Home – Accueil – الرئيسية
TUNISNEWS
6 ème année, N° 2103 du 23.02.2006
Vérité-Action: Rassemblement pour exiger le droit aux réunions LTDH: « Journées de solidarité avec la LTDH» Interdites à travers le pays AP: Tunisie: comparution prochaine du complice présumé de l’auteur de l’attentat de Djerba AFP: Inculpation d’un proche du kamikaze de l’attentat de Djerba (avocat) AFP: Maroc/islamistes: Nadia Yassine autorisée à se rendre à l’étranger AFP: Un général israélien évoque une « possible déstabilisation » en Egypte AFP: Un film turc contre l’Oncle Sam fait fureur en Allemagne AP: Football: incident entre Roger Lemerre et deux journalistes Yahyaoui Mokhtar: Amitiés Netoyennes Hejer Charf: Lettres: Mon prof d’éducation islamique contre les imams de souk Le Temps » (Suisse): : Six pays à l’épreuve de la démocratisation Le Temps » (Suisse): Abdelwahab Meddeb «L’islam est une religion laïque» Le Temps » (Suisse): Quand la démocratie devient danger
|
Vérité-Action Case postale 1569 1701 Fribourg Suisse Tél. +41797032611 Email. info@verite-action.org Site. www.verite-action.org Tunisie:
Rassemblement pour exiger le droit aux réunions
Le collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés en Tunisie organise le 24 février 2006 un rassemblement pour revendiquer : – la liberté de réunion, de manifestation et d’_expression – Les droits à la constitution des partis et des assocations – L’arrêt des harcèlements judiciaires contre la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, l’Association des magistrats tunisiens et les jeunes internautes incarcérés (Zarzis, Ariana, Bizerte, Menzel Bourguiba..) Cette manifestation pacifique intervient suite aux derniers agissements des autorités tunisiennes visant à limiter les mouvements et les réunions de l’opposition, essentiellement les membres du comité du 18 octobre. Plusieurs réunions et conférences de presses n’ont pu avoir lieu ou tenues difficilement en raison de l’encerclement des sièges de certains partis politiques. Tout récemment, soit le 21 février, une conférence de presse organisée par le collectif du 18 octobre devait avoir lieu au siège du parti démocratique progressiste (PDP) mais la police a empêché les membres du collectif d’y entrer limitant l’accès aux membres du PDP. Auparavant, le 24 janvier 2006, la police politique a interdit une réunion programmée par le collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés, et empêché toute personne voulant s’y rendre d’accéder au local du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT) où la réunion devait avoir lieu. La police a usé de la violence et de la force pour empêcher la tenue de cette rencontre. Me Ayachi Hammami, le journaliste Lotfi Hajji, M. Hamma Hammami, leader du PCOT et l’étudiant Abdelhamid Sghaier ont été agressés et tabassés. Quelques jours avant, une autre réunion organisée par le parti démocratique progressiste a été interdite à Sfax. Le 28 janvier 2006, le siège du parti démocratique progressiste a été encerclé par les agents de la police politique en raison d’une conférence qui devait être organisée par le collectif du 18 octobre. Plusieurs militants ont été interdits d’entrer au local et Me Samir Dilou aurait même été « pris en otage » sur l’autoroute pour l’empêcher d’arriver à Tunis ; son permis de conduire a été saisi sans aucune raison valable. Vérité-Action exprime son inquiétude face à ces agressions et la violation du droit de réunion et réitère sa totale solidarité avec le collectif du 18 octobre ainsi qu’avec tous les militants pour les libertés en Tunisie. Vérité-Action condamne ces atteintes graves aux libertés dans le pays et appelle les organisations internationales à soutenir la société civile tunisienne pour la réussite du rassemblement du vendredi 24 février. Fribourg, le 23 février 2006 Pour Vérité-Action Service de l’information
Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme
21, Rue Baudelaire – El Omrane 1005 – Tunis
Tél : +216 71.280.596 – Fax : +216 71.892.866
Flash-infos
« Journées de solidarité avec la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme »
Interdites à travers le pays
A la veille du procès de la Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme, le comité directeur avait défini en coordination avec les sections un ensemble d’actions de solidarité avec la LTDH : rassemblements devants les locaux de sections, distribution de communiqués qui réitèrent la protestation du comité directeur de la LTDH contre l’interdiction par les forces de l’ordre faite aux militants et adhérents de la LTDH d’accéder aux locaux des sections laquelle constitue un crime puni par la loi.
Ces actions précèdent d’une semaine le procès intenté contre la LTDH, par deux adhérents dont l’objectif clairement affiché est d’entraver la préparation et la tenue du 6ème congrès de la LTDH, procès qui se déroulera le 25 février 2006 à 9h00 au le tribunal de première instance de Tunis et pour lequel on avait laissé entendre durant le SMSI que tous les plaignants allaient se désister.
Les forces de l’ordre ont empêché dans plusieurs localités du pays, les manifestations décidées par le comité directeur. C’est ainsi que les militants de la LTDH et ceux qui les soutiennent ont été empêchés de parvenir aux locaux des sections lesquels sont interdits d’accès par les forces de police depuis décembre 2005, et ce, de façon illégale et sans motif légitime dans le seul but de paralyser l’activité de la Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme.
Ci-dessous le film des évènements qui se sont déroulés à l’occasion de ces journées de solidarité avec la LTDH.
Samedi 18 février 2006
– Section de Kairouan : Assemblée Générale de solidarité au local de l’Union Régionale de Travail de Kairouan.
·
Présence policière importante autour du local de l’Union Régionale
·
Assistance nombreuse formée de syndicalistes et de militants des droits de l’homme.
– Section de Monastir : Assemblée Générale et distribution du communiqués du Comité Directeur au local du Mouvement Ettajdid à Ksibet Mediouni.
·
Encerclement de tous les accès à la ville de Ksibet Mediouni par un nombre inhabituel des différentes forces de l’ordre qui ont empêché l’accès de la ville aux adhérents et même aux membres du Comité de la Section.
·
Encerclement du local du Mouvement Ettajdid et interdiction aux non adhérents au mouvement d’accéder au local.
