Houcine Ghali:TUNISIE : PERSONNE N’ A RIEN VU, PERSONNE N’ A RIEN SU, TOUS ETAIENT INTEGRES!!
Courtesy EL PAIS :Les Arabes et la liberté Mario Vargas LLosa
AFP: Des journalistes tunisiens à la reconquête du droit confisqué d’informer
Romandie:Tunisie: l’état de santé de Ben Ali « pas l’affaire » du gouvernement
Jeune Aferique:Tunisie : Ben Ali est-il vraiment dans le coma ?
Le Parisien:Difficile rabibochage entre Paris et Tunis qui attend des gestes forts
zigonet :Le nouvel ambassadeur de France en Tunisie fait déjà parler de lui !
AFP:Tunisie: le gouvernement adopte l’amnistie générale des politiques
Kapitalis:Tunisie. Les chiffres de la campagne présidentielle 2009
wmc:Tunisie- Commission d’enquête sur la corruption: La corruption a gangrené toutes les structures de l’Etat et de larges pans de la société
Corruption et malversations: les premières révélations d’Abdelfattah Amor
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Le Monde:Tunisie, Egypte : quand un vent d’est balaie l’arrogance de l’Occident
20 minutes.fr:Révolte dans le monde arabe: «Les enjeux sont très différents selon chaque pays»
Jeune Afrique:Ahmed Néjib Chebbi : « La Tunisie ne doit pas s’engager dans une chasse aux sorcières »
Le post.fr:Pourquoi la révolution ne se fera pas au Maroc
Reuters:Polish priest killed by Tunisian extremists-media
TUNISIE : PERSONNE N’ A RIEN VU, PERSONNE N’ A RIEN SU, TOUS ETAIENT INTEGRES!!
Houcine Ghali, Genève Durant vingt trois ans, du 7 novembre 1987 jusqu’ au 14 janvier 2011, que de ministres, de conseillers du président de la République, de hauts cadres de l’ Etat et de l’ Adnimistration, de dirigeants du parti dominant RCD et de responsables de mas medias se sont mis à la disposition de Ben Ali et du clan Trabelsi, en organisant la répression, en soutenant l’ oppression, en participant à l’ assujettissement du peuple tunisien et en couvrant les différentes opérations de corruption et de la main mise sur les richesses du pays. Tout ce beau monde, étant de leur propre grè sous la coupe d’ un président tiran, s’ est mis avec délectation au service d’ un Prince inculte et machiavélique et obéissant à toutes les injonctions des membres de la tribu Trabelsi. Le policier torture, le banquier exécute des opérations de vol au profit des clans Ben Ali/Trabelsi, les membres des cellules du RCD arnaquent les citoyens, les ministres et les parlementaires appliquent avec des courbettes les décisions présidentielles les plus ignobles, les référendums et les abrogations de la Constitution les plus abjectes. Tous ces soumis au maître de Carthage ont nié l’ existence de prisonniers politiques et de la torture, applaudi la répression appliquée aux opposants, défendu une politique économique privilégiant le Sahel et le grand Tunis au détriment des wilaya de l’ intérieur qui se sont réveillées aujourd’ hui démunies, appauvries et délaissées. Dans leurs discours, dans leurs interventions, ils ne cessent de vanter la politique clairvoyante du pouvoir et de mettre Ben Ali sur un piédestal en tant que sauveur de la nation. Ni le Premeir ministre, ni le Président du Parlement, ni les gouverneurs, ni les délégués, ni les divers responsables du RCD n’ ont vu quoique ce soit de la misère du petit peuple, de l’ injustice qui s’ abat chaque jour sur les habitants souvent spoliés de leurs biens par les rejetons de Ben Ali et Trabelsi. Les vendeurs d’ alcool sans patente au su et au vu de tout le monde, les coups de téléphone aux juges d’ instruction pour arranger les procès, les exactions en plein jour par des barbouzes au service des clans au pouvoir, tout celà se passe sans la moindre intervention de quiconque, et au contraire, jouit de l’ appui et de l’ autorité du flic au plus haut responsable de l’ Etat. Les injustices quotidiennes, les arrestations abusives, les procès arrangés avec des aveux extirpés sous les vexations et la torture, les élections truquées et le baillonnement de toute forme d’ opposition, tous ces ingrédients d’ un pouvoir illégitime, corrompu et dictatorial n’ ont existé que dans l’ imaginaire des « ennemis de la République », de ces Tunisiens égarés et téléguidés par des forces nuisibles de l’ étranger. Et bien sûr, tous ceux qui ont dénocé cette politique répressive du pouvoir destourien, des orgtanisations internationales des droits humains en passant par une grande partie des mas médias occidentaux pour arriver aux organes spécialisés de l’ ONU, tous ces gens là ne disent guère la vérité, aux yeux des tenants du régime tunisien. Ainsi, personne de ces grands commis de l’ Etat et membres du gouvernement destourien n’ a pensé jeter un coup d’ oeuil sur Facebook ou les différents sites de la toile pour au moins se poser des questions sur les dénonciations et les crimes du pouvoir qu’ ils servent. Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, durant près de dix ans, n’ a rien vu, rien su des dérives du pouvoir qu’ il a servi fidèlement et avec inconscience.. Ni répression, ni torture, ni confiscation de biens publics, ni intervention de Leyla Trabelsi dans les affaires de l’ Etat, ni comportement irresponsable des membres des deux clans Ben Ali/Trabelsi. Il peut même jurer aujourd’ hui qu’ il n’ a jamais reçu de coup de téléphonne de Leyla pour arranger des arnaques en sa faveur ou en faveur d’ un des membres de sa vaste famille. Mohamed Ghannouchi, Fouad Mbazzaa, ancien président d’ un Parlement sous les bottes du général Ben Ali et tous les minitres de l’ ancien gouvernement étaient en dehors du temps et des événements. De la même façon pour les membres du Parlement et de l’ Assemblée des conseillers. Tout ce beau monde ne jurait que par la bonne gouvernance du chef de l’ Etat, de l’ adhésion de l’ ensemble du peuple au régime en place, du règne de la démocratie et de la liberté et de l’ absence totale d’ une quelconque répression ou atteinte aux droits humains. Les dirigeants des cinq partis de l’ opposition officielle, servile, opportuniste et servant de facade à la démocratie tunisienne ( MDS, PUP, UDU, PSL, PVP ) ont eu le même comportement face aux injustices, à la répression, à la torture et à l’ absence de liberté dans le pays. Ils n’ ont jamais dénoncé la corruption et la main mise des Ben Ali/Trabelsi sur les richesses du pays, ni soutenu le petit peuple qui souffre de la misère et de l’ inlolérance. Ils se sont suffit de quelques critiques bénignes qui ne mettaient nullement en cause la main mise du pouvoir sur l’ ensemble du pouvoir et les déviances de ces clans. Il est facile de se réveiller seulement après la fuite organisée de Ben Ali et de certains membres de sa famille et prendre le train de la révolution en marche. Les langues de nombreux serviteurs et acteurs du pouvoir destourien ne se sont déliés qu’ aujourd’ hui pour dénoncer, regretter, évoquer la peur et promettre leur participation pour la réussite de la révolution!! Et ce sont les têtes de ces hauts responsables là, comme le Premier ministre Mohgamed Ghannouchi, et le président actuel du gouvernement provisoire, ancien président du Parlement sous Ben Ali depuis de nombreuses années, qui se sont installés au pouvoir pour mener à bien la révolution populaire et préparer un avenir radieu pour les Tunisiens, eux qui devraient logiquement être traduits devant la justice pour leur participation à un pouvoir illégitime, mafiosi et fortement répressif. Mohamed Ghannouchi et Fouad Mbazzaa ont toujours soutenu Ben Ali, dénoncé le soulevement de la population de Redeyef et ratifié les lois et les référendums les plus injustes, les plus impopulaires et les plus illégitimes. On nous les présente maintenant comme hommes intègres!! Ils étaient au couran de toutes les dérives de Ben Ali et de son pouvoir, que les Tunisiens découvrent plus amplement aujourd’ hui. Ils les ont couvertes et ont participé à les cacher au peuple au nom de la soumission, de la malhonnêteté, de l’ opportunisme et de l’ absence de dignité. Houcine.ghali@bluewin.ch
Les Arabes et la liberté Mario Vargas LLosa
(Traduction par Abdelatif Ben Salem)
Le mouvement populaire qui a ébranlé des pays comme la Tunisie , l’Egypte et le Yémen et dont les ondes de choc se sont propagées jusqu’à en Algérie, au Maroc et en Jordanie, constitue un cinglant démenti à ceux qui, comme Thomas Carlyle, pensaient que « l’histoire du monde est la biographie des grands hommes ». Aucun chef, aucun groupe, aucun parti politique ne peut s’attribuer la paternité de cette secousse sociale tellurique qui a décapité déjà la satrapie tunisienne de Ben Ali et l’égyptienne de Moubarak, qui met au bord de l’effondrement celle du yéménite Ali Abdallah Saleh, et donne des sueurs froides aux gouvernements de certains pays touchés par cette lame de fond comme la Syrie , la Jordanie , l’Algérie, Le Maroc et l’Arabie Saoudite. En clair, personne ne pouvait prévoir ce qui s’est passé à l’intérieur de ces sociétés autoritaires arabes : les experts, mais aussi les médias, les chancelleries, les think tanks politiques occidentaux, bref le monde entier était pris de court par l’explosion sociale et politique arabe comme il l’avait été lors de la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’Union soviétique et de ses pays satellites. Effectuer en effet un rapprochement entre les deux événements n’est pas du tout arbitraire : tous les deux revêtent des significations identiques avec des projections politiques sur le reste du monde. Y a-t-il meilleure preuve que l’histoire n’est pas écrite à l’avance et qu’elle peut prendre un cours insoupçonné qui