23 janvier 2008

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TUNISNEWS
8 ème année, N°  2800 du 23.01.2008

 archives : www.tunisnews.net


Appel d’universitaires: Ecartez de notre pays cette honte Call of academics : Keep this shame off our country Le Temps: ** Un méga-projet italien pour développer le tourisme écologique Le Temps: Le mal du siècle touche la société tunisienne Mezri Haddad et  Jean-François Mattéi: Sarkozy, papiste ou gaulliste ?, AFP: Une étude compile les « mensonges » de Bush avant la guerre en Irak AFP:Terrorisme: les listes noires bafouent les droits de l’Homme (Marty) AFP:Terrorisme/ listes noires: l’histoire « kafkaïenne » de Youssef Nada Reuters: Terrorisme – L’Onu et l’UE invitées à revoir leurs listes noires


 

Appel d’universitaires: Ecartez de notre pays cette honte

 
Au vu et au su de tous et à l’époque de la globalisation et de l’internet, le régime tunisien persiste à exercer une répression politique et intellectuelle qui remonte au plus loin et au plus sombre de l’histoire, alors qu’il a signé tous les accords internationaux concernant les droits de 1’homme. Pourtant le pouvoir tunisien se vante de ses prétendues réalisations (le progrès, l’état de droit et des institutions) qui ne sont en fait que des slogans pour tromper l’opinion publique et pour étouffer une réalité et une crise qui n’est plus ignorée de personne et qui dure depuis deux décennies. Une telle situation nous incite à croire que le pouvoir nous a condamnés à une morte lente afin de nous exhiber comme exemple de vengeance de savants qui se sont sacrifiés pour l’intérêt du pays et n’ont commis aucun crime à l’encontre de qui que ce soit. Pourtant, ils ont souffert des années en prison et aujourd’hui certains sont encore derrière les barreaux depuis presque une vingtaine années, c’est le cas du chimiste, le Professeur Sadok Chourou. Quant à nous, ceux qui ont été libérés, nous nous sommes trouvés assignés à résidence, privés de tout ce qui est nécessaire à une vie honorable. Pis encore, le pouvoir a entrepris un siège continuel en effaçant notre identité universitaire, en lui substituant « ouvrier» ou « sans emploi ». Il nous a même privés de toute activité et de tout travail, même si nous avions accepté d’assurer de modestes travaux agricoles ou dans des chantiers. Ceci est une honte civilisationnelle et historique. L’état de droit et des institutions a poussé sa vengeance jusqu’au châtiment collectif à travers nos familles et tous ceux qui nous ont tendu la main. Notre courrier a été intercepté, nos lignes téléphoniques ont été coupées, naviguer sur internet nous a été refusé, nos factures ont été falsifiées. .. Cet état nous a imposé une vie de nécessité, ce qui a eu un effet négatif sur nos enfants qui ont ouvert leurs yeux sur les exactions et les provocations policières. On n’a cessé de leur répéter qu’ils seront privés de travail, qu’ils se trouvent sur une liste noire; mais ils ont été patients, persévérants et ont tenté de démentir ces dires. Pourtant, leurs craintes se sont avérées justes lorsque certains se sont vus privés de leur passeport ou interdits des concours nationaux. Une telle situation accroît leur sentiment de désespoir et d’échec et constitue un danger réel sur leur mode de pensée. Ce drame a trop longtemps duré et a touché des milliers de victimes de différentes couches sociales (des ingénieurs, médecins, enseignants, techniciens, étudiants…) dont la plupart sont soumis au contrôle judiciaire quotidien, aux menaces et aux pressions en prenant en chantage la famille et les enfants. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que cette exclusion intellectuelle, politique et sociale ne peut qu’accroître l’ébullition. Tous ceux, qui dans le pouvoir, doivent assumer la responsabilité de la situation dans laquelle risque de se trouver notre pays. Nous implorons les partis politiques, les organismes humanitaires, les cadres et notamment les universitaires de dire la vérité et de nous soutenir dans notre drame jusqu’à ce qu’on mette fin à notre exclusion, à notre marginalisation et à la terreur et aux menaces exercées sur nos familles et nos enfants qui sont devenus des étrangers dans leur propre patrie. ‘ Que Dieu nous conduit vers le bien du pays et de ses hommes. Moncef Ben Salem, Docteur ingénieur, docteur d’Etat en mathématiques, Université de Sfax Mohammed Ghraiba, Docteur en mathématiques, Université de Sfax Mahmoud Dogui, Docteur d’Etat en chimie, Université de Tunis Abbes Chourou, Docteur d’Etat en physique, Université de Tunis


