23 mars 2011

TUNISNEWS
10 ème année,  N°3956 du 23.03.2011
archives : www.tunisnews.net 


Parti Tunisie verte: Communiqué

Appel des parlementaires européens et nationaux – Pour un audit des créances européennes à l’égard de la Tunisie

AFP:Tunisie: un parti de gauche prône le report des élections du 24 juillet

AFP: Immigrés à Lampedusa: une ONG dénonce les conditions d’accueil des enfants

Dr. Moncef SLITI:

L’Europe, la France et «Dégage» !

Nadia Omrane: Sadok Belaïd ou le jusqu’au-boutisme liquidateur sans service après-vente


REVUE DE PRESSE


 

COMMUNIQUE du PARTI TUNISIE VERTE


 
 A propos de l’agression violente et la menace de mort perpétrée contre notre camarade Mohsen Maatoug,Membre Fondateur du Parti et Membre du Bureau National
 
   Le Dimanche,20 Mars 2011 et à l’occasion d’un Meeting organisé à Mornag,dans le cadre du Conseil de Protection de la Révolution,notre camarade Mohsen Maatoug a été agressé violemment,verbalement et physiquement par une dizaine de personnes barbues.Ils lui ont cogné durement sur la tête au point de le faire vaciller et l’ont menacé de mort en lui disant texto: »Chien,on vous tuera sûrement! »
Les choses auraient pu dégénérer gravement si ce n’était l’intervention de la Police et d’éléments de l’Armée Nationale,présents à ce Meeting!
     Le Parti Tunisie Verte qui adopte dans son Programme la défense de l’Identité Arabe et de l’appartenance de la Tunisie à la Civilisation Arabo-Islamique appelle tous les militants à la Vigilance,et tous les Partis, les associations et les organes de la société civile à condamner ces agressions barbares et à demander des garanties raisonnables pour que ces incidents ne se repètent plus ,lesquels incidents proviennent  presque toujours d’une même source.
      
          Le COORDINATEUR GENERAL du PARTI TUNISIE VERTE
                                Abdelkader Zitouni

 

Pour un audit des créances européennes à l’égard de la Tunisie

Appel des parlementaires européens et nationaux


 
Au moment où le dictateur Ben Ali est chassé du pouvoir le 14 janvier 2011, la Tunisie supporte une dette publique externe de 14,4 milliards de dollars. Cette dette constitue un obstacle important au développement du peuple tunisien puisque son remboursement (capital plus intérêts) accapare en moyenne, chaque année, l’équivalent de 6 budgets de la santé. Alors que Tunisie a besoin de mobiliser, de toute urgence, toutes ses ressources financières, afin de faire face aux nécessités de la situation actuelle, l’actuel gouverneur de la Banque centrale de Tunisie envisage d’affecter 577 millions d’euros du budget de l’État au remboursement du service de la dette publique extérieure pour l’année 2011. 
 
Cet endettement n’a pas amélioré les conditions de vie de la population et la fortune accumulée par le clan Ben Ali en 23 ans de pouvoir démontre que d’importants détournements ont été effectués avec la complicité de certains créanciers.
 
A cela s’ajoute tous les remboursements effectués par la Tunisie sur sa dette publique extérieure. Selon les données de la Banque mondiale, la Tunisie a en effet remboursé, entre 1970 et 2009, 2,47 milliards de dollars de plus que ce qu’elle a emprunté sur la même période. 
 
C’est pourquoi, nous, membres de diverses assemblées parlementaires européennes, demandons la suspension immédiate du remboursement des créances européennes sur la Tunisie (avec gel des intérêts) et la mise en place d’un audit de ces créances. Cet audit, qui devra associer des représentants de la société civile comme l’a fait le gouvernement équatorien en 2007-2008, permettra de faire la lumière sur la destination des fonds empruntés, les circonstances qui entourent la conclusion des contrats de prêts, la contrepartie  de ces prêts (les conditionnalités) ainsi que leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques.
 
L’audit permettra ainsi d’identifier la part illégitime de la dette tunisienne, celle qui n’a pas profité à la population mais aussi d’éviter la formation d’un nouveau cycle d’endettement illégitime et insoutenable en responsabilisant les créanciers européens, les institutions financières internationales au sein desquelles l’Europe a un poids prépondérant, et le prochain gouvernement de Tunisie.
 
Pour signer l’appel, envoyer votre signature à Renaud Vivien (CADTM – Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde) : renaud@cadtm.org
 
Signataires :
 
Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL)
Gabriele Zimmer (GUE/NGL)
Eva Brems (ECOLO-GROEN!)
Patrick Moriau (PS)
Olga Zrihen (PS)
Zoé Gent (députée ECOLO-GROEN!)
Eric Jadot (député ECOLO-GROEN!)
Karine Lalieux (PS)
Hélène Flautre, députée européenne (Verts/ALE)
Juliette Boulet (députée ECOLO-GROEN)
Cypriot MEP Takis Hadjigeorgiou (GUE/NGL)
Rachid MADRANE – Député PS du Parlement fédéral.
Helmut Scholz (GUE/NGL)
Dr. Alexander King, Referent für Wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung, Fraktion DIE LINKE. im Bundestag
Alain MATHOT, Député-Bourgmestre (PS)
Jürgen Klute (GUE/NGL)
Lothar Bisky (GUE/NGL)
Marisa Matias (GUE/NGL)
Miguel Portas (GUE/NGL)
Takis Hadjigeorgiou (GUE/NGL)
Cornelia Ernst (GUE/NGL)
Kyriacos Triantaphyllide (GUE/NGL)
Jean-Luc Mélenchon (GUE/NGL)
Patrick Le Hyarick (GUE/NGL)

FTCR

Communiqué de presse

L’Italie et les autres Etats membres de l’Union européenne devraient suspendre toute mesure d’éloignement forcé  à destination de la Tunisie et se partager la réinstallation des réfugiés libyens et étrangers qui affluent en Tunisie


 
Bruxelles 23 mars 2011 : Les Ministres italiens Frattini et Maroni ont annoncé leur intention de se rendre en Tunisie, pour renouer la coopération bilatérale en matière de migration. Le Réseau euro-méditerranéen de droits de l’Homme (REMDH) juge indécente leur insistance à exiger des autorités tunisiennes, dans le contexte actuel, qu’elles empêchent de nouveaux départs et qu’elles coopèrent à l’éloignement forcé des migrants tunisiens qui sont arrivés en Italie depuis le début de l’année. 
Les bouleversements en cours dans la région ont démontré la myopie et la vanité d’une politique consistant à préférer les dictateurs aux migrants.
Attendre des autorités tunisiennes, avant tout, qu’elles répriment l’immigration en provenance de pays tiers et l’émigration à destination de l’Union européenne, c’est les inciter à renouer avec les pratiques autoritaires de l’ancien régime : ce n’est pas de ce type d’appui que la Tunisie a besoin. 
En cette période de transition, l’Italie et les autres Etats membres de l’Union européenne devraient, au contraire, suspendre toute mesure d’éloignement forcé  à destination de la Tunisie, et se partager la réinstallation des réfugiés libyens et non-libyens qui ont dû fuir la Libye, affluent en Tunisie et ne peuvent rentrer dans leur pays.
Si le nombre d’arrivées de migrants tunisiens à l’île de Lampedusa est important au regard de la taille de l’île et de sa population, il est infime, à l’échelle européenne, par rapport à l’ampleur de l’urgence humanitaire à laquelle la Tunisie est elle-même confrontée à la frontière qui la sépare de la Libye. Depuis le 20 février, 165 000 personnes ont traversé la frontière à Ras Adjir pour fuir la violence en Libye. Sans pour autant qu’on ait entendu d’officiels tunisiens tenir de discours incendiaires qui assimilent les migrants et les demandeurs d’asile à des délinquants ou des terroristes. La Tunisie fait face à l’arrivée de dizaines de milliers de travailleurs tunisiens dont certains étaient installés depuis plusieurs années en Libye, à celle de dizaines de milliers de travailleurs immigrés principalement bangladeshis et subsahariens qui attendent d’être rapatriés dans leur pays d’origine avec l’aide du HCR et de l’OIM, mais aussi à celle de Libyens et de ressortissants de pays comme la Somalie, l’Erythrée ou le Soudan qui ne peuvent de toute évidence pas rentrer dans des pays où leur vie ou leur intégrité physique est en danger.  
Pour plus d’informations, merci de contacter :Henriette Irminger Sonne, REMDH, Chargée de communications (anglais, danois, français): +4530828337Shaimaa Abou Elkhir, REMDH, Chargée de communications (anglais, arabe): +20101077207Caroline Stainier, Coordinatrice Asile et Migration (français, anglais) +32 2 503 19 73Marc Schade-Poulsen, Directeur du REMHD (anglais, français) +45 51 20 55 15
——————————————–
FTCR : 5, rue de Nantes 75019 Paris – Tel/Fax : 00(33)140341815 – ftcr@ftcr.eu – www.ftcr.eu
www.assises-immigration-tunisienne.info
A PARIS LE / 7 mai 2011
 

 

Appel du Collectif de solidarité avec le peuple libyen

 
Marche de solidarité
Avec le peuple libyen en lutte pour les libertés,
l’Etat de droit et l’intégrité du pays

 
samedi 26 mars 2011, à 15 heures
place de la République à Nation
 
– Protection des populations civiles – quel qu’en soit le lieu –, ainsi que des résidents étrangers et des migrants
– Vigilance sur l’escalade de guerre, et sur tous les dévoiements possibles de la résolution 1573 votée par le Conseil de sécurité de l’ONU
– Vigilance sur la duplicité des gouvernements occidentaux et de la Ligue arabe
– Arrêt des livraisons d’armes au dictateur, et sanctions contre les Etats qui s’y livreraient
– Reconnaissance du Conseil national de transition intérimaire, seul représentant légitime du peuple libyen
– Justice exemplaire contre les crimes de Kadhafi
– Solidarité avec le peuple libyen en lutte pour les libertés et la démocratie
– Soutien aux révolutions et luttes des peuples du monde arabe
 
Premiers signataires
– Collectif libyen du 17 février, Collectif tunisien Sidi-Bouzid, Comité marocain de suivi du 20 février, Collectif d’Algérien(ne)s de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie
– ASDHOM, ATF, ATMF, ATTAC, CFDA, CRLDHT, Etoile nord-africaine, FTCR, LDH, Manifeste des libertés, MRAP, Sortir du colonialisme, Union syndicale Solidaires
– Europe Ecologie-les Verts, NPA, PCF, PG, PIR
– PCOT-France (Tunisie), PPDS-France (Syrie)

Parti démocrate progressiste (PDP) Bureau Canada

Rendre hommage aux martyrs de la révolution du 14 janvier 2011, héritiers de ceux de la fusillade du 9 avril 1938 lors des combats contre l’occupation française.

SÉMINAIRE

Construire la démocratie:

Importance stratégique du développement politique et économique en Tunisie.                              


 

Date :                                   samedi  9 avril 2011

Lieu :                                   Centre Le Gesù 1200, rue de Bleury, Montréal, (Québec). H3B 3J3

 

13h00  :                                Accueil des participants

 

13H00-14H00 :                      Réception pour honorer les politiciens québécois pour la motion

(l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie), adoptée

à l’unanimité à L’Assemblée Nationale du Québec le 9 février 2011

                       

Premier atelier : 14h00–15h00 

 

L’élection d’une assemblée  constituante   le  24 juillet  prochain

 

Introduction Jooneed Khan, Journaliste  à la retraite, La Presse de Montréal  

 

Conférenciers:

Chiheb Charchour, Chargé de cours, Département de sciences économiques, Université de Montréal,: L’importance des élections et des partis politiques et leursimpacts sur l’avenir de la Tunisie

Monsieur Jean Dorion, député de Longueuil-Pierre-Boucher Porte-parole du Bloc Québécois en matière d’affaires étrangères : La Révolution tranquille au Québec, une période de changements rapides

Noômane Raboudi, Professeur adjoint Faculté des sciences sociales Études politiques àl’Université d’OttawaLa transition démocratique en Tunisie post-Ben Ali : les chances et les dangers 

 

Président : Jamel Jani

Rapporteur : Habib Hammami

 

Deuxièmeatelier : 15h00- 16h00 

 

Les enjeux économiques d’une transition démocratique

 

Introduction Aziz Fall, Politologue au GRILA, Les expériences de transition démocratiques  

 

Conférenciers:

Lassaad Damak, économiste: Le marché du travail en Tunisie : quelques réflexions  

Monia Mazigh, économiste, La Tunisie: après la révolution populaire, quel modèle économique à suivre ?

Tarek Masmoudi, économiste à la Caisse de dépôt et placement du Québec :Conjoncture et principaux enjeux économiques en Tunisie »

 

Président : Mohamed Ali Saïdane

Rapporteur : Fraj Brik

 

Pause café 16h00 – 16h15 

 

Troisième atelier : 16h15-17h15 

 

Comment peut-on aider notre Tunisie à relever les  défis de la révolution ?

 

Introduction: Michel Lambert, directeur général, Alternatives

Présentation : les Jeunes du PDP au Canada:

Haroun Bouazzi, Fraj Brik, Karima Ben Khalfallah etMajdi Dridi.

Débat ouvert avec la communauté tunisienne sur :

Les défis et les enjeux da la prochaine étape ?

                    Comment garder et protéger la révolution pour qu’elle ne avorté pas ?

                    Comment contribuer à l’édification de l’État de droit et de ses institutions ?

                    Comment contribuer à l’essor économique de notre pays seul garant de la stabilité et du développement ?

                    Comment mettre les fondations de nouvelles relations internationales dans lesquelles les intérêts des puissances occidentales ne soient pas en contradiction avec les intérêts du peuple tunisien?

                    Qu’attendre de la communauté québécoise et canadienne ? Quelles sont les attentes et quelle est la responsabilité de la communauté Internationale ?

Synthèse: Michel Lambert, directeur général, Alternatives

Président : Jamel Jani

Rapporteur : Nabil Elani et Mohamed Ali Saïdane


Tunisie: un parti de gauche prône le report des élections du 24 juillet


 
AP 23/03/11 20:21
 
TUNIS (AP) — A peine légalisé après 25 ans de clandestinité, le Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) a plaidé mercredi pour le report des élections prévues en Tunisie le 24 juillet prochain pour désigner une assemblée constituante.
 
