailleurs, contrairement à ce qu’escomptait la Pharaone Leïla 1 de Tunis, cette école de Carthage est un fiasco total. Malgré les moyens mis en oeuvre et à disposition, malgré la timidité du Quai d’Orsay pour défendre des promoteurs binationaux qui ont des années durant défendu la prancophonie et prodigué un enseignement de qualité, les nantis tunisiens n’ont pas suivi pour inscrire leurs enfants tel que l ‘espérait Leïla Ben Ali. On parle déjà de la fermeture de ce lycée parachuté.

Tant de milliards partis en fumée, sans compter les 1, 8 millions de dinars offerts par décret de la présidence de la République à une initiative « privée ».

Leïla gère en effet une école privée comme un salon de coiffure ou un Hammam: On ouvre comme on veut, on ferme selon les humeurs et les recettes. Mais peut-on lui en vouloir quand elle en est encore à apprendre l’alphabet?

 

Par: Slim Bagga


Ben Ali: Mon nom est complot

par Slim Bagga

 

Un proverbe bien de chez nous, Tunisiens, veut qu’un fils s’adressa un jour à son paternel en ces termes: « Oh, mon père, quand deviendrons-nous des gens respectables et honorables? » Et le père de répondre: « Lorsque les vieux du quartier, qui nous connaissent fort bien, auront disparu ». Sages paroles qui s’adaptent parfaitement aux familles Ben Ali-Trabelsi qui règnent sur la Tunisie d’une main de fer sur le plan politique, et comme des mafieux de la pire engeance pour ce qui est de tout le reste…

 

Dans mon article paru sur Tunisnews lundi dernier, j’avais prévenu le Général et promis un article quotidien s’il ne tenait en laisse ses chiens. Et voilà que le 21 février, un torchon à sa solde du nom de « Biladi » s’attaque de nouveau à « L’Audace » et moi-même. Alors, allons-y: tous ceux qui me connaissent savent que je tiens ma parole, et que j’ai si peu de considération pour cette mafia que je n’hésiterais jamais à en dévoiler les frasques ni lui rappeler de quels bas fonds elle est issue.

 

Commençons par les Trabelsi. Un ami de passage à Paris me rappelait à juste titre récemment: « Le peuple tunisien n’a rien compris à cette famille. Il est vrai qu’il montre depuis quelque temps son exaspération devant certaines de ses pratiques, mais que pouvait-on espérer d’un Moncef Trabelsi, qui ramassait par terre les mégots de cigarettes et qui, 20 ans plus tard, brasse des milliards accumulés grâce au racket, au vol, aux détournements et à la contrebande? Que pouvait-on attendre d’un Imed Trabelsi, voyou, né de nulle part (en tout cas on ne sait d’où)  et qui grâce  au feu vert de sa  vraie mère Leïla, à l’obséquiosité de ministres de la République, de Pdg d’entreprises et de l’Administration, se permet de circuler dans une grosse cylindrée immatriculée « IT », non assurée,  probablement volée  comme tantr d’autres en Europe, et  qui malmène des  familles entières et les honnêtes gens sans histoire? »  Tout cela pour plaire à Leïla.  Le Général  est fou amoureux de cette dernière, et  quand on aime on ne compte pas. En l’occurrence, pour ce Général-policier sans envergure, c’est tout un peuple qui ne compte plus, dès lors que ce que la Pharaone veut, Ben Ali le veut…

 

Et Ben Ali lui-même, maintenant. Voilà un homme qui n’a réussi qu’une chose en 20 ans de règne tyrannique; donner d’un petit pays autrefois respecté grâce à la modération de son peuple et à l’aura de Bourguiba une image carrément aux antipodes: celle d’un Etat quotidiennement épinglé par les Organisations de défense des droits de l’homme, et celle de son chef , la risée de ses pairs dans le monde…

 

On a beau chercher une seule caractéristique propre à Zinochet, qui soit à la hauteur des espérances. Niet! Nada! On n’y décèle qu’un piètre agent de renseignement, un dictateur qui ferait retourner dans leurs tombes Staline, Idi Amin  et Bokassa réunis. Sinon comment expliquer que du complot de Gafsa en 1980, à l’attentat contre la synagogue de Djerba en 2002 et jusqu’à l’affaire des salafistes de Soliman en décembre 2006, celui qu’on présente comme un rempart contre la violence n’y avait vu que du feu ou n’avait rien vu venir.

 

Ceci expliquant cela, voilà pourquoi l’encensement quotidien à travers la presse pour vanter les mérites du « lider minimo » tunisien. Car un homme qui a autant de vertus n’a pas besoin d’autant d’étalage. Sauf s’il veut rivaliser avec un certain Kim Il Jong…

 

La   vérité est que Ben Ali est l’homme de deux caractéristiques: le complot, et la fuite devant ses adversaires politiques dont il règle le compte par presse de caniveau interposée, et non par des arguments les yeux dans les yeux.

 

Pour exceller dans la conduite la plus répréhensible à l’image d’un pays, il sait y faire…

 

Rappelons-nous: en 1974, au lendemain de l’Union avortée avec la Libye, celui qui n’était encore que le Commandant Ben Ali, patron de la Sécurité militaire dut être limogé sur instruction de Bourguiba, sur l’insistance aussi de Wassila Ben Ammar et  du ministre de la Défense de l’époque, feu Hédi Khefacha. Et pour cause, dans la liste des ministres composant le gouvernement de l’Union, figurait « l’inconnu » Ben Ali en tant que ministre de la Sécurité sur proposition… du Colonel Kaddafi. C’est dire s’il n’y avait pas anguille sous roche.

 

Ben Ali sera donc muté en tant qu’attaché militaire à l’ambassade de Tunisie à Rabat, Rabat où précisément l’hôtel Hilton se souviendra toujours de ses frasques, et où de nombreux restaurants huppés se souviendront de ses notes impayées…

 

Il en fut de même au lendemain de son limogeage suite au complot de Gafsa. Envoyé en tant qu’ambassadeur auprès d’un autre Général de triste mémoire, Jaruzelsky, il brilla par ses beuveries en public. Pour un espion, futur président de surcroît, avouons qu’il y a de quoi avoir honte.  Alors lorsqu’il fait traiter ses opposants de traitres ou d’ivrognes, cela ne rappellerait-il une célèbre théorie: la projection du coupable?

 

Cher collègue, au nom des traitres à la Patrie, n’est ce pas parce qu’ils ne vous ont pas suivi dans ce que vous savez le mieux faire, que Khemais Chammari, Mokhtar Trifi, Moncef Marzouki, Sihem Bensedrine, Néjib Chebbi, Omar S’Habou, Ahmed Bennour ou moi-même (et j’en oublie) sommes traités d’agents de l’étranger, du Mossad, d’El qaïda, bref de ce qui devrait figurer dans votre propre CV?

 

Voilà un aperçu hebdomadaire sur ce que je me ferais un plaisir de publier chaque fois que vos chiens s’en prennent à moi. Et c’est loin d’être fini. En attendant de publier certaines photos non truquées dont le peuple tunisien se régalera à leur découverte.

Alors, Un Général averti, en vaudra-t-il deux?