Call of academics : Keep this shame off our country

             To everybody’s knowledge and at the time of globalization and the Internet, the Tunisian regime persists to exercise a political and intellectual repression that goes up again to the farthest and to the darkest of history, whereas it signed all international agreements concerning human rights. Yet the Tunisian authority brags about its supposed achievements (progress, the state of rights and institutions) that are actually nothing but slogans to deceive the public opinion and to choke a reality and a crisis that are not unknown to everyone and which have lasted for two decades.             Such a situation incites us to believe that the authority has condemned us to a lingering death in order to exhibit us as an example of vengeance of scientists who have sacrificed themselves for the interest of the country and have not committed any crime in opposition to anyone whatever. Yet, they suffered from years in jail and still today some have already been behind prison bars for nearly twenty years ; it is the case of the chemist, Professor Sadok Chourou. As for us, those who have been freed, we have found ourselves under house arrest, deprived of everything that is necessary to an honourable life. Still worse, the authority undertook a continual siege while erasing our academic identity, by substituting it “worker” or “unemployed”. It even deprived us of all activity and all work, even though we have accepted to assume modest farm works or working sites. This is a civilizational and historical shame. The state of rights and institutions has pushed its vengeance until the collective punishment through our families and all those who offered us help. Our mail has been intercepted, our telephone lines have been cut, surfing the net has been refused to us, our invoices have been falsified… this state has made us live in straightened circumstances, which has had a negative effect on our children who opened their eyes on the police exactions and provocations. The police have never stopped repeating to our children that they will be deprived of work, that they are on a black list; but they have been patient, persevering and they have tried to belie those statements. However, their fears proved to be true when some found themselves deprived of their passport or forbidden of the national competitive exams. Such a situation increases their feeling of despair and failure and constitutes a real danger to their mode of thought.             This drama has lasted for too long and touched thousands of victims from different social layers (engineers, doctors, teachers, technicians, students…) most of whom were submitted to the daily judicial control, to threats and pressures by blackmailing both the family and children. That of which we are sure, it is that this intellectual, political and social exclusion will certainly increase turmoil. All those in power have to assume responsibility of the situation in which our country risks to be. We implore the political parties, the humanitarian organisms, the personnel and notably the academics to say the truth and to sustain us in our drama in order to put an end to our exclusion, marginalization, terror and threats exerted on our families and children who have become aliens in their own homeland. That God leads us to the good of the country and its people. Moncef Ben Salem Doctor of engineering, Professor of mathsUniversity of Sfax Mohamed Ghraiba Doctor of mathsUniversity of Sfax Mahmoud Dogui Professor of chimistUniversity of Tunis Abbess Chourou Professor of physicsUniversity of Tunis  

Fédération des Tunisien(ne)s pour une Citoyenneté des deux Rives 3 rue de Nantes 75019 Paris  – Tél: 00 33 (0)1 46 07  54 04 – Fax: 00 33 (0)1 4034 18 15 Courriel: ftcr2@wanadoo.fr Condoléances  
 
Nous apprenons avec émotion le décès ce matin de H’mida Karmim, militant associatif de l’immigration connu pour son dévouement aux causes justes, son intégrité et sa grande honnêteté. Engagé depuis près de vingt-cinq ans à l’Association des Travailleurs Maghrébins en France, partie prenante de tous ses combats pour l’égalité et la justice, fondateur et animateur de l’ATMF de Strasbourg puis de Saint-Avold, il sera regretté par tous ceux qui l’ont connu. La FTCR tient à assurer de sa solidarité et de son soutien son épouse Wafa, leurs deux enfants ainsi que l’ensemble de sa famille et de ses amis.  Elle salue ses camarades de l’ATMF et de la communauté des militant-e-s de l’immigration et les assure du caractère indéfectible des liens de fraternité que nouent des décennies de combats communs. Paris le 22 Janvier 2008 Pour la FTCR, le président Mouhieddine Cherbib


 Sejnane: De plus en plus de groupes européens sont attirés par les randonnées pédestres, équestres, trekking, vélo…

Plusieurs opérateurs veulent investir dans le tourisme en Tunisie.

