Tourmagazine: Djerba : Karthago Airlines transportera les pèlerins de la Ghriba Le Temps : Rétrospective d’un drame La Presse : Drame du gala «Star Academy» à Sfax: La fête gâchée La Presse: Un mouvement de panique, puis le drame Yassin Temlali : «Je ne partirai pas», de l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brik A.T.F/F.T.C.R: Communiqué Tarek Ben Hiba: Pour qu’un autre monde soit encore possible il faut battre Sarkozy pas une voix ne doit manquer Chokri Hamrouni : Présidentielles 2007 : une finale à trois !
Djerba : Karthago Airlines transportera les pèlerins de la Ghriba
Pelerinage de la Ghriba à Djerba du 2 au 5 mai 2007
La compagnie Tunisienne Karthago Airlines a mobilisé quasiment toute sa flotte pour transporter les pèlerins de confessions juives, grâce à un véritable pont aérien dressé entre Paris Orly et l’île de Djerba en Tunisie, qui accueille comme chaque année le traditionnel pèlerinage de La Ghriba. Ce rite à la fois religieux et festif se déroule actuellement et jusqu’au 5 mai prochain.
Ils viendront des quatre coins du monde dont 2 000 pèlerins Israéliens accompagnés de la fameuse chorale d’enfants de Jérusalem, qui transiteront par Paris, car les autorités Israéliennes n’ont pas encore autorisé le transporteur Tunisien à effectuer des vols directs Tel Aviv – Djerba. « Pour un record d’affluence s’en est un » nous dira Pérez Trabelsi le président de la synagogue et de la communauté juive de Djerba. Car depuis les événements tragiques du 11 Avril 2002, et la tension dans les territoires palestiniens, les pèlerins étaient beaucoup moins nombreux qu’en 2 000 où on comptait alors 8 000 fidèles. Depuis, les temps ont changé et La Ghriba a retrouvé petit à petit son lustre d’antan. Ce site est un lieu important de pèlerinage où les fidèles de confessions juives viennent chaque année rendre hommage au grand maître talmudique Shimon Bar Yashai qui y vécu il y a 4 000 ans, mais aussi l’éminent rabbin kabbaliste Rabbi Meyer Baal Nich homme de miracles, à qui les juifs d’Afrique du nord attribuent l’un des commentaires du Zohar -le livre des splendeurs- l’un des grands ouvrages de la mystique juive. Le site de la synagogue La Ghriba qui date de 586 av. J-C et le sanctuaire contiendraient l’une des plus anciennes Torahs au monde, avec ses cylindres d’argent.
Dans un climat serein Il existe à Djerba 11 synagogues et prés de 1 000 juifs vivent dans ce qu’on appelle la “Hara“ qui veut dire petit village. Les habitants de l’île de Djerba de confession juive organisent tous les ans lors d’une hilloula (grande fête) une cérémonie dans laquelle les femmes viennent particulièrement prier pour leur fertilité et celle de leur descendants. Aujourd’hui, la communauté juive de Djerba vit en parfaite harmonie avec leurs concitoyens musulmans malgré un climat pesant suite aux séries d’attentas qui ont secoué la région notamment celles de Casablanca et d’Alger. D’ailleurs, les autorités Tunisiennes ont mis en place un important dispositif de sécurité pour permettre à tous ces fidèles de pratiquer leurs rites et traditions dans le respect de leur culte et en toute quiétude.
La population des juifs de Tunisie est évaluée actuellement à environ 3 000 qui résident principalement à Djerba et à Tunis. Ils constituent à Djerba l’une des plus anciennes colonies juives au monde ayant toujours vécu en symbiose avec les Tunisiens musulmans dont ils ont du reste la nationalité. « Quelque soit le nombre de pèlerins qui feront le déplacement, le pèlerinage de La Ghriba restera un symbole de paix, de tolérance et de dialogue » estime Pérez Trabelsi.
