Appel au Rassemblement
« Pour un retour digne des exilés tunisiens à leur pays »
L’organisation Internationale des Exilés Tunisiens appelle tous ses adhérents et sympathisants en France ainsi que toutes les organisations et personnes soutenant le droit au retour à leur patrie des exilés tunisiens à un rassemblement pour se lever contre l’injustice de l’exil forcé subi depuis près de deux décennies par des centaines de tunisiens qui étaient obligés de fuir l’acharnement policier et judiciaire dénoncés par toutes les ONG locales et internationales des droits de l’Homme, et pour exiger des autorités tunisiennes de lever les nombreux blocages empêchant ces citoyens de retourner à leur patrie mère en toute dignité et sécurité. Samedi 24 octobre 2009 A PARTIR DE 15H00 Métro COURONNES (ligne 2)
Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel:fax : 71 340 860 Liberté.equite@gmail.com Tunis, le 20 octobre 2009 Appel urgent
À toutes les organisations de droits de l’homme et humanitaires, locales et internationales
Nous, les mères des prisonniers d’opinion de Borj Er Roumi à Bizerte en grève de la faim depuis le 5/10/2009, informons l’opinion publique locale et internationale que nous n’avons pas pu rendre visite à nos fils le 15/10/2009, ce qui nous renforce dans notre conviction que ces derniers sont en danger et nous lançons un appel urgent à toutes les organisations de droits de l’homme et humanitaire en Tunisie et à l’étranger afin – d’intervenir auprès des autorités tunisiennes pour qu’elles mettent un terme aux dépassements inhumaines dont sont victimes nos fils – de diligenter des enquêtes sur toutes ces violations – nous exigeons leur libération et leur retour à la vie normale ainsi que des réparations pour toutes les atteintes qu’ils ont subies, lors de leur garde à vue ou lors de leur incarcération. Les mères des prisonniers d’opinion en grève de la faim à Borj Er Roumi L’organisation Liberté et Équité a appris que plusieurs mères et familles des prisonniers d’opinion s’étaient rassemblées devant la prison de Borj Er Roumi jeudi 15 et samedi 17 octobre, encerclées par un imposant cordon sécuritaire, pour exiger de pouvoir rendre visite à leurs fils ou d’être informées sur leur état de santé qui se serait dégradé du fait de leur grève de la faim ainsi que de leurs transferts puisque l’administration de la prison avait refusé les couffins vendredi 16 octobre au prétexte qu’ils avaient été ventilés vers d’autres prisons […] La mère du prisonnier Maher Beziouche nous a informés que son fils en grève de la faim avait décidé de ne plus manger de sucre depuis le 20 octobre si la prison d’El Haouareb continuait d’ignorer son cas. Il dort actuellement à même le sol. Voici la liste des prisonniers grévistes transférés vers d’autres prisons : Ghaith Ghazouani a été transféré à la prison de Jendouba Mohammed Ben Mohammed a été transféré à la prison de Saouaf dans le gouvernorat de Zaghouan Mohammed Trabelsi a été transféré à la prison de Saouaf dans le gouvernorat de Zaghouan. Mohammed Atoui a été transféré à la prison de Siliana Ramzi Ben Saïd a été transféré à la prison de Gafsa Maher Beziouche a été transféré à la prison d’El Haouareb dans le gouvernorat de Kairouan Karim Ayari a été transféré à la prison de Messaadine dans le gouvernorat de Sousse Slim Habib a été transféré à la prison de Kasserine Kaïs Khiari a été transféré à la prison de Sers dans le gouvernorat du Kef. Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Tunis, le 21/10/2009 Des forces de la police politique ont arrêté l’étudiant Zouhaïer Zouidi, militant de l’Union générale des Etudiants de Tunisie devant la cité universitaire de Mannouba et il a été déféré devant le Procureur de la République du Tribunal de Mannouba qui a ordonné sa détention en vertu d’un procès préfabriqué et monté reposant sur l’outrage aux bonnes mœurs et aux fonctionnaires. […] Organisation Liberté et Equité Association Tunisienne de Lutte contre la Torture Conseil National pour les Libertés en Tunisie Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Observatoire Tunisien des Droits et Libertés syndicales Amicale Nationale des Anciens Combattants Observatoire de la Liberté de la Presse, de l’Edition et de la Création (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Lettre de la famille du prisonnier d’opinion Jamaleddine Mellakh