Le Temps: ** Un méga-projet italien pour développer le tourisme écologique

 

 Certains sites offrent d’excellentes opportunités aux amoureux de la nature. C’est le cas du Nord de la Tunisie notamment du côté de Sejnane, un beau coin verdoyant favorable au développement du tourisme écologique.

 

En effet, ce tourisme vert est devenu un motif privilégié de voyage dans la ville des Cigognes.

 

D’où l’importance de ce créneau dans l’enrichissement de notre  produit touristique et c’est dans ce cadre que s’inscrit le méga-projet du tourisme écologique que compte réaliser le groupe d’investissement italien Préatoni à Sejnane dans le gouvernorat de Bizerte.

 

Cette région a tous les atouts pour développer ce créneau. Réputée par sa poterie, ses sites puniques et romains, elle regorge aussi de richesses naturelles.

 

Face à un tourisme balnéaire en difficulté, une attention accrue est portée au développement du tourisme vert.

 

Le touriste de nos jours cherche l’exotisme, le dépaysement.

 

Il veut rêver lorsqu’il vient en Tunisie et là il faudrait être imaginatif et créatif en lui offrant des espaces naturels, des lieux de promenade et des aires de repos.

 

Tourisme et nature sont devenus deux forces alliées. Ce produit est en passe de s’imposer comme une variante favorisant à n’en point douter l’étalement de la saison.

 

Le souci des professionnels est de faire de Sejnane comme une destination de référence du tourisme pédestre et, équestre. L’environnement est devenu l’une des préoccupations majeures de notre époque et le rapport entre le tourisme et la nature n’a jamais été aussi fort.

 

Sejnane balise la voie à un autre tourisme naturel ou tout simplement écologique.

 

On prévoit plusieurs aménagements dans ce beau site dont des cabanes de camping, des petites résidences, des aires de jeu, de loisirs et de restauration.

 

Ce tourisme écologique donne à voir à des voyageurs des modes de dépaysement, des exotismes, attachés à la qualité des lieux et des sites naturels et aussi aux cultures des populations.

 

Sejnane comme Tabarka pourra devenir un produit à part entière avec un ciblage de la clientèle appropriée et des actions promotionnelles spécifiques.

 

Ce tourisme de plein air très porteur sur lequel mise gros le groupe Prétoni  a de beaux jours et de perspectives prometteuses devant lui. Il pourra contribuer aussi au développement économique de cette région. Il peut être le meilleur outil de formation à l’environnement, pour faire prendre davantage conscience au grand public de la nécessité de protéger l’écosystème.

 

Kamel Bouaouina

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 23 janvier 2008)

 


 

Le mal du siècle touche la société tunisienne

Sédentarisation alimentaire, matières grasses, sucreries…

 

* Bientôt une stratégie globale fignolée par l’INN pour infléchir les habitudes alimentaires des Tunisiens ablant, surtout les ados et les enfants obèses, les diabétiques de type 2.

 

 « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé », « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas », « Il est recommandé de manger cinq fruits et légumes par jour », ce sont notamment,

 

 des conseils que les téléspectateurs captent sur les chaînes télévisées françaises. Ces recommandations visent à attirer l’attention des consommateurs quant à l’importance à adopter un comportement alimentaire sain et équilibré. Verrons-nous, bientôt, des conseils pareils sur nos chaînes locales ? Il semble que c’est oui. Car l’Institut National de Nutrition (INN) est en train de fignoler une stratégie globale dans ce sens. Elle sera lancée prochainement et ciblera entre autres, les diabètes de type 2 et les adolescents et les enfants a-t-on appris de source bien informée de l’INN.

