17 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3922 du 17 .02 . 2011 archives : www.tunisnews.net

Houcine Bettaïeb:Urgent et grave

Le Monde.fr:Ben Ali est dans le coma

LE CRLDHT et la FTCR:INFORMATIONS URGENTES

Déclaration du Conseil National de l’ATF: 

intellectuels tunisiens indépendants:Démenti:Communique

Le Temps:Larbi Chouikha:« Il faut que tous les journalistes s’imprègnent de l’âme de la Révolution » 

FTCR:TUNISIE : A BASE RACISME VIVE LA LIBERTÉ DE CROYANCE

A propos du « Conseil de la défense  de la Révolution »Le Mouvement Ettajdid : « Un moyen pour s’approprier la totalité du pouvoir »

Le Mouvement Ettajdid dénonce la manifestation raciste des intégristes

Le Figaro:Tunisie/Ben Ali : les avocats « menacés »

Jean Pierre Turquoi:Les avoirs de 48 proches de Ben Ali gelés par l’Union européenne

Salhi sghaier:La révolution tunisienne et les réformes économiques

La presse:Enquête — Commerce de l’artisanat Quand la pègre s’en mêle Des complices repentis témoignent

Par Walid KHEFIFI:Enquêtes et reportages Une profusion de partis politiques à en perdre le Nord…

Realites:La Révolution, et après

Florence Beaugé:Ces VIP qui profitaient des charmes de la Tunisie étaient les VRP de Ben Ali

France24:Tunisie : la révolution, et après ?

 Farid HANACHE:La Tunisie, un espoir et des risques

Le Nouvel Observateur:Le president de la communaute juive de Tunisie « pas inquiet »

Rue89:Et si la théorie des dominos du monde arabe était fausse ?

The Guardian:Libya’s regime must now fear its people’s anger

Ali CHIBANI:L’Algérie marchera-t-elle pour la démocratie ?

Houcine.ghali:TUNISIE : ATTENTION AUX MEFAITS DE L’ EUPHORIE

Ahmed BEN AMOR:IL FAUT ALLER JUSQU’AU BOUT MONSIEUR OBAMA


Urgent et grave


J’ai été contacté il y a peu par la famille du prisonnier Jamel Ben Attia Chaïbi de Ben Guerdane. Elle affirme que leur fils a subi des violences hier dans la cellule de la prison, sans motif, perpétrées par des agents de la prison de Gabès. Il a une fracture et d’autres lésions graves qui ont nécessité son transport à l’hôpital militaire de Tunis. L’équipe médicale a affirmé que son état était grave et qu’il devait rester à l’hôpital. Pourtant il a été transféré à la prison de Mornaguia. La famille exhorte toutes les consciences libres et les parties concernées à l’ouverture d’une enquête immédiate.
Houcine Bettaïeb, 16 février (traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)  


Ben Ali est dans le coma


L’ex-dictateur tunisien Zine El-Abidine Ben Ali se trouve dans le coma après qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Un proche de l’autocrate qui a fui son pays le 14 janvier a confirmé l’information, jeudi 17 février, rapportée dans un premier temps par un journaliste français, Nicolas Beau. « Il est entré dans le coma il y a deux jours. Il est à l’hopital à Djedda », en Arabie saoudite, a dit ce proche de la famille, précisant qu’il se trouvait dans un « état grave ».
Plus tôt dans la journée, Nicolas Beau, spécialiste de la Tunisie, avait annoncé l’AVC de Ben Ali. Selon lui, ce dernier a été « transporté d’urgence à l’hôpital de Djedda. L’ex-chef de l’Etat a été admis dans cet établissement réservé aux princes saoudiens sous une fausse identité, pour raison de sécurité. Son état est jugé très inquiétant », écrivait-il sur son blog. « Son épouse, Leila Trabelsi, n’est plus à ses côtés », a-t-il précisé.
Ces informations avaient été recoupées par le webzine d’opinion JSSNews, qui « a obtenu une information d’un diplomate exerçant ses fonctions au Proche-Orient. D’après ce que nous savons, son état est critique, mais les meilleurs médecins du royaume ont été envoyés en urgence ». Ce diplomate a précisé que « le nouveau président par intérim en Tunisie [était] également au courant et sui[vai]t les événements heure par heure ».

INFORMATIONS URGENTES  

LE CRLDHT et la FTCR informent que le procès du camarade Mouhieddine CHERBIB portant opposition à son jugement par contumace de deux années de prisons pour délit de solidarité avec le mouvement social des habitants du bassin minier de Gafsa Redayef a été renvoyé au 21 avril 2011. Des manifestations devant et dans l’enceinte du tribunal de Gafsa empêchent le fonctionnement normal du tribunal. Selon des magistrats des personnes ayant des membres de leurs familles condamnés pour des délits et crimes de droits communs ont reçu de la part d’éléments liés à l’ancien régime 500 dinars (257 euros) manifester dans le tribunal de gafsa.  

Déclaration du Conseil National de l’ATF:


La Révolution tunisienne un modèle d’unité et de lutte victorieuse de la jeunesse et du peuple tunisiens pour la liberté, la démocratie et le progrès Réuni le 05 février 2011, le Conseil National de l’ATF tient à saluer les Tunisiennes et les Tunisiens qui se sont soulevés contre la dictature en Tunisie. Le CN tient à saluer, au nom des toutes et tous les membres de l’ATF et de ses associations affiliées et à exprimer son soutien et son affection aux familles des martyrs, des hommes et des femmes qui ont payé de leur vie, des jeunes et des moins jeunes sur lesquels les sbires  de Ben Ali ont tiré et souhaite un bon rétablissement aux blessés de cette bataille. Cette marche vers la liberté et la dignité a été l’œuvre de ceux et celles qui ont été spoliés de leurs droits les plus élémentaires. Aujourd’hui la Tunisie fait face à de nouveaux défis. Nous devons, avec toutes les forces de démocratie et de progrès, consolider nos acquis et mettre en place des mécanismes qui permettent l’avènement d’une vraie démocratie participative, représentative de la richesse et de la pluralité en Tunisie afin d’associer toutes les composantes de la société tunisienne, y compris l’immigration tunisienne, à agir directement sur son devenir. Cette démocratie ne pourra se réaliser, au-delà du pluralisme politiques indispensable, qu’après la consécration dans la constitution tunisienne de principes fondamentaux dont l’égalité des droits entre les citoyens, l’égalité entre les femmes et les hommes et la levée de toutes les réserves émises par la Tunisie en ratifiant les conventions internationales notamment la CEDAW Le CN rappelle  que 10% de la population tunisienne vie et travaille à l’étranger et contribuent au développement de la Tunisie. Ces tunisiennes et tunisiens sont concernés par l’avenir de leur pays et exige de participer au débat national.  Ils revendiquent la réalisation de leurs demandes  spécifiques : ü                   Une participation effective aux élections législatives notamment par  la présentation et l’élection de candidats ; ü                   l’abrogation de toutes les lois liberticides. ü                   une  participation aux négociations autour des différentes conventions signées par la Tunisie avec les pays d’immigration. ü                   L’indépendance  de toutes les administrations  consulaires et diplomatiques, vis-à-vis de tous les partis politiques. ü                   La restitution de tous les locaux occupés par les cellules du RCD et ses association satellites. ü                   La création de centres culturels pour la promotion de la culture tunisienne, notamment dans le site de Botzaris. ü                   La création  d’un Haut conseil de l’immigration tunisienne ü                   La poursuite  et la traduction en justice de Ben Ali , de son entourage, des dirigeants corrompus du RCD et de toutes celles et de tous ceux qui ont pillé et spolié le labeur, des Tunisiennes et des Tunisiens, des richesses de notre pays et des entreprises publiques et privées.  Paris le 5 février 2011
 

Démenti:Communique

Nous les signataires , intellectuels tunisiens indépendants , annonçons publiquement n avoir jamais signé « la pétition des 65 » publié le 10 aout 2010 au journal Acchourouk  , appelant l ex président   Zine El Abdine Ben Ali à se présenter aux élections  de 2014 . Nous avions été surpris de voir le communiqué et la liste , ou figurait nos noms ,ainsi que les listes de mille signataires puis des 130milles , des 50 milles etc..manipulés par le RCD , auquel nous n avons j amis adhéré. Nous n avions pas la possibilité de démentir la dite  «  Pétition » sous Ben Ali , nous confirmons aujourd’hui ui que nous étions toujours des libéraux et démocrates indépendants .
Moncef Barouni avovat Kamel Ben Younes journaliste et universitaire Lotfi Bouchnek artiste et intellectuel Abdallah Ahmadi Avocat et universitaire Sonia Mbarek artiste et universitaire