Lors d’une conférence de presse, le dirigeant du POCT, Hammam Hammami, a suggéré de repousser la consultation au mois d’octobre pour permettre aux différentes forces politiques de se préparer convenablement à cette échéance.
 
Il justifie sa proposition par « l’importance des questions que la future assemblée aura à trancher » et la nécessité de « favoriser un climat politique propice ».
 
Depuis la chute du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, le nombre des partis légaux que compte la scène politique tunisienne s’élève à 49, contre neuf auparavant. L’ex-parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a été entretemps dissous sur décision de justice.
 
Les dirigeants du POCT ont, par ailleurs, critiqué le président par intérim et le gouvernement transitoire, les accusant de « porter atteinte à la légitimité » de la révolution tunisienne en refusant tout contrôle sur les mesures et décisions qu’ils prennent.
 
« La révolution n’est pas terminée en raison des dangers qui la guettent », a mis en garde M. Hammami. Dans son programme, le POCT se prononce notamment en faveur de la séparation entre la religion et l’Etat. AP

 

Immigrés à Lampedusa: une ONG dénonce les conditions d’accueil des enfants


 

 
AFP / 23 mars 2011 16h53
 
LAMPEDUSA (Italie) – Plus de 250 enfants vivent dans des conditions sordides sur la petite île italienne de Lampedusa, où des milliers de clandestins en provenance d’Afrique du Nord ont débarqué ces dernières semaines, a dénoncé mercredi l’ONG Save the Children.
 
« Les mineurs non accompagnés présents à Lampedusa doivent être immédiatement transférés ailleurs parce que les conditions générales dans lesquelles ils se retrouvent sont inacceptables », a déclaré la porte-parole de l’organisation, Raffaela Milano.
 
« Leurs conditions d’accueil (…) sont totalement inadaptées et la situation empire d’heure en heure, en particulier en ce qui concerne les conditions sanitaires », a-t-elle estimé dans un communiqué.
 
Des adolescents n’ayant pas accès à l’eau pour se laver et contraints de dormir par terre ont commencé à protester en faisant la grève de la faim, selon un travailleur humanitaire cité par le quotidien La Repubblica. D’autres ont avalé des lames de rasoir ou se sont tailladés les poignets, a-t-il ajouté.
 
Depuis la révolution tunisienne de janvier, plus de 530 mineurs non accompagnés par des adultes sont arrivés par bateau à Lampedusa, une petite île de 20 km2 située au large de la Tunisie. Alors que certains ont été transférés sur le continent, le gouvernement a tardé à transférer les autres.
 
« Ce retard est injustifiable », a déclaré Rafaella Milano.
 
Le gouverneur de Sicile, Raffaele Lombardo, a dénoncé de son côté « le fardeau insupportable » des immigrants parqués à Lampedusa, qui risque de « dégénérer en urgence sanitaire ».
 
L’île abrite actuellement dans des conditions plus que précaires quelque 6.000 immigrés, dont 2.200 dans un centre d’accueil pour clandestins prévu normalement pour accueillir 850 personnes.
 
Un navire militaire, le San Marco, est arrivé mercredi à Lampedusa d’où il doit évacuer environ 600 immigrés, alors que le maire de l’île et le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) ont demandé le transfert immédiat des immigrés vers d’autres centres. 670 autres doivent être évacués par avion à Bari, Foggia et Crotone (sud de l’Italie).
 
A l’issue d’une réunion convoquée mardi à Rome, le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, a annoncé avoir eu l’accord de plusieurs régions et provinces italiennes pour accueillir jusqu’à 50.000 immigrés.
 
M. Maroni doit se rendre prochainement à Tunis pour « trouver un accord avec les autorités de ce pays sur les initiatives qui peuvent arrêter le flux d’immigrés vers Lampedusa ».
 
Rome demande régulièrement un engagement majeur de l’Union europénne dans la résolution des problèmes de l’immigration clandestine, s’estimant abandonné par ses partenaires.
 
Le total des personnes arrivées depuis le début de l’année sur l’île dépasse désormais les 15.000, soit plus du triple de celles débarquées pendant toute l’année 2010.
 

 

L’Europe, la France et «Dégage» !


 
 Par Dr. Moncef SLITI*       21/03/2011

 

«Le monde est trop dangereux à vivre, pas à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.»

 Cette citation d’Albert Einstein, est en parfaite adéquation avec la période du régime déchu de Ben Ali.  Trop de démission. Trop de compromission. Trop de  gens ont souffert. Trop de gens ont été spectateurs .Trop de laisser-aller. Le mal venait de partout. D’abord, de la Tunisie  elle-même,   de sa société civile, de ses partis politiques, de ses syndicalistes, de son élite, de ses hommes d’affaires, de ses journalistes, et la liste est encore longue ! Donc, la responsabilité est collective. La responsabilité de la majorité des acteurs politiques, économiques, sociaux et autres est sans doute engagée durant cette période noire de l’histoire du pays, à l’exception, de quelques voix qui ont su et pu contre vents et marées garder le cap et s’élever contre le régime de Ben Ali.

Ensuite, il y a  le désintéressement, le silence et l’indifférence qui provenaient aussi, de son environnement géopolitique, notamment  de l’Europe et principalement de la France  qui reste,  en deça des relations historiques et culturelles avec la Tunisie, son premier  fournisseur .D’où forcément l’existence, d’au moins, des intérêts économiques en jeu. Donc, La France  aurait pu et dû  être  moins  partiale et plus vigilante à la question des Droits de l’Homme et à la Liberté d’expression, ainsi qu’aux cris et aux alertes maintes fois adressés par l’opposition Tunisienne à Paris.

Un silence complice

Elle aurait pu tenir, au moins, l’équilibre entre d’une part  les aspirations  réelles mais  étouffées et délaissées  du  peuple et d’autre part, la sauvegarde de ses intérêts. Mais en cautionnant sans cesse et sans réserve la délinquance politique  d’un régime autoritaire, elle a montré un degré d’aveuglement diplomatique inégalable, comme l’ont signalé certains observateurs avertis.

Pis encore, durant la révolte, la France avait continué de soutenir le régime déchu jusqu’à son  dernier carré de résistance et ce contre la volonté de tout un peuple! Rappelons-nous les dernières pirouettes de Michelle Alliot- Marie qui a finalement quitté le Quai d’Orsay par la petite porte !

Pourtant, qui ose aujourd’hui, crier haut et fort en Europe, et surtout en France, qu’il n’était pas au courant de l’autocratie installée en Tunisie, du caractère corrompu, brutal, policier et en un mot dictatorial du régime en place et ignorer la peur et l’humiliation, le lot quotidien de l’opposition et de  toute la population entière. La position globale de  la classe politique, depuis  l’époque de François Mitterrand jusqu’à Nicolas Sarkozy, dégageait  un fort parfum de complaisance et une odeur de complicité assez souvent discrète mais parfois clairement détectable.    

Nous vous renvoyons  aux déclarations de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy sur la Tunisie, largement citées et discutées à l’époque par les médias, elles résumaient –à elles seules-les errements de la politique étrangère  française concernant les pays de la rive sud ! 

Il faudrait prendre en compte le vent de colère qui  souffle sur les pays du Sud  de la Méditerranée. La désespérance économique, le désenchantement social et le rejet d’un système bien édifié sur l’affairisme, le favoritisme  et la prédation ont affecté toutes les couches sociales et toutes les régions, ce qui explique, d’ailleurs, l’intensité du refus  des régimes en place.

Mais il y a l’intolérable. Le manque de respect de libertés individuelles, de dignité, le viol permanent des institutions de l’Etat, à commencer par le bricolage des constitutions selon le désir du maître et la transgression constante  des droits fondamentaux de la personne humaine  qui ont déclenché des révoltes et poussent encore les populations à prendre leur destin en main.

Pour une nouvelle politique

Aujourd’hui, la peur au ventre, l’Union Européenne, regarde impuissamment le Monde arabe en train de faire sauter les verrous de sa prison et d’étrangler, du moins, politiquement ses dictateurs,  l’un après l’autre ! Les 300 millions d’Européens, qui observent  les 300 millions d’Arabes, en ébullition depuis la  “révolution de Elbouazizi “, sont angoissés par la perspective d’une nouvelle immigration massive, après avoir vu débarquer en un laps de temps record,  plus de 8000 Tunisiens sur l’île italienne de Lampedusa située à seulement 167 km des côtes tunisiennes. Presque autant que la population de cette île.

Des prévisions évaluent même à 15.000 le nombre de personnes susceptibles de venir en France en provenance d’Italie. Mieux encore, la crise en Libye alimente? les craintes d’une arrivée massive? de migrants en Europe. L’Italie? parle de 300.000 arrivées. L’extrême droite française brandit le chiffre? de 1,5million.

Ainsi, ces Tunisiens, par exemple,  candidats à l’immigration, en majorité jeunes, révolution ou pas, fuient leur pays afin de chercher un nouveau ancrage de leurs vies loin du chômage, du manque de  travail et de perspectives d’avenir professionnelles inexistantes même pour les plus diplômés d’entre eux.

Cet afflux d’immigrants,  constitue, en soit, un prélude judicieux  pour convaincre l’Europe, peut-être définitivement qu’à défaut de soutenir  les peuples,  la défense des Droits de l’Homme et le respect des ses propres valeurs humaines, la sauvegarde de ses intérêts stratégiques n’est pas garantie forcément en faisant fi et en se drapant, au mieux, dans un silence complice des dictateurs et des régimes totalitaires.

Mais bien au contraire, en renouant des vrais liens entre les populations des deux rives, afin d’assurer à l’ensemble de nos pays un avenir pacifique et convivial et ce  dans le respect de la souveraineté des Etats du Sud.

l’Europe doit dorénavant contribuer à la modernisation des systèmes politiques, soutenir la mise en place de mécanismes et des processus de bonne gouvernance et accélérer la fin de règne du modèle tyrannique  dans une région qui n’en a que trop connu.

Regardez ce que fait le dictateur Libyen de sa population ! De  quel argument peut-on user pour justifier l’attitude de L’Europe qui est restée étrangement silencieuse et inefficace sur  les massacres des Libyens ? Realpolitik ! Défense des intérêts économiques ! Recherche de solutions pacifiques ! Aucun argument ne peut légitimer cette situation de terreur et d’horreur imposée au peuple libyen ! Et pourtant, Kadhafi  était l’enfant gâté de l’Europe des années durant ! Que de fois le tapis rouge s’est déroulé pour sa majesté sur le sol européen ! On dirait que l’Europe est  en panne et manque de visibilité sur les vraies préoccupations de la rive Sud !

Pis encore, demandons-nous qu’elle est l’agenda de l’Europe pour faire évoluer les situations internes des pays du Sud de la mer Méditerranéenne (Maroc, Algérie etc.)Qui n’ont pas encore  reçu un<< dégage>> de leurs peuples ? Quel est le rôle que compte jouer  l’Europe pour impulser des vrais changements en douceur et sans attendre les crises ! Autant de questions qui interpellent les décideurs politiques au Nord !

l’Union Européenne est appelée à  sortir de son silence et prendre d’urgence ses responsabilités, comme elle l’a fait dans le passé en soutenant durant les années 1970 trois pays méditerranéens, le Portugal, la Grèce  et l’Espagne.

 Ces pays se sont libérés  du joug de leurs dictatures et ont fini par rejoindre le cercle des pays démocratiques grâce à l’aide, essentiellement, de l’Europe.

Une feuille de route

Pour résumer, L’Europe, doit s’engager sur le plan politique mais aussi et surtout sur le plan économique. Nous citons quelques points :  

1- Concernant la Tunisie, en plus des mesures décidées par la Banque Européenne d’Investissement qui sont, tout de même, limitées, par rapport au besoin du pays,  l’obtention «du statut avancé»   est une urgence.

Par ailleurs,  la Banque Centrale Européenne doit aussi proposer des mécanismes de soutiens à tous les pays concernés par ces bouleversements dans le Monde arabe.

2- Revoir complètement la notion de la coopération technique vers une  intégration régionale plus poussée entre les deux rives de la Méditerranée afin de mieux affronter les défis économiques, sociaux  et politiques . Il doit s’agir d’une aide économique aussi importante que celle allouée  à l’Europe de l’Est.

3-  L’offre de l’Europe  doit aller d’une injection massive de liquidités, jusqu’à l’attribution systématique de bourses d’études pour les étudiants et les compétences du sud.

4- Les politiques du contrôle du flux migratoire à la source, ne défendent que les intérêts des pays du Nord et ne tiennent pas compte ni de la situation politique interne des pays du Sud, ni de la réalité migratoire et  des contextes géopolitiques des pays à forte  densité  migratoire  .Ces politiques sécuritaires et égoïstes doivent laisser la place aujourd’hui à des alternatives plus humaines et mieux régulatrices des flux migratoires mais aussi et surtout moins complaisantes à l’égard  du despotisme des régimes en place D ’ailleurs, certains observateurs parlent de la possibilité de mettre en adéquation les besoins de l’Europe et la demande en main d’œuvre de sud. Olivier Pastré, professeur à Paris VIII, précise dans le Figaro du 4 Mars 2011 «qu’ en matière d’immigrations, il y a 30 millions de jeunes <<en trop>> au sud de la Méditerranée à l’horizon de 2030 et 30 millions de salariés qui manquent en Europe au même horizon»

Ainsi, pour stabiliser le flux migratoire et accompagner le mouvement de marche vers la Démocratie et la Liberté, il est indispensable de mettre en place dans les plus brefs délais un plan de développement susceptible d’apporter croissance et emploi à la rive Sud de la Méditerranée.

Sinon, L’Europe doit s’attendre à ce que  la jeunesse, fer de lance  des ces bouleversements majeurs qui embrasent un certain nombre de pays du Sud de la Méditerranée, lui jette en plein figure : un grand «Dégage» et forcent les nouvelles équipes gouvernementales à changer de cap ! A chercher  d’autres horizons ! Et pourquoi pas à lancer une grande Bienvenue aux Latinos Américains et aux Asiatiques !