 

 Face à l’accroissement de l’obésité et des maladies qui sont étroitement liées à la mauvaise nutrition ; (l’hypertension-artérielle, les maladies cardiovasculaires, le diabète…) il est impératif aujourd’hui de sensibiliser les consommateurs quant aux dangers d’un comportement alimentaire déséquilibré et incontrôlé. En effet, les conséquences des excès d’alimentation et de la sédentarité de nos ados et de nos enfants ont fait que le taux d’obésité ne cesse d’augmenter auprès de cette population. Une nette progression du surpoids a été constatée chez eux selon des études réalisées dans ce cadre. Elles ont démontré que l’obésité a plus que triplé chez les enfants âgés de 3 à 36 mois. Par ailleurs, l’enquête nationale sur l’évaluation de l’état nutritionnel de la population tunisienne 1996-1997 a révélé que la prévalence de l’obésité chez les femmes tunisiennes est de l’ordre de 22,7 %, elle est légèrement plus faible chez celles des femmes américaines (24, 7 %) et supérieure aux chiffres affichés au Canada.

 

Habitudes alimentaires

 

Cela est dû au changement des habitudes alimentaires très souvent déséquilibrées. Les Tunisiens ont tendance à consommer davantage des matières grasses. Entre 1989 et 2000, le régime alimentaire nutritionnel tunisien présente une plus forte teneur en protéines et graisse animale et en graisse végétale. La ration alimentaire a évolué au fil des années, passant ainsi de 2800 Klca en 1980 à 3272 en  2001. Cela dépasse le besoin énergétique recommandé par les spécialistes qui signalent à cet effet que la hausse de l’apport en protéines et lipides et le manque d’activité physique mènent évidemment à l’obésité. Un phénomène qui gagne du terrain dans notre société et qui touche différentes tranches d’âges. Une nutrition équilibrée s’impose dès lors comme une urgence. Il s’agit d’ailleurs de la finalité de la stratégie globale qui sera lancée prochainement par l’Institut de Nutrition.

 

D’après une source informée, l’accent sera mis sur l’équilibre nutritionnel d’ordre général. L’objectif n’est pas de diffuser une simple information scientifique, mais de parvenir à corriger et changer le comportement alimentaire du citoyen. Nous aurons accès à une information correcte sur l’équilibre nutritionnel, le mode de vie sain, l’excès de poids engendrant de l’obésité ainsi que leur conséquence sur la santé. Plusieurs populations seront directement touchées par la stratégie, dont les diabètes de type 2 en plus des adolescents et des enfants obèses, partant du fait que la pathologie est classée comme un problème de santé publique. Toutefois, le surpoids se pose plus chez les filles que chez les garçons. La prévalence du risque de surcharge pondérale chez les adolescentes est de 9,2 %, soit deux fois plus élevée que celle constatée chez les garçons. 

 

Depuis les établissements scolaires…

 

Pour plus d’efficacité, les programmes seront établis selon le type de la population. Pour ce faire, plusieurs partenaires seront associés directement à l’instar du ministère de l’Education et de la formation. Dans ce contexte, la sensibilisation aura lieu au niveau des clubs de la santé dans les différents établissements scolaires.  De même, la stratégie aura une vision plus globale et ce en faisant participer les institutions gouvernementales, dont les  ministères de la Santé publique et des Affaires de la Femme, de la Famille de l’Enfance et des Personnes Agées. La sensibilisation touchera aussi bien les enfants que les filles dans les zones rurales. En plus, les messages seront diffusés dans les prêches du vendredi. Objectif ; toucher un public plus large. D’autres partenaires prendront part à cette stratégie, tels que les associations, les Organisations Non Gouvernementales et le scout…L’Institut de Nutrition estime qu’ils sont bien structurés. Les médias ont un rôle à jouer sur ce plan. Des spécialistes se produiront dans les programmes télévisés (télé matin) et les stations de radio même régionales pour expliquer aux auditeurs les avantages d’un comportement alimentaire sain. Toujours dans le même ordre d’idées, des supports écrits (dépliants) seront distribués à cette occasion.

 

Le changement des habitudes alimentaires s’impose dès lors comme un enjeu majeur de santé publique. Il est important d’adopter un comportement sain et équilibré. A travers cette stratégie, c’est une vraie culture de prévention que l’Institut de Nutrition veut inculquer et enraciner tout en contribuant à changer et faire évoluer les comportements et de penser santé au quotidien. C’est une affaire de tous.