Notre correspondant Zouhaïer Makhlouf a été écroué à Mornag
L’audience est fixée au 3 novembre prochain
Essabil On Line, Tunis Son épouse est joignable au 23 277 388 Le procureur de la République du Tribunal de Grombalia a fait écrouer le correspondant en Tunisie de Essabil On Line, le militant des droits de l’Homme Zouhaïer Makhlouf, à la prison de Mornag. Il est accusé d’avoir nui à autrui par le réseau de communications publiques dans l’affaire 96838. L’audience devant examiner l’affaire a été fixée au 3 novembre 2009. Un groupe d’avocats se sont portés volontaires pour prendre sa défense, notamment : Ahmed Néjib Chebbi Samir Dilou Najet Labidi Imène Triki Atef Ben Salah Rim Hermessi Saïfeddine Makhlouf Abdelbasset Mbarek Nabil Libassi Mohammed Abbou Mokhtar Trifi […] Source : Essabil On Line du 20 octobre 2009 (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
URGENT :
Impressionnant déploiement sécuritaire à Maamoura, dans le gouvernorat de Nabeul, d’où est originaire Zouahaïer
URGENT : notre correspondant, le militant des droits de l’homme Zouhaïer Makhlouf commence une grève de la faim à la prison de Mornaguia Essabil On Line, Tunis
Maîtres Mohammed Nouri, Imène Triki et Saïfeddine Makhlouf ont rendu visite aujourd’hui, jeudi 22 octobre, au correspondant de Essabil On Line, le militant des droits de l’Homme emprisonné, Zouhaïer Makhlouf, à la prison de Mornaguia dans la banlieue de la capitale tunisienne. Makhlouf a informé ses avocats qu’il avait commencé hier, mercredi 21 octobre, une grève de la faim illimitée […] et affirmé que le pouvoir voulait à travers lui prendre sa revanche sur le parti démocratique progressiste dont il est un membre éminent, après le retrait du parti de la compétition électorale suite à la non validation de ses listes. La famille de Zouhaïer nous a informés que la délégation de Maamoura, dont il est originaire, était le théâtre d’un impressionnant déploiement sécuritaire, suite à la propagation de la nouvelle de sa grève de la faim, avec une patrouille d’une cinquantaine d’agents en civil et de nombreux véhicules de police.
Une voiture de police avec quatre agents à son bord est en faction devant son domicile de Maamoura, et une autre voiture avec quatre agents en civil est en faction devant son domicile de Borj Elouzir à l’Ariana, une manière de terroriser son épouse, sa fille et son fils. Les membres de la famille de Zouhaïer ont exprimé leur crainte qu’un sort funeste ne lui soit réservé face à ce déploiement sécuritaire impressionnant et sans précédent à Maamoura.
Maître Imène Triki nous affirmé qu’elle avait rencontré des difficultés pour rencontre son client en prison, le procureur de la République prétextant qu’il ne savait pas où était détenu Zouhaïer Makhlouf pour ne pas lui remettre le permis de visite, chose étonnante, puis après avoir su qu’il était à Mornaguia, il a atermoyé et maître Imène Triki a attendu encore un long moment avant de se le voir remettre. Pour exprimer votre solidarité à l’épouse de Zouhaïer : 23 277 388
En collaboration avec le militant des droits de l’homme Seyyid Mabrouk
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Tunisie: critiqué pour les droits de l’homme, Ben Ali ménagé par l’0ccident
La Tunisie résiste à la crise, veut s’arrimer davantage à l’Europe
Tunisie: mise en place d’une première banque islamique tunisienne
En Tunisie, « il y a ceux qui profitent du système et ceux qui enragent d’en être exclus »
Pourtant, l’impopularité de cet homme de 73 ans est frappante. Des trois pays du Maghreb, le régime tunisien est sans doute celui qui est le plus mal aimé de sa population. Même en Algérie, le pouvoir n’a pas droit à un tel mépris… Pour le touriste de passage, c’est à n’y rien comprendre. A première vue, la Tunisie est propre et belle. Routes, aéroports, services, tout fonctionne plutôt vite et bien. Tous les foyers tunisiens ou presque sont raccordés à l’eau et à l’électricité ; 80 % de la population est propriétaire de son logement (au prix d’un lourd endettement) ; il y a peu de bidonvilles. La scolarisation et les soins, même imparfaits, sont accessibles à tous. Les femmes bénéficient des mêmes droits que les hommes (sauf en matière d’héritage).