– Section de Mahdia : Réunion de solidarité au local de l’Union Régionale de l’UGTT de Mahdia
·
Interdiction d’accéder aux rues menant au local de l’Union et interdiction aux adhérents et aux membres du Comité de la Section d’arriver au siège de la réunion par la force.
·
Après intervention de la Direction Centrale de l’UGTT auprès du Ministère de l’Intérieur concernant l’encerclement du local de l’Union Régionale des adhérents ont pu accéder à la salle de l’Union Régionale et la réunion de solidarité a pu se tenir.
– Section de Mateur : Tentative de rejoindre le local de la Section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Un déploiement des forces de l’ordre inhabituel et important ont encerclés le Comité de Section et les adhérents dans la rue principale et les ont empêché d’atteindre le local et même de s’attabler aux cafés.
– Section de Bizerte : Tentative des adhérents et sympathisants de la LTDH de rejoindre le local de la section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Des forces de sécurité importantes ont encerclé les rues menant au local, empêchant les adhérents et les membres du comité de la Section d’atteindre le local et même de s’attabler aux cafés.
– Section de Kélibia – Korba :
·
Bien que l’action soit programmée pour le dimanche 19 février 2006 les membres du comité de la Section ont été même empêchés de s’attabler aux cafés proches du local.
Dimanche 19 Février 2006 :
– Section de Sousse : Tentative de rejoindre le local de la section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Encerclement du local par un nombre important de membres des forces de l’ordre.
– Section de Kébili : Tentative de rejoindre le local de la section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Encerclement du local de la section empêchant les membres du Comité de Section de rejoindre le local.
·
Distribution du communiqué du Comité Directeur.
– Section Tozeur-Nefta : Tentative de rejoindre le local de la section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Encerclement du local de la Section empêchant les membres du Comité de la Section d’arriver au local.
·
Distribution du communiqué du Comité Directeur.
– Section de Jendouba :
·
Encerclement du local de la Section et fermeture de toutes les rues qui y mènent par un nombre important de membres des forces de l’ordre dès les premières heures du jour bien qu’aucune action n’ait été programmée le Dimanche 19 février 2006.
·
Mardi 21 février 2006 les membres du Comité de la Section ont été empêchés de se réunir dans leur local. Ils se sont alors dirigés vers le gouvernorat pour rencontrer le gouverneur mais les agents de sécurité les ont rejoints et leur ont intimé l’ordre de quitter le gouvernorat après que tous les responsables eurent refusé de les rencontrer.
– Section de Kélibia – Korba : Tentative de rejoindre le local de la section et distribution du communiqué du Comité Directeur.
·
Encerclement du local de la section par les forces de l’ordre qui ont empêché les membres du Comité de section d’atteindre le local.
·
Distribution du communiqué du Comité Directeur.
Tunisie: comparution prochaine du complice présumé de l’auteur de l’attentat de Djerba
Associated Press, le 22.02.2006 à 20h38 TUNIS (AP) — Le complice présumé de l’auteur de l’attentat d’avril 2002 contre la synagogue de Djerba, dans le sud tunisien, comparaîtra « dans les semaines à venir » devant la justice tunisienne, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat, Me Samir Ben Amor. Le procès devrait avoir lieu fin mars-début avril, une fois l’enquête close, prévoit l’avocat. Seul inculpé dans cette affaire, Belgacem Nawar est l’oncle du kamikaze, Nizar Nawar, qui a été carbonisé lors de l’explosion du camion devant l’édifice religieux. Il est soupçonné d’avoir aidé son neveu à installer une citerne sur le camion utilisé dans l’opération qui avait fait 21 morts, dont 14 touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français. Cet attentat commis le 21 avril 2002 avait été revendiqué par le réseau terroriste Al-Qaïda. Quatre chefs d’inculpation ont été retenus contre Belgacem Nawar, dont « la participation à une association de malfaiteurs en vue de préparer et de commettre une agression sur les personnes et les biens, complicité à un assassinat avec préméditation et participation à la détention et la fabrication de produits explosifs sans autorisation légale », des accusations qui lui font encourir la peine de mort, selon Me Ben Amor.
Inculpation d’un proche du kamikaze de l’attentat de Djerba (avocat)
AFP, le 22.02.2006 à 18h27 TUNIS, 22 fév 2006 (AFP) – La justice tunisienne a procédé à l’inculpation d’un Tunisien soupçonné de participation à l’attentat contre une synagogue de Djerba (sud) revendiqué par Al-Qaïda en avril 2002, a indiqué mercredi à l’AFP un avocat de l’accusé. Belgacem Nawar, 43 ans, a été inculpé, entre autres, de « complicité d’assassinat avec préméditation », accusation passible de la peine de mort, et va être jugé prochainement, a précisé Me Samir Ben Amor. L’accusé avait été arrêté au lendemain de l’attentat pour complicité avec son neveu, Nizar Nawar, mort carbonisé dans le camion-citerne qui a explosé le 11 avril 2002 devant la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba. L’Allemagne et la France ont collaboré à l’enquête sur cette attaque, qui avait fait 21 morts, parmi lesquels 14 touristes allemands et deux Français. L’attentat, le premier du genre à se produire en Tunisie, avait été revendiqué par l’organisation terroriste Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Belgacem Nawar a également été inculpé d' »association de malfaiteurs (nldr: Al-Qaïda) en vue de préparer et de commettre un attentat contre des personnes et des biens ». « Complicité dans la fabrication et la détention de matières explosives » et « destruction de biens d’autrui par une explosion ayant causé la mort » figurent aussi parmi les chefs d’accusation retenus. « L’instruction du dossier a duré près de quatre ans, mais le jugement devrait avoir lieu d’ici avril », a affirmé l’avocat désigné par la famille de l’accusé. Depuis son arrestation, aucune information n’avait filtré sur l’instruction du dossier de Belgacem Nawar, dont le jugement avait été initialement prévu en juillet 2002. En juin 2003, un islamiste de nationalité allemande Christian Ganczarski avait été écroué à Paris et inculpé par le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière dans le cadre de l’enquête française sur l’attentat de Djerba.