« Il faut que tous les journalistes s’imprègnent de l’âme de la Révolution »


Interview de  Larbi Chouikha, (professeur à l’Institut de presse)

Larbi Chouikha, est professeur à l’Institut de Presse, collaborateur dans des publications indépendantes en Tunisie et à l’étranger et surtout, connu depuis longtemps, pour ses engagements en faveur de la liberté d’expression et du droit des journalistes. Dans cette interview, il nous livre ses réflexions sur la situation actuelle des médias ainsi que sur les moyens à déployer pour que les journalistes s’imprègnent des valeurs et des acquis de la Révolution démocratique. Interview.
Le Temps : Comment jugez-vous la situation actuelle du secteur de l’information après la Révolution du 14 janvier?
Larbi Chouikha : Nul doute que depuis le 14 janvier, le secteur connaît une dynamique inédite qui se distingue par la liberté de ton, la qualité des contributions, l’audace des journalistes en voulant briser les tabous, en explorant des sujets qui relevaient encore de l’impensé, etc…. Nul doute aussi que la suppression du ministère de la Communication et de l’ATCE y a, aussi, contribué. Mais dans le même temps, je relève aussi des dérapages parfois dans la manière de sélectionner et de traiter des informations, dans la manière de conduire des interviews télévisées… Et dans ce même sillage, je constate aussi des hésitations à immerger dans cette nouvelle culture politique marquée par l’irruption de personnalités qui étaient jusque là méconnues du large public.   
Par exemple ?
Cette effervescence médiatique est certes remarquable dans la mesure où nous sommes passés du, pas d’informations, à l’étape actuelle marquée par une prolifération – parfois fébrile – des informations en tous genres et de toute nature ! Or, nous devons d’abord rappeler les principes journalistiques de base qui portent sur les fondements de la nouvelle, sur la vérification de sa source, son traitement, sa médiatisation,…. Sur la nécessité de ne pas se focaliser sur une seule opinion – même dominante – mais de rechercher, à chaque fois, des opinions contraires, fussent-elles minoritaires,… Il convient aussi de se demander, s’il y a lieu, parfois, d’amplifier certaines informations en minorant bien d’autres, ou vice-versa ?… D’autre part, dans ce climat de surabondance d’informations et de libertés arrachées, la question de l’éthique et de la déontologie se pose avec une grande acuité et la crédibilité même de la profession en dépend. Enfin, dans ce processus de transition démocratique nous assistons à l’émergence de nouvelles figures, de nouvelles formations et associations…auxquelles la plupart des journalistes, un mois auparavant,  ignoraient encore tout de leur évolution, de leur programme, des conditions de leur émergence !
Alors ! Que faut-il faire ?
Pour bien délimiter le rôle et la fonction des journalistes et des médias dans cette étape cruciale de notre histoire, il importe d’organiser des sessions de recyclage à l’adresse des journalistes, et ce, pour plusieurs raisons à la fois. D’une part, pour débattre ensemble des principes professionnels fondamentaux, comme ceux portant sur la définition de ce qui constitue un évènement dans cette étape et la façon de le couvrir. Mais aussi, pour s’interroger sur ce qu’il convient d’entendre par : les sources d’information, au moment où les réseaux sociaux, à l’instar de facebook, accaparent nos activités quotidiennes. Ou encore, pour réfléchir sur la manière de conduire des débats télévisés sans se départir de son rôle de journaliste,… D’autre part et sur cette lancée, il convient de rappeler à chaque fois les principes portant sur l’éthique et la déontologie professionnelle. Enfin, pour permettre aux journalistes de bien comprendre les balbutiements de la nouvelle configuration de la vie publique tunisienne, il faut susciter entre eux un débat pour savoir ; qui sont, aujourd’hui, les principaux acteurs publics ? Que représentent-ils, réellement ?… Les réponses à ces questions sont nécessaires pour pouvoir conduire des entretiens avec ces acteurs et organiser des débats contradictoires entre eux.   Il ne fait pas de doute que tous ces thèmes et questions ne peuvent être traités, abordés, développés que sous l’égide du syndicat des journalistes, et il revient à lui, et à lui seul, de choisir les compétences extérieures à la profession pour les associer au travail de recyclage.
 Et quel serait le cadre approprié, dans ce cas ?
Il faut revenir aux fondamentaux en rappelant, qu’à l’origine, le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes (CAPJC) a été créé pour permettre à la profession représentée naguère par l’Association des Journalistes Tunisiens (AJT) dans les années 1980 d’en être le principal partenaire. Or, les objectifs et la mission de ce centre ont été complètement dévoyés pour d’autres raisons et à d’autres fins…, et je me joins aujourd’hui aux voix qui s’élèvent pour exiger qu’un audit soit effectué sur la gestion de ce centre depuis sa création afin de délimiter les responsabilités – de chacun – et en toute transparence !
On remarque que certains journalistes ont opéré des virages à 180° par rapport à leurs écrits avant la Révolution?
Dans toutes les phases post révolutionnaires, vous trouverez toujours d’anciens responsables des médias et des institutions annexes, mais aussi des journalistes et autres, comme des formateurs, des experts en médias, des enseignants,…opérer des revirements « spectaculaires » en feignant d’occulter – aujourd’hui – leur ancien pouvoir de nuisance à l’encontre des opposants et des défenseurs aux droits de l’Homme. Leur nuisance s’exprimait, de manière directe mais surtout, indirecte, dans leurs écrits, actes, propos, rapports, positions, interventions et coups bas,…! Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux souhaitent surtout dissimuler au grand public les nombreux avantages et gratifications – en tous genres – qu’ils ont accumulés depuis des années pour : « services rendus » aux gens de l’ancien régime. Heureusement que personne n’est dupe et un travail de mémoire s’impose aujourd’hui ! Il doit être mené publiquement, sur la base d’accusations fondées et sans complaisance  Le conseil des ministres a annoncé le 10 février la création d’une commission de déontologie pour remplacer le conseil supérieur de la communication.
 
 Qu’en pensez-vous?
Je vous avoue que j’ai été très surpris par l’annonce d’une telle mesure qui montre ; soit que les anciens réflexes perdurent encore, soit qu’il existe un cafouillage flagrant dans la manière de communiquer ? Bien évidemment, et cela ne devrait pas faire l’ombre d’un doute ; toutes les questions portant sur l’éthique et la déontologie du journalisme relèvent de la profession elle-même. C’est-à-dire des journalistes, entre eux, au sein de leur salle de rédaction, mais aussi au sein de l’instance qui est censée les représenter : le syndicat des journalistes tunisiens!
Source: ”Le Temps” Le 17-02-2011 Lien:http://www.letemps.com.tn/article-53078.html


TUNISIE : A BASE RACISME VIVE LA LIBERTÉ DE CROYANCE


La FTCR dénonce vigoureusement la manifestation organisée contre la synagogue de Tunis ainsi que le slogans hostiles à la religion juive incitant à la violence, à l’antisémitisme et à la ségrégation. La FTCR rappelle que la Tunisie a été et restera multiconfessionnelle quoiqu’en pensent les partisans de la haine et de l’intolérance. La réaffirme son attachement fondamental aux valeurs de tolérance et de libertés de croyances de tunisiens et tunisiennes. La FTCR demande à toutes les forces politiques, associatives et syndicales de se prononcer contre ces agissements graves. La FTCR rappelle que le peuple tunisien n’ a pas fait la révolution pour instaurer la haine et la discorde mais bien au contraire pour la démocratie et les libertés individuelles et collectives. Vive la révolution. Vive la liberté. Vive la tolérance. A bas  la ségrégation A bas le racisme  pour la FTCR le président Tarek BEN HIBA  


A propos du « Conseil de la défense  de la Révolution » Le Mouvement Ettajdid : « Un moyen pour s’approprier la totalité du pouvoir »


