Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie:
Arrogance américaine Asociation des Tunisiens en France: Communiqué AFP: Tunis: des centaines de Tunisiens manifestent contre Hillary Clinton
AFP: Clinton en Tunisie pour encourager la démocratie, sanctionner la Libye
AFP: Le tourisme en Egypte et Tunisie tarde à redécoller
REVUE DE PRESSE
Tunis: des centaines de Tunisiens manifestent contre Hillary Clinton
Partager AFP 17/03/2011 | 16h27 Quelques centaines de Tunisiens, parmi lesquels des islamistes, ont manifesté jeudi dans le centre de Tunis contre la visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, a constaté l’AFP. « Hillary Clinton t’es pas la bienvenue, dégage », « pas de colonisation après la révolution », « Non à la tutelle américaine en territoire islamique » ont scandé les manifestants mettant en garde contre « toute intervention américaine dans la crise libyenne ». « Elle est venue avant les élections pour imposer la stratégie américaine en Tunisie mais elle peut rêver! Nous avons réussi à faire fuir un dictateur et nous savons aussi comment protéger notre pays », a déclaré à l’AFP Naziha Bahri, 60 ans. Devant le ministère des Affaires étrangères, entre 30 et 50 manifestants ont brûlé une photo de la secrétaire d’Etat en criant des slogans anti-américains. Des effectifs de la police et de l’armée avaient été déployés et aucun incident n’a été constaté par l’AFP. Pour son premier déplacement dans la Tunisie post-Ben Ali, Hillary Clinton, arrivée mercredi soir en Tunisie, a estimé que les « espoirs » suscités par la révolution tunisienne doivent désormais se transformer en « résultats ». « Cette révolution a suscité tellement d’espoirs, nous devons maintenant les transformer en résultats, et cela passera par une réforme économique et une réforme politique », a-t-elle déclaré en visitant un site du Croissant-Rouge tunisien à Tunis. Selon Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l’Homme, « les Tunisiens ont fait leur révolution par leurs propres moyens, ils sont capables de construire leur nouvelle Tunisie sans l’intervention de personne ». « Nous refusons l’ingérence américaine en Libye. Il faut laisser les Libyens gérer seuls leur crise pour qu’il n’y ait pas un deuxième Irak dans le monde arabe », a-t-elle dit à l’AFP.
Incidents et manifestations perturbent la visite de Hillary Clinton à Tunis
AP 17/03/11 18:45 TUNIS (AP) — Outre son volet officiel, la visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton à Tunis a été marquée par la poursuite de manifestations anti-américaines et des incidents qui ont conduit à l’annulation d’une conférence de presse programmée initialement au ministère des Affaires étrangères. Mme Clinton était arrivée dans la capitale tunisienne tard mercredi soir, en provenance du Caire après avoir participé à la réunion du G8 à Paris. Entamées depuis deux jours à l’appel de Facebookers, les manifestations hostiles à la visite de la cheffe de la diplomatie américaine ont été relayées jeudi dans le centre-ville de Tunis par des partisans du « Hizb Ettahrir » (parti de la libération), formation islamique radicale dont la légalisation a été du reste refusée ces derniers jours par les autorités tunisiennes. « Nous ne voulons pas de bases américaines dans la région ni du colonialisme économique des Américains qui veulent piller les ressources arabes », a lancé Fakhreddine Bouaziz. Il s’exprimait devant des groupes de partisans du Hizb Ettahrir, rassemblés sur l’avenue Bourguiba, la principale artère de Tunis, brandissant des drapeaux de l’insurrection libyenne et des pancartes portant des inscriptions anti-américaines. Ce jeune commerçant légèrement barbu a dit garder « un souvenir amer des interventions américaines en Irak, en Afghanistan et ailleurs ». « Les Américains veulent mettre en place des gouvernements à leurs services en utilisant la révolution tunisienne et faire du copier-coller dans les autres pays arabes », a-t-il estimé. Devant le ministère des affaires étrangères, à quelques kilomètres du centre-ville, des dizaines de manifestants bloquaient l’entrée principale du bâtiment, sous l’oeil des militaires qui empêchaient tout débordement. « Mme Clinton n’est pas la bienvenue. Nous sommes un peuple libre et ne voulons pas de tutelle », a déclaré à l’Associated Press Kaouthar Beldi, une comptable d’une quarantaine d’années. A l’intérieur du ministère, l’attente des journalistes a été émaillée d’incidents, les journalistes refusant les mesures de contrôle par des agents de sécurité américains, les considérant comme « une atteinte à la souveraineté du pays ». Les accrochages ont créé un climat de tension qui a fini par l’annulation de la rencontre entre Mme Clinton et son homologue tunisien Mouldi Kéfi. Celui-ci a dû se déplacer place de la Kasbah, siège du premier ministère, pour y rencontrer la secrétaire d’Etat, et où également eu lieu la conférence de presse. AP
Clinton en Tunisie pour encourager la démocratie, sanctionner la Libye
(AFP) – 17/03/11 13:28 TUNIS — Les Etats-Unis veulent « convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser plus d’actions » contre le régime de Mouammar Kadhafi, « y compris l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne », a déclaré jeudi la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton à Tunis. La secrétaire d’Etat américaine est arrivée jeudi à Tunis pour aider à transformer en « résultats » les « espoirs de la révolution » qui a fait chuter Ben Ali. Arrivée tard la veille d’Egypte, Hillary Clinton devait rencontrer le président tunisien par intérim Foued Mebazaa, puis son homologue Mouldi Kefi, et en milieu d’après-midi le Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi. Pour son premier déplacement dans la Tunisie post-Ben Ali, « épicentre » des révoltes qui secouent depuis deux mois le monde arabe, Hillary Clinton a estimé que les « espoirs » suscités par la révolution tunisienne doivent désormais se transformer en « résultats ». « Cette révolution a suscité tellement d’espoirs, nous devons maintenant les transformer en résultats, et cela passera par une réforme économique et une réforme politique », a-t-elle déclaré en visitant un site du Croissant-Rouge tunisien à Tunis. Depuis des semaines, le Croissant-Rouge tunisien, auquel elle a offert du matériel, est totalement mobilisé par la crise humanitaire provoquée l’afflux de dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la situation chaotique en Libye « Le nouveau gouvernement tunisien comprend parfaitement qu’il faut un plan de développement économique, un plan pour l’emploi », a poursuivi Mme Clinton. « Je vais envoyer une délégation des Etats-unis, car nous voulons savoir ce que veut la Tunisie », a-t-elle continué. « Nous ne voulons pas venir et dire +voilà ce que pensent les Etats-unis+, a-t-elle insisté en annonçant la tenue « dans quelques mois une conférence de pays donateurs ». Une conférence internationale était prévue en mars, avec notamment l’appui de l’Union européenne, mais a été reportée à la demande de Tunis. Outre sa visite au Croissant-Rouge, Hillary Clinton devait participer, juste avant son départ pour les Etats-unis vers 17H00 (16H00 gmt), à un programme sur une chaîne de télévision privée, Nessma TV, avec participation du public. Avant de quitter les Etats-unis pour le Caire et Tunis, Hillary Clinton avait souligné que pour Washington, il était essentiel que l’Egypte et la Tunisie, les pays frontaliers à l’est et à l’ouest de la Libye, « soient les modèles du type de démocratie que nous souhaitons voir ». C’est « un enjeu énorme », avait-elle insisté. Les Etats-unis avaient rapidement pris la mesure de la révolte qui a fait tomber le régime autocratique de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier après 23 ans de règne: neuf jours seulement après la fuite de ce dernier en Arabie saoudite, Washington dépêchait à Tunis un haut fonctionnaire du département d’Etat, Jeffrey Feltman. Le 23 février, le secrétaire d’Etat adjoint américain chargé des affaires politiques, William Burns, débarquait à son tour à Tunis, pour encourager les nouvelles autorités à « assurer la stabilité » et « organiser des élections libres et transparentes dans les meilleurs délais ». La visite de la secrétaire d’Etat a donné lieu à une manifestation de quelques centaines de personnes qui se sont rassemblées à Tunis sans incident pour marquer leur opposition à cette visite. Du côté de l’opposition, la tonalité « nationaliste » était unanime. Tant pour Maya Jribi, du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale), que pour un dirigeant du mouvement islamique Ennahda (Renaissance), Ali Arayth, la Tunisie « est un pays ouvert et souverain » et les futures relations doivent se construire sur l' »égalité ». Pour Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l’Homme, « les Tunisiens ont fait leur révolution par leurs propres moyens, ils sont capables de construire leur nouvelle Tunisie sans l’intervention de personne ».
