17 novembre 2009

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TUNISNEWS

 

9 ème année, N° 3465 du 17.11.2009

 archives : www.tunisnews.net  


LTDH Section de Tozeur-Nefta: Un véhicule de la Sûreté sort de la chaussée et entraîne la mort du jeune Ghassen Dhouibi (22 ans) suite à une hémorragie interne Création d’un comité international pour la libération de Taoufik Ben Brik ANHRI/IFEX: Interior Ministry interferes with distribution of opposition newspapers AFP: Corruption: Classement mondial 2009 établi par Transparency International El País: Le président Ben Ali s’éternise à la tête du pays par le recours a l’arsenal du pouvoir absolu Taoufik Ben Brik: Le Poète et le Tyran Libération: Paris se réveille sur l’affaire Ben Brik TunisiaWatch: France : Label « Pays amis de la France » pour protéger des critiques des pays comme la Tunisie Mizaanoun: Le pouvoir au Maghreb entre les mains des clans familiaux Sarah Ben Hamadi: Caroline Fourest, maintenant tu peux disposer


Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme Section de Tozeur-Nefta  

Un véhicule de la Sûreté sort de la chaussée et entraîne la mort du jeune Ghassen Dhouibi (22 ans) suite à une hémorragie interne

Tozeur, le 15 novembre 2009   Le militant Adnane Hajji a effectué lundi 9 novembre 2009 une visite à caractère familial dans la ville de Nefta où il a aussi rencontré les membres de la section de la Ligue de Tozeur Nefta, et leur a exprimé sa gratitude pour leur position courageuse et leur suivi de terrain des événements du bassin minier. Il a été suivi dans tous ses déplacements par des agents de la Sûreté à bord de leur véhicule administratif, ce qui est à l’origine d’un accident de la circulation : la voiture de la Sûreté est sortie de la chausse et a heurté un palmier sur le bord de la route, causant au jeune Ghassen Dhouibi, âgé de 22 ans un hémorragie interne ayant entraîné son hospitalisation le jour suivant à Sfax où il a décédé le matin du jeudi 12 novembre 2009.  […] Pour le Comité de section LePrésident Choukri Dhouibi (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Création d’un comité international

pour la libération de Taoufik Ben Brik

 

Rares sont les citoyens de par le monde qui n’avaient pas entendu parler de l’écrivain et journaliste tunisien Taoufik Ben Brik lors de sa mémorable grève de la faim en l’an 2000. Depuis, le pouvoir du général Ben Ali n’a jamais abandonné l’idée de se venger un jour de ce révolté né. L’occasion lui en a été offerte par les élections du 25 octobre dernier, que Taoufik, en vraie mouche de coche, a perturbées par des écrits aussi assassins que réalistes et désabusés sur les réalités d’un pays vécues comme un gâchis.

 

Élu avec près de 90 % des voix pour un nouveau mandat de cinq ans, le militaire a immédiatement mis ses menaces à exécution. La persécution des opposants, notamment les journalistes, s’est considérablement intensifiée, aboutissant à l’emprisonnement de Taoufik Ben Brik le 29 octobre. Son procès a été fixé au 19 novembre.

 

C’est là une situation intolérable faite à l’une des figures de proue de la société civile tunisienne.

 

En tant que citoyens amis du peuple tunisien, nous nous proposons donc d’agir avec le monde associatif, avec les autorités des pays de bonne volonté et avec toutes les personnalités intéressées afin de convaincre le chef de l’État tunisien de la nécessité impérieuse de relâcher l’écrivain et journaliste qui fait honneur à la Tunisie.

 

Pour ce faire, nous constituons, ce 17 novembre 2009, le Comité international pour la libération de Taoufik Ben Brik, qui sera dissous automatiquement lorsque celui-ci aura été libéré et rétabli dans tous ses droits.

 

 

Signataires :

 

* Gilles Perrault, écrivain. (Contact au 02 33 71 58 13)

* Ariane Mnouchkine, comédienne.

* François Gèze, éditeur.

* Jean-François Juillard, militant associatif (RSF-Paris)

* Noël Mamère, député.

* Éric Sottas, militant associatif. (OMCT-Genève)

* Hélène Cixous, écrivain.

* Hélène Flautre, députée européenne.

 

 


 Interior Ministry interferes with distribution of opposition newspapers

 

Incident details

Harassment

Al Mawqef, Newspaper Al Tariq Al Jadid, Newspaper Moatenun, Newspaper  
(ANHRI/IFEX) – The Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI) condemns the rising incidence of freedom of expression violations. The violations which have been taking place show no sign of ending soon. The latest of these abuses was an order issued by the Tunisian Ministry of the Interior. The minister ordered the printing presses responsible for printing opposition newspapers to hand over all issues of these publications to the Tunisian Company for Distribution. Accordingly, the boards of the « Al Mawqef », « Al Tariq Al Jadid » and « Moatenun » newspapers decided not to publish their newspapers for a week in a joint stance calling for the government to retreat from its new illegal measures. The editors of the three newspapers issued a joint statement in which they said that « the government suppresses opposition newspapers to force them to close down. » The press, journalists and bloggers in Tunisia are facing unprecedented limitations. This latest measure deprives the opposition parties of receiving issues of their own newspapers. This is a barefaced interference by the authorities in the business relationships between printing houses and newspapers, one that can only be interpreted as an attempt to suppress press freedom, to prevent the fair distribution of newspapers and to interrupt the opposition press in order to financially choke it. Gamal Eid, ANHRI’s executive director, said, « This new procedure is a new move in the government’s campaign against all dissenting or opposing voices. The government is working to choke the voice of opposition parties. » ANHRI called on the Tunisian government to stop all repressive practices against freedom of opinion and expression.

Source

Arabic Network for Human Rights Information 19-26 July St., Downtown, 4th Floor, Flat 55 Cairo Egypt info (@) anhri.net Phone: +20 227 736177 Fax: +20 227 736177


 

On nous demande de « rectifier nos propos »…

Un ami de TUNISNEWS n’est pas d’accord avec « Ce cri du cœur » que nous avons publié dans notre livraison du 16 novembre 2009 sous forme d’un commentaire (*) lapidaire « en marge d’une dépêche de l’agence AFP sur les excuses de la Nation australienne » à ses enfants.

 

En fait, M. Abdelwahab Al Hani affirme que ce commentaire « me semble comporter une grave appréciation erronée et risque de vouloir dire que nous étions mieux sous l’occupation française » et il ajoute « Jamais aucune situation nationale, aussi catastrophique qu’elle ait pu être pour la patrie, ne peut être comparée à l’asservissement de notre pays et de notre peuple sous le joug colonial ».

 

Il ajoute  que « dire « depuis un certain mars 1956″ veut dire pour lui que « c’était mieux avant, depuis un certain 3/4 de siècle sous occupation, ce qui est une aberration inacceptable et une insulte à notre peuple qui a arraché son Indépendance dans le sang, les sacrifices et la douleur ».

 

Et il conclut « Notre refus de l’arbitraire et de l’injustice ne doit pas nous faire perdre raison. Le sens de la mesure est la condition première d’une action digne. Prière de rectifier cet appel ».

 

(*) Commentaire de TUNISNEWS : Et notre cher « ETAT » tunisien, quand est ce qu’il va demander pardon aux dizaines de milliers des enfants de ce pays qui ont été violés, persécutés, torturés, discriminés, oubliés, maltraités, stigmatisés, humiliés, …. depuis un certain 20 mars 1956??? QUAND?

Réponse de la rédaction

Cher ami

1-       Nous n’avons jamais dit ou insinué « que c’était mieux avant », et nous ne sommes ni myopes, ni inconscients, ni irresponsables, ni « vendus à quiconque» pour faire une comparaison pareille entre le colonisateur et le concitoyen.

2-       Notre commentaire signifie tout simplement que  l’ETAT tunisien est Responsable de TOUTES les exactions, de TOUS les malheurs, les torts, les injustices, les douleurs infligées et subis par les dizaines de milliers de militantEs et citoyenNEs tunisienNEs de tous bords, c’est à dire par la crème de l’ELITE de la société tunisienne et ce tout au long des dernières 53 années.. depuis « Sabbat EL DHlam » jusqu’à ce jour et au delà…

3-       En ce qui concerne les terribles crimes de génocide et contre l’humanité et autres assassinats, pillage, tortures, spoliations, et c etc.. commises par les colonisateurs français et leurs collabos sur tout le territoire de la Régence de Tunis de 1881 au 15 octobre 1963, il faudrait bien que les vrais patriotes s’attellent à préparer des dossiers bétons et les présenter ensuite aux instances internationales compétentes , au conseil des doits de l’ONU, à la cour pénale internationale à La Haye… mais il faudrait avant réaliser la 2éme indépendance de notre chère patrie. Et ça c’est une autre affaire.. 

Merci pour votre compréhension

L’équipe de TUNISNEWS

17 novembre 2009


 Invitation

 

M.  Jacques  BOUTAULT

Maire du 2ème arrondissement de Paris

M. Kamel Jendoubi

Président du Comité pour le Respect et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT

M. Mouhieddine CHERBIB

Président de la Fédération pour une Citoyenneté des deux Rives – FTCR

Ont le plaisir de vous inviter à participer à la soirée pour la liberté de la presse en Tunisie, en soutien aux journalistes tunisiens, notamment aux journalistes emprisonnés Taoufik Ben Brik et Zouheir Makhlouf, (dont les procès respectifs auront lieu les 19 et 24 Novembre) face à la forte répression dont ils font l’objet et la dégradation de la situation aux lendemain des élections présidentielles et législatives en Tunisie. 

Soirée Animée par Daniel Mermet 

Avec la participation de :  

Alima Boumediene( Sénatrice – Les Verts) – Aline Paillé (Journaliste – France Culture), Arnaud viviant (Journaliste –  Les Inrockuptibles), Aurélie Trouvé (Présidente d’Attac), Bernard Dréano (Ceditim), Bernard Ravenel (Politologue), Cécile Duflot (Secrétaire Nationale des Verts), Daniel Mermet ( Journaliste – France Inter),  Florence Aubenas(Journaliste – Nouvel  Observateur), Francine Bavay (Vice Présidente du Conseil Régional Ile de France -Les Vert), François Gèze (Editeur), Guy Sitbon (Journaliste), Hassen Zarrouki (Journaliste – Humanité), Haythem Mannaa (Commission Arabe des Droits de l’Homme), Jean Claude Guillebeaud ( Ecrivain – Essayiste), Jean François –Julliard (Reporters Sans Frontières), José Bové (Député Européen), Khémaies Chammari (Consultant en droits de l’Homme), Moncef Marzouki (Président du CPR) , Mouloud Aounit (Président du MRAP), Nahla Chahal (Journaliste – Universitaire), Nicole Borvo (Sénatrice – PCF),  Pierre Baron (NPA), Pierre Laurent (PCF), Pouria Amir Shahi (Secrétaire National des Droits de l’Homme – Parti Socialiste), Souheyr Belhassen (Présidente de la FIDH), Tahar Ben Hassine (Directeur de la Chaine TV El Hiwar ETTOUNSI), Tarek Ben Hiba (Conseiller Régional – Ile de France), Wala Said (Journaliste Irakienne) . . .

Animation Musicale : Mohamed Bhar. 

Le Mercredi à 18 novembre 2009

de 19h30  à 22h00

A  La salle des expositions à la Mairie du 2ème Arrondissement de Paris

8, rue de la Banque  – 75002 PARIS – Métro Bourse


Corruption: Classement mondial 2009 établi par Transparency International

AFP, le 17 novembre 2009 à 11h13

BERLIN, 17 nov 2009 (AFP) – Voici les pays les mieux notés et les moins bien notés au classement international 2009 du degré de perception de corruption, établi par l’organisation non-gouvernementale Transparency International, publié mardi à Berlin.

L’indice, établi grâce à des sondages réalisés auprès d’hommes d’affaires et de spécialistes, va de 10 pour un pays considéré comme « propre » à zéro pour un pays perçu comme gangrené par la corruption.

1. Nouvelle-Zélande                           9.4

2. Danemark                                   9.3

3. Singapour                                  9.2

=3. Suède                                     9.2

5. Suisse                                     9.0

6. Finlande                                   8.9

=6. Pays-Bas                                  8.9

8. Australie                                  8.7

=8. Canada                                    8.7

=8. Islande                                   8.7

11. Norvège                                   8.6

12. Hong-Kong                                 8.2

=12. Luxembourg                               8.2

14. Allemagne                                 8.0

=14. Irlande                                  8.0

 =61. Tunisie                                   4,2.

162. Angola                                   1.9

=162. Congo                                   1.9

=162. République démocratique du Congo        1.9

=162. Guinée-Bissau                           1.9

=162. Kirghizstan                             1.9

=162. Venezuela                               1.9

168. Burundi                                  1.8

=168. Guinée équatoriale                      1.8

=168. Guinée Conakry                          1.8

=168. Haïti                                   1.8

=168. Iran                                    1.8

=168. Turkménistan                            1.8

174. Ouzbékistan                              1.7

175. Tchad                                    1.6

176. Irak                                     1.5

=176. Soudan                                  1.5

178. Birmanie                                 1.4

179. Afghanistan                              1.3

180. Somalie                                  1.1

 

AFP


La dictature discrète

Le président Ben Ali s’éternise à la tête du pays par le recours a l’arsenal du pouvoir absolu

(Editorial d’El País traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem)

 

 

Après les élections présidentielles de dimanche dernier, Ben Ali pourra ajouter  un nouveau mandat de cinq ans aux vingt-deux années passées au pouvoir en Tunisie. Pour obtenir cette performance record, à la fois inquiétante et invraisemblable, il n’a pas hésité à manipuler la Constitution tunisienne afin de l’adapter à son propre dessein de se maintenir au pouvoir. Il pourra être tenté de rééditer son forfait, s’il ne veut pas être écarté des prochaines élections, en repoussant l’âge limite imposé aux candidats à la course présidentielle au delà de 75ans. Mais Ben Ali a fait en plus appel à tous les stratagèmes et subterfuges en vogue chez les despotes pour donner un semblant de vernis démocratique à son régime, tel celui par exemple d’obtenir l’aval de la communauté internationale pour ses manœuvres électorales frauduleuses.