Le pays, géré par une équipe de bons technocrates, affiche également chaque année des taux de croissance honorables, de l’ordre de 5 %. Et pourtant, il est difficile de rencontrer des Tunisiens qui se disent heureux…
Dimanche 25 octobre, Rachid ira voter. Mais « pas pour « lui » », dit-il sèchement. Autrement dit, pas pour le candidat Ben Ali. Plutôt que de boycotter les urnes, ce père de deux enfants, 55 ans, fonctionnaire dans les chemins de fer, ira faire un tour dans l’isoloir, pour « ne pas se faire remarquer ». Mais à l’abri des regards, il votera blanc. Ce qui l’exaspère ? Pêle-mêle, le chômage (14 %), en particulier celui des jeunes diplômés. Les salaires trop bas (le salaire minimum est de 250 dinars, soit 130 euros). Les passe-droits. Le racket des petits fonctionnaires, des policiers notamment. L’obligation d’adhérer au parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), pour bénéficier d’aides telles qu’un emploi, une bourse, un permis de construire, etc.
Ce maillage étouffant de la société par le RCD et ses affidés – comités de quartier et indicateurs -, Rachid et sa femme le vivent de plus en plus mal. Tous deux s’inquiètent pour leurs enfants. « Qu’est-ce que nous allons leur léguer ? Un pays où l’Etat de droit n’est qu’un mot en l’air ? », s’interrogent-ils avec anxiété et colère.
Mais un autre sujet domine toutes les conversations et alimente la frustration générale : la main-mise de « la famille » sur le pays. Comme le dit Rachid,« après un petit verre – car le vin ça dégage tout ! -, on vous avouera la vérité : on en a marre ! ». Marre, précise-t-il, des frères, des gendres, des neveux, des Trabelsi, Chiboub, Ben Ali, El-Materi, « de tout ce clan familial qui ne cesse de grossir et de s’accaparer les richesses du pays ».
« La Tunisie connaît une croissance indiscutable depuis vingt ans, mais qui profite de façon très inégalitaire à la population. D’où la rancoeur que vous constatez. Nous sommes aujourd’hui dans une société duale, ce qui est nouveau. Il y a ceux qui profitent du système et en vivent extrêmement bien, et ceux qui enragent d’en être exclus « , analyse Tarek, un homme d’affaires prospère. Pour lui, le président Ben Ali excelle « à prendre le pouls du petit peuple » et à réagir au moment adéquat. Il lâche du lest quand monte la pression et décrète, par exemple, des hausses de salaire, pour éviter tout dérapage social sérieux ou prolongé. C’est cette capacité à deviner « jusqu’où il peut aller » qui, conjuguée au clientélisme et au maillage policier de la société, expliquent, en bonne partie, son maintien à la tête du pays.
Voilà longtemps, en tout cas, que le chef de l’Etat a compris que ses partenaires européens se contenteraient d’une démocratie en trompe-l’oeil en Tunisie. « Les droits de l’homme ? Après vingt-deux ans de bénalisme, la jeunesse s’en fiche ! A la limite, elle nous donne tort de continuer à mener cecombat. Elle estime que nous sommes bien bêtes de ne pas profiter du système « , se désole la sociologue Khadija Chérif, membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), découragée comme beaucoup d’autres de sa génération. « Les étudiants sont totalement dépolitisés. Pour eux, la réussite passe par l’argent, non par l’effort ou les études », confirme l’universitaire Larbi Chouikha.