* Moncef Sliti, actuel Directeur de l’INSERD (Institut Euromed de recherche et de développement) conseiller municipal dans une ville de la banlieue parisienne est ingénieur de formation. A la fin des années 1980 il a été chef de service au ministère de l’Equipement, membre du Conseil de l’Ordre des ingénieurs et conseiller à la revue “Le Maghreb”. Il a été à la tête de la liste indépendante (proche d’Ennahdha) de Ben Arous lors des législatives de 1989. Aujourd’hui il se définit comme indépendant. “C’est déjà un projet !” dit-il.

Références

Le Monde du 15 Janvier 2009

Le Monde du 17 janvier 2011

Les Echos de 5 mars 2011

L’Expansion, le 19  Mars 2011.

 Le Figaro 4 mars 2011

Appel du comité  de parrainage politique de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED)(TUNISIE, EGYPTE, MÉDITERRANÉE : L’EUROPE DOIT AGIR ET VITE !)

 Les relations entre pays du Nord et du Sud ( www.emse.fr)

(Sebastien Di maio, Thomas Hoppe, etc.)

www.ladocumentationfrancaise.fr

www.cimade.org

(Source: “Réalitées” (Hebdomadaire – Tunisie) du 17 au 23 mars 2011)

 
Alternatives citoyennes
Des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
Mars 2011
 

Sadok Belaïd ou le jusqu’au-boutisme liquidateur sans service après-vente

http://www.alternatives-citoyennes.sgdg.org/2011-03/230311-w.html


 
Depuis que le quotidien La Presse du Tunisie a opéré sa mue révolutionnaire, la chronique hebdomadaire du professeur Sadok Belaïd anime notre réveil dominical : sa verve casse la langue de bois encore en usage parfois et son élégante expression française saupoudrée de Latin, d’Anglais et d’Italien annoncent que pour quelques uns è finita la commedia.
 
Ainsi, dans une philippique railleuse intitulée « Marion pleure, Marion crie, Marion veut qu’on la marie », probablement insoutenable pour sa cible, le professeur Belaïd cingle maître Nejib Chebbi, ex- (ou toujours, on ne sait !) président du PDP, qui ne fut pas un modèle de constance politique. Il le taille en pièces sans le moindre ménagement qu’en revanche il accorde avec profusion à d’autres personnalités politiques citées dans ses chroniques. S’il est vrai que M. Nejib Chebbi fit valoir publiquement sur la continuité de son parcours son art des retournements acrobatiques, il faut lui reconnaître que depuis 1995 il maintint dans son viseur l’ex-président de la République tunisienne, d’une manière plus explicitement cohérente que le professeur Belaïd dont on ne se souvient pas – malgré notre longue et minutieuse observation de la scène politique tunisienne – de la moindre protestation publique ; à la rigueur, le professeur Belaïd ne fut peut-être jamais qu’un rebelle en robe de chambre. Aujourd’hui, plus vif et pédagogue, nous faisant partager bien des choses de sa science, le professeur Belaïd s’engage, ferraille, dans une radicalité intransigeante dont la rhétorique pourrait se résumer dans ce slogan inattendu sous sa plume : du passé, faisons table rase.
 
Voilà qu’en effet, dans sa progression éradicatrice et pris d’une subite fièvre révolutionnaire, il en appelle, dans sa chronique du 20 mars, à la suppression des trois commissions supérieures dont se sont entourés les gouvernements provisoires successifs postérieurs au 14 janvier 2011.
 
Déjà dans un précédent pamphlet intitulé « Game over for everybody », il avait sifflé la fin de la récréation politique à bien des établis de l’ante/post 14 janvier. Ainsi il a globalement des mots très durs pour le gouvernement de Mohamed Ghannouchi dont il dénonce l’immobilisme et l’incurie, et particulièrement son incapacité à définir le cadre juridique et la mission des trois commissions accompagnatrices de sa reprise en main des affaires de la République.
 
Parce qu’il reproche à ces trois commissions d’avoir été instruites dans le même esprit que le gouvernement provisoire, il leur promet de tomber dans la poubelle de l’histoire : à juste titre, il considère en effet que ces trois commissions ont été présentées le 13 janvier au soir, par le président de la République déchu, comme sa propre bouée de sauvetage déguisée en une « fallacieuse » ouverture réformatrice. D’après Sadok Belaïd, le gouvernement provisoire a repris, dans un « désarroi » similaire à celui de l’ex-président, ces « idées mal inspirées », en se concevant comme un gouvernement de salut public faisant appel à des personnalités politiques de l’opposition légale et à des compétences technocratiques proposées par quelques raffarinades, tout replâtrage envisagé avant la fuite de l’ancien président. Dès lors la résistance du 14 janvier 2011 organisée en une Kasbah I et Kasbah II, chapeautées par le conseil de protection de la révolution, eut vite fait d’éjecter ce gouvernement provisoire.
 
En conséquence, partisan d’une rupture radicale réclamée « par le peuple souverain » – dont il épouse la cause quand il ne l’inspire pas – le professeur Belaïd propose la suppression de ces trois commissions, demeurées irrégulières jusqu’au 18 février 2011, condamnées « à naviguer à vue », enfermées « dans leur tour d’ivoire » et « coupées du terrain ».
 
La première commission dont Sadok Belaïd pulvérise l’existence est la commission chargée d’enquêter sur la répression de l’insurrection populaire par les forces de l’ordre : il considère que le caractère pénal de ces dossiers commande leur transfert à l’autorité judiciaire. Le professeur ne dit pas un mot du président de cette commission, maître Taoufik Bouderbala, bonhomme et accommodant ex-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, qui en mars 1994 prit la succession du docteur Moncef Marzouki éjecté par un putsch qui inaugura le début de la descente aux enfers du mouvement des droits de l’homme… Mais ceci est un autre sujet sur lequel forcément nous reviendrons.
 
En revanche, l’ex-doyen Belaïd couvre de louanges le professeur Abdelfattah Amor dont il garantit les vertus professionnelles et le sens du service de l’État : d’une égale discrétion à l’égard de l’ancien régime, les deux éminences professorales du droit tunisien mériteraient cette sentence de Péguy à propos du philosophe de « la Raison pure » : vous avez les mains propres, mais vous n’avez pas de mains ! Cependant, après le show télévisé – belle opération de communication sur la découverte, « sous les yeux innocemment ébahis » du professeur Abdelfattah Amor, de la « caverne d’Ali Baba » à Sidi Dhrif, infime témoignage du vol et de la dilapidation du bien public par l’ancienne oligarchie au pouvoir – l’investigation sur l’ensemble de ces malversations dont est chargée la commission de Abdelfattah Amor apparaît complexe, de nature procédurale et, conclut Sadok Belaïd, appelée à être transférée au pouvoir judiciaire. Cette commission, regrette-t-il, est devenue « illégitime, peu crédible » aux yeux des experts nationaux et internationaux de la corruption, à telle enseigne que cette deuxième commission va se retrouver elle-même devant le tribunaux.
 
Mais la véritable cible du professeur Belaïd est, en réalité, l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, présidée par l’ex-doyen et professeur Iadh Ben Achour. Après avoir regretté que le nouveau gouvernement n’ait pas récupéré « toute l’autorité de l’État » dans la conduite des affaires du pays sans s’embarrasser d’autant de mouches du coche, le professeur Belaïd déplore que cette commission, irrégulière jusqu’au 18 février, ait multiplié ses membres et ses prérogatives, modifiant sans cesse ses appellations, à un tel point qu’elle se retrouve aujourd’hui grossie comme un « mini-parlement » formé de représentants de quelques partis légaux (mais ils sont présentement 49 !) ainsi que des dites personnalité nationales « attendues ou inattendues ».
 
Il ne faut pas être grand clerc pour remarquer la sélection arbitraire et orientée d’une élite citadine à l’exclusion d’une représentation de la Tunisie profonde, des jeunes, voire des femmes, qui firent pourtant la révolution. Comment alors ne pas s’exposer à un clash le jour de la première réunion le 17 mars, à des injures, à des menaces, à des sorties tempétueuses : le 21 mars, dans une interview consécutive à la chronique de professeur Belaïd, le professeur Iadh Ben Achour explique ces turbulences par une inaccoutumance au débats pluriels, du fait de longues années de répression. Mais le tact, la diplomatie, et la disposition du professeur Ben Achour à maintenir le consensus ne sauraient dissimuler une orientation délibérée, au sein d’une même appartenance (d’autres parlent de clientèle et de coterie voire de famille). Une correction de cette représentativité est réclamée d’urgence au professeur Iadh Ben Achour, appelé à se positionner avec plus d’impartialité et de conscience véritablement nationale, au-dessus des clivages et de la mêlée. Cela sera-t-il possible avant le 31 mars, date butoir de la mise en route des dispositions électorales ?
 
Mais son pair, le professeur Belaïd, n’y va pas par quatre chemins : considérant cette instance supérieure comme lourde, inappropriée dans sa mission, inefficace, incapable de tenir la route, il la jette d’avance aux oubliettes de l’histoire. Il propose en échange de passer directement à l’élection de l’Assemblée constituante par « le peuple souverain » auquel cette instance supérieure ne saurait se substituer ni réfléchir « à sa place, encore moins pour son propre compte ». Et Sadok Belaïd offre un cadrage électoral clé en main.
 
Le professeur Belaïd a apparemment tout prévu. Seulement, s’en remettant au peuple souverain dans une sorte de populisme qui s’apparente à une forme de démagogie, le professeur Belaïd ne dit mot du socle civilisationnel sur lequel s’est fondée la République tunisienne. Dans son marketing liquidateur, il n’assure aucun service après vente, faisant fi de l’incompressible bloc des valeurs et acquis de notre tunisianité.
 
Cet éminent expert du droit de la mer développerait-il un discours de l’amer, en raison de la marginalisation de sa grande compétence, a bien des égards convaincante mais portée à la surenchère, marginalisation qui aurait été opérée au profit de la dynastie Ben Achour ? En dépit de sa science brillante et de sa logique implacable emportant quelquefois l’adhésion, on peu redouter que ce professeur émérite qui ces dernières années fut un consultant pour un port en eaux profondes, ne précipite ses disciples vers de périlleux abysses.
 
Nadia Omrane
 
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Cactus : une schizophrénie médiatique qui pique et…pique


 

Régime de Ben Ali déchu dites-vous ? Oui, c’est certain, mais les lèche-bottes squattent toujours le terrain… D’autant plus que la quasi-totalité des anciens vassaux du dictateur, et pour se racheter, se métamorphosent en de pauvres victimes ou souffre-douleur de l’ancien régime et du clan Trabelsi.

Une «conférence de presse», si on peut appeler ça ainsi, a eu lieu mercredi dernier dans les locaux de la maison de production Cactus.

Longtemps boudés par le propriétaire des lieux, à savoir Sami Fehri, les journalistes se sont trouvés pris au piège. En réalité, la conférence de presse s’est avérée être l’enregistrement d’une émission télévisée que «Monsieur» préparait pour sa nouvelle chaîne télé…Rien ne nous avait préparé à cela, et sûrement pas le fax que nous avons reçu !

Un one man show très… Fehri ! Puisque c’est «Cactus» et qu’un cactus ça pique, on peut se demander quelle mouche a piqué Sami Fehri, lui qui a toujours ignoré les (vrais) journalistes, pour redescendre sur terre et les convier dans ses locaux. Allait-il faire comme tous ceux qui se prétendent avoir été manipulés par l’ancien régime et se dire accusés à tort ? Ou comptait-il annoncer publiquement son mea culpa afin de se faire pardonner ? La réalité était tout autre.

Le propriétaire de Cactus a donné l’impression d’être dans tous ses états : perturbé, instable, anxieux ; une image qui n’est pas celle qui correspondait à un homme que l’on disait trop sûr de lui, voire même hautain.

Les journalistes ont été orientés vers les lieux de la conférence, un studio avec des caméras partout, et ont été installés au premier rang, place d’honneur… Derrière eux, le personnel de Cactus était là où devait se mettre le public. The show must go on. Projecteurs, écrans géants, matériels ultra sophistiqués, tout était en place… Pour une simple conférence de presse, rappelons-le !

Sami Fehri se lança dans un long et pompeux verbiage. Cours magistral, longue tirade, monologue ou show télévisé ? On ne savait plus à quoi on avait affaire. Il monopolisait la parole, ne tenant pas compte des réactions des journalistes qui se demandaient, au fil du temps, la raison de leur présence. Il a enchaîné avec un rythme effréné et démesuré son long discours, alors qu’au départ, il avait demandé aux journalistes comment ils voulaient procéder. L’objectif de ce long débat, qu’il anima seul, bien évidemment, était de démentir toutes les accusations faites à son encontre, clamer haut et fort son innocence quant aux manigances et privilèges dont il bénéficiait du temps de l’ancien dictateur.

Il se posait lui-même les questions auxquelles il répondait. Nous, journalistes, n’étions en fait, que des spectateurs face à un show «télévisé», juste des bibelots dans le décor…

Manipulation médiatique et mécontentement journalistique Durant 5 heures et demie non-stop, Sami Fehri n’a pas arrêté de pérorer, de donner des détails et descriptions à la Balzac ! Et comble de l’ironie, son personnel applaudissait à chaque fois que leur boss se justifiait, à croire que l’on était encore à l’ère de Ben Ali, et dire que les employés ne sont pas payés depuis deux mois maintenant…

Se rendant compte de la comédie burlesque dans laquelle ils étaient à la fois spectateurs et comédiens, quelques-uns parmi nous se sont rebellés contre cette «conférence» dont Sami Fehri a fait un purgatoire malsain et beaucoup se sont indignés que ce soit-disant repentant utilise les gens de la plume comme moyen pour arriver à ses fins et comme vecteur de sa nouvelle propagande : faire de la pub pour sa nouvelle chaîne.