Suite à l’annonce faite par un certain nombre de partis politiques et d’associations de la constitution d’un « Conseil de défense  de la révolution », le Mouvement Ettajdid a publié un communiqué  dans lequel il apporte les précisions suivantes:
1/ Nous avons été surpris de cette annonce, alors que les consultations autour de cette question sont toujours en cours et que la dernière réunion à laquelle nous avons participé n’avait pas abouti à un accord définitif entre toutes les parties participantes. Dès lors, nous sommes en droit d’exprimer notre étonnement devant cette décision précipitée et unilatérale.
2/ Le Mouvement Ettajdid a exprimé, lors de toutes les réunions consultatives, l’opinion que la constitution d’une instance de surveillance qui jouerait le rôle d’un contre-pouvoir et d’un moyen de continuer la pression et la vigilance afin que les acquis de la révolution ne soient pas usurpés était la bienvenue. Il a, en même temps, exprimé son refus de toute structure qui pourrait se transformer en un des  mécanismes du pouvoir.
3/Les prérogatives assignées à ce conseil, d’après l’annonce de sa constitution, en font un moyen pour confisquer la totalité du pouvoir et soumettre le gouvernement de transition et les commissions à la volonté de groupes qui se sont autoproclamés, en porte-paroles de la « légitimité révolutionnaire », s’octroyant, par là- même,  et sans aucune procuration du peuple, de larges prérogatives qui reviennent, en principe, aux pouvoirs exécutif, législatif et même constituant.
4/ La demande de création  de ce conseil par décret-loi, ce qui en ferait  le principal dépositaire du pouvoir, en vertu des prérogatives qu’il s’est octroyées, va engendrer une dualité au sein du pouvoir qui pourrait mener vers une crise politique susceptible d’entraver la transition vers la démocratie et réalisation des objectifs de la révolution.
5/ Les promoteurs de ce projet tombent dans une contradiction patente en refusant toute légitimité aux structures transitoires de la révolution tout en cherchant à obtenir une légitimité qui leur serait octroyée par une instance à laquelle ils ont préalablement ôté toute légitimité. Eux qui prétendent détenir la légitimité révolutionnaire, veulent que le Président provisoire qui n’a, à leurs yeux, aucune légitimité, les intronise en vertu d’un décret-loi que lui a délégué par un parlement dont ils ont demandé la dissolution.
Comment peut-on prétendre détenir la légitimité révolutionnaire et, en même temps, demander  sa propre légitimité à un  Président provisoire qui, lui-même, détient la sienne d’une instance législative dépourvue de légitimité ?
Tunis le 16/02/2011 Le Mouvement Ettajdid Jounaidi Abdejaoued  

Le Mouvement Ettajdid dénonce la manifestation raciste des intégristes


Dans un communiqué publié le 17 février 2011, le Mouvement Ettajdid « dénonce avec vigueur la manifestation organisée par un groupe d’intégristes extrémistes devant la grande synagogue de Tunis au cours de laquelle ils ont scandé des slogans racistes hostiles à la liberté de culte et à la démocratie. Il exprime son rejet de ces slogans qui visent à attenter à la foi et à la dignité de citoyens tunisiens appartenant à une minorité religieuse et appelle toutes les forces politiques et syndicales ainsi que les associations à être vigilantes à l’égard de tout ce qui est susceptible de remettre en cause les traditions nationales de tolérance et de respect de la liberté de conscience, qui constitue un de nos acquis modernistes que nous devons, plus que jamais, défendre et développer. »
Hebdomadaire: Attariq AL Jadid n° 219 daté du 19.2.2011

Tunisie/Ben Ali : les avocats « menacés »


Les avocats tunisiens refusent de défendre les membres du clan de Zine El Abidine Ben Ali ou sont « menacés » s’ils envisagent de le faire, a dénoncé aujourd’hui Me Olivier Metzner, avocat d’Imed Trabelsi, un neveu du président déchu détenu à Tunis. « Mon voyage (récent) en Tunisie m’a montré que les avocats tunisiens n’avaient pas la liberté de faire ce qu’ils voulaient. Ils reçoivent des menaces », a affirmé l’avocat français sur Europe 1. « J’étais encore hier (mercredi) au téléphone avec mon correspondant à Tunis, Me Ammar (…). Il a été menacé de radiation par ses confrères s’il défendait Trabelsi », a-t-il détaillé. Olivier Metzner défend Imed Trabelsi, le neveu préféré de Leïla Trabelsi, la seconde épouse de Ben Ali. A 36 ans, cet homme d’affaires devenu maire d’une commune prospère de Tunis est accusé de nombreuses escroqueries et fraudes. Accusé d’avoir monté un trafic de yachts de luxes entre la France et la Tunisie en 2006, Imed Trabelsi avait été dans un premier temps poursuivi par la justice française, qui avait finalement renoncé à le juger en 2009 laissant ce soin aux tribunaux tunisiens, lesquels l’avaient blanchi. « Je ne suis pas l’avocat d’une cause, je suis l’avocat de justiciables qui ont droit à un procès équitable », a fait valoir Me Metzner, expliquant qu’il avait accepté de défendre Imed Trabelsi à la demande de sa famille parce qu' »il n’était défendu par personne ». « Pour moi, c’est un honneur de la profession de défendre tout le monde, quels que soient les reproches qui sont faits. D’autant qu’on ne sait pas ce qu’on lui reproche », a-t-il ajouté, affirmant n’avoir eu accès qu’à un « dossier de dix pages » concernant une « infraction douanière ». Donné pour mort peu après la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite le 14 janvier, Imed Trabelsi avait en fait été arrêté et est actuellement détenu, ainsi qu’une trentaine d’autres proches de l’ex-président, dans une caserne de l’armée à Tunis. Le 19 janvier, la justice tunisienne a ouvert une enquête pour « acquisition illégale de biens », « placements financiers illicites à l’étranger » et « exportation illégale de devises » à l’encontre de Ben Ali et de sa famille.   Source : « Le Figaro » Le 17-02-2011 Lien :http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/02/17/97001-20110217FILWWW00455-tunisieben-ali-les-avocats-menaces.php

Les avoirs de 48 proches de Ben Ali gelés par l’Union européenne


Par Jean Pierre Turquoi L’information est passée inaperçue : le conseil de l’Union européenne (UE) a décidé, le 4 février, de geler les « fonds et [les] ressources économiques » de personnes physiques proches de l’ancien président Ben Ali. En vertu de la décision, publiée au Journal officiel de l’UE, « aucun fonds ni aucune ressource économique [ne doit être mis] directement ou indirectement à la disposition des personnes physiques ou morales » qui figurent sur la liste, « ni utilisé à leur profit ».
Pas moins de 48 noms figurent sur la liste. Pour chacune d’entre elles, les motifs qui expliquent le gel des avoirs décidé par l’UE est identique à la virgule près : « Personne faisant l’objet d’une enquête judiciaire des autorités tunisiennes pour acquisition de biens immobiliers et mobiliers, ouverture de comptes bancaires et détention d’avoir financiers sans plusieurs pays dans le cadre d’opérations de blanchiment d’argent. »
Le premier sur la liste est le président déchu, Zine El Abidine Ben Haj Hamda Ben Haj Hassen Ben Ali, dont l’annexe de l’UE donne le numéro de la carte nationale d’identité : 00354671. Son épouse Leila Bent Mohamed Ben Rhouma Trabelsi est en deuxième position. Suivent 46 autres noms, certains appartenant au clan Ben Ali, les autres au clan Trabelsi. La plus jeune des personnes dont les avoirs sont gelés est Halima Ben Ali, l’une des filles du couple présidentiel. Elle n’a que 19 ans.