Résignés, indifférents, mais par-dessus tout tenaillés par la peur, les Tunisiens attendent. Quoi ? Ils ne le savent pas très bien. Que « la mort », « un coup d’Etat« , voire « un attentat », disent-ils un peu gênés, presque honteux, viennent les délivrer de cette soumission à un régime qui leur pèse, mais pas au point de se révolter. Grâce à la chaîne d’information qatarie Al-Jazira – « notre oxygène », disent-ils -, ils n’ignorent rien de ce qui se passe chez eux, en dépit du muselage de la presse nationale. « Tout a une fin », disent-ils de temps à autre, comme pour se rassurer.
Imperturbable, le pouvoir, lui, peaufine son langage à destination de l’Occident. « Nous souffrons d’un déficit d’image, par manque de savoir-faire en communication. C’est cela, notre principale faiblesse », soupire ainsi Zouhair Mdhaffar, ministre délégué auprès du premier ministre, chargé de la fonction publique, avant de poursuivre benoîtement : « Nous sommes une démocratie émergente. Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans ce domaine. Mais pourquoi donc êtes-vous si sévères avec la Tunisie ? Vous feriez mieux d’apprécier notre bilan global au lieu de vous attacher à des petits détails ! »
Dehors, pendant ce temps, les défenseurs des droits de l’homme subissent un harcèlement quotidien, rendu possible par une administration et une justice aux ordres. « Petits détails », sans doute, que les tabassages en règle, et en pleine rue. Les filatures vingt-quatre heures sur vingt-quatre (y compris pour les journalistes étrangers). Les interdictions arbitraires de sortie du territoire. Les détournements de courrier, en particulier électronique. La surveillance des lignes téléphoniques. Le filtrage policier à l’entrée des domiciles privés. On n’en finirait pas de dresser la liste des méthodes employées par le régime…
« Détails » aussi, ces campagnes de diffamation, menées semaine après semaine par une presse de caniveau, contre toute voix discordante. Exemples choisis. Selon Kol El Nass et Al Hadath, deux journaux arabophones proches du pouvoir, Khemaïs Chammari, ancien député, est « un vendu et un corrompu ». Hamma Hammami, porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (POCT, interdit), est « un salaud fanfaron ». Le docteur Moncef Marzouki, ex-secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, est « un drogué ». Quant à Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste, (PDP, légal), l’une des très rares femmes à avoir eu l’audace de se lancer en politique, elle n’est rien d’autre qu’une lamboua (« putain »).
Des présidentielles en forme de plébiscite Depuis l’indépendance (1956), une caractéristique des élections présidentielles est que le vainqueur l’a toujours emporté avec plus de 90 % des suffrages exprimés. Habib Bourguiba a obtenu 99,67 % en 1959 ; 99,78 % en 1964 ; 99,75 % en 1969 et 99,85 % en 1974. De 1975 à 1987, ce fut « la présidence à vie » de Bourguiba. Son successeur, le président Ben Ali, a suivi la même voie. Arrivé au pouvoir en 1987, il a recueilli 99,27 % des suffrages en 1989 ; 99,91 % en 1994 ; 99,44 % en 1999. Mais « seulement » 94,48 % des suffrages en 2004.
PRESIDENTIELLE EN TUNISIE (SUITE ET FIN)
« A Daniel Mermet, mon frère blanc »
par Taoufik Ben Brik
Le troubadour plie bagage. Sale temps pour les gens du voyage. Au prochain passage du cirque Ammar.