Ainsi, il a voulu nous manipuler pour faire une émission avec nous sans même nous avoir demandé la permission, et lancer sa nouvelle chaîne télé avec des images de cette émission tournant en boucle et montrant une trentaine de journalistes tunisiens à l’image. A-t-il décidé cela pour montrer au monde que les journalistes tunisiens le soutiennent ? Ça sera une manipulation machiavélique. On se demande aussi d’où viennent les fonds pour le lancement de cette nouvelle chaîne, alors que Sami Fehri jouait les pleureuses sur ses comptes gelés, et sur le fait qu’il était fauché… Pour toute excuse sur l’enregistrement à l’insu des journalistes, le patron de Cactus a continué à caqueter en déclarant : «C’est que je ne suis pas habitué aux conférences de presse. Je ne sais pas comment il faut procéder !».

Aurait-il oublié que certaines valeurs professionnelles et morales ne se vendent point dans les marchés aux puces ? Les temps ont changé, or, il y en a ceux qui oublient que l’ère des privilèges et des complots est bel et bien révolue…

Source: “Webdo” Le 23-03-2011

Tunisie : Nabil Karoui veut attaquer Cactus Prod en justice


 

Lors d’un point de presse organisé par Nessma TV le 23 mars, Nabil Karoui a affirmé qu’il compte intenter une action en justice contre Cactus Prod, la société de production de Sami Fehri pour «concurrence déloyale».

Il a signalé également que « les préjudices causés par Cactus n’ont pas touché  uniquement la télé nationale». Selon ses dires : «presque tout le paysage médiatique tunisien en a été victime». Le PDG de Nessma TV a ajouté qu’il défie Sami Fehri de démontrer qu’il possède un contrat autre que celui «imposé» à la chaine nationale qui leur a servi de «vache à lait».

Source : « Tekiano » Le 23-03-2011

La Tunisie compte 49 partis politiques


 

Depuis la révolution, le ministère de l’Intérieur a été assailli de demandes de légalisations en vue des prochaines élections.

La Tunisie compte désormais 49 partis politiques légaux, suite à la reconnaissance de cinq nouvelles formations, a annoncé mardi soir le ministère de l’Intérieur.

Depuis la dissolution le 9 mars par la justice du puissant parti-Etat de Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), le ministère a été assailli de demandes de légalisation en vue des prochaines élections du 24 juillet.

Selon des sources concordantes, une centaine de formations auraient déposé un dossier au ministère de l’intérieur depuis la chute de Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier.

Trois formations religieuses refusées

Le 12 mars, le ministère a toutefois refusé de légaliser cinq formations, dont trois religieuses.

Tous les nouveaux partis n’ont que quatre mois pour se structurer et affronter le verdict les urnes, avec l’élection en juillet prochain de l’Assemblée nationale constituante (ANC), qui doit rédiger et promulguer une nouvelle Constitution pour fonder la IIe république tunisienne.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 23-03-2011

Tunisie: Qui est Guy Sitbon, le journaliste qui tutoie Béji Caid Essebsi ?


 

Chroniqueur et administrateur à l’hebdomadaire français Marianne M. Guy Sitbon, vient de réaliser une interview avec le Chef du gouvernement, M. Béji Caid Esssabsi.

Pour introduire son Interview, M. Sitbon informe les lecteurs que « Si el Béji, comme on l’appelle respectueusement, est un ami de vieille date, il ne me raconte pas d’histoires. » En d’autres termes, ce reporter de Marianne et Béji Caid Essebsi se connaissent depuis longtemps.

D’ailleurs, lors de sa rencontre avec le premier ministre, cet éminent journaliste de 77 ans, se permet de tutoyer Caid Essebsi. Mais si M. Caid Essebsi le connaît bien, le nom Guy Sitbon n’évoque rien pour le grand public en Tunisie.

Pour cette raison nous avons cru bon de faire notre petite recherche et avons trouvé sur Wikipédia que ce monsieur est certes journaliste mais pas seulement. Il s’agit d’un militant tunisien et ce depuis son jeune âge. Ci-après une partie de sa biographie :

Issu d’une famille de juifs tunisiens plutôt aisée au sein de la petite communauté juive locale, Guy Sitbon souhaite très tôt faire du journalisme son métier. Dès l’âge de 13 ans, il devient ainsi le correspondant local de Tunis-Soir sans que ses responsables sachent son âge. Adhérant très jeune à la cause nationaliste tunisienne, il est expulsé de tous les lycées du pays pour ses sympathies politiques.

A l’âge de 16 ans, il adhère au communisme, marqué par des lectures comme celle du manifeste du Parti communiste, mais aussi par l’influence d’un oncle secrétaire général adjoint du Parti communiste tunisien (PCT). Dès qu’il s’inscrit en lettres à l’Institut des hautes études de Tunis, il prend sa carte au PCT.

Correcteur à Afrique-Action, tout en y publiant quelques petits articles, ses premières armes dans la presse militante communisante lui donnent l’occasion de rencontrer Merleau-Ponty. Il est alors assez marqué par la critique révolutionnaire et de gauche du communisme que lui offre la lecture des Temps Modernes. Celle-ci n’est pas étrangère à son déniaisement du communisme qui, en 1955, survint sous le double choc du voyage de Nikita Khrouchtchev à Belgrade et de la lecture de L’Opium.

En 1956, il se retrouve à Paris. Étudiant en première année en sciences politiques, il vit alors avec les musulmans, militant au sein de l’Union générale des étudiants tunisiens pour une cause nationaliste dont il incarne l’aile communisante.

Mais sa judéité lui vaut des attaques personnelles qui l’amènent à en sortir. Il n’en reste pas moins un proche de la fédération de France du FLN, se définissant avant tout comme un arabe juif, favorable au nassérisme et à la révolution baasiste, laïque et socialiste.

En 1957, il prend le poste de secrétaire de rédaction à La Nef que lui offre Hector de Galard sans pour autant se considérer proche des « libéraux français sans intérêt ». Il est alors remarqué par le responsable du Monde au Maghreb pour couvrir l’installation du FLN à Tunis.

À partir de juin 1958, il assure donc la correspondance du quotidien à Tunis. Il forme, à partir de 1960, le Maghreb Circus avec différents journalistes occidentaux. Il écrit aussi des éditoriaux dans La Presse de Tunisie (1961-1962) et des articles pour Jeune Afrique, France Observateur et Time Magazine. Mais l’indépendance algérienne l’amène à séjourner en Algérie (mars-août 1962) comme collaborateur du Monde et de journaux américains (comme le New York Times). C’est là qu’il est recruté par Béchir Ben Yahmed, le directeur de Jeune Afrique, pour couvrir l’Afrique du Nord et subsaharienne.

De retour à Paris en 1964, il entre au service étranger de L’Express grâce à son ami Claude Krief. Il participe alors aux réunions préparatoires avec France Observateur même s’il est sceptique sur la reprise du titre. En janvier 1965, il intègre Le Nouvel Observateur comme directeur commercial. À partir de juillet 1966, il assure la direction de la rédaction du Nouvel Adam même si son titre est plus fictif que réel. Il a alors démissionné du Nouvel Obs pour fonder Le Magazine littéraire. Il en assure la direction jusqu’en 1970, année où, lassé par son travail, il vend le titre à Fasquelle. Il vit alors près d’un an dans une communauté au Danemark.

Lors du massacre de Munich (septembre 1972), sa sensibilité à la cause arabe transparaît dans la compréhension qu’il manifeste envers le fait que « il ne reste plus que la violence » aux Palestiniens pour convaincre les Israéliens d’« englober Israël dans un État arabe laïque et démocratique » où ils seraient leur frères. De même, il rappelle avec force que si « les Israéliens ont une terre et un État », « les Palestiniens n’ont ni l’un ni l’autre ». En 1973, son traitement de la guerre du Kippour est alors jugé trop pro-arabe par Jean Daniel qui lui adjoint Hervé Chabalier pour « rééquilibrer » les positions. Par la suite, on lui offre donc moins l’occasion de traiter de la question.

Chargé essentiellement du Maghreb, il effectue plusieurs reportages au Maroc (1972, 1977 et 1979) où divers articles traitent de l’autoritarisme en Tunisie et en Algérie. Il s’entretient même avec le colonel Kadhafi en juin 1973. Mais il est aussi mobilisé par le service politique pour interviewer Michel Rocard (19 février 1973). À partir de décembre 1974, il exprime directement son point de vue sous une forme humoristique dans le cadre d’une chronique (« La fiction de Guy Sitbon ») dont il tire un recueil en 1976.

En juillet 1978, il participe au débat sur le Tiers-monde et la gauche. Refusant l’utilisation du discours antitotalitaire pour l’ensemble des pays du Tiers-monde, il met l’accent sur le caractère européocentrique et anachronique de la critique de l’État dans le Tiers-monde. Réfutant l’idée qu’on puisse « séparer, comme le fait Julliard, le peuple de son État », il refuse de « céder à la mode » de l’anti-étatisme dans une tribune où il affirme que « sans État-nation, pas de langue, pas de culture, pas de nation… rien… que l’attente de la soumission à un autre État-nation et surtout à une autre culture ».

Il découle de ses positions une critique des nouveaux philosophes si virulente qu’une de ses « fictions » sur le sujet est censurée. En 1980, il publie Gagou, roman aux accents autobiographiques qui décrit les mutations de la judéité tunisienne et l’espoir brisé de ceux qui s’engagèrent pour construire une société fraternelle par delà tout nationalisme.

De 1990 à 1995, il est correspondant du Nouvel Observateur à Moscou où il couvre la fin du communisme et le démembrement de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Depuis 1998, chroniqueur et administrateur à l’hebdomadaire Marianne.

Source : « Espace Manager » le 23-03-2011

Livre – «Habib Bourguiba, le bon grain de l’ivraie» de Béji Caïd Essebsi


 

Portrait d’un homme exceptionnel Habib Bourguiba, leader, combattant suprême, premier président de la Tunisie indépendante. Béji Caïd Essebsi, plusieurs fois ministre sous le régime de Bourguiba, actuellement chef du gouvernement après la Révolution, a connu sous Ben Ali, un long désert politique au cours duquel il a eu le loisir de rédiger un livre de 500 pages sur ce compagnon de route pas ordinaire. Dans cette biographie exemplaire, l’auteur révèle des aspects peu connus de la personnalité de Bourguiba en prenant le recul nécessaire pour brosser au plus près, le portrait de l’homme, du leader et du président et lever le voile sur certaines parts d’ombre de sa vie politique et privée. Le livre est truffé de témoignages et d’anecdotes depuis les années de braise jusqu’aux funérailles en passant par la dissidence de Ben Youssef, l’accord mort- né d’union tuniso-libyenne, la relation de Bourguiba avec l’islam ainsi que d’autres moments importants de son règne dont Béji Caïd Essebsi était le témoin privilégié. Peu complaisant, tantôt admiratif et tantôt sévère, l’écrivain trace le destin de l’auteur du Code du Statut Personnel, son audace et la célérité avec laquelle il a entrepris cette réforme : « Si cette réforme n’est pas réalisée maintenant, elle ne pourra peut-être plus jamais être réalisée et je ne suis pas sûr de pouvoir moi-même la réaliser encore dans six-mois » (dixit Bourguiba p. 60). « C’est une leçon de méthode », explique Caïd Essebsi, mieux une « praxis politique ». Le CSP restera dans l’histoire de la Tunisie et du monde arabe comme une première sans précédent devenu un acquis irréversible, tout comme la généralisation de l’enseignement qui a permis aux Tunisiens sans distinction d’aucune sorte de s’instruire. Sur le plan privé, le Combattant Suprême était entouré de deux femmes influentes : Wassila Ben Ammar et Saïda Sassi. La première, Wassila Ben Ammar, qu’il a épousée en secondes noces et avec laquelle il n’a pas eu d’enfant, il en était amoureux. L’auteur du livre la décrit comme une femme « attirée par le pouvoir qui [tenait] à être informée de tout avant tout le monde. Omniprésente dans le Palais, elle a régné pendant presque trente ans … Il est vrai qu’elle avait tendance à intervenir en tout, même si on exagère souvent son rôle dans telle ou telle décision prise par son mari. » (p. 385) La deuxième, Saïda Sassi, sa nièce, qui a occupé sa vie après son divorce avec Wassila, elle apparaît dans l’ouvrage comme « une femme inculte et rustre, que l’on surprenait parfois traversant les salons du Palais de Carthage nus pieds, ses chaussures à la main, ce que Wassila ne ratait aucune occasion de lui rappeler » (p. 276-277). Elle régnera sur le Palais de Carthage et pèsera de tout son poids sur les décisions du pays et la nomination des ministres. Béji Caid Essebsi ne cache pas sa haine pour cette femme car il a été victime de l’une de ses conspirations. Caïd Essebsi montre ce qu’est le bourguisme qui se fonde selon lui sur des « valeurs de liberté, de dignité et de responsabilité… » (p. 398). Cette école politique baptisée bourguisme, se fonde selon l’auteur du livre sur cinq facteurs : « Le premier : la tunisianité, l’attachement à la personnalité tunisienne dans ses spécificités… Le deuxième : la vertu médiane, rejet de l’extrémisme politique, idéologique et religieux… Le troisième : la progression par étapes, dans la lutte pour l’indépendance, l’édification de l’Etat moderne et la réforme de la société… Le quatrième : l’attachement à la légalité internationale et le cinquième : une somme de vertus et de règles de bon sens (faire prévaloir la raison sur la passion, faire prévaloir l’essentiel sur l’important, la persévérance dans l’effort ; la patience et le long souffle, le rapport du progrès à la science et à la technologie, clés de l’essor du monde occidental et enfin, la valeur du travail et de l’effort ; la devise du Parti est un appel à élever le travail au rang d’une valeur ». (p. 404-405) « Habib Bourguiba : le bon grain de l’ivraie » est un livre de référence bien documenté qui fournit des témoignages francs sur les années Bourguiba et met en lumière les lignes de force de sa politique. Les illustrations en noir et blanc et les annexes sont d’une grande richesse et apportent un éclairage supplémentaire sur ce grand chef d’Etat. Un livre pour la mémoire écrit dans un style aéré et agréable à destination de tous les publics.

Source : « JETSETmagasine.net » Le 23-03-2011

Ce qu’on ne vous a pas dit sur la visite de Ban Ki-moon en Tunisie


 

Le programme de la visite officielle du secrétaire général de l’Onu en Tunisie, du lundi soir au mercredi matin, a été très chargé. Kapitalis vous en raconte aussi les à côtés.