 

Slim Bagga


 

LES ECULUBRATIONS DU PARTI VERT POUR LE PROGRES

Ainsi donc, c’est Mongi Khammassi, secrétaire du Pari Vert pou le Progrès, ce parti installé par le pouvoir destourien pour faire partie de la vitrine oppositionnelle aidée et choyée par le gouvernement, qui vient donner des leçons de droiture politique à Néjib Chabbi du PDP ! Quelle hypocrisie et quel exemple minable de la soumission des partis d’opposition croupion qui passent leur temps à glorifier le pouvoir de Ben Ali et à harceler les véritables opposants. Et c’est Mongi Khammassi qui décide que le moment n’est pas venu pour parler de se porter candidat à l’élection du président de la République, comme si la campagne n’a pas déjà commencé depuis belle lurette avec les centaines de demandes d’associations et de personnalités à l’actuel pensionnaire du palais de Carthage pour y rester encore pour cinq ans. Et que propose le secrétaire général du Parti des Verts pour le Progrès ? Rien d’autre que la collaboration avec le pouvoir politique en place et les institutions étatiques en émettant des critiques, au nom des réalisations obtenues, et non en cherchant l’alternance. En somme, c’est suivre à la lettre sa propre conduite politique et c’est appeler à ne point mettre en cause la présidence à vie de Ben Ali en Tunisie. Partout dans le monde, regardez le cas de la France, on peut se déclarer candidat plus d’une année à l’avance. Ou est le problème dans tout celà ? Quant à dire que Chebbi s’est porté candidat pour glaner de l’argent auprès des ambassades, c’est tout simplement difammatoire à l’égard d’un leader de l’opposition radicale. Il n’a qu’à lire el Mawqeh pour réaliser que le PDP s’occupe beaucoup plus que le pouvoir des problèmes concrets du peuple et défend les intérêts des opprimés, des réprimés et des exploitrés. Comment peut – on parler de démocratie, de liberté d’opinion et de droits humains en Tunisie et en même temps s’acharner sur les citoyens, les traîner dans la boue, les traiter de tous les noms, les attaquer vilement lorsqu’il essaient de mettre en pratique ce que leur permettent la Constitution du pays et la Charte des Nations – Unies ? Houcine Ghali, Genève vendredi 22 février 2008


 

Tunisie Les islamistes font-ils encore peur ?

Ridha KEFI La question du titre mérite d’être posée, alors que dans certains cercles intellectuels et politiques laïques, on ne cesse de tirer sur la sonnette d’alarme : l’islamisme politique est de retour. Qu’en est-il vraiment dans notre pays ? Une ébauche d’analyse… Malmenés par le cours erratique de l’Histoire, qui ne suit pas toujours, on le sait, celui des belles idées libertaires, désorientés par la chute des anciennes certitudes révolutionnaires (Trotski, Mao, Khodja, ou, plus près de nous, Nasser, Michel Aflaq…), lassés par l’attente d’un Grand Soir qui tarde décidément à pointer à l’horizon des luttes sociales et politiques, certains militants de la gauche post-soixante-huitarde et/ou nationaliste arabe, se sont recyclés, forts de leurs sciences dialecticiennes, dans ce qu’on pourrait appeler, sans ironie aucune, la «prospective catastrophiste». En oiseaux de mauvais augure, ces sexagénaires, qui ne se reconnaissent plus dans le regain de religiosité de leurs rejetons, ne cessent de tirer sur la sonnette d’alarme : les islamistes sont aux portes de nos villes et villages. Telles des cohortes de nouveaux barbares, barbants et barbus, ils se tiennent en embuscade, prêts à lancer l’assaut final pour nous «soulager» de ce qui reste de nos menues libertés, de nos fragiles idéaux progressistes et de notre chère laïcité gagnée de haute lutte. Les laïques face au «péril vert» ou le marketing de la peur Pour démontrer que le péril islamiste est imminent, ces prospecteurs trop avisés citent pour «preuves»: – les femmes voilées de plus en plus nombreuses dans les lieux publics ; – les mosquées pleines à craquer, et pas seulement pour la grande prière du vendredi; – la hausse d’audience des chaînes religieuses du Golfe, affirmation que contredisent, soit dit en passant, les statistiques d’audience télévisée publiées régulièrement par Sigma Conseil ; – le succès populaire de la radio religieuse Zitouna, lancée récemment par un promoteur privé; – la profusion, dans les foyers, des séances de «sulamiyya» et de «hizb al-latif» (psalmodies et chants religieux) et, dans la rue, des hommes aux yeux cerclés de khôl, à la manière des musulmans d’Orient ; – et, last but not least, la multiplication des fatwas ou de menaces à l’encontre d’intellectuels (et intellectuelles) laïques, telle notre collaboratrice et universitaire Saloua Charfi, émanant souvent d’obscures cyber-islamistes basés en Europe. «Tunisie. Peur sur la laïcité», titrait en couverture, il y a deux semaine, notre confrère ‘‘Jeune Afrique’’ (N° 2456, du 3 au 9 février 2008). Et nous sommes censés trembler de la tête aux pieds et, surtout, nous préparer au pire : la République islamique de Tunisie est en marche. Brrr ! Non vraiment, soyons sérieux ! Que ces chers laïcs aient enfin trouvé un combat à la mesure de leurs utopies libertaires est à la limite touchant : il faut bien que vieillesse passe. Mais de là à se donner pour mission d’effrayer leurs concitoyens en appelant, en toute circonstance, au loup… islamiste, comme si le pouvoir dans le pays était à prendre, cela ne saurait figurer dans le cahier des charges. Retour du religieux ou montée de l’islam politique Nous admettons que la religiosité soit en nette progression dans notre pays. C’est là une réalité incontestable. Mais ce retour du religieux, qui s’explique par des causes sociologiques et politiques profondes, ne signifie nullement, à moins d’user d’amalgames aussi faciles que dangereux, une montée de l’islamisme politique. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas spécifique à la Tunisie ou au monde islamique. On l’observe partout ailleurs, notamment aux Etats-Unis et en Europe, où les dirigeants politiques, tout en défendant les traditions laïques de leur pays, ne se gênent plus de jouer sur cette corde sensible en affichant leur religiosité ou en cherchant à s’attirer les faveurs de quelque prédicateur influent. N’est-ce pas Bush ? N’est-ce pas Sarkozy ? Par ailleurs, parler de défense et de préservation de la laïcité en Tunisie est un non sens absolu, car la Constitution tunisienne stipule clairement que l’islam est la religion de l’Etat. Mieux : la séparation entre le politique et le religieux n’a jamais été effective, même du temps de la présidence de Habib Bourguiba. Ce dernier, dont on connaît les convictions laïques voire athées, n’a jamais voulu (ou pu) réaliser cette séparation, qui était pourtant le socle même de sa culture humaniste européenne. On se souvient du Combattant Suprême faisant le pèlerinage de La Mecque ou présidant en personne les cérémonies religieuses, vêtu de la jebba traditionnelle, à la Mosquée Zitouna ou à celle de Kairouan. Conscient de l’importance du facteur religieux dans la formation (et la préservation) de l’identité et de la conscience nationales, le président Zine El Abidine Ben Ali n’a pas voulu rompre avec cette tradition. Au contraire : il l’a consolidée. De même, et au grand dam des laïques, la religion a toujours été, en Tunisie, une affaire d’Etat. Qu’il s’agisse de la formation des imams et des prédicateurs, de la gestion des mosquées, mausolées et écoles coraniques, de l’observation du culte (désignation du début et de la fin de ramadan, organisation du rite du pèlerinage…) ou même de la promotion de l’apprentissage du Coran, l’Etat n’a jamais abandonné ses prérogatives. Celles-ci ont d’ailleurs été renforcées, à partir de la fin des années 1980, afin de limiter l’influence des mouvements islamistes qui grandissait dans les lieux de culte. Aussi, appeler aujourd’hui à la séparation du religieux et du politique équivaut-t-il à demander à l’Etat d’abandonner le terrain de la religion aux… islamistes. Ce qui aurait des conséquences catastrophiques. De même, interpréter l’engagement grandissant de l’Etat sur le terrain du religieux – que traduisent l’autorisation de la radio islamique Zitouna, la formation de prédicateurs et prédicatrices, la multiplication (sous contrôle) des écoles coraniques et l’application plus souple de la fameuse circulaire 108, qui interdit le port du voile dans les établissements scolaires et les administrations publiques… – comme un recul devant la poussée islamiste ou comme une dérive islamiste de l’Etat lui-même, est une analyse de courte vue. Car il ne s’agit pas de combattre l’Islam en tant que tel, mais plutôt de contrôler la pratique religieuse, de la canaliser et d’éviter qu’elle ne débouche sur des comportements extrémistes. Aussi, vue sous cet angle, la politique actuelle du gouvernement, qui allie le soutien à la propagation de la pratique religieuse à un contrôle rigoureux des lieux de culte, est-elle la seule viable aujourd’hui dans un monde islamique aux prises avec les soubresauts d’une grave crise identitaire et/ou historique. Les islamistes affaiblis et discrédités Reste le mouvement islamiste tunisien, Ennahdha, qui n’a jamais été autorisé: que pèse-t-il au juste aujourd’hui ? Depuis les coups qui lui ont été assénés au début des années 1990-1991, le démantèlement de ses cellules, les procès intentés à ses principaux dirigeants, dont beaucoup croupissent encore en prison, alors que d’autres, qui ont pu fuir à temps le pays, vivent toujours en exil, ce mouvement est aujourd’hui complètement désarticulé. Et pour cause: échaudés par la déroute de Rached Ghannouchi et ses adeptes, les éléments les plus extrémistes ont choisi de rejoindre les groupes de résistance sur les fronts du jihad mondial, de Bosnie en Afghanistan. Beaucoup de ces jihadistes sont morts au combat. D’autres ont été arrêtés en Afghanistan, au Pakistan et en Irak et croupissent en prison, à Guantanamo et ailleurs. Ce qui est resté du mouvement, ce qu’on appelle son aile politique, s’est divisé en deux : d’un côté, les dirigeants de Tunis, qui ont passé de nombreuses années en prison, et qui, après leur libération, continuent de faire l’objet d’une surveillance rapprochée. Empêchés de se réorganiser, ces derniers ne semblent pas en mesure de peser sur l’échiquier politique national, d’autant que leur alliance récente avec certaines franges de la gauche laïque leur vaut beaucoup de critiques parmi leurs propres troupes. Il y a aussi les dirigeants en exil qui, eux-mêmes, semblent divisés en deux clans: d’un côté, les fidèles à l’émir du mouvement, et de l’autre, ceux qui ne ménagent pas leurs critiques à l’endroit de ce dernier qu’ils accusent de couler des jours tranquilles dans son exil doré londonien, alors que le mouvement est dans un état de déliquescence avancé. C’est de ce mouvement là, fortement affaibli et divisé, et dont l’influence dans le pays est désormais très limitée, que l’on cherche à nous faire peur aujourd’hui. En fait, les Tunisiens, qu’ils soient des musulmans pratiquants ou non, ont rejeté depuis longtemps l’islamisme politique. Les dérives violentes de ce mouvement, dont ils ont eu de tragiques illustrations, en Algérie, en Afghanistan, en Irak, et ailleurs, l’ont définitivement discrédité à leurs yeux.   (Source: L’Expression (Hebdomadaire – Tunis) n° 19 du 22 février 2008 )