 

Alors que La France et l’Espagne se sont empressés de donner leur aval à un processus électoral où les garanties minimales d’équité entre les différents candidats, et où la transparence dans le dépouillement des résultats étaient totalement absentes, Les Etats-Unis d’Amérique ont exprimé leur « préoccupation » face à l’absence des observateurs internationaux. Pour  l’Elysée, son attitude complaisante envers le régime de Ben Ali fait partie d’une tradition diplomatique contestable qui a toujours privilégié la célébration formelle des élections aux conditions réelles de leur organisation. Le cas de l’Espagne démontre, au contraire, une fois de plus, les limites et les erreurs d’une politique extérieure affirmant sans cesse s’inspirer des grands principes mais qui, le moment venu, abdique sans états d’âme devant la diversité des intérêts. Ce n’est pas en détournant le regard du despotisme qui sévit en Tunisie et au Maghreb en général, que l’Espagne pourra espérer consolider ses relations avec Washington.

 

Ben Ali a cherché a camoufler le cachet autoritaire de son régime en se présentant devant la communauté internationale comme le champion de la lutte contre le jihadisme, et comme le défenseur des droits de la femme, exploitant à son avantage et avec habilité, la distance creusée dans ce domaine par la Tunisie face à ses voisins. Cette stratégie élémentaire a jusqu’ici tellement bien fonctionné qu’elle a fait du régime tunisien l’une des dictatures les plus discrètes au monde. La complaisance envers le régime de Ben Ali, en mettant en avant  certains succès économiques tout compte fait relatifs, ne contribuera pas à résoudre les problèmes graves auxquels se trouve confrontée la Tunisie en plus des autres pays du Maghreb ; cette condescendance n’est qu’une forme, absurde et insensée, de les aggraver davantage ; bon nombre de précédents à travers le monde sont là pour l’attester.

 

Courtesy El País, 28 octobre 2009

 

Précision

(Traduite de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem)

 

L’éditorial daté du 28 octobre, intitulé La dictature discrète ne reflète en aucune manière la réalité et appelle les précisions suivantes. Objectivement parlant, il convient de se demander s’il est de bon ton de remettre en question l’incessant travail entrepris par le chef de l’Etat tunisien, Zine el Abidine Ben Ali, qui a su planifier le progrès du pays, son développement, sa stabilité, sa sécurité et sa survie. Confortées par des rapports fiables émanant des nombreuses instances  internationales, les statistiques rendent superflus tout commentaire et toute comparaison avec la situation précaire qu’a traversée la Tunisie au milieu des années quatre-vingt.

 

Peut-on développer en toute bonne foi des réflexions aussi inquiétantes sur l’avenir d’un pays, dont le régime politique n’a cessé d’exalter les principes universels des droits de l’homme, des valeurs de solidarité, d’entraide mutuelle et d’égalité entre les hommes et les femmes ? N’a-t-on pas affirmé que ce pays fut, dés les années quatre-vingt-dix, parmi les premier à avoir alerté la communauté internationale sur le danger que représentent pour le monde entier, les phénomènes intégristes et fondamentalistes.

 

Contrairement aux informations selon lesquelles le gouvernement tunisien n’a pas autorisé la présence d’observateurs indépendants pendant les élections, Tunis a assuré qu’au cours de cet important événement, pas moins de 31 personnalités étrangères connues pour leur indépendance et pour leur incontestable crédibilité, ont mené leur mission dans une climat de tolérance et de liberté. Le 25 octobre 2009, 89,62% des électeurs tunisiens ont accordé leur suffrage au président Ben Ali pour qu’il puisse continuer à guider le pays sur le chemin du progrès. Ces échéances électorales représentent pour nous une nouvelle étape dans le processus démocratique et pluraliste en Tunisie.

 

Quant aux relations bilatérales entre l’Espagne et La Tunisie, il faudrait peut-être rappeler que celles-ci ont connu leur moment privilégié précisément au cours des deux dernières décennies ; ce sont des relations exemplaires et ils continueront à l’être, puisqu’elles sont édifiées sur les principes de l’amitié sincère, du bon voisinage, de coopération et de respect mutuel.

 

Mohamed Ali Nafti. Ministre conseiller de l’Ambassade de Tunisie à Madrid.

 

Courtesy El País, 5 novembre 2009. (Rubrique : Cartas al director- courrier des lecteurs)

 


REPORTERS SANS FRONTIERES

COMMUNIQUE DE PRESSE

17.11.09

TUNISIE

LE POETE ET LE TYRAN , un texte inédit de Taoufik Ben Brik

Reporters sans frontières rend public, mardi 17 novembre 2009, un texte inédit de Taoufik Ben Brik. Ce poème intitulé « Le Poète et le Tyran » a été rédigé depuis la prison de Mornaguia, où le journaliste et écrivain est incarcéré.

Placé sous mandat de dépôt, pour “atteinte aux bonnes mœurs“, “diffamation“, “agression“ et “détérioration des biens d’autrui“, le procès de Taoufik Ben Brik s’ouvre à Tunis, le jeudi 19 novembre. Il risque jusqu’à cinq ans de prison ferme.

Le Poète et le Tyran

Monsieur le Juge,

le prévenu a-t-il droit à une parole licite?

Comment, alors que vous m’interrompez

exigeant un non ou un oui…

Le droit, je vous le dis, votre Honneur, 

Pour nous autres Arabes, 

qui sommes Peuple amateur de préliminaires

avant toute réponse!

 

A présent, vous allez m’écouter…

Le marché, la grand-place, le ventre de la ville

grouillent de cette clameur :

La Justice, en mon pays, est inexistante

La Justice passa et s’en fut

La Justice a rejoint le Sein du Seigneur,

qui fit que nul n’est pérenne

fut-il Magnifique ou Tyran

 

Ne vous souciez point de ces mots,

Les gens sont saisis de fièvre délirante

et d’hallucinations

J’ai vu, quant à moi, de mes propres pupilles

ce que la cécité des mécréants ne saurait distinguer, 

le fin mot de l’histoire :

 

La justice n’est pas absente,

c’est la cause qui est illusoire,

ou l’accusation, si vous préférez, qui peine à exister

condamnée qu’elle fut à la peine capitale

Nous sommes alors aujourd’hui jugés et condamnés

en manque d’accusation

comme l’Amant est en manque de sa bien-aimée,

Je me consume de désir pour une accusation savoureuse.

 

Monsieur le juge vénérable

scrutez bien avec moi ces fariboles

exercez votre perçant jugement :

L’on m’accuse d’avoir administré une torgnole

à une dame innocente,

de l’avoir gratifiée d’une ruade,

d’avoir tiré sa chevelure de sirène, 

griffé ses joues de pomme rouge,

brisé ses côtes de gazelle…

Comment un poète peut-il commettre autant de fautes de goût?

 

Notre poète disait

« Nous aimons le pays comme nul ne l’aime »

Je réponds en contrepoint,

« J’aime les femmes comme nul ne les aime »

 

A toutes les femmes de la terre et des cieux j’ai chanté :

La foudre a tonné sur les contreforts du Kef

Son écho a atteint les confins des terres de Abid

J’ai cru entendre là le tonnerre de Dieu

c’était en fait le rire de ma bien-aimée

 

A la policière travestie je voudrais dire :

Tu es la bien-aimée, tu es le poème,

mais où se cèle donc la vérité?

Tu fus dure avec moi,

sans répit ni nuance

J’aurais préféré que tu me taxes d’assassin

ou de voleur de tout ce qui fut thésaurisé durant votre règne

Mais rosser une femme? Quel désastre!

Où donc se cèle la vérité?

 

La vérité est que je me suis aventuré

dans les recoins du palais du dragon

Une promenade devenue cauchemar sans issue

La vérité est que c’est une affaire

entre moi et Zaba le Grand,

souverain du pays

Une affaire qui concerne Hallaj le poète et le Tyran

Charlie Chaplin et le Dictateur

Shéherazade et Shahryar…

 

Dites à mon geôlier de ne pas se fâcher

Je ne suis, quant à moi, pas en colère

l’esprit en paix

non pas parce qu’innocent,

parce que coupable de l’avoir dépouillé

de ses derniers masques et parures

de l’avoir laissé nu comme un nouveau né

en proie aux moqueurs et aux ricanants

 

Ceux qui ne sont point familiers du soleil

sont atteint, à la lumière, de glaucome

Le soleil se lève, alors sauve toi, Vampire!

Buveur de sang!

Fuis! Fuis! Et fais ce qu’il te plait

Mes paroles sont libres

comme le souffle de la brise!

Aucune geôle ni aucune cage

ne peut retenir le fugitif qui te parle

de derrière ces barreaux :

 

Quand la récitation servile

sera étouffée par la Bonne Nouvelle

le Jour venu,

tu seras humble et poli…

Carthage, cette tombe lugubre où manque le cadavre…

 

L’idiot fléchira pour faire place à l’étendard et à la bataille

Tu lâcheras la bride à la démesure

et n’étouffera point le hennissement de ta monture

Elle porte en sa croupe un combattant…

 

Plaidoyer du détenu N° 5707

Bloc H, Aile 2, Cellule 2

Prison civile de Mornaguia

Taoufik Ben Brik 


Paris se réveille sur l’affaire Ben Brik

Tunisie . Inhabituelles protestations du Quai d’Orsay sur le cas du journaliste qui risque cinq ans de prison.

 
Par CHRISTOPHE AYAD Les droits de l’homme en Tunisie sont une rubrique à plein temps : les entrants, les sortants, les oubliés et les «vedettes»… Le journaliste Taoufik ben Brik mobilise l’attention et les inquiétudes du moment. Interdit de publication dans son propre pays, reclus chez lui, en proie à des tracasseries sans fin, TBB – comme le surnomment les familiers – en est réduit à proposer à la presse française des textes sur son sujet préféré : le président Zine el-Abidine ben Ali, son régime, son épouse, son palais, sa belle-famille, son argent, son culte de la personnalité… Santé. Ben Brik a été arrêté et écroué le 29 octobre, quatre jours après la réélection triomphale (89,62% des voix) de Ben Ali à un cinquième mandat. Convoqué au commissariat pour une prétendue agression d’une femme dans la rue, Ben Brik a été directement envoyé à la prison de Bouchoucha, à Tunis. Sa famille, qui n’a pas pu lui rendre visite, est inquiète pour sa santé. Le journaliste doit être jugé jeudi à Tunis et encourt jusqu’à cinq ans de prison. Au printemps 2000, il avait fait plier le régime en observant 42 jours de grève de la faim afin de dénoncer les violations des droits de l’homme. Ben Ali ne lui a jamais pardonné cet affront et la procédure en cours ressemble fort à une vengeance. D’autant que TBB a multiplié à l’approche de la présidentielle les textes mordants et ironiques. Le sort de Ben Brik et d’autres journalistes persécutés, comme Zouhair Makhlouf ou Slim Boukhdir, assiégé à son domicile par la police, a occasionné une inédite passe d’armes entre Paris et Tunis. Le porte-parole du Quai d’Orsay et Bernard Kouchner lui-même ont critiqué l’intransigeance du pouvoir tunisien : «Quand on a été élu pour la cinquième fois et qu’on dirige ce pays avec habileté, je pense que c’est inutile», a déclaré le chef de la diplomatie française. Ces déclarations, totalement inhabituelles tant la France s’est jusque-là tue sur les droits de l’homme en Tunisie, ont suscité l’ire de Carthage. Le président Ben Ali en personne a annoncé avoir saisi l’Union du Maghreb arabe et l’Union africaine contre «une ingérence dans ses affaires intérieures». Même Bertrand Delanoë, traditionnel ami de la Tunisie, où il est né, s’est fait envoyer sur les roses pour avoir appelé «au respect strict des droits de l’homme en Tunisie». Seul Jean Daniel, le directeur du Nouvel Observateur (dont le site a publié des textes de Ben Brik), venu à Tunis à l’occasion de l’intronisation de Ben Ali, a eu droit à une vague promesse d’«intervenir», une fois que la justice – bien évidemment – «indépendante» se sera prononcée… Torturé. Pendant que Paris et Tunis s’écharpent sur le cas Ben Brik, d’autres affaires, moins médiatisées, tissent la chronique déprimante des libertés en Tunisie : le militant étudiant Mohamed Soudani vient d’être condamné à quatre mois de prison ; le lycéen Amine Briouel a été torturé en prison lors de son interrogatoire ; l’ex-prisonnier politique Fethi Changol a été arrêté et emmené dans un lieu inconnu ; deux groupes d’une dizaine de jeunes sont passés en procès en vertu de la loi antiterroriste pour avoir tenu des «réunions illégales».Seule bonne nouvelle : un groupe de syndicalistes de la région de Gafsa, condamné à de lourdes peines de prison suite à l’agitation sociale de l’année dernière, a été libéré par grâce présidentielle le 7 novembre, pour le 22e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Ben Ali.  
(Source: « Libération » (Quotidien – France) le 16 novembre 2009)


 

France : Label « Pays amis de la France » pour protéger des critiques des pays comme la Tunisie

Dans une question écrite posée à l’Assemblée à Alain Joyandet, secrétaire d’État chargé de la coopération et de la francophonie, le député de Seine-St-Denis. Eric Raoult (*) préconise la création d’un label «  Pays amis de la France » pour épargner des pays comme la Tunisie des critiques des hommes politiques et des medias français :

« M. Eric Raoult attire l’attention de M. le secrétaire d’état chargé de la coopération et de la francophonie sur l’intérêt que représenterait la création d’un label « Pays amis de la France » . En effet, il peut paraitre assez singulier voire très surprenant que l’on puisse constater régulièrement que les médias et certains responsables politiques français s’ingénient à dénigrer certains pays pourtant amis de la France. Cette méthode regrettable est ainsi couramment utilisée à l’encontre de pays comme la Tunisie ou le Gabon par exemple. Alors même que ces « droits de l’hommistes »  impénitents voire professionnels oublient les mêmes réclamations pour de nombreux autres pays. Cette action systématique de critique à l’égard de certains pays suscitent parfois tant l’indignation de leur population, que le doute de nos compatriotes sur la réalité politique de ces pays. Une incompréhension peut donc jaillir entre la France et ces états décriés. Dés lors, il pourrait s’avérer intéressant de créer puis de décerner un label «  Pays amis de la France »  pour les nations étrangères avec lesquelles nous entretenons des relations privilégiées d’amitié et qui sont des clients attitrés pour notre commerce extérieur. Ce label pourrait ainsi symboliser des pays desquels nous voulons défendre la réputation, au regard de la population française, mais aussi pour prouver l’importance que nous attachons aux échanges commerciaux avec ces pays. Il lui demande donc de lui préciser sa position sur cette proposition. »

 

(*) Eric Raoult, le fervent défenseur du système Ben Ali est aussi président de l’association des élus Français Amis d’Israël (ADELMAD).