 

Sana FARHAT

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 23 janvier 2008)


Parution du livre:  » Mahmoud Bourguiba: sa vie et sa poésie »

 

Le Centre national de communication culturelle vient de publier sous le patronage du Ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine un nouveau livre intitulé:  » Mahmoud Bourguiba: sa vie et sa poésie » présenté par Habib Ben Fdhila.

 

De format moyen, ce livre paraît dans 227 pages.

 

Il est le 25ème dans la série  » Mémoire et Création  » publiée par le Centre et consacrée à la présentation de figures marquantes de l’histoire de la pensée tunisienne dans les domaines de la littérature, du théâtre, de la presse, de la poésie, etc. Cette nouvelle publication est consacrée à Mahmoud Bourguiba, considéré comme l’une des personnalités littéraires les plus rayonnantes de la première moitié du 20ème siècle.

 

Il a marqué son époque par l’abondance et la diversité de son œuvre, pratiquement dans toutes les disciplines de la littérature et de la pensée.

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 23 janvier 2008)

 

 


 

Point de vue

Sarkozy, papiste ou gaulliste ?

 

 

par Mezri Haddad et Jean-François Mattéi

 

Par-delà la vive polémique qu’il a suscitée, le discours du Latran inaugure une ère nouvelle dans les relations, historiquement méfiantes, entre l’Eglise et l’Etat. Nous assistons à un changement hautement symbolique de la politique française dans ses rapports au fait religieux en général et au christianisme en particulier. Celui-ci, avec les autres grandes traditions religieuses y compris l’islam – à condition qu’il procède à son propre aggiornamento – n’est plus exclu au nom de la déesse Raison et de la sacro-sainte spécificité française, mais accueillies au sein d’une laïcité positive capable de les absorber dans un vaste pacte républicain et de les impliquer dans un dessein à la hauteur de la France : une politique de civilisation.

 

 

Il ne s’agit donc pas, comme cela a été écrit, d’une altération grave des principes fondateurs de la laïcité, encore moins d’une remise en question de la loi de 1905, ce « monument inviolable », selon Jacques Chirac. Il s’agit au contraire d’un retour aux sources authentiques de la morale laïque. A l’instar des laïcités anglo-saxonnes ou germaniques, qui ont entretenu des rapports confluents et non conflictuels avec le religieux, la laïcité française, « enfin parvenue à maturité », se normalise en se mettant au diapason des nouveaux défis du siècle : choc des civilisations, apothéose du matérialisme et de l’hédonisme, néant spirituel, métastase de l’intégrisme, mondialisation du terrorisme…

Ces défis ont frappé de caducité le laïcisme qui, au nom du postulat marxiste (« la religion est l’opium du peuple »), a juré la mort de Dieu et l’extinction de la religion. A l’origine, en effet, la laïcité n’entendait pas extirper du corps social toute survivance religieuse, mais limiter l’hégémonisme spirituel et temporel de l’Eglise. La séparation de l’Eglise et de l’Etat a été l’aboutissement d’un long processus de sécularisation qui a commencé au Moyen Age, s’est raffermi grâce aux Lumières, a trouvé sa première traduction politique dans le radicalisme révolutionnaire de 1789 pour rencontrer ensuite sa première phase libérale et républicaine dans le Concordat napoléonien de 1801.

Avec la loi de 1905, c’est l’idéal laïc qui est imposé en France comme norme juridique et paradigme absolu du rapport entre foi et loi. En restituant au politique et au religieux leur autonomie réciproque, la loi de 1905 a été une rupture refondatrice, une destruction constructive. Théoriquement, la laïcité ne devait donc pas s’opposer à la religion, mais lui aménager une sphère qui lui est propre. Que s’est il passé en pratique ? La religion chrétienne a été stigmatisée, culpabilisée, et progressivement rayée, pas seulement des controverses politiques ou intellectuelles, mais également du débat moral et éthique.