échappe à tous les théories que veulent la soumettre à une concaténation logique. Cela dit, il n’est pas impossible de discerner un peu de rationalité à l’intérieur même de ce mouvement de protestation expansif et contagieux qui commence comme un conte fantastique, par l’immolation par le feu d’un jeune tunisien de province, désespéré, de condition humble répondant au nom de Mohamed Bouazizi, et qui par la suite se répandra comme une traîné de poudre dans tous les pays du Moyen-Orient. Une région qui subit depuis des décennies le joug de dictatures corrompues jusqu’à la moelle et dont les gouvernants, leurs proches parents et leurs clientèles oligarchiques avaient accumulé des fortunes colossales, mises à l’abri en lieu sûr à l’étranger, alors que la pauvreté, le chômage et l’absence des politiques d’éducation et de santé, maintenaient des larges secteurs de la population en dessous du seuil de la simple survie et les plongeaient parfois dans la famine. La corruption généralisée, combinée à un système basé sur le favoritisme et le népotisme fermaient à la majeure partie de la population les portes de l’ascension économique et sociale. Cette situation, qu’ont connue tout au long de l’histoire nombre de pays, n’aurait jamais provoqué un tel soulèvement sans ce facteur déterminant des temps modernes : la globalisation. La révolution qui eut lieu dans le domaine de l’information est allé en ouvrant chaque jour un peu plus une brèche dans les systèmes rigides de censure que les despotes arabes avaient instaurée dans le but de maintenir les peuples qu’ils pillaient et exploitaient, dans l’ignorance et dans l’obscurantisme des traditions archaïques. Il est cependant très difficile aujourd’hui, pour ne pas dire quasiment impossible pour un gouvernement de maintenir une société entière dans l’obscurité médiatique pour pouvoir la manipuler à sa guise et l’induire en erreur comme ce fut le cas auparavant. La téléphonie mobile, l’Internet, les blogs, le réseau Facebook et Twitter, les canaux de télévision par satellite et les autres technologies audiovisuelles ont porté à tous les coins du monde la réalité de notre temps, et forcé certaines comparaisons qui ont incontestablement confirmé aux masses arabes, l’évidence de l’anachronisme, de la barbarie des régimes qui les accablent ainsi que la distance qui les séparent des pays modernes. Ces mêmes technologies de communications modernes ont également permis aux manifestants de coordonner leurs actions et d’introduire un certain ordre dans ce qui a pu apparaître au début comme une chaotique explosion de colère et de mécontentement. Mais pas seulement, l’un des traits les plus surprenants de la révolte arabe a été l’effort déployé par les manifestants pour empêcher le vandalisme et affronter, comme en Egypte, les nervis envoyés par le régime pour commettre des actes de violences afin de discréditer le soulèvement et intimider la presse. La lenteur (pour ne pas dire la lâcheté) avec laquelle les pays occidentaux – en particulier ceux de l’Europe – ont réagi face aux événements, d’abord avec circonspection, ensuite par des déclarations de bonnes intentions dénuées de sens en faveur d’une « solution négociée du conflit », alors qu’il aurait fallu appuyer les révolutionnaires, a dû susciter des terribles déceptions aux millions des manifestants qui se sont jetés dans les rues des pays arabes pour revendiquer la liberté et la démocratie, et leur a fit comprendre que les pays du monde libre, pris de panique, les considéraient avec méfiance, elle leur a fit aussi découvrir que les partis politiques de Moubarak et de Ben Ali étaient membres de l’Internationale socialiste ! Drôle de méthode pour promouvoir la social-démocratie et les droits de l’homme au Moyen-Orient, n’est-ce pas ? L’erreur monumentale de l’Occident a consisté à voir dans le mouvement émancipateur des Arabes, un Cheval de Troie grâce auquel le fondamentalisme ferait main basse sur l’ensemble de la région, ou une nouvelle version politique du modèle iranien – une dictature de fanatiques religieux – qui se propagerait à tout le Moyen-Orient. Mais la vérité est que l’explosion populaire n’était pas dirigée par les fondamentalistes et ceux-ci, n’étaient pas du moins jusqu’ici, à la tête du mouvement libérateur ni n’avaient la prétention de l’être. Ils avaient fait preuve, bien au contraire, d’avantage de lucidité que les chancelleries occidentales, en pressentant que ce qui mobilisait réellement la jeunesse tunisienne, égyptienne et yéménite de deux sexes n’est, ni la Sharia , ni le désir de voir quelques clercs enturbannés venir remplacer les petits dictateurs cleptomanes dont ils voulaient se débarrasser. Il faut être véritablement atteint de cécité ou avoir l’esprit bourré de préjugés pour ne pas se rendre compte que le véritable moteur qui propulse secrètement ce mouvement est un instinct de liberté et de modernisation. Certes nous ignorons quelle direction ces révolutions allaient prendre, comme on ne peut écarter l’hypothèse, étant donné la confusion générale qui règne encore, d’une tentative des forces armées ou des mouvements fondamentalistes d’en tirer partie. Mais ce dont nous sommes toutefois certains, c’est que tant au début qu’aux cours des premières phases, ce mouvement fut un mouvement civil, non religieux, clairement inspiré des idéaux démocratiques de liberté politique, de liberté de la presse, des élections libres, de la lutte contre la corruption, de la justice sociale, de l’égalité, de la quête du travail et de l’amélioration des conditions de vie. L’Occident libéral et démocratique a le devoir d’honorer ces événements comme une extraordinaire confirmation de l’actualité universelle des valeurs qui incarnent la culture de la liberté, et de concentrer tous ses efforts pour apporter son soutien aux peuples arabes à l’heure de leur bataille contre la tyrannie. Ce ne sera pas seulement un acte de justice mais une façon de s’assurer aussi l’amitié et la collaboration d’un futur Moyen-Orient libre et démocratique. Parce que cette amitié est devenue aujourd’hui une possibilité réelle. Avant la révolte, elle nous paraissait difficile à réaliser. Car les événements en Iran et dans une certaine mesure en Irak, justifiaient un certain pessimisme concernant une possible démocratisation du monde arabe. Or l’accélération de l’histoire pendant ces dernières semaines, recommande qu’on mette un terme à ces réticences et à ces inquiétudes nourries par des préjugés culturels et racistes. La liberté n’est pas une valeur que seuls les pays cultivés et évolués savent en apprécier toutes les significations. Les masses désinformés, discriminés et exploités peuvent également découvrir, souvent par des voies sinueuses, que la liberté n’est pas une notion purement rhétorique dépourvue de substance, mais une clef primordiale hautement concrète pour se sortir de l’horreur, un outil pour construire une société où des hommes et des femmes peuvent vivre sans peur dans le cadre de la légalité et avec d’immenses possibilités de progrès. Ceci a eu lieu en Asie, en Amérique latine et dans les pays qui vécurent sous la férule de l’Union Soviétique. Maintenant, ceci commence – enfin – à prendre forme dans les pays arabes avec une force et un héroïsme extraordinaires. Nous avons l’obligation de leur exprimer notre solidarité active, parce que la transformation du Moyen-Orient en terre de liberté ne bénéficiera pas seulement à des millions d’Arabes mais au monde entier, Israël compris, même si le gouvernement extrémiste de Netanyahou est incapable d’assimiler cette vérité. Mario Vargas LLosa, écrivain hispano-péruvien prix Nobel de littérature 2010 © Droits mondiaux de presse réservés dans toutes les langues aux éditions EL PAIS, SL, 2011. © Mario Vargas LLosa, 2011. Traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem. Courtesy EL PAIS (quotidien espagnol (Madrid), 13 février 2011
Des journalistes tunisiens à la reconquête du droit confisqué d’informer
Filatures, interrogatoires, emprisonnements, menaces: des journalistes tunisiens qui ont connu le pire du régime policier Ben Ali, cherchent à reconquérir un véritable pouvoir d’informer en Tunisie, une tâche titanesque dans un domaine où des cas de censure persistent. La récente révolution tunisienne a brisé le tabou de la propagande du pouvoir qui était au coeur du régime policier de Ben Ali qui aura verrouillé les libertés les plus fondamentales. « Le plus grand défi des journalistes ici c’est de réinventer leur droit à l’expression car le métier a été tué. Nous sommes dans ce domaine sur une terre qui a été brûlée au napalm », déclare à l’AFP le journaliste Taoufik Ben Brik, 50 ans. Condamné pour ses articles critiques sur Ben Ali, ce journaliste réputé aura connu entre autre épreuves, les geôles de la prison Siliana, « un lieu préhistorique dans une des régions les plus déshéritées de Tunisie, à 160 km de Tunis » pendant six mois en 2010. Aujourd’hui, il faut, selon lui, « faire table rase de toutes les Pravda tunisiennes », estimant que « l’internet qui a joué un rôle crucial dans la révolution tunisienne va s’ancrer dans la paysage médiatique, car il y a des gens qui ne veulent plus acheter des journaux », trop longtemps associés au clan Ben Ali. Désabusé, il confie avoir « un mépris incommensurable » envers tous les journalistes qui étaient les chiens de garde du régime Ben Ali et qui maintenant veulent se mouvoir en gardiens de la révolution ». « Ils me disent maintenant qu’ils étaient obligés de le faire, mais on n’a