A Daniel Mermet, mon frère blanc, au cœur d’Arabe. L’Arabe de Gabriel Garcia Marquez dans cent ans de solitude : « Les arabes de troisième génération restaient assis à la même et dans la même position que leurs parents et grands-parents, taciturnes, impavides, sans être atteints ni par le temps, ni par le désastre, tout aussi vivants et tout aussi morts qu’ils l’avaient été par la peste de l’insomnie. Ils faisaient preuve d’une force d’âme si étonnante devant ces décombres des tables de jeu, des voitures de marchands de friture, de stands de tir à blanc, à la petite ruelle où l’on interprétait les rêves et prédisait l’avenir. » C’est ton identité à partir d’aujourd’hui. Comme, hier, toi, tu m’as identifié : « Taoufik, citoyen de là-bas si j’y suis, venu avec sa grève de la faim sous le bras comme Don quichotte portait sa lance en bois. »
Daniel, mon frangin blanc, tu m’as fait entendre, de ne pas imposer mon bleu et de l’exposer aux rires des dieux. Tu m’as appris que toute parole n’est que grain à moudre. Tu m’as sermonné : « Fais que ce grain soit le meilleur possible. Si tu es celui qui dit bleu, que ce bleu soit la poignante légèreté du ciel, alors que je verrais rouge, mais ce rouge, mon rouge sera pivoine, désir, fanal. Plus fervent sera ton bleu, plus tu révéleras en chacun sa couleur unique. Alors soigne ton bleu, frère, creuse ton bleu, danse ton bleu, affûte ton bleu et parle-moi ».
Daniel, mon frère, mon bleu n’est pas aussi bleu que ça. Un bleu ciel. Ciel local. De braise. Exilé, mon azur sera plus blanc que rouge. Il perdra toute sa flamboyance. Laissez-moi chez moi. Jean Valjean n’est pas Tunisien.
Des gens de Paris me disent : ta place est parmi nous. A Paris, il y a tout ce qu’il te faut. Des journaux, des radios, des maisons d’édition. Il y a le cinéma, le théâtre, les cafés, la paix. A Paris, il y a le Seuil, La Découverte, Exils… Viens, tu ne le regretteras pas. Qu’est-ce que tu fous là-bas à Tunis ? C’est vrai, j’ai la trouille chez Ben Ali. Mais, c’est moins mortel qu’à Paris. Dès que je débarque à Orly, j’ai envie de chialer. Je cherche ma mère, mon père, mes frères, mon épicier, mon coiffeur, mon cordonnier, mon couturier, mon boulanger. Les gens sont blancs, parlent blanc. Je les évite. J’ai peur qu’ils me tabassent. Je les sens forts, féroces. Je me sens poursuivi, pris en chasse. Ils sont chez eux. Ils ont des cousins, des voisins et des chiens, pas mes chiens à moi de mon roman « Les Chiens », qui peuvent se liguer contre moi. A Paris, je ne suis qu’un réfugié, quelqu’un n’ayant qu’une connaissance rudimentaire du français, qui essaye désespérément d’exprimer un besoin sans connaître la phrase adéquate. Ils sont entre eux en famille. Tu ne seras jamais, dans leurs secrets, dans la confrérie, même si tu te déguises en Jean Valjean. Tu n’entres jamais dans leur loge même si tu portes la toge. Tu restes l’Arabe de service. Un Irlandais en Sicile. Ils ne te nient pas, ne te bâclent pas. Pis. Tu ne leur dis rien. Tu n’es pas. Ils ne savent rien de toi. D’où tu viens ? Comment tu vis ? Où tu vas ? Comment tu vas ? Et si tu les perds ou ils te perdent, ce n’est pas une grande perte. Dès que tu rentres à Tunis, ils coupent les ponts, ils lèvent le camp. Le 00331… ne répond plus. C’est toujours moi qui invite et s’invite. Jamais personne n’est venu me voir à Tunis pour boire un café. C’est toujours moi qui monte à Paris. Ils m’offrent un semblant d’existence. Ils me publient mes livres, mes articles. Parlent de moi à la radio et à la télé. Je gagne chez eux le peu d’argent nécessaire pour me maintenir à flot.