« Le cléricalisme ? Voilà l’ennemi ! », rugissait Gambetta. En fait, la lutte de la laïcité contre le cléricalisme a tourné au combat de l’athéisme contre le christianisme. Dans ce combat où la fille aînée de l’Eglise a perdu une partie de son âme, la laïcité a sacrifié un élément constitutif de sa philosophie : la tolérance. C’est ainsi que la France, terre du baptême de Clovis, est passée de la religion d’Etat, le gallicanisme, à l’athéisme d’Etat. Dopée par sa victoire sur le traditionalisme catholique, leurrée par le mythe rationaliste suivant lequel le religieux, le sacré même sont voués à la disparition, la laïcité française a baissé la garde en tombant dans un sommeil profond… jusqu’à l’irruption fracassante d’un islam conquérant et d’un islamisme guerroyant. L’eschatologie wébérienne du désenchantement du monde, reprise par Marcel Gauchet, a fait long feu.

C’est dans ce contexte nouveau qu’il convient de lire les discours présidentiels à Rome, symbole du catholicisme, et à Riyad, symbole de l’islam. La laïcité positive à laquelle il appelle est en rupture avec le laïcisme français dont la dernière manifestation politique fut l’opposition d’inclure, dans le préambule à la Constitution européenne, toute référence aux « racines chrétiennes de l’Europe ». Changement de génération ou régénération de la laïcité française, Nicolas Sarkozy ose affirmer que « les racines de la France sont essentiellement chrétiennes ».

Plutôt que d’y voir une trahison de la « laïcité républicaine », ne peut-on reconnaître dans la laïcité positive des symptômes plus profonds ? Peut-être les prémices de la politique de civilisation dont le président vient, à Riyad, de préciser le contenu : « C’est une politique qui se donne pour but de civiliser la globalisation (et) qui intègre la dimension intellectuelle, morale, spirituelle… » Peut-être la volonté de renouer avec cette philosophie d’essence thomiste qui a été longtemps marginalisée en France au profit exclusif du marxisme et de l’existentialisme. N’oublions pas que le personnalisme d’Emmanuel Mounier a été une réponse à l’existentialisme sartrien ; de même que l’humanisme intégral théorisé par Jacques Maritain fut une réaction à l’humanisme marxiste.

Par-delà ce ressourcement philosophique et ces premiers balbutiements d’une politique de civilisation, n’y a-t-il pas dans le repositionnement sarkozyen un retour au gaullisme ? De Gaulle, en effet, qui a gravé la laïcité de l’Etat dans la Constitution, ne déclarait-il pas, le 31 mai 1967 à Rome : « L’Eglise est éternelle et la France ne mourra pas. L’essentiel, pour elle, est qu’elle reste fidèle à ce qu’elle est et, par conséquent, fidèle à tous les liens qui l’unissent à notre Eglise. » C’est encore lui qui affirmait, le 11 février 1950 : « Nous sommes un pays chrétien, c’est un fait. Nous le sommes depuis longtemps… Eh bien, nous n’avons pas besoin de nous méconnaître et cette flamme chrétienne, en ce qu’elle a d’humain, en ce qu’elle a de moral, elle est aussi la nôtre. »

 

Mezri Haddad, philosophe.

Jean-François Mattéi, philosophe.

 

(Source: Le journal « Le Monde » (Quotidien – Francr) le 24 janvier 2008)

 


Une étude compile les « mensonges » de Bush avant la guerre en Irak

AFP, le 23 janvier 2008 à 14h48

 

WASHINGTON, 23 jan 2008 (AFP) – Deux organisations américaines indépendantes ont rendu publique mercredi une étude intitulée « faux prétextes » compilant les fausses déclarations du président Bush et de ses proches collaborateurs entre 2001 et 2003 sur le danger que représentait l’Irak.

 

« Une étude complète montre que les déclarations ont fait partie d’une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l’opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de déclarations résolument fausses », estiment les auteurs de l’étude, membres du Center for public integrity et du Fund for independence in journalism.

 

« Le président Bush et sept hauts responsables de l’administration, dont le vice-président Dick Cheney, la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice, et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ont fait au moins 935 fausses déclarations dans les deux années après le 11 septembre 2001 sur la menace que présentait l’Irak de Saddam Hussein pour la sécurité nationale », écrivent les auteurs qui ont passé au crible des centaines d’interventions publiques de hauts-responsables du gouvernement.