pas besoin de leur mea culpa et les mêmes continuent maintenant à faire de l’intox pour Chichi (le Premier ministre Mohammed Ghannouchi) comme sur TV7 ». Outre Taoufik Ben Brik, d’autres journalistes comme Zouheir Makhlouf et Fahem Boukaddous, auront connu les redoutables pressions policières. La Tunisie compte 1.600 journalistes dont 1.200 sont membres du SNJT (Syndicat national des journalistes tunisiens), selon son président, Jamel Karmaoui. Ce journaliste, qui affime avoir été « interrogé » plusieurs fois et même « tabassé » par la police politique pour des articles sur la presse en 2005 et 2009, estime qu’il « faut radicalement changer le droit » régissant les médias.. « Pour l’instant, c’est le même paysage médiatique, les mêmes radios et les mêmes télévisions qui existaient sous Ben Ali mais avec cette différence que le débat devient pluriel, des visages interdits peuvent apparaître et s’exprimer librement ». Pourtant, il relève, que la sécurité de la télévision nationale est toujours assurée par le ministère de l’Intérieur, et l’interdiction d’une émission de télévision menée par le journaliste Hichem Snoussi, »qui avait l’audace de vouloir parler de la corruption au sein de la centrale syndicale tunisienne (UGTT) », qui a joué un rôle moteur dans la mobilisation populaire qui a renversé le président Ben Ali. L’UGTT, selon lui, a proposé « un conseil de protection de la Révolution chargé de défendre notamment les associations », mais les journalistes ne veulent pas y adhérer: « Nous avons besoin d’un véritable contre-pouvoir pour protéger notre liberté ». Outre les radios, les Tunisiens peuvent s’informer via les télévisions publiques TV1 et Canal 21 et deux autres chaînes privées Hannibal TV (dirigé par Laarbi Nasra, suspecté d’être pro-Ben Ali avant d’être relâché) et Nesma TV (dirigé par Nabil Karoui, un indépendant) et l’internet. Les journalistes tunisiens attendent désormais une réforme du code de la presse et la multiplication prévue de journaux indépendants. Optimiste, Sadok Hammami, membre de l’ISPI (Institut de la presse et des sciences de l’information), affirme que « la suppression du ministère de la Communication, la dynamisation de la vie politique, le renouveau de la vie intellectuelle sont autant de changements qui affecteront l’environnement de la presse tunisienne ». Zied Heéni, célèbre blogueur, harcelé par l’ancien régime, ne cache pas sa joie: « Aujourd’hui pour la première fois les journalistes de mon journal, Assahafa, ont élu un comité de rédaction ». « Ca bouge! ». Source: ”AFP” Le 18-02-2011 Lien: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iJrhVVm8-m5eaWApYlE8eQ_FRA7A?docId=CNG.e6b8f90c701687a81f59738a1f09e62b.71
Tunisie: l’état de santé de Ben Ali « pas l’affaire » du gouvernement
Le gouvernement tunisien de transition a estimé vendredi que l’état de santé du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, tombé dans le coma il y a trois jours après un accident vasculaire cérébral en Arabie Saoudite, n’était « pas (son) affaire », a déclaré son porte-parole. « Je peux vous dire que l’état de santé de l’ex-président n’est pas l’affaire du gouvernement de transition », a déclaré Taieb Baccouch, également ministre de l’Education. L’état de santé de Ben Ali « a été évoqué en conseil des ministres mais cela n’a pas duré 10 secondes. Son sort ne concerne pas le gouvernement qui a d’autres priorités », a déclaré de son côté Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme. L’ex-président, qui a fui son pays en Arabie saoudite le 14 janvier sous la pression de la rue après 23 ans de pouvoir sans partage, est dans un hôpital de Jeddah dans le coma suite à un AVC, a indiqué jeudi à l’AFP un proche de sa famille. Source: ”Romandie” Le 18-02-2011 Lien: http://www.romandie.com/ats/news/110218170528.jq5bsjh9.asp
Tunisie : Ben Ali est-il vraiment dans le coma ?
L’information selon laquelle le président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali serait dans le coma est difficilement vérifiable. Encore un coup de la chasse au scoop à tout prix ? Zine el-Abidine Ben Ali, qui a fui la Tunisie le 14 janvier dernier pour l’Arabie Saoudite, est-il dans le coma dans un hôpital de Djeddah, comme la majorité des médias l’ont écrit ? Il semble que l’information soit à prendre avec des pincettes. De fait, rapportée en premier par le journaliste français Nicolas Beau sur son blog puis reprise en boucle, celle-ci reste invérifiable. Des sources non identifiées voire peu fiables (présentées tour à tour comme « sûres », « diplomatiques au Moyen-Orient » ou confirmées par un « journaliste tunisien ») avaient expliqué que l’ancien président tunisien avait subi une attaque vasculaire cérébrale (AVC) avant de sombrer dans le coma (certaines ont même annoncé sa mort). Après vérification, rien ne permet de l’affirmer. Notre propre enquête démontre même, pour l’instant et toujours en restant prudent, que Ben Ali n’aurait pas subi d’AVC. Mieux vaut tard qu’inexact… Source: ”Jeune Aferique” Le 18-02-2011 Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110218165527/media-presse-sante-tunisietunisie-ben-ali-est-il-vraiment-dans-le-coma.html
Difficile rabibochage entre Paris et Tunis qui attend des gestes forts
Difficile rabibochage entre la Tunisie et la France: les Tunisiens comptent les maladresses de son ex-puissance coloniale et préviennent que Paris, tardif à soutenir la Révolution, doit rectifier le tir par des gestes forts conscients aussi de l’importance des liens entre les deux pays. Des erreurs de jugement de la diplomatie française pendant la révolution à la nomination d’un nouvel ambassadeur: tout ce qui vient de Paris est passé au crible à Tunis depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. « Il y a une accumulation de fautes graves: la France n’est toujours pas en phase. Il faut colmater les brèches et rectifier le tir », dit Mohsen Zaraï, professeur de 55 ans. Les Tunisiens n’ont toujours pas digéré le temps mis par Paris à lâcher le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Ni les propos de la ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui avait proposé le « savoir faire » sécuritaire de la France au moment où la répression battait son plein. Le chef de la diplomatie du gouvernement de transition Ahmed Ounaïes en a apparemment fait les frais: ses paroles lors de sa visite en France, où il n’avait pas tari d’éloges sur son homologue française, avaient suscité des critiques au sein même de son ministère. Une dizaine de jours plus tard, il annonçait sa démission. Les liens d’amitié de Mme Alliot-Marie avec Aziz Miled et une transaction entre ses parents et ce riche patron tunisien ayant été lié en affaires au clan Ben Ali choquent également. « Elle ne sera plus jamais crédible comme ministre des Affaires étrangères », avance Houcine Bel Mekki, cheminot de 47 ans. Critiquée, la déclaration du ministre français de l’Intérieur Brice Hortefeux qui après l’afflux de migrants tunisiens en Italie, a prévenu qu' »un étranger en situation irrégulière » avait « vocation à être reconduit dans son pays d’origine ». « La politique de toujours: la France retire d’une main ce qu’elle donne de l’autre », a commenté le quotidien Le Temps. Et aussi la nomination de Boris Boillon, jeune ambassadeur (41 ans) qui a présenté mercredi ses lettres de créance, accueilli en Tunisie par un blog et des tweets intitulés « Dégage Boillon » sur le modèle du « Dégage Ben Ali » scandé pendant la contestation. « Il faut reconnaître que la France a commis plus que des maladresses. Ca remonte à loin: ces dernières années, elle ne s’est pas exprimée sur les violations des droits de l’Homme, à quelques exceptions près, et les gens l’ont vu », explique à l’AFP Khadija Chérif représentante en Tunisie de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). « Aujourd’hui, elle a capté, le président Nicolas Sarkozy à fait son mea culpa » sur le ralliement tardif de Paris à la Révolution. « Mais il n’est pas facile de dépasser cela en quelques phrases. Il faut des gestes forts et un peu de temps », dit-elle. Jeudi, lors de sa première rencontre avec des journalistes tunisiens, M. Boillon, a donné le « la » de son mandat, quelques jours avant une visite de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, qui sera le premier membre du gouvernement français à venir en Tunisie après les chefs de la diplomatie britannique, allemand et italien. « Je suis ici pour écrire une nouvelle page » ce qui suppose « une autre approche », a-t-il dit. Dans la rue comme dans les ministères, quoi que l’on pense, on estime essentiel le lien entre la France et son ancien protectorat (1881-1956) où elle est le premier investisseur. « La Tunisie ne peut pas s’en passer car il y a une relation éternelle et beaucoup d’échanges économiques et culturels », juge le cheminot. « La France n’a pas compris la Révolution mais on ne va pas ouvrir le dossier de qui a soutenu le peuple ou pas. On a intérêt à avoir des relations amicales, le contraire serait irresponsable », affirme aussi le ministre de l’Enseignement supérieur Ahmed Brahim. « Mais les relents de paternalisme, il faut que cela cesse. La Tunisie a pris son destin en main et il faut que la France la traite sur un pied d’égalité ». Source: “Le Parisien” Le 18-02-2011 Lien: http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/difficile-rabibochage-entre-paris-et-tunis-qui-attend-des-gestes-forts-18-02-2011-1321697.php
Le nouvel ambassadeur de France en Tunisie fait déjà parler de lui !