Le peu queces relations ma rapportent, se dilapide en un clin d’œil. Je crois avoir mis en place un dispositif qui fonctionne à merveille, c’est faux. C’est une cheminée insatiable. Il lui faut les gisements de la Ruhr pour qu’elle continue à crépiter. Mon bouclier médiatique marche à la manivelle. Il est manuel. Il faut que je sois toujours derrière pour qu’il ronronne. Un moment d’inattention et je dois tout recommencer. PANNE. Depuis le début. Leur téléphoner, les rencontrer, dîner avec eux… Ca rapporte quoi tout ce tralala ? – Tu te demandes. La sécurité ? Je ne l’ai pas. Je suis comme un parrain dans une prison sicilienne. Les services Spéciaux de mon pays peuvent faire de moi tout ce qu’ils veulent : me surveiller, m’emprisonner, me liquider, si ça leur chante. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Je suis prisonnier de leur bon gré. Ils ont tout le temps pour me faire payer mes forfaits. Je suis à leur disposition. La notoriété? Je m’en fous. Et puis, c’est Ben Ali qui me l’a décernée, le jour où il a parlé de moi. Si les Tunisiens entendent mon nom et causent encore de moi, c’est parce que un jour leur Chef m’a désigné. C’est le secret de mon audience. Je lui dois ça. Un accident de l’histoire. Ça ne se renouvellera guère.
Etre publié ? J’écris pour qui ? Pour les gens du Nord ? Le lecteur que je veux agresser, avec qui je veux partager mes trouvailles ? Je ne m’adresse pas à lui. Je ne le connais pas. Il m’empêche de vivre sur son dos. Sans le Tunisien, je resterais fauché. Les gens de Bouaarada, de Médenine ne sauront jamais que mon chagrin est réel. Mes lèvres ne passeront pas la Méditerranée. Je continue sans raison à écrire dans une langue répudiée. Je croyais comme Kateb Yassine que le Français est un butin de guerre. Elle s’est avérée une langue d’occupation. Je ferai mieux, d’arrêter ou d’écrire si l’envie me prend, dans la langue des sourds et muets. Je vadrouille. La grande Farce. La mascarade. J’écrirai dans les dazibaos, sur les murs, je ferai des photocopies dégueulasses, mais plus jamais dans la langue des paters. Et je tiendrai promesse. Il faut que je m’allège. Pas de harnais. Pas de carriole. Que les sabots de la crinière.
(Source : le site de Nouvel Observateur (France), le 22 octobre 2009)
LE COMBAT CONTRE LA CENSURE S’AMPLIFIE…
« La régente de Carthage » diffusé partout sur la toile et lu par
les internautes tunisiens à l’intérieur de leur pays.
Un petit exemple :
Le mardi 6 octobre 2009, Taïeb Moalla, journaliste au Québec a proposé le dimanche 4 octobre 2009 l’article suivant :
La régente de Carthage : Un portrait assassin de Leila Trabelsi
Dans un livre paru le 1er octobre, les journalistes Nicolas Beau et Catherine Graciet dressent un portrait assassin de la « régente de Carthage », Leila Trabelsi, laquelle, avancent les auteurs, se positionne pour l’après Ben Ali. Il y a quelques jours, la « présidente » s’est elle-même chargée de la promotion de ce court et peu flatteur portrait de 180 pages.
Invoquant « des passages diffamatoires et d’autres injurieux », la première dame s’est adressée – en vain – à la justice française…..pour en interdire la publication et retirer les exemplaires déjà en circulation.
Pourtant, l’ouvrage n’est pas tout à fait une biographie non autorisée de Leila Trabelsi, 52 ans. Il s’agit plutôt, pour Beau et Graciet, de dresser un état des lieux de la dérive mafieuse de clans qui s’agitent sur fond de rumeurs persistantes de vacillement de la santé présidentielle. Mettre la lumière sur Leila devient ainsi un prétexte tout trouvé (et probablement vendeur) pour parler des familles, dont les Trabelsi et les Materi, qui agissent en maîtres absolus d’un pays qu’ils pillent allégrement.
Une cohabitation à la tunisienne Le livre décrit avec minutie les contours d’une « cohabitation » à la sauce tunisienne laissant à Ben Ali les clés de l’appareil sécuritaire, des grands dossiers diplomatiques et des arbitrages ultimes et accordant aux Trabelsi le mainmise sur tout le reste. Le bouquin contient peu de révélations.