La révolution tunisienne et les réformes économiques


Par Salhi sghaier Nous apprenons par voie de presse que le gouvernement provisoire (GP) multiplie les contacts avec différents pays, dont l’Allemagne et la France,  dans le but  « d’organiser bientôt à Carthage une conférence internationale sur le soutien aux réformes politiques et économiques en Tunisie. «    Nous aurions préféré que le GP  présente cette initiative aux tunisiens d’abord ;  et que le lieu soit plus chargé de symbolique révolutionnaire que ne l’est Carthage, plutôt évocatrice, en ce moment, de centre de pouvoir dictatorial.   De la dynamique même d’une  révolution  toutes les aspirations et exigences touchant a l’ensemble des aspects de la vie  ne peuvent être explicitement et clairement exprimées par le peuple. Les contenus économique, ou culturel, par  exemple  de la révolution   sont à formuler en cohérence avec  des aspirations exprimés, et  s’inspirent des valeurs  d’égalités, de justice, de transparence et de libertés réclamés par le peuple.   Les demandes exprimées explicitement par la révolution vont de l’exigence de l’emploi à  la démocratie en passant par la demande de plus de dignité, plus de plus de transparence et d’égalité. Elles sont pour les libertés et contre la précarité .Elles relèvent des registres sociaux et politiques.   Par  cette initiative le GP donne l’impression  qu’il cherche à engager une réforme de l’économie. Cela peut paraître bon. Mais les réflexes bureaucratiques, la non concertation avec les acteurs concernés, le processus opaque de prise de décision refont surface et c’est vraiment inquiétant.  Le risque est que le GP  amorce un processus  qui va coller à la révolution un contenu économique identique à l’ancien, les mêmes causes produisant les mêmes effets.   Par son bilan et ses approches, l’équipe économique du GP, en place depuis une décennie et  qui a survécu à la révolution, n’est pas qualifiée techniquement et  n’est pas habilitée moralement à engager des réformes économiques. S’ils savaient y faire et voulaient le faire, ils l’auraient fait depuis longtemps. Le chômage, la précarité, la pauvreté, l’endettement des ménages et des entreprises, le recul des investissements,  et la réduction du pouvoir d’achat de la grande majorité des citoyens son les termes du bilan économique de cette équipe: Un échec cuisant.    Les inégalités sociales, les déséquilibres du développement régional, la dégradation  de la situation des petits  agriculteurs, le positionnement de l’essentiel de l’industrie dans les activités à faible valeur ajoutée qui ne génèrent que de l’emploi précaire et faiblement qualifié, le coût inaccessible du logement, sont les résultats directs  de leur politique économique et de leur approche du développement.   Cette équipe ne peut réfléchir économie que pour renforcer le caractère rentier, spéculatif et centralisé de cette économie. Cette économie ne peut être qu’extravertie et non génératrice d’emploi et de développement. Au mieux, elle donne un peu de croissance, mais sans développement.   En bref, l’équipe économique du GP ne possède ni la légitimité ni la crédibilité pour  traduire les valeurs de la révolution en termes  de réformes économiques qui soient conformes  aux exigences de cette révolution. Il y a un grand risque que les réformes pensées par l’équipe économique du GP ne soient que des retouches de façade, qu’elles servent surtout au maintien des intérêts de la base sociale, rentière et spéculative, du régime dictatorial et qu’elle ne jette les bases d’une nouvelle dictature administro-politique, la politique étant très souvent l’expression condensée de l’économie.   Le risque est d’autant plus grand que les erreurs structurelles de conception vont s’ajouter à l’incapacité chronique de la l’administration quant à la mise en œuvre des réformes. Depuis le milieu des années 60, les réformes engagées sont rarement menées à terme : Ces réformes  ont été soit déviées, soit vidées de leur substance, soit abandonnée en cours de route, soit différées. Source: “Le Temps” Le 17-02-2011 Lien: http://www.letemps.com.tn/article-53088.html

Enquête — Commerce de l’artisanat Quand la pègre s’en mêle  Des complices repentis témoignent


Ce n’est un secret pour personne. Le marché national est inondé depuis quelques années de produits en tous genres en provenance des pays d’Asie, notamment la Chine, l’Indonésie, l’Inde, la Turquie et la Malaisie. Le marché de l’artisanat n’a pas été épargné par ce phénomène, devenu inquiétant au cours de cette dernière décennie. A Hammamet, Sousse, Nabeul, Djerba… les produits artisanaux ont traversé des océans pour atterrir dans ces zones touristiques, sanctionnant ainsi le produit tunisien qui a été relégué au deuxième plan ou a disparu, pour certains articles, purement et simplement du circuit commercial. Enquête et lumière sur les filons d’un commerce prospère et mafieux. Ne laissant aucun secteur porteur d’argent à l’abri, les deux ex-familles régnantes ont fait main basse sur cette activité, aidées en cela, par des barons ripoux de la douane tunisienne. Après la révolution, les langues se délient et dévoilent les tenants et aboutissants de ce commerce juteux qui a causé tant de préjudice tant au produit artisanal tunisien qu’aux fabricants et aux petits artisans. Le pèlerinage à Pékin… Evoquant le mode d’emploi pour l’importation de cette marchandise exempte de droits de douane puisqu’elle est la chasse gardée de la pègre, un commerçant qui a côtoyé ce milieu nous confie‑: à vrai dire, les importateurs qui jouissent de la protection des familles sus-mentionnées se subdivisent en deux catégories. La première opère en argent liquide. Cela consiste à avancer de l’argent à l’un des membres de la famille régnante qui se charge de le convertir en devises pour le virer par la suite à un bureau de transit à Pékin, Istanbul, Djakarta, Ankara… Et à notre interlocuteur de signaler qu’un taux de 5% est déduit de la somme, avant qu’elle ne soit virée. L’importateur prend par la suite la destination du bureau de transit où l’argent a élu domicile, le retire moyennant une deuxième commission de 5% et vaque à ses affaires. Pour la deuxième catégorie d’importateurs, poursuit notre interlocuteur, lesquels sont considérés comme des brebis galeuses par la pègre parce qu’ils leur sont plus proches, le même procédé est observé, mais à la seule différence que ces derniers, au lieu de donner de l’argent liquide, avancent des chèques antidatés. La famille, qui leur prête de l’argent, leur accorde un délai de grâce, jusqu’à écoulement de la marchandise en Tunisie. Mais comment se passent les choses du côté de la douane‑? Une fois les container (kadra dans le lexique du milieu) atterrissent aux ports de La Goulette, Radès ou Sousse, sous le nom d’une société, le caïd se charge des formalités douanières. L’importateur doit payer une somme qui varie entre 25 et 30 dinars pour chaque container. Et à notre vis-à-vis de remarquer que le montant (dit jaâlla, pot-de-vin) perçu par le douanier corrompu varie entre deux et cinq mille dinars pour chaque livraison. Dans la foulée, notre commerçant repenti fait observer qu’afin d’éviter les yeux inquisiteurs, la marchandise est stockée dans des dépôts ou des caves discrets. Intervient par la suite un autre maillon de la chaîne. Il s’agit des grossistes qui viennent s’approvisionner en marchandises pour les revendre, sans facture évidemment, aux commerçants de Hammamet, Sousse, Nabeul… Importation illicite : une aubaine pour les commerçants Pratiquement, tous les commerçants des produits artisanaux s’accordent à dire qu’ils ont tiré profit de ces produits venus d’outre-mer. Moëz, dont le magasin regorge de porte-clés, gadgets, babouches, foulards, faux bijoux, portes de Tunisie en céramique, textile, godasses, bibelots, statuettes en résine, sacs en cuir, chopes…affirme‑: «Franchement, le prix du produit importé est nettement moins cher que le produit tunisien d’autant plus que le finissage est meilleur». Et d’observer que les touristes qui séjournent en Tunisie sont peu regardants sur l’origine du produit. Concernant l’achat de cette marchandise, Moëz précise que «des démarcheurs se présentent à nous, dont on ne connaît même pas l’identité, et proposent leurs marchandises. Ce système nous permet de dégager des plus-values substantielles tant au niveau de l’achat, puisque nous nous procurons la marchandise sans facture, qu’à celui de la vente, étant donné que la marge bénéficiaire devient plus importante en comparaison du produit local». S’agissant du contrôle douanier, notre interlocuteur dévoile : «En ce qui concerne les grandes surfaces d’artisanat dont les propriétaires sont eux-mêmes les importateurs, la mèche est donnée par des gens qu’ils connaissent. Ces derniers ferment alors leurs locaux, généralement pendant une demi-journée, le temps que les agents de la douane déguerpissent. Pour les petits commerçants, ils sont livrés à leur sort et ont le choix entre, soit la confiscation de la marchandise et la lourde contravention fiscale, soit le paiement de la jaâlla». Mais, qu’en était-il du rôle de l’administration de tutelle dans le règlement de ce secteur dont les pratiques illégales et indécentes ont causé beaucoup de tort et de préjudices aux fabricants et artisans tunisiens dont bon nombre ont fait faillite et sont venus gonfler l’armada de chômeurs dans le pays ? Tergiversations de l’administration de tutelle Le directeur de l’Office régional de l’artisanat de Nabeul affirme que jusqu’à la fin des années 90, on a réussi à tenir le taureau par les cornes. Tout contrevenant, dit-il, était sévèrement sanctionné et des enquêtes sont menées. Mais, à partir des années 2000 et jusqu’à aujourd’hui, on assiste à une véritable invasion des produits artisanaux en provenance des pays asiatiques. Pour contrecarrer ce fléau, l’administration de tutelle a eu l’idée, en 1996, de créer les magasins dits recommandés afin de protéger le produit national. Mais, juste après un laps de temps très court, cette expérience a connu un échec cuisant étant donné que les propriétaires de ces magasins ont fait fi de la principale recommandation, laquelle consiste à vendre exclusivement le produit tunisien et ont fait introduire dans leurs commerces des produits importés. En 2007, ajoute le directeur régional, un accord entre les gens de la profession et le Conseil national de l’artisanat a été conclu, lequel consiste à ne pas étaler sur le même rayon un produit tunisien et un autre importé. Une aberration, dit-il, dans la mesure où le produit artisanal tunisien ne représente aujourd’hui, dans le meilleur des cas, que 20% du produit exposé sur le marché.. Source: “La presse” Le 17-02-2011 Lien:http://www.lapresse.tn/17022011/22767/quand-la-pegre-sen-mele.html