Arrivé en Tunisie à la fin du mois de janvier, l’ambassadeur français Boris Boillon commence déjà à faire des vagues, sans compter les casseroles dévoilées par la presse. Boris Boillon est un politicien encore peu connu, mais il traîne déjà quelques casseroles derrière lui. Ambassadeur français en Tunisie, une vidéo récente le montre en proie à une vive colère face aux journalistes avec lesquels il déjeune. Relayée par Mediapart, la vidéo ne permet pas de tout comprendre, mais il a été visiblement interrogé au sujet de Michelle Alliot-Marie et de ses vacances passés dans le pays en décembre dernier. Boris Boillon travaille au ministère des Affaires Étrangères depuis 10 ans environ, et s’est fait connaître lors de sa dernière mission en Irak, où il est resté 18 mois. Ouvertement favorable à l’intervention américaine dans le pays, et proche de Nicolas Sarkozy, son style ne plaît pas toujours. En effet, il est jugé trop direct et trop provocateur. L’ambassadeur a souligné être le premier diplomate a avoir ouvert un compte Twitter, mais ses détracteurs voient d’un mauvais œil la photo affichée comme profil sur le réseau social Copains d’avant. On peut le voir en slip de bain, affichant une musculature avantageuse. Autant sire que l’on pas fini d’entendre parler de Boris Boillon. Source : « zigonet » le 18-02-2011 Lien : http://www.zigonet.com/politique/le-nouvel-ambassadeur-de-france-en-tunisie-fait-deja-parler-de-lui_art20045.html
Tunisie: le gouvernement adopte l’amnistie générale des politiques
Le gouvernement tunisien de transition a adopté vendredi l’amnistie générale des prisonniers politiques et un décret-loi doit être annoncé dans les « tout prochains jours », a déclaré vendredi son porte-parole Taieb Baccouch à l’issue du conseil des ministres. « L’amnistie a été adoptée en conseil des ministres et un décret-loi sera annoncé dans les tout prochains jours », a-t-il déclaré à la presse. Le premier gouvernement de transition avait adopté un projet de loi d’amnistie générale le 20 janvier, six jours près la chute du régime verrouillé de Ben Ali. La semaine dernière, l’Assemblée nationale et le Sénat tunisien (Chambre des conseillers) avaient pour leur part adopté une loi autorisant le président intérimaire Foued Mebazaa à gouverner par décrets-lois, contournant ainsi le Parlement bicaméral hérité de l’ancien régime. Le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi a indiqué mercredi que la libération conditionnelle avait déjà été accordée à 3.000 prisonniers, sans préciser s’il s’agissait de droits communs ou de politiques. Mercredi, environ 200 personnes ont manifesté devant le ministère de la Justice pour réclamer la libération de leurs enfants détenus et l’application de l’amnistie générale. Selon l’avocat Samir Ben Amor il y aurait encore 300 à 500 prisonniers politiques dans les prisons. Source: “AFP” Le 18-02-2011 Lien: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jrV8QmexDWYkmg3wRTnProtgMQaw?docId=CNG.2d9709705e1f7d501aec7454757f89f6.441
Tunisie. Les chiffres de la campagne présidentielle 2009
Pour financer la campagne électorale présidentielle en 2009, les sbires de Ben Ali ont collecté la somme de 15 millions de dinars à titre de dons auprès des hommes d’affaires ou simples citoyens rançonnés. Après le financement de ladite campagne, le reste de la somme a été distribué, après les élections, sous formes de rétributions et de cadeaux à certaines personnes, au prorata de l’enthousiasme et du zèle qu’elles montré à servir le dictateur. Les «enveloppes-surprises» variaient entre 300 et 6.000 dinars. A la fin, quelque 2,5 million de dinars ont, tout de même, été remis au trésor public. Ces chiffres, et beaucoup d’autres, ont été présentés par Abdelfattah Omar, président de la Commission nationale d’investigation sur les affaires de corruption et de malversation, au cours d’une conférence de presse donnée aujourd’hui à Tunis. M. Amor a indiqué que de nombreux documents et témoignages disponibles démontrent l’ampleur de la corruption dans la gestion des affaires de l’Etat sous le régime du président déchu. La Commission a reçu à ce jour 3.300 dossiers. Ses membres n’ont pu en examiner que 100, relatifs à la gestion de la présidence de la république. Les dossiers relatifs au Rcd, l’ancien parti au pouvoir, sont tellement lourds et compliqués qu’ils vont faire l’objet d’un traitement à part. Ceux de la douane nationale, institution largement impliquée dans les malversations du clan Ben Ali, vont être traités, quant à eux, par une commission spéciale qui sera mise en place incessamment. Source : « Kapitalis » Le 18-02-2011 Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/2759-tunisie-les-chiffres-de-la-campagne-presidentielle-2009.html
Tunisie- Commission d’enquête sur la corruption: La corruption a gangrené toutes les structures de l’Etat et de larges pans de la société
« Un pouvoir totalitaire, c’est le moins qu’on puisse dire du pouvoir exercé par l’ancien président de la République » a déclaré, atterré, Abdelfattah Amor, président de la Commission d’établissement des faits sur les malversations et la corruption lors d’une conférence de presse organisée aujourd’hui, jeudi 18 février 2011. Zine El Abidine Ben Ali, intervenait à tous les niveaux n’excluant aucun secteur ou champs d’activité. La corruption a été institutionnalisée, elle a miné toutes les administrations publiques se répandant sur toutes les expressions de la vie économique. Du plus haut de la pyramide de l’Etat jusqu’au plus bas de l’échelle. De larges pans de la population officielle a été touchée par la systématisation des malversations et des friponneries de tous genres, en faisant une échelle de valeurs et un cercle vicieux duquel n’échappait personne. Dernières nouvelles en date, quatre présidents de partis politiques le 11 et le 13 janvier ont reçu chacun et à titre personnel, une enveloppe de 50.000 dinars. Ali Seriati, lui, a reçu le 13 janvier, la somme 500.000 Dinars, il n’est pas étonnant dans ce cas que dans sa voracité et sa cupidité, il ait vendu son âme à la satanique Leila. On n’arrête pas le progrès…. Pour ce qui est de la provenance de ces montants, eh bien, c’est la présidence qui s’en est acquittée. Fort heureusement un montant de 2,5 millions de dinars, ce qui reste des 15,5 milliards de DT de dons accordés par des groupes privés et des hommes d’affaires aux dernières élections présidentielles, ont été remis au trésor public. Un homme d’affaires avait à l’occasion des dernières élections, offert gracieusement la coquette somme de 1,5 million de dinars en tant que participation personnelle. Il y’aurait eu des groupes qui seraient allés au devant des désirs du Président déchu, lui proposant des idées pour la spoliation de leur pays, « Vos rêves sont des ordres » semblaient-ils dire. Les ministres et les hauts fonctionnaires, n’auraient pas eu voix au chapitre dans toutes les décisions détournées ou illégales prises à leur insu ou malgré eux d’après quelques témoignages entendus par la commission. A la question pourquoi ils ne protestaient pas, la réponse était tout simplement : « Oser contester, refuser ou même démissionner, était hors de question car cela voulait tout simplement dire qu’il était fort possible qu’ils ne puissions pas arriver chez nous sains et saufs ». Zine El Abidine Ben Ali aurait même appelé un ministre qui faisait la sourde oreille, à une revendication familiale, chez lui pour lui dire «Je pense que vous n’avez pas compris». Une voracité sans limites Une bonne nouvelle, même si c’est une goutte d’eau dans un océan de corruption et de spoliation de tous genres. Une administration publique a pu récupérer la somme de 24 millions de dinars qu’elle aurait avancée, sur une campagne publicitaire, à une agence de communication appartenant à une agence dirigée par un parent de l’ancienne pharaonne. La commission d’établissement des faits sur les malversations et la corruption a reçu un grand nombre de dossiers des administrations publiques et a mis la main sur ceux existant à la présidence de la République. A propos de la possibilité que certaines personnes impliquées puissent faire disparaitre des documents importants, Abdelfattah Amor a précisé que le traçage de toutes les infractions pourrait être faite même lorsque l’on procède au formatage des ordinateurs. Les dossiers soumis à l’attention des membres de la commission ont montré que Zine El Abidine Ben Ali intervenait pour ce qui est d’accorder des avantages aux membres de la famille et pour ce qui concerne les appels d’offres publics, pour légitimer la spoliation des domaines de l’Etat par Leila et compères ou pour l’attribution de gros montants et de prêts aux membres de la « casa nostra » trabelsienne et la sienne. Imed Trabelsi était le premier à profiter des faveurs et de la générosité de sa « tante » qui ne lui refusait rien. Leila aurait « acheté » un terrain de 3524 m2 à la marina de Hammamet pour la somme astronomique de… «100 DT », oui, c’est bien « 100 DT »…Pour l’Ecole internationale de Carthage, elle a fait mieux : 17 684 m2 au dinar symbolique. L’ancien Président lui-même aurait acheté un terrain à Sidi Bousaid à 5 DT le m2. Pour ce qui est du tissu entrepreneurial, il a été largement touché de grès ou de force par la corruption érigée en règles de conduite sous l’autorité de Ben Ali. De grands groupes économiques ont été pris dans le tourbillon des malversations de toutes sortes « Ce que nous voulons aujourd’hui c’est préserver l’entreprise, sa capacité à participer à la dynamique économique et protéger l’emploi. Il ne faut pas que la bonne marche des entreprises soient touchée par les délits commis par certains responsables ». Si l’on doit nommer un mandataire judiciaire, on le fera sans hésiter, mais il faut que le système économique continu à fonctionner normalement, a assuré M.Amor. Ceci étant les noms des personnes impliquées ne seront pas rendus publics dans un souci de confidentialité et de préservation de leur intégrité physique et de leur honneur. Il n’est pas aisée pour la commission de délier les nœuds et les ramifications mafieuses établies par l’ancien régime et dirigée par Leila Trabelsi qui détenait tous les pouvoirs. L’organisation de la « familia » était constituée d’un premier cercle de membres de la famille et celui des belles familles au nombre de 142 personnes au total y compris les enfants, ensuite un deuxième cercle comprenant les amis et les proches et un troisième et ainsi de suite… Zine El Abidine intervenait même pour dédouaner une voiture de luxe ou accorder l’autorisation de vendre des boissons alcooliques aux hôtels et restaurants. Les services de douanes étaient infestés par les Trabelsi et amis et étaient soumis aux règles souscrites par ces derniers. Les 50 sociétés d’import/export de la familia bénéficiaient de toutes les faveurs « douanières » et les dossiers sont aujourd’hui à l’étude. Qui aurait soupçonné que nos institutions, nos administrations, notre tissu entrepreneurial avait été autant gangrené par la corruption? Dans nos cauchemars les plus fous, nous n’aurions pu imaginer la toile d’araignée tissée par une veuve noire appelée Leila qui a hypothéqué le pays et instauré un tel degré de décadence de l’échelle des valeurs qui a touché jusqu’à la structure mentale de nombre de nos concitoyens qui ont fini par croire que le chemin pour arriver à bon port doit être forcément détourné. Source: “wmc” Le 18-02-2011 Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-102271-tunisie-commission-d-enquete-sur-la-corruption-la-corruption-a-gangrene-toutes-les-structures-de-l-etat-et-de-larges-pans-de-la-societe