Les événements tragiques qui viennent d’endeuiller la ville de Sfax se sont soldés par un bilan très lourd : 07 morts et 32 blessés dont certains seraient dans un état critique. Le recoupement de témoignages permet d’imputer le drame à la mauvaise organisation. Selon des témoignages concordants, la fête avait commencé trop tôt et plus précisément vers le coup de 20 h 53 mn. A ce moment-là, le théâtre de plein-air de Sidi Mansour était déjà à la limite de sa capacité d’accueil, estimée à 9000 places, alors qu’une marée de gens, estimée à quelque sept mille personnes, dont bon nombre était en possession de leur billet,n’avait pu accéder à l’enceinte de l’espace. Pourtant, rien ne présageait une telle catastrophe. En effet, la fête débuta dans une ambiance de liesse. Le public était quasiment sous le charme, voire pris de délire lorsque le groupe des vedettes entonna « Jina Nghanni » avant de conquérir les cœurs avec la chanson :« Messinakoum y a Ahl Eddar ». La foule compacte allait par la suite vibrer au son d’une chanson d’Assala Nasri, interprétée par la jeune irakienne Chadha qui céda les micros au trio Maroua, Thina et Saly lesquelles interprétèrent une chanson empruntée au répertoire de Nancy « Y a tabtab » avant de céder la place à leur tour au duo Ahmed et Carlo qui n’eurent pas le temps de finir leur spectacle à cause des événements tragiques sus-mentionnés.
Il serait utile de préciser que le désordre et l’anarchie sont à l’origine de la tragédie avaient déjà commencé vers le coup de 21 h10 mn , lorsque le trio Maroua, Thina et Saly donnaient leur représentation, pour aboutir à ce qui allait être le comble de l’horreur.
En effet, pendant que la foule très dense estimée à plus de 9000 personnes suivait le spectacle, une marée humaine estimée à quelque 7000 ou 8000 personnes dont bon nombre était muni de son billet restait dehors faute de places. Déjà à bout de patience en raison du long bouchon et de la longue attente car l’entrée se faisait par une seule porte , pour canaliser le flot de spectateurs, le public, déjà dépité de ne pas être de la fête a vite fait d’enfoncer une deuxième porte pour se ruer en masse sur les gradins. La bousculade monstre qui s’ensuivit allait être fatale, provoquant à son tour une dégringolade massive. Les corps allaient se précipiter dans une confusion totale donnant lieu à un spectacle de cauchemar. La scène faite de corps piétinés baignant dans des mares de sang, de sacs et de chaussures éparpillés, de corps inertes était pour le moins insoutenable. « C’était l’épouvante au vrai sens du terme », racontent unanimes nos témoins. En dépit des efforts fournis par les sauveteurs dépêchés sur les lieux, 6 personnes dont 4 jeunes filles, une femme d’une trentaine d’années et un garçon d’une douzaine d’années sont décédées sur le coup, alors que deux autres allaient succomber à leurs blessures sur le chemin de l’hôpital. « Le garçon dont j’ai su plus tard qu’il fêtait ce soir-là son douzième anniversaire était défiguré, complètement méconnaissable. Il avait, paraît-il, les cervicales rompues car sa tête pendait lamentablement », précise une jeune fille qui avait frôlé la catastrophe : « J’ai eu une chance inouïe parce que j’avais été miraculeusement inspirée de me déplacer de sorte à éviter d’être sur la trajectoire du flot déversé par la porte enfoncée », ajoute-t-elle.
Aux dernières nouvelles, le nombre de personnes décédées s’élève à sept, et le nombre de blessés est de 31 dont 16 suivent encore des soins à l’hôpital alors que les 16 autres ont été autorisés à regagner leur domicile. Les personnes retenues au CHU Habib Bourguiba sont admises dans les services de réanimation de chirurgie générale et de chirurgie maxillo-faciale. D’autres blessés ont été acheminés vers des cliniques privées. Concernant les 16 personnes hospitalisées, M. Mustapha Harabi, directeur régional de la Santé Publique précise : « l’état de ces malades n’inspire aucune inquiétude à l’exception de trois patients dont une personne âgée, dont l’état sans être critique, nécessite une hospitalisation plus prolongée». Fortement secouées et encore sous le choc, les personnes présentes la nuit du drame pointent un doigt accusateur à l’organisation. Elles estiment que les dispositions prises n’étaient pas à la hauteur de l’événement. On déplorerait même certains accidents de la circulation qui seraient à l’origine de blessures plus ou moins graves. Certains témoins font également état de scènes déplorables de vols à la tire et d’autres actes immoraux tel le jet de canettes de bière. Mais ce qui est sûr, c’est que les accès au théâtre de plein-air demeurent insuffisants et gagneraient à être multipliés car tous les témoins s’accordent à dire que l’encombrement et les embouteillages suite aux événements tragiques ont contribué à aggraver la situation qui était déjà complexe.