Maroc/islamistes: Nadia Yassine autorisée à se rendre à l’étranger
AFP, le 22.02.2006 à 18h51 RABAT, 22 fév 2006 (AFP) – La dirigeante islamiste marocaine Nadia Yassine, empêchée lundi de partir en Allemagne, a été autorisée à se rendre à l’étranger, a indiqué mercredi l’agence marocaine Map. « Mme Yassine pourra désormais quitter le territoire national en dépit des poursuites judiciaires dont elle fait l’objet », a indiqué l’agence marocaine qui cite une source judiciaire. Nadia Yassine, fille du cheikh Abdessalam Yassine, le guide spirituel de l’association islamiste Al Adl Wal Ihssane (tolérée, mais non autorisée) – et porte-parole officieuse de l’association – a été empêchée lundi par la police des frontières de prendre un vol pour l’Allemagne. L’autorisation accordée à Mme Yassine de quitter le territoire national a été prise par le procureur du tribunal de première instance de Rabat qui « a accédé à une requête en ce sens déposée par l’avocat de l’intéressée », selon la même source. Contactée par l’AFP, Nadia Yassine a affirmé qu’elle n’était pas satisfaite de cette décision. « Je ne sors plus, je vais suivre cette affaire car l’événement auquel je devais participer en Allemagne est passé, j’ai été lésée dans mes droits et on doit me rembourser mes billets », a-t-elle dit. « Cette grande miséricorde de la justice marocaine est en train de dévoiler un état de non droit, nous vivons dans l’anarchie à tous les niveaux », a-t-elle ajouté. Mme Yassine est poursuivie pour avoir déclaré à un journal marocain son penchant « personnel » pour un régime républicain, de préférence à un régime « autocratique ». Son procès engagé par le parquet de Rabat en juin dernier, devrait reprendre le 14 mars à Rabat.
Un général israélien évoque une « possible déstabilisation » en Egypte
AFP, le 23.02.2006 à 09h58 JERUSALEM, 23 fév 2006 (AFP) – Un général israélien a affirmé que les « premiers signes d’une possible déstabilisation du solide régime » du président Hosni Moubarak étaient perceptibles en Egypte, a rapporté jeudi la radio militaire israélienne. « La situation incertaine en Syrie est évidente, mais même en Egypte on voit toutes sortes de premiers signes d’une possible déstabilisation du solide régime de Moubarak », a déclaré mercredi le général Moshe Kaplinsky, chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, devant un forum d’hommes d’affaires à Haïfa (nord). Les propos du général Kaplinsky ont été diffusés par la radio militaire dans le contexte des remous suscités le même jour par ceux du général Yaïr Naveh, commandant de la région militaire centre d’Israël qui avait affirmé que le roi Abdallah II de Jordanie risquait d’être le dernier souverain hachémite. Suite à la vive émotion suscitée à Amman par les propos du général Naveh, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, ainsi que le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz et le chef d’état-major, le général Dan Haloutz ont désavoué les déclarations du général Naveh, qui a rédigé jeudi une lettre d’excuses. Le général Naveh avait averti mercredi qu’Abdallah II risquait d’être le « dernier souverain » hachémite, mettant en garde contre la constitution d’un « axe » islamiste de Téhéran à Gaza. « Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre roi en Jordanie alors qu’environ 80% de la population de ce pays est constituée de Palestiniens », avait dit dans un exposé le général Naveh. Il s’était alarmé du risque de constitution d’un « axe » islamiste qui partirait de l’Iran « qui proclame sa volonté de détruire Israël », traverserait « l’Irak où l’on ne sait pas ce qui peut se passer », pour aboutir aux territoires palestiniens de Cisjordanie et Gaza. Un tel axe pourrait, selon lui, traverser un jour la Jordanie où les islamistes « devraient beaucoup se renforcer » après la victoire des islamistes du Hamas aux législatives palestiniennes du 25 janvier. AFP
Un film turc contre l’Oncle Sam fait fureur en Allemagne
Par Fabien NOVIAL
AFP, le 23.02.2006 à 10h32
BERLIN, 23 fév 2006 (AFP) – Le film turc sur la guerre en Irak « La Vallée des loups », décrié comme anti-américain et antisémite, séduit la communauté turque d’Allemagne, alors qu’une partie de la classe politique allemande redoute qu’il ne vienne renforcer le fossé entre occidentaux et musulmans.
« Kurtlar vadisi » raconte comment le jeune Turc Polat se rend au Kurdistan irakien pour éliminer un capitaine américain, Sam, qui avait trahi un ami officier de l’armée turque. Quelques minutes suffisent pour repérer les « bons », les Turcs rangés bon gré mal gré du côté des Américains, mais tirant -presque- toujours de face, et les « méchants », les « Amis » qui mitraillent les enfants et bombardent les mosquées.
Le capitaine Sam est particulièrement tourné en ridicule : la plupart du temps un chewing-gum dans la bouche, il s’est fait livrer un piano à queue blanc dans son quartier général.
On le surprend à prier dans ses moments de doute au pied d’un crucifix. Derrière son bureau est accrochée une reproduction de la Cène.
Le film, qui regorge de violence sanguignolante, s’attarde aussi sur un médecin juif prélevant des organes sur des détenus de la prison d’Abou Ghraïb à des fins de transplantation. Au passage, le réalisateur Serdar Akar en profite pour dénoncer, plus sobrement, la torture dans cette prison.
« La vallée des loups » –film le plus cher de l’histoire du cinéma turc avec un budget de 8,4 millions d’euros– est tiré d’une histoire vraie, l’arrestation le 4 juillet 2003 par des GI’s de 11 militaires turcs en raison d' »activités suspectes » dans la ville kurde irakienne de Souleymaniye (nord), et dont les têtes ont été recouvertes de sacs de jute.
Hymne à la nation turque, mais surtout pamphlet, un peu confus, contre la guerre, « La vallée des loups » a déjà attiré depuis deux semaines plus de 200.000 spectateurs en Allemagne, qui compte la plus grosse communauté turque d’Europe.