 

 

Sarkozy ne veut plus serrer les mains des ennemis d’Israël

par Jacques-Marie Bourget

 

Durant le dîner du Crif, il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy a aussi prononcé une formule choc : « Je m’engage à ne jamais serrer la main de quiconque ne reconnaîtrait pas Israël ». Cette déclaration n’est pas passée inaperçue au Moyen-Orient, ni chez les marchands de canon qui prospectent les pays arabes.

 

Le discours de Nicolas Sarkozy devant les tablées du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) prend la forme d’un piège à retardement. C’est d’abord Bakchich qui réveille les laïcs en leurs signalant que le Président de la République, outre le devoir de mémoire envers les 11 000 enfants juifs morts en déportation, a programmé l’arrivée des religieux dans l’enceinte de l’école communale. En déclarant : « Nos enfants ont aussi le droit de rencontrer, à un moment de leur formation intellectuelle et humaine, des religieux engagés qui les ouvrent… ».

 

L’effet flash des paroles de notre fou de Dieu nous a-t-il aveuglé ? Une autre pépite restait encore cachée entre les mots du mari de Carla. Et ces syllabes, le monde arabo-musulman, pour parler global façon Claude Guéant (le secrétaire général de l’Elysée), les a tout de suite captées. L’enchère est intervenue quand Nicolas Sarkozy a déclaré : « Je m’engage à ne jamais serrer la main de quiconque ne reconnaîtrait pas Israël ». Et toc.

 

« Comment le président va-t-il nous rendre visite ? » dit-on à Tunis

 

Prononcées au Bois de Boulogne devant les fidèles du Crif et leur invités où l’on trouvait tout le gouvernement, sauf Dominique Bussereau (coincé dans un aiguillage du ciel), une bonne partie de l’opposition et même la déléguée de la Palestine, cette promesse n’engage que celui qui la formule.

 

Mais à Tunis, c’est la panique. Avec une question clé : « Comment le président Français va-t-il faire pour nous rendre visite (bientôt), sans serrer la main de notre leader bien aimé, le président Ben Ali ? » Outre l’Egypte et la Jordanie, aucun pays arabe, avec à sa tête la Ligue, ne reconnaît Israël !

 

Quand Sarko a embrassé Boutef à Alger, c’était étreindre un homme qui ne reconnaît pas Israël. Donc pas de baiser à venir pour Ben Ali… Pourtant, après Khadafi et depuis le 1 janvier, avant son show avec embrassades à Ryad, lieu géométrique d’un très ferme refus d’Israël, le locataire de l’Elysée a notamment serré la main de Musharraf, celle du Sultan de Brunei, puis celle encore de Fouad Siniora, président du Conseil du Liban. Autant de représentants de pays qui tournent le dos à Israël.

 

Difficile, avec cette nouvelle politique, de vendre des Rafales et des centrale nucléaires, disent dans l’ombre nos marchands de canons, très frileux sur la bientraitance des Arabes quand ils sont riches. Difficile de vendre ? Essayez Tsahal.

 

(Source : « Bakchich » (Satirique – France), le 23 février 2008)

Lien : http://www.bakchich.info/article2768.html

 

 


 

 

 

Tunisia cash withdrawals fraud: new victim steps forward

by Jackie Bow, South Wales Echo

 

A MUM of two has fallen victim to cash card fraudsters.

Money was withdrawn in Tunisia from Angelina Morkot’s bank account.

 

Angelina, 33, of Aberbargoed, contacted the Echo after reading how security guard Paul Miller and pensioner June Davies, of Merthyr Tydfil, had hundreds of pounds withdrawn in Tunisia from their bank accounts without their permission.