La visite, sur instruction du Président de la République, respectivement, des ministres de l’Intérieur et du Développement Local et de la Santé Publique a été appréciée à sa juste valeur par les citoyens, sachant qu’une enquête a été ordonnée pour jeter toute la lumière sur les causes du drame. Taieb LAJILI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 2 mai 2007)
Drame du gala «Star Academy» à Sfax
La fête gâchée
• 7 victimes dans la bousculade et 32 blessés
La Presse — Les fans de la Star Academy — et ils étaient par milliers qui avaient pris d’assaut, lundi soir, les travées du théâtre de plein air de Sidi Mansour, à Sfax — ne pouvaient prévoir ce qui les attendait dès l’entame du spectacle.
L’ambiance était, en effet, des plus joviales et les stars, celles qu’elles avaient appris à aimer voire à aduler depuis des mois, à travers les retransmissions en direct de leurs galas, étaient là sur scène, en chair et en os, avec en prime un temps idéal pour un spectacle en plein air. Ça sonnait bien le printemps pour tous ces jeunes, âgés de 12 à 30 ans, avides de défoulement et de communion, d’autant que dès l’entame de la soirée, la chanson bien appréciée : Jina N’ghanni, suivie de celle : Messaynakoum ya Ahl Eddar ont électrisé l’ambiance.
Toutes deux ont été reprises en chœur par toute l’assistance en délire.
Puis, la star irakienne, Ghada a interprété la chanson à succès d’Assala Nasri Akhtar min elli ana nehlem bik, suivie aussitôt du trio Maroua, Thyna et Saly qui a, à son tour, charmé l’assistance par la non moins chanson en vogue de Nancy Ajram Ya tab tab…
Ce fut dès lors le déclenchement des bousculades. Le public — billets en main, mais qui n’avait pas pu avoir accès au théâtre — a forcé l’une des portes, restée étrangement fermée, et a pris d’assaut les entrées, avec l’espoir de goûter aussi aux délices du spectacle. La confusion qui s’ensuivit fut fatale pour certains parmi les présents. Le service d’ordre, dépassé par la violence de l’irruption des contestataires ne put qu’assister impuissant aux événements dramatiques qui gâchèrent la fête.
Des corps de jeunes de 12, 16, 19 ans ont été trouvés ensuite à même le sol, gisant dans leur sang, les visages défigurés… Parmi les victimes au nombre de sept, on relève la défunte, Nadia Ben Salah, une étudiante en première année, Saloua Jarraya, étudiante aussi en 2e année supérieure. Le jeune Saddoud, âgé de 12 ans, a connu le même sort, lui qui avait reçu pour cadeau ce jour là, qui coïncidait avec son anniversaire, un billet d’accès au spectacle. Quelle tristesse ?
La jeune Maroua, âgée de 16 ans, n’a point été épargnée par le drame, elle qui avait perdu il y a quelques mois son père. Sa mère était inconsolable en apprenant la pénible nouvelle. Sfax, plongée lundi soir dans la tragédie, a vécu dans la tourmente des heures durant que seule la sollicitude du Chef de l’Etat a atténuée. Les visites, que les deux ministres de l’Intérieur et du Développement local et de la Santé publique ont rendues sur instructions du Président Ben Ali, au chevet des blessés, et ils sont au nombre de 32 selon le directeur régional de la santé, Mustapha Harrabi, ainsi qu’aux familles des victimes, ont apporté du baume au cœur de tous ceux que le mauvais sort n’a pas épargné en cette nuit, censée être celle de la communion. Le message transmis par le Chef l’Etat a été en effet apprécié à sa juste valeur, d’autant plus que la diligence des services de secours a été bien au niveau des attentes.
Rachid AYADI (Source : « La Presse » (Quotidien – Tunis), le 2 mai 2007)
Dans les couloirs des urgences de l’hôpital de Sfax, des témoins racontent
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Un mouvement de panique, puis le drame
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• Des membres des familles des victimes, des amis et autres témoins racontent le drame
• Bilan : 7 morts et 32 blessés dont 3 grièvement
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La Presse — La fête de la Star’ac 4 s’est transformée, lundi soir, en une tragédie pour de nombreuses familles sfaxiennes. Le bilan est lourd : 7 morts (6 filles et un garçon) et 32 blessés dont 3 dans un état grave.