Tunisie: le navire Hannibal II et son équipage libérés contre une rançon de 2 millions de dollars
Le tourisme en Egypte et Tunisie tarde à redécoller
AFP – 17/03/2011 à 12:03 Des hôtels égyptiens occupés à 30% en avril contre plus de 90% un an plus tôt, un ministre tunisien qui parle d’année « désastreuse ». Passées les révoltes populaires, les vacanciers tardent à faire redécoller le tourisme de ces pays, une de leurs principales ressources. Deux mois après la fuite de l’ancien président Ben Ali et un mois après le départ du pouvoir d’Hosni Moubarak, les tour-opérateurs européens font leurs comptes. TUI Allemagne parle de repli de 28% pour l’hiver et le printemps vers la Tunisie et de -50% pour l’été. Vers l’Egypte, les reculs sont de 24% pour l’hiver et le printemps, de 22% pour l’été. Même constat chez son homologue britannique qui table sur un recul de 40% cette année de l’Egypte « même si les ventes se sont améliorées grâce aux nombreuses promotions » proposées un peu partout en Europe. Rien qu’en février, les tours-opérateurs français ont enregistré une chute de l’activité de 74,3% sur la Tunisie et de 81,3% pour l’Egypte. Un des principaux freins au rebond de la Tunisie, explique Antoine Cachin, PDG de Fram, est dû à l’arrivée de réfugiés en provenance de Libye. « Les gens entendent à la télévision que les hôtels sont remplis de réfugiés mais c’est faux! », assurent au contraire le personnel de l’hôtel Isis de Djerba et celui des boutiques. Quelques tour-opérateurs affirment ne pas avoir constaté de baisses comme l’Italien Eden Viaggi ou le suédois Fritidsresor selon lequel la demande n’est pas « dramatiquement différente de l’an dernier ». Pour les vacances de carnaval qui viennent de s’achever, la filiale belge de Thomas Cook non plus « n’a pas vu de différence ». Pour la majorité néanmoins, « les affaires repartent mais c’est un processus graduel. Pâques devrait marquer le vrai tournant », avance l’Italien Alpitour. Le patron de Transat France (Transat, Look et Amplitravel) Patrice Caradec parle d’une « reprise des ventes plus laborieuse que souhaité ». « On voit une éclaircie sur Djerba avec un rythme de réservations à peu près 60% de l’an dernier, après être passé par 20%, 30% » etc. Des voyagistes affirment qu’il est encore « trop tôt » pour se prononcer sur l’année. « Il est bien possible qu’on rattrape les pertes » selon le belge Jetair. Marmara, qui a lancé mercredi encore de nouvelles promotions, compte finir à -20% sur la Tunisie. Beaucoup tablent sur les ventes de dernière minute: « les Espagnols réservent toujours très tard et encore plus en temps de crise », souligne Ruperto Donat, le patron des agences de voyages espagnoles. L’Espagne, avec les Canaries et les Baléares, fait partie des grandes gagnantes des événements au Moyen-Orient. Mais il y a aussi la Grèce et ses îles, la Turquie, autant de destinations qui ne compensent pas entièrement le manque à gagner. « Si on va réussir à compenser pour les vacances scolaires de Pâques, ce ne sera pas le cas pour l’été car on n’a pas les stocks suffisants pour absorber la demande. C’est pour cela qu’il faut absolument que la Tunisie reparte », juge M. Caradec. Le patron de Fram, content d’être un tour-opérateur « généraliste », constate que l’avance sur les réservations annoncée en janvier était « perdue ». Amplitravel, qui ne vend que de la Tunisie, va vivre « une très mauvaise année », résume M. Caradec. Lui comme les autres espèrent aussi qu’une fois le plein fait dans les destinations de substitution, les touristes se laisseront convaincre de revenir en Tunisie, destination aux prix imbattables habituellement. A commencer par ceux dont les budgets sont serrés. Le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas estime lui que l’année touristique 2011 sera « désastreuse » et que si la baisse de fréquentation atteint les 50%, « ce ne sera déjà pas si mal ».
Ils ont été libérés. Ils se dirigeraient actuellement par voie maritime vers l’aéroport de Djibouti. “Ils“, ce sont les 32 membres de l’équipage à bord du navire Hannibal II, dont 22 Tunisiens capturés il y a plusieurs mois maintenant par des pirates somaliens.
Les ex-otages tunisiens seront bientôt rapatriés à bord d’un avion civil qui sera dépêché par la Tunisie. C’est en tout cas c’est ce vient de déclarer à l’agence TAP le chargé de la communication au ministère du Transport et de l’Equipement, qui précise que toutes les conditions de protection du navire et de l’ensemble des personnes à son bord ont été assurées.
Il a également affirmé que “cette libération intervient après le succès des négociations engagées par le gouvernement tunisien avec les pirates somaliens, et le paiement d’une rançon estimée à 2 millions de dollars“.
La même source rappelle que le navire Hannibal, géré par la société Gabès Marine Tankers (GMT) et battait pavillon panaméen, a été pris en otage par des pirates au large du Golfe d’Aden le 11 novembre 2010.
Source : « wmc » Le 17-03-2011
Hillary Clinton demande aux Tunisiens de ne pas décevoir les espoirs nés de la révolution
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a fait escale à Tunis, au cours de sa tournée en Afrique du Nord. Si sa visite n’a pas été bien appréciée par tous, elle a réaffirmé la nécessité pour la Tunisie et l’Égypte de devenir des « modèles du type de démocratie » que Washington souhaite voir émerger.
Hillary Clinton a poursuivi sa tournée en Afrique du Nord avec une escale en Tunisie. Arrivée tard mercredi soir du Caire, Mme Clinton a rencontré jeudi 17 mars le président par intérim, Fouad Mebazaa, et devrait aussi s’entretenir avec le ministre des Affaires étrangères Mouled Kefi et le Premier ministre Béji Caïd Essebsi.
La secrétaire d’État américaine a estimé que la Tunisie était « l’épicentre » des révoltes du monde arabe. « Cette révolution a suscité tellement d’espoirs, nous devons maintenant les transformer en résultats, et cela passera par une réforme économique et une réforme politique », a-t-elle déclaré.
Délégation américaine
Hillary Clinton a promis une aide internationale au nouveau gouvernement. « Je vais envoyer une délégation des États-Unis, car nous voulons savoir ce que veut la Tunisie », a-t-elle promis. « Nous ne voulons pas venir et dire « Voilà ce que pensent les États-Unis ! » », a-t-elle insisté en annonçant la tenue « dans quelques mois [d’] une conférence de pays donateurs ».
Au Caire, avant de partir pour Tunis, elle avait souligné que, pour Washington, il était essentiel que l’Égypte et la Tunisie, les pays frontaliers de la Libye (est et ouest), « soient les modèles du type de démocratie que nous souhaitons voir ». C’est « un enjeu énorme », avait-elle insisté.
Hillary Clinton devait en outre rendre visite au Croissant-Rouge tunisien, auquel elle a offert du matériel, et qui est mobilisé par la crise humanitaire provoquée l’afflux de dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la situation chaotique en Libye.
« La Tunisie n’a besoin de personne »
Mais cette première visite officielle de la chef de la diplomatie américaine de l’ère post-Ben Ali n’a pas été appréciée par tous les Tunisiens. Quelques centaines de manifestants se sont rassemblées à Tunis sans incident pour marquer leur opposition.
« Les Tunisiens ont fait leur révolution par leurs propres moyens, ils sont capables de construire leur nouvelle Tunisie sans l’intervention de personne », a rappelé Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l’homme.
Avant de quitter Tunis, Hillary Clinton doit s’exprimer jeudi soir sur la chaîne de télévision privée Nessma TV à 21 heures locales selon la chaîne avec la participation du public.
Source : « Jeune Afrique » Le 17-03-2011
Tunisie : la conférence de Presse de Hillary Clinton annulée
Le jour « J » de la conférence de presse conjointe de la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avec le ministre des Affaires étrangères tunisien, Mouldi Kefi, a connu un tournant imprévisible se soldant par une annulation pure et simple.
Après 3 heures d’attente…
Prévue jeudi 17 mars 2011 à 12h, et après des procédures de « provocation » de la part des agents de sécurité américains à l’égard des journalistes tunisiens, convoqués pour couvrir la conférence de presse, la conférence a été officiellement annulée vers 15h. La chaude atmosphère alimentée par des propos hostiles à la présence de Mme Clinton serait l’une des raisons de cette annulation. Les membres de la sécurité américaine auraient signifié à la secrétaire d’Etat américaine que sa sécurité n’était pas garantie
Des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le siège du ministère des Affaires étrangères. Ils ont proféré des slogans tels que: « You are not welcome » « USA out of Tunisia » « Clinton Dégage » et brandi des drapeaux de la Tunisie, de la Libye et de l’Egypte.
Violence et discrimination
Dans la salle des conférences au ministère des Affaires étrangères, l’atmosphère n’était guère plus détendue. Des procédures de fouilles et de violence verbale ont été instaurées par les membres de la sécurité américaine. Ces mesures ont été réservées aux seuls journalistes tunisiens. Pourtant plusieurs journalistes étrangers étaient sur le lieu, ce qui a suscité des réactions de colères de la part des représentants de la presse nationale qui ont senti ce comportement comme une sorte de discrimination. La provocation a engendré un échange d’expressions de violence verbale entre les confrères tunisiens et les agents de sécurité américains qui avaient essayé d’obliger par la force le journaliste de « Shems FM » à quitter la salle.