 

“It’s not only people in the Merthyr area affected, it has happened in the Rhymney Valley as well,” said the mum, who is also a Barclays Bank customer, and is warning people to be vigilant.

 

She discovered £262 had been taken from her account last Friday, when she went to a cashpoint.

Alarm bells rang when she saw her balance and learned that the large withdrawal was made in Tunisia two days earlier.

 

She said: “I was told my card had definitely been cloned from an ATM as they had my pin number as well and the money was taken from an ATM in Tunisia. I’ve had the forms to claim the money back and I’ve contacted the police.”

 

A spokeswoman for Nationwide told the Echo its ATM used by defrauded customers had not been compromised.

 

Barclays confirmed it had “received a number of inquiries which are under investigation with regard to a potential ATM fraud”.

 

(Source: le site « IcWales.co.uk » (Grande Bretagne), le 23 février 2008)

Lien : http://icwales.icnetwork.co.uk/news/wales-news/2008/02/23/tunisia-cash-withdrawals-fraud-new-victim-steps-forward-91466-20514927/

 


 

Trafic de drogue :Saisie de 150 kilos de Hachich

 

Tunis-le Temps : Les faits commencent en l’espèce, un 25 octobre 2002, à l’aube, sur la route nationale reliant Tabarka à Tunis, où les agents de la garde nationale intimèrent l’ordre de s’arrêter au chauffeur d’un camion qui se dirigeait vers la capitale, en vue d’un contrôle de routine. Mais ils furent surpris par la réaction du conducteur qui, après avoir obtempéré, quitta le camion en courant ainsi que son compagnon, pour prendre la fuite.

 

Ce qui sema le doute chez les agents qui, après avoir signalé l’incident, demandèrent du renfort, aux fins d’une fouille systématique du véhicule en question. Ils purent ainsi découvrir, 150 kilos de hachich, planqués dans la roue de secours.

 

Le parquet informé, lança des avis de recherches à l’encontre des deux individus au comportement suspicieux.

 

Toutefois, le trafiquant et auteur principal qui put être identifié ne put être arrêté, s’étant évadé en Algérie.

 

Il fut condamné par le tribunal de première instance à 30 ans de prison par défaut.

 

Toutefois décidant d’affronter la réalité et assumer ses responsabilités, après quatre ans de fuite, il se présenta pour faire opposition au dit jugement.

 

Il comparut devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Bizerte où il déclara qu’il ignorait l’existence du hachich dans le véhicule où il transportait une quantité de corail, pour le compte d’un client moyennant la rétribution de 120 dinars. Il ajouta que c’était la personne l’accompagnant en tant que convoyeur, qui s’était occupé de charger la marchandise convenue.

 

Il expliqua par ailleurs, qu’il avait pris la fuite au vu des agents de la garde nationale, parce qu’il n’avait pas de licence de transport, et agissait clandestinement pour des opérations de ce genre, mais pas pour transporter des marchandises prohibées et surtout du hachich auquel, précisa-t-il, il n’avait jamais touché.

 

L’avocat de la défense soutint que son client ignorait qu’il y avait du hachich planqué dans la roue de secours du véhicule , surtout que c’était le convoyeur qui s’occupait du chargement des marchandises transportées et auquel il faisait toujours confiance.

 

L’avocat plaida de ce fait l’absence de preuves tangibles de nature à corroborer les faits dont est accusé son client.

 

Toutefois, devant les fortes et accablantes présomptions à l’encontre de l’accusé, le tribunal le déclarant coupable, le condamna après délibérations à 20 ans de prison, et d’une amende de dix mille dinars, ainsi que  de sa mise sous contrôle administratif pendant cinq ans à compter de la fin de la peine prononcée.

Anastasia Chirinski, la femme légendaire de Bizerte honorée

 

 Le Fonds de charité mondial russe « Children and youth against terrorism and extremism », vient d’honorer dans la capitale du nord, Madame Anastasia Chirinski, l’ancienne professeur de mathématique du lycée Stephan Pichon « l’actuel lycée Farhat Hached ».

 

Une femme légendaire connue sous le sobriquet d’Anastasia de Bizerte, dernière rescapée de la communauté de 4800 réfugiés de russes blancs, fuyant en 1921 la révolution bolchevique, qui n’a jamais daigné quitter sa ville d’adoption et dont le récit des péripéties de son exil ont été portées à l’écran et mis en œuvre par plusieurs auteurs.

 

Ce fut au cours d’une cérémonie organisée dimanche dernier en présence du président du Fonds de charité mondial, le professeur N.N.Mosintsov Ozeramskii et des membres de la communauté russe. A cette occasion une Messe a été tenue à l’église orthodoxe de Bizerte en présence notamment de Madame Chirinski et de son fils Serge.

 

Larbi Mdaissi

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 24 février 2008)


 

Entretiens sur la musique

Ali Saïdane : «Populaires, dites-vous…?»

Entretien conduit par Khaled TEBOURBI

 

Ce n’est pas un académicien de la musique  ni un historien de l’art. Mais c’est un personnage incontournable dans la recherche et le débat sur les chants et les poésies du terroir. Trois décennies de quêtes et d’enquêtes.

 

Un périple d’amour et de passion pour une musique, historiquement consacrée, dont on a mal à comprendre encore «la mise en sourdine». «La vraie musique», dit-il, «l’égale de toutes», «la plus riche»  sans doute, «la plus authentique» sûrement.

Le moment des arts dits «populaires» ne pouvait mieux tomber dans nos «Entretiens». Avec Ali Saïdane,  on peut revisiter les thèmes déjà abordés, et dans le même temps n’en «résoudre» qu’un seul qui les engloberait tous : celui des expressions musicales de tout un pays. Sans exclusion aucune, sans idées toutes faites, surtout sans l’indécrochable préjugé qui n’en finit pas de coller aux chants des régions et des faubourgs.

Précisions? Oui. Réhabilitation? Peut-être bien.

 

Depuis près de trente ans, le nom de Ali Saïdane est associé au patrimoine poétique et musical dit populaire. C’est un long parcours, voulez-vous en évoquer les périodes et les faits saillants?

Au début, bien sûr, il y a eu «la période inconsciente», c’est-à-dire ce que j’ai vécu dans ma famille, originaire du Sud, venue s’installer à Tunis. Dans cette famille, on a conservé la tradition des expressions du patrimoine. Le déclic a eu lieu beaucoup plus tard, plus précisément lors de mon séjour en France, et davantage encore à mon retour de France. J’essayais alors  d’enregistrer des chants et des chansons de ma région de «Dwiret» avec l’idée que c’était quelque chose de très spécifique. Mais c’est en partageant ces enregistrements avec d’autres gens que j’ai découvert qu’il s’agissait, en fait, du fonds poétique et musical de tout un pays. C’est à partir de 1972 que je me suis réellement consacré à cette question du patrimoine. Je n’enregistrais plus que les chants et les chansons de «Dwiret», j’élargissais ma recherche à nombre d’autres régions, découvrant à quel point les noms des mêmes poètes et des mêmes interprètes revenaient à chaque fois. Après cette première période des «produits bruts», chants et poèmes, j’ai entrepris de faire des interviews avec les artistes eux-mêmes pour comprendre comment ils ont été initiés à leur art. Quel a été leur cheminement, quelle est l’origine de tel poème, de telle mélodie…

 

Une implication sans retour, désormais…

Effectivement, cette seconde phase a duré et elle dure encore. Elle m’a permis et me permet  toujours de reconstituer la carte poétique et musicale de la Tunisie. Ça a donné, bien sûr, des moments, telle l’ouverture de «Carthage 80» qui fut essentielle  non seulement pour moi, mais surtout pour tous ces artistes oubliés, à cette occasion, enfin, reconnus, médiatisés, proposés à la scène. Il y a eu aussi, mais indirectement, le travail de mon ami Ahmed Harzallah qui avait assisté à quelques soirées organisées à mon initiative à la Maison de la culture Ibn-Rachiq et auquel j’ai soufflé l’idée de faire son excellente émission «Diwan el fen echaâbi». Je dois ajouter que cette préoccupation s’est étendue, depuis quelques années, au-delà des expressions tunisiennes, pour toucher aux expressions voisines, de proches en proches, c’est-à-dire au constantinois, à la région occidentale de la Libye, au  malhoun  marocain, au patrimoine subsaharien, au répertoire de l’époque hilalienne en Egypte.