Le gala commence vers 20h45. Une porte du théâtre de plein air de Sidi Mansour est encore ouverte et de jeunes spectateurs retardataires continuent à arriver à 21h00. Et jusque-là tout va bien. Les jeunes stars défilent l’une après l’autre. Les spectateurs en délire crient, sautillent et dansent. Soudain, une bousculade a, alors,eu lieu parmi le flux des jeunes spectateurs sur les gradins du côté droit du théâtre qui, selon des témoins présents, est surchargé. Les spectateurs qui occupent les places d’en haut chutent sur les autres en bas qui se mettent à fuir. La panique est générale et indescriptible. Et c’est le drame…
Fatma Dahmen, 17 ans, a assisté au gala avec sa cousine Rania et des amies. Heureusement pour elles, elles se trouvaient dans les places au milieu du théâtre: «Le nombre de spectateurs était, franchement et à vue d’œil, supérieur à la capacité d’accueil du théâtre. J’ai assisté au gala de l’année dernière, mais cette fois-ci c’est différent. Dans chaque espace, devant être normalement occupé par une seule personne, on en trouvait deux. Les choses sont allées trop vite, une grande agitation, des bousculades, des chutes et des cris de détresse provenant de ce fameux côté droit. Une catastrophe dont on ne revient pas».
Maha Chelli, une adolescente de 14 ans, a indiqué:«Il y avait trop de monde dans les gradins. On se bouscule et on crie. Une grande bousculade a eu lieu. Les agents de la Protection civile arrivent, dans les 15 minutes ayant suivi le drame, pour secourir les spectateurs. Et ce n’est que vers 22h00 qu’on annonce l’annulation du gala».
Refka Mellouli, 25 ans, pleure son amie intime Nada, âgée de 21 ans et étudiante à l’IHEC. Nada est l’une des victimes décédées lors de la bousculade au théâtre de Sidi Mansour.«J’ai appris la terrible nouvelle de la mort de mon amie Nada ce matin. Je n’arrive pas encore à réaliser ce qui s’est passé. C’est horrible. J’ai essayé de téléphoner à sa mère et son père. Je n’arrive pas à les joindre», précise Refka.
Dans un couloir des urgences, Dalel Chaâri, 17 ans,est installée sur une banquette. «Suite à cette bousculade, j’ai une jambe fracturée. On se précipitait dans tous les sens. C’était la grande panique, l’essentiel pour nous était de fuir la grande catastrophe qu’on voyait se profiler à l’horizon. J’ai fait, alors, une chute en plein milieu d’une foule hystérique. Et au vu de ce qui s’est passé, je m’estime chanceuse de m’en être sortie à si bon compte».
Son frère, qui s’occupe d’elle, précise à son tour : «Cette tragédie est, à mon avis, le résultat du manque d’organisation et du grand désordre régnant sur les lieux. Si on y ajoute le nombre très élevé de spectateurs dépassant la capacité du théâtre, le risque d’une pareille catastrophe n’était pas à écarter. Il faudra en tirer les enseignements qu’il faut…».
Samira HAMROUNI
(Source : « La Presse » (Quotidien – Tunis), le 2 mai 2007)
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Premiers vols directs Tunisair entre Tunis et Dubaï à partir de mercredi
AFP, mardi 1 mai 2007 TUNIS – Les premiers vols directs Tunis-Dubaï seront effectués mercredi par la compagnie nationale Tunisair, a annoncé mardi l’agence officielle Tunis Afrique Presse (TAP). Tunisair, qui assurera quatre vols quotidiens directs au départ de l’aéroport international Tunis-Carthage, est le seul transporteur assurant des vols directs (aller-retour) avec la capitale émiratie. La compagnie mettra en oeuvre à cet effet un nouvel Airbus A-319 réservé aux vols long courrier, faisant ainsi gagner à ses passagers deux heures de vol, en plus d’une heure d’escale à Beyrouth.