Corruption et malversations: les premières révélations d’Abdelfattah Amor
M. Abdelfattah Omar, président de la Commission nationale d’investigation sur les affaires de corruption et de malversation, a affirmé que de nombreux documents et témoignages disponibles, aujourd’hui, démontrent l’ampleur de la corruption dans la gestion des affaires de l’Etat sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Il a cité, à titre d’exemple, la somme de 15 millions de Dinars collectée à titre de dons au profit de la campagne électorale présidentielle en 2009 dont le reste a été distribué, après les élections, sous formes de dons et de cadeaux à certaines personnes. Après le financement de cette campagne, a-t-il précisé, 2,5 million de dinars de ces dons ont été remis au trésor public et des sommes importantes variant entre 300 dinars et six mille dinars ont été remises à un certain nombre de personnes, à la fin de la campagne. Au cours d’une conférence de presse tenue, vendredi matin, au siège de la commission, M. Abdelfattah Amor a révélé, d’autre part, que quatre responsables de partis politiques ont reçu la somme de 50 mille dinars en espèces, en date du 7 janvier 2011, pour trois d’entre eux et le 12 janvier 2011, pour le quatrième, alors que l’ancien chef de la garde présidentielle, Ali Sériati, a reçu 500 mille dinars, le 13 janvier 2011. Dans le même contexte, M. Amor a indiqué que la commission a reçu les documents de la présidence de la République relatifs au traitement par l’institution de la présidence des différents dossiers politiques, économiques et sociaux. Elle a, en outre, reçu les dossiers du Fonds de solidarité nationale (FSN) et du Fonds national de l’emploi (FNE) qui relèvent de la présidence, au niveau des fonds, mais elle n’a pas encore entamé leur étude. Il a déclaré, d’autre part, que la commission a examiné jusqu’à présent 100 dossiers sur un total de 3300 dossiers reçus, dont un grand nombre ne relève pas de son ressort, à l’instar des questions ayant trait à l’emploi, à la promotion et à l’inexécution de jugements. Le Président de la commission a fait observer que l’action de l’instance s’est focalisée au début sur l’étude des dossiers importants imputés aux familles Ben Ali et Trabelsi, dossiers d’où il ressort l’emprise irrégulière de nombreux biens de l’Etat, la transformation de leur vocation et l’octroi aux membres des deux familles citées et de leurs proches de biens régis dans la forme par des contrats légaux, mais qui sont de facto nuls et non avenus, en raison d’opérations de fraude et d’escroquerie. M. Abdelfatteh Amor a donné des exemples, à ce sujet, notamment, le terrain sur lequel a été construite une villa située, à La Marina Hammamet, sur une superficie de 3524 mètres carrés, terrain obtenu pour une somme de cent dinars seulement de la part de la Société d’études et d’aménagement « Marina Hammamet Sud », ainsi que d’un lot de terrain cédé au dinar symbolique par le ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières sur lequel a été construite l’Ecole Internationale de Carthage et l’acquisition d’un autre lot de terrain situé dans la localité de Sidi Bousaid par le président déchu, pour 5 dinars le mètre carré. Il a, aussi, évoqué la conclusion par une société d’un contrat avec des entreprises publiques dans des conditions anormales. Il ressort de ce contrat un déséquilibre frappant entre les deux parties contractantes et la violation du principe du service fait. Après discussion avec le patron de cette société et l’établissement de l’inadéquation de ce contrat et de la violation des règles juridiques de base, le concerné a accepté de rendre la somme de 24 millions de dinars à l’Etat tunisien. D’autre part, M. Abdelfattah Amor a souligné que la mode de gouvernement en Tunisie n’était ni présidentiel ni présidentialiste mais plutôt totalitaire, en ce sens que tous les pouvoirs y compris les détails étaient décidés personnellement par le président déchu, s’agissant des décisions relatives à la souveraineté, à l’octroi des agréments et des concessions ainsi que des autorisations relatives à l’entrée des voitures de luxe, destinées à la famille du président et qui ne remplissent pas le plus souvent les conditions juridiques, ceci outre l’interdiction de délivrer un visa pour l’entrée des citoyens au territoire tunisien. Il a indiqué que le rôle des ministres et des responsables qui ont été auditionnés par la commission a été marginal et même inexistant, et qu’il s’est limité à l’exécution et à l’information de l’exécution qui se transforme en une menace, en cas de réticence de certains ministres vis-à-vis de certains dossiers. Il a mis l’accent sur l’existence d’un vide institutionnel et gouvernemental, à la lumière des pouvoirs illimités et des privilèges dont jouissaient les familles de Trabelsi et de Ben Ali, ce qui a porté atteinte au dispositif des droits de l’homme et à la structure économique du pays. M. Abdelfattah Amor a indiqué que la décision de maintenir le principe de l’anonymat procède de son attachement à certains principes, dont notamment le droit à la sécurité et à l’intégrité physique de toutes les personnes, et l’impératif d’éviter la diffamation, véritable atteinte aux droits de l’homme, indiquant qu’il veillera à garantir la sécurité et l’intégrité physique de chaque personne, abstraction faite de sa position et de son poste de responsabilité, jusqu’à ce que la justice prononce son verdict. Au sujet de l’activité de la commission, M. Abdelfattah Amor a relevé qu’il s’agit bien d’une commission nationale indépendante, faisant remarquer que son activité commande de la subdiviser en une commission technique, chargée d’enquêter sur les faits et d’auditionner les témoins, et composée d’experts dans des questions financières, dans le contrôle des comptes et dans la comptabilité ainsi que dans le droit des affaires, le droit boursier et le droit immobilier et autres disciplines. Une commission générale, a-t-il ajouté, est habilitée à statuer sur les questions essentielles et les orientations fondamentales ayant trait à l’activité de la commission, et à identifier des stratégie pour la période à avenir afin de lutter contre la corruption et la malversation. Cette commission englobe des membres issus des institutions et des différentes composantes de la société civile. Il a indiqué que la commission technique a été divisée en sous-commissions, en charge des affaires financières, fiscales et des marchés publics, des entreprises, de la douane, des affaires foncières et des dossiers des citoyens. Il a précisé que le système de malversation et de corruption, qui a vu le jour depuis plusieurs années en Tunisie, a affaibli les établissements et institutions de l’Etat, participant ainsi à l’émergence de la mentalité de banalisation de la corruption et de la malversation, considérée comme étant un phénomène normal dans la la société tunisienne. Concernant les groupes économiques impliqués, il a mis l’accent sur le souci de la commission de faire la distinction entre les personnes corrompues et la vie des entreprises, précisant qu’il est impératif de prendre les mesures nécessaires à l’encontre des personnes impliquées, tout en oeuvrant à préserver le système économique notamment en cette conjoncture délicate, et désignant une instance chargée de la gestion des affaires courantes des entreprises et du placement des sociétés concernées sous un statut juridique spécifique, en vertu d’un décret-loi. M. Abdelfattah Amor a clôturé en indiquant que la destruction de documents importants dans plusieurs entreprises publiques encoure la responsabilité pénale des personnes responsables. Il a précisé qu’il existe plusieurs autres moyens pour retrouver les données détruites et que les dossiers les plus importants sont encore intacts et restent facilement accessibles. Source: “Leaders” Le 18-02-2011 Lien: http://www.leaders.com.tn/article/corruption-et-malversations-les-premieres-revelations-d-abdelfattah-amor?id=4179
Tunisie, Egypte : quand un vent d’est balaie l’arrogance de l’Occident