 

Et «Nuba» ?

Objectivement, je ne me considère pas comme partie prenante de ce travail. Je n’ai pas eu de collaboration directe avec Fadhel Jaziri et Samir Agrebi. J’ai eu, seulement, des discussions prolongées avec Fathi El Haddaoui qui s’intéressait à la matière et plus spécialement aux expressions proches des faubourgs de Tunis mais, à ce moment-là, je ne savais pas qu’il s’agissait d’un projet de spectacle. Je dois, d’ailleurs, rendre justice à «Nuba» qui fut, sans conteste, un nouveau volet de la reconnaissance des «expressions populaires» par les Tunisiens. Une précision encore : ma préoccupation actuelle va beaucoup moins au spectacle, qu’à la documentation, soit aux enregistrements, aux écrits, soit à filmer des gens qui risquent de disparaître un jour et dont la perte de la mémoire serait réellement dommageable pour les générations futures.

Base séculaire, base commune

 

Vous vous doutez bien, Sid’Ali, qu’en abordant cette question du patrimoine nous butons, forcément, sur des difficultés de concept. Comment se retrouver dans les appellations consacrées? Ont-elles, vraiment, valeur scientifique? Entre «musiques savantes» et «musiques populaires», «musique citadine» et «musique des régions», on se perd nécessairement…

Pour moi, il n’y a pas confusion. Disons que j’ai pour règle, depuis vingt ans, de ne pas me satisfaire des conclusions toutes faites. Je m’explique : les historiens et les musicologues, pour des raisons de confort intellectuel, font appel aux concepts que vous venez d’énoncer. Moi, je m’en tiens aux émotions et aux sentiments des gens qui sont à l’origine des expressions du patrimoine. C’est le seul repère auquel je crois. La poésie et le chant résultent de sentiments très forts qui ne peuvent être exprimés que par des poètes et des chanteurs. Et ce sont les plus brillants parmi ces artistes qui traduisent ces sentiments, que ces artistes soient de la ville, d’une région rurale, désertique, montagneuse ou maritime. C’est seulement à leur écoute, dans l’expérience concrète, que l’on peut percevoir les convergences ou les différences, que l’on découvre, par exemple, pourquoi un chant du Pyrrhé s’apparente à un chant du Sud tunisien, pourquoi une polyphonie corse rappelle au majour de Gafsa. Toute autre «distinguo» n’est que supposition, sans fondement.

 

On est, quand même, obligé de recourir aux concepts pour comprendre quelque chose…

Les concepts doivent résulter de l’expérimentation. De l’expérience de l’écoute. Qu’est-ce qui permet aujourd’hui de faire la distinction entre un air de «Rakrouki» du plateau de l’Ouest tunisien et un «Mathlouthi», un «Salhi» de Smaïl El Hattab et une petite mélodie sur le «Tbâ H’ssine» du faubourg de Tunis? La recherche empirique permet, seule, de relever telle ou telle caractéristique commune, telle ou telle influence, telle ou telle différence.

 

Avec l’expérimentation, aujourd’hui, peut-on arriver à une classification de ces chants et de ces poésies des régions?

 

Je n’ai pas de réponse définitive. Il y a encore un travail de musicologue à faire pour dire, musicalement, techniquement, si cette classification est possible. Mon approche, elle, est uniquement sociologique, en fait, globale.

 

A quelles conclusions cette approche vous conduit-elle déjà?

A deux principales conclusions. Tout d’abord à un soubassement commun à l’ensemble du pays, plus l’Ouest libyen (Tripoli en premier) et l’Est algérien (Constantine et Annaba tout particulièrement). Ce soubassement a pour nom «malhoun», c’est un genre chanté qui est identique dans toute la partie citée et qui est d’autant plus fort, d’autant plus codifié qu’il résulte d’un cheminement de près de dix siècles. Les seules différences entre les «malhoun» résident dans ce que j’appellerai «les cuisines mélodiques locales», en somme, dans les phrasés propres. Exemples : le malhoun «hiti» tunisois est plus proche du raffinement du malouf, alors que  le malhoun du Sahel est plus direct, moins avancé.

 

Et notre seconde conclusion?

Là, nous touchons à l’extraordinaire, à la base de la poésie même qui se retrouve partout, identique, dans son genre, sa versification, sa métrique. Ce qui est fascinant, c’est que cette unité poétique s’est constituée à une époque reculée où les communications étaient inexistantes. Cela relève du miracle de l’art et de l’histoire que des «Ghanaya» de pays et de contrées très éloignés les uns des autres aient pu faire des mêmes règles de versification, de métrique et de genre la base commune et indépassable de leurs poésies.

 

Et cette base a force de loi encore, de nos jours?

Absolument. Aujourd’hui encore, les créateurs de chants s’en tiennent strictement aux règles poétiques observées au XIXe siècle par le plus grand initiateur que fut Ahmed Ben Moussa. Qui en dévie n’a plus vraiment sa place parmi les «Ghanaya».

 

Les artistes citadins y compris?

 

Il fut un temps où les maîtres chansonniers avaient une autorité absolue sur la pratique du chant. Ce «pouvoir direct» n’a plus cours de toute évidence. Mais un «Ghannaï» de Gafsa ou du Kef nous dira sûrement, à l’écoute de ce que nous entendons aujourd’hui sur nos antennes et nos chaînes (qui n’est que fatras désincarné), que c’est absolument hors normes, irrégulier à tous les niveaux, de la versification, de la métrique et du genre. Ce n’est qu’une «condamnation» morale, mais croyez- moi, lorsqu’elle se présente,  elle produit réellement son effet.

 

Exclusion «idéologique»

 

Pourquoi ces expressions si riches, si anciennes, si pérennes sont-elles devenues, pour ainsi dire, dominées, sinon marginalisées?