Enquêtes et reportages Une profusion de partis politiques à en perdre le Nord…


Par Walid KHEFIFI Plus d’une trentaine de nouveaux partis politiques ont vu le jour depuis le 14 janvier. Les traditionnels clivages gauche-droite volent en éclats alors que la jeunesse peine à se repérer dans le nouveau paysage politique. Après 23 ans de règne sans partage, Zine El-Abidine Ben Ali a laissé derrière lui un désert démocratique. Parti quasi-unique, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) a dominé de façon écrasante jusque-là la scène politique nationale. Fondé en 1988 sur les cendres du Néo-Destour de Habib Bourguiba, ce parti-Etat était le seul à avoir des structures sur l’ensemble du territoire tunisien, avec quelque 8000 cellules territoriales et plusieurs milliers de cellules professionnelles implantées dans les administrations et les entreprises publiques.. ہ chaque élection, le parti de Ben Ali affichait des scores staliniens proches de 99%. Conséquence: les Tunisiens de moins de 30 ans, qui représentent près de 45% de la population, ne savent même pas que d’autres partis politiques ont existé à côté de l’omnipotent RCD, bravant bâillonnement systématique et manque de moyens humains et financiers. «Les jeunes tunisiens n’ont jamais connu qu’une seule grande figure politique, celle de Ben Ali. ہ l’approche des élections présidentielle et législatives le reste du paysage politique demeure inconnu pour eux», précise Marguerite Rollinde, professeur à l’Université Paris-VIII et spécialiste des systèmes politiques du Maghreb. Illustration parfaite de cette absence de connaissance du paysage politique national: sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, les jeunes s’interrogent sur de nombreuses figures de l’opposition. «Marzouki, c’est qui?» demande un facebookeur ignorant qu’il s’agit du chef exilé du Congrès pour la République (CPR), parti jusqu’alors interdit. «C’est un mécréant», répond un autre. «Pas facile de s’y retrouver après 23 ans tous feux éteints !!!», admet un troisième sur un ton ironique. Idéologies confuses Au sortir d’un système politique verrouillé, où un parti dominait totalement la scène au nom d’une «démocratie en trompe-l’œil», adossée à des urnes bourrées et à une lutte farouche contre un présumé péril islamiste, la Tunisie vit actuellement au rythme d’une profusion de partis politiques qui déclarent tous vouloir défendre les acquis de la révolution du jasmin et fournir une alternative crédible au parti de Ben Ali, rejeté par la population. A côté des neuf formations légales, dont sept étaient représentées au parlement, quatre partis jusque-là interdits ont été légalisés après la chute du régime dictatorial de Ben Ali : Tunisie verte, le Parti du travail patriotique et démocratique, le Parti Socialiste de Gauche et le Mouvement Baâs. Plus d’une vingtaine d’autres formations ont déjà présenté des demandes de légalisation au ministère de l’Intérieur. Il s’agit essentiellement de formations déjà actives sur le terrain, notamment au sein de l’université, mais interdites de facto comme le parti islamiste Ennahdha, du Congrès pour la République ou encore de la Rencontre Démocratique. D’autres partis jusque-là inconnus ont également surgi. On peut notamment citer dans ce registre le Mouvement Démocrate tunisien (MDT) fondé par Jamel Ben Jemiâ ou encore El-Wifak, fondé par M. Mustapha Saheb-Ettabaâ. Et last but not least, une bonne dizaine d’autres partis se prépareraient à déposer leurs demandes de légalisation. Si de nombreuses nouvelles formations disposent de bases idéologiques claires comme le Mouvement du Baâs, la Ligue de la gauche ouvrière ou encore le Mouvement des Unionistes arabes libres, d’autres partis ne s’adossent pas à des idéologies claires. C’est notamment le cas du Mouvement des Jeunes démocrates du MDT ou d’El-Wifak. «Notre mouvement politique unitaire se propose de promouvoir la démocratie, de consacrer les libertés et la justice, d’instaurer la laïcité, de renforcer l’éducation, de promouvoir le statut de la femme et de favoriser la tolérance et le progrès», peut-on lire dans un communiqué publié par le MDT. El-Wifak se propose, quant à lui, de «promouvoir la citoyenneté afin de faire de chaque citoyen un acteur conscient et lui assurer une vie décente en lui reconnaissant sa dignité et sa valeur quelles que soient sa situation et sa région, d’instaurer à tous les niveaux la participation de chacun à l’élaboration des décisions qui le concerne, d’accepter les débats contradictoires, de renforcer et d’instaurer la décentralisation en déterminant des règles claires et les moyens réels de son exercice». Ce nouveau parti plaide aussi pour «un projet de société fondé sur la concorde, l’entente, la conciliation et la solidarité». Abondance déboussolante Cette profusion de visions de la Tunisie nouvelle qui a également fait voler en éclats les traditionnels clivages gauche-droite ne manquera pas d’enrichir le débat, mais elle risque de désorienter l’électeur et de créer un climat d’instabilité politique. D’autant plus que le régime parlementaire pourrait être adopté. Pour Karim Karzad, spécialiste de la Tunisie à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), l’organisation précipitée d’élections pourrait conduire la transition démocratique à l’échec. «Les Tunisiens ne connaissent encore aucun programme, mais seulement une ou deux grandes figures politiques de l’opposition qu’ils jugent sur leur personnalité ou leur retentissement dans les médias», analyse-t-il. Selon les spécialistes, cet émiettement politique devrait être atténué par des regroupements en fronts ou en coalitions alors que les médias sont appelés à jouer pleinement leur rôle d’éducation politique. «Il est fondamental que les médias fassent l’éducation politique de la population et qu’ils lui présentent les nouveaux acteurs du changement avant de la pousser derrière l’isoloir. Il faut également que les partis s’approprient les nouvelles technologies de communication pour séduire la jeune population», suggère Karim Guellaty, porte-parole de l’association Démocratie tunisienne. Pour Hamma Hammami, porte-parole du Parti des ouvriers communistes tunisiens (POCT), le délai de six mois retenu pour l’organisation des élections est «intenable» d’autant plus que tous les mouvements politiques anciens ou naissants ont besoin de temps pour qu’ils se restructurent et se fassent connaître, notamment des jeunes qui n’ont connu que le régime de Ben Ali. «Des élections dans six mois ne donneront qu’un président qui appartient au parti du président déchu», prévient cet opposant notoire à l’ancien régime, opposant qui a longtemps vécu dans la clandestinité. Source: “Le Quotidien” Le 17-01-2011 Lien:http://www.lequotidien-tn.com/detailarticle.asp