 

4 commentaires

VG | 13/11/2009 | 18:17

 

Vu de France, je suis certain que M. Raoult ne cherche pas à défendre les intérêts du peuple tunisien. Au contraire, il fait partie de la tendance, au sein de l’UMP, qui représente les intérêts économiques français sur le continent africain et, à ce titre, ne voit aucune raison de respecter les droits de l’homme, tant que les investissements en Tunisie et le commerce avec ce pays sont rentables. Le seul but de sa proposition est d’interdire aux médias français de critiquer les régimes dictatoriaux qui existent sur le continent africain, pour laisser les mains libres aux patrons de Paris, de Tunis et d’ailleurs. Rien n’est plus méprisable que de tels politiciens, mais comme ils travaillent pour le capital, ils ont beaucoup de pouvoir. C’est le principe du sarkozysme : servir les intérêts des multinationales en créant des réserves de main d’oeuvre bon marché, en France (les habitants des quartiers populaires et les travailleurs immigrés) et, grâce à la « diplomatie », dans le monde entier.

VG | 14/11/2009 | 00:18

 

PS : Sur Éric Raoult, le très bon article qui vient de paraître sur Rue 89:

http://www.rue89.com/2009/11/13/eric-raoult-dans-le-texte-vingt-ans-de-perles-droitieres-125894

zagalo | 14/11/2009 | 00:35

Monsieur Raoult cherche certainement à profiter de vacances gratuites avec sa femme en tunisie dans un palace 5 étoiles. C’est tout et ça ne va pas plus loin. Cet énergumène qui se dit député de la République sans même connaître le sens de celle ci est une calamité pour le peuple de France. Comment un homme comme lui peut se permettre de parler ainsi alors qu’en Tunisie une dictature reconnue et certifiée par diverses organisations internationales, des pays comme les Etats unis ou d’autres n’ont pas manqué de le soulever. Ce type est dangeureux car il est capable d’attirer des gens violents sur le sol français pour lui faire comprendre que Ben Ali tue, affame, torture, fait disparaître des gens en Tunisie. Alors qu’il se taise de grace et qu’il s’occuppe de sa commune et de la misère que vivent les français dans son propre fief.

VG | 15/11/2009 | 13:31

Zagalo, tu as bien raison de dire que les amis de Ben Ali ont beaucoup d’avantages matériels à gagner. En revanche, ils ne doivent pas très bien dormir la nuit, vu ce qu’ils ont sur la conscience.

Mais Raoult est aussi un député raciste, comme d’autres à l’UMP (Christian Vanneste etc.) ; sa fonction dans le système sarkozyste est:

1) d’attirer les voix du Front National, le parti xénophobe d’extrême-droite, dont la base électorale est la population touchée par la désindustrialisation d’anciennes régions industrielles (Seine-Saint-Denis, Nord, etc.) et certains habitants des campagnes qui ne sont pas très ouverts sur le monde et

2) d’attirer le soutien financier de groupes économiques qui souhaitent faire baisser les salaires (le coût de la main d’oeuvre) en créant des catégories de la population isolées et défavorisées sur le marché du travail.

Donc, malheureusement, ce n’est pas seulement M. Raoult qui est un mauvais homme, c’est tout le système politico-économique auquel il participe qui est mauvais. En l’occurence, sa commune (Le Raincy) est un parc à riches au milieu d’un des départements les plus défavorisés de France, la Seine-Saint-Denis, où, comme par hasard, le pourcentage d’immigrés ou de Français issus de l’immigration est très élevé, ainsi que le taux de chômage suite à la désindustrialisation du département. Donc la misère, il connaît bien, mais ça ne l’intéresse pas vraiment.

PS : je me permets de parler aussi longuement de la France, sur un site concernant la Tunisie, pour éclairer un tout petit peu le contexte des nombreux articles récents sur l’attitude de la France par rapport à la réélection de la Tunisie. Il s’agit d’une certaine France : celle de Sarkozy et ses amis – tandis que beaucoup d’autres Français, je crois, voudraient que les acteurs économiques et diplomatiques européens cessent de soutenir le régime corrompu et dictatorial de Ben Ali, non seulement à cause de la situation actuelle en Tunisie, mais aussi à cause de ses répercussions en France (à savoir le pouvoir démesuré que ça confère à des gens immoraux comme ceux dont nous parlons).

(Source: „TunisiaWatch » (censuré en Tunisie), le 12 novembre 2009)

Lien : http://www.tunisiawatch.com/?p=1451


L’émission Al Maghreb al arabi fi ousbouâ (Medi 1 Sat) , du dimanche 15 novembre, est désormais sur le site de la chaîne: http://www.medi1sat.ma

 

Al Maghreb al arabi fi ousbouâ (Medi 1 Sat) s’intéresse à la Tunisie

Dimanche 15 novembre 2009

Invités: Borhane Besaies (Tunis) & Abdel Wahab Hani (Paris)

 

 

Al Maghreb al arabi fi ousbouâ, sur la chaîne marocaine, pan-maghrébine, Medi 1 Sat, revient sur la cérémonie du Serment prêté par l’actuel Chef de l’Etat et son discours d’Investiture, inagurant son 5e et dernier quinquenat, ce jeudi 12 novembre, devant les deux chambre, réunies au Palais du Bardo. 

 

Pour débattre, la chaîne a invité, en direct depuis Tunis, M. Borhane Besaies, présenté comme analyste politique, et nous même Abdel Wahab Hani, Défenseur des droits humains, par téléphone depuis Paris.

 

L’émission sera diffusée ce soir Dimanche 15 novembre, à 20h40, heure du Maroc, temps universel, 21h40 heure de Tunis et Paris. Elle sera re-diffusée à 01h30, temps universel, et demain lundi à 11h30, temps universel.

 

Les questions tournaient, essentiellement, autour de la liberté de la presse et de la réaction de Tunis suite à ce que le gouvernement qualifie d’Ingérence étrangère, sur fond de réactions critiques des capitales occidentales alliées de la Tunisie de M. Ben Ali..

 Une remarque technique s’impose, le lecteur et le téléspectateur ayant le droit de savoir: Le débat ne fut pas équilibré, en terme de répartition du temps alloué à chaque invité, M. Besaies ayant eu le privilège de commencer et de clôre le débat, ainsi au’il s’exprimait en live, ce qui était de nature à nuire au débat contradictoire et à armes égales. Ceci étant dit, l’intérêt que porte Medi 1 Sat à notre pays et à la cause de la Démocratie et du débat contradictoire est louabale.

 

Les téléspectateurs sont les seuls juges d’un débat qui ne vise qu’à éclairer l’opinion. Mais, nous voudrions revenir sur quatre informations capitales, révélées lors de ce débat:

 

i- M. Besaies a démissionné de l’Observatoire national des élections, « J’ai démissionné, moi je ne peux pas être impartial », disait-il (Insahabt, Ana La Yomkin An Akouna Mouhayadan), alors que la liste officiel de l’Observatoire englobe, toujours, son nom, mettant en doute sa qualité d’Analyste politique, devant être Impartial et autonome par rapport au champ politique qu’il analyse; D’ailleurs le même M. Besaies est toujours membre du Conseil supérieur de la Communication et du Comité supérieur des droits de l’homme, où Intégrité, Indépendance, Qualification, Haute moralité et Impartialité sont pourtant des qualités requises, par les normes internationalement reconnues, en vigueur dans les pays démocratiques;

 

ii- Pour les attaques pour Ingérence extérieure, « la Tunisie voulait -juste- marquer un point (enregistrer une position) » (Tounes Aradat Tasjil Mawqif) résumait-il, mettant en doute le sérieux des requêtes auprès de l’Union du Maghreb Arabe et de l’Union Africaine, formulées par la diplomatie tunsienne et insérées dans le discours d’Investiture du Chef de l’Etat;

 

iii- Concernant le fondement des attaques contre certains opposants « Nous n’accepterons pas qu’ils doutent des acquis » (La naqbalou Attachkik Fi Al Makasib), alors que le propre d’une opposition est de douter des acquis du gouvernement en place et de critiquer ses choix;

 

iv- Concernant les attaques contre les opposants et les personnalités nationales dans une certaine presse « Nous ne salirons jamais nos adversaires avec facilité » (La Nouchawwihou Khousoumana Bisouhalah), reconnaissant, au passage, les attaques ignobles profoérées, dans l’impunité tolate, par les plumes idignes des Abdelaziz Jridi and Co.

 

Dans le temps alloué par la rédaction de la chaîne, les journalistes ont bien préparé le reportage et ont essayé, tout au long de l’émission, de relancer et de re-centrer le débat, en enchaînant des questions bien préparées, d’une manière professionnelle louable et loyale, en faisant avancer les problèmatiques et en évitant de l’engluer.

 

 

Présentation officielle de l’émission:

Al Maghreb al arabi fi ousbouâ

(7 jours au Maghreb) De l’information, des reportages, des analyses, mais aussi une revue de presse et des invités, chaque semaine, le magazine de la rédaction de Medi 1 Sat retient pour vous l’essentiel de l’actualité du grand Maghreb. Politique, économie, société ou culture, cette émission revient sur les événements qui ont fait la une durant la semaine.

 

Diffusion:

 

Dimanche soir:

20h40, temps universel, heure du Maroc, 21h40 heure de Tunis, Paris, Genève

01h30, temps universel, heure du Maroc, 02h30 heure de Tunis, Paris, Genève

 

Lundi matin:

11h30, temps universel, 12h30 heure de Tunis, Paris, Genève

 

Consultable sur le portail de la chaîne:

http://www.medi1sat.ma/fr/emission.aspx#

 

 

 Paris, le 15 novembre 2009

Abdel Wahab Hani

awhani@yahoo.fr


Le pouvoir au Maghreb entre les mains des clans familiaux. [1]

Par : Mizaanoun

 (Ce qui suit est une lecture de la situation en Tunisie, que tous les observateurs neutres qualifient, sans hésitation,  de situation de fin de règne avec un point d’interrogation majuscule sur l’avenir. Pour ce qui est de l’opinion publique directement concernée, il va de soi que l’atmosphère politique ne trompe plus sur sa nature de fin de trajet. Un régime légitime et sûr de soutiens populaires  n’aurait jamais recouru aux tribunaux d’un autre pays, en l’occurrence les tribunaux français pour empêcher un livre. Les exemples dans le passé ne manquent pas. Quant au présent, il ne se passe pas de jour où des longs articles et des livres de toutes dimensions, ne soient publiés dans les journaux les plus distribués du monde ou édités par les grandes maisons d’éditions sur Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa ou tout leader dans ce continent ou dans un autre.  

En effet le dernier livre paru en France, « La Régente de Carthage » de Nicolas Beau et de Catherine Graciet – loin des statistiques et des chiffres aussi abstraits que complaisants envers le régime, surtout quand ça vient de la part des « Institutions internationales » dont la crédibilité est presque nulle, sinon carrément inexistante, tels que le FMI ou la Banque Mondiale, ou à travers des annonces publicitaires publiées sous forme d’articles de presse signés par des journalistes occidentaux amis du régime – donne un éclairage particulièrement révélateur sur l’ampleur de la corruption, de l’arbitraire, de l’injustice, du vide politique et enfin des inégalités monstrueuses qui ont permis à la famille au pouvoir et à leurs courtisans de faire main basse sur tout le pays. D’ailleurs ces institutions ainsi que certains personnages occidentaux liés idéologiquement aux grandes multinationales et dont le régime s´en sert pour maquiller les origines d’enrichissements des siens en grandioses réalisations  économiques et sociales. Pourtant ces secteurs d’activités créés par le régime restent, tous aux antipodes de secteurs réellement économiques se situant dans le cœur de solides structures d’un projet politique propre, plongeant ses racines dans l’histoire, la géographie et les valeurs sociales de la population, le seul projet  capable de répondre à ses aspirations. Tous les arguments du régime sont tombés les uns après les autres et finalement la mondialisation l’a laissé totalement dépourvu de toute argumentation. D’où la féroce terreur employée en ce moment pour faire taire toute voix discordante. L’échec fracassant de la mondialisation et la crise qu’elle a entraînée au cœur même de celle-ci, les Etats-Unis, dévoile le chemin parcouru par un régime qui dure, en réalité non pas depuis le 7 novembre 1987, mais depuis le 20 mars 1956. Un chemin qui a mené le pouvoir à dévoiler finalement son visage réel : Le visage du gangstérisme qui se cache derrière un appareil d’État avec des lois, des institutions et toutes les apparences légales pour arriver à ses fins. Tous les secteurs économiques qui permettent aux membres du régime de s’enrichir à volonté constituent, comme le démontre l’attitude complaisante des puissances occidentales des garanties pour la pérennité de leurs intérêts. Ces intérêts occidentaux ont toujours la même âme prédatrice et sont totalement antagoniques aux intérêts des peuples. Sur le plan fondamental la société arabe ou musulmane en Tunisie, en Algérie, au Maroc ou dans tout le vaste monde arabe et musulman, n’a rien de commun avec la société occidentale, d’autant plus qu’il s’agisse d’une société qui n’a jamais renoncé à son complexe de supériorité, maintenant son hégémonie totale sur le reste des peuples de la planète, aujourd’hui plus que jamais auparavant).