Cependant, les journalistes tunisiens ont menacé de boycotter la conférence si le confrère était évacué et si des excuses ne lui étaient pas adressées.
Ces conditions ont été finalement remplies et le calme a regagné la salle avant le coup d’envoi de la conférence. Mais, l’apparition d’Hillary Clinton se faisait attendre. L’annulation a été brutalement annoncée sans la moindre explication officielle.
Il est à se demander si le fait de faire poireauter des dizaines de journalistes sans explication aucune est un acte démocratique!
Source : « Investir en Tunisie » Le 17-03-2011
La Tunisie de l’après Ben Ali a déjà changé
Au moment où les braises de la révolution tunisienne s’éteignent progressivement, les diverses couches de la société sont à pied d’œuvre pour reconstruire la Tunisie post-Ben Ali. Mais les changements prendront du temps. Au risque du désenchantement.
Qu’ils soient actifs ou chômeurs, les Tunisiens ont dans leur ensemble retrouvé leur petite routine. Bien des choses ont changé pourtant. Devant l’hôpital de Nabeul, en centre-ville, une foule de passants circule dans les deux sens, comme toujours. La banque en face n’a toujours pas été reconstruite. Mais l’autre agence fonctionne, avec un personnel qui a doublé. Abir, 33 ans, se félicite même du service : « avant, au moindre découvert, je recevais un télégramme ; aujourd’hui, ils sont aux petits soins avec nous. » A la porte de l’hôpital, Mabrouk a un peu d’espoir pour l’avenir, mais gagne toujours 180 dinars par mois (100). Ce qui provoque ce commentaire de Sami : « les syndicats doivent maintenant faire leur boulot ; le SMIC est déjà ridicule [300 D, soit 167, Ndlr] ! »
« Les employés peuvent lui dire : dégage ! »
A l’intérieur de l’hôpital, les salles d’attentes sont toujours aussi bondées, « mais les patients sont devenus agressifs » témoigne Soulef, une infirmière de 29 ans. Entre deux patients, Wahiba, 38 ans, dermatologue, ironise sur le directeur « il est devenu correct. Il essaie de se faire oublier. Il sait qu’à n’importe quel moment, ses employés peuvent lui dire « dégage ! » Les directeurs étaient très souvent nommés pour leur fidélité au RCD, l’ancien parti-État, et les abus étaient fréquents. Mais ils pouvaient aussi être dus à des militants de base. Houda, 33 ans, co-gérante d’une station-service témoigne : « avant, j’appréhendais l’arrivée du 7 novembre [anniversaire du coup d’Etat de Ben Ali] : les gens du parti nous forçaient à payer très cher des banderoles de soutien à Ben Ali, qu’on devait en plus accrocher dans la station-service ! » Sur la route qui mène à Kairouan, deux militaires font du stop : ils rentrent dans leurs foyers après cinq semaines de service ininterrompu. Ce sont des réservistes rappelés pour former des unités mixtes avec les gendarmes et les policiers. « Les gens nous sont très reconnaissants. Mais on n’a fait que notre devoir. Sinon, concrètement, notre pension a augmenté de 104 dinars [58, Ndlr] ; c’est mieux que rien… Et on peut dire ce qu’on veut. »
Le difficile apprentissage de la démocratie
Pour Houcine, 45 ans, universitaire, c’est précisément « cette inflation discursive » qui pose problème : « les gens parlent beaucoup, mais n’écoutent pas. C’est compréhensible, après toutes ces années d’oppression. Mais ça veut dire que la culture du rapport de forces est toujours là. » Hanen, 22 ans, est plus explicite. « Vive l’anarchie ! » dit-elle. Pour elle, c’est évident « la police défend les intérêts des possédants. C’est sa raison d’être. Elle n’est pas là pour nous défendre. Ça doit changer ! »
Source: ”Zaman.com” le 17-03-2011
Tunisie. Tous responsables, car un dictateur n’agit jamais seul
Ali Ben Mabrouk écrit – Chaque jour, on en apprend du nouveau sur les acquisitions du président déchu et des membres de sa famille. C’est aujourd’hui qu’on nous les révèle, quand le mal est consommé.
Les Tunisiens qui détenaient ces informations et les avaient gardées secrètes ne sont-ils pas eux aussi responsables du gâchis?
Lors de l’achat privé d’un avion Boeing, il a bien fallu qu’une importante somme d’argent en devise soit débloquée. Ceux qui veillaient aux destinées de la Banque centrale de Tunisie (Bct) doivent être au courant. Comment se fait-il qu’à l’époque de la transaction aucune information n’a filtré? Ceux qui ont préféré garder le silence sur ces malversations ne sont-ils pas aussi complices?
Un silence complice
Les Trabelsi et El Matri n’ont jamais été des exportateurs, bien au contraire, ils étaient d’insatiables importateurs, car non seulement ils ne cessaient de transférer d’importantes sommes d’argent en devises pour leurs acquisitions, en plus ils ne payaient pas les droits de douanes.
On peut se demander comment ont-ils pu posséder des comptes en devises pour pouvoir acheter des biens immobiliers à Paris, au Canada, à Dubaï ou ailleurs.
D’après certaines révélations, la femme du président déchu aurait acquis le siège de la résidence de l’ambassadeur de Tunisie en France pour une somme dérisoire qu’elle n’a jamais réglée à ce jour. Cette information a certes été démentie à Kapitalis par Mohamed Raouf Najjar, ex-ambassadeur de Tunisie en France, mais on attend de connaître la vérité à ce sujet par le gouvernement tunisien actuel. Mais si cette information s’avérait juste, cela poserait bien des questions. Pourquoi les médias n’ont-ils pas ébruité cette affaire? Cela n’arrive pas tous les jours que la première dame d’un pays déloge un ambassadeur de sa résidence pour en disposer à sa guise.
Toutes ces révélations qui nous tombent du ciel doivent nous interpeler. Ne sommes-nous pas tous responsables, ne fut-ce que par notre silence, des malversations commises par l’ancien régime? La peur n’est pas une justification recevable. Quelques hommes et femmes ont eu le courage de s’opposer au régime de Ben Ali, au prix de leur liberté et même, parfois, de leur intégrité physique. S’ils avaient trouvé un soutien auprès de leur peuple, Ben Ali n’aurait pas régné pendant 23 ans.
Pour qu’il n’y ait plus un nouveau Ben Ali
Par ailleurs, un dictateur ne peut pas régner tout seul. Il a toujours besoin d’exécutants pour ses basses œuvres, et qui le soutiennent pour le maintenir au pouvoir. Il est malheureux de constater que la léthargie a duré plus qu’il ne le fallait. Il a fallu que le malheureux Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant, paie de sa vie pour que la nation se réveille et ouvre ses yeux sur les malversations de ses gouvernants.
Il nous reste à trier des leçons de la tragique période vécue par la Tunisie. L’histoire ne doit pas se répéter. Il nous incombe de garder les yeux grandes ouvertes pour éviter de tomber dans le même piège et de veiller à ce qu’il n’y ait plus un nouveau Ben Ali pour pourrir notre vie, et la vie de nos enfants.
Source : « Kapitalis » Le 17-03-2011
Tunisie/Algérie, Crises, et re-formation du lien national.
Un processus à caractère révolutionnaire affecte profondément deux pays, l’Egypte et la Tunisie, qui ont en commun d’appartenir à un même univers politique : celui de l’émergence de nations à la faveur de mouvements anticoloniaux et républicains. La révolution nationale et anti-impérialiste conduite par Nasser en Egypte en 1952, et l’avènement de la Tunisie indépendante en 1956 à la suite d’une lutte mené par le très républicain Habib Bourguiba, ont dessiné un paysage culturel très éloigné des systèmes monarchiques en place dans d’autres pays arabes. Les sociétés se sont mises aujourd’hui en mouvement en Egypte et en Tunisie avec force, directement contre les Présidents de la République en place, en refusant le mode de gouvernance proposé. C’est une façon de renouer avec un processus commencé dans les années 1950 (volonté d’indépendance nationale, justice sociale et politique) mais interrompu par l’instauration de régimes autoritaires. Le contexte historique a changé et permis l’affirmation d’un mouvement prônant l’égalité des droits. Avec l’effondrement du communisme stalinien, la crise du nationalisme arabe et de l’islam politique, des forces se présentent avec des propositions nouvelles, concernant en particulier le passage à la démocratie politique.
L’interrogation sur la place de l’Algérie dans le mouvement actuel s’impose dans les esprits. Pourquoi ce pays, sortie d’une longue guerre anticoloniale et si imprégné de cultures révolutionnaires (à base de républicanisme, de socialisme et d’islam jacobin) semble en décalage dans le processus tunisien en cours ? La comparaison avec la Tunisie est plus évidente, dans la mesure où ces deux pays s’inscrivent dans le même espace géographique maghrébin.
Dimensions géographiques et historiques.