Dans les quelques cinémas de Berlin où le film est joué, les séances ne désemplissent pas, mais ce ne sont pas des festivals d’applaudissements à chaque soldat américain qui tombe ou d’exclamations « Allah est grand » comme veulent le faire croire certains hommes politiques allemands.
« C’est comme un Rambo turc! Et après tout, pourquoi ce serait toujours les Américains qui gagneraient? », dit Haydar Sögüt, 34 ans.
« Je pense que le film reflète assez bien la réalité même s’il est parfois exagéré », affirme Ibrahim Yadikar, 18 ans.
Kenan Kolat, président de la Communauté turque en Allemagne, principale association représentative, estime qu' »une démocratie doit tolérer des films qui ne lui plaisent pas ».
Mais pour Edmund Stoiber, président de l’Union chrétienne-sociale (CSU), la branche bavaroise du parti de la chancelière Angela Merkel, « ce film irresponsable ne développe pas l’intégration mais cultive la haine et la défiance à l’égard de l’Occident ». Il a demandé que l’on retire le film des programmations. Plusieurs cinémas ont déjà choisi de ne pas renouveler l’exploitation.
Markus Söder, secrétaire général de la CSU, y voit un obstacle à la candidature de la Turquie à l’Union européenne.
Une intransigeance qui déplaît même à droite, dans le camp libéral: M. Stoiber et les autres se comportent « comme les régimes des pays arabes qui s’en prennent à la liberté de presse et d’_expression », estime la députée européenne libérale Silvana Koch-Mehrin.
Le distributeur du film, Anil Sahin, lie le débat autour du film à la querelle autour des caricatures du prophète Mahomet dans les journaux occidentaux, qui a suscité des manifestations violentes dans le monde musulman.
Selon lui, « il y a là quelque chose qui ne va pas. Quand un caricaturiste offense deux milliards de musulmans, c’est de la liberté d’_expression, quand un film d’action prend un Américain pour cible, c’est de l’incitation à la haine ».
AFP
Football: incident entre Roger Lemerre et deux journalistes
jeu 23 fév, 19h23 TUNIS (AP) – Une prise de bec a opposé jeudi le sélectionneur de l’équipe de Tunisie de football, Roger Lemerre, à un journaliste et un animateur d’une émission sportive de la chaîne de télévision privée Hannibal, qui a souvent déploré les méthodes du technicien français avec les médias.
L’incident s’est produit jeudi lors de l’annonce de la liste des joueurs devant affronter l’équipe de la Serbie-Monténégro le 1er mars prochain au stade de Radès en préparation du Mondial 2006.
Excédé par l’insistance de ses deux interlocuteurs, Lemerre leur a reproché leur « insolence » quand ils se sont mis à chuchoter en pleine conférence de presse. « Je n’ai rien contre la presse, j’admets les critiques, mais qu’il y ait des esprits malintentionnés qui font du mal à l’équipe nationale, c’est inadmissible et je m’y oppose », a-t-il lancé. L’incident a vite été clos grâce à l’intervention du représentant de la fédération tunisienne de football (FTF).
Roger Lemerre semble avoir tiré la leçon de l’élimination de son équipe en quarts de finale de la CAN. Jeudi, il n’a pas fait appel aux joueurs qui ont déçu en Egypte, notamment ceux évoluant dans le championnat local.
Pour la rencontre contre les Serbes, il n’a convoqué que 19 joueurs, qui évoluent tous en Europe à l’exception des deux gardiens.
Le défenseur de Bordeaux, David Jemmali, fera partie du groupe pour la première fois. Lemerre l’a entraîné lorsqu’il était à la tête de la sélection militaire française.
L’ancien sélectionneur des Bleus considère que le match de préparation contre la Serbie-Monténégro présente « un avantage » certain, dans la mesure où cette équipe a terminé en tête de son groupe, devant l’Espagne, deuxième adversaire de la Tunisie lors du premier tour de la phase finale en Allemagne. AP
Amitiés Netoyennes
Je ne sais pas si la censure sur ma ligne est levée ou s’ils ont tout simplement oublier de verrouiller la porte cette nuit comme la dernière fois. J’en profite pour saluer tout le monde. Quand je cherche à méditer sur cette situation je n’arrive plus à comprendre comment peuvent-ils justifier cette politique de ségrégation qu’il sont en train de pratiquer à ceux qui osent se déclarer opposants à leurs choix et quand vont-ils finir par comprendre qu’on ne peut plus interdire de notre temps aux gens d’avoirs des avis différents de ceux qui ont l’autorité dans leurs pays. Où veulent-ils en venir avec cet absurde entêtement dans la persécution et le refus de reconnaître leur échec, ce n’est pas parce qu’ils peuvent nous faire taire ou nous emprisonné qu’ils ont gagner. C’est plutôt le contraire, ils ne font qu’aggraver la situation et rendre la solution plus difficile encore. Ils ont tort d’éviter d’écouter ce qu’on a à leur dire et de nous empêcher de le dire. Nous ne cherchons qu’a leur facilité la délivrance de ce pouvoir qui est en train de les démoniser. A quoi peut servir de cacher encore la triste réalité de notre pays qu’ils sont en train de ruiner et de dilapider les acquis d’un demi siècle de sacrifices sous la tyrannie et le despotisme dont tout un peuple à été humilié et chacun à payé directement ou indirectement sa part du tribut. Le rapport qu’on est en train de développer avec notre dictature est en train de tourner à la dérision : quand nous protestons ils démentent quand nous insistons dans notre protestation il ne font qu’insister sur le démenti et la négation des faits. Les vérités qu’ils cherchent de tout temps à brouiller ne font que s’affirmer et se publiciser et se répandre dans le monde entier. Au point qu’on commence à douter s’ils s’en rendent compte aujourd’hui que plus personne ne croit à leurs mensonges à deux sous et quel rapport peuvent ils entretenir avec les représentants des autre nations quand tout leur discours n’est plus qu’un arrangement de mensonges qui ne peut plus tromper que ceux qui veulent s’y adonner. Quand on cherche à attirer leur attention sur la situation de blocage et d’intolérance face à la société ils procèdent à plus de fermeture, de verrouillage et de contrôle tout en affirmant que la Tunisie est un pays d’ouverture ou les libertés sont respectées. Quand