Le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest. Jusqu’à quand l’Occident désœuvré et crépusculaire, la « communauté internationale » de ceux qui se croient encore les maîtres du monde, continueront-ils à donner des leçons de bonne gestion et de bonne conduite à la terre entière ? N’est-il pas risible de voir quelques intellectuels de service, soldats en déroute du capitalo-parlementarisme qui nous tient lieu de paradis mité, faire don de leur personne aux magnifiques peuples tunisiens et égyptiens, afin d’apprendre à ces peuples sauvages le b.a.ba de la « démocratie » ? Quelle affligeante persistance de l’arrogance coloniale ! Dans la situation de misère politique qui est la nôtre depuis trois décennies, n’est-il pas évident que c’est nous qui avons tout à apprendre des soulèvement populaires du moment ? Ne devons-nous pas de toute urgence étudier de très près tout ce qui, là-bas, a rendu possible le renversement par l’action collective de gouvernements oligarchiques, corrompus, et en outre – et peut-être surtout – en situation de vassalité humiliante par rapport aux Etats occcidentaux ? Oui, nous devons être les écoliers de ces mouvements, et non leurs stupides professeurs. Car ils rendent vie, dans le génie propre de leurs inventions, à quelques principes de la politique dont on cherche depuis bien longtemps à nous convaincre qu’ils sont désuets. Et tout particulièrement à ce principe que Marat ne cessait de rappeler : quand il s’agit de liberté, d’égalité, d’émancipation, nous devons tout aux émeutes populaires. On a raison de se révolter. De même qu’à la politique, nos Etats et ceux qui s’en prévalent (partis, syndicats et intellectuels serviles) préfèrent la gestion, de même à la révolte, ils préfèrent la revendication, et à toute rupture la « transition ordonnée ». Ce que les peuples égyptiens et tunisiens nous rappellent, c’est que la seule action qui soit à la mesure d’un sentiment partagé d’occupation scandaleuse du pouvoir d’Etat est le levée en masse. Et que dans ce cas, le seul mot d’ordre qui puisse fédérer les composantes disparates de la foule est : « toi qui est là, va-t’en. » L’importance exceptionnelle de la révolte, dans ce cas, sa puissance critique, est que le mot d’ordre répété par des millions de gens donne la mesure de ce que sera, indubitable, irreversible, la première victoire : la fuite de l’homme ainsi désigné. Et quoi qu’il se passe ensuite, ce triomphe, illégal par nature, de l’action populaire, aura été pour toujours victorieux. Or, qu’une révolte contre le pouvoir d’Etat puisse être absolument victorieuse est un enseignement de portée universelle. Cette victoire indique toujours l’horizon sur lequel se détache toute action collective soustraite à l’autorité de la loi, celui que Marx a nommé « le dépérissement de l’Etat ». A savoir qu’un jour, librement associés dans le déploiement de la puissance créatrice qui est la leur, les peuples pourront se passer de la funèbre coercition étatique. C’est bien pour cela, pour cette idée ultime, que dans le monde entier une révolte jetant à bas une autorité installée déclenche un enthousiasme sans bornes. Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Tout commence par le suicide par le feu d’un homme réduit au chômage, à qui on veut interdire le misérable commerce qui lui permet de survivre, et qu’une femme-flic gifle pour lui faire comprendre ce qui dans ce bas monde est réel. Ce geste s’élargit en quelques jours, quelques semaines, jusqu’à des millions de gens qui crient leur joie sur une place lointaine et au départ en catastrophe de puissants potentats. D’où vient cette expansion fabuleuse ? La propagation d’une épidémie de liberté ? Non. Comme le dit poétiquement Jean-Marie Gleize, « un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par contamination. Mais par résonance. Quelque chose qui se constitue ici résonne avec l’onde de choc émise par quelque chose qui s’est constitué là-bas ». Cette résonance, nommons-là « événement ». L’événement est la brusque création, non d’une nouvelle réalité, mais d’une myriade de nouvelles possibilités. Aucune d’entre elles n’est la répétition de ce qui est déjà connu. C’est pourquoi il est obscurantiste de dire « ce mouvement réclame la démocratie » (sous-entendu, celle dont nous jouissons en Occident), ou « ce mouvement réclame une amélioration sociale » (sous-entendu, la prospérité moyenne du petit-bourgeois de chez nous). Parti de presque rien, résonant partout, le soulèvement populaire crée pour le monde entier des possibilités inconnues. Le mot « démocratie » n’est pratiquement pas prononcé en Egypte. On y parle de « nouvelle Egypte », de « vrai peuple égyptien », d’assemblée constituante, de changement absolu d’existence, de possibilités inouïes et antérieurement inconnues. Il s’agit de la nouvelle plaine qui viendra là où n’est plus celle à laquelle l’étincelle du soulèvement a finalement mis le feu. Elle se tient, cette plaine à venir, entre la déclaration d’un renversement des forces et celle d’une prise en main de tâches neuves. Entre ce qu’a dit un jeune tunisien : « Nous, fils d’ouvriers et de paysans, sommes plus forts que les criminels » ; et ce qu’a dit un jeune égyptien : « A partir d’aujourd’hui, 25 janvier, je prends en main les affaires de mon pays. » Le peuple, le peuple seul, est le créateur de l’histoire universelle. Il est très étonnant que dans notre Occident, les gouvernements et les média considèrent que les révoltés d’une place du Caire soient « le peuple égyptien ». Comment cela ? Le peuple, le seul peuple raisonnable et légal, pour ces gens, n’est-il pas d’ordinaire réduit, soit à la majorité d’un sondage, soit à celle d’une élection ? Comment se fait-il que soudain, des centaines de milliers de révoltés soient représentatifs d’un peuple de quatre-vingt millions de gens ? C’est une leçon à ne pas oublier, que nous n’oublierons pas. Passé un certain seuil de détermination, d’obstination et de courage, le peuple peut en effet concentrer son existence sur une place, une avenue, quelques usines, une université… C’est que le monde entier sera témoin de ce courage, et surtout des stupéfiantes créations qui l’accompagnent. Ces créations vaudront preuve qu’un peuple se tient là. Comme l’a dit fortement un manifestant égyptien : « avant je regardais la télévision, maintenant c’est la télévision qui me regarde. » RÉSOUDRE DES PROBLÈMES SANS L’AIDE DE L’ETAT Dans la foulée d’un événement, le peuple se compose de ceux qui savent résoudre les problèmes que l’événement leur pose. Ainsi de l’occupation d’une place : nourriture, couchage, garde, banderoles, prières, combats défensifs, de telle sorte que le lieu où tout se passe, le lieu qui fait symbole, soit gardé à son peuple, à tout prix. Problèmes qui, à échelle de centaines de milliers de gens venus de partout, paraissent insolubles, et d’autant plus que, sur cette place, l’Etat a disparu. Résoudre sans l’aide de l’Etat des problèmes insolubles, c’est cela, le destin d’un événement. Et c’est ce qui fait qu’un peuple, soudain, et pour un temps indéterminé, existe, là où il a décidé de se rassembler. Sans mouvement communiste, pas de communisme. Le soulèvement populaire dont nous parlons est manifestement sans parti, sans organisation hégémonique, sans dirigeant reconnu. Il sera toujours temps de mesurer si cette caractéristique est une force ou une faiblesse. C’est en tout cas ce qui fait qu’il a, sous une forme très pure, sans doute la plus pure depuis la Commune de Paris, tous les traits de ce qu’il faut appeler un communisme de mouvement. « Communisme » veut dire ici : création en commun du destin collectif. Ce « commun » a deux traits particuliers. D’abord, il est générique, représentant, en un lieu, de l’humanité toute entière. Dans ce lieu, il y a toutes les sortes de gens dont un peuple se compose, toute parole est entendue, toute proposition examinée, toute difficulté traitée pour ce qu’elle est. Ensuite, il surmonte toutes les grandes contradictions dont l’Etat prétend que lui seul peut les gérer sans jamais les dépasser : entre intellectuels et manuels, entre hommes et femmes, entre pauvres et riches, entre musulmans et coptes, entre gens de la province et gens de la capitale… Des milliers de possibilités neuves, concernant ces contradictions, surgissent à tout instant, auxquelles l’Etat – tout Etat – est entièrement aveugle. On voit des jeune femmes médecin venues de province soigner les blessés dormir au milieu d’un cercle de farouches jeunes hommes, et elles sont plus tranquilles qu’elles ne le furent jamais, elles savent que nul ne touchera un bout de leurs cheveux. On voit aussi bien une organisation d’ingénieurs s’adresser aux jeunes banlieusards pour les supplier de tenir la place, de protéger le mouvement par leur énergie au combat. On voit encore un rang de chrétiens faire le guet, debouts, pour veiller sur les musulmans courbés dans leur prière. On voit les commerçants nourrir les chômeurs et les pauvres. On voit chacun parler à ses voisins inconnus. On lit mille pancartes où la vie de chacun se mêle sans hiatus à la grande Histoire de tous. L’ensemble de ces situations, de ces inventions, constituent le communisme de mouvement. Voici deux siècles que le problème politique unique est celui-ci : comment établir dans la durée les inventions du communisme de mouvement ? Et l’unique énoncé réactionnaire demeure : « cela est impossible, voire nuisible. Confions-nous à l’Etat ». Gloire aux peuples tunisiens et égyptiens qui nous rappellent au vrai et unique devoir politique : face à l’Etat, la fidélité organisée au communisme de mouvement. Nous ne voulons pas la guerre, mais nous n’en avons pas peur. On a partout parlé du calme pacifique des manifestations gigantesques, et on a lié ce calme à l’idéal de démocratie élective qu’on prêtait au mouvement. Constatons cependant qu’il y a eu des morts par centaines, et qu’il y en a encore chaque jour. Dans bien des cas, ces morts ont été des combattants et des martyrs de l’initiative, puis de la protection du mouvement lui-même. Les lieux politiques et symboliques du soulèvement ont dû être gardés au prix de combats féroces contre les miliciens et les polices des régimes menacés. Et là, qui a payé de sa personne, sinon les jeunes issus des populations les plus pauvres ? Que les « classes moyennes », dont notre inespérée Michèle Alliot-Marie a dit que l’aboutissement démocratique de la séquence en cours dépendait d’elles et d’elles seules, se souviennent qu’au moment crucial, la durée du soulèvement n’a été garantie que par l’engagement sans restriction de détachements populaires. La violence défensive est inévitable. Elle se poursuit du reste, dans des conditions difficiles, en Tunisie, après qu’on ait renvoyé à leur misère les jeunes activistes provinciaux. Peut-on sérieusement penser que ces innombrables initiatives et ces sacrifices cruels n’ont pour but fondamental que de conduire les gens à « choisir » entre Souleiman et El Baradei, comme chez nous on se résigne piteusement à arbitrer entre MM. Sarkozy et Strauss-Kahn ? Telle serait l’unique leçon de ce splendide épisode ? Non, mille fois non ! Les peuples tunisiens et égyptiens nous disent : se soulever, construire le lieu public du communisme de mouvement, le défendre par tous les moyens en y inventant les étapes successives de l’action, tel est le réel de la politique populaire d’émancipation. Il n’y a certes pas que les Etats des pays arabes qui soient anti-populaires et, sur le fond, élections ou pas, illégitimes. Quel qu’en soit le devenir, les soulèvements tunisiens et égyptiens ont une signification universelle. Ils prescrivent des possibilités neuves dont la valeur est internationale Source: ”Le Monde.fr” Le 18-02-2011 Lien: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/18/tunisie-egypte-quand-un-vent-d-est-balaie-l-arrogance-de-l-occident_1481712_3232.html