La dimension spatiale joue pour beaucoup dans les conduites politiques différentes, et la fabrication des imaginaires culturelles. L’Algérie, dont les frontières actuelles ont été dessinées par le colonisateur, est un pays immense avec l’espace saharien, et des régions où se maintiennent la force des solidarités anciennes (les Aurès, la Kabylie, le M’zab, l’Ouest…). Le nationalisme indépendantiste a fabriqué « par le haut » une vision homogène de la nation, en réduisant sans cesse les forces régionalistes. La Tunisie est un pays plus petit, où le quadrillage de l’espace par le nationalisme du Néo-Destour, dès les années 1930 moment de sa fondation, a pu s’exercer sans grande difficulté. Ce rapport à l’espace explique en partie les difficultés à centraliser, en Algérie, les mouvements politiques de contestation (ce qui n’est pas le cas en Tunisie), que ce soit au temps colonial, ou après les indépendances. La relation à l’histoire, proche et lointaine, dans les comportements idéologiques est également important
Le rapport d’un État et d’une nation à l’histoire est décisif, complexe. Il est marqué du sceau de la sélection, de l’oubli, et procède d’une permanente actualisation des références du passé. Dans son travail pionnier sur la Tunisie, Driss Abbassi, enseignant-chercheur à l’Université du Sud – Toulon – Var a analysé dans son dernier ouvrage le contenu des livres d’histoire et de géographie publiés à l’intention des classes primaires et secondaires en Tunisie, de l’indépendance au début des années 2000[1]. L’image élaborée par le pouvoir de Ben Ali, et largement entretenue du reste par les acteurs de la promotion touristique depuis une bonne décennie, ressemble étrangement à celle qui fut véhiculée durant la période coloniale : une Tunisie essentiellement méditerranéenne, en termes géographique et culturel, et sans grande attache avec son appartenance maghrébine. La majorité des références au passé mises en avant font ainsi l’impasse sur l’enracinement dans la culture arabo-musulmane et sur la période coloniale pour promouvoir l’appartenance carthaginoise et, dans une moindre mesure, romaine. Driss Abassi mentionne ainsi, pour exemple, que la Tunisie propose désormais entre autres produits à caractère historique et culturel des circuits touristiques carthaginois et qu’Hannibal figure sur l’un des billets de banque (le plus petit il est vrai), celui de un dinar. En enracinant dans ce lointain passé l’identité nationale, il s’agit de fonder la spécificité de la Tunisie sur « l’ancienneté de son territoire et sur son « exceptionnalité géographique », écrit Driss Abbassi.
Un autre travail universitaire, sur les manuels scolaires algériens de langue arabe, par Lydia Ait Saadi, montre une approche différente dans le rapport au passé de l’Algérie[2]. La nation algérienne est présentée comme se débarrassant à chaque étape de son histoire des influences étrangères. Les traces de culture berbère ou juive sont effacées, la présence romaine est peu mise en valeur et stigmatisée, la présence ottomane et la colonisation française sont présentées comme de simples parenthèses vites refermées. Seule la continuité arabo-musulmane est valorisée. La mémoire historique algérienne s’est ainsi construite dans une radicalité jacobine, avec le fameux mot d’ordre de Ben Badis, « L’arabe est ma langue, l’Islam est ma religion, et l’Algérie est ma patrie.
Le rapport au passé lointain est présenté de manière discontinue en Algérie, avec au centre la question des ruptures ; la Tunisie conçoit ce passé comme s’inscrivant dans un ancrage continu et lointain, le lien national y semble plus évident. La question dans ce pays est directement politique, (démocratie, légitimité des pouvoirs). L’Algérie doit, à la fois, se défaire de pouvoirs considérés comme illégitimes tout en rediscutant son lien national. Le travail est là plus complexe, avec la question berbère par exemple comme l’a montré le soulèvement en Kabylie en 2001, juste après la terrible guerre opposant l’armée aux islamistes radicaux.
Le rapport au passé proche reste aussi différent, problématique. La Tunisie s’est embrasée en 1952 à la suite de l’assassinat du leader de l’UGTT, Ferhat Hached en 1952. Ce pays était le premier du Maghreb à passer à la lutte armée pour l’indépendance (le Maroc suivra en 1953 avec la déposition du Sultan, et l’Algérie en 1954). Mais le processus de l’indépendance a été relativement rapide (mars 1956). L’Algérie a, au contraire, connu une longue et cruelle guerre d’indépendance de huit années qui a favorisé l’installation d’une culture de la violence, à la fois anticoloniale et entre nationalistes. Le lien national a été organisé et maintenu de manière autoritaire pour éviter des possibilités de dislocation par une guerre civile.
Le lien national en question
La fabrication du lien national reste un processus historique complexe intégrant les facteurs culturels, religieux, politiques. Le processus de construction de ce lien par un comparatisme entre deux pays du Maghreb, l’Algérie et la Tunisie, peut permettre de lire les événements actuels en cours au Maghreb. Aux fausses harmonies d’un récit à chronologie double – les faits et leurs représentations –l’examen de quelques points de rupture, dessine une parenté singulière : la sensation d’appartenance à un même espace, le Maghreb, par l’arrivée de l’Islam et de l’arabité ; la présence ottomane, et la colonisation française. Mais les traumatismes nés en particulier de la violence coloniale ne sont pas perçus de la même manière. Si les indépendances des deux pays provoquent le basculement dans une modernisation forcée, les points de repères mémoriels nés de la guerre d’Indépendance contre la France sont très présents en Algérie, et oblige à des interrogations permanentes sur le lien national.
Deux nouvelles nations émergent, qui n’ont pas le même souci de séparation entre le politique et le militaire, le religieux et l’espace public. La Tunisie républicaine d’Habib Bourguiba s’éloigne de “l’Algérie socialiste” de Houari Boumediene. Le système de croyances nationales se déplace et se recompose sous l’effet de la quête d’une assurance identitaire. Et ce, jusqu’aux ruptures d’équilibre, dans la violence quelquefois, qui font vivre les nations dans le drame et la passion. Avec le bouleversement énorme que connaît la Tunisie depuis janvier 2011, le temps d’une nouvelle refondation d’un pacte national ne se pose-t-il pas dans les deux pays ?
Source : « Mediapart » Le 17-03-2011
En Tunisie, trois nouveaux médias nés de la Révolution
« En Tunisie, les médias ne parlaient presque pas de politique. Depuis le 14 janvier [jour de la chute de Ben Ali, ndlr], on ne parle presque que de ça. Des journalistes issus de la presse sportive, de la mode ou de la presse people ont dû se convertir au débat politique en seulement quelques jours », résume Haythem El Mekki, un blogueur tunisien récemment recruté par radio Mozaïque, la première radio privée du pays.
La chute du régime a redonné aux journalistes tunisiens leur liberté d’expression. Mais les années de censure et le black-out médiatique lors de la Révolution ont laissé des traces. Les médias tunisiens sont aujourd’hui décrédibilisés au yeux d’une grande une partie de l’opinion publique.
Des dizaines de projets de création de nouveaux médias seraient en cours de lancement depuis le 14 janvier. Blogueurs, étudiants, journalistes : ils tentent de redessiner le paysage médiatique tunisien. A quelques mois des prochaines élections, ils ont à cœur de redonner du fond au débat publique et de participer au processus de transition démocratique.
A Tunis, nous avons rencontrés les porteurs de trois de ces projets de nouveaux médias.
Sophia, Tunisia Reporter Agency
Après l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, le 17 décembre dernier, le vent de contestation met plusieurs jours à gagner la capitale.
Photographe, Sophia Baraket est présente dès les premiers rassemblements à Tunis, sur la petite place Mohammed Ali, où siège la très contestée Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). « Un véritable goulet dans lequel s’entassaient jusqu’à 400 à 500 personnes, pour autant de policiers et de BOP [les très répressives brigade de l’ordre public, ndlr] », explique-t-elle.
Début janvier, les manifestations prennent de l’ampleur. Elles gagnent le terminus du métro, à quelques centaines de mètres de là, puis l’avenue Habib Bourguiba et la Kasbah.
Appareil photo à la main, Sophia couvre la révolution avec une trentaines d’autres blogueurs :
« On balançait l’information sur Facebook, Twitter tout au long de la journée. Soit directement sur place, soit en envoyant des SMS à ceux qui avaient une connexion.
On s’appelait entre nous pour vérifier les informations, puis on relayait. C’était dingue, je recevais des centaines de messages pour me demander d’ouvrir mon mur Facebook et de partager mes statuts. »
Un vrai besoin d’information
De cette couverture collective des événements nait l’idée d’une agence de presse qui rassemblerait des journalistes professionnels comme des blogueurs : Tunisia Reporters Agency.
Au lendemain de la chute de Ben Ali, Sophia quitte Tunis pour le Sud du pays, avec Olfa Riahi, une journaliste d’Express FM suspendue pour excès de zèle. C’est l’acte fondateur de l’agence, sur laquelle se greffe également Walid Sultan Midani, un développeur. Les photos et vidéos de leur périple sont publiées sur Facebook et Twitter :
« Il y avait un vrai besoin d’informations sur ce qui se passait à l’intérieur du pays. Certaines vidéos ont atteint 2 000 vues, quelques heures seulement après leur mise en ligne. »
Lors de notre rencontre, fin février, Sophia est sur le point de partir pour la frontière libyenne. Elle doit suivre un convoi humanitaire pour couvrir l’installation d’un des tous premiers postes d’accueil de réfugiés. La page Facebook de Tunisia Reporters Agency est pour l’instant en veille, en attendant la constitution officielle de l’agence et la mise en ligne de son site internet, mais le travail continue.