on soulève la situation de délabrement et d’inefficacité et d’iniquité de notre justice on à l’impression de ne faire que leur rappeler qu’ils ont besoin de la contrôler plus et la soumettre davantage encore à leur volonté. Quand on demande l’amnistie aux prisonniers et la cessation des poursuite pour délit d’opinion ils passent à la vitesse supérieure dans la production des loi répressives et liberticides et accélèrent la razzia qu’ils mènent contre tout ce qui bouge. Il s’acharne encore dans leur piètre montage de procès allant jusqu’à la falsification des faits, des témoignages et des preuves pour les présenter en procès de droit commun. Quand on attire l’attention sur la désastreuse situation dans les prisons ils font la sourde oreilles à tous les hallucinants témoignages des rescapés et procèdent par pic à la promotion de leurs tortionnaires pour les encourager à sévir encore et les remercier pour les services rendu par les crimes qu’ils ont commis. J’avoue que les exemples ne se font plus compter et ce type de comportement n’est plus secret pour personne. Dans cette descente à l’enfer que notre dictature et en train d’opérer ces dernières années je ne comprend plus si le plaisir pervers de nous contrarier au dépend de tout bon sens n’est pas en train de l’emporter ou s’il ne relève pas d’une pathologie qui leur interdit de donner l’impression de céder même sur les sujets les plus dramatique et les plus urgents. En réalité ils ne font tort qu’a eux même par le discrédit dont ils sont en train de se couvrir face à tout le monde. Depuis cette grève de la faim qui aurait pu constituer un tournant pour notre pays rien ne va plus. Ce qui s’est produit et tout à fait le contraire des expectative de tous les tunisiens et du monde entier qui porte encore intérêt et sympathie pour notre pays. La rancune l’a emporté et la dictature à fait découvrir son hideux visage haineux dont personne ne peut plus douter qu’il peut être au service de la patrie. L’ivresse de la puissance a borné complètement une autorité dont la sagesse semble l’avoir quitté. Merci de continuer à nous soutenir, notre dictature est aujourd’hui une bête blessée, elle peut à tout moment nous charger même si sa mort ne va plus tarder. Avec mes amitiés à tous les Netoyens Yahyaoui Mokhtar Tunis le 22 02 2005
(Source: Le forum de www,nawaat.org le 22 fevrier 2006)
Lettres: Mon prof d’éducation islamique contre les imams de souk
Hejer Charf Cinéaste québécoise d’origine tunisienne, le 22 février 2006 En 1993, Tariq Ramadan, l’islamiste très médiatisé, a empêché la création en Suisse de la pièce Le Fanatisme ou Mahomet le prophète écrite en 1741 par Voltaire, qui fut un virulent critique de toutes les révélations divines et de tous les théismes. Les fanatismes religieux continuent depuis des décennies à traquer ouvertement les sphères laïques, sociales et artistiques. Surgissent «les caricatures de Mahomet». Et vlan ! La grosse affaire rengorgeant une belle flamme sentimentale et émotive qui mettra, à coup sûr, le monde entier à feu et à sang. L’islam est d’actualité et les médias ne peuvent laisser échapper un sujet aussi brû- lant aux élans simplistes, manichéens et sanguinaires. Défilent alors les imams de souk, les fervents zélateurs et les enthousiastes hystériques prêchant des discours partisans obtus et incultes. Ces petits groupes très bruyants et obscurs prétendent être les porte-drapeaux vertueux de l’islam, du Coran et de Mahomet ainsi que les porte-parole désignés de toutes les communautés musulmanes. Un autre petit groupe obscur et tire-laine attendait aussi les caricatures pour enfin exploser et répandre sa parole xénophobe et haineuse : «Arabes, musulmans, noirs, juifs et tous les autres différents, rentrez donc dans vos pays !» Voltaire avait raison de dire : «Les hommes en général ressemblent aux chiens qui hurlent quand ils entendent de loin d’autres chiens hurler.» Quand j’étais jeune écolière en Tunisie, je me souviens d’une élève qui vociférait «Et que la paix soit sur lui !» chaque fois que le nom du prophète Mahomet était évoqué. «Prie dans ton coeur, mon petit. Tu nous enlèves nos prières», lui disait notre vieux, adorable et exquis professeur d’éducation islamique. Arrêtons de donner une tribune et une voix publiques à ceux qui nous refusent une parole libre, différente et multiple. «Je conclurai que je dois me méfier à plus forte raison de toutes mes idées en métaphysique; que je suis un animal très faible, marchant sur des sables mouvants qui se dérobent continuellement sous moi, et qu’il n’y a peut-être rien de si fou que croire avoir toujours raison» (Voltaire).
(Source: Le Devoir « Canada) » Édition du jeudi 23 février 2006)
Le Hamas au pouvoir est au centre de la tournée diplomatique de Condi Rice.
Forcer la démocratie: le pari fou des Etats-Unis est-il déjà perdu?
La secrétaire d’Etat américaine est arrivée au Caire, premier jour de sa tournée diplomatique au Proche-Orient. Au menu des entretiens de Condoleezza Rice: l’arrivée au pouvoir du Hamas en Palestine, au terme d’un processus démocratique voulu et même imposé par les Etats-Unis. C’est tout le paradoxe de la politique américaine: la promotion de la démocratie s’est concrétisée dans plusieurs pays, mais n’a pas franchement amélioré la situation, à l’image de ce qui se passe en Irak, où la guerre fait rage. Dans nombre de pays, la politique américaine est perçue comme une ingérence illégitime, un coup de force mené par une grande puissance dont la réputation est ternie par les bavures. Les mouvements issus des élections sont souvent dominés par des extrémistes hostiles à toute discussion avec la première puissance militaire du monde. Quant aux régimes proches des Etats-Unis, ils sont fragilisés par le processus en cours. Aux Etats-Unis, comme du reste en Israël, des voix s’élèvent et réclament une autre politique et, surtout, davantage de pragmatisme. A vrai dire, les Américains se sentent isolés et se demandent s’il ne serait pas préférable de relancer une coopération avec l’Europe, voire d’inclure Israël dans l’OTAN. Les Etats-Unis ont lancé un processus politique qui leur échappe de plus en plus.