La Révolution, et après


La jeunesse tunisienne verrouille chaque jour un peu plus les bienfaits de sa révolution et chaque jour amène son lot de révocations, de démissions, de grèves ou de mises en examen. Dans ce grand remue-ménage, beaucoup, et on les compte par milliers, n’ont pas d’autres choix que de procéder à leurs propres recyclages. Reprenons le cours de l’histoire par son commencement.
Il y a eu d’abord un président qui a procédé à un coup d’Etat vicieux et promis le changement, et il y a eu changement qui a mené vers le despotisme. Ce président a fui avec sa femme et son fils, aujourd’hui en Arabie Saoudite dans une station montagneuse, ABHA, qui ressemble à s’y méprendre à la Suisse avec plus de douceur. Ces fuyards auront jusqu’à nouvel ordre des moyens illimités, mais seront-ils  pour autant heureux ? J’en doute, car perdre le pouvoir, c’est difficile à supporter après l’avoir exercé, ce président va vite perdre de son immunité cellulaire et la maladie va le rattraper pour le jeter dans la poubelle de l’histoire. Ses héritiers vont vivre comme des fugitifs, toujours cachés et privés de la chose la plus belle de la vie, l’amour des autres.
Il y a un président de transition, qui tiendra comme il pourra la fonction,  jouant souvent le rôle d’exécutant, ce président sera bientôt remercié d’être venu, Monsieur M’BAZZA sera jugé par l’histoire comme un pion qui a exécuté les ordres de son maître, il finira sa retraite en solitaire ou presque et sera vite oublié.
Il y a eu un président de Sénat qui n’aura rien à répondre sur ce poste honorifique et créé pour le décor, mais il lui sera posé beaucoup de questions sur son rôle de ministre de l’Intérieur, de trésorier du parti et sur bien d’autres missions sulfureuses. Il apprendra à ses dépens que la vraie justice rattrape toujours les coupables.
Il y a eu des députés et des sénateurs par centaines qui ont voté des lois dont certaines ont permis au régime ancien d’asseoir son hégémonie et de légaliser ainsi sa dictature avec ce que cela a comporté comme injustice, et privations de libertés. Ces mal élus devraient être jugés collectivement pour écoper d’une inéligibilité lors du prochain mandat, et pour ceux qui se seraient illicitement enrichis.
Ggrâce au régime corrompu, ils devraient rendre l’argent mal acquis.
Il y a eu des ministres, et ils sont nombreux, qui sont de vrais commis de l’Etat et qui ont fait beaucoup pour le pays, certes ils ont avalé des pilules et très peu d’entre eux ont pu claquer la porte, mais ces honnêtes gens ont réussi à servir leur pays et beaucoup de leurs actions ont rendu de grands services aux Tunisiens. Quelques zélés parmi eux, ont tout déployé pour plaire au maître et même pour dépasser ses attentes, souvent, ces zélés se sont sucrés quelques avantages au passage et ceux-là ne pourront pas échapper à la justice du peuple. Quant aux intègres, la révolution aura tort de se passer de leurs expériences. Les plus jeunes d’entre eux pourront même sous d’autres étiquettes rejouer un rôle politique. Le premier d’entre ces ministres, Monsieur GANNOUCHI, prendra sa retraite après la transition pénible, et pourra faire son marché et je ne crois pas que les Tunisiens lui manqueraient de respect.
Il y a eu les RCD istes et on les compte par centaines de milliers, il est d’abord crucial pour la révolution de ne pas oublier le sacro- saint principe de la démocratie, «innocent jusqu’à preuve du contraire», et seule la justice des tribunaux pourra se prononcer sur le sort des éventuels coupables. Dans tous les pays du monde, les hommes d’affaires et responsables politiques ont de tout temps collaboré intelligemment avec le pouvoir en place. La fatale ambiguïté de la révolution est de mettre dans le même sac tout membre du parti dissous ou homme d’affaires qui a frôlé le manteau du président BEN ALI en passant près de lui, avec ceux qui lui ont ciré les pompes ou exécuté ses ordres en les sachant dévastateurs. Ce comportement n’est ni juste, ni démocratique, ni acceptable par les principes élémentaires de la non exclusion, de la modération et même de l’intérêt de la révolution. Le chaos ne finira jamais et l’économie ne se relèvera point. Certes notre ministre des Affaires Etrangères n’a pas réussi sa première sortie, je dirai même qu’il a raté une bonne occasion de se taire, mais il n’en demeure pas moins que ceux qui s’excitent à vouloir se venger contre le gouvernement de la France qui a insulté la révolution, ou les Etats-Unis qui veut en guider l’arrivée, manquent de sagesse, de réalisme et d’esprit responsable. On peut dire les choses sans  jamais perdre de vue l’intérêt national qui nous dicte de bien savoir choisir nos partenaires et de s’efforcer d’entretenir avec eux de bonnes relations, ceci a un nom la realpolitik.
La révolution si elle veut réellement poser son empreinte pacifique, doit réapprendre à faire de la politique en commençant par rassembler le maximum d’acteurs autour d’elle pour mieux neutraliser ses vrais ennemis qui ne lâcheront pas prise de sitôt. Il faut faire des débats, organiser des confrontations démocratiques. Il faut consulter sur le terrain des idées et ne pas appeler aux exclusions et aux slogans vengeurs.
La Centrale syndicale gagnera beaucoup à se débarrasser de ses leaders plus que douteux, et de s’associer à la révolution pour se mettre en ordre et commencer des négociations sociales responsables avec un patronat, certes effrité, pour protéger notre économie si fragile du péril durable. Enfin, sans la sécurité, et sans le prestige des représentants de l’Etat, la révolution sera vite montrée du doigt comme étant une révolte de farfelus qui aura plongé le pays dans le chaos total. Notre jeunesse, je le crois, a tous les acquis pour prouver le contraire.

Ces VIP qui profitaient des charmes de la Tunisie étaient les VRP de Ben Ali


Par Florence Beaugé
Ils sont nombreux, ces jours-ci, en France, à attendre avec inquiétude les résultats de la commission tunisienne d’enquête sur la corruption, récemment créée à Tunis. Car les années Ben Ali auront permis à de nombreuses personnalités françaises – responsables politiques, membres de « groupes d’amitié », journalistes… – de profiter des charmes du « pays du jasmin », sans se poser plus de questions que cela sur la nature réelle de ce régime autoritaire. Les invitations, tous frais payés, arrivaient aux uns et aux autres pour de vagues congrès, organisés, comme par hasard, en bord de mer, dans des palaces situés dans des endroits enchanteurs, tels que la banlieue nord de Tunis, Hammamet ou encore Monastir…. En échange, ces VIP se transformaient en VRP de Ben Ali. UNE GRILLE DE LECTURE TOTALEMENT INADAPTÉE Parmi les ardents défenseurs du dictateur déchu : le député Eric Raoult. « Plus on attaquait Ben Ali, plus j’avais envie de le défendre », dit-il en guise de justification. L’hebdomadaire Jeune Afrique, ou encore les Cahiers de l’Orient d’Antoine Sfeir, ont eux abondamment contribué à empêcher de faire connaitre le vrai visage du régime de Zine el-Abidine Ben Ali. L’opposition tunisienne et les défenseurs des droits de l’homme avaient beau s’évertuer à dénoncer la répression, la France chantait obstinément les louanges de Ben Ali. Jusqu’à la chute du dictateur, l’Elysée et le Quai d’Orsay auront analysé l’ancien protectorat français à travers une grille de lecture totalement inadaptée. En Tunisie, les démêlés de la ministre française des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, semblent, ces temps-ci, presque secondaires. Ces « petits arrangements entre amis » avaient, en effet, fini par faire partie du paysage quotidien des Tunisiens. Autant que la Tunisie, c’est l’image de la France qui aura pâti de ces incroyables connivences. Source: ”Le Monde.fr” Le 17-02-2011 Lien:http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/17/les-vip-qui-profitaient-des-charmes-de-la-tunisie-etaient-des-vrp-de-ben-ali_1481413_823448.html#ens_id=1245377

Tunisie : la révolution, et après ?