L’agence devrait pouvoir s’appuyer sur un réseau de correspondants et compte déjà quelques plumes parmi ses collaborateurs, dont le journaliste arabophone Sofiene Chourabi, qui s’est particulièrement illustré par sa couverture de la révolution tunisienne. Sophia projette :
« Pour l’instant, l’enjeu est surtout de gagner en visibilité auprès des médias nationaux et internationaux. Pour le modèle économique, on verra plus tard. »
Zied, Jeunes Indépendants Démocrates
Pendant les premières heures de la Révolution, les réseaux sociaux, et tout particulièrement Facebook, ont permis de faire circuler l’information et de contourner la chape de plomb imposée par le régime. Mais au fil des semaines, de plus en plus de rumeurs se sont propagées. Zied Boussen, 21 ans, étudiant en droit, se souvient :
« On entendait parler de viols, d’enlèvements, d’incendies, de braquages… On avait l’impression d’être en pleine guerre civile. J’ai lu, par exemple, sur Facebook que des miliciens étaient en train de saccager le lycée en bas de chez moi. Lorsque je suis descendu, paniqué, je suis tombé sur un groupe de jeunes en train de fumer tranquillement leurs clopes. »
Les fausses informations continuent d’être diffusées bien après la chute du régime, parfois relayées directement par les médias traditionnels :
« Dans certaines émissions à la télévision ou à la radio, des gens appelaient pour répéter ce qu’ils avaient entendu auprès de leur amis, voisins. Mais personne ne prenait la peine de vérifier. C’était devenu très difficile de démêler le vrai du faux. Les médias ne faisaient pas leur travail. »
Une éducation à faire
Le 17 janvier, Zied décide de s’organiser. Avec une douzaine de ses amis, il fonde les Jeunes Indépendants Démocrates (JID Tunisie). Un rassemblement au nom de parti politique, qui se veut au contraire détaché de toute couleur. La charte des JID engage d’ailleurs ses membres à n’adhérer à aucun parti.
Les JID se donnent pour mission de fournir une information vérifiée, objective et le plus neutre possible. Très critique vis-à-vis des médias tunisiens, ils refusent le terme de journalistes ou même de journaliste-citoyens, mais se considèrent comme des intermédiaires entre la jeunesse et les pouvoirs politiques.
« Après des années de dictature, il y une certaine éducation à la politique à faire, qui passe notamment par l’information », explique Zied.
A côté de dépêches quotidiennes sur l’actualité, ils proposent sur leur site des articles didactiques sur le régime parlementaire, comme sur les rapports entre la laïcité et l’islam. Au-delà d’un simple site internet, JIDTunisie.net se veut un espace de discussion et de formation à la vie démocratique :
« Nous sommes en train de nouer des partenariats avec des associations et clubs étudiants. L’idée à terme est de se servir des articles publiés sur le site et des commentaires de nos lecteurs pour organiser des débats dans les facs.
Talel et Heykel, Fhimt.com
La veille de sa chute, Ben Ali prononçait son dernier discours, dont une phrase est ironiquement restée célèbre : « Fhim’tkom ». « Je vous ai compris », en français. Détournée, l’expression s’apprête à devenir un site d’information, aujourd’hui en cours de développement : Fhimt.com.
Lancé par une dizaine de Tunisiens, il prend son inspiration chez des pure players français comme Owni et Rue89, pour leur dimension collaborative. Heykel Djerbi, l’un des co-fondateurs du projet, explique
« Aujourd’hui, nous avons des échéances très courtes. Il faut transmettre un maximum d’informations et donner la parole au plus de gens possible dans cette phase de transition. »
De nouveaux espaces de débat
Fhimt.com se pense comme une plateforme de centralisation du débat démocratique tunisien ouverte aux journalistes, blogueurs, chercheurs, étudiants, citoyens… Talel Ben Ghorbal, un autre porteur du projet
« La société civile a été complètement contrôlée, verrouillée pendant les dernières décennies. Il y aujourd’hui un vrai besoin de débat en Tunisie. C’est une place que les médias traditionnels ne sont pas capables d’occuper aujourd’hui. Il faut donc créer de nouveaux espaces.
Fhimt.com reposera sur deux piliers
•d’un côté des articles pédagogiques, sur les différents régimes, les modes de scrutins, le rôle du Parlement et des infographies, pour les rendre le plus accessible possible ;
•de l’autre, un traitement de l’actualité neutre, mais également des analyses et des points de vue de contributeurs, pour faire avancer le débat.
« Nous avons vocation à recueillir, centraliser et enrichir l’information », résume Heykel. Pour assurer la production des premiers contenus, Fhimt.com a déjà conclu des partenariats avec des écoles de droit, de lettres, de design et d’informatique, mais annonce également déjà une cinquantaine de contributeurs de la société civile.
Talel conclut :
« Nous voulons créer une communauté autour du site. Finalement, on aimerait qu’au bout d’un moment, il nous échappe complètement. Pour l’instant, nous nous concentrons sur la politique. Pour tout le reste, on verra après. »
Source : « Rue89 » Le 16-03-2011
Un proche de Bertrand Delanoë conseillait Ben Ali pendant la révolution tunisienne
Hakim el Karoui, Président de l’institut des cultures d’islam et proche du maire de Paris a été poussé à la démission par des militants syndicaux, des membres d’associations tunisiennes qui s’étaient regroupés devant l’Institut que Monsieur el Karoui présidait.
Celui-ci avait pour habitude de rédiger des notes au dictateur déchu, lesquelles étaient introduites par «à l’attention de son excellence le Président Ben Ali». Dans l’une de ces notes, El Karoui écrit: «Même s’il y a de la manipulation, même s’il y a des terroristes infiltrés, vous êtes le Père de la nation et le Père de la nation doit être aux côtés de ses fils quand ils souffrent». Ou encore : «En plus du message au Parlement, une prière à la Grande mosquée de Carthage, pour la Tunisie et pour ses fils pourrait être ce signal». A le lire, on en déduit que sa proximité avec Ben Ali est aussi étroite qu’avec Bertrand Delanoë.
Rappelons que c’est Bertrand Delanoë, grand connaisseur des intrigues de Carthage, qui a nommé El Karoui à la Présidence de l’ICI en mai 2009.Le Maire de Paris ne pouvait pas ignorer la proximité de El Karoui avec le régime tunisien.
«Ben Ali assassin, El Karoui collabo, Delanoë complice»
«Cette polémique met en lumière la faible légitimité de ce projet au sein de la population du quartier», estimait un habitant de la Goutte d’Or venu manifester, cité sur le site d’actualité 18info. «L’ICI n’a pas été soutenu par la mosquée de la rue Myrha. La communauté algérienne le refuse. Ce sont des personnes qui n’y connaissent rien à la religion qui font partie du CA».
Un peu plus tard une manifestation a eu lieu dans le 18ème arrondissement avec des slogans contre le régime tunisien et contre le Maire de Paris. Le cortège s’est dirigé vers la place Jules Joffrin. Le slogan des manifestants:«Ben Ali assassin, El Karoui collabo, Delanoë complice».
Vers 20h00, Pierre Yves Bournazel, conseiller UMP du 18e arrondissement et membre du conseil d’administration de l’ICI, annonça la démission d’Hakim El Karoui. Ce qui provoqua la joie des manifestants. Face à eux, l’élu UMP expliquait qu’il n’avait pas pris part au vote: «Ce CA était une mascarade. La démission du président était prévue dès le début et nous avons perdu notre temps. Au début du CA, Hakim El Karoui a demandé à avoir la confiance de tous les membres. Mais il savait qu’il ne l’obtiendrait pas. Une vraie pièce de théâtre» estime Pierre Yves Bournazel. Dans le même temps, les socialistes ont offer leur confiance à El Karoui à l’occasion de ce CA, y compris le Maire du XVIIIè, Daniel Vaillant.
Source: “Le post” Le 17-03-2011
Vers la fin du football en Tunisie ?
Maintes fois reporté, le championnat tunisien de football tarde a retrouver le devant de la scène. En proie à de graves problèmes financiers, certains clubs ne parviennent pas à sortir la tête de l’eau : salaires impayés, joueurs en grève… Le football tunisien est malade.