 

Pendant les deux années précédant le début de l’intervention américaine en Irak, en mars 2003, « à 532 reprises (discours,

point-presse, interviews, etc.), Bush et le secrétaire d’Etat Colin Powell, le secrétaire à la Défense adjoint Paul Wolfowitz et les porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleisher et Scott McClellan

ont affirmé de manière erronée que l’Irak avait des armes de destructions massives (ou qu’ils essayaient d’en produire ou d’en obtenir) et des liens avec Al-Qaïda, ou les deux », écrivent les

auteurs.

 

L’étude cite un discours de Dick Cheney en août 2002 au cours duquel il assure: il « n’y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive ». Mais selon le directeur de la CIA d’alors, George Tenet, ces affirmations allaient largement au delà des évaluations de l’agence de renseignement.

 

AFP


 

Terrorisme: les listes noires bafouent les droits de l’Homme (Marty)

 

AFP, le 23 janvier 2008 à 13h56

 

STRASBOURG (Conseil Europe), 23 jan 2008 (AFP) – L’ancien rapporteur sur les activités illicites de la CIA, le Suisse Dick Marty, a reçu mercredi un soutien appuyé des parlementaires duConseil de l’Europe pour son rapport sur la pratique des listes noires de terroristes « qui bafouent les droits de l’Homme ».

 

A la quasi unanimité, l’Assemblée parlementaire (APCE) a approuvé un document très critique sur les conséquences dramatiques de la pratique de ces listes noires établies par l’ONU et l’Union européenne.

 

Dans une résolution, l’APCE constate que les procédures appliquées par le Conseil de sécurité comme par le Conseil de l’UE « ne remplissent pas les critères minimaux qui sont à la base de la prééminence du droit ».

 

« C’est une mort civile » a déclaré Dick Marty en expliquant que les personnes « listées » ne peuvent notamment plus voyager ou retirer de l’argent et qu’elles doivent souvent abandonner leurs activités.

 

« Les critères justifiant le recours aux sanctions sont vastes et imprécis et les sanctions peuvent être imposées sur la base de simples soupçons », dénonce le document qui avait été rendu public en novembre à Paris lors de son adoption en commission.

 

« Depuis, seuls quelques correctifs de type cosmétique ont été opérés » a regretté le rapporteur qui dénonce l’absence de droits de la défense « contrairement aux conventions internationales et européennes ».

 

Il demande que les « listés » soient avisés des accusations portées, qu’ils puissent assurer leur défense et saisir une instance indépendante et enfin être indemnisés en cas de violation injustifiée de leurs droits.

 

Il propose aussi une procédure de « dé-listing » permettant, en cas d’innocence, de retirer un nom de la liste car actuellement, « il reste presque impossible de se faire retirer d’une liste noire », une situation « illégale et inacceptable ».

 

La liste de l’ONU comporterait les noms de 370 personnes et plus d’une centaine d’entreprises ou organisations, selon des chiffres fournis récemment par le sénateur suisse.

 

Le Conseil de l’Union européenne, qui a établi une liste noire séparée, s’est engagé à envoyer aux personnes et groupes y figurant une lettre pour leur expliquer pourquoi ils s’y trouvent. Cette liste comprend 60 individus, entreprises ou organisations, comme le mouvement islamiste radical palestinien Hamas et l’organisation basque ETA.

 

AFP

 


Terrorisme/ listes noires: l’histoire « kafkaïenne » de Youssef Nada

 

AFP, le 23 janvier 2008 à 14h21

 

STRASBOURG (Conseil Europe), 23 jan 2008 (AFP) – Youssef Nada, un homme d’affaires de 78 ans fiché par erreur sur une liste noire des terroristes présumés par les Nations unies, vit depuis six ans

une situation « kafkaïenne », a dénoncé mercredi à Strasbourg Dick Marty, le rapporteur du Conseil de l’Europe.

 

« L’histoire semble sortir d’un roman de Kafka », a jugé lesénateur suisse en présentant son rapport qui a été adopté par l’Assemblée parlementaire du Conseil.

 

Musulman et membre de l’organisation des Frères Musulmans, Youssef Nada, un ressortissant italien d’origine égyptienne, vitdepuis 30 ans en Suisse.