Un guide iconoclaste du «vrai Tunis»
«Je ne partirai pas», de l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brik
Yassin Temlali «Je ne partirai pas!» Taoufik Ben Brik lance, dans son dernier ouvrage paru récemment à Alger, un énième défi au régime tunisien. Depuis sa grève de la faim en 2000 contre l’arbitraire policier, une main discrète le pousse fermement vers les portes de l’exil. Mais à «ces villes hostiles, à ces pierres tombales» que sont Paris ou Le Caire, il préfère Tunis, son Tunis particulier. Et bien qu’il s’y sente «comme un parrain dans une prison sicilienne», il n’a aucune envie de s’expatrier. «Je ne partirai pas » n’est pas pour autant un pamphlet. C’est un guide touristique iconoclaste. Tunis s’y écrit par bribes, en de courts chapitres qui sont autant de scènes de la vie quotidienne et de rêves éveillés que suscitent les noms des rues, des restaurants, des tripots et des mets. La vieille ville cesse d’être une carte postale. Elle fleure certes le jasmin mais elle empeste aussi les «intestins de mouton», ce plat traditionnel, exquis et malodorant, qu’on déguste une pince à linge sur les narines en guise de masque à gaz. Dans le beau Sidi Bou Said, on boit du mauvais Mornag et, dans les vapeurs de l’alcool, on lit des romans décadents et on blasphème. Les nouveaux quartiers pauvres, sur les murs desquels on s’étonnerait de ne pas voir affichées des consignes de sécurité, ont leur vie secrète. Il suffit pour sentir leur poésie déliquescente de les arpenter avec l’audace forcée du journaliste. Leurs légendes, nées du néant de l’anarchie urbaine, n’en semblent pas moins aussi anciennes que les légendes de Carthage. Taoufik Ben Brik s’attelle ainsi à déceler le leurre dans la vérité et la vérité dans le leurre. Le journaliste en lui s’est fait le guide de l’écrivain. Il le promène, l’œil fureteur dans les dédales de l’opulence ou de la misère. Il donne à ses envolées poétiques, enthousiastes ou désespérées, l’éclat de la réalité nue : celle des magasins de l’avenue Bourguiba, symbole grossier de l’aliénation marchande des classes moyennes, ou des flaques d’eau noire de Hay El Akrad qui, «sans les cris des enfants, serait un parfait goulag». Et lorsque le journaliste se fait discret, l’écrivain reprend la liberté de son imaginaire. Tunis devient alors un écho littéraire d’autres villes impossibles, Istanbul, Lima ou Kiev, et Taoufik Ben Brik un conteur nourri de la sève de Nazim Hikmet et de Mario Vargas Llosa. Toutes les capitales du monde ont leurs magnifiques mirages. On les aime toutes autant qu’on les méprise. «Tunis carbure à l’optipessimissme» Dans la description que fait l’auteur de Tunis, de ses cafés, de ses rues, de ses banlieues cossues ou paumées, se glisse une poignante nostalgie. Non pas celle des temps immémoriaux où l’aristocratie citadine cultivait l’art du raffinement culinaire, mais celle d’un temps plus prosaïque, le temps des zerdas insouciantes, lorsqu’«il fallait plus de cent ans pour épuiser un siècle». «La dernière fiesta à Tunis fut un enterrement. Le jour qui se leva sur les invités du Palais de Carthage n’éclaira que des visages de cire.» Ce jour-là fut un 7 novembre 1987, lorsque Zine El Abidine Ben Ali a pris le pouvoir et entrepris de «mutiler l’organe le plus précieux des Tunisois, la langue». Depuis, «plus de cris ni de chuchotements, juste des grognements de muets». La dictature a éclipsé la Dolce Vita d’antan. Elle a aussi éclipsé les lettres et les arts. Ils ne sont plus qu’un souvenir d’artistes oubliés, alcooliques, comme Salah Khmissi, dont on ne célèbre plus la mémoire que dans les toilettes d’un bar, par un graffiti anonyme. Aujourd’hui, malgré le discours laïciste officiel, «les moquées dévorent les bars». La peur de la police envahit les esprits, car «quand on frappe à votre porte à 6 heures du matin, on sait que ce n’est pas le laitier». Mais il ne faut pas se fier aux apparences, prévient Taoufik Ben Brik: «Il suffirait d’un rien pour que l’aimable paysage de la place de la Monnaie devienne un enclos exaspéré où gronde la foule». Cet état d’esprit intermédiaire entre le sommeil et la veille, entre la révolte et la résignation est ce que l’auteur appelle l’«optipessimisme». Il est lui-même un optipessimiste. Il vit à El Manar, banlieue aseptisée, où l’on passe ses journées à tondre le gazon et à parler de voitures. Il s’y meurt d’angoisse et d’ennui mais, comme chaque Tunisois, «il garde mille colères disponibles dans son ventre» et elles l’aident à survivre. (Source : « Babelmed », portail culturel – France), le 27 avril 2007)
A.T.F/ Association des Tunisiens en France
F.T.C.R / Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives
COMMUNIQUE
Le premier tour des élections présidentielles a connu une participation record, signe s’il en faut, que nos concitoyens, ont compris que ces élections, engageront l’avenir de la France. Toutes les Françaises et tous les Français dont les enfants issus de l’immigration ont compris que pour une fois, un véritable choix est à faire entre deux projets et deux approches de la société française et de son devenir.