 

« De Casablanca jusqu’au Caire, les régimes régnants en Afrique du Nord ont fini par adopter le système de la transmission héréditaire du pouvoir au sein des familles gouvernantes. Ces familles qui gouvernent n’hésitent pas à apporter tout amendement aux Constitutions en vigueur afin de créer, du néant, des lois ou  de nouveaux partis politiques dans le but de frayer une certaine légalité susceptible, soit de permettre une gouvernance à vie soit d’imposer les descendants ou les familiers collatéraux comme « successeurs ». Les pouvoirs réels, les forces armées, les services de sécurité, la haute finance et les grandes fortunes, tous semblent se résigner à une situation du fait accompli. [Dans certains cas cette conclusion de résignation,  peut avoir des fondements, mais dans la plupart et particulièrement dans le cas de la Tunisie comme on va le voir, tous ces secteurs sont partie prenante et se trouvent bien à l’aise. Les uns comme les autres, trouvent leurs comptes dans le sens strictement matériel du terme. Car dans la société rien ne compte plus que l’accumulation des biens et des privilèges et d’en faire ostentation. Le régime tunisien n’a jamais eu un projet politique quelconque. Bourguiba, le premier dictateur, avait résumé son « projet politique » dans la « joie de vivre ». Le ridicule est majuscule. Certains de ses anciens collaborateurs nostalgiques – qui ont tiré des immenses privilèges illégaux et immérités – continuent à propager l’idée du charisme du premier dictateur que l’actuel serait loin d’atteindre. Pourtant, et, bien que le contexte international était totalement différent, tout a commencé avec le premier dictateur, dans le sang et les assassinats, et tout le monde sait dans quelle joie a fini ses jours le fondateur de la maxime « joie de vivre ». Quant au projet politique Ben Ali il est parfaitement bien résumé dans ce paragraphe venu dans le livre dont il est question,  la « Régente de Carthage » : «… Peu importe, aux yeux de la classe politique française, que le régime du président Ben Ali ne poursuive aucun projet politique construit. Ou qu’il entretienne une sorte de vide politique abyssal, qui reste le meilleur terreau pour le développement des idées fondamentalistes. Dans l’atonie, des valeurs qui caractérise la Tunisie aujourd’hui, l’argent facile et le luxe ostentatoire qu’incarnent Leila et sa famille sont devenus les seuls modèles de référence…»

 

La Constitution dynastique au Maroc[2].

«Dans le cas de ce pays la transmission héréditaire du pouvoir se fait par la loi. En tant que monarchie constitutionnelle, le nouveau monarque est désigné par la Famille royale et accepté par la société. Les institutions de l’État lui jurent obédience et fidélité. Ainsi Mohammed VI a succédé à son père Hassan II décédé en 1999. Néanmoins, devant l’impossibilité de voir l’institution monarchique se convertir en un instrument d’évolution réel, le souverain alaouite a dû promouvoir, par l’intermédiaire de son ami et confident Fouad Ali El Hima, le camarade de classe du prince héritier, la création du Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) afin de donner formes à ses desseins royaux. La Constitution du Maroc permet au Roi de désigner le Premier Ministre de sa convenance. [Ainsi d’ailleurs que les ministres dits de souveraineté comme le ministre de l’intérieur, des affaires étrangères ou de la défense] Hassan II avait désigné son gendre Ahmed Osman pour former un parti centriste (Rassemblement National des Indépendants) et par la suite il le nomma chef de gouvernement. Mohammed VI fera la même  chose avec Fouad El Hima.

 

Les fils sur la trace de leurs pères en Lybie et en Égypte.

Seif El Islam el Kadhafi est le prétendant à la succession de son père au pouvoir depuis 40 ans. Et il veut le faire à travers une Libye moderne…(sic)

En Égypte c’est Gamal Moubarak qui aspire à la succession de son père au pouvoir depuis 30 ans…

 

L’anomalie en Algérie.

L’aspirant à la succession du président Abdelaziz Bouteflika n’est autre que son frère benjamin Said Bouteflika. Le parti  politique, la plate-forme de lancement, de Said Bouteflika s’appelle Génération Libre. Il serait fin  prêt pour écrasante victoire des législatives de 2012…

Les républiques dynastiques – est-il encore écrit dans le même article – dans les pays d’Afrique du Nord semblent se développer tranquillement avec la bénédiction des puissances occidentales avec à leur tête les Etats-Unis et la France et qui préfèrent la stabilité, même sous des régimes autocratiques et dictatoriaux, aux râlements sociaux des démocraties adolescentes.

 

Sakhr El Materi successeur de Ben Ali?

 

 

Tout reste en famille.

C’est sous ce titre que l’auteur du même article déjà cité aborde le thème de la succession en Tunisie. Il écrit : « En Tunisie aussi, la succession se passe en famille. Mais dans ce cas il ne s’agit pas d’un lien de sang direct sinon indirect. En effet Sakhr el Materi est le gendre de Zine el Abidine Ben Ali. Il est l’époux de sa fille Nesrine. Il n’a que 29 ans et est considéré comme l’un des hommes d’affaires tunisiens les plus prospères. Il est issu d’une grande famille de la bourgeoisie et ne cache pas ses ambitions à succéder un jour à son beau-père à la présidence du pays.

 

 

Le personnage, de son nom complet Mohamed Fahd Sakhr El Materi, est le PDG, entre autres, du groupe « PRINCESSE HOLDING » dont les ramifications s’étendent pratiquement à tous les secteurs économiques, culturels et médiatiques du pays. Après avoir remporté, en 2006, l’appel d’offres concernant la mise en concession de la gestion du trafic de croisière au port de la Goulette à Tunis, la société GOULETTE SHIPPING CRUISE (GSC), filiale du groupe a achevé en un temps record la première phase de son projet et a inauguré depuis 28 mars 2007 son terminal en accueillant le premier contingent de touristes. Pour renforcer son développement et garantir un flux important de croisières, GSC, qui réalise des investissements de plus de 40 millions de dinars et qui devrait voir son projet exploitable en entier sous peu, a scellé un partenariat stratégique avec l’armateur italien « MSC », 2ième armateur mondial dans le domaine de la croisière.

Ce projet est composé d’activités portuaires et maritimes liées au traitement des passagers, à la gestion des navires et à l’assistance technique en escale. Il comporte également des activités commerciales liées au village touristique (Duty Free boutiques, restaurants, café…). Cette animation créée au port de la Goulette est de nature à « véhiculer une meilleure image de la Tunisie » auprès des croisiéristes qui sont considérés comme étant des vacanciers à revenu assez élevé…Consciente du développement important de l’activité de la plaisance et de la croisière du littoral, la société GSC accorde une place prépondérante au tourisme de croisière et vient d’annoncer l’ouverture de son Delphinarium. En effet la GSC crée l’évènement en ramenant 11 dauphins de Cuba qui s’exhiberaient quotidiennement devant 3000 personnes… Ces mammifères bénéficieraient d’installations de haute qualité au sein du complexe touristique de la Goulette. 

Au même personnage a été confiée la concession de la maison Renault Truck (Véhicules Industriels) qui s’ajoute à la société publique, Ennakl qui va passer, comme on le verra plus loin, sous sa coupe et qui devient «Ennakl V.I. » Elle est située dans la banlieue de la capitale, à Jebel Jeloud (Autrefois Dubosville). Rien que pour la Renault V.I. il a été assigné une superficie de plus de 8350 m2 dont 5000 couverts et une injection de 10,5 millions de dinars. À l’inauguration de Renault V.I. avaient assisté les ministres tunisiens de  Communications et de Transport et Emmanuel  Levacher Senior, vice-président de Renault Truck International, qui s’est particulièrement félicité du bon choix du site et du partenaire dans la stratégie globale de la marque française.

 

 

Dar Assabah, la maison d’édition qui publie, entre autres deux quotidiens, un en langue arabe, « Assabah », et, l’autre en langue française, le « Temps », est passée, il y a peu de temps aussi sous le contrôle du même personnage. À propos de cette acquisition, Slim Bagga écrit : « … Nous croyons définitivement savoir ce qui s’est produit, d’autant plus que Raouf  Cheikhrouhou, son ex-patron [De Dar Assabah] traîne encore une grave dépression après avoir été alité pendant des longues semaines. Tout commence quand les quatre des six héritiers d’Habib Cheikhrouhou, père-fondateur, voulurent vendre leurs parts à Sakhr ou à autre du reste. C’est Raouf Cheikhrouhou et l’une de ses sœurs qui refusèrent au nom de l’héritage paternel dans la presse. C’est alors que Sakhr El Materi, le bienfaiteur médiatisé, usa d’arguments peu orthodoxes et abusa du différend entre les héritiers. Il racheta les parts des quatre consentants, soit 70% du capital. Devenu majoritaire, il refusa  même dans un second temps d’acheter celles de Raouf et de sa sœur prétendant qu’il s’en passerait bien, d’où la dépression qui a frappé l’ex-patron d’Assabah.

Enfin, la signature de  la vente, s’est bien réalisée par avocats interposés, mais au moment du paiement, le pieux gominé demanda une période de répit car dans cette famille d’arnaqueurs, l’on connaît comme tout le monde des fins de mois difficiles. Résultat : Assabah est entre les mains d’un jouvenceau gominé et d’un flic ; les héritiers n’ont que leurs yeux pour pleurer. A part ça, tout va bien à Assabah. » Plus haut l’auteur de l’article rapporte aussi le suivant : «…Le bon pieux Sakhr El Materi, prétendant au trône, a nommé un flic, un ancien officier gradé à la tête même des rédactions de Dar Assabah. La maison de presse qu’il a acquise sans même débourser un seul centime… Donc Fayçal Baatout flic à la police politique jusque-là en exercice au sein d’une ambassade dans un pays arabe, a été bombardé patron du premier journal tunisien en langue arabe et des publications qui en dépendent…L’équipe d’Assabah doit sûrement être impudente et révolutionnaire ; il faut un flic viril, comme Sakhr de préférence, pour la tenir en laisse. Comme quoi le métier de flic mène à tout. Surtout en Tunisie où l’on ne s’étonne plus de rien depuis qu’un sombre flic a empoché la République… »

Le même jouvenceau est aussi propriétaire de «la station de radio Zitouna ». Toujours est-il que Sakhr ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : selon la communauté des affaires, il planchait en 2009 sur le lancement d’une télévision religieuse et a obtenu le feu vert des autorités bancaires pour créer une banque et commercialiser des produits financiers islamiques. Ça sera la « Banque Zitouna ». Autre atout, Sakhr El Materi entretient également des relations dans le Golfe, en particulier à Dubaï, qui lui a attribué une carte de séjour de trois ans et où il se rend souvent, empruntant l’avion présidentiel de son beau-père Ben Ali. Son nom apparaît également dans une affaire d’achat de terrain par la société émiratie Sama Dubaï qui, en 2007, prévoyait d’investir  25 milliards de dollars [Selon d’autres documents le chiffre serait de seulement 14 milliards de dollars] dans un vaste projet immobilier sur les bords du Lac Sud, à Tunis. Sama Dubaï aurait acquis son terrain de 837 hectares auprès de l’État tunisien pour le prix très symbolique de un dinar le mètre carré. Imbattable ! Le tout sans appel d’offres, mais en s’appuyant sur un texte de loi qui prévoit que l’État peut céder des terrains au dinar symbolique si les investissements et les créations d’emplois à venir sont conséquents. Jusque-là, rien d’illégal donc, si ce n’est que Sakhr El Materi aurait touché une coquette commission lors de la vente du terrain à Sama Dubaï. Le projet immobilier a été depuis remisé aux oubliettes, la crise économique et immobilière ayant frappé Dubaï de plein fouet… Ceux qui l’ont côtoyé  plus jeune ne conservent pas de lui un souvenir impérissable. « Un garçon bien élevé, mais sans prédispositions particulières. Et qui ne crachait pas sur un bon verre de whisky » écrit Tarek Arfaoui. En réalité, l’insipide Sakhr n’a commencé à exister qu’après son mariage avec Nesrine. Selon l’hebdomadaire économique Les Afriques, en 2005 « il pilote l’entrée du groupe familial dans le capital de Nestlé Tunisie et, quelques mois plus tard, commence à prendre ses distances avec les affaires familiales pour voler de ses propres ailes ». Et c’est en un clin d’œil qu’il s’initie à des pratiques financières que ne renierait pas un Belhassen Trabelsi, le frère vorace de Leila.

 

 

Originellement « Banque du peuple », la Banque du Sud fut constituée en 1968 à partir de fonds des syndicats, pour devenir par la suite une banque commerciale dotée d’un réseau d’agences florissant. Mais, comme souvent en Tunisie, elle affiche des créances douteuses exorbitantes, si bien que son coût prohibitif n’intéresse personne quand il est question, en 2004, de privatiser les participations publiques dans son capital (33,5%). Son principal actionnaire privé, la banque italienne Monte Dei Paschi di Sienna, qui détient 17% du capital, préfère même se retirer, alors qu’elle était cofondatrice de la Banque du Sud : en août 2005, elle vend ses parts à … Sakhr El Materi. Pour procéder à ce rachat, ne disposant pas de fonds nécessaires, celui-ci a une idée lumineuse : Il les emprunte tout bonnement à la Banque du Sud. Et deux mois plus tard, miraculeusement, l’association entre le consortium marocain Attijariwafa Bank et la banque espagnole Santander se porte acquéreur des parts publiques et devient l’actionnaire majoritaire de la Banque du Sud. La privatisation s’opère en un temps record de trois semaines : Le gendre préféré de Leila se tourne ensuite vers les financiers de Santander, auxquels il propose de vendre ses 17%. Au prix fort. En contrepartie, le gouvernement baisse de 25% sa proposition sur le reste des actions.