Comme il a été annoncé par le bureau des Nations Unies de Tunis, le séjour de Ban Ki-moon a été minutieusement organisé. Des rencontres officielles et d’autres officieuses et pas une seule minute à perdre. Le secrétaire général, dont ce fut la deuxième visite officielle en Tunisie (et la première après la révolution du 14 janvier 2011), a atterri le lundi 21 mars vers 23 heures. Direction: les hauteurs de Gammarth, à quelques km de l’aéroport de Tunis-Carthage. Sous haute sécurité, M. Ki-moon et sa délégation composée d’une dizaine de personnes ont été chaleureusement accueillis par la direction générale de l’hôtel Regency.

Les responsables de cet hôtel Cinq étoiles de luxe, dont la plage est caressée par les vagues de la Méditerranée, ont réservé leur suite présidentielle à leur hôte de marque. C’est à la chambre 507 que M. Ban Ki-moon a passé ses deux nuits à Tunis. Les petites phrases du secrétaire général de l’ONU Sur son agenda du mardi: plusieurs rendez-vous. A son réveil, le petit déjeuner lui a été servi en compagnie de Mouldi Kefi, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition. Qu’a commandé M. Ki-moon? Un bol de «dwida» (des vermicelles), avec une noisette de beurre et un peu de confiture. Entre 9h45 et 10h45, le secrétaire général de l’Onu s’est réuni à la salle Palm Garden avec les membres de l’Instance supérieure pour la réalisation des objets de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Ensuite, c’est la course contre la montre. Une rencontre avec le président par intérim, Foued Mebazaa, le Premier ministre du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi, à la Kasbah, où il a dû voir par les vitres de sa limousine le manège des manifestants faisant sit-in. Retour à l’hôtel Regency pour le déjeuner. Un complet poisson lui a été préparé, avec pour seule garniture un bol de riz au naturel, mangé à la va-vite. Car, M. Ki-moon est déjà attendu dans la grande salle du Regency pour un débat avec quinze jeunes qui a duré une petite heure (de 15h20 à 16h20). Après un petit moment de repos, M. Ki-moon a repris avec entrain son agenda. Une autre rencontre publique avec la société civile dans la salle Ball room. Son discours a porté bien sûr sur l’appui financier et technique à la Tunisie nouvelle. Il était optimiste sur ce qui vient de se passer en Tunisie. A ses yeux «la révolution tunisienne est un modèle de transition démocratique». Nous espérons que les acteurs politiques tunisiens ne le démentiront pas.

Le menu politique Comme il fallait s’y attendre, M. Ki-moon a été interrogé sur la Libye, le Yémen et tout ce qui se passe actuellement dans la région. Les peuples ont le droit de manifester contre leur gouvernement quand rien ne va plus, a-t-il souligné. Selon lui, le cas de la Libye n’est pas isolé. Le monde a vécu d’autres génocides. «La décision a été rapide. Les crimes contre l’humanité ne doivent plus se répéter. Le monde a connu de pareils épisodes avec le Cambodge, le Rwanda… La communauté internationale a aujourd’hui une obligation morale de protéger les pays quand les gouvernements échouent. Le gouvernement de Kadhafi tue et la communauté doit assumer sa responsabilité. Tous les pays, y compris la communauté arabe sont d’accord», a-t-il répondu. Et d’ajouter que l’intervention actuelle en Libye est loin d’être une occupation et qu’il n’y a pas de cessez le feu. Sur Gaza, M. Ban Ki-moon n’a pas été très convainquant. Les questions ont porté sur l’appui inconditionnel des superpuissances à l’Etat d’Israël. «Je me  suis déplacé à Gaza et j’ai obtenu un cessez le feu», a-t-il dit.

Les petits bols de l’épouse de l’ambassadeur Dans les coulisses, M. Ki-moon s’est entretenu près de dix minutes avec  la mère, la sœur et un membre de la famille Mohamed Bouazizi qui s’est immolé le 17 décembre et a déclenché la révolution en Tunisie et dans le monde arabe. Rien n’a filtré de cette rencontre, qui s’est déroulée juste après l’interview exclusive accordée à notre confrère Lotfi Hajji de la chaîne qatarie Al Jazira.   En fin de journée, M. Ki-moon a rencontré la presse et redit pratiquement les mêmes choses tout en insistant que l’ONU sera présente au moment des élections. Un groupe d’experts va travailler étroitement avec le gouvernement pour réussir le passage à la démocratie. «Notre responsabilité est de préparer le terrain pour les leaders de demain, qui sont les jeunes», a-t-il notamment dit. La visite officielle s’est terminée un peu vers 20 heures. M. Ki-moon a eu droit à un dîner dans un restaurant huppé en bord de mer. Mercredi, à 7 heures du matin, l’ambassadeur de la Corée du Sud à Tunis, accompagné de son épouse, a pris le petit déjeuner avec son compatriote. Madame l’ambassadrice en personne est allée dans la cuisine du Regency et a préparé, avec l’aide du chef Papada (une Thaïlandaise), des petits plats coréens. Une douce attention pour rappeler au secrétaire général de l’ONU les saveurs de son pays natal. Le bol de «dwida» était, bien sûr, posé sur la table. Huit heures, M. Ki-moon quitte Tunis. C’est M. Kéfi, ministre des Affaires étrangères qui l’a salué à l’aéroport.

Source : « Kapitalis » Le 23-03-2011

Tunisie – France: Passons maintenant aux choses concrètes!


 

Décidément, le ballet de de visites des personnalités politiques françaises continue en Tunisie. Après Lagarde, Wauquier, Kosciusko-Morizet, Lellouche, Juppé est attendu…, c’est au tour d’Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, de visiter notre pays. Il a été reçu mardi 22 mars par le ministre des Affaires étrangères, Mouldi Kéfi, lequel précisera à l’intension de son hôte que «la révolution tunisienne est un mouvement spontané loin de toute interférence étrangère et sans aucune idéologie ni leadership», indique la TAP.

Par ailleurs, il avouera que malgré l’amélioration de la situation sécuritaire et socio-économique, le gouvernement transitoire fait encore face à plusieurs défis. Et donc de mettre l’accent, dans ce contexte, sur l’intérêt particulier qu’accorde la Tunisie en cette phase transitoire au renforcement de ses relations d’amitié et de coopération avec la France.

Cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque le président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale affirme, à l’instar des autres personnalités françaises, que la France «se tient prête à apporter son aide à la Tunisie».En ce sens, les deux hommes ont discuté des moyens à même de permettre le renforcement de la coopération économique entre les deux pays, et de l’impulsion de l’investissement des entreprises françaises en Tunisie.

Ceci étant, depuis le départ de Ben Ali, plusieurs décideurs politiques et économiques français ont fait pas mal de déclarations d’intention mais qui ne sont pas –ou peu- suivies d’actes concrets. Alors, il est temps que ces déclarations se matérialisent sur le terrain.

Source:”wmc” Le 23-03-2011

Eric Besson en tournée tunisienne


 

Le ministre de l’Industrie sera jeudi et vendredi dans l’ouest tunisien, pour « vendre » les entreprises françaises. Selon nos informations, il rencontrera plusieurs ministres et un groupe de blogueurs à l’origine de la révolution de Jasmin.

Bâtir une « nouvelle coopération bilatérale ». C’est l’objectif du ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, qui sera en visite en Tunisie jeudi et vendredi.Un voyage qui fera peut-être oublier « l’ancienne » coopération, celle qui obligeait les entreprises françaises à s’allier au clan Ben Ali. Un périple qui vise aussi à effacer les boulettes commises ces derniers mois par la diplomatie française.

Ce déplacement a été astucieusement préparé par l’équipe d’Eric Besson. Selon nos informations, il se rendra dans l’ouest du pays, là où est née la révolution du jasmin. A Béja d’abord, une ville agricole située à une centaine de kilomètres de Tunis, puis au Kef, un peu plus au sud. C’est sans doute dans le nord-ouest tunisien que les inégalités sociales sont les plus importantes, avec un taux de chômage de près de 20%, contre 14% en moyenne dans le pays. Il y a beaucoup à faire dans la région, en particulier pour les entreprises françaises.

besson face aux blogueurs tunisiens

Comme l’explique son cabinet, Eric Besson tentera, au cours de ce déplacement, de « placer l’industrie, l’énergie et l’économie numérique, ainsi que le rééquilibrage territorial, au cœur du plan d’action franco-tunisien ». Il mettra l’accent sur l’appui de l’Agence française de développement à la STEG (société tunisienne de l’électricité et du gaz) dans son projet d’extension du réseau de gaz aux régions périphériques. Le ministre rappellera aussi le poids des filières franco-tunisiennes de l’industrie automobile et du textile, principales pourvoyeuses d’emplois dans le pays.

Des rencontres avec des membres du gouvernement provisoires ont été organisées, notamment avec son homologue Abdellaziz Rassaa, et Abderrazak Zouari, en charge du développement régional. Eric Besson a également prévu une rencontre avec des blogueurs, un groupe de jeunes qui ont joué un rôle dans le déclenchement de la révolution du jasmin.

Le ministre – marié depuis six mois avec l’arrière-petite-fille de Wassila Bourguiba, qui fut l’épouse du président Habib Bourguiba – sort ainsi du cadre strict de ses responsabilités ministérielles, et profite de sa visite pour afficher son soutien au mouvement populaire. Politiquement, c’est une bonne idée. Economiquement, cela peut marcher. Premier fournisseur de la Tunisie, la France compte bien le rester.

Source: “Usine nouvelle” Le 23-03-2011

Tunisie, Egypte : la fin du soleil à petits prix


 

-60%/-70% ! : Ce n’est pas le montant d’une réduction sur un voyage discounté par Voyage Privé, mais c’est actuellement le volume de perte de clients des Tours Opérateurs français en Tunisie, en Egypte, voire même au Maroc.

monde semblant vaste et les réalités économiques ne s’embarrassant pas toujours de dimension poétique, les opérateurs touristiques ont bien tenté un repli stratégique vers des contrées moins hostiles… mais malheureusement ou heureusement, cela s’est avéré impossible.

En effet, le réalisme arithmétique nous démontre que les 300 000 chambres perdues de la Tunisie et du Maroc ne se retrouveront pas dans des destinations nouvelles, qui n’ont pas le début d’une réalité en matière de capacité (le Cap Vert par exemple ne représente qu’un peu plus de 1000 chambres…). Même constat pour les gros porteurs qui sont déjà surinvesti et donc n’offrent pas les mêmes caractéristiques de prix, ou encore des destinations injustement assimilées à un mouvement qui pourtant ne les concerne pas (ex : la Turquie).

Ainsi, un souffle nouveau doit animer l’action de nos grands voyagistes, en résonance au formidable mouvement d’émancipation des peuples arabes.

Mettre des prix sur des maux fussent-ils sous le vocable de la promo, quand bien même le tout serait emballé par des bons mots, ne pourra faire oublier les cahots et les sanglots, et dès lors la seule voix de la raison sera d’accompagner les revendications sans compassion, mais avec compréhension, négociation et détermination : « contre mauvaise fortune bon cœur »…

Un nouveau modèle plus serein et plus équanime

Les mouvements actuels sont une formidable opportunité pour engager une réflexion sur une refonte des modèles économiques construisant les offres touristiques des grands acteurs européens. Il est urgent de repenser et de proposer un nouveau cadre d’organisation plus propice à transformer les énergies en actions concrètes et positives pour toutes les parties en présence.

C’est probablement la fin du « soleil à petits prix », souvent réalisé au détriment des conditions vécues localement pour proposer un nouveau modèle plus serein et plus équanime. Entre les bons sentiments des uns et l’opportunisme des autres, la situation ne peut se contenter d’un « on verra bien », peu propice à créer un élan mobilisateur général.

La cause n’est pas entendue, rien n’est définitif puisque pas encore défini et si l’avenir de ces pays leur appartient, il nous revient de les accompagner sur le chemin de la démocratie et de la dignité individuelle : investir dans l’humain étant sans nul doute le meilleur des rendements.

Dès lors, il conviendra d’accepter voire de dépasser les revendications actuelles des travailleurs de ces pays (15 à 20% de salaire en plus), ce qui représentera une augmentation des prix des packages n’excédant pas 5%. Le tourisme et les touristes peuvent accepter une petite augmentation plus juste si on leur fournit une explication où la plus juste répartition devient un élément de l’équation tarifaire.

Bien sûr, dans l’organisation de cet ordre nouveau, les droits légitimement trouvés (et non re-trouvés) devraient être associés à des devoirs de productivité et de qualité. Plus d’argent, plus

d’emplois et plus de considération se transformera à coup sûr en plus de services, d’efficacité et donc de confort pour les clients.

Cette révolution doit servir de point de départ à une évolution du rapport Nord/Sud, et l’exploitation économique doit faire place à des responsabilités politiques et à un sens du service touristique, non comme aliénation mais bien comme une source d’émancipation et de réalisation individuelle prompt à apporter une réponse harmonieuse aux problématiques actuelles, tant de condition, d’immigration, de formation, et plus généralement de satisfaction des recevants comme des reçus, garant d’un nouvel équilibre porteur de valeurs d’avenir où la satisfaction du travail accompli par les populations locales donnera bonne conscience aux voyageurs de l’argent ainsi bien dépensé.

Source : « Les Echos » Le 23-03-2011

La Tunisie face au dilemme du gel des avoirs libyens


 

Depuis le 26 février 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté des sanctions contre les autorités libyennes qui comprennent la saisine de la Cour pénale internationale, un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel des avoirs.

Concernant le gel des avoirs, le texte précise que « tous les Etats membres doivent geler immédiatement tous les fonds, autres avoirs financiers et ressources économiques se trouvant sur leur territoire qui sont en la possession ou sous le contrôle direct ou indirect des individus ou entités désignés… ».

Dans l’annexe II de cette même résolution, on cite le colonel Mouammar Mohammed Abu Minyar Kadhafi, chef de la révolution et commandant suprême des armées.