Dès leur création, nos associations se sont engagées dans les combats pour la citoyenneté, l’égalité des droits et ont fait de la lutte contre le racisme, l’islamo phobie et l’antisémitisme, un des axes fondamentaux de leurs engagements.
Collectivement et/ou individuellement, elles ont participé aux différentes campagnes menées par le mouvement associatif immigré et démocratique pour l’inscription des citoyennes et des citoyens des quartiers et des banlieues sur les listes électorales.
Dans le cadre des ASIIM, elles ont interpellé les candidats du premier tour et demandé des engagements sur des questions fondamentales et majeures pour la citoyenneté.
C’est dans cette même logique qu’à la veille du second tour des élections présidentielles, nos deux fédérations appellent tous (tes) les enfants de la République à se mobiliser et exercer leur droit de vote massivement, le 6 mai 2007.
Nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens à :
– Exprimer leur choix pour changer la France et l’Europe,
– Voter pour la démocratie, les libertés, l’égalité des droits, de tous les droits, contre le pillage des pays en voie de développement et pour la paix en Europe et dans le monde.
– S’engager pour changer par les voies démocratiques le rapport des forces sociales et politiques et pour imposer l’égalité des droits entre toutes les citoyennes et tous les citoyens français et immigrés.
Parce que la liberté du vote est fondatrice de la liberté des peuples et que des milliers de femmes et d’hommes meurent chaque année pour la conquérir, nous appelons les citoyens à user de ce droit précieux héritage de la révoltions de 1789.
Ne laissons pas la France, berceau des droits de l’homme et du citoyen, sombrer dans la haine raciale, l’eugénisme et le communautarisme.
Donnons à la France de l’espoir et la possibilité de vivre sa multi culturalité. Elle est riche par sa diversité et ses valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité.
A l’aube du XXI siècle, les Françaises et les Français, quelles que soient leurs origines culturelles, aspirent à la paix en Europe et dans le monde, au progrès, à la prospérité et au bien être.
Alors votons en conformité avec nos attentes et votons massivement. Chaque voix comptera.
Paris le 2 mai 2007
POUR QU’UN AUTRE MONDE SOIT ENCORE POSSIBLE IL FAUT BATTRE SARKOZY PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
Le projet de société que porte Sarkozy est contraire à nos valeurs communes.
Il est ultralibéral car il veut renforcer la mainmise des puissants au détriment de plus pauvres. Il stigmatise une partie importante de la population, celle issue des anciennes colonies en raillant ses origines, moquant ses coutumes et insultant ses enfants. Il prône et exalte l’individualisme au détriment de la solidarité véritable ciment de notre pays. Il se met au service des politiques guerrières de Bush et sa volonté de dominer et mâter les peuples qui lui résistent.
J’appelle tous les citoyens –es à barrer la route à Sarkosy et à son funeste projet, pour cela pas une voix ne doit manquer à Ségolène Royal Massy, le 2 mai 2007 Tarek BEN HIBA
Conseiller Régional Alternative Citoyenne Ile-de-France
Présidentielles 2007 : une finale à trois !
par Chokri Hamrouni dimanche 29 avril 2007 Ce n’était pas le cas d’une majorité de Français qui ont choisi de passer outre les formalités d’un premier tour jugé « inutile » à leurs yeux pour se projeter directement dans le deuxième tour et voter vraiment « très utile » pour éviter ainsi d’être priés à revenir corriger le tir comme ils le furent au lendemain d’un certain 21 avril 2002.
Après l’indécision des électeurs, qui semble-t-il ont retrouvé des certitudes en même temps qu’une certaine cohérence qui leur faisaient cruellement défaut, place maintenant à l’indécision des candidats au sacre final qui ne savent plus sur quel pied danser et se voient obliger de faire le grand écart afin de conquérir des voix clairsemées un peu partout.
Bayrou jusqu’au bout
Alors que d’aucuns semblent se réjouir du retour de l’éternel combat Droite/ Gauche mettant en concurrence deux types de projets de société diamétralement opposés, la bonne performance de France Bayrou fort de près de 7 millions d’électeurs, empêche ce clivage de s’afficher ostentatoirement dans le discours politique des deux prétendants au titre et les oblige par conséquent à revoir leurs plans de campagne du deuxième tour pour composer avec un Centre qui propose aux Français une finale inédite à trois. D’autant plus que Nicolas Sarkozy comme Ségolène Royal ont fait le plein de leur réservoir de voix chez les extrêmes de leur camps respectifs à la suite d’un premier tour qui s’est apparenté finalement à des primaires au sein des deux grandes familles idéologiques laminant les « petits candidats » et protégeant « les grands candidats » contre tout effet nuisible pouvant menacer leur « destin national ».