Quand la démocratie devient danger
Alain Campiotti, New York Démocratie de la torture! Condoleezza Rice, commis voyageur convaincu du projet américain de sortir le Proche-Orient de l’autoritarisme et de l’extrémisme, sait bien que sa tâche est difficile. Prométhéenne, pour faire simple. Elle ne cesse d’ailleurs de le répéter: il y aura des impasses, des échecs, des reculs. Mais la secrétaire d’Etat n’attendait pas forcément cette question, lancée au cours de la conférence de presse tumultueuse qu’elle a tenue mercredi au Caire avec son homologue égyptien, Ahmed Aboul Gheit: «Le modèle que vous nous proposez, est-ce la démocratie de la torture?» lui a demandé un journaliste local. L’Alabamienne ne se démonte pas. Elle sait bien que la réputation américaine, après Abou Ghraib, Guantanamo, les civils arabes qui tombent devant les caméras d’Al-Jazira sous des bombes américaines, est pour longtemps ternie. L’attentat qui avait détruit la mosquée chiite de Samarra, en Irak, donnait le matin même de la «chirurgie démocratique» la plus avancée une image repoussante: la haine aveugle qui rêve de guerre civile. Elle sait bien que le projet américain est d’abord tenu dans le monde arabe, et ailleurs, pour une ingérence illégitime et intolérable. Condi, alors, cherche à être didactique, avec des inflexions nouvelles. C’est une erreur, a-t-elle dit au Caire, de croire que les Etats-Unis veulent exporter un modèle, qui a d’ailleurs été forgé dans les pires souffrances: la démocratie est juste le meilleur cadre pour que les citoyens puissent dire et entreprendre ce qu’ils veulent. «Le modèle, ce sera le vôtre.» Mais que valent les mots? La secrétaire d’Etat voit surgir des obstacles à chaque pas. Au Caire, elle a promis devant un groupe d’opposants de continuer à faire pression sur Hosni Moubarak afin qu’il entreprenne une réforme réelle des institutions égyptiennes. Le rais – vingt-cinq ans de règne – écoute. Mais il a mis en prison son principal adversaire des récentes élections présidentielles pour la première fois entrouvertes. Et il a reporté les prochaines élections municipales, pour ne pas offrir un nouveau triomphe aux Frères musulmans. Discours implicites à l’intention de l’Américaine: vous ne m’aimez pas? Vous n’adorerez pas non plus les islamistes, quand les urnes leur auront donné le pouvoir en Egypte. Moubarak jouait sur du velours: c’est ce qui vient de se passer, démocratiquement, chez les Palestiniens. Le Hamas – branche des Frères musulmans – est en train de constituer son gouvernement. Après cette victoire surprise, les Etats-Unis n’ont pu être que beaux joueurs, et reconnaître que la consultation avait été sans tache. Simplement, le nouveau pouvoir n’a pas le droit de se comporter comme un voyou: il doit renoncer à son projet de détruire son voisin, Israël. N’empêche que les Américains sont désormais en position défensive, et ils auront beaucoup de peine à constituer, sur leur position, un front dans la région. Téhéran offre déjà de se substituer pour les Palestiniens aux donateurs occidentaux qui ferment le robinet. Comme dit le président Ahmadinejad: les ressources divines (le pétrole a bon dos) sont infinies. Et les milliers de princes saoudiens, chez qui Condoleezza Rice se rend ensuite, ne manquent pas de canaux pour aider les frères de Gaza. Où qu’ils se tournent, les Américains voient partout au Proche-Orient deux forces déplaisantes face à face: les pouvoirs autoritaires en place, et les Frères musulmans ou leurs cousins. Les adversaires sont des complices: les potentats ont avantage à laminer les minuscules forces démocratiques, pour ne maintenir devant eux que les Frères qui font peur à l’Occident, et qui sont du même coup reconnus pour la puissance qu’ils ont. Les Algériens, il y a quatorze ans, avaient conclu la première expérience démocratique en annulant les élections qu’allait gagner le Front islamique du salut, travaillé au corps par les Frères musulmans. Bilan connu: bien plus de cent mille morts. L’acceptation de la victoire du Hamas – sous réserve de ses actions futures – est à cet égard un progrès. La prochaine étape pourrait être une discussion ouverte avec la Confrérie. Un compromis historique? Les rudes résistances auxquelles se heurte la «promotion de la démocratie», dont George Bush est le héraut téméraire, provoquent d’intenses discussions dans les think tanks américains. Gregory Gause, chercheur sur le Proche-Orient, tire de l’expérience récente que la démocratie n’est pas le frein qu’on croyait au développement de l’islamisme radical: elle lui sert de repoussoir, ou l’aide à accéder au pouvoir. Thomas Carothers, de la fondation Carnegie, constate dans la livraison de Foreign Affairs à paraître que les méthodes promotionnelles de l’administration et d’ONG spécialisées dans la stimulation démocratique ont provoqué de sérieux retours de manivelle: les autocrates chatouillés ont compris le danger et ont appris à se défendre. Il conseille plus de pragmatisme: les Etats-Unis doivent accepter de travailler avec des associés, les Européens, s’inspirer de l’OSCE qui a aidé à transformer leur continent. Et ils doivent mettre un peu de réalisme dans leur idéalisme armé. C’est peut-être ce que fait déjà George Bush, qui prend la défense de Dubaï contre le Congrès dans l’affaire des ports de la côte Est. Dubaï est une alliée. Mais pas une démocratie… (Source : le journal « Le Temps » (Suisse) du 23.02.2006)
Six pays à l’épreuve de la démocratisation
Luis Lema
ARABIE SAOUDITE
La démocratie lointaine
Opaque et secrète, l’Arabie saoudite reste pour une large part pratiquement inconnue. Face aux velléités répétées des Etats-Unis d’inclure ce pays dans le mouvement de démocratisation de la région, le régime saoudien a organisé, l’année dernière, les premières élections municipales en 40 ans. Le scrutin, auquel les femmes n’avaient pas le droit de participer, était cependant loin d’être transparent.