Révolte dans le monde arabe: «Les enjeux sont très différents selon chaque pays»
INTERVIEW – 20minutes.fr fait le point sur le mouvement de révolte actuel, avec Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes… Après la Tunisie et l’Egypte, la Libye, le Bahreïn, et le Yemen sont touchés par un mouvement de révolte, cette fois-ci violemment réprimé. Les manifestations en Algérie et en Iran se sont elles aussi heurtées aux forces de sécurité des régimes en place. L’effet domino va-t-il avoir lieu dans le monde arabe? Les choses sont en marche et il y a une véritable aspiration à la liberté et au bien-être chez la nouvelle génération de ces pays, connectée à Internet et donc au monde extérieur. On a changé d’époque, le cyberspace s’est révélé beaucoup plus puissant que les réseaux des mosquées. Même en Libye, où l’Internet a été coupé et les médias étrangers refusés, nous avons réussi à avoir des images sur les télés du monde entier. Grâce au Web, la jeunesse a découvert que d’autres gouvernances étaient possibles et refuse ainsi de se soumettre aux régimes comme le faisaient leurs pères. La peur a changé de camp. Cette prise de conscience dépend-elle du taux de scolarisation? Non, cette tendance s’observe aussi bien dans des pays où le taux de scolarisation est élevé, comme en Tunisie, que dans des Etats où il est faible, comme en Egypte ou au Yemen. Malgré tout, des différences importantes existent entre les pays. Ne vont-elles pas jouer dans l’issue de chaque mouvement? Les enjeux sont en effet très différents selon chaque pays. Les monarchies ont une certaine légitimité, et peuvent s’en sortir si elles savent manœuvrer, lâcher un peu de pouvoir, agir avec souplesse et anticipation. Le Bahreïn est un royaume assez éclairé, avec un Parlement, des élections, une presse. Le roi peut concéder une plus forte représentation pour les chiites, régner sans gouverner totalement. Il sera de toute façon soutenu par l’argent des pays arabes du Golfe. Les enjeux géostratégiques pèsent-ils dans chaque mouvement? Oui, il y a une dimension régionale et internationale, spécifiquement au Bahreïn, à majorité chiite. L’Iran le revendique comme l’une de ses provinces, juste à côté de l’Arabie saoudite rivale. Et ce petit pays abrite une base de l’US Navy. Les enjeux sont très importants et dépassent les frontières. Ils l’étaient aussi en Egypte, beaucoup moins en Tunisie. Et au Yemen? La rébellion chiite des Houthis au nord est soutenue par l’Iran et le Hezbollah, au centre, Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) commence à trouver ses soutiens dans les tribus, et le sud est confronté à des velléités séparatistes. Si le pouvoir central en place depuis 33 ans dans ce pays très pauvre, le pays risque de succomber à une guerre civile. L’issue est donc incertaine selon chaque pays. Qu’en est-il en Libye? Pour le coup, Kadhafi, doyen des chefs d’Etat arabes, est vraiment fragilisé et orphelin depuis le départ de Ben Ali puis de son voisin Hosni Moubarak. Je le vois mal résister à tout cela au bout de 42 ans de pouvoir absolu, pendant lesquels il s’est enrichi. D’autant que la contestation est aussi violente chez lui qu’ailleurs. Le président de l’Algérie est-il également menacé? L’Algérie, c’est une fusée à deux étages, avec la présidence et l’armée. En cas de véritables difficultés, l’armée sacrifiera le président et l’offrira sur un autel à la population. Grâce au pétrole, le régime a beaucoup de marge, avec plus de 200 milliards de dollars, et le président est en train de lâcher du lest. Mais les gens ne cherchent pas seulement à se nourrir, ils aspirent aussi à la liberté. Mais tant que la jeunesse ne rejoint pas les formations politiques traditionnelles, la mobilisation restera sans vrais risques pour le régime. Le cas de l’Iran, qui ne fait pas partie du monde arabe, est malgré tout associé à ce vent de révolte. Pourquoi? En Iran, le mouvement a commencé en 2009. La jeunesse avait rejeté lourdement les élections truquées mais le régime a sévi très violemment et il est prêt à recommencer. Les deux parties sont déchaînées et malgré les menaces qui pèsent sur eux, les trois leaders de l’opposition ne baissent pas les bras. Mais il est difficile de savoir comment cela va se terminer. Les bases de ce pays sont très fragiles et là aussi, les interférences régionales et internationales – le nucléaire et la cause palestinienne – sont des arguments utilisés pour masquer le mal-être au quotidien des Iraniens. Source : « 20 minutes.fr » Le 18-02-2011 Lien : http://www.20minutes.fr/article/672979/monde-revolte-monde-arabe-les-enjeux-tres-differents-selon-chaque-pays
Ahmed Néjib Chebbi : « La Tunisie ne doit pas s’engager dans une chasse aux sorcières »
Leader historique du Parti démocratique progressiste (PDP), Ahmed Néjib Chebbi, l’opposant, est devenu Ahmed Néjib Chebbi, le ministre, dans le gouvernement d’union nationale né de la chute du régime de Ben Ali en Tunisie. Il revient sur les raisons de sa participation à la construction démocratique du pays. Le pragmatisme est-il une tare ou une vertu ? Une chose est sûre : sans lui, le gouvernement d’union nationale en Tunisie serait mort-né. Ahmed Néjib Chebbi, leader historique du Parti démocratique progressiste (PDP), est aujourd’hui à la fois incontournable et surexposé. Au centre de l’échiquier politique. Devenu ministre du Développement régional – un portefeuille stratégique –, cet avocat de 67 ans, opposant résolu aux régimes de Bourguiba et de Ben Ali, a pris le risque de brouiller son image en acceptant de participer au gouvernement de Mohamed Ghannouchi. Il s’en explique. Et livre sa vision de la transition qui doit conduire la Tunisie vers les premières élections libres de son histoire. Jeune Afrique : Le gouvernement « Ghannouchi I », annoncé le 17 janvier, auquel vous avez choisi de participer, faisait la part belle aux anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Il a suscité l’hostilité de la population et n’a pas survécu dix jours. Rétrospectivement, regrettez-vous d’avoir apporté votre « caution » à un cabinet si impopulaire ? Ahmed Néjib Chebbi : Revenons un peu en arrière et repensons à la situation dans laquelle le pays se trouvait dans les jours précédant le 14 janvier. La Tunisie était au bord du gouffre. La révolution aurait pu être écrasée dans le sang, comme en Birmanie en 1988. Au PDP, nous avons été les premiers à réclamer la constitution d’un gouvernement de coalition pour sortir de l’impasse politique. La frange réformatrice du pouvoir – Mohamed Ghannouchi et Kamel Morjane, pour ne pas les citer – a saisi la balle au bond en engageant des tractations, qui se sont poursuivies et accélérées après la chute de Ben Ali. La politique, ce n’est pas tout ou rien, c’est aussi composer avec le réel, avec l’existant. Nous savions à quoi nous attendre, mais avions-nous une autre formule à proposer ? Fallait-il se figer dans une posture protestataire stérile et laisser pourrir la situation, ou au contraire prendre des risques politiques pour tenter de mettre en œuvre un processus de transition et permettre à la révolution populaire de réaliser son objectif : la conquête de la liberté et de la citoyenneté démocratique ? Évidemment, le casting gouvernemental était loin d’être parfait, nous en étions conscients, mais nous avions obtenu satisfaction sur toutes nos revendications fondamentales : la liberté de la presse, la liberté d’association, l’amnistie générale, la tenue rapide d’élections sous supervision internationale, la création de commissions d’enquête indépendantes sur les violences et la corruption, dirigées par des personnalités incontestables. Ce n’est pas rien ! Beaucoup de voix s’élèvent maintenant pour demander la dissolution du RCD. Quelle est votre position ? Évitons de verser dans la démagogie. Le PDP, à l’instar de l’ensemble des formations de l’opposition réelle, a exigé pendant des décennies une séparation entre l’État et le parti. Cette exigence est aujourd’hui réalisée. L’État va récupérer tous les biens meubles et immeubles qui étaient mis gracieusement à la disposition du RCD. La dissolution des cellules professionnelles du parti dans l’administration et le secteur parapublic a été prononcée. Il s’agit d’un acquis fondamental. Nous avons obtenu satisfaction sur toute la ligne. Faut-il s’engager maintenant dans une chasse aux sorcières ? Non. Il faut que la justice passe. Ceux qui, au sein du RCD, se sont rendus coupables de crimes ou ont trempé dans la corruption devront répondre de leurs actes devant les tribunaux. Les autres, les militants et les cadres honnêtes, devront faire leur examen de conscience. C’est leur affaire, pas celle du gouvernement. Je comprends les sentiments de rejet qu’inspire l’ancien parti unique : ils sont parfaitement légitimes. Mais on ne doit pas tout mélanger, la justice et la vengeance. En démocratie, la sanction doit émaner des électeurs, pas des tribunaux… Que pensez-vous de la proposition d’Ahmed Mestiri, leader historique du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), qui souhaite la formation d’un comité des sages, sorte d’autorité politique et morale qui chapeauterait le gouvernement et encadrerait ses activités ? J’ai énormément de respect pour Ahmed Mestiri, qui est une grande figure de la politique tunisienne, mais son idée est inopportune, car elle vient trop tard. S’il l’avait formulée au plus fort de la crise, c’est-à-dire avant le 13 janvier, nous nous y serions ralliés avec enthousiasme. Mais il a attendu la formation du gouvernement d’union nationale pour sortir de son silence, un silence de vingt-trois ans. J’ai du mal à comprendre le sens de sa démarche. Cherche-t-il à torpiller le gouvernement ? Maintenant que ce gouvernement existe et a commencé à travailler, pourquoi le remplacer par un comité des sages venu de nulle part ? Il y a une place pour un comité de vigilance, formé par des sages, à condition que celui-ci reste dans son rôle d’autorité morale, émanation de la société civile. Pas comme substitut du gouvernement. Mansour Moalla, autre figure éminente de la politique tunisienne, souhaite la convocation dans les plus brefs délais d’une Assemblée constituante, afin de réviser la Constitution, taillée sur mesure pour Bourguiba et Ben Ali… Juridiquement, c’est inenvisageable. Fouad