Vaincu, François Bayrou continue pour autant d’occuper les débats et faire l’objet de toutes sortes de convoitises. Il devra vendre la défaite électorale la plus chère. Ses électeurs peuvent décider de l’issue des élections présidentielles et législatives à la fois. Les enjeux sont tellement importants que les concessions pourraient être tellement énormes. Gauche ou Droite, le vainqueur sinon se ralliera avec le Centre, du moins il s’en approchera. Les idées centristes tant moquées au premier tour (pour le flou qu’elles entretiennent) sont en passe de triompher de toutes les autres en traversant les frontières partisanes.
A défaut de prendre le pouvoir, François Bayrou en aurait balisé le terrain pour les échéances à venir.
Sarkozy Président du premier tour…
Le rapport de forces Droite/Gauche est l’autre contre vérité de certains analystes pressés de donner une dimension démesurée à la victoire de Nicolas Sarkozy. Car en totalisant les voix de la droite républicaine et celles de la droite nationale à l’occasion des trois derniers scrutins présidentiels, on observe au contraire une certaine compression de l’électorat de Droite (en 1995, Chirac, Balladur, De Villiers, Le Pen : 59,16% ; en 2002, Chirac, Madelin, Mme Boutin, Le Pen, Mégret, Saint Josse : 48,41% ; en 2007, Sarkozy, Le Pen, De Villiers, Nihous : 45,05).
En réalité, Nicolas Sarkozy a remporté haut et fort les élections à Droite. Cette dernière, étant toujours majoritaire, le propulse devant tous les autres concurrents ne bénéficiant pas de la même assise électorale.
Cette victoire a été rendue possible grâce à deux performances à mettre au crédit de l’ex ministre de l’intérieur.
Tout d’abord, avoir su imposer (en persuadant toutes les autres) une candidature unique au sein de la droite républicaine (rompant avec les travers d’une certaine Droite « la plus bête du monde ».)
Ensuite, d’être parvenu à séduire une partie de l’électorat frontiste en reprenant pour son compte certaines thématiques chères à Jean-Marie Le Pen qui enregistre à l’occasion son score le plus bas depuis 1988.
Nicolas Sarkozy savait que son élection pour la présidence de la république passait inéluctablement par une victoire écrasante à droite. Il fallait décomplexer puis discipliner son électorat pour se lancer dans un combat dont il sait mieux que d’autres que les victoires comme les défaites se dessinent d’abord dans les propres camps d’appartenance.
Le premier tour vient de le consacrer Président de la Droite. Maintenant, il va falloir chercher des voix ailleurs et apparaître comme le Président de tous les Français, exercice dans lequel il a du mal à briller.
Eliminer des adversaires, cloisonner les communautés et les catégories sociales, mettre en exergue les différences (ceux qui se lèvent tôt et les autres, ceux qui aiment la France et les autres, ceux qui sont « génétiquement méchants » et les autres, etc.), …Nicolas Sarkozy sait le faire et c’est pour cela qu’il a triomphé au premier tour où il s’agit de « choisir un candidat, un programme » comme le veut la formule consacrée.
Le second tour, c’est une autre histoire ! Bon gré mal gré, Nicolas Sarkozy doit polir doublement son discours. Tout d’abord à l’adresse de François Bayrou et les sept millions de Français qui ont voté pour lui. Il ne peut plus l’accuser de « voyeurisme politique » tout simplement parce qu’il est obligé de faire comme lui et rompre avec « les préférences idéologiques et partisanes ». Ensuite, à l’égard de Ségolène Royal, qu’il ne peut plus accuser d’incompétence et encore moins la ringardiser au risque de confirmer son image d’inélégant et d’anxiogène auprès de l’opinion.
Paradoxalement, c’est le vainqueur qui doit changer de stratégie et aller jouer sur le terrain des autres.