Après tout, les frasques réelles, exagérées ou inventées des Trabelsi sont sur toutes les lèvres, en Tunisie. Mais c’est leur regroupement dans un livre bien construit qui indispose un régime peu habitué à des critiques aussi acerbes. Deux constats contenus dans le bouquin peuvent légitimement inquiéter le pouvoir.
D’abord, plusieurs indices laissent croire que la bourgeoisie tunisienne (jusque-là complice, lâche ou profiteuse) ne se laissera pas imposer un suppôt des Trabelsi (les noms de Hédi Jilani et du gendre « bigot » Sakhr Materi circulent avec insistance) comme successeur à Ben Ali. Encore plus alarmant pour la voyoucratie tunisienne, les auteurs rappellent que Washington commence à hausser le ton envers ce régime qui se spécialise dans la désinformation.
À trois semaines d’un scrutin présidentiel et législatif dont les résultats sont d’ores et déjà connus, ce livre va donner des raisons supplémentaires de déprime aux démocrates. Beau et Graciet suggèrent que les Tunisiens pourraient bien finir par regretter l’ère musclée de Ben Ali devant la dérive mafieuse de ses probables successeurs. « La Tunisie ne mérite pas cela ! », concluent-ils leur ouvrage. On ne saurait mieux dire…
La régente de Carthage. Main basse sur la Tunisie. Nicolas Beau et Catherine Graciet. La Découverte, 2009, 180 pages.
(Source : http://www.kalima-tunisie.info/fr/News-file-article-sid-105.html)
Le 9 octobre 2009 à 03h30, « HRW » a publié le commentaire suivant :
Je vous encourage pour votre engagement .
Voila ,c’est pas de mon habitude de contribuer activement mais là je veut mettre en pratique un programme que j’ai découvert sur le blog de l’activiste Tunisien Ali Ramzi Bettibi ex prisonnier d’internet ( qui mène actuellement une bataille indirecte contre le clan Trabelsi et ses ramifications et qui est en ce moment en grève de faim )
http://anticensure.mynewblog.com/
Supportez le ,il en a besoin ,je crois qu’il est même en péril de vie !
Le programme est Stegoshare ,un magnifique outil Open Source anticensure que je connaissait pas avant de l’avoir noté sur le blog de Bettibi !
http://stegoshare.sourceforge.net
Le principe est simple et efficace ,le fichier censuré est divisé en morceaux qui sont distribués et cachés à la volée dans des images !
puis ces innocentes images sont publiées !
Ceux qui veulent profiter du fichier et le télécharger n’ont qu’a rassembler ces images dans un dossier ensuite via stegoshare on reconstitue le fameux fichier !
Une idée de génie qui fait aussi gagner en bande passante et qui fait profiter ceux qui téléchargent le fichier de la « plausible deniability » ,la possibilité de nier qu’ils ont téléchargé un fichier illégal dans leur pays !
Un grand grand merci a Ali Ramzi Bettibi et aux développeurs de Stegoshare !
voilà La régente de Carthage :
Telechargez ces images et placez les dans un dossier ,ensuite extaire avec StegoShare ,mot de passe : humanrightswatch
http://ups.imagup.com/04/1255076802_1.png
http://ups.imagup.com/04/1255077199_2.png
http://uploads.imagup.com/10/1255077789_3.png
http://ups.imagup.com/04/1255078182_4.png
Et voilà “Ben Ali L’envers du miracle tunisien”
Téléchargez ces images et placez les dans un dossier ,ensuite extraire avec StegoShare ,mot de passe : humanrightswatch
http://ups.imagup.com/04/1255078421_1.png
http://uploads.imagup.com/10/1255079108_2.png
http://www.wikifortio.com/747694/3.png
Republiez ces images par exemple sur flickr et A BAS LA CENSURE.
http://espace.tunisie.over-blog.com/article-37088085-6.html#c
CHEMISES MAUVES—- citizens Zinétron
Par Biju