Mebazaa, le président de la transition, assure l’intérim, et il n’a pas le pouvoir de dissoudre le Parlement pour convoquer de nouvelles élections. Il n’est donc même pas possible de coupler la présidentielle et les législatives. Il faudra obligatoirement commencer par la présidentielle. Nous avons fait le choix d’une démarche légaliste en nous inscrivant dans le schéma dessiné par la Constitution. Elle sera révisée, car elle est imparfaite, mais on ne peut pas brûler les étapes. Le nouveau président élu convoquera très rapidement des élections anticipées. Rien ne nous empêche d’ouvrir, dès maintenant, un grand débat constitutionnel, de réfléchir à ce à quoi pourraient ressembler les institutions de la IIe République tunisienne. Mais il faut bien comprendre que ce débat restera théorique tant que nous n’aurons pas procédé à l’élection d’un nouveau Parlement. À titre personnel, votre préférence va-t-elle à un régime parlementaire, à un régime mixte « à la française » ou à un régime présidentiel ? Aujourd’hui, par réaction, beaucoup de gens expriment leur préférence pour le parlementarisme. La Tunisie a souffert dans sa chair des excès du présidentialisme. Mais le présidentialisme qui a été théorisé et pratiqué était un présidentialisme dévoyé. La question qui se pose, c’est : « Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? » Rompre avec les excès du présidentialisme est une chose, tourner le dos au régime présidentiel tempéré et tenter l’aventure du parlementarisme intégral, « à l’italienne », en est une autre. Avec mes camarades du PDP, j’ai fait publier, il y a près de huit mois, un projet de Constitution, en 115 articles, qui préfigure ce à quoi pourrait ressembler la IIe République tunisienne. Le régime que nous décrivons dans ce document se rapproche du présidentialisme américain. Il s’agit d’un système fondé sur une séparation stricte des pouvoirs et reposant sur une sorte d’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement, de l’Assemblée et de la justice. Un régime où les pouvoirs ne seraient pas confondus, mais au contraire séparés et susceptibles de s’annuler les uns les autres. Ce serait, à mon avis, la formule la plus adéquate en l’état actuel des choses. Et cela supposerait la création d’une véritable Cour constitutionnelle. Rached Ghannouchi, le fondateur du mouvement Ennahdha, vient d’accomplir son retour en Tunisie après vingt ans d’exil. Son parti n’est pas encore légalisé. Doit-il l’être ? Il représente une sensibilité qui n’est pas la nôtre, mais il a sa place sur l’échiquier politique. On n’a pas le droit de lui refuser le visa, du moment où il souhaite inscrire sa pratique politique dans le cadre de la loi. J’espère simplement que son retour ne contribuera pas à polariser encore davantage le climat politique. Car la Tunisie, en ce moment, a surtout besoin de sérénité… Source : « Jeune Afrique » Le 18-02-2011 Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2613p020-025.xml2/ahmed-nejib-chebbi-la-tunisie-ne-doit-pas-s-engager-dans-une-chasse-aux-sorcieres.html
Pourquoi la révolution ne se fera pas au Maroc
20 Février 2011, un groupe de jeunes marocains appelle sur Facebook à coup de « I like » à mimiquer la révolution du Jasmin pour un Maroc meilleur, plus digne, avec le droit à l’ « emploi pour tout le monde », la « santé pour tous », la « dissolution du gouvernement et du parlement », en « priorité des priorités, l’organisation d’une journée nationale pour la démolition des bidonvilles dans tout le territoire national » et tenez-vous bien : « La mise en place de ‘comités populaires’ dans le but d’alléger le fardeau de l’Institution judiciaire »…et bien entendu, la révision des prérogatives du Roi, l’assainissement du climat des affaires, etc… Au delà de l’amateurisme et du populisme de telles revendications, on ne peut s’empêcher de sourire à la lecture de cette liste où aucun chiffre n’est donné et où aucune trace de programme n’est proposée, ni politique, ni économique, ni social. C’est en quelque sorte, un appel à marcher pour marcher. Mis à part les demandes de révision de constitution afin de réduire les pouvoirs de la monarchie, ce pamphlet de revendications écrit à la va vite n’apporte rien de nouveau et dénote d’un manque de perspective, de réalisme et tout bonnement de créativité. Pourquoi? D’abord parce que contrairement a la Tunisie et a l’Egypte, les marches et manifestations ne sont pas interdites au Maroc. Dans ce pays, vous pouvez manifester pour a peu prés toutes les causes possibles et imaginaires. Les revendications sociales et économiques sont au centre de l’action d’une societé civile dynamique, proactive et volontariste qui dans plusieurs cas, travaille main dans la main avec l’état dans un pragmatisme que l’on ne voit nulle part ailleurs dans le monde arabe avec une logique de résultats chiffres, dates et vérifiables. Voila la première différence de taille. Coté revendications donc, rien de neuf, le comité du 20 Février semble avoir raté le coche et n’apporte rien de nouveau. Pire, il nous bombarde de slogans d’un Maroc d’un autre temps où la démagogie et le populisme étaient de mise. Concernant la forme, ce comité a essayé par tous les moyens dans ses déclarations officielles d’expliquer qu’il n’avait pas de visée particulière de changement de régime au Maroc. Or, il suffit de faire un tour sur sa page Facebook pour se rendre compte exactement du contraire. La stratégie est évidente: ne pas froisser publiquement certains marocains qui pourraient rejoindre le mouvement en faisant des revendications aussi génériques que démagogiques afin de ratisser large et de gonfler les rangs durant la manifestation. Ceci risque de coûter cher aux organisateurs en termes de crédibilité. Ce manque de visibilité et d’hésitation à prendre une position claire a déjà poussé certains groupes à émettre leur réserve et à sonner l’alarme, en se retirant de la manifestation. Mme Ghizlane Benacher, de l’association Joussour Forum des Femmes Marocaines, estimant que cette marche doit se dérouler dans le civisme et la tolérance, a déclaré aujourd’hui : « Nous ne sommes pas contre les manifestations. En tant que mouvement féministe, nous avons participé à plusieurs mouvements, mais nous voulons que cela soit organisé dans un cadre clair, net et précis. (http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/26582.html) Mais la plus surprenante des revendications est ce que le comité appelle « l’organisation d’une journée nationale pour la démolition de bidonvilles dans tout le territoire national » (sic!). Sachant que c’est l’un des domaines où l’état a marqué des points et où des efforts non négligeables ont été consentis afin de diminuer le nombre de bidonvilles et reloger les personnes qui y habitent, le but recherché derrière cet appel à cette frange sociale des plus défavorisées et des plus frustrées au Maroc qui est en attente de jours meilleurs reste un mystère… Elections, ou étiez vous? L’un des autres points soulevé par ce comité révolutionnaire est selon leurs dires, l’omniprésence de fassis dans le gouvernement et l’hégémonie d’une seule et même famille qui constitueraient les « Trabelsi du Maroc contemporain ». Qu’en est-il au juste? Il se trouve que le premier ministre Abbas El Fassi, aussi incompétent puisse-ton penser de lui, est issu d’une famille originaire de Salé et non de Fès. Avant M.El Fassi exerçait un certain M. Jettou, et avant M. Jettou exerçait un certain M. Filali, etc… Faisant de la xénophobie une composante de leur programme politique (ce qui s’avère dans les faits être une stratégie implacable pour attirer plus de foules), le comité révolutionnaire du 20 février ne discute en détail ni des réalisations ni des manquements du gouvernement actuel. Lorsque l’on sait que lors des dernières élections, seulement 30% de marocains ont daigné aller voter pour diverses raisons ; alors que partis politiques, societé civile et tout ce qui constituait le Maroc officiel urgeait tous les marocains à voter et à s’intégrer dans le champ politique, il y a lieu de se demander de l’utilité de créer un dangereux vide en dissolvant gouvernement et parlement afin de faire des élections anticipées alors que les prochaines élections sont dans un an. Après la publication des revendications du mouvement du 20 février, c’est un sentiment de gros « bof » qui laisse place au vu de la dialectique et du manque de substance. Ce qui subsiste c’est la perception d’un mouvement flou de (très) jeunes marocains qui essaient coûte que coûte de mimiquer ce qui s’est passé sous d’autres cieux en ignorant volontairement que le Maroc et les marocains ne vivent pas sous la même configuration et en faisant fi des avancées d’un pays qui manque de moyens mais qui néanmoins a une vision pour l’avenir, est stable et se démène pour aller de l’avant. Source : « Le post.fr » le 18-02-2011 Lien : http://www.lepost.fr/article/2011/02/18/2410535_pourquoi-la-revolution-ne-se-fera-pas-au-maroc.html
Polish priest killed by Tunisian extremists-media
A Polish priest was murdered in the Tunisian capital on Friday, state media cited the Interior Ministry as saying, the latest sign of rising religious tension since last month’s revolution. Mark Marios Rebaski was found dead at the School of Our Lady in Manouba where he worked, Tunisia Africa Press reported. His throat had been cut. « The Ministry of the Interior condemns this act and regrets the death. Based on results of the preliminary investigation, including the method of assassination, it believes a group of terrorist fascists with extremist tendencies was behind this crime, » it said. Protests against the authorities swelled into a popular revolt last month that created turmoil in Tunisia, forced President Zine al-Abidine Ben Ali to flee to Saudi Arabia and encouraged a similar revolution in Egypt. Ben Ali, who took power in predominantly Muslim Tunisia in 1987, had cracked down on the Islamist movement and political opponents and was seen by many as an oppressive ruler. Elections to replace him are expected by July or August. « These extremists are taking advantage of an exceptional situation to disturb national security and plunge our country into violence, » the ministry statement said. It did not say what form of extremism it suspected. (Reporting by Tarek Amara; writing by Richard Valdmanis; editing by Tim Pearce) Source: “Reuters” le 18-02-2011 Lien: http://af.reuters.com/article/tunisiaNews/idAFLDE71H25T20110218