Parallèlement, cette résolution concerne cinq de ses enfants, à savoir Aisha, Hannibal, Khamiss, Mutassim et Saif al-Islam Kadhafi.

La Tunisie pour sa part s’est trouvée dans l’obligation de se conformer à cette résolution. Les raisons ? La forte présence d’entreprise libyennes dans le pays.

La complexité du système financier libyen, notamment avec l’existence le fonds souverain du gouvernement « libyen Libyan Investment Authority (LIA) » qui est censé gérer les revenus pétroliers du pays, mais qui ne serait en réalité qu’un fonds de la famille Kadhafi, ce qui rend les choses plus difficiles et très complexes.

Car, comment dissocier « fonds, avoirs financiers et ressources économiques » des six membres de la famille Khadafi des autres fonds libyens qui devraient êtres souverains, donc appartenant à l’Etat ?

Par ailleurs, il existe en Tunisie trois banques mixtes, la Banque tuniso-libyenne (BTL), le Crédit international d’Afrique du Nord (NAIB) et la Banque « ALUBAF ».

Du fait des relations avec la Libye, les affaires de ces trois banques se trouveraient affectés. Même si rien ne filtre du côté de ses trois banques, quelques signes d’affectation se sont fait sentir.

Il n’y a pas que les banques, de grosses entreprises libyennes sont installées et bien implantées en Tunisie. C’est le cas de la chaîne hôtelière Laico ou encore de la société pétrolière Oil Libya.

Geler les avoirs, c’est bien. Mais il faut trouver, de suite, une solution pour que ces entreprises continuent leur bon fonctionnement et, surtout, pouvoir payer leurs salariés et leurs fournisseurs.

Source: “Business News” Le 23-03-2011

De Tunisie : « Moi aussi, je veux être libre d’aller et venir »


 

Zarzis, près de Djerba, est une plaque tournante de l’immigration illégale vers l’Europe. Reportage avec ses passeurs et clandestins.

(De Zarzis) Sur la plage, il m’avait dit « regarde », mais je ne voyais rien. « Regarde encore. » Une baleine ? Mais il n’y a pas de baleines par là. Il regardait loin devant sans rien dire. Je ne sais pas bien à quoi il pensait. Peut-être au bleu de la mer, tout ça.

« On y va. » Il s’est levé. La mer bleue, le sable blanc, il connaît, il ne connaît même que cela. Vingt-deux ans à Zarzis, ça coupe l’envie de passer sa vie sur une plage. C’est Moncef – les prénoms ont été changés – qui le dit. Il dit même qu’on ne compte plus les jeunes qui, comme lui, veulent voir autre chose que ces plages et ces bateaux de pêche.

« Je veux être libre d’aller et venir »

Depuis le 14 janvier, ils sont 5 000, peut-être 7 000 à être partis. Au moins 23 sont morts. Moncef dit que le taux de réussite n’est pas négligeable, que les morts ne sont pas assez nombreux pour le décourager. Il dit puisque les Européens viennent en Tunisie, pourquoi les Tunisiens n’auraient pas le droit eux aussi d’aller là-bas ?

Alors, ils y vont. Ils embarquent sur des bateaux et ils traversent la centaine de kilomètres qui les séparent de l’île italienne de Lampedusa. L’Europe, enfin. Ce continent leur offrira peut-être du travail, de l’argent, cette autre vie que Moncef n’arrive pas bien à s’imaginer mais dont il sait qu’elle sera forcément meilleure.

« Bien sûr, je veux du travail mais je veux aussi être libre d’aller et venir, de voir le monde et la vie ailleurs. »

Zarzis n’est pourtant pas l’une ces villes du sud de la Tunisie à la désolation décourageante, de celles que l’on traverse sans s’y arrêter. Comme ce village à quelques kilomètres de là, les façades des constructions y sont recouvertes de tags laissant croire qu’il s’agit d’un fief révolutionnaire.

Mais ce ne sont que des locations ou des ventes qui semblent un peu vaines tant on se demande qui pourrait avoir un intérêt financier à s’établir ici.

Kemaïs est revenu de France

Zarzis est différente. C’est une grosse ville (140 000 habitants) avec des ports, une zone touristique, quelques usines d’agroalimentaire. On n’y mène pas la vie folle, c’est vrai, mais les habitants y vivent mieux qu’ailleurs, essentiellement du tourisme et de la pêche. « La vie était difficile à Aubervilliers », dit Kemaïs, chauffeur de taxi. Après sept années de clandestinité en France, il s’est résigné à revenir. Il calcule :

« En France, tu gagnes 1 000 ou 1 200 euros par mois. Pour le loyer, tu sors 600 euros. Tu as de quoi manger et envoyer de l’argent à la famille. »

Ça aurait presque pu être une affaire s’il n’y avait eu sa femme et ses enfants restés au pays, l’impossibilité d’aller et venir entre les deux pays, la peur du policier et de l’expulsion. Le plus consternant à ses yeux c’est que les jeunes qui remplissent toutes les nuits les ferrys en partance pour Lampedusa n’ignorent rien de la rudesse de la vie clandestine en Europe.

« Regarde-les, tous. Ils parlent tous du mic-mac des “haragas” [clandestins en arabe, ndlr]. »

Ce n’est pas tout à fait exact. En tout cas, pas ce jour-là. Au café, les regards sont rivés sur Al Jazeera. Seif al-Islam Kadhafi parle de « nettoyer chaque maison » mais Kemaïs insiste, même la presse le dit, il y a autant de passeurs que d’habitants à Zarzis.

La première vague de départs à la fin du mois de janvier a provoqué une grande controverse dans les journaux tunisiens : certains écrivaient que Leïla Trabelsi, l’épouse de l’ex-président tunisien Ben Ali, était derrière cette affaire, peut-être même finançait-elle les passeurs de Zarzis… depuis la Libye. L’opinion jugeait cette hypothèse plausible.

Fin février, les mêmes journaux avançaient une hypothèse moins confuse, appuyée cette fois-ci par le ministère de l’Intérieur : la Garde nationale tunisienne avait un peu délaissé le contrôle aux frontières maritimes pendant la révolution.

La reprise en main a d’ailleurs été brutale : le 11 février, Liberté 302, une frégate de la Garde nationale tunisienne a foncé sur une embarcation. Bilan : 23 morts. Les survivants sont revenus à Zarzis.

1 500 à 2 000 euros la traversée de la Méditerranée

Moncef répète que ces morts ne le décourageront pas de tenter lui aussi la traversée, il dit que le risque zéro ça n’existe pas, un peu comme ce passeur interrogé par un quotidien tunisien expliquait qu’en cas de panne, les clandestins pouvaient nager, alors que, dans un avion, ils seraient déchiquetés.

Dans les sardiniers en bois vendus par des pêcheurs – ensuite, ils les déclarent volés – on entasse parfois jusqu’à cent personnes par embarcation. La plupart des bateaux sont usés. Les autres sont carrément trop vieux. Chacun a payé autour de 1 500 euros pour pouvoir partir – une somme qu’on rassemble en vendant un scooter, des meubles, des bijoux, parfois tout cela à la fois.

Tous les aspirants au départ ne viennent pas de Zarzis. Pour beaucoup, le voyage a commencé au départ de Tatatouine, Gabès ou Matmata. Kemaïs dit que là-bas, les gens vivent comme des bêtes. Il dit « comme des bêtes » en français pour bien souligner que la vie y est rude. Lui n’envisage pas de partir. Il explique :

« Tout le monde est dans le business du haraga ici. Il faut des propriétaires de bateaux, des mécaniciens, des pilotes, des hôtels. »

 

L’hôtellerie à destination de ceux qui partent consiste en des squats dans des maisons vides, voire à la construction inachevée, dans l’arrière-pays. Ils restent là jusqu’au départ dont ils ignorent la date. Ça dépend de la météo et de la police.

« La malédiction d’être né ici »

On parle d’un bateau qui part dimanche pour l’Italie. Il transportera 65 personnes. Sur ce « contrat », Malek doit récupérer 500 euros. Il ne se sent pas responsable, c’est entre les mains de Dieu. Lui n’envisage pas de partir. Il dit « myself for my country » comme si son job était celui d’un grand serviteur de l’Etat.

A l’entendre, les passeurs de Zarzis ne font que remédier à cette anomalie qui consiste à refuser des visas pour l’Europe aux plus pauvres des Tunisiens. A réparer une injustice, en somme. Moncef abonde dans son sens :

« Quand tu pars là-bas, tu reviens avec une belle voiture et une belle petite dame. Si tu as des enfants, ils sont automatiquement français. Ils n’ont pas pas cette malédiction, être nés ici. »

Kemaïs, celui qui vivait en France, arrange son bonnet. Il est mal rasé et n’arrête pas de fumer. Des trois, il est le plus âgé. Assez beau. Il interrompt Moncef, son discours sur la France – ils rêvent tous davantage de France que d’Italie – l’agace :

« Mais c’est la misère pour nous avec Sarkozy, tu es au courant ? Les jeunes ici, ils veulent partir parce que même après leurs études, ils ne trouvent pas de travail, c’est ça le bordel. Mais là-bas, ils ne trouveront pas mieux. »

Les petites dames de 65 an

Il s’énerve complètement au sujet des petites dames :

« Moi, je n’ai jamais fait ça mais ils se marient tous avec des gazelles de 65 ans. Elles viennent chercher des garçons ici alors les jeunes, ils vivent avec des gazelles de l’âge de leur mère. C’est ça le bordel. »

Sur les filles, Kemaïs est intarissable. Celles qui partent clandestinement en Europe, des putes.

« Excusez-moi pour ce mot mais elles vivent chez n’importe qui en Europe. Ce ne sont pas des filles propres. »

Une fille propre, c’en est une qui n’en fait pas trop, une discrète. Comme sa femme et ses copines.

Il montre des photos de ses petites amies françaises, rencontrées à Zarzis. « Elles donnent des petits sous, disent “je t’aime, mon amour”. Moi, j’aime les belles filles, pas les vieilles de 65 ans. Je leur dis aussi “je t’aime, mon amour” parce que quoi ? Je ne vais pas leur dire “je ne t’aime pas” ». Sur son portable, la photo d’une blonde. Elle pose devant un panneau signalant « Le Caire – Tripoli », devant lequel des centaines de routards ont sans doute aussi pris la pause.

« C’est vrai, j’aime ça, avoir mes petites amies mais pas pour le mariage. J’ai déjà une femme. Ça, je leur dis dès le départ.

Il s’adresse à nouveau à Moncef :

« Vous vendez tout pour partir. Vous partez tous. Le bled se vide ! Mon salaire a baissé, j’ai moins de clients. Pour travailler à la journée, les ouvriers demandent plus parce qu’il n’y a plus de main d’œuvre. C’est ça le bordel ! »

Source : « Rue 89 » Le 23-03-2011

L’Université tunisienne fait sa révolution


 

On ne les avait pas beaucoup entendus, les universitaires tunisiens pendant cette révolution, en tout cas pas en tant que corps et acteur attendu dans la réflexion sur la Tunisie de demain. C’est désormais chose faite ave le forum L’université avant-après la révolution organisé à la Cité des Sciences à la fin de la semaine dernière par l’initiative universitaire pluridisciplinaire. Animés par le Professeur d’Urbanisme, Moncef Ben Slimane, les travaux se sont ouverts avec la libération de la parole des universitaires qui ont raconté chacun, avec une émotion perceptible, les répercussions de la révolution tunisienne sur la vie de leur institution. Comme ailleurs, l’on a assisté, là aussi, aux inévitables dégage, aux retournements de veste et aux accusations en tout genre.

Mais l’objet du Forum était surtout d’initier le débat sur la notion même d’Université et de son rôle dans l’enseignement supérieur en Tunisie. Avec une vingtaine d’institutions universitaires réparties sur toute la République représentant plusieurs disciplines et spécialités, les discussions ont pu ratisser large sur les préoccupations et les ambitions des universitaires.

Par ailleurs, différents textes de réflexion, écrits à l’occasion par des universitaires tunisiens, ont été soumis à l’assemblée. Parmi eux, celui du Professeur Monia Ben Jemiaâ porte sur les libertés académiques et montre les atteintes quotidiennes que ces dernières subissaient sous l’ancien régime. Elle y dit notamment : «censure, surveillance et inquisition sont le lot quotidien des universitaires. Surveillance des travaux et des enseignements, surveillance des participations aux rencontres universitaires, (…) censure insidieuse, sournoise  (…). Les représailles ne se faisaient pas de manière directe ; on faisait pression sur les Facultés pour qu’elles n’invitent pas à leurs rencontres scientifiques les universitaires rebelles (…) Toute pensée critique était assimilée à un danger ou à une atteinte à la morale publique, à la sûreté nationale ou à l’identité nationale».

Deux types de recommandations sont ressortis de ce Forum, comme le confie à Leaders, le Professeur Moncef Ben Slimane. Tout d’abord, la nécessité d’organiser les Etats généraux de l’université tunisienne est apparue comme une urgence tant le constat est amer à ce sujet entre les attitudes de négligence généralisées et les pratiques de corruption avérées. Une demande en ce sens sera adressée au Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Ensuite, il est indéniable que les enseignants-chercheurs doivent se soumettre à leur propre auto-critique et admettre qu’ils ont une part de responsabilité dans l’état de délabrement des institutions universitaires publiques et la médiocrité des sortants de leurs établissements. Pour cela, quatre voies de réflexion vont être engagées dans une commission permanente constituée à l’issue du forum : la recherche scientifique, la pédagogie de l’enseignement, la gouvernance des établissements universitaires et le statut de l’enseignant-chercheur.

 

La commission débute ses travaux à partir de ce jeudi 24 mars 2011 avec la ferme volonté de rompre avec un système qui a scrupuleusement écarté la plupart des compétences qui n’ont pas accepté de pacter avec lui et l’ambition de construire une université qui soit à l’image de la révolution que nous vivons, exemplaire.