Qui dit Arabie saoudite, dit évidemment intérêts pétroliers gigantesques. Mais dit aussi des tiraillements qui tirent leur origine dans la guerre du Golfe de 1991, avec le déploiement de la présence militaire américaine sur son sol, et qui n’ont cessé de s’aggraver depuis lors comme l’ont démontré, une décennie plus tard, les attentats du 11 septembre, dont la plupart des auteurs avaient le passeport saoudien. Introduire aujourd’hui la démocratie dans le Royaume wahhabite signifierait immanquablement placer au pouvoir l’opposition islamiste, soit les ennemis les plus résolus des Etats-Unis.
LIBAN
Hanté par les souvenirs
L’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, et les meurtres d’intellectuels qui ont suivi ont ravivé les pires inquiétudes dans le pays du Cèdre, encore tourmenté par son interminable guerre civile. Même si elle apparaît aujourd’hui effrayée et un peu essoufflée, l’opposition s’est promis d’obtenir le départ du président Emile Lahoud, le protégé de la Syrie.
Alors que les forces syriennes ont quitté le pays, mais que l’influence de Damas reste très grande, l’un des principaux enjeux concerne le Hezbollah qui, à l’inverse des autres milices libanaises, n’a jamais déposé les armes. Fort de l’appui de la population chiite, le Hezbollah a aussi acquis un prestige certain en obtenant le retrait israélien au sud du Liban.
Passablement occupés dans la région, les Etats-Unis ont laissé la France prendre en main le dossier libanais. Le président Jacques Chirac entretenait des liens très étroits avec Hariri. Les pro-Syriens font donc le poing dans leur poche en attendant les prochaines élections françaises.
SYRIE
La contestation par la mosquée
Conscient de son isolement international, le régime syrien n’a jamais paru si fragile. Après le meurtre de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, le pays a été placé au cœur de l’attention internationale et n’a échappé que de peu jusqu’ici à d’éventuelles sanctions. Des sources concordantes l’affirment: les Etats-Unis sont très présents et soutiendraient activement le mouvement des Frères musulmans, honni par le pouvoir. Pour la minorité alaouite qui dirige le pays, et qui pâtit d’un manque de légitimité face aux sunnites, un renforcement de l’islam radical est une perspective de cauchemar.
Usant du Hezbollah (chiite) libanais, la Syrie a conservé un relatif instrument de pression face à Israël. Mais à l’interne, le régime sent monter une certaine contestation. Face au verrouillage politique, elle risque fort de se manifester à l’intérieur des mosquées, le lieu que le pouvoir parvient le plus difficilement à contrôler. Par le biais notamment de la tradition soufi, l’islam reste une force politique potentiellement très importante dans ce pays qui, officiellement, se veut laïc.
IRAN
Les incartades du président
Dans la balance moyen-orientale, le poids de l’Iran est autrement plus important que ceux du Hamas ou du Hezbollah. L’Iran du président Mahmoud Ahmedinejad,
au demeurant déjà en partie démocratique, fait feu de tout bois: à son influence dans le monde chiite (Liban, une partie de l’Arabie saoudite et surtout Irak), il tente de consolider aujourd’hui des assises dans le monde arabe sunnite, notamment après la victoire du Hamas palestinien.
Se sachant dans le collimateur des Américains et des Israéliens, le président radical arrivé au pouvoir en juin dernier multiplie les incartades, notamment sur la question du nucléaire. Une attitude qui lui permet de récolter des fruits au sein de certains groupes d’opposition. Au parlement iranien, les conservateurs occupent 190 des 290 sièges, une petite cinquantaine étant dévolue aux réformateurs et le reste aux indépendants. Seuls 9 députés sont des femmes.
ÉGYPTE
La montée de l’opposition
A la fin de l’année dernière, les Frères musulmans ont fait une entrée en force dans le parlement égyptien, où ils ont obtenu 88 représentants sur les 444 députés que compte l’Assemblée nationale. La violence policière, les vagues d’arrestations et les entraves de toute sorte n’y ont rien pu: les Frères se sont imposés comme la seule force d’opposition dans le pays. Auparavant déjà, la première élection présidentielle multipartite, que le régime s’était résigné à organiser, avait annoncé la couleur.
Prenant peur, le pouvoir égyptien vient de décider de reporter de deux ans les élections municipales initialement prévues en avril prochain. De toute évidence, le président Hosni Moubarak, qui contrôle le pays depuis trois décennies, craignait que les islamistes continuent encore de progresser.
De même, le célèbre opposant Ayman Nour a été condamné, en décembre dernier, à une lourde peine de prison, semblant confirmer, pour l’instant, la fermeture de la timide démocratisation égyptienne.
PALESTINE
L’islamisme au pouvoir
L’arrivée au pouvoir du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) dans les territoires palestiniens, le 25 janvier, a pris apparemment tout le monde de court. Sachant pertinemment que la Cisjordanie et Gaza sont placés sous perfusion internationale, ce mouvement joue la prudence pour garder son idéologie intacte tout en conservant autant que possible l’aide internationale.
Sur le plan interne, il est très peu probable que le Hamas tente une islamisation de front de la société palestinienne. Fidèle à sa ligne, ce mouvement issu des Frères musulmans égyptiens fait des calculs à long terme. Et ce d’autant plus que, si sa victoire a été triomphale, une grande partie de ses électeurs se méfie de leur vision islamique de la société.
Même s’il s’est toujours méfié de toute récupération politique, le Hamas pourrait être tenté, à l’externe, de rapprocher la Palestine des pays musulmans, et notamment de l’Iran et de la Syrie. Ses dirigeants savent toutefois que l’appui musulman ne pourra jamais se substituer entièrement à l’aide occidentale, européenne et américaine.
(Source : le journal « Le Temps » (Suisse) du 23.02.2006)
La laïcité n’est pas une notion étrangère à l’islam. Bien au contraire, elle fait partie de l’essence même de la religion du Prophète, selon l’écrivain et essayiste Abdelwahab Meddeb (*).