 

Et comme le jeune époux de Nesrine a le sens de la famille, il investit une partie des ses 17 millions d’euros, de plus-value, pour racheter le fournisseur officiel de voitures de la smala : l’entreprise publique Ennakl, représentant exclusif de Volkswagen, Audi et Renault Véhicules industriels comme on l’a vu plus haut. Deux ans plus tard, Ennakl est devenu le deuxième importateur de véhicules Volkswagen en Afrique. Voilà comment fabriquer un millionnaire chez Ben Ali & Co : dans la corbeille à mariage.

À ceci près que les opérations de « monsieur le gendre » ne sont pas restées secrètes longtemps. Dès 2005, les militants du RCD accouchent d’une lettre anonyme où ils annoncent rageusement « les dérives et les crimes de Ben Ali et de son système ». En bon héritier présumé, Sakhr a droit à son chapitre : « Tout le monde sait que la société Ennakl, […] après une solide opération de mise en valeur qui a coûté des dizaines de millions de dinars, lui a été cédée pour la somme de 13millions de dinars. Mais ce que personne ne sait, c’est que le chèque de 13 millions de dinars, remis au Trésor et tiré sur STB (La Société Tunisienne de Banque, la Banque de Leila, de ses frères, sœurs, gendres, neveux  et nièces), était en bois. Il ne sera pas présenté à l’encaissement. C’est la règle : les Ben Ali, Trabelsi et consorts ne payent pas leurs fournisseurs qui doivent se suffire de l’honneur d’avoir parmi leurs clients un Ben Ali, un Trabelsi et, désormais un Materi… Fier de ce statut enviable, Sakhr El Materi en profite pour mener grand train. « Le matin il sort su volant d’une Bentley et l’après midi, après la prière, il conduit une Aston Martin avant d’en changer avec une Porsche »… Sa nouvelle maison, près du joli port de Sidi Bou Saïd, donne également du grain à moudre aux commères qui guettent le moindre fait et geste du « jouvenceau », comme l’appellent ses détracteurs. Il se dit en effet avec insistance qu’à la fin des années 2000 il a acheté un vaste terrain à la Sonede, la Société Nationale d’exploitation et distribution des eaux pour un prix défiant toute concurrence : 12,5 dinars le mètre carré, alors que sa valeur avoisinerait les 1.500 dinars. Mais aussi qu’il s’y est fait construire un palace  de 3.000 mètres carrés couverts. Mosquée personnelle et zoo pour les animaux sauvages inclus. Car plus que les berlines de luxe et les détournements de terrain, Sakhr nourrit une passion pour les animaux et les grands d’Afrique. C’est son père qui lui a transmis le virus, contracté lorsque Moncef opérait comme militaire en poste en Afrique. « Tous les matins, devant la maison de Sakhr, les badauds assistent à un va-et-vient de camions chargés d’herbe. C’est pour les animaux !  s’étrangle un retraité ». Notons bien qu’en l’an 2000 le « jouvenceau » à peine, s’il avait 20 ans.

 

Mais Sakhr s’impatiente, poussé par sa mère Naïma. Quand son tour viendra-t-il ? Aux yeux des Trabelsi, les Materi  en veulent toujours plus. On distille avec une pointe de jalousie que « déjà il salue la foule comme un chef d’état lorsqu’il visite un quartier populaire ou se rend dans une mosquée ». Même Belhassen Trabelsi, dont la toute-puissance financière n’est pas (encore) menacée par les Materi, décoche une flèche à l’attention de la sœur de Sakhr, qui se construit une maison plus vaste que la sienne, pourtant de taille respectable : « Les Materi se croient tout permis ». Mais dans les faits, Belhassen se garde de déclarer  une  guerre économique à Sakhr : il sait qu’il est le fils de Naïma et œuvre pour la sauvegarde des Trabelsi. Selon certaines méchantes langues de l’entourage de la famille de Leila, le jeune Sakhr ne serait en effet qu’un paravent du couple Ben Ali et de ses trois enfants : « Sakhr El Materi possède 17% du capital de Princesse Holding. Le reste revient au fils adoré du président Ben Ali et de Leila ainsi qu’à leurs deux filles » affirme un proche d’Imed Trabelsi, le neveu de Leila.   

Si jamais ses aspirations à la magistrature suprême se concrétisent, il serait le Berlusconi de Tunisie, mais avec quelques différences quand même. Le personnage italien maintient  des bons rapports aussi bien avec la Mafia qu’avec le Vatican. Les similitudes se trouvent dans les affaires, les finances, les médias et le politique.

 

La « cabane » de  Sakhr Materi au Canada[3].

« Le gendre de Ben Ali aime le Canada. D’abord Sakhr Materi y a fait accoucher son épouse permettant à son enfant d’acquérir le précieux passeport [et la nationalité] canadien. Aujourd’hui, il vient d’acheter un luxueux appartement (on parle plutôt d’un château) à Westmount, une jolie petite ville boisée toute proche de la grande Montréal. L’appartement a été mis en vente à 1.338 million dollars. Mais Sakhr Materi a surenchéri et l’a emporté pour 2,500 millions de dollars. Un journal local n’a pas pu s’empêcher de faire part à ses lecteurs de l’arrivée de cet illustre habitant à Westmount. Mal en a pris. L’ami de Sakhr a exigé que l’article qui mentionnait son nom soit purement et simplement retiré ! On sait que Materi junior n’a rien d’un grand démocrate mais de là  à importer sur le sol canadien des bonnes vieilles pratiques en matière de gestion de la presse, il ne faut pas pousser si loin. Ça dépasse les limites. Voilà en tout cas ce qui promet beaucoup, pour les journalistes tunisiens, s’il venait un jour à succéder à Beau papa.  

Donc ce jeune monsieur, à l’âge de moins de trente ans, se trouve dans la Tunisie d’aujourd’hui à la tête de la liste des personnages qui constituent la toile d’araignée dont les premiers fils ont été tissés déjà à l’époque de Bourguiba.

La « toile d’araignée » dans laquelle est pris le pays

À la lueur de ce qui a précédé surtout dans la cas du « jouvenceau » Sakhr et dans le contexte actuel des choses examinons un peu certains des patronymes qui constituent pratiquement les points principaux de la  connection de cette impitoyable toile d’araignée qui sucent toutes les richesses et les ressources du pays, la main dans la main avec leurs partenaires occidentaux et principalement les français et les allemands, laissant tout un peuple exsangue se débattant dans une piteuse survivance matérielle sans brille ni rayonnement quelconque susceptible de donner un sens moral ou un sens quelconque à la vie.  Bien loin même de  la « joie de vivre », dans son sens matériel strict, dont le premier dictateur a fait son leitmotiv durant les trente années de son règne.

 

 

Nesrine Ben Ali qui est l’épouse de M.F.S. el Materi est née à Bruxelles en 1986, c’est-à-dire hors du mariage officiel de Ben Ali qui ne va avoir lieu qu’en 1992. Autrement dit, elle est le fruit de relations extra-matrimoniales. Officiellement elle est assurée de la nationalité belge. Ainsi que son fils qui aura la nationalité canadienne comme on l’a vu plus haut.

Son époux vient de  lui créer une entité sur mesure : Églantine Presse[4] dotée de 50.000€. Décidément, le jouvenceau ne manque aucune occasion  pour faire les louanges de sa jeune épouse : toutes les enseignes de ces multiples entreprises font référence à sa femme, de « Princesse » à Églantine, églantine qui est la traduction du nom de Nesrine. Et pourquoi pas un jour « le Taj Mahal ». En tout cas Sakhr n’a rien innové dans ce domaine, tous les millionnaires ou milliardaires tunisiens avaient utilisé et utilisent encore aujourd’hui, les prénoms de leurs progénitures dans les enseignes de leurs florissantes entreprises. Ainsi tout reste en famille. À aucun lui vient à l’esprit d’utiliser pour leurs enseignes des noms puisés dans la géographie ou dans l’histoire du pays. Et ce n’est point étonnant quand on sait le vide culturel abyssal qui les entoure. Donc   À 23 ans madame Materi sera,  à son prénom propre, PDG d’une entreprise avec plusieurs  diplômés, universitaires et journalistes à son service. L’entreprise «Églantine Presse » sera domiciliée au 1, rue Abdallah-Ibn-Zoubeir, dans le quartier de la Goulette, dans le même bâtiment où se trouvent les bureaux de la société GOULETTE SHIPPING CRUISE (GSC), citée plus haut.

 

Afif Chiboub, 48 ans est député depuis quatre législatures et premier vice-président de l’Assemblée depuis six ans. Il est le frère de Slim Chiboub.

 

Slim Chiboub : Ancien joueur de handball. Il été à la tête de l’équipe de football « l’Espérance Sportive de Tunis ». Mais le plus important, il est le gendre du président. En effet il a épousé sa fille Dorsaf de sa première femme, Naima el Kefi. Lui et son frère se sont spécialisés dans les commissions sur les grands marchés d’État.

 

Najet Trabelsi est députée. Elle est la cousine de Leila Trabelsi.

 

 

Kamel Eltayef[5]. Pour les trois frères Eltayef, issus comme Ben Ali d’une famille de Hammam Sousse, le 7 novembre 1987 est un jour béni. Kamel Eltayef joue dès lors le rôle de « président bis » recevant chaque matin, dans ses bureaux de la rue de Beyrouth au cœur de Tunis, les principaux ministres du gouvernement. Dans son sillage ses deux frères font des affaires. La famille Ben Ali bénéficie également de quelques prébendes. Pas un frère, pas une sœur du nouveau président qui ne reçoivent une petite gâterie…

Cet homme d’affaires exceptionnel ancien ami intime de Ben Ali. Jusqu’en 1992 il tenait le haut du pavé. Il sera écarté pour s’être opposé au mariage de son ami en secondes noces avec la coiffeuse Leila Trabelsi qui était son amante, comme on a pu le constater plus haute, durant les années 80.  Il est remplacé par les Chiboub.

Kais Ben Ali  est les fils aîné de Moncef, le frère du président s’octroie le monopole des alcools à Sousse et a fait main basse sur le free-shop de l’aéroport de Monastir.

Djalila Ben Ali, une des sœurs de Ben Ali, devenue la reine des buvettes. Qu’il s’agisse de celle de l’école HEC à Carthage ou celle de l’École nationale d’architecture. Son époux, un certain El Hadj, qui possédait un kiosque d’essence, est devenu entrepreneur dans l’immobilier. Un de ses immeubles est loué au ministère des Transports, qui a été contraint de lui signer un bail avantageux.

 

 

Belhassen Trabelsi est le frère aîné de Leila Trabelsi. Il est l’époux d’une des filles de Hédi Jilani, le chef de l’Utica, le patron des patrons. Il est patron de plusieurs sociétés dont la compagnie aérienne « Karthago Airlines » associée à Nouvelair d’Aziz Miled. Il est aussi dans le Conseil d’Administration de Banque de Tunisie aux côtés d’Alya Ben Abdallah. Belhassen Trabelsi a aussi sa propre radio « Mosaïque ». Vu à quel point on se trouve du point de vue moral dans le pays, rien n’est impossible en l’espèce. Dans une lettre anonyme attribuée au personnel de la compagnie aérienne nationale « Tunisair » dans laquelle on se plaigne des agissements de Belhassen Trabelsi, le frère de la pharaonne Leila, qui siphonne leur compagnie au profit de la sienne « Karthago Airlines » en pièces détachées, en catering, en maintenance etc. on peut y lire : «Vingt ans de Benalisme ont parachevé tout ce qui restait et nous rattachait encore à la Tunisie d’un point de vue institutionnel, politique, économique, social et éthique. Aux valeurs morales, délaissées, mais universellement reconnues, de sincérité, vérité, condamnation du vol, franchise, honnêteté, bravoure, bannissement de la corruption, aide, entraide, loyauté…la société tunisienne, sous le règne de Ben Ali a cédé place et a épousé les valeurs de mensonge, vol, hypocrisie, traîtrise, corruption, égoïsme, opportunisme, fraude, prostitution. À l’image de son chef, la vitrine est rose mais le jardin secret est gris, voire obscur. »  Ce n’est qu’un fragment de la réflexion venue dans cette lettre anonyme du personnel de la compagnie aérienne Tunisair. Soit dit en passant, toutes les compagnies sous dénomination nationale ainsi que les banques et les compagnies d’assurances ont été formées par l’argent du peuple et toutes aujourd’hui sur les « précieuses instructions » du FMI ont été privatisées ou bradées à toutes sortes de compagnies financières étrangères, sans jamais avoir, sous quelque forme que ce soit, penser à une consultation populaire comme ça aurait dû être. Il se trouve que ces opérations de privatisations à gogo qui vont profiter, d’une façon ou d’une autre, aux membres du clan aient eu lieu justement avec l’arrivée de Ben Ali au pouvoir. La vague dévastatrice du « néo-libéralisme » inaugurée par le couple politique Thatcher-Reagan dans les années 80 a déferlé sur le reste du monde avec la chute du mur de Berlin en 1989…

En 2009, multimillionnaire businessman accompli et homme fort des Trabelsi, Belhassen, quarante-six ans, [six ans plus jeune que Leila] est un homme comblé….