Mais précisément en se distinguant un peu trop de ces « autres », en serrant trop à droite, en voulant trop assurer au premier tour, le candidat de l’UMP n’a-t-il pas hypothéqué ses chances pour le deuxième tour là où il faut rassembler et faire abstraction des appartenances et des clivages ? Le TSS (Tout Sauf Sarkozy), qui risque de peser lourd au deuxième tour, ne se nourrit-il pas tout autant du « Moi et les autres » que le champion de la droite avait cultivé durant des années ? Ne risque-t-il pas de se contenter amèrement du seul titre honorifique de « Président du premier tour » ?
Ségolène royal : une défaite avec sursis
Nicolas Sarkozy a pris de l’avance certes, mais dispose de peu de marge. Ségolène Royal, elle, a pris du retard mais bénéficie d’un spectre plus large de possibilités politiques que son adversaire. Encore faut-il qu’elle sache saisir cette nouvelle chance que viennent de lui donner les Français. Car après une campagne de premier tour à demi teinte où elle est apparue indécise, coincée entre son désir de changement et sa crainte des résistances sociales, entre sa soif de liberté et d’autonomie et les attaches idéologiques et partisanes…subissant tantôt le rythme imposé par le candidat de la droite ce qui l’avait conduit à s’aventurer très loin sur le terrain de l’extrême droite, et tantôt l’indiscipline de ses « camarades » donnant l’impression de désordre dans la maison socialiste.
Ségolène royal sait qu’elle a obtenu une défaite avec sursis et que celle-ci peut s’aggraver si le verdict populaire juge encore une fois décevante sa campagne du deuxième tour. La candidate socialiste doit apparaître plus naturelle, plus spontanée et décontractée…Elle doit parler à tous les Français comme elle a su le faire pendant les primaires… Elle doit se libérer à la fois de ses incertitudes et de ses certitudes (le socialisme primaire), de ses défauts et de ses qualités (comme par exemple éviter de transformer la démocratie participative en démocratie démonstrative), de ses éléphants et de ses poulains…Elle doit se libérer pour libérer le vote de ceux qui doutent encore de ses capacités.
Il faut pour cela qu’elle fasse une autre campagne qui rompt avec les approximations du premier tour. Son adversaire a intérêt à gérer son avance et faire durer le statu quo jusqu’au 6 mai. Pour emprunter une métaphore footballistique, c’est comme une équipe qui mène au score en première mi-temps et qui veut conserver cet avantage : elle ne prend pas de risque, elle veut assurer, elle oublie qu’un match se joue en quatre-vingt-dix minutes, elle subit les assauts de son adversaire et peut craquer à n’importe quel moment.
C’est à Ségolène Royal l’outsider de bousculer Nicolas Sarkozy le favori, de le pousser à la faute, de mener le jeu, de prendre l’initiative et d’imposer son rythme et ses thématiques. Nicolas Sarkozy en a épuisé les siennes, valables seulement pour un tour.
Etant plus à l’aise que lui lorsqu’il s’agit de rassembler et de parler à tous les Français, elle doit l’entraîner sur ce terrain qu’il appréhende. Une manière de lui « banlieusardiser » d’autres espaces de débat (justice sociale, éducation, solidarité, fraternité, égalité, prévention…) où il pourrait difficilement se rendre. Mme Royal en tirera ainsi une double gratification : conquérir des centristes (objet de toutes les convoitises) réceptifs et sensibles à ce type de discours et séduire une autre partie de l’électorat en prenant l’ascendant sur son concurrent.
Dans l’électorat que la socialiste doit conquérir, quelque soit le candidat pour qui on a voté, il y a une vraie volonté de changement. De l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par le centre, le vote protestataire et l’envie de passer à autre chose sont légion. Ségolène n’a pas à faire le grand écart pour recoller toutes ces Frances, il suffit que les Français voient en elle un réel espoir de renouveau, une nouvelle France qui préfère le vivre ensemble à l’affrontement.
Les socialistes sont face à un tournant de leur histoire. Une défaite et ils retombent dans leur travers. Seuls, ils ne peuvent pas gagner. Ils doivent faire leur mue culturelle et accepter l’ouverture au centre car ils ne pourront jamais digérer leur extrême. Sans quoi, la défaite les obligera à une refonte douloureuse et une longue traversée du désert.
Entre un candidat qui n’est pas sûr de gagner et une candidate qui n’a pas encore perdu. La France reste suspendue au sort que lui réservent ces élections. Par leur vote qui risque d’être encore une fois massif, les citoyens, maîtres de leur propre destin, devront célébrer encore une fois la victoire de la démocratie. Une belle leçon de civisme !
Chokri Hamrouni (Source : « oumma.com », – France), le 29 avril 2007)