Le régime de Ben Ali n’a pas vraiment été tendre avec le football. Mais depuis la chute du désormais ex-président tunisien, le ballon rond ne tourne plus. Le championnat n’a pas repris, les clubs sont au bord de la faillite et les joueurs eux-même sont au plus mal…
Car le football tarde à reprendre sa place en Tunisie. Depuis le soulèvement populaire de la révolution de Jasmin, le retour de la Ligue 1 portait un fort symbole. Mais le championnat a été reporté, après que la Fédération a un temps pensé faire jouer la 15e journée à huis clos. La reprise attendra donc. Une dure nouvelle pour des clubs aux finances exsangues. Les budgets demeurent modestes, de 500 000 € à 5 M€ et même l’Étoile du Sahel, huit fois champion de Tunisie et actuel deuxième du classement, est à la peine. « Il nous manque 1 M€, sur un budget de 4,5 M€, pour finir la saison, raconte Hamed Kammoun, président de l’ESS, qui vient de réduire de 50% le prix des abonnements. Notre financement vient principalement des municipalités, des paris sportifs, de la télévision. Or nous n’avons plus de maire, l’argent des paris n’arrive pas et la télévision nationale ne peut plus payer… La Belgique vit bien sans gouvernement depuis dix mois, pas nous. Cela dit, si le championnat ne redémarre pas vite, j’ai peur que la saison se termine là. »
Grève des joueurs
De leur côté, les joueurs penchent pour une reprise rapide. Pour protester contre le non paiement de leurs salaires, les joueurs du Stade Tunisien ont décidé de boycotter une séance d’entrainement. Yacine Bouchaala, attaquant de l’ES Zarzis, en a lui marre d’attendre. ’’Les joueurs sont les premiers à appeler à la reprise du championnat le plus rapidement possible, assure-t-il. Un retour rapide à la compétition est de nature à contribuer à la dynamisation de la vie économique et permettra aux nombreux férus de football qui s’impatientent, de renouer avec l’ambiance des matches. » D’ailleurs, ils sont en train de s’organiser en syndicat après avoir manifesté en début de semaine devant le siège du Ministère des Sports.« Nous sommes en train d’étudier plusieurs questions à ce sujet, comme la couverture sociale, les contrats, les dédommagements en cas de blessures graves, des questions essentielles qui concernent les joueurs, qui sont tout de même les principaux acteurs du football, a ajouté l’attaquant de l’ES Zarzis. Les critiques dont nous faisons l’objet ces derniers temps, à savoir que les joueurs ne pensent qu’à l’argent sont injustes. Nous sommes conscients de la situation que vit le pays actuellement et nous soutenons la révolution du 14 janvier
Certains observateurs pensent que le retour de la compétition avec des matches à huis clos, incitera les sponsors à revenir puisque les rencontres seront retransmises sur le petit écran. « Les gens en ont ras le bol des débats politiques, martèle Ahmed Mghirbi, consultant vedette de la télévision privée Nessma TV. Le football, c’est l’opium du peuple, il a un rôle social. Le pays avance à pas de géant, mais tout le monde attend avec impatience la reprise de la Ligue 1. Après la révolution politique, il faut une révolution du football, sinon nous sommes morts. Il y a eu trop de magouilles, d’incompétences. »
Source: ”Afrik.foot” Le 17-03-2011
Tunisie – Sami Fehri répond à 9,99 millions d’accusateurs
Depuis le 14-Janvier, une véritable chasse aux sorcières a gagné les Tunisiens. Après tous les abus enregistrés par la famille Ben Ali, qui pourrait leur en vouloir ?
Reste que cette chasse aux sorcières n’allait plus toucher, uniquement, les membres de la famille, mais aussi ceux qui les ont approchés de près ou de loin, qu’ils aient des liens personnels ou professionnels, sans distinction. Le plus grave, c’est que chacun s’est transformé en justicier n’hésitant plus à accuser autrui sans ressentir le besoin d’avoir des preuves pour étayer ses dires. Et, pour certains, il s’agissait de régler des comptes personnels ou de mettre les bâtons dans les roues d’un concurrent.
Le célèbre producteur Sami Fehri, hier adulé par les Tunisiens qui savaient qu’il était associé avec Belhassen Trabelsi, a été depuis le déclenchement de la Révolution, la cible des attaques de 99% des Tunisiens. Ont-ils raison, ont-ils tort ?
Pour leur répondre, et en attendant que la justice dise son dernier mot, le patron de Cactus a choisi la stratégie d’affronter une partie de ses accusateurs et de répondre à toutes les interrogations au cours d’une conférence de presse, tenue mercredi 16 mars 2011, dans ses studios d’Utique.
C’est sa première conférence de presse. Il a fallu qu’il y ait un tsunami pour que Sami Fehri daigne enfin sortir de son mutisme et s’adresser aux journalistes. Il s’en excuse et réfute tout snobisme prétextant que son attitude a toujours été motivée par sa volonté de mettre à l’abri son jardin familial des questions des journalistes et par le fait qu’il estime que c’est son travail qui parle pour lui.
Rappelant qu’il n’a jamais téléphoné ou exercé de pression sur un journaliste, Sami Fehri explique sa conférence de presse par sa volonté de répondre aux multiples accusations et aux émissions télévisées calomnieuses et diffamatoires à son égard. Il revient sur l’ensemble de son parcours professionnel, sur sa liaison avec Belhassen Trabelsi et les circonstances de leur rencontre, sur les émissions diffusées en prime time sur la chaîne de télévision publique, sur la pub, sur le matériel de la télé, etc. Il donne explication sur tout, présente des preuves étayant ses dires et demande à ses accusateurs d’en faire autant. Il est surtout impatient que la justice se penche sur son cas, tant il est sûr qu’il n’a rien à se reprocher juridiquement.
La conférence de presse s’est déroulée dans le studio de Sofiane Show, poussant un des journalistes présents à dire qu’on fait face à du Sami Fehri Show.
Le producteur, hier simple animateur, semble désorienté. « Mais dites-moi ce que je dois faire ? Comment je dois procéder pour qu’on arrête ces accusations et ces attaques diffamatoires en attendant que la justice se prononce ? »
Sami Fehri est un enfant de la télé. De la télé publique. Contrairement à la majorité de ses pairs, il a été parmi les rares à réussir. Et cette réussite est aujourd’hui attribuée à son association avec Belhassen Trabelsi.
Faux, répond l’intéressé. J’étais animateur et j’étais producteur à RTCI, puis à Canal 21 puis à Tunis 7 (à l’époque où celle-ci était dirigée par Mokhtar Rassaâ) avant que je ne m’associe à Trabelsi. Au départ, ma société Cactus était une SUARL et proposait déjà des émissions à la télé.
Un jour, à l’occasion d’un voyage pour un match de foot, Belhassen Trabelsi m’a rencontré dans l’avion et a émis des critiques à l’égard de la télévision et des producteurs. Je me suis défendu, il m’a tendu sa carte et fixé un RDV. J’y suis allé et il paraissait complètement désintéressé. Je lui ai parlé d’Endemol, des émissions que j’ai produites et de celles que je voulais produire. Il m’a fait alors part de sa volonté d’entrer dans le capital à hauteur de 50%. J’ai réfléchi 3 secondes et j’ai tout de suite vu le piège. « Dire non signifierait ma perte. J’ai eu peur et j’ai dit oui. Au moment de la signature, on m’a tendu un PV où il est stipulé que Belhassen Trabelsi a acheté 51% de Cactus. Il s’est accaparé ces 51%, mais n’a pas versé un rond ! Les documents financiers sont là et prouvent que Belhassen Trabelsi ne m’a pas payé pour racheter les parts de mon entreprise. »
A entendre Sami Fehri, et il le répètera à plusieurs reprises d’ailleurs, Belhassen Trabelsi ne s’est jamais intéressé à la marche de Cactus et ne s’en occupe que le 28 mars de chaque année au moment de récupérer ses dividendes.
A propos de ses relations avec la télévision, et le fait qu’il touche toutes les recettes de la publicité, Sami Fehri déclare que ce procédé avait commencé avec l’émission Dlilek Mlek où les participants pouvaient gagner jusqu’à 1 million de dinars. A l’époque, il a proposé de vendre en PAD (prêt à diffuser) cette émission, comme cela se fait habituellement, et a demandé 300.000 dinars (puis 200.000 dinars) par épisode. Face au refus net de la direction de l’époque, il leur a proposé la formule : Cactus prend toutes les recettes des SMS et de pub et produit l’émission à ses risques et périls. Son interlocuteur lui a dit ok tout de suite, selon les dires de Sami Fehri qui précise que cet interlocuteur avait l’impression de lui dire « quel naïf ! ».
Comme tout le monde s’en souvient, l’émission a fonctionné et bien fonctionné. Elle a été une machine à cash pour Cactus. L’année suivante, pour l’émission Ahna hakka, la direction de la télé a voulu changer le deal et a accepté de payer le PAD (45.000 DT par épisode) en gardant pour elle les recettes des SMS et de la pub. Mais cela n’a pas marché pour la régie pub de la télé qui n’a pas su ramener les montants nécessaires pour amortir l’investissement ! L’année d’après, et pour toutes les émissions suivantes de Cactus, la télé tunisienne a accepté de diffuser les émissions sans rien payer, mais en laissant les recettes de la pub échoir chez Cactus.