 

Alya Abdallah,  elle est la femme du ministre des affaires étrangères Abdelwahab Abdallah et proche de Leila Trabelsi. Cette dame s’est emparée dernièrement, ni plus ni moins, que de l’une des banques les plus importantes ; la Banque de Tunisie.  Pourtant la dame jouit d’une piètre réputation professionnelle. Ainsi depuis le mois de mai 2003, elle avait occupé le poste de présidente du conseil d’administration de l’UIB, l’Union Internationale des Banques, qui appartient au groupe français de la Société Générale. Et avec quel brio ! Non seulement la pauvre UIB, pourtant dotée d’un remarquable réseau d’agences n’a enregistré aucun bénéfice. À tel point que pour la première fois dans l’histoire bancaire tunisienne, l’un des commissaires aux comptes, en l’occurrence le cabinet Deloitte, a refusé de certifier les comptes de la banque en 2006[6].

 

Imad et Moez Trabelsi  sont les deux « neveux » de la femme du président Leila Trabelsi. Ils sont très célèbres pour leurs vols de yachts français de grand luxe. Ils sont aux prises avec la justice française. Néanmoins ils font fureur dans le pays et disposent de moyens considérables. D’ailleurs Imad est particulièrement soutenu et choyé par Mme la présidente Leila Ben Ali. S’il y a selon les rumeurs, un certain imbroglio concernant la mère biologique du petit-grand voyou, car la journaliste Sihem Bensedrine aurait été incarcérée durant trois mois pour avoir été trop curieuse en ayant ouvert la boîte de Pandore jusqu’à attribuer la maternité à Leila et par conséquent il serait son propre fils d’un autre lit et non pas son neveu. Imad traîne depuis de longues années déjà une solide réputation d’homme d’affaires sans scrupule et de grossier personnage… En 2007 le consul des Etats-Unis à Tunis a eu l’occasion de tester la goujaterie du personnage. Pour fêter l’anniversaire de sa fille, monsieur le diplomate américain avait loué « Le Manhattan », une discothèque bien connue de la douce station balnéaire d’Hammamet. Jouant des coudes et arguant de son rang de neveu du président, Imad parvient à s’infiltrer. Et, fidèle à sa réputation de dragueur, se met à importuner les femmes présentes. L’hôte de la soirée n’a, semble-t-il guère apprécié la plaisanterie, puisque l’intrus fut ramené sous bonne garde et à bord d’un 4X4 vers Tunis. Imad Trabelsi possède directement ou indirectement de nombreux business. Les siens sont rassemblés au sein de Med. Business Holding, un groupe créé en mai 2000 qui compte une dizaine d’entreprises dans des domaines aussi variés que l’import-export, l’immobilier, l’agroalimentaire, les ascenseurs et même la signalisation d’autoroute[7]

 

Ghazoua ben Ali, elle est une autre fille de Ben Ali de sa première épouse Naima El Kefi. Elle est mariée à l’homme d’affaires Slim Zarrouk. Il est spécialisé dans le rachat d’entreprises privatisées pour les revendre aux prix forts. Il serait selon un observateur plutôt discret.

 

 

Cyrine Ben Ali est la troisième et dernière fille de Ben Ali et de Naima el Kefi. Elle est mariée à Marouan Mabrouk, le rejeton d’une autre grande famille. Depuis son mariage, les affaires de celle-ci prospèrent encore plus : Les Mabrouk viennent de mettre la main sur la société de distribution de Fiat, Mercedes, Iveco etc. Récemment privatisée et qui viendra s’ajouter à la société de fourniture d’accès à l’internet de la jeune épouse Cyrine.

 

Sofiane Ben Ali, le fils de Moncef le frère de Ben Ali mort dans des circonstances suspectes. On dit que le clan, des frères et sœurs du président, est considéré « comme le moins influent mais le plus voyou ». Ils sont spécialisés dans la contrebande, la fraude douanière et le racket. Ils se sont répartis la zone de Tunis, Monastir, Hammamet et Sousse. Depuis la mort de Moncef, poursuivi en France il y a quelques années dans le cadre de la « couscous connection » un trafic de drogue à grande échelle, ce clan n’a plus de « représentant ». Sofiane a épousé une autre des filles de Hédi Jilani, le patron des patrons. 

 

Hédi Jilani (né le 13 février 1948 à Tunis) Le président de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat. Membre du bureau exécutif de l’Utica de 1975 à 1980 et de 1985 à 1990, il réussit finalement à prendre la relève du chef historique de l’Utica, Ferjani Bel Haj Ammar en 1987. Il est aussi membre du comité central du Rassemblement Constitutionnel Démocratique depuis 1989 et membre de la Chambre des députés depuis 1989.

Tous ces noms cités jusque là constituent le clan le plus puissant. Pour commettre leurs frasques, Leila et les siens s’abritent derrière l’État. Quelques diplômés et autres experts en complet veston, nommés par le palais de Carthage, manient en effet parfaitement les idiomes du FMI et les contraintes de la Communauté européenne… Le FMI dont le directeur Dominique Strauss Khan est un bienvenu dans le pays.

 

Bassam Loukil  Il est le concessionnaire des marques automobiles Citroën, Mazda…

 

Mohamed ben Jemâa est le concessionnaire de la marque automobile allemande (BMW)

 

Moncef Mzabi est le concessionnaire entre autres des marques Renault véhicules de tourisme, Nissan etc.…

 

 

Aziz Miled, le patron de TTS. Il est aussi le patron de la compagnie aérienne « Nouvelair » qui a noué alliance avec une autre compagnie Karthago Airlines qui appartient à Belhassen Trabelsi. En août 2006 Aziz Miled et Belhassen Trabelsi chargent la Compagnie financière Edmond de Rothschild d’étudier « la faisabilité d’un rapprochement » entre les deux compagnies. Cette décision est l’aboutissement de plus de deux mois de pourparlers secrets et va permettre aux deux compagnies de supplanter Tunisair. C’est à l’automne 2008 que la fusion des deux compagnies est décidée après l’approbation définitive le 30 mai de la parité d’échange des droits sociaux des deux compagnies et la suspension de la cotation de Karthago Airlines à la Bourse de Tunis, le 28 mai suite à une offre publique de retrait. À moins que le peuple soit inconscient au point de se considérer, comme n’ayant rien à voir ni avec la Palestine, ni avec l’histoire commune avec les autres peuples arabes, ni avec les valeurs morales partagées pour ignorer le rôle joué par la famille Rothschild dans la création de l’état sioniste d’ « Israël » et des colons les plus féroces de l’histoire venus de tous les coins du monde dans le but d’exterminer toute la population en Palestine pour la réduire à une « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Et ce n’est qu’un apéritif, car tout indique que ces colons sont loin de s’arrêter aux limites territoriales de la Palestine historique. Pourtant monsieur Aziz Miled, tout comme la plupart, sinon la totalité des hommes d’affaires déjà cités et les autres, ne tiennent rien en considération que leurs propres intérêts, qui sont diamétralement opposés aux intérêts du peuple. Tant que les relations jouent en faveur de ses intérêts, monsieur Aziz Miled ne rechigne pas à être en bons termes avec les sionistes et les anciens nazis. Le tremplin qui a propulsé Aziz Miled n’est autre que l’ancien nazi Joseph Neckermann, l’un des promoteurs occidentaux du tourisme en Tunisie…

Aziz Miled est aussi, entre autres, le président de la compagnie hôtelière La « Laico Hotels Menagement Company » propriétaire de 22 unités hôtelières qui se répartissent sur 15 pays à savoir la Tunisie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Uganda, le Rwanda, le Gabon, le Congo, le Burkina Faso, le Tchad, la République Centrafricaine, le Ghana, la Gambie, la Guinée, le Mali et le Togo. À son avoir-ci, la compagnie Laico a acquit l’hôtel Abou Nawas de Tunis, les 5 étoiles phare du Centre-ville de la capitale tunisienne.

 

 

Hosni Djemmali.  Dans le chapitre « Dolce Vita en Tunisie » on peut lire au sujet du personnage[8] : « … Mais la Tunisie [de Ben Ali] possède tout de même quelques atouts…comme par exemple le groupe hôtelier Sangho, dirigé par le riche homme d’affaires Hosni Djemmali. Lequel n’est pas n’importe qui : élément clé du lobbying tunisien en France, il est proche du puissant ministre des Affaires étrangères Abdelwahab Abdallah, [évoqué déjà plus haut comme l’époux d’Alya Abdallah] qui a pendant des années officié comme le porte parole de la présidence de facto, dirigé la communication du régime – ce qu’il continue d’ailleurs à faire en sous-main, fort d’un impressionnant carnet d’adresses. À Paris, Hosni Djemmali tient table ouverte dans les meilleurs restaurants du quartier de la Bourse, en particulier pour les journalistes héritant du dossier Tunisie. Au dessert, cet homme hospitalier les invite à passer des vacances dans l’un de ses clubs. Avec leur famille et aux frais de la princesse…

 

Lorsque son groupe Sangho fête ses trente ans en novembre 2008, c’est tout naturellement qu’il reçoit ses nombreux « amis » français pour une mémorable soirée au Sangho Club Zarzis, « véritable petit village enfoui dans un jardin de palmeraie de 14 hectares, [qui] étale ses bungalows blancs au bord de l’eau », comme le proclame son site Web. Que du Beau linge ! Hervé Novelli, alors secrétaire d’État en charge du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme et des services – qui en profitera pour épingler une Légion d’honneur sur le costume de Hosni Djemmali. Mais aussi Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel (Ce monsieur qui n’est pas tout à fait analphabète et malgré son poste aussi élevé dans l’État français, est quand même incapable de rédiger une seule phrase sans commettre des fautes d’orthographe ou de grammaire) et, plus surprenant encore, Marie Cécile Levitte, l’épouse de Jean David Levitte, conseiller diplomatique du président Nicolas Sarkozy. [L’auteur de la fameuse appréciation : « Des trois pays du Maghreb, la Tunisie est celui avec lequel nous entretenons la relation la plus dense et la plus apaisée ».] Sans surprise en revanche, le monde des médias est quant à lui représenté en force : Dominique de Montvallon, directeur adjoint de la rédaction du Parisien ; Michel Schifres, président du comité éditorial du Figaro ; Noël Couëdel, directeur éditorial du quotidien l’Équipe ; Étienne Mougeotte, ancien vice-président de TF1 et directeur des rédactions du Figaro ; Christian de Villeneuve, directeur de la rédaction du Journal du Dimanche ; Nicolas Charbonneau, ex-Europe 1 parti à I-Télé ; Et Valérie Expert, journaliste sur la chaîne d’information LCI. Tout ce Beau monde n’a pas hésité à prendre la pose et s’est retrouvé tout sourire dans les pages people de Tunisie Plus, le magazine du groupe Sangho, qui se pique aussi de faire dans la presse. À la gloire du régime de Ben Ali, il va de soi. Un détail qui ne semble guère gêner outre mesure certains plumitifs français. Ainsi Nicolas Charbonneau et Michel Schifres appartiennent au comité éditorial de ce support de communication…Hosni Djemmali et son magazine « Tunisie Plus » ne sont pas les seuls à permettre aux « pipoles » français de la politique et des médias de se la couler douce. Le bimensuel L’Économiste Maghrébin, proche du président Ben Ali s’est aussi lancé sur le créneau. Ce n’est pas Jean-Pierre Raffarin qui dira le contraire. Comme l’a révélé Le Canard enchaîné au printemps 2009[9], l’ancien Premier Ministre devenu sénateur a bénéficié d’un joli cadeau : Un week-end au Tamerza Palace de Tozeur, réputé pour « sa piscine avec vue saisissante sur le désert, son restaurant gastronomique » dans une suite « à plus de 700 euros ». En contrepartie, Jean-Pierre Raffarin a pris la parole lors d’un colloque organisé par l’aimable magazine, où il s’est livré à quelques raffarinades pro-Ben Ali : « D’une certaine manière, la Tunisie est mieux protégée [contre la crise] que d’autres pays », car Ben Ali cultive cette « valeur fondamentale » qui permet de fonder une « nouvelle conception de la vie » : La sécurité…Dans l’ensemble, Zine el-Abidine Ben Ali peut compter sur le soutien de la « communauté internationale » et en particulier sur la France. Dans ce pays, le fameux éditorial du patron de l’express, Denis Jeamber, qui affirmait dans un raccourci simpliste, deux mois après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, préférer Ben Ali à Ben Laden, semble encore faire autorité sept ans plus tard. « Le régime autoritaire de Ben Ali, écrivait-il alors, a besoin de la durée pour créer une véritable assise démocratique, à travers notamment l’éducation. Il ne s’agit pas d’être complaisant, mais simplement lucide : la démocratie ne naît pas en un seul jour, notre pays a, lui-même, traîné en chemin. Depuis les attentats contre les Twin Towers, il est devenu, en tout cas, évident qu’il faut opposer Ben Ali à Ben Laden.

 

 

Plutôt que de célébrer béatement l’amitié franco-tunisienne, d’autres préfèrent la promouvoir activement. C’est le cas de Georges Fenech, natif de Sousse, un magistrat au curriculum foisonnant…Lorsqu’il siégeait au Palais-Bourbon et était le vice-président du groupe d’amitié France-Tunisie, ce dernier accouchait de communiqués prenant farouchement la défense du président Ben Ali. Ce par exemple le cas en novembre 2005, quand les parlementaires amis de la Tunisie saluaient Ben Ali comme un « véritable homme d’État » louant les avancées d’une « Tunisie qui va dans le bon sens » et fustigeant les tentatives de « désinformation contre la Tunisie ». C’est donc tout naturellement que Fenech a créé deux ans plus tard, avec l’aide de son épouse Christine Goguet, journaliste, l’association Échanges franco-tunisiens. Monsieur en est président et Madame la chargée de communication. La vocation d’EFT ? – Favoriser le développement des  relations économiques entre la France et la Tunisie[10]. Comme par hasard, le siège de cette nouvelle association est sis à la même adresse – le 28 bis, rue de Richelieu dans  le 1er arrondissement parisien – que celle du groupe hôtelier Sangho et des Éditions Sangho, qui publient le magazine Tunisie Plus. La liste des amis de Ben Ali resterait incomplète sans citer, Frédéric Mitterrand. Un vrai compagnon de route ! Ce monsieur ne cache pas ses plaisirs intimes pour les garçons. En tout cas jusqu’à présent il est propriétaire d’une belle villa à Hammamet[11] même s’il voyage pour les mêmes plaisirs particuliers dans d’autres régions du monde.