Source : « Leaders » Le 23-03-2011

Lien : http://www.leaders.com.tn/article/l-universite-tunisienne-fait-sa-revolution?id=4575


 

Tunisie: Un forum africain de la Finance islamique à Tunis


 

«Un butin de guerre?», c’est ainsi que personnellement je considère Banque Zitouna. Eh oui l’usurpateur est parti, laissant derrière lui une banque offrant des produits financiers spécifiques pour un marché en pleine expansion. La révolution tunisienne aurait non seulement rendu leurs biens à l’Etat et au peuple, mais également la reconnaissance de nombre d’opérateurs dont les organisateurs du Forum Africain de la Finance islamique qui se tiendra les 13 et 14 avril prochain à Tunis.

Pour parler des fondamentaux de la finance islamique et discuter des enjeux et des opportunités de cette finance, de grosses pointures de la carrure de Moncef Cheikhrouhou, Anouar Hassoune et Mahfoudh Barouni. Plus d’une centaine de participants sont attendus à cette rencontre qui favorisera, les contacts avec les acteurs principaux du marché.

Lorsque la crise financière battait son plein à cause du shadow système bancaire et des produits dérivés toxiques, la finance islamique tirait son épingle du jeu grâce à ses produits financiers “clean“. Sans spéculation aucune et touchant de près à l’économie réelle, la finance islamique s’était attirée la sympathie de nombre d’experts et d’acteurs de la finance internationale, sans parler du trillion de dollars annuel qu’elle génère bon an mal an.

La finance islamique a donc poursuivi sa croissance depuis 2007, ses actifs bancaires ont augmenté de 8,9% en 2010. La valeur du secteur est ainsi estimée à 895 milliards d’USD, selon les derniers chiffres de «The Banker and Maris Strategies».

En Afrique, le Nigeria a décidé d’adopter cette année la finance islamique en publiant une réglementation concernant la supervision d’institutions offrant des services financiers sans intérêt. Au Kenya, deux banques islamiques ont vu le jour en 2010. Ce n’est pas le cas de l’Afrique francophone où la finance islamique reste à la traîne. Au Maroc, suite aux ajustements fiscaux de 2009, la filiale du groupe Attijariwafa bank, Dar Assafaa, a pu drainer une nouvelle clientèle, le royaume reste toutefois fermé aux acteurs étrangers.

En Tunisie, le démarrage de Banque Zitouna a été l’événement bancaire de 2010. Cette banque, mise sous les feux de la rampe depuis janvier 2011, doit conforter son positionnement et asseoir sa notoriété d’autant plus qu’elle appartient aujourd’hui à l’Etat.

La finance islamique aura-t-elle un avenir prospère en Afrique, un continent en crise alors qu’elle possède un grand potentiel? La 4ème édition du Forum Africain de la Finance Islamique qui se tient en avril à Tunis y apportera certainement quelques réponses..

Source: “wmc” Le 23-03-2011

Tunisie. Bouebdelli, le promoteur qui a tenu tête à Ben Ali


 

Mohamed Bouebdelli, dirigeant d’un groupe privé d’établissements d’enseignement, est parmi les rares chefs d’entreprises à avoir tenu tête au régime de Ben Ali, malgré toutes les tracasseries et les harcèlements subis.

Dans son ouvrage ‘‘Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté’’, publié (et interdit) sous Ben Ali, M. Bouebdelli raconte ses démêlés avec l’ancien régime et propose un ensemble de réformes politiques qui devraient aider la Tunisie à entrer de plain pied dans la modernité démocratique.

Kapitalis publie des extraits de cet ouvrage qui sera présenté ce soir à 18h30, à la librairie Art-Libris, à Salammbô. L’auteur y raconte les tentatives du régime de Ben Ali de mettre au pas ses établissements d’éducation.

«Entré dans mon pays en 1972 dans l’intention première de continuer une carrière d’ingénieur, j’ai commencé ma nouvelle vie en créant une entreprise de maintenance et de conseil en informatique.

«Cette première expérience m’a fait découvrir que le développement des jeunes entreprises comme la mienne allait être sérieusement handicapé du fait de la pénurie de techniciens et de cadres supérieurs qualifiés. C’est dans ces conditions que j’ai résolu de former mes propres techniciens en ouvrant en 1973 le premier ‘‘Institut supérieur d’informatique’’ privé en Tunisie: une avant-première. Dans les mêmes conditions, a été créé plus tard l’Intac, aujourd’hui très côté dans le monde entrepreneurial en raison de l’excellence de la formation de techniciens supérieurs et de cadres de gestion qu’il dispense depuis cette date.

«Ce fut un tournant dans ma vie professionnelle, car j’ai décidé de me dévouer entièrement au développement de ce premier institut créé dans un contexte social peu favorable aux initiatives privées dans ce domaine.

La reprise de ‘‘l’Ecole Jeanne d’Arc’’

«La voie était ainsi ouverte, je ne me suis pas arrêté là. En 1988, la Congrégation religieuse des Sœurs de Saint Joseph nous a confié, mon épouse et moi-même, la lourde responsabilité d’assurer la pérennité de leur œuvre en Tunisie, en nous demandant de reprendre l’institution privée d’enseignement ‘‘Emilie de Vialar’’ dite ‘‘Ecole Jeanne d’Arc’’, créée en 1936 en vue de la scolarisation des élèves de 5 à 15 ans (cycle primaire et cycle secondaire).

«Avec ces deux institutions encore en formation, il fallait faire des sacrifices importants et, même, prendre la décision de s’y consacrer pleinement. C’est ainsi que j’ai renoncé à toute autre activité et que j’ai décidé de me consacrer entièrement à ma nouvelle vocation d’éducateur. Mais je n’ai pas été le seul à prendre une telle décision. Mon épouse, française d’origine et tunisienne de cœur, Madeleine Bouebdelli, est expert-comptable de formation. Elle aussi, a décidé de renoncer à son métier pour se consacrer entièrement à la direction de ‘‘l’Ecole Jeanne d’Arc’’.

«Nous avons créé la Fondation Bouebdelli en vue de gérer cette importante institution éducationnelle. Grâce au dévouement, à l’abnégation et à la rigueur de Madame Bouebdelli, grâce au respect méticuleux de la loi et des règles de discipline dans les relations avec les élèves, ‘‘l’Ecole Jeanne d’Arc’’ s’est depuis plus de trente ans et sans interruption, classée première école primaire de tout le pays.

«Les résultats, qui n’ont jamais faibli depuis plus de vingt ans d’existence, ont été régulièrement parmi les plus brillants de tous les examens de fin d’études primaires et d’entrée aux cycles d’enseignement secondaire.

«Dès 1992, ‘‘l’Institut supérieur d’informatique’’, créé en 1973, a été transformé en une Université privée, dénommée ‘‘Université Libre de Tunis’’ (Ult), la première dans cette catégorie en Tunisie, et qui abrite aujourd’hui, une ‘‘Faculté’’ (droit, gestion), un ‘‘Institut polytechnique’’ et une ‘‘Ecole d’architecture’’. Les diplômes sont reconnus par l’Etat et dans un grand nombre de pays.

La création du ‘‘Lycée Louis Pasteur’’

«Notre dernière initiative a consisté à prolonger la mission de ‘‘l’Ecole Jeanne d’Arc’’, dont on se souvient qu’elle était dès le départ, une école d’enseignement primaire et d’enseignement secondaire en même temps.

«C’est ainsi que la Fondation Bouebdelli a pris l’initiative de la création en 2005 d’un établissement d’enseignement secondaire, que nous avons appelé ‘‘Lycée Louis Pasteur’’ et qui était destiné à animer une section chargée d’assurer une formation basée sur les programmes du baccalauréat français. Cette initiative a été prise en étroite collaboration avec l’Institut français de coopération auprès de l’ambassade de France à Tunis et avec la Chambre tuniso-française du commerce et de l’industrie.

«Ce lycée, dont nous avons voulu qu’il soit le symbole de la coopération culturelle mutuellement profitable entre la Tunisie et la France, en même temps qu’il soit le symbole de la francophonie et de l’esprit d’ouverture, de progrès et de modernisme qui l’anime, a démarré sous de très bons augures et il a bénéficié des meilleures conditions de fonctionnement pédagogique et de formation. Il n’était pas surprenant que dès les premières années de son existence, il a permis à ses élèves d’obtenir les meilleurs résultats aux examens du Brevet français.

«Dans l’ensemble de ces initiatives, les efforts de la Fondation Bouebdelli ont été couronnés de succès, et nous pouvons dire sans trop de fierté, que le nom ‘‘Bouebdelli’’ a été et est toujours, un ‘‘label de qualité’’, depuis l’enseignement primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, en passant par l’enseignement secondaire, la formation des techniciens supérieurs, dans la gestion, le droit, et dans l’ingénierie.

«La Fondation a toujours cultivé l’esprit d’excellence et toujours privilégié l’innovation pédagogique et la formation d’élites exigeantes et responsables pour notre cher pays.

«Rappelons que la Fondation a été la première à introduire l’enseignement obligatoire des langues étrangères – l’Anglais, l’Italien, l’Espagnol, l’Allemand et même le Chinois – dans ses enseignements depuis le primaire jusqu’au supérieur et que son principe en matière linguistique est le trilinguisme.

«De même, rappelons que, bien avant les autres établissements d’enseignement, publics ou privés, la Fondation Bouebdelli a introduit l’enseignement obligatoire de l’informatique dans ses enseignements à tous les niveaux, depuis le primaire jusqu’au supérieur.

«Soulignons aussi que la Fondation Bouebdelli a inscrit parmi ses missions, l’établissement de solides et fructueuses relations de coopération entre l’école et le monde du travail. C’est ainsi que, dans la très grande majorité, les diplômés des établissements universitaires relevant de la Fondation Bouebdelli obtiennent leur premier recrutement très rapidement et dès leur sortie de nos écoles ou facultés, et même avant la fin de leur stage de fin d’études!…

«Nous tenons encore à rappeler que plus de la moitié de l’effectif qu’accueille l’université actuellement, vient de pays frères ou amis appartenant à quatre continents différents : Monde arabe et musulman, Afrique, Asie et même d’Europe.

«Le nombre de nos étudiants étrangers n’a jamais régressé bien au contraire, il a toujours été en continuelle progression.

Intrusion de la force publique dans les locaux de l’école

«Quelle n’a pas été notre désolation le jour où, en raison du refus décidé en juin 2004 par le conseil de classe en application du règlement intérieur, de l’inscription d’une élève en 1ère année de notre collège pour insuffisance de niveau scolaire, notre école a reçu de la part du ministère de l’Education une véritable sommation. Il fallait inscrire immédiatement l’élève en question sous peine de fermeture de l’ensemble de l’établissement.

«Devant le refus de l’école de réviser sa décision parfaitement fondée et régulière, le ministère a, le 18 septembre 2004, c’est-à-dire tout à fait au début de l’année scolaire, pris la décision, irréfléchie et précipitée, de mettre en route sa machine répressive à une vitesse implacable, et jamais observée dans la pratique administrative ou judiciaire tunisienne.

«Dans les vingt quatre heures, le Tribunal de première instance de Tunis a émis l’ordre de destitution de Madeleine Bouebdelli, directrice de l’école, avec retrait de l’autorisation d’ouverture de l’établissement, blocage des comptes bancaires, nomination d’un directeur administrateur issu de l’enseignement public, et intrusion de la force publique dans les locaux de l’école, le tout constituant une véritable spoliation de biens privés protégés par la loi. Le nouveau ‘‘directeur’’ s’est hâté d’inscrire l’élève concernée.

Le harcèlement administratif

«Simultanément, une campagne de dénigrement dans les journaux affidés au pouvoir a été lancée contre l’école – dont on dénonçait le ‘‘sélectionnisme’’! – et contre toute la Fondation Bouebdelli, qui a fait l’objet d’une véritable curée à laquelle ont pris part pas moins de six ministères et divers organismes publics: ministère de l’Education, ministère de l’Intérieur, ministère de la Justice, ministère des Finances avec le déclenchement d’un contrôle fiscal ‘‘tous azimuts’’, ministère des Affaires sociales avec le déclenchement immédiat du contrôle de la Caisse de sécurité sociale, ministère de l’Enseignement supérieur, avec des menaces de représailles au niveau de l’Université libre de Tunis. Un ‘‘tsunami’’ n’aurait pas provoqué de plus grands remous…

«Le lendemain de la fermeture de l’école, les autorités se sont trouvées confrontées à une forte mobilisation des 1.400 élèves et de l’ensemble du corps enseignant. Tous contestaient avec force la décision arbitraire de limogeage de la direction et de la fermeture de l’Ecole. Un mouvement massif de protestation et de grève s’est rapidement développé. Il a conduit à la constitution d’une délégation des parents d’élèves qui ont demandé une entrevue avec les autorités concernées. Des soutiens nous sont parvenus de tout le territoire national aussi bien que de l’étranger, de France, des USA, du Canada, des pays du Golfe, des pays de l’Afrique de l’Ouest…

«Devant l’ampleur de ce mouvement de protestation et de soutien à notre institution éducationnelle et en raison de l’absence de motifs réels et sérieux d’une répression aussi injustifiée et en disproportion avec le prétexte pris pour la déclencher, le ministère de l’Education s’est trouvé contraint de revenir sur sa décision. Madeleine Bouebdelli a été rétablie dans ses fonctions de directrice de l’école, et celle-ci a repris son fonctionnement normal dans les jours qui ont suivi. Même la décision judiciaire prise à l’encontre de l’école a été annulée.

«Pour autant, l’irritation de l’administration ne s’est pas calmée. Elle a simplement changé de forme et se décline en mesures de harcèlements continus et multiformes contre l’école. C’est ainsi que, à titre d’exemple, un nouveau ‘‘Cahier des charges’’ – ayant un effet rétroactif – lui a été imposé par l’arrêté ministériel du 22 février 2008, qui a pour effet d’interdire le cumul dans un même établissement scolaire d’une section préparant les diplômes tunisiens et une section préparant des diplômes étrangers (cela vise évidemment le ‘‘Lycée Louis Pasteur’’).