J’ai écrit quelques articles sur le sujet. C’est un long débat, mais on doit se résumer ici. Historiquement, disons que la marginalisation a été «idéologique», en aucun cas artistique. En schématisant un peu, tout a commencé avec ce que j’appellerai «la boîte à musique», c’est-à-dire, le disque et le phonographe d’abord, la radio et la télévision ensuite. A partir de l’avènement, puis de l’expansion de ces technologies, on a demandé aux gens de ne plus chanter «par eux-mêmes». On leur a dit qu’on allait chanter pour eux «par procuration». Evidemment, les «ordonnateurs» et les tenants de «la boîte à musique» ont eu le loisir d’imposer le genre et le modèle culturel qui leur convenaient. La chanson citadine dominante, dite savante, est née de ce processus. Les hiérarchies et les catégories musicales que nous connaissons découlent de ce modèle. Mais il y a eu aussi au début des années 30 les erreurs d’aiguillonage d’une institution comme la Rachidia qui, au lieu de se consacrer à la compilation et à la conservation de toutes les expressions musicales du pays, s’est focalisée sur le malouf seul, et sur le tahdhib (l’annoblissement, disait-on et dit-on encore) d’une certaine chanson triviale répandue alors dans les villes. Tout cela au détriment de toutes les autres musiques. On ne s’en relève pas encore aujourd’hui.

Les termes «populaire» et «savant» n’ont donc pas, selon vous, une quelconque valeur scientifique… Aucune qualification scientifique ne peut être utilisée pour notre musique tant que nos élites musicales n’auront pas codifié l’ensemble des expressions artistiques de notre pays, et n’auront pas hissé toutes ces expressions, sans exceptions, au statut de musique savante. Le terme «populaire» restera toujours inapproprié, sinon même péjoratif, tant que les chants et les poésies des régions et des faubourgs ne  feront pas partie d’une codification musicale d’ensemble.

A ce jour encore, ce travail, pourtant essentiel, n’a pas été fait. Jusque dans la musique dite «savante» ou «dominante». De quelle classification ou catégories parle-t-on alors?

 

Comment expliquer, malgré tout, la nette résurgence du mezoued, et sa venue, apparemment définitive, à la scène et aux médias?

Encore un phénomène assez long à expliquer. Il y a eu d’abord un facteur sociologique nouveau à la base de la résurgence du mezoued. Une exode rurale très importante aux alentours des années 50-60 qui a amené avec elle une génération d’enfants des tribus traditionnelles (les majer, zlass, ayâr, etc.). Cette génération jeune avait rompu avec ses anciennes traditions musicales, dans le même temps le mezoued  forçait les portes de la ville pour intégrer les faubourgs. La «rencontre» a donné lieu à une forme nouvelle de mezoued populaire, non plus mystique comme aux origines, mais de plus en plus d’expression profane. Avec Hédi Habbouba, dès les années 70, le modèle du mezoued profane a définitivement pris place. C’est lui qui triomphe aujourd’hui.

 

Le chant des régions, en revanche, ne parvient toujours pas à sortir de son isolement…

Je l’ai déjà dit : il y a une cassure entre le chant du peuple et les chants de «la boîte à musique». Des régions résistent encore à l’hégémonie des  awadas, mais, à terme, le ras de marée va finir par «bouffer» tout. On a pourtant le sentiment que l’on s’en occupe de plus en plus, voyez les festivals d’été… C’est la société qui prend en charge son chant. Si la société perd le besoin de ses traditions, aucun soutien, aucune subvention, ne pourra vraiment prendre le relais.

Etes-vous pessimiste ?

Je le suis, mais je ne dis pas que tout est définitivement perdu. Je rencontre toujours des chansonniers et des répétiteurs. Ils ont 35, 40 ans, c’est dire que, malgré tout, la transmission des expressions du patrimoine se poursuit. Je remarque aussi, souvent, que même dans le jeune public, le malhoun et autres formes du chant des régions produisent encore de l’émotion. C’est la preuve que la tradition résiste dans «nos gènes», que des dispositions culturelles perdurent par-delà les générations.

Est-il des solutions possibles pour donner suite à cela ? Là, au plus fort de la globalisation ?

Codifier, avant tout, toutes nos expressions musicales, pour mettre définitivement fin aux pseudo-hiérarchies et aux marginalisations. Réintroduire, ensuite, la fonction sociale du chant ; en un mot, laisser les gens chanter, ne pas chanter à leur place, ne pas imposer «la boîte à musique», ainsi on en finira avec les idées toutes faites, les préjugés. L’art sera égal pour tous. Il ne s’imposera plus que par sa science et son autorité. Pour ce qui est de la globalisation, si les  immunités sont vives, c’est-à-dire ce qui est soi (le patrimoine), aucun danger à craindre. Si ces immunités sont moribondes, on va être sûrement emporté par l’extrême force des satellitaires et des technologies de communication. Pour garder nos immunités, une solution, la plus naturelle : «emplir» le jeune public de nos mélodies. L’erreur, aujourd’hui, en musique, c’est de croire que l’on peut produire et réussir en copiant le modèle de la globalisation. Alors que la meilleure défense, l’unique, dans ce cas, est de rester authentique, d’être soi-même, naturel et vrai. Ça ne rate presque jamais.  

(Source : « La Presse » (Quotidien gouvernemental – Tunis), le 22 février 2008)

Lien : http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=4&news=66522

 


 

Le wahhabisme, négation de l’islam

Mezri Haddad philosophe, membre du Daedalos Institute of Geopolitics (Chypre).

(Article paru dans Libération du 21/02/2008)

 

D’un point de vue politique, le discours présidentiel à Riyad est justifiable. D’un point de vue éthique, la foi de Sarkozy dans le changement au sein de ce royaume est louable. Mais croire à une contribution saoudienne dans l’élaboration d’une «politique de civilisation» à même de provoquer une sécularisation au coeur de l’islam est une pure et funeste chimère. Et pour cause : on ne peut pas être et avoir été. L’Arabie Saoudite a été le principal financier des mouvements intégristes dans le monde. Il est vrai qu’elle était en parfaite osmose avec les intérêts géopolitiques américains. C’est le traumatisme du 11 septembre 2001 qui a infirmé ces choix stratégiques que les Etats-Unis ont faits bien avant l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Sous l’influence pernicieuse de la monarchie saoudienne, les dirigeants américains ont, en effet, longtemps soutenu l’islamisme comme alternative aux régimes arabes postcoloniaux. La prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan était une victoire de l’idéologie saoudienne, un succès de la logistique pakistanaise et la consécration de la stratégie américaine. L’attaque du 11 Septembre a changé toute la donne. Mais, par on ne sait quelle ruse de l’Histoire, plutôt que d’amorcer le déclin de cette monarchie qui incarne ce qu’il y a de plus rétrograde dans l’islam, ces événements ont donné une nouvelle vie au régime saoudien. Les wahhabites doivent au fond remercier leur compatriote et disciple Ben Laden. Pour la simple raison que, comparé à la barbarie et au nihilisme d’Al-Qaeda, la théocratie wahhabite fait maintenant figure de régime modéré. Or toutes les tendances de l’islamisme ont les mêmes maîtres à penser, les mêmes dogmes (l’islam est religion et politique, le jihad et le martyr sont un devoir religieux…) et les mêmes objectifs : éradiquer les apostats (musulmans), combattre les mécréants (juifs et chrétiens), établir une théocratie coranique. «La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui oeuvrent pour un islam ouvert, un islam qui se souvient des siècles où il était le symbole de l’ouverture et de la tolérance… C’est ce que fait l’Arabie Saoudite», disait Nicolas Sarkozy dans son discours de Riyad.