Kamel Morjane. Il est le ministre de la défense de Ben Ali depuis 2005. Selon les auteurs du même livre son nom circule parfois pour remplacer Ben Ali. Il entretient de solides contacts aux Etats-Unis – pays dont il posséderait en outre la nationalité. Dans le cas où une telle prophétie se réalise un jour, on aura carrément un « Hamid Karzai » ou un « Zalmai Khalil Zada » ou même un « Yad Alaoui » au palais de Carthage. De toute les manières, Morjane n’est pas le seul tunisien à avoir noué ce type de relations avec les Etats-Unis. Ben Ali, lui-même a eu le bon goût de passer une vingtaine de mois en Amérique, où il a été formé à l’École militaire supérieure de renseignement et de sécurité de Baltimore. Voilà qui crée des liens. Selon la même source il « bénéficia de l’accord tacite pour ne pas dire de la bénédiction de Washington lorsqu’il renversa Bourguiba le 7 novembre 1987.

 

 

Abdelaziz Ben Dhia, « On ne compte plus les services que ce juriste a rendus à Zine el Abidine Ben Ali – il est agrégé en droit civil – qui a débuté sa carrière politique sous Bourguiba. C’est en effet lui qui a géré la révision constitutionnelle de 2002 [et par conséquent] instauré légalement la dictature. Non seulement celle-ci a accru les pouvoirs déjà excessifs du président et lui a garanti une immunité à vie, mais, surtout, elle a rendu légalement possible une présidence à vie en levant l’interdiction d’exercer plus de trois mandats successifs. C’est encore Ben Dhia qui, deux ans plus tard, a coordonné la campagne électorale de Ben Ali, candidat à sa propre succession. Et c’est lui qui sera à la manœuvre pour concevoir et faire voter la loi du 27 septembre 2005 octroyant d’exorbitants privilèges aux « présidents de la République dès la cessation de leurs fonctions » ainsi qu’à leur famille en cas de décès. Votée dans la hâte alors que les rumeurs les plus alarmantes circulaient sur l’état de santé du président, elle a été conçue sur mesure pour protéger Leila et sa progéniture en cas des disparitions de Zine[12].

Homme de missions délicates et secrètes pour le président Ben Ali, Abdelaziz Ben Dhia a également été dépêché aux côtés de Leila pour lui porter assistance lorsque, en quête de respectabilité et de compétences pour exercer un éventuelle régence, elle préparait par correspondance sa maîtrise de droit public de l’Université de Toulouse, en 2006. C’est aussi lui qui aujourd’hui mandaté auprès de Sakhr El Materi pour le déniaiser politiquement. En guise de remerciement, Ben Ali a offert à son fidèle serviteur une carrière à la hauteur de son dévouement et de sa loyauté. Avant de devenir conseiller spécial de la présidence, Abdelaziz Ben Dhia a été ministre de la Défense pendant cinq ans, puis secrétaire général du RCD de longues années durant, ce qui lui a permis de faire la pluie et le Beau temps dans le parti-État en favorisant, selon ses détracteurs, la nomination de cadres originaires, comme lui, du Sahel…[13]

 

 

Naïma El Materi, née Boutiba, est la mère de Sakhr El Materi l’époux de Nesrine Ben Ali, comme il est signalé antérieurement.  

 

 

Fouad Chemam, une autre des figures du monde patronal et de la grande bourgeoisie. Les Chemam ont fait une immense fortune déjà à l’époque du premier dictateur, Bourguiba, dont ils étaient parmi les grands supports. Cette famille avait l’exclusivité de l’importation et de la distribution de la friperie venant des Etats-Unis et par conséquent elle habillait la majorité des tunisiens et des tunisiennes. Par la suite le « royaume »  des Chemam est devenu une industrie de textile. Les fripes invendues ou pour d’autres raisons, sont devenues une des matières premières à la base de cette industrie qui va innover dans la fabrication de couvertures, très répandue sur le marché local. Dans leurs usines à Sousse ou à Tunis, des centaines d’ouvriers ont été dans des conditions les plus dures pour des salaires de misère. Les dimensions des richesses sont toujours en fonction des dimensions de l’horrible exploitation des employés et de leur nombre. Slim Chiboub, le gendre de Ben Ali, a  voulu sauter sur le royaume des Chemam. En toute vraisemblance il a flairé des grosses affaires dans la friperie monopole des Chemam. Tout va être fait pour dissuader l’héritier de cette famille Chemam d’accepter.

Dans un premier temps Fouad Chemam se retire dans la somptueuse villa qu’il s’est fait construire sur la corniche de Sidi Bou Said. Soit dit en passant les villas aussi somptueuses les unes que les autres qui appartiennent à cette classe « d’hommes d’affaires tunisiens » sont parsemées d’abord entre, Sidi Bou Saïd, Tunis, Sousse ainsi que dans d’autres régions du pays et ensuite dans plusieurs pays occidentaux dont les Etats-Unis. À cet effet les Chiboub, Zarrouk, Ben Ali, Mabrouk et Trabelsi etc. ont sorti des devises par palettes entières (témoignage d’un pilote) pour les planquer à Dubai (pour les Trabelsi) où ils possèdent des rues entières, ou encore en Europe et aux Caraïbes (pour les Mabrouk), où ils ont investi dans l’immobilier (Monaco, Nice). En outre ils ont placé des sommes  colossales dans les paradis fiscaux comme les Iles Vierges Britanniques. Et tout le monde le sait, dans le contexte de la mondialisation, il n’y a pas de plus simple que de faire circuler les capitaux du Sud vers le Nord. Donc les palettes dont le pilote en serait témoin n’est qu’un parmi tant d’autres innombrables moyens dont le transfert électronique qui ne nécessite ni billets, ni palettes ni rien d’autre que des ordres.

Dans un second temps, il paraît que Leila avait mis l’œil sur la somptueuse villa des Chemam où elle voulait installer sa fille Nesrine. N’ayant pas obtempéré au désir de la très puissante dame de Carthage, il décide d’aller s’installer aux Etats-Unis tout en laissant sa fameuse villa entre les mains de l’ambassadeur de nouvel Irak « démocratisé » par la volonté de Bush, Cheyney, Wolfowitz, Pearl et une longue liste de sionistes et extrémistes siono-chrétiens et néolibéraux américains . Notons enfin que Fouad Chemam est le gendre de Mustapha Zaanouni, ancien ministre de Bourguiba. Souhaitons – soit dit en passant – une bonne vie à monsieur Fouad Chemam ainsi qu’a son gendre Zaanouni et les leurs dans leur « vrai pays » les Etats-Unis d’Amérique.

 

Tous ces noms des familles citées jusque là et liées entre elles par des liens de sang ou des liens « idéologiques du business », constituent une authentique toile d’araignée.

Pour commettre leurs frasques, Leila et les siens, en tant que clan principal et les autres bourgeoisies issues du temps du premier dictateur et qui pourraient ne pas partager tous les points de vue de Leila ou du sérail, tous en tout cas, s’abritent derrière le Parti-État auquel sont inféodé la justice, la presse, les syndicats et toutes les institutions et organisations.  Quelques diplômés et autres experts en complet veston, nommés, comme il se doit dans une dictature, par le sérail, manient en effet parfaitement les idiomes du FMI et les contraintes de la Communauté européenne. De la même manière que les diplômés en droit, manient aussi à la perfection la justice en qualité d’avocats ou de magistrats. Quant à la presse, qu’elle soit en arabe ou en français qu’elle soit écrite, radiodiffusée ou télévisée, elle reste inféodée dans sa presque totalité aux courants de la presse occidentale. Ses journalistes, généralement corrompus s’évertuent dans la défense, en apparence du régime, mais en réalité dans la défense des privilèges extraordinaires de toutes ces familles et à leur tête le clan familial de Leila et de Ben Ali.  

Ceci dit, il n’est plus un secret pour personne que les richesses de la Tunisie, pays de plus de dix millions d’habitants soient partagées entre une dizaine de familles, dont bien entendu, la famille directe du président en exercice depuis plus de vingt ans. Avant d’arriver à la magistrature suprême, le personnage va passer une bonne vingtaine d’années dans les rouages de l’état, soit comme chef de police, ministre de l’intérieur et finalement comme premier ministre avant le stade final, le palais de Carthage. Et la famille de sa femme en secondes noces, Leila Trabelsi, dont il est question dans le  livre « La Régente de Carthage »[14].

Tous ces personnages qui font partie directement du clan de Carthage et ceux qui constituent les piliers du régime sont tous ou presque, issus du même parti politique, le parti-état. Ces hommes d’affaires, les nouveaux, ceux les plus puissants en ce moment, ceux du Palais de Carthage et les anciens qui viennent de l’époque antérieure et qui ont cédé les rênes des affaires à leurs progénitures ou à leurs plus proches familiers, tout comme leurs homologues dans les autres monarchies ou républiques du Maghreb ou dans les autres régions arabes et musulmanes constituent l’élite ou le « peuple élu » à qui doit, de jure ou de facto, appartenir tout le pays. Une élite qui a déclaré depuis longtemps son adhésion au néo-libéralisme. Comme on l’a vu avec ces échantillons d’hommes d’affaires y compris le plus célèbre d’entre eux, le gendre du président,  tous sont des associés à des compagnies occidentales ou plutôt servent de tête de pont dans l’introduction des  multinationales occidentales dans le pays. Les publicistes ou ceux chargés du marketing  politique se sont chargés de la mission de faire l’éloge de l’Occident et surtout de faire croire qu’avec sa technologie, son progrès et ses «  généreuses dispositions  « innées à son esprit bienfaiteur » le bonheur et la prospérité vont finalement couvrir la planète. Et on sait aujourd’hui à quel point le désespoir est le pain quotidien de plus des trois quarts de l’humanité.  Cette classe d’intellectuels qui font fonction de porte parole du régime, ne ménage aucun effort pour convaincre la société, de l’inévitable association à l’Occident, comme seul et unique possibilité de pouvoir progresser. On sait aussi à quel point ils poussent l’absurde pour présenter une association comme une association divine. Il suffit d’observer un instant la vie aujourd’hui dans n’importe lequel de ses aspects pour se rendre compte de la réussite occidentale indiscutable dans sa pénétration de la société arabe ou musulmane. Le débarquement des compagnies occidentales dans tous les secteurs vitaux, économiques, culturels et même spirituels est considéré par ces intellectuels comme chose normale dans un monde « globalisé » et c’est ainsi que les « tunisiens » sont entrés dans l’ère de la modernité électronique et de la technologie. Ces hommes d’affaires tunisiens et leurs intellectuels veulent faire croire à la population que la Tunisie est d’ores et déjà un pays associé à l’Occident et plus particulièrement à l’Union Européenne. Il n’y a pas de pire mensonge. Jamais au grand jamais l’Occident n’a renoncé à sa suprématie et à sa domination. Il le démontre tous les jours de l’année et dans toutes les circonstances qu’il n’y a pas d’association entre les forts et les débiles et que tout son grand progrès et ses grandes réalisations scientifiques et autres, nécessitent impérativement tout un monde pour consommer ses produits et par conséquent il n’est jamais disposé à partager avec aucun autre, qu’il soit tunisien ou autre, ni ses secrets ni ses institutions et entreprises. On ne cesse présenter les entreprises occidentales qui investissent de l’argent dans les secteurs économiques en Tunisie ou ailleurs, presque comme des sociétés de bienfaisance, alors qu’en réalité, les investissements se font dans le seul but de faire des bénéfices. Et plus ces bénéfices sont élevés plus c’est mieux. Et comme les bénéfices ne tombent pas du ciel, ils se font forcément au détriment des plus faibles de la société. Il n’importe pas du tout que les entreprises occidentales fassent aussi des bénéfices dans leur propre sphère. Ça fait partie de la dynamique économique propre, alors que les bénéfices soutirés des autres pays constituent tout simplement du pillage. 

 

Le pillage systématique d’aujourd’hui est pire que celui d’hier. Et au fur et à mesure que les entreprises occidentales s’emparent de secteurs économiques entiers, elles ne font que confirmer le comportement, ancré depuis des longs siècles, dans l’esprit occidental. Et quels que soient les discours qui changent dans les termes et les moyens qui se perfectionnent, l’esprit occidental n’a jamais été disposé à céder d’un iota ni de renoncer à l’équation « dominant- dominé ». Les hommes d’affaires tunisiens associés à des entreprises occidentales, comme par exemple dans le domaine le plus avéré, le tourisme, ils le sont à titre personnel, mais ils se servent tout un pays et un peuple à cette fin. Ni l’un, le pays, ni l’autre, le peuple, ne seront jamais associés. Pour s’en convaincre, il suffit de voir d’abord comment sont traités les employés dans ce secteur par rapport à leurs homologues dans les pays occidentaux, chose qui se répètent dans tous les autres secteurs associés aux occidentaux. Par la suite et c’est le plus dramatique entre tous, le Mur de Schengen. Aucun gouvernement réellement souverain –  comme il plait souvent aux responsables tunisiens d’en faire ostentation, surtout quand il s’agit d’affronter les accusations d’organisations de tortures et d’arbitraires envers les propres citoyens – n’acceptera jamais les conditions dictées par le Mur de Schengen sans appliquer la réciprocité. Rien ne justifie une telle renonciation. Ou encore mieux, la souveraineté réelle n’existe que dans l’imagination de ces responsables. Et dans ce cas on se trouve effectivement dans la situation de l’équation du « dominant-dominé ».