Est-ce un manque à gagner pour la télévision publique ? Sami Fehri s’en défend et rappelle que la télé publique avait tous les primes times de la semaine, puisqu’il n’en avait, lui, que trois soirées et ce au bout de quelques années. Il rappelle que ce n’est pas la télévision qui génère la pub, mais la qualité des émissions produites. Il rappelle que les recettes de la météo, de Dimanche Sports et tout le reste échoit directement à la télé. Il rappelle, surtout, qu’il a voulu créer sa propre chaîne et en finir avec ces polémiques nées depuis des années, mais qu’on la lui a refusée. Il a voulu aller vers Canal 21, mais c’est également un refus qu’il a essuyé.
Citant un document accusateur remis par la télévision tunisienne à la commission de lutte contre la corruption et les malversations financières, Sami Fehri revient sur l’histoire de l’utilisation du car-régie de la télé publique et de son personnel par Cactus.
Le producteur rappelle que les émissions sont en coproduction et montre un document à cet effet. Il rappelle également que la pratique est courante. Il indique, surtout, que cela lui revenait plus cher que s’il louait directement ce car-régie à la télé, car il payait lui-même les salariés de la télévision publique, à des rémunérations variant entre 60 et 700 dinars par jour ! Et s’il rémunère autant ce personnel externe, c’est pour le motiver, d’abord, et éviter des susceptibilités entre son propre personnel, bien payé, et le personnel de la télévision publique payé selon la grille de la fonction publique. D’autant plus que ce personnel de la télé publique était très dévoué et très productif avec Cactus. Normal pour ces agents qui avaient ainsi un double salaire de deux employeurs, l’un public et l’autre privé.
Pour étayer ses dires, Sami Fehri évoque les retenues à la source de 15% sur ce personnel externe et toutes versées à l’administration des finances. « D’ailleurs, dit-il, j’ai toujours tout réglé à l’Etat : impôts, TVA, douane, CNSS, etc parce que je me devais de le faire et parce que je ne faisais pas confiance à mon associé qui pouvait utiliser cet argument (d’évasion fiscale) pour me mettre en prison au cas où ma langue fourcherait un jour. » Il se plaira ensuite à dire qu’il devait payer 81% d’impôts sur ses bénéfices, contrairement aux autres contribuables puisqu’il devait régler 30% d’impôts sur le bénéfice et 51% à Trabelsi. »
Interrogé sur la liberté de parole dont se permettaient ses animateurs, contrairement aux autres médias et comment peut-il nier qu’il n’était pas protégé par Belhassen Trabelsi dans cette audace, Sami Fehri a répondu que ce n’est pas Cactus qui a ouvert cette voie, mais Hannibal TV grâce aux émissions sportives de Moez Ben Gharbia, puis d’Imen Bahroun qui se distinguaient par cette liberté de parole et de cette audace. « Nous avons avancé pas à pas dans les émissions, chaque jour nous avançons un petit peu dans cette audace et nous attendions les réactions », se défend-il. Il rappelle les nombreuses émissions censurées et jusqu’à sa convocation au ministère de l’Intérieur où on lui a demandé de mettre hors circuit Moez Ben Gharbia accusé d’être proche des islamistes. Pour ceux qui connaissent Ben Gharbia, ils savent parfaitement que cet animateur est totalement à l’extrême opposé. C’est alors que Sami Fehri a décidé d’arrêter ses activités, ce qui a poussé Belhassen Trabelsi à saisir Zine El Abidine Ben Ali qui a ensuite convié au palais de Carthage Fehri et Ben Gharbia. Les choses sont rentrées en ordre. Il faut rappeler cette période où un omda a été mis en prison et où l’on a vu le maire de Tunis limogé de ses fonctions, suite à une émission de Ben Gharbia.
Interrogé sur la fameuse émission du 13 janvier au soir, suite au dernier discours du président déchu, Sami Fehri avoue que ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux, mais fait remarquer qu’il a exigé et obtenu (difficilement) de diffuser l’émission en direct, auprès de ceux qui lui ont donné l’ordre d’animer cette soirée. Il rappelle qu’il y a invité des figures qualifiées à l’époque d’opposition farouche au régime de Ben Ali, qu’on n’a jamais vues à l’époque dans une télé. « Cela dit, je ne pense pas que nous sommes les pires du système déchu, observe-t-il. Nous n’avons jamais crié Vive Ben Ali, nous n’avons jamais dit que Ben Ali était notre père à tous ! Vous, en tant que journalistes, vous pouvez comprendre plus facilement que les citoyens, les contraintes du système dans lequel nous vivions. »
Sami Fehri revient également sur la campagne médiatique calomnieuse dont il a fait l’objet et met ça sur le compte de la concurrence et de la volonté de le mettre hors circuit vu que les émissions de Cactus ont été celles qui réussissaient à obtenir la plus grosse part du gâteau publicitaire. Il rappelle que les annonceurs ne donnent pas la pub sous pression, mais en prenant en considération le retour sur investissement. Avec Cactus, selon Sami Fehri, ce retour sur investissement était le plus rentable et c’est normal au vu de toute l’audience et de la popularité dont il bénéficiait.
Source: “Business News” Le 17-03-2011
Tunisie : ’’Clinton dégage !’’
Le jour « J » de la conférence de presse conjointe de la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, avec le ministre des Affaires étrangères tunisien, Mouldi Kefi, a connu un tournant imprévisible se soldant par une annulation pure et simple.
Après 3 heures d’attente…
Prévue jeudi 17 mars 2011 à 12h, et après des procédures de « provocation » de la part des agents de sécurité américains à l’égard des journalistes tunisiens, convoqués pour couvrir la conférence de presse, la conférence a été officiellement annulée vers 15h. La chaude atmosphère alimentée par des propos hostiles à la présence de Mme Clinton serait l’une des raisons de cette annulation.
Les membres de la sécurité américaine auraient signifié à la secrétaire d’Etat américaine que sa sécurité n’était pas garantie.
Des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le siège du ministère des Affaires étrangères. Ils ont proféré des slogans tels que : « You are not welcome » « USA out of Tunisia » « Clinton Dégage » et brandi des drapeaux de la Tunisie, de la Libye et de l’Egypte.
Violence et discrimination
Dans la salle des conférences au ministère des Affaires étrangères, l’atmosphère n’était guère plus détendue. Des procédures de fouilles et de violence verbale ont été instaurées par les membres de la sécurité américaine. Ces mesures ont été réservées aux seuls journalistes tunisiens. Pourtant plusieurs journalistes étrangers étaient sur le lieu, ce qui a suscité des réactions de colères de la part des représentants de la presse nationale qui ont senti ce comportement comme une sorte de discrimination. La provocation a engendré un échange d’expressions de violence verbale entre les confrères tunisiens et les agents de sécurité américains qui avaient essayé d’obliger par la force le journaliste de « Shems FM » à quitter la salle.
Cependant, les journalistes tunisiens ont menacé de boycotter la conférence si le confrère était évacué et si des excuses ne lui étaient pas adressées. Ces conditions ont été finalement remplies et le calme a regagné la salle avant le coup d’envoi de la conférence. Mais, l’apparition d’Hillary Clinton se faisait attendre. L’annulation a été brutalement annoncée sans la moindre explication officielle.
Il est à se demander si le fait de faire poireauter des dizaines de journalistes sans explication aucune est un acte démocratique !
Source : « egalite et conciliation »
Tunisie-Industrie: Les perspectives d’un développement industriel durable
Développement industriel durable – Elaborer une stratégie industrielle à l’échelle d’un pays et s’en tenir est certes une tâche ardue et ne peut se faire ni en chambre, ni par un gouvernement provisoire. Cependant, il est urgent de définirâ-‚dès à présent les contours de cette stratégie et ses orientations pour éviter de se retrouver pris de court au moment où nous commençons à voir affluer les capitaux et investisseursâ-‚ de tout bord avec des motivations aussi diverses que variées. C’est ainsi que la politique industrielle du pays et les systèmes d’incitations et d’aides gouvernementales doivent être revus et corrigés dans une optique qui cadre avec une stratégie réfléchie en cohérence‚ avec les aspirations légitimes de croissance, d’employabilité, de développement régional et de développement social.
Cet article ne prétend pas être complet, il présente juste une contribution personnelle au débat qui, j’espère, ne manquera pas de surgir.
Trois orientationsâ-‚ essentielles‚ pourraient d’ores et déjà faire partie de notre future stratégie industrielle gouvernementale.
La première de ces orientations est ce qu’on peut illustrer par «la locomotive qui tire les wagons»
En effet, l’écosystème de toute industrie est composé de locomotives qui s’adressent au client final et de wagons que constitue le premier cercle de ses fournisseurs (dit de rang1). Chaque fournisseur de rang1 est aussi entouré de fournisseurs de rang 2 et ainsi de suite jusqu’aux fournisseurs de matières premières de base.â-‚
Compte tenu de cette imbrication et ces interactions, chaque industriel d’un rang donné essaye de développer son cercle immédiat de fournisseurs et de les attirer à proximité de lui dans une logique d’optimisation, de réactivité et de réduction de coût.