Bien au contraire, dès sa naissance en 1932, la monarchie saoudienne a effacé quatorze siècles de civilisation, a cultivé et propagé partout dans le monde un islam sectaire, sclérosé, intolérant et des plus fanatiques. C’est une erreur de prendre les dernières réformettes de cette monarchie pour des réformes stratégiques et structurelles. Ces mesures cosmétiques ont été entreprises sous la panique à l’idée d’être le maillon faible du «Grand Moyen-Orient démocratique» décrété par Bush. C’était un analgésique pour calmer le Léviathan très en colère après les attentats du 11 Septembre – dont le cerveau était Ben Laden, un proche de l’oligarchie régnante, et la majorité des terroristes, des sujets saoudiens. Cette oligarchie n’est d’ailleurs pas dupe. A la moindre réforme profonde – comme celle, primordiale, des manuels scolaires -, c’est tout l’édifice saoudien qui menacera de s’écrouler à moyen terme. Il est par conséquent évident que la France, qui souhaite moderniser l’islam, ne peut pas établir une alliance «civilisationnelle» avec une Arabie wahhabite qui n’a jamais abandonné le rêve insensé d’islamiser la modernité. C’est une illusion de considérer ce pays comme représentatif des musulmans dans le monde, encore moins comme figure emblématique de l’islam sunnite. Certes, le pays abrite les lieux saints de l’islam, mais il n’incarne pas pour autant l’islam quiétiste et spirituel pratiqué par la majorité des musulmans. La religion de l’Arabie Saoudite n’est guère l’islam mais le wahhabisme, une secte hérétique déguisée en orthodoxie islamique, dont Ben Laden est le pur produit. Né d’une rencontre, en 1745, entre un prédicateur inculte et illuminé – Muhammad ibn Abd al-Wahhab (1703-1792) – et un chef de guerre impitoyable et ambitieux – Muhammad ibn Saoud (1705-1765) -, le wahhabisme a été d’emblée combattu par les plus grandes autorités islamiques du Caire, d’Istanbul, de Damas, de Bagdad, de Tunis et de Fès.

 

La réforme (religieuse) du wahhabisme est impossible et même absurde. Penser le contraire, c’est admettre implicitement que le wahhabisme puisse être l’une des expressions de l’islam. Or le wahhabisme, c’est la négation même de l’islam, c’est la nécrose de la civilisation islamique. Ce n’est pas de l’Orient arabe, encore moins de l’Arabie Saoudite, que sortira un islam des Lumières, mais de l’Occident arabe, de ce Maghreb qui a enfanté Ibn Khaldun et Averroès, le dernier philosophe né en terre d’islam.

 

Il est noble de croire, comme Nicolas Sarkozy, à une possible évolution de l’Arabie Saoudite vers la modernité. Le problème, c’est que l’un des dogmes constitutifs du wahhabisme est précisément le rejet du changement, considéré comme une injonction coranique. Il faut donc abolir le wahhabisme. Sans lui, l’Arabie Saoudite pourrait évoluer et se réformer. Mais sans le wahhabisme, y aurait-il encore une Arabie Saoudite ?

 

 

 

Discours sur le « Discours »

Ou

La philosophie par les nuls

Par Ashraf Zayd

 

Dans ce discours sur le « Discours », M. Mazri Haddad nous sert savamment du réchauffé, du déjà servi et resservi, du déjà dit et redit. La recette est simple et bien rôdée. Elle nous séduit et nous conforte dans nos certitudes bien en place.

 

L’auteur s’attaque par delà le sujet de son article – l’Arabie Saoudite et son « idéologie » wahhabite – au thème de l’islamisme ; alors il fait appel, s’adressant à un public français, aux mythes fondateurs du discours bien pensant de l’intelligentsia accréditée auprès des plateaux de télé, et de tous les pseudo spécialistes de l’Islam politique et autre terrorisme.

 

Certes, l’auteur a raison quand il affirme que l’Arabie Saoudite «abrite les lieux saints de l’islam, mais (elle) n’incarne pas pour autant l’islam quiétiste et spirituel pratiqué par la majorité des musulmans » ; pour le reste, M. Mazri Haddad sombre dans une litanie truffée de généralités et de raccourcis affligeants. Ainsi, ouvre-t-il son article par évoquer la question o combien chère à ladite intelligentsia, à savoir la question de « la sécularisation de l’Islam », ignorant le fait que l’Islam est fondamentalement séculier dans le sens où nulle Eglise n’existe en son sein et, encore moins une hiérarchie ecclésiastique chargée du salut des âmes en intercédant entre l’Homme et Dieu. D’ailleurs, de cette ignorance naquit le grand malentendu, d’abord chez certains Occidentaux, aveuglés par une vision jacobine et positiviste du monde, voulant à tout prix faire inscrire l’histoire de l’humanité dans des grilles d’analyse propres à leur histoire locale. Les intellectuels arabes adeptes de « l’ordre traduit » (G. Kepel) – et M. Mazri Haddad en fait, à mon sens, partie – n’ont fait que suivre à la lettre leurs maître à pensée.

 

Deuxième généralité hasardeuse, évoquée par l’auteur dans la foulée de ses certitudes : « les mouvements intégristes dans le mondes ». Cette expression désigne, avec une nette prise de parti (contre bien sûr), tous les mouvements politiques qui se réfèrent, d’une manière ou d’une autre, à l’Islam, sa culture et son histoire. Et, tout le monde sait qu’il existe un large éventail de partis, de mouvements, de groupuscules, d’associations caritatives, ou même de simples attitudes et pratiques individuelles qui, se réfèrent à l’Islam, sa culture et son expérience historique. À lire M. Haddad, nous serons tentés par l’idée que les Démocrates Chrétiens en France, par exemple, sont des « intégristes chrétiens » ! Par ailleurs, l’auteur définit d’une manière expéditive et lapidaire cette mosaïques de mouvances d’une manière O combien éclairante pour le lecteur français : «toutes les tendances de l’islamisme ont les mêmes maîtres à penser, les mêmes dogmes (l’islam est religion et politique, le jihad et le martyr sont un devoir religieux…) et les mêmes objectifs : éradiquer les apostats (musulmans), combattre les mécréants (juifs et chrétiens), établir une théocratie coranique ».

 

L’autre mythe véhiculé par l’auteur, est d’affirmer que l’Islamisme a été suscité, encouragé et financé par les États-unis d’Amérique, eux-mêmes sous influence saoudienne ! Et pour quelle raison ? Pour combattre les régimes arabes postcoloniaux ! Comme si les régimes arabes postcoloniaux étaient des régimes progressistes, démocrates, gauchistes et anti-américains ! À qui pense-t-il en particulier ? À Hassan II, à Bourguiba, à Kadhafi, à Nasser ou à Hussein de Jordanie ? Jadis, certains marxisants, disaient la même chose : les impérialistes américains et leurs alliés au pouvoir dans les pays arabes encourageaient l’Islamisme pour affaiblir la gauche arabe ; comme si celle-ci avait une quelconque influence en dehors des cercles estudiantins et de l’élite auto isolée. M. Haddad, n’en dit pas un mot, car il sait mieux que quiconque ce qu’est advenue cette même gauche : des conseillés auprès des dictateurs et des hérauts de l’éradication – y compris physique – de l’Islamisme, en commençant par une « réforme profonde – comme celle, primordiale, des manuels scolaires » (cela rappelle feu Mohamed Charfi, ex-gauchiste, ex-conseillé et ministre de l’Education Nationale du Général Président et grand démocrates le tunisien Ben Ali !). C’est une priorité pour notre philosophe M. Haddad que de réformer les manuels scolaires en Arabie Saoudite et dans le reste du monde Arabe, mais c’est aussi une priorité néo-cons américaine dans les directives imposées aux pays arabes après le 11 septembre. À en croire cette ferveur, on pensera que l’Islamisme est né grâce (ou à cause de) à l’heure d’instruction civique et religieuse dispensée dans les écoles et les lycées ! Soyons sérieux M. Haddad ! Aucune réforme, aussi éclairée soit-elle, ne peut aboutir tant que ces pays sont gouvernés par des innommables dictatures faisant fi des plus rudimentaires des droits humains, tant que ces pays sont la chasse gardée des grandes puissances et des multinationales. C’est aussi simple que cela !