Et plus un régime accepte ces conditions de la domination occidentale, plus l’Occident est complaisant avec lui quelles que soient ses bavures, les plus sanglantes envers la population et particulièrement envers les opposants.

 

Plus d’un responsable du régime tunisien justifie souvent les injustices flagrantes et les inégalités les plus ahurissantes par la phrase sibylline que « la Tunisie est un petit pays qui n’a pas de ressources naturelles en abondance » et par conséquent il ne peut offrir à tous ses citoyens les moyens pour une vie descente avec tout ce que le terme comporte, de revenu régulier et suffisant, un logement adéquate, un paysage urbain digne de son temps, les conditions de santé universelle, une éducation et formation compatibles etc. hors il ne s’agit là  que de conciliabules stériles et sans fondement. D’abord tous ces responsables, hommes et femmes,  qui se présentent sur les écrans, et, sans nécessité d’entrer dans les détails, sont toujours bien portants comme des roses, bien habillés souvent conformément à la dernière mode, très bien logés. Une fois une dame député qui paraissait sur l’écran d’une chaine française « France24 » avait employé des termes concernant la « pauvreté de la Tunisie » presque pour faire pitié, alors qu’elle était habillée d’un costume de grande marque et autour du cou un énorme collier d’or tressé, comme pour rehausser son décolleté. Personne ne pense que le luxe et l’extravagance dont font ostentation les familles de tous ces personnages soient prélevés sur le pain de l’homme blanc leur « associé ».  Pourtant la Tunisie n’est pas si pauvre que ça, sinon voyons encore ce qui est écrit dans le livre « La Régente de Carthage » : « L’été, la jeunesse dorée de Tunis vient s’amuser au Calypso, la boîte préférée du neveu chéri et voleur de yachts, Imed. En août 2009, le célèbre DJ David Guetta y faisait vibrer cette belle jeunesse pour un modeste cachet de 35.000 euros…Vodka et Champagne coulent à flots. La table au Calypso, 2000 places au total, coûte entre 1.500  et 4.000 euros ! Le salaire du meilleur serveur dans cet établissement luxueux ne dépasse pas les 200 euros… C’est dans ce lieu de perdition que, il y a quelques années, un frère de Leila, Mourad, a failli mourir d’une overdose. Sexe, drogue et…fric. »

 Bref les problèmes de la vie en Tunisie n’ont rien à voir avec les ressources, existantes ou inexistantes, mais tout simplement ils sont le produit logique d’une politique basée sur l’injustice qui profite au régime et à ses serviteurs. Beaucoup de pays arabes ou d’ailleurs dans le monde des « dominés » regorgent de ressources naturelles sans pour autant  que ces ressources servent à améliorer la vie de leurs citoyens ou faire progresser la société dans son ensemble. Mais par contre tout le monde occidental à peine s’il dispose de ressources naturelles et pourtant. En Algérie, juste à côté, les ressources énergétiques sont immenses et la misère campe de tout son poids. Au Maroc la situation n’est point meilleure. Elle serait pire qu’en Tunisie, pourtant les ressources sont immenses. En Arabie, les fils d’Abdelaziz Ben Saoud qui se sont approprié, en bonne et due forme, de tout le pays y compris des ses êtres, de ses animaux, de tout ce qu’il y a sur sol et dans sous-sol, livrent quotidiennement à l’Occident presque dix millions de barils de pétrole et pourtant sur les 30 millions d’habitants, plus de 25 millions vivent dans la misère absolue. Donc la « Tunisie, petit pays sans grandes ressources naturelles » pour justifier l’injustifiable n’a aucun sens.

Ce qui se passe en Tunisie, comme dans les autres régions ou pays arabes n’a rien à voir avec les richesses naturelles, mais beaucoup plus avec les familles qui se sont installées ou que les puissances occidentales ont installées au pouvoir et les ont pourvues des moyens nécessaires pour s’y maintenir. Le dernier rapport des Nations Unies  laisse insinuer que les gouvernants arabes comme la source principale de l’insécurité pour le citoyen et pour la société dans son ensemble. Dans l’absence de projet de construction quelconque, les familles des gouvernants arabes ne leur reste qu’à s’emparer des rouages de l’état pour s’enrichir. Et rien d’autre. Mais si être riche au milieu des pauvres semble donner un sens à la vie, être riche parmi les riches laisse la porte grande ouverte à la dégénérescence pure et simple. Là il n’y a pas de projet de construction, il y a le néant.

 Le peuple en Tunisie ou dans les autres régions, surtout arabes et musulmanes, ne s’est pas résigné à son sort, comme le soutiennent certaines voix politiques dans l’opposition. Le régime ne cesse de s’armer et d’embaucher et d’augmenter le nombre de policiers, car il sait pertinemment que sous les cendres couve les braises.  Dans la société il y a une sourde colère que le moment venu, finira par faire irruption de toute part et rien ne pourra plus l’arrêter. Chaque provocation ne fait inévitablement qu’augmenter le degré de cette amertume. Et le régime ne loupe aucune  occasion pour la porter à son paroxysme. Parce qu’il croit que le peuple est bête et ne peut plus rien faire. Comme il se trompe lourdement ! Le régime croit que les arrestations arbitraires suivies de parodies de justice pour envoyer des jeunes, de toute profession dans les prisons sont à même de terroriser jusqu’à la paralysie tout le peuple, ne fait en réalité qu’approfondir le fossé et exacerber cette sourde  colère.

Personne n’est dupe pour prêter la moindre crédibilité aux déclarations et justifications des porte-parole du régime. Chaque coup que porte le régime au peuple à travers ces arrestations arbitraires pourrait être le dernier avant le déferlement des masses et la révolte générale. Aucun régime aussi répressif soit-il n’a jamais pu prévoir l’inattendu et encore moins y faire face et s’en sortir indemne.  La dernière arrestation et emprisonnement de l’écrivain et journaliste Taoufik Ben Brik, est un coup supplémentaire porté contre tout le peuple. Le peuple se sent gravement blessé par ces coups et  les viles méthodes utilisées par le régime pour détenir et emprisonner des citoyens innocents sous des accusations fabriquées de toute pièce, comme est le cas dans l’affaire de Ben Brik.

 

Taoufik Ben Brik, s’en sortira, probablement bientôt sous la pression exercée par des personnages politiques occidentaux, comme monsieur Bernard Kouchner, le ministre français des affaires étrangères ou de journalistes « amis  de la douce Tunisie, pays du Jasmin disent-ils» tel que le directeur de l’hebdomadaire le Nouvel Observateur, mais par contre tous les jeunes étudiants auxquels on a fabriqué des dossiers semblable de terrorismes, n’ont personne pour leur venir en secours. À aucun moment aucune voix ne s’est élevée en Occident pour exiger du régime d’arrêter de torturer les centaines, voire les milliers des membres du parti islamiste « Ennahdha ». Certains des dirigeants de ce parti ont passé des longues années dans pratiquement toutes les insalubres prisons parsemées sur toute l’étendu du pays. Le Dr. Sadok Chourou, après avoir passé 18 ans dans ces geôles a été relâché pour trois ou quatre semaines avant d’être de nouveau détenu et renvoyer dans les mêmes prisons, sous le prétexte de vouloir remettre sur pied un parti politique interdit. En ce moment même le Dr. Chourou est en prison et personne, dans le monde occidental, n’est venu à son secours. Aucune organisation n’a émis la moindre déclaration de réprobation devant un cas aussi flagrant de piétinement des droits humains les plus élémentaires.

 

 

Bref que ça soit dans le cas de Taoufik Ben Brik ou dans les milliers des autres cas de citoyens arrêtés et condamnés par l’arbitraire à perdre leur liberté et leurs droits pour des années ou pour la vie, on préfère que ça soient la colère populaire qui intervienne pour les libérer et libérer une fois pour toute le pays. Car à chaque fois qu’on fasse recours aux pressions occidentales sur le régime, on ne fait que légitimer son existence et prolonger sa terreur. Que la colère populaire s’exprime de la manière la plus sonore, c’est la seule voie qui mène à une libération réelle de la dictature et de ses commanditaires occidentaux. 


 


[1] http://www.elimparcial.es/mundo/el-poder-del-magreb-de-clanes-familiares-41452.html

[2] www.elimparcial.es

[3] www.bakchich.info/Sakhr-Materi-et-sa-cabane-au,07606.html

 

[4] Maghreb Confidentiel Nº 901 du 12 novembre 2009

[5] Voir «La Régente de Carthage »

[6] Voir le livre de Nicolas Beau et Catherine Graciet « La Régente de Carthage » éd. La Découverte octobre 2009

[7] Les sociétés rattachées à Med.Business Holding sont : Agrimed pour l’exploitation des terrains agricoles, la Société de distribution du Nord pour la commercialisation de produits agroalimentaires, Batimed pour la construction de logements. Cash & Carry pour la vente en gros de matériels de construction. Loft Immobilier pour la promotion immobilière. Imed Trabelsi est également présent dans l’import-export avec l’International Trading Compagnie et Univers Équipements etc. (Note des auteurs du livre «La Régente de Carthage ».

[8] La chapitre Dolce Vita du Livre de Nicolas Beau et Catherine Graciet, « La Régente de Carthage » Éd. La Découverte, Paris octobre 2009

[9] Le Canard Enchaîné du 10 juin 2009

[10] En matière de création d’associations, Georges Fenech n’en est pas à son coup d’essai. Déjà en 1998, il était l’un des membres fondateurs de l’Association Internationale pour la Démocratie (AID. Son objectif : promouvoir la démocratie et fournir aux États qui le souhaitent des observateurs impartiaux pour garantir la régularité des élections. Parmi ses autres membres fondateurs figuraient Robert Bourgi, l’homme des coups tordus de la Françafrique qui a repris du service sous Sarkozy (Note des auteurs du livre « La Régente de Carthage ».

[11] Voir « La Régente de Carthage ».

[12] Kamel Labidi, « La longue descente aux enfers de la Tunisie » reprise dans le livre « La Régente de Carthage »

[13] La Régente de Carthage

[14] Nicolas Beau et Catherine Graciet, La Régente de Carthage, main basse sur la Tunisie, éd. La découverte, Paris, 2009

 


Caroline Fourest, maintenant tu peux disposer 🙂

Par: Sarah Ben Hamadi, La Marsa – Tunisie

Tariq Ramadan face à Caroline Fourest. Depuis le temps que j’attends ça, et d’ailleurs je suis loin d’être la seule. Frédéric Tadéï, l’un des meilleurs journalistes français du moment, a enfin réussi à ramener les deux « ennemis » sur son plateau de Ce soir ou jamais sur France3.

Caroline Fourest, détractrice de Tariq Ramadan, et journaliste et écrivain à ses heures perdues ne m’a pas déçu. Elle a belle et bien confirmé ce que je pensais d’elle: une personne dont l’obsession principale s’appelle Tariq Ramadan.

Prise en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle, elle veut imposer sa vision, n’hésitant pas à lancer à Frédéric Tadéï lorsqu’il trouve le paragraphe cité de Ramadan correct: « Mais, vous n’avez pas compris! »… En effet, Mademoiselle Caroline Fourest est la seule à avoir tout compris des livres de Ramadan et la seule à l’avoir cerné…

De fausses références et de fausses citations dans son bouquin, elle plaide pour une liberté d’expression et demande qu’on interdise Ramadan de s’exprimer dans les médias (cherchez l’erreur!!), procès d’intentions et mensonges, rien ne l’empêche de vouloir nous imposer non pas la vérité de TariQ Ramadan, mais l’image qu’elle veut faire de lui. « Ramadan dit vouloir détruire Israel » disait-elle,quand l’éditeur de Traiq Ramadan dément, elle se rattrape par un « mais il le pense! ».Heureusement que le ridicule ne tue pas… Il parle de ses tantes qui ont été « toutes éduquées et sont toutes allées toutes à l’université », et elle l’interrompt comme à chaque fois, pour lui dire « et voilées ». Mais connait-elle l’Égypte des années 40 ou elle a besoin qu’on lui fasse une mise au point?

Le pire, c’est dès qu’elle se sent coincée, elle l’interrompt et ne le laisse pas développer ses propos pour l’emmener sur un autre terrain, en utilisant comme l’a bien souligné Ramadan, « des mots forts » parachutés par-ci et par-là: totalitaire, ravager l’Algérie, lapidation, blablabla…

Le mot de la fin, elle l’a voulu émotif: « Le Pen n’est pas passé dans ce pays, vous ne passerez pas non plus », mais raté Mademoiselle, car moi il m’ fait plutôt rigoler, d’autant plus que Tariq Ramadan a bien lu dans son jeu, et ça ne lui a pas échapper de lui faire remarquer, que sa stratégie ne fonctionnera pas…

Elle a critiqué le débat chez Ruiquier, j’ai bien peur de dire que Zemmour soit meilleur qu’elle, au moins avec lui un débat a eu lieu. Parce qu’avec elle, j’ai eu l’impression qu’elle évitait le débat: elle passe du coq à l’âne en coupant la parole à son interlocuteur à chaque fois.

Plus sérieusement, et pour être objective, Caroline Fourest est loin du compte. Elle se veut féministe et anti-racistes mais avec ses procédés malhonnêtes pour discréditer ceux qu’elle n’apprécie pas, elle se fait plus de tort que de bien.Elle n’a pas arrêté de revendiquer ce face à face, maintenant qu’elle l’a eu et qu’elle nous a montré ce dont elle est capable (mensonges, fausses citations, interprétations biaisées, malhonnêteté, etc.), mais aussi ce dont elle n’est pas capable (tenir un débat et aller au bout de chaque sujet et de chaque idée), elle peut bien disposer.

(Source: le blog « Un œil sur la planète », le 17 novembre 2009)

Lien : http://telestlemonde.blogspot.com/2009/11/caroline-fourest-maintenant-tu-peux.html

 

 

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