Le fait d’attirer une locomotive à s’installer en Tunisie aura pour conséquence positive et quasi automatiqueâ-‚ d’attirer ou de développer ses wagons et ce pour le bien de notre économie.
Prenons l’industrie de l’automobileâ-‚ comme exemple d’illustration de cette orientation stratégique. La quasi-majorité de nos entreprises qui Å »uvrent dans ce secteur sont de rang 2, 3 et même plus.
Il y a quelques rangs 1 en Tunisie mais ils se comptent sur les doigts. Vous pouvez facilement imaginer quel serait l’impact sur le développement des wagons qui lui sont associés si l’on arrivait à convaincreâ-‚ un constructeur automobile d’implanter une vraie usine d’assemblage en Tunisie.
La comparaison avec le Maroc est édifiante sur ce sujet. Il y a quelques années l’industrie automobile de ce pays était loin derrière celle de la Tunisie. Par la mise en place de cette stratégie, les Marocains sont aujourd’hui en passe de nous dépasser grâce à l’excellent travail qu’ils ont fait pour convaincre Renault d’installer une importante usine d’assemblage sur leur territoire. Cette usine, un modèle écologique par ailleurs, aura à terme une capacité de 400.000 véhicules par an dont 90% seront destinés à l’exportation.
A ce jour et avant que cette unité n’entre en production, pas moins de 12 fournisseurs de rang1 sont en train de s’y installer et vont également attirer ou développerâ-‚ leurs propres fournisseurs sur place, poussés par la nécessité imposée par les constructeurs d’être juste à temps. C’est cette même stratégie qui a été déployée en Slovénie et en Turquie avec un succès non moins important.
Cet exemple de l’automobile est facilement transposable pour d’autres industries comme l’aéronautique, l’électronique grand public, la téléphonie, les jouets, la mécanique, ainsi que d’autre secteurs industriels.
Nous devons donc focaliser et concentrer les efforts gouvernementaux et nos moyens publics pour attirer les locomotives, le reste ne pourra que suivre et/ou se développer localement.
La seconde orientation est dite «la stratégie du rayon laser»
Justement, l’image du rayon laser est utilisée pour illustrer cette orientation, dans la mesure où ses caractéristiques essentielles sont la non-dispersion, la puissance et la précision. Nous devons appliquer ce principe aux critères et conditions d’attribution des aides publiques aux PME tunisiennes.
Il est plus rentable de concentrer les aides gouvernementales à l’industrie sur un nombre limité de sous -segments du secteur industriel, voire sur des entreprises bien précises à haut potentiel de croissance, de rayonnement et d’emploi.
Il est improductif de dédier des aides publiques, à l’exception des mesures générales,‚ à des entreprises qui n’ont aucune chance de survivre dans leur contexte soit national, soit international.
Un ciblage cohérent prenant en compte le potentiel et les atouts conduira à un rendement optimal de ces moyens publics et permettra aux entreprises sélectionnées de disposer unitairement-‚ de plus de moyens pour mener leur développement jusqu’au bout avec une vitesse accrue. C’est ainsi que nous arriverons à développer des fers de lance et à créer des locomotives tunisiennes qui, à leur tour, tireront d’autres wagons.
En particulier, il est urgent de revoir dans ce sens l’approche du Plan de mise à niveau (PMN) et d’orienter les futurs plansâ-‚ de soutien à notre industrie dans ce sens afin d’éviter ainsi tout gaspillage généré par une politique de saupoudrage tous azimuts des rares ressources disponibles.
La troisième orientation est celle que l’on peut qualifier de «la stratégie de maximisation de la valeur ajoutée générée sur place»
A cet effet, l’histoire des mutations industrielles nous démontre que les industries à faible valeur ajoutée sont des industries qui ne se fixent pas sur un territoire donné et qui se délocalisent facilement là où les coûts de main-d’oeuvre deviennent relativement‚ moins chers. De plus, ces activités présentent une très faible intensité capitalistique et ne sont pas généralement génératrices d’emplois de haut niveau de qualification.
C’est ainsi que nous avons vu l’industrie du textile par exemple se délocaliser depuis l’Europe vers l’Afrique du Nord, de là vers la Chine et maintenant de la Chine vers la Malaisie, toujours à la recherche du moindre coût de la main-d’oeuvre.
Ainsi, plusieurs entreprises de l’aval de la chaîne de valeur textileâ-‚par exemple ont bien profité des incitations gouvernementales pour ensuite se délocaliser, dès la fin de ces aides, vers d’autres cieux contribuant ainsi à la montée du chômage en Tunisie.
Le fait d’accorder des aides et des statuts privilégiés à des entreprises étrangères sans tenir compte ni de leur intensité capitalistique investie ni de la part de la valeur ajoutée générée sur place est à mon sens une erreur et conduit à terme à un gâchis des moyens publics.
Ce système avaitâ-‚ conduit dans certains cas à des aberrations qui méritent d’être citées en exemple. C’est notamment le cas d’une société de textile qui a installé une unité pour réaliser en Tunisie uniquement ses opérations de contrôle qualité visuel et systématique de sa production faite quelque part en Europe. Les produits arrivaient en conteneurs vers l’unité, des employés à bas coût et sans qualification effectuentâ-‚ ce contrôle visuel.
Les produits ainsi contrôlés conformes repartent dans les mêmes conteneurs en Europe pour les opérations de conditionnement. Cette entreprise n’a eu à faire aucun investissement capitalistique sur place, a réduit son coût de contrôle qualité par dix, a profité des déductions fiscales liées à son statut le tout sans créer de valeur ajoutée sur place. Cette entreprise à fini par trouver moins cher ailleurs laissant à la Tunisie des chômeurs et les coûts sociaux qui en découlent.
Il est d’une importance capitale que les programmes gouvernementaux d’incitation aux IDE doivent favoriser en premier chef les industries ayant une importante intensité capitalistique, génératrices de forte valeur ajoutée et donc susceptibles d’employer par voie de conséquence une bonne part de personnel diplômé et qualifié.
L’obligation d’associer ces incitations à l’installation de centres de recherche et de développement serait également une condition à envisager sérieusement, notamment lors des renouvellements des aides accordées.
En conclusion, attirer et développer des locomotives de l’industrie sur notre sol, focaliser les incitations gouvernementales sur des entreprises ciblées par rapport à leur potentiel de servir de catalyseurs et lier les aides à la création de la valeur ajoutée et à l’intensité capitalistique des installations sont trois règles d’or que nous nous devons de mettre en place.
Cependant, ces trois principes ne sont pas suffisants pour bâtir complètement la stratégie et le rôle des gouvernements actuel et futurs dans le développement industriel de la Tunisie.
Ils doivent être complétés, notamment par la définition de la politique de privatisation et de nationalisation, la définition du rôle de l’Etat actionnaire, le renforcement des liens entre l’industrie et le système éducatif national, les interactions entre la recherche publique et l’industrie, le développement de l’actionnariat salarié et des systèmes de participation du personnel.
Nous sommes face à un vaste chantier que le ministère de l’Industrie provisoire se doit d’engager dès à présent, en associant les autres ministères impliqués, les représentants de la société civile, les organisations professionnelles ainsi que les experts du domaine.
Source : « Afriquejet » Le 17-03-2011
Abdelfettah Mourou : l’islamisme tunisien doit se « moderniser »
Co-fondateur d’Ennahda et numéro deux de ce parti, Abdelfettah Mourou est l’un des hommes religieux les plus respectés en Tunisie.
Ayant déclaré son ambition de créer un nouveau parti, Mourou a présenté sa vision, dans un entretien accordé à Zaman, de la nouvelle ère en Tunisie et de la place d’Ennahada dans le procesus démocratique. Mourou défend l’idée que les partis à sensibilité islamiste doivent adopter un discours moderniste et ajoute : « L’ancien régime était anti-islamiste, mais les Tunisiens n’ont pas de problème avec l’islam. Notre besoin primordial est la démocratie. Nous devons trouver la meilleure solution pour vivre l’islam au 21e siècle. Ce qui importe, ce n’est pas de reproduire aveuglément les pratiques islamiques du passé, mais de les appliquer au contexte du monde contemporain. » Le peuple musulman a souffert pendant 23 ans entre les mains de Ben Ali, selon Mourou, « Bourguiba, puis Ben Ali ont voulu transformer ce pays en désert politique et culturel. Les jeunes militants tunisiens, pour leur part, revendiquent un système politique plus libéral, modernisé et démocratique », note-t-il. Abdelfettah Mourou précise qu’il s’est rendu plusieurs fois en Turquie dans sa jeunesse et est même retourné à Istanbul pour étudier les œuvres de Said Noursi et Moustafa Sabri Efendi. D’après Mourou, la philosophie de Said Noursi a permis aux musulmans de Turquie de se développer dans les secteurs économique, social et éducatif. « La Tunisie a besoin d’une pensée islamiste en harmonie avec l’époque contemporaine. Par exemple, il est inacceptable de défendre aujourd’hui la polygamie qui fut pratiquée autrefois sous certaines conditions », a-t-il conclu.
Source: “Zaman” Le 17-03-2011