Les Tunisiens poursuivent leur combat pour des réformes démocratiques dans le pays. Les citoyens tentent d’imaginer ce à quoi ressemblera la Tunisie du futur. Et un Américain effectue un saut de 11 mètres dans une piscine gonflable.   Plus d’un mois après le succès de la révolution tunisienne qui a poussé l’ex-président Ben Ali à quitter le pouvoir qu’il confisquait depuis 23 ans et à fuir le pays, sur place le combat pour la démocratie se poursuit. En effet, si la grande majorité des Tunisiens se félicite de la chute de l’ancien régime, ils sont nombreux à s’interroger sur la suite des évènements. Ainsi, Selim, un Tunisien vivant en France, explique que la transition entre l’ancien régime et un système plus démocratique est loin d’être évidente à assurer. Canaliser les demandes de la rue, dépasser la crise de confiance à laquelle doit faire face le gouvernement provisoire ou encore gérer le cas de ceux qui profitaient du Ben Alisme, il dresse ici une liste des défis que les autorités doivent, selon lui, relever pour que la situation se normalise en Tunisie. Un gouvernement de transition que beaucoup accusent de perdre du temps. C’est le cas d’Houssem Hajlaoui qui rappelle que ses intentions restent encore trop floues aux yeux de nombreux Tunisiens. Il estime donc que le peuple doit surveiller de près les agissements de cette autorité provisoire et continuer de la mettre sous pression pour qu’elle engage des réformes politiques. Mais ces réformes ne pourront être mises en œuvre qu’après l’adoption d’une nouvelle constitution affirme, Said Qais, le créateur de cette pétition qui circule actuellement sur la toile. Un texte dans lequel il réclame que les avancées démocratiques demandées par les citoyens qui ont participé à la révolution soient enfin reconnues. En attendant, les impératifs économiques semblent peu à peu reprendre leurs droits dans le pays. En effet, les autorités viennent de mettre sur pied une campagne en ligne pour relancer le tourisme sur place, une activité qui représente une manne financière importante pour la Tunisie. Les internautes sont ainsi invités à diffuser massivement le logo « I love Tunisia » sur les réseaux sociaux pour inciter les voyageurs étrangers à visiter la « Tunisie libre et démocratique ».   Tunisie : rêves de lendemains qui chantent   « Fiers d’être tunisiens ». C’est le refrain de cette chanson dont le clip circule actuellement sur les réseaux sociaux. Un morceau écrit par les rappeurs DonKoss, Shooma et El General pour rendre hommage à la révolution de jasmin et chanter le renouveau du pays. Et si la transition s’annonce compliquée, les Tunisiens rêvent eux de lendemains qui chantent comme en témoigne ce supplément du journal « La Presse » publié mardi, mais daté du 16 juin 2014 pour plonger ses lecteurs dans la future Tunisie telle qu’imaginée par les journalistes du quotidien. Un numéro qui suscite un élan d’optimisme chez les internautes qui, sur Twitter, réfléchissent aux titres qui pourraient dominer l’actualité tunisienne dans 3 ans. Ainsi, pour l’internaute Ramzi Tounsi, le pays pourrait être devenu d’ici là le premier producteur mondial de phosphate. L’économie de la Tunisie serait alors si florissante que selon, Imen Ben Achour, des citoyens américains et européens immigreront illégalement dans le pays pour profiter de sa croissance. D’autres, comme Rahoui Yazid, rêvent d’une Tunisie respectueuse de l’environnement avec notamment l’interdiction pour les voitures non électriques de circuler dans la capitale. Et Chawki Tabib imagine quant à lui des débats houleux sur ces questions retransmis à la télévision et qui reflèteront la vigueur de la future démocratie tunisienne.   Source : « France24 » Le 17-02-2011 Lien :http://www.france24.com/fr/20110217-2011-02-17-1140-wb-fr-le-net

La Tunisie, un espoir et des risques


Par Farid HANACHE   Devant le printemps tunisien, je sens de la fierté et de l’inquiétude. Mais c’est la victoire et l’honneur des Tunisiens. Seulement des Tunisiens. En tant que résistant musulman et démocrate arabe, je me mets derrière le peuple tunisien et j’applaudis. En tant que réfugié algérien, j’ai peur que ne se répète le destin maudit. Le printemps démocratique algérien a duré deux ans. Le gouvernement réformateur avait été torpillé par la Mafia politico-financière, la liberté vampirisée par les islamistes et la démocratie noyée dans plus de deux cents mille morts. L’histoire des deux pays voisins du Maghreb n’est pas la même. L’avenir ne dépend que de la volonté des peuples. Mon pays d’origine sort d’une effroyable guerre civile, de la barbarie islamiste et des escadrons de la mort créés par certains généraux. La Tunisie n’a pas connu cela. L’Algérie, qui a gagné son indépendance dans le sang, a d’énormes richesses minières dépouillées ou gaspillées par ses propres dirigeants. Il n’y a plus d’État en Algérie, la Tunisie en a un. Il ne faut pas que les Tunisiens jettent l’État avec les eaux sales du régime. Il faut surtout épargner à la Tunisie un bain de sang que déclenchent les règlements de compte entre miliciens ou entre politiciens. Il faut que les Tunisiens ne se laissent pas confisquer ou détourner leur soulèvement. Entre la révolte et la révolution, il y a la réussite de la transition démocratique. La société tunisienne, la plus moderne et la plus pacifique du monde arabe, a la maturité nécessaire et les ressorts suffisants pour réussir la mutation démocratique. Le peuple tunisien a pris conscience de sa valeur et il a pris en main son destin. Il s’est levé comme le matin après s’être chargé des lumières de la raison et de l’honneur. La démocratie est la continuation naturelle du chemin du progrès emprunté par la Tunisie depuis son indépendance. La Tunisie est un pays apte et capable de réussir la démocratie. La Tunisie, c’est une grande jeunesse instruite, dynamique et pacifique, une riche élite laïque, une large classe moyenne, une énergique diversité culturelle, l’excellence professionnelle et l’indépendance des femmes, la vision moderne et la pratique modérée de l’islam. A la différence d’autres pays, l’opposition tunisienne n’est ni un vassal ni une façade, et surtout, l’armée n’est pas une mafia étatique ni un clan politique. Jusqu’à présent, l’armée joue un rôle saint. C’est exceptionnel dans le monde arabo-africain. Mais il faut être vigilant ; il ne faut pas qu’une dictature militaire succède à une dictature policière. Il ne faut pas que règne dans la nouvelle Tunisie une nouvelle peur ou un nouveau triumvirat : armée, intégrisme et insécurité. Il ne faut surtout pas sacrifier les autres exceptions tunisiennes et les acquis de l’ancien régime, comme le développement économique, l’infrastructure touristique, le progrès éducatif, le dynamisme culturel, le statut de la femme et la tolérance religieuse… Personne n’a entendu « Allah Akbar » pendant les dernières semaines. Ce ne sont pas les islamistes aftershave d’Europe ni les islamistes offshore du Qatar qui ont provoqué ou mené le soulèvement tunisien. La révolte du Jasmin est un soulèvement de la jeunesse instruite et branchée sur Internet contre l’injustice et l’arbitraire, c’est le soulèvement de la société civile contre l’État confisqué. On peut parler du premier coup de force réussi par WikiLeaks et Al Jazeera. Mais, contrairement à ce que disent les Guevara en soutane, la révolte tunisienne n’est pas la victoire de l’islam contre un État mécréant. Depuis plusieurs jours, le Che-Cheikh Qaradawi déverse des sermons et des fatwas exaltant les Tunisiens à nettoyer par le sang les résidus de l’État athée et les idoles de la société débauchée. La Tunisie risque de devenir la proie d’un nouveau dessein ou d’un nouveau langage. Certains islamistes vont retourner dans leur pays, longtemps immunisé contre le fondamentalisme, avec des virus et des fantasmes dans leurs bagages. L’Internationale des Frères Musulmans applaudit la révolte et psalmodie la démocratie intégriste. La Tunisie, qui n’a pas suivi l’Égypte dans la nécrose de l’arabisme et la névrose de l’islamisme, ne suivra pas l’Iraq dans la dégénérescence démocratique. La Tunisie résistera aux islamistes et aux néocolonialistes, gauchistes ou impérialistes. Ibn Khaldoun, le grand sociologue tunisien du moyen-âge, n’a même pas prédit ce miracle. La Tunisie qui a réussi la lutte contre l’illettrisme et l’intégrisme peut gagner le combat démocratique. Il ne faut surtout pas sacrifier la paix civile pour l’épuration politique. La réconciliation nationale est plus fondamentale que le tourisme. Il faut se méfier de la conjuration des révolutionnaires et des démocrates de la 25ème heure. La vélocité de la révolte tunisienne ne peut résister à la férocité de la réalité économique. Le temps est capital. La révolte risque de perdre son souffle et son sens dans une asphyxie financière ; le déclin peut suivre les surenchères sectaires et les règlements de compte. L’histoire de la nouvelle Tunisie a déclenché le compte à rebours. Le printemps démocratique risque de ne pas survivre à une saison touristique chaotique. Le jasmin est une fleur fragile. La Tunisie doit consolider les piliers de la société civile qui seront les barrages contre l’islamisme et le despotisme : les avocats, les journalistes et les féministes avec la jeunesse comme socle. La Tunisie doit mépriser les ingérences étrangères et ne pas nous écouter lui dire ce qu’elle doit faire. Il est urgent que les Arabes et les Occidentaux se taisent et laissent la nouvelle démocratie tunisienne suivre fidèlement le cri du peuple tunisien rythmé par l’hymne du poète Acchabi : « Quand le peuple veut la vie, alors le destin obéit. » Source : « La regle du jeu » Le 17-02-2011 Lien :http://laregledujeu.org/2011/02/17/4754/la-tunisie-un-espoir-et-des-risques/

Le president de la communaute juive de Tunisie « pas inquiet »