 

Une telle vision vous épargnerait de vous lancer dans des diatribes idéologiques des plus médiocres, comme lorsque vous évoquez le Wahhabisme et son fondateur qui est, selon vos raccourcis par trop légers, « un prédicateur inculte et illuminé ». La preuve : il fut «combattu par les plus grandes autorités islamiques du Caire, d’Istanbul, de Damas, de Bagdad, de Tunis et de Fès » Amen ! Et le philosophe glisse allègrement dans la voie de ceux qu’il prétend pourfendre, pour adopter la méthode « intégristes wahhabites », à savoir l’anathème et l’excommunication : «La religion de l’Arabie Saoudite n’est guère l’islam mais le wahhabisme, une secte hérétique déguisée en orthodoxie islamique ». Jadis, un certain Charles Pasqua a eu la tentation de l’exégèse coranique !

 

Ce n’est pas finit. M. Mazri Haddad dégringole encore pour proférer des propos rappelant les thèses racistes et colonialistes style XIXè siècle en opposant d’une manière manichéenne, l’Orient arabe (espace de l’Islam obscurantiste) à l’Occident arabe (espace de l’Islam des Lumières) ! « Ce n’est pas de l’Orient arabe, encore moins de l’Arabie Saoudite, que sortira un islam des Lumières (et des lumières, il en défilent sur les plateau de Télévision, à commencé par feu Malek Chebel !), mais de l’Occident arabe, de ce Maghreb qui a enfanté Ibn Khaldun et Averroès, le dernier philosophe né en terre d’islam »… Al-Kindî, Avicenne, Al-Farabî, Al-Ghazali, etc. Ceux-là, doivent choisir : soit ils sont philosophes, soit ils sont de l’Orient Arabe !

 

En tous cas s’il y en a un philosophe, un vrai ; c’est bien M. Mazri Haddad. Il sera bien accueilli dans le cercle très restreint des anciens « Nouveaux philosophes », qui surfent aujourd’hui sur la vague Sarko. Et, c’est peut-être là, le sens et le bien fondé de cet article !

 

Ashraf Zayd

 

(Source : le site nawaat.org, le 24 février 2008)

Lien : http://www.nawaat.org/portail/news_dernieres_nouvelles.php3?postid=44080&react=1&tpcref=15806

 


 

Censure, autocensure et dissidence

Par: Azwaw soumendil awragh 

 

Je me sens bloqué, incapable de coucher la moindre petite ligne sur mon blog, ce n’est pas la matière qui me manque, ni les sujets, c’est plutôt une sensation de lassitude qui persiste depuis quelques jours. Il est vrai que de petits soucis de la vie n’arrêtent pas de s’accumuler, certes ce n’est pas dramatique, mais c’est contrariant.

 

Peut être aussi que l’atmosphère de la blogosphère y est pour quelque chose, j’ai le sentiment qu’elle a perdu de son punch, il n’y a plus de polémiques ni de grandes controverses, je ne sais pas ou peut suis-je en tarin de chercher des prétextes…

 

Du coup, j’ai l’impression d’entendre comme une petite voix intérieure qui commence à me dissuader à chaque fois que j’entame la rédaction d’une note : « Cela va servir à quoi ce que tu écris, t’en a pas marre de moudre le beurre fondu ! Arrêtes tes radotages qui n’en finissent pas entre patrimoine poésie et patati et patata… » Et cette voix fini par avoir le dessus, non sans un ricanement de triomphe, qui renforce en moi cette lassitude persistante.

 

Après mûre réflexion, je me suis retrouvé en face du sujet de mes préoccupations : Ne suis-je pas en train de m’autocensurer inconsciemment ? Le sentiment d’impuissance pour changer les choses n’est il pas le prétexte pour baisser les bras et se taire ? C’est ce même sentiment qui m’a dissuadé à maintes reprises pour collaborer avec la presse écrite. Nous avons à tel point accepté passivement le fait de la censure des années durant, qu’il s’est installé dans notre inconscient d’une façon permanente.

 

La censure n’est pas que politique, elle croît en nous depuis notre enfance, transmise par la famille, la société, l’école, sous ces facettes morale, religieuse, comportementale, sexuelle et politique ; ainsi les interdictions s’installent en nous petit à petit et refoulent nos pulsions et nos désirs et inhibent toute créativité dès lors qu’elle ne s’inscrit pas en conformité avec les règles de conduite établies par tenants du pouvoir quel qu’ils soient.

 

Les régimes frileux s’ingénient à mettre sous leur coupe tous les médias, ainsi que les structures de production de la culture et des idées, la rigueur avec laquelle ils les dirigent et les orientent constitue un conditionnement permanent aux créateurs. Le stade suprême de la censure est atteint lorsqu’elle est intériorisé par les élites et les créateurs qui finissent par se faire eux même leurs propres lignes rouges à ne pas dépasser soit consciemment pour des raisons de survie matérielle ou inconsciemment et par conditionnement.

 

Face à la censure, la veille consciente nous permet de faire appel à une diversité de parades, l’humour, la symbolique, les prouesses technologiques contre la cyber-censure, ce qui maintient la dissidence vivace ; mais face à l’autocensure nous sommes désarmés, la réaction individuelle s’émousse et faiblit, l’individu est réduit à un maillon faible. Dans le combat de la censure la première bataille à gagner est celle que nous engageons contre l’autocensure.

 

Dans notre espace arabo musulman, le fait de réfléchir est devenu une dissidence en soi, les censeurs de tout acabit s’acharnent à réduire cette dissidence car réfléchir et user d’intelligence sur n’importe quel sujet, constitue une menace aux censeurs.

 

Les enjeux auxquels nous faisons face ne sont pas tant au nivaux du pouvoir politique, mais plutôt se rapportant à notre prise en main de notre propre destin en tant que citoyens « en devenir »en faisant appel à notre intelligence et non aux discours mimétiques empruntés à notre histoire moyenâgeuse, ou bien aux recettes toutes faites d’un monde occidental dont on n’est pas du tout certain de ses bonnes intentions à notre égard.

 

Il n’y a point de clefs toute prêtes dans un rayons bricolage pour débloquer l’évolution de nos sociétés, nous sommes acculés à forger nos propres outils et concept, de même que personne ne détient la vérité absolue ou la science infuse dans un monde relatif, c’est par la diversité de nos idées de leur pertinence et surtout de leur libération de toute autocensure que nous pouvons faire face aux défis que nos dirigeants s’obstinent à nous faire croire qu’ils sont les seuls à les relever, et nous réduire à un simple rôle d’applaudisseurs….

 

(Source : le blog tunisien « Khil we Lil », le 14 février 2008)

Lien : http://khilwelil.blogspot.com/2008/02/censure-autocensure-et-dissidence.html

 

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