 

Soupçonné d’avoir financé les attentats du 11-Septembre 2001 auxEtats-Unis, il a été inscrit fin 2001 sur la liste noire du Conseilde sécurité de l’ONU sans en avoir été informé, sans avoir étéentendu et sans disposer ensuite d’un moyen de recours, selon lerapporteur.

 

Tous ses biens ont été saisis et on lui a interdit de quitter laminuscule enclave italophone de la Suisse où il vit avec safamille.

 

La justice helvétique a ouvert une enquête qui a abouti à unnon-lieu après quatre ans de recherches, mais le nom de l’hommed’affaires a été maintenu sur la liste noire malgré de multiplesdemandes pour en être radié.

 

Selon M. Marty, les autorités « ne savent même pas très bienquelle est la dernière instance compétente à se prononcer », ce quine permet pas pour l’instant à ce citoyen de déposer une requêtedevant la Cour européenne des droits de l’homme.

 

« Tout cela se passe dans un climat d’indifférence », selon M.Marty, qui rappelle que les biens de Youssef Nada « sont saisisdepuis cinq ans sans que la moindre preuve de culpabilité ait puêtre établie ».

 

AFP

 


Terrorisme – L’Onu et l’UE invitées à revoir leurs listes noires

 Reuters, le 23 janvier 2008 à 14h12

 

STRASBOURG, 23 janvier (Reuters) – L’assemblée parlementairedu Conseil de l’Europe a invité mercredi le Conseil de sécuritédes Nations unies et le Conseil de l’Union européenne àrespecter les règles du droit dans l’établissement des « listesnoires » de personnes ou d’organisations soupçonnées d’activitésterroristes.

 

« Les règles de fond et de procédure actuellement appliquéespar le CSNU et par le Conseil de l’UE (…) bafouent lesprincipes fondamentaux qui sont à la base des droits de l’hommeet de la prééminence du droit », dit une résolution adoptée àStrasbourg par 101 voix contre trois et quatre abstentions.

 

Les parlementaires des 47 Etats membres demandent que toutepersonne ou organisation inscrite sur une « liste noire »bénéficie du droit d’être informée des accusations portéescontre elle, du droit d’être entendue et à bénéficier d’unrecours.

 

« Il est absolument évident que nous devons combattre le terrorisme mais n’oublions pas qu’un des principaux alliés du terrorisme est l’injustice », a souligné le sénateur suisse

libéral Dick Marty, un ancien procureur, rapporteur du texte au nom de la commission des droits de l’homme.

 

Le Conseil de sécurité de l’Onu a inauguré la pratique des « sanctions ciblées » en 1999 à travers la résolution 1.267 qui impose un gel des avoirs ou des restrictions de circulation pour

certaines personnes ou organisations.

 

L’établissement de cette « liste noire » visait alors lesactivités terroristes en Afghanistan.

 

Le Conseil de l’Union européenne a adopté sa propre liste en décembre 2001 dans le cadre d’un plan d’action élaboré après les

attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.

Dans son rapport, Dick Marty expose plusieurs cas de personnes inscrites sur ces listes bien que des tribunaux nationaux aient rendu des jugements les exonérant de liens avec

des activités terroristes et dénonce l’impossibilité pour ceux qui sont mis en cause de se faire entendre.

 

Il cite le cas de l’Organisation des Moudjahidines du peupleiranien (OMPI), un mouvement de résistance iranien, qui reste inscrit sur la liste noire de l’UE en dépit d’une décisionprononcée en sa faveur par le tribunal de première instance desCommunautés européennes.

 

L’OMPI, qui figure également sur une « liste noire »britannique, a obtenu le 30 novembre dernier un jugement en sa faveur auprès d’une juridiction britannique sans que sa situation soit réexaminée par le gouvernement.

 

A l’initiative de parlementaires essentiellement britanniques et français, la résolution de l’assemblée du

Conseil de l’Europe invite les Etats membres à « respecter les décisions de justice relatives à l’inscription sur les listes noires ».

 

La présidente de l’OMPI, Maryam Radjavi, s’est réjouie, dans un communiqué, de l’adoption de cette résolution.

 

« Le Conseil de l’Union européenne n’est plus seulement en désaccord avec la loi. Il défie également la volonté des représentants de millions d’Européens », a-t-elle affirmé.

 

REUTERS

 


 

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