«Le ministère a aussi interdit l’ouverture par les écoles de nouvelles annexes à l’extérieur de leurs murs. Cela vise en réalité notre projet d’ouverture d’une annexe de notre école à la Marsa, la banlieue nord de Tunis. Les mêmes dispositions ont décidé de modifier le nombre maximum d’élèves par classe ainsi que la superficie minimale de chacune des classes. Comme par hasard, cette superficie a été fixée impérativement à 42 m2, là où la superficie standard de nos classes est de 40 m2, ce qui nous a imposé la destruction de l’ensemble des classes construites en 1936, pour satisfaire à l’exigence de 2 m2 supplémentaires imposés par le ministère, qui, soit dit en passant, n’impose nullement de telles exigences à ses propres établissements scolaires… Mais le pouvoir ne s’est pas arrêté là.

La fermeture du lycée Louis Pasteur

«Au mois de mai 2007, le ministère compétent nous a, sans autre forme de procès et sans que cet ordre ait été accompagné d’aucune explication juridiquement valable, intimé l’ordre de fermer purement et simplement le lycée Louis Pasteur dès le 10 mai 2007, de ne plus faire de recrutement d’élèves au titre de la prochaine année scolaire, et d’orienter les élèves actuellement inscrits vers d’autres institutions similaires.

«Cette décision s’analyse comme un simple ‘‘fait du Prince’’. Ses motivations réelles ne sont nullement inspirées par de pures considérations d’intérêt général. On comprend, dès lors, toute l’émotion que cette décision inique a suscitée auprès de l’opinion publique, aussi bien tunisienne qu’internationale et que les médias, notamment à l’étranger, se soient saisis de l’affaire qu’ils ont analysée comme l’expression de l’arbitraire de l’Administration et d’une atteinte grave aux libertés individuelles et aux droits les mieux établis. Citons en quelques-uns: ‘‘Le Monde’’, ‘‘Libération’’, ‘‘L’Express’’, ‘‘Le Figaro’’, ‘‘Le Point’’, le journal ‘‘La Suisse’’, France 3, TSR 1, plusieurs journaux de langue arabe du Proche-Orient, plusieurs sites Internet comme ‘‘Rue 89’’ et ‘‘Bakchich.info’’… Le seul média tunisien à m’avoir défendu rigoureusement est la chaîne ‘‘Al Hiwar Attounssi’’, appartenant à Tahar Ben-Hassine et émettant à partir de Rome.

«Tous se sont demandé s’il ne s’agissait pas là d’une décision destinée à favoriser – même au prix d’une illégalité – une institution éducative qui venait d’être créée à cette date. Jusqu’à ce jour, le ‘‘Lycée Louis Pasteur’’ est resté fermé.

L’Université libre de Tunis dans le collimateur

«Enfin, une dernière offensive a eu lieu contre une autre institution éducationnelle relevant de la Fondation Bouebdelli : ‘‘l’Université libre de Tunis’’. Malgré l’adoption en 2000 d’une loi autorisant et réglementant l’investissement privé dans le domaine de l’enseignement supérieur et malgré la proclamation par le pouvoir de son intention d’associer le secteur privé à hauteur de 30.000 étudiants dans l’encadrement du flux estudiantin toujours croissant, ‘‘l’Université libre de Tunis’’ n’a cessé depuis sa création, de faire l’objet de mesures arbitraires de la part du ministère de l’Enseignement supérieur: ruptures de conventions de partenariat régulièrement conclues avec des universités nationales, et de conventions de coopérations conclues avec des universités étrangères, refus d’octroi à notre université des avantages financiers et autres pourtant expressément prévus par la loi, rejet de nombreux projets de développement de notre mission éducationnelle (refus de création de nombreux diplômes et de cycles d’études spécialisés ; refus de création d’un cycle de doctorat, etc.) ; harcèlement quasiment quotidien par une administration tatillonne visant à imposer à notre institution universitaire des conditions de fonctionnement (notamment en matière de locaux, d’équipements, de taux d’encadrement pédagogique, etc.) qu’elle oublie de demander aux établissements universitaires du secteur public ; contrôles administratifs, techniques, fiscaux, fréquents et pointilleux, etc.

«La dernière manifestation de cet état d’esprit a été l’adoption de la loi du 4 août 2008. La lecture de ses dispositions donnerait à penser qu’il s’agirait d’une loi tout à fait ordinaire. En fait, ce ne sont là que des apparences. En effet, la loi du 4 août 2008 a prescrit l’adoption d’un nouveau ‘‘Cahier des charges’’ auquel doivent se soumettre les établissements privés d’enseignement supérieur, mais qui se trouve avoir un effet rétroactif.

«Elle prévoit aussi qu’un promoteur ne peut être à la tête que d’un seul projet dans l’enseignement supérieur. Que tout établissement d’enseignement supérieur privé doit avoir un capital de 2.000.000 de dinars au moins (soit environ 1.000. 000 d’euros) alors que l’ancienne loi prévoyait 150.000 dinars de capital soit l’équivalant de 75.000 euros, c’est-à-dire 13 fois plus. La nouvelle loi prévoit encore que tous les établissements privés d’enseignement supérieur ont un délai de deux ans pour ‘‘se mettre en règle avec les dispositions’’ de la dite loi, faute de quoi l’autorité ministérielle aura le pouvoir d’ordonner purement et simplement la fermeture des dits établissements. ‘‘Last but not the least’’, cette loi interdit aux établissements privés d’enseignement supérieur de prendre le titre ‘‘d’Université’’ et elle leur enjoint de se limiter au titre de ‘‘Faculté’’, ‘‘Institut’’, ou ‘‘Ecole’’.

«Or, si on examine concrètement l’application des dispositions de cette loi, on s’apercevra qu’elle vise en fait et très directement ‘‘l’Université libre de Tunis’’. Comme d’autres institutions universitaires privées en Tunisie, celle-ci porte, avec l’autorisation du ministère concerné (arrêté ministériel de 2001), le titre ‘‘d’Université’’. A l’évidence, cette mesure porte gravement atteinte, et d’une manière rétroactive, à un droit légitimement acquis et, plus particulièrement, à un nom commercial reconnu et établi depuis plusieurs années. La prescription relative au capital minimum est aussi lourde de conséquences, car dans le cas de notre Université – et elle est actuellement la seule à tomber ainsi sous le coup des prescriptions de cette nouvelle loi – qui existe depuis plusieurs années, la Fondation Bouebdelli sera obligée de lever un nouveau capital de plusieurs millions de dinars pour satisfaire aux exigences de la nouvelle loi et, elle sera obligée de fractionner ses établissements en plusieurs unités séparées, augmentant ainsi inconsidérément les charges de gestion de chacune de ces unités et les rendant pratiquement incapables de survivre par leurs propres moyens. Il en est de même pour les modifications du ‘‘Cahier des charges’’, auquel on doit au moins reprocher son effet rétroactif, contraire aux principes de droit les mieux établis.

«Toutes ces mesures, loin de représenter une application objective et neutre de la loi, destinée à servir l’intérêt général, constituent une atteinte très grave aux principes les plus fondamentaux de ‘‘l’Etat de droit’’ que le pouvoir prétend respecter.»

Source : « Kapitalis » Le 23-03-2011

L’Algérie intéressée par l’exploration et la recherche pétrolière en Tunisie


 

L’Algérie est particulièrement intéressée par l’exploration et la recherche pétrolière en Méditerranée et dans les eaux territoriales de la Tunisie, selon le quotidien algérien Le Maghreb.

Youcef Yousfi, ministre algérien de l’Energie et des Mines, a déjà fait part, récemment, de la volonté de son pays de réaliser un projet de partenariat algéro-tunisien d’exploration pétrolière offshore dont les travaux devraient commencer durant l’année 2011 en cours, au large des côtes tunisiennes.

En outre et suite aux événements survenus en Libye, Sonatrach, la société publique algérienne pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures, l’un des acteurs majeurs de l’industrie pétrolière en Algérie, a annoncé son désistement de développer ses activités dans ce pays voisin. Elle va, désormais, concentrer ses efforts et sa stratégie de recherche pétrolière au large des côtes tunisiennes, et ce dans un cadre de partenariat.

Les prévisions montrent qu’en Tunisie, il existe des potentialités importantes dans le cadre du partenariat entre Sonatrach et l’entreprise tunisienne des activités et de recherches pétrolières (ETAP), selon la formule de partage de production en cas de découvertes, indique la même source.

Source: ”Business News” le 23-03-2011

Chronique- Libye : scénario à l’irakienne …

A-t-on mieux ou pire ?


 

Par Nadya B’chir

Esseulé, pris dans un guêpier – probablement le sien – Mouammar Kadhafi, battant la breloque avec une guerre civile qu’il livre sans merci à son propre peuple désabusé, finit par instiguer la communauté internationale à passer à l’action. La France fut l’initiatrice.

 Pourtant, pour Nicolas Sarkozy, il y a danger : le risque de se trouver en mauvaise posture. Car, des représailles provenant des Kadhafi sont déjà claironnées. Désapprouvée par ses pairs de l’Union Européenne, la présidence française, voulant décrocher la timbale, s’agrippe. Pour sa part, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères réussit à convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU de voter une résolution en faveur d’une intervention militaire en Libye. Les dés sont dès lors, jetés : l’opération militaire « l’Aube de l’Odyssée » telle que baptisée par les Américains, est lancée en Libye depuis le samedi 19 mars. La France entame les premières frappes aériennes. Objectif : imposer une zone d’exclusion aérienne dans le ciel libyen.

Seulement voilà, « l’Aube de l’Odyssée » est sujette à des critiques : certaines figures de la communauté internationale et même de la société civile craignent un nouvel Irak. La coalition, madrée, userait-elle du outil subterfuge de sauver le peuple libyen des griffes de Kadhafi pour préparer le lit à une éventuelle invasion sur le sol libyen ; objet de la convoitise : le pétrole ?

La Chine et la Russie n’avalisent guère l’opération militaire en Libye et penchent plutôt pour une solution pacifique. C’est à se demander si face à un Kadhafi dévoyé et souffreteux d’une absence pathologique de tout sens moral, il est du domaine du possible de procéder avec la logique du compromis. Cela relèverait du miracle

Le paysage cauchemardesque, tel que dépeint aujourd’hui, d’une Libye déchirée par une guerre civile, pourrait laisser présager le pire : la théorie du complot s’invite en fond sonore. A l’instar de l’Afghanistan, il y a de cela une dizaine d’années, suivi de l’Irak, deux années plus tard, la Libye paraît, pour le moment, destinée au même sort. En tous cas, selon certains dires- fondés ou infondés d’ailleurs- les Français seraient, en substance, séduits par les puits de pétrole de la Libye et masqueraient leur convoitise par une sorte de BA (Bonne Action) pour le peuple libyen. On évoque même « un cadeau » que l’Oncle Sam aurait offert à la France, puisque les Etats Unis rassasiés et disons-le « salis » par la guerre qu’ils ont enclenchée en Irak sous, bien entendu, de faux prétextes afin de chaparder au pays des deux fleuves, son pétrole. L’opération « l’Aube de l’Odyssée » est pourfendue et la recherche des fentes est plus que jamais lancée : des rapports sur l’état d’avancement des frappes aériennes françaises relèvent d’appréciations ambivalentes. Tenez : dans le quotidien « Libération », on parle d’un « vrai jeu de massacre et non d’une opération militaire » et l’« International Herald Tribune » parle d’un « carnage ». Jusqu’à nouvel ordre, l’Elysée dément toute atteinte de cibles civiles par les Rafales français. Aussi, la France n’a-t-elle pas assuré qu’il n’y aura pas d’intervention sur le sol libyen. D’ailleurs, Laurent Teissere, porte-parole du ministère français de la Défense a insisté sur le fait que les opérations militaires françaises n’ambitionnent qu’ «un seul objectif, celui de protéger les populations civiles en mettant en œuvre le mandat de l’ONU». Mais encore, et face aux multiples incertitudes quant à l’évolution des frappes militaires, un fait apparaît tel un dogme : Paris, Washington et Londres maintiennent leur position quant à la résolution de l’ONU excluant tout déploiement de troupes alliées au sol.

Dans le monde arabe, les avis sont de même entremêlés : une sphère juge l’intervention militaire française salutaire ; une autre rumine encore le traumatisme de l’Irak. Leur doute est on ne peut plus légitime. Car, voyez-vous certaines questions se posent d’elles mêmes et dont la réponse peut conduire à de véritables tempêtes sous crâne. Voici un exemple : au Bahreïn, il se produit, avec quelques réserves, un carnage semblable à celui de la Libye. Pourtant, la communauté internationale, celle-là même qui a décidé de retrousser ses manches pour repêcher la Libye, décide de végéter face au massacre des Bahreïnies. Défaut de moyens ou défaut de conscience ? La question demeure posée.

Et puis, le monde arabe pense qu’il aurait été plus judicieux et plus cohérent que les armées des pays arabes prennent en charge cette opération militaire. Au moins, à ce niveau, nous ne pouvons nous avouer poltrons de revoir se dessiner le même scénario d’un nouvel Irak et nous ne pourrions nous en prendre qu’à nous-mêmes si, par malheur,  l’opération avortait. Mais, la réaction des chefs d’Etats arabes quant à pareilles décisions s’est depuis toujours limitée à la « condamnation ». D’ailleurs, le contraire nous aurait étonnés. Passons…la question est bien plus complexe.

En tous cas, nous ne pourrons pas blâmer la France et compagnie d’avoir bougé pour tenter de défendre le peuple libyen de la tyrannise de Kadhafi. Car trop facile de lancer des invectives à l’encontre de la coalition quand on n’a pas d’alternative à proposer.

Nous sommes vraiment loin de l’Amérique de George W. Bush pour qui, nous n’avons d’ailleurs aucune mansuétude pour le cataclysme en l’Irak. Et puisque nos chefs demeurent fixés sur leur stoïcisme -quasiment scandaleux- accordons le bénéfice du doute à la France de Sarkozy et à l’Amérique d’Obama. Etre spectateur meurtri du foutoir de Kadhafi ne vaut pas mieux, de toute façon.

Bien sûr, nous ne pourrions dissimuler notre frousse de voir en Libye un nouvel Irak. Et c’est légitime. Maintenant, et n’ayant entre les mains aucune autre solution de rechange, livrons-nous à notre ultime et singulier espoir : la prière pour la Libye et son peuple.

Source: ”le Temps” le 23-03-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-54313.html

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