«L’islam estune religion laïque»
L’affaire des caricatures de Mahomet a ravivé des questions sur la capacité du monde arabo-musulman à comprendre et accepter les valeurs de nos sociétés démocratiques et laïques. Selon un stéréotype courant, l’islam ne permettrait pas la séparation entre le spirituel et le temporel. L’écrivain et essayiste franco-tunisien Abdelwahab Meddeb s’inscrit en faux contre cette thèse. Animateur de l’émission Cultures d’islam sur France Culture et professeur de littérature comparée à l’université ParisX, il est l’auteur de plus de vingt livres(*). Inquiet face à l’intégrisme diffus qui ravage les sociétés musulmanes, il lutte en faveur de l’avènement d’un islam des Lumières.
Samedi culturel: Quelle est votre analyse de l’affaire des caricatures de Mahomet?
Abdelwahab Meddeb: Toute cette histoire est ridicule et insupportable. Je ne comprends pas d’où vient cette impossibilité de représenter le prophète de l’islam. Nous avons des représentations de Mahomet, et notamment de son voyage nocturne à Jérusalem, où on voit son visage. Cela dit, ces caricatures sont la honte des Danois, car elles illustrent un manque d’inspiration spectaculaire. Certains de ces dessins reflètent un stéréotype médiéval construit par les clercs chrétiens, qui est encore à l’œuvre dans l’inconscient collectif occidental. Le Prophète est perçu comme un imposteur, un guerrier violent, un personnage lubrique car amoureux des femmes. Cependant, les réactions du monde musulman m’ont paru excessives, voire même fascistes. Elles sont le produit d’une manipulation.
Certains observateurs ont vu dans cette crise une difficulté des sociétés musulmanes à comprendre nos régimes démocratiques et laïcs. La laïcité est-elle une notion qui fait sens dans les sociétés arabo-musulmanes?
Oui, car la consubstantialité du politique et du religieux n’appartient pas à l’essence de l’islam. On peut la construire artificiellement, et c’est ce que fait l’intégrisme diffus répandu dans le monde arabo-musulman. L’islam est en fait une religion laïque, car elle n’a pas d’Eglise ni de magistère. L’empereur Frédéric II, lors de sa dernière croisade, avait remarqué que les musulmans séparaient le temporel du spirituel. A cette époque, Frédéric II avait des problèmes avec le pape, et il était fasciné par la figure du calife, totalement impuissante par rapport au pouvoir temporel.
On peut situer l’origine de la réflexion sur la laïcité chez Averroès. Il a été le premier à semer l’idée de l’existence de deux vérités, l’une philosophique et l’autre théologique. Il voyait en elles deux sœurs jumelles. Mais c’est sa descendance philosophique qui forgera la théorie de la double vérité et accomplira la scission entre la philosophie et la théologie. Ce processus sera porté à son terme par Spinoza.
Quelle a été la postérité de cette semence laïque en terre d’islam?
Elle a été inexistante. Seule la coutume fondée sur l’orthopraxie a triomphé.
Mais que faites-vous des expériences laïques menées dans des pays comme la Turquie ou l’Irak?
Elles ne sont pas nées au sein de l’islam: elles procèdent d’une influence extérieure. En Turquie, la laïcité a été pensée comme rupture avec la tradition islamique et dans la perspective de la nécessité de l’occidentalisation. En Turquie, on pensait que la modernité ne pouvait être qu’occidentale, et de nombreux changements ont été imposés, du vêtement au droit.
En Tunisie, Bourguiba a pensé l’Etat dans le primat de la République. Sa vision était très française. Il a essayé d’introduire un modèle républicain laïc en s’appuyant sur quelques concepts de la tradition juridique islamique. Mais, ce faisant, il a pulvérisé la charia. Un exemple: Bourguiba a réussi à interdire la polygamie à la fin des années 50 en faisant un commentaire exégétique du verset coranique qui justifie la polygamie.
En Irak, la laïcité a été imposée par les théoriciens du parti au pouvoir, le Baas. Comme tout ce qui vient d’en haut, elle a été acceptée sans réticences, car ce qui participe à la réussite du despotisme, c’est la servitude du sujet par rapport au chef.
Pourquoi les mouvements laïcs restent-ils minoritaires dans le monde musulman?
Parce que les dictatures ont tué le politique. L’espace politique est aujourd’hui dévasté, et seul le message intégriste y fleurit. Cette responsabilité incombe aux Etats arabes post-coloniaux. Leur incurie a fait échouer les processus de modernisation et de démocratisation. Des gens peu instruits sont arrivés au pouvoir et, avec les concessions qu’ils ont faites aux intégristes, ils ont participé à la diffusion de leur pensée, désormais dominante dans ces sociétés. Les gens en ont peur, comme ils ont peur de trahir leur origine en revendiquant davantage de laïcité. N’oublions pas que la non-séparation entre le religieux et le politique fait partie de la fantasmagorie qui s’est développée autour des origines de l’islam, très en vogue chez les intégristes.
Pensez-vous que la laïcité soit nécessaire à la reprise du processus de modernisation dans les sociétés musulmanes?
Il est absolument nécessaire de conduire la politique au nom de l’humanité et des droits humains. Dès qu’on attache le politique au nom de Dieu, c’est une catastrophe. Le despotisme ne fait pas autre chose, car il se présente comme l’ombre de Dieu sur terre. Cette hétérogénéité du pouvoir installe l’exercice de la politique dans la coercition. Si la politique et le droit sont dictés par Dieu en personne, sans médiation humaine, on a alors affaire à un absolu indiscutable, ce qui constituerait en théorie le fascisme le plus accompli. La séparation du politique et du religieux me paraît donc absolument nécessaire. Nous avons besoin non pas d’hétérogénéité, mais d’homogénéité et de concertation humaine. L’unique solution, c’est la démocratie. Mais il est vrai que le terme laïcité semble aujourd’hui banni des sociétés arabo-musulmanes.
(*) Abdelwahab Meddeb a notamment publié La Maladie de l’islam (Seuil, 2002), Face à l’islam (Textuel, 2004) et, tout récemment, L’Exil occidental (Albin Michel, 2005).
(Source : « Samedi culturel » du journal suisse « Le Temps » du 18.02.2006)
Home – Accueil – الرئيسية