  Le président de la communauté juive de Tunisie Roger Bismuth a déclaré mardi qu’il n’était nullement inquiet à la suite d’un incident au cours duquel « quelques excités » ont proféré des « propos déplacés » devant la synagogue de Tunis. « Vendredi dernier, deux ou trois personnes barbues parmi un groupe de manifestants qui se dirigeait vers le centre-ville se sont arrêtés pendant sept à huit minutes devant la grande synagogue de Tunis et ont prononcé des propos antisémites », a relaté M. Bismuth à l’Associated Press. Minimisant cet incident, il l’a qualifié de « petit débordement » dans le sillage des manifestations qui ont lieu épisodiquement à Tunis. Selon lui, « il n’y a pas lieu d’être inquiet pour des propos déplacés proférés par quelques excités de passage devant la synagogue ». « D’ailleurs, la grande majorité de la communauté juive vit tranquillement à Djerba (une île du sud tunisien) en harmonie avec la communauté musulmane », a-t-il tenu à noter. M. Bismuth a, par ailleurs, mis en garde contre « tout amalgame » s’agissant de « la révolution tunisienne » qui a conduit à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali. « Ce n’est pas une révolution religieuse, mais bien une révolution des Tunisiens contre un régime dictatorial. Nous y sommes, nous-mêmes, impliqués en tant que Tunisiens et nous voulons qu’elle réussisse », a-t-il assuré. Réagissant mardi à cet incident, le ministère tunisien de l’intérieur a néanmoins « fermement condamné les agissements de certains extrémistes devant des lieux de culte et les slogans hostiles aux religions incitant à la violence, au racisme et à la ségrégation ». Dans un communiqué diffusé par l’agence officielle TAP, il avance que ces personnes « n’ont d’autre objectif que de porter atteinte aux valeurs du régime républicain fondé sur le respect des libertés et des croyances, la tolérance, la coexistence pacifique entre tous les courants et la garantie de l’exercice des droits civiques ». Le ministère assure qu’il « n’épargnera aucun effort pour la sauvegarde de ces valeurs et s’opposer à tous ceux qui incitent à la violence ou à la discorde entre les membres du peuple tunisien et à troubler la sécurité publique ». Source : « Le Nouvel Observateur » Le 17-02-2011 Lien :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110215.FAP5104/le-president-de-la-communaute-juive-de-tunisie-pas-inquiet.html

Et si la théorie des dominos du monde arabe était fausse ?


Les révolutions de Tunisie et d’Egypte ne sont pas nécessairement duplicables par les opposants des autres pays arabes.Après la Tunisie en janvier, et l’Egypte en février, une idée s’est vite répandue, qui faisait des autres pays arabes autant de dominos à faire tomber au rythme des manifs organisées via Facebook. Et si les conditions qui ont fait chuter Ben Ali et Moubarak n’étaient pas remplies ailleurs ? Et si la révolution de la jeunesse arabe devait se trouver d’autres formes, d’autres modes d’organisation ?   La Tunisie et l’Egypte avaient en commun un dictateur au profil connu, officier vieillissant ayant troqué l’uniforme pour le costume cravate, une armée républicaine, une relative homogénéité de leur population, et une classe moyenne importante doublée d’un fossé social considérable.   Ces conditions ont permis la rencontre entre une jeunesse moderne et connectée aux réseaux sociaux mondiaux, et les laissés-pour-compte de la croissance, avec la bienveillance d’une armée qui a refusé de tirer sur le peuple.   Elles n’existent pas ailleurs, et chacun des autres pays arabes théâtre aujourd’hui d’une révolte a ses spécificités, comme le montre la carte interactive ci-dessus, préparée par Rue89. Qu’il s’agisse de la dimension chiite à Bahreïn, bédouine en Jordanie, tribale au Yémen ou en Libye, de la monarchie au Maroc, du poids de l’histoire ensanglantée en Algérie, ou encore du communautarisme au Liban, ces données ne peuvent pas être ignorées dans une vision mécanique de la répétition historique.   L’effet de surprise est passé…   De surcroît, les révolutions tunisienne et égyptienne ont pris tout le monde par surprise, à commencer, évidemment, par les dinosaures qui gouvernaient ces deux pays, et qui pensaient que leurs moukhabarat (police politique) à la main lourde suffisaient à assurer leur sécurité face à une population au mieux résignée, au pire terrorisée.   Aucun autre dirigeant arabe ne peut ignorer aujourd’hui les menaces qui pèsent sur lui. D’abord parce qu’ils ont tous compris que lorsque leurs enfants étaient sur Facebook, ce n’était pas seulement pour draguer ou échanger des photos de soirée avec leurs amis, mais aussi pour préparer des révolutions… Les moukhabarat sont eux aussi sur Facebook.   Résultat, lorsque l’appel à manifester a été lancé en Algérie, il y avait samedi dernier plus de policiers que de manifestants dans les rues d’Alger. Et de la Libye à Bahreïn, les forces de répression se sont mises en marche de manière énergique avant de se laisser déborder par l’occupation de l’espace public sous les caméras bienveillantes d’Al Jazeera.   … mais l’heure des despotes bêtes et méchants a sonné   S’il est donc peu probable que le scénario tunisien et égyptien se reproduise aussi facilement ailleurs, il n’en demeure pas moins que le signal lancé par ces deux révolutions reste entier : le temps des despotes bêtes et méchants qui ont dirigé depuis des décennies la quasi totalité du monde arabe est révolue.   Les experts ou les politiques qui estimaient que le monde arabe était condamné à l’alternative dictateur plus ou moins éclairé ou islamistes ont été démentis de manière éclatante. Ils n’ont pas vu monter une nouvelle génération connectée et désireuse de vivre « normalement », sans la censure des dictateurs, ni les fatwas des imams.   S’ils parviennent à survivre à cette crise, les monarques, despotes mous ou durs qui gouvernent actuellement le monde arabe doivent tenir compte de ce changement fondamental. Ils devront s’adapter rapidement, ou mourir, d’une manière ou d’une autre, à court terme.   Ça sera plus facile dans certains pays que dans d’autres. On peut imaginer le désarroi de certaines classes dirigeantes, en Arabie saoudite, par exemple, Etat le plus rétrograde qui soit, où les femmes n’ont toujours pas le droit de conduire, plus restrictif encore que l’Iran vilipendé et plus répressif que beaucoup de pays à plus mauvaise réputation.   Beaucoup dépendra évidemment de la tournure des événements en Tunisie et en Egypte, de la capacité de ces deux révolutions à accoucher de pays ouverts, modernes, apaisés, pouvant servir de modèles au reste d’un monde arabe tétanisé. L’Egypte, de ce point de vue, a toujours été le pays phare du monde arabe, et fera l’objet de toutes les attentions.   Le pire, pour les régimes autoritaires, serait de considérer que survivre à cette vague révolutionnaire leur donnerait un blanc-seing pour poursuivre comme si de rien n’était. Ce serait la meilleure recette pour prendre en pleine figure l’effet boomerang de leur immobilisme, d’autres révoltes ou d’autres révolutions, qui prendraient des formes aussi imprévisibles et déconcertantes que celle qui vient de balayer en quelques semaines des régimes qui semblaient indéboulonnables.  

Libya’s regime must now fear its people’s anger


After Tunisia and Egypt, we Libyans once more have the courage to demand our rights – and voice our dreams Two months ago, the mere thought of freedom was out of the question in Libya. But today, the revolutions in Tunisia and Egypt have sowed the hope of freedom in the hearts of each and every one of us. For us Libyans, Egypt showed that what happened in Tunisia was not an exception, or something that cannot be repeated. The people who said « Egypt is not going to be another Tunisia » were proved wrong. Watching these epics made us believe that happy endings can happen beyond cinema screens, and that low-quality video clips published on Facebook showing events in the streets and the spontaneous words of demonstrators can have a deeper impact than the most influential works of Hollywood. Shortly after Hosni Mubarak resigned, I said to an Egyptian friend of mine that the most beautiful thing the Tunisian and Egyptian revolutions have given us is the return of the courage to dream and speak out about our dreams and our rights without being ridiculed as if we are tilting at windmills. This is what the Libyan people are doing now; today, 17 February, is the Libyan « day of anger ». It coincides with the anniversary of what started as a peaceful demonstration in 2006 being met with various forms of repression, including live bullets and tear gas. The Libyan youth have chosen this day to express their anger and demand their rights, despite the very real threat of violence. The Libyan regime has tried to preempt these protests to salvage anything that can be salvaged and to discourage Libyan youth. The regime, after all, has the best knowledge of the deteriorating conditions of Libyans and their lost rights. These lost rights include the lack of freedom of expression and are coupled with deteriorating living conditions, high unemployment rates among young people, and the spread of all forms of government corruption such as bribery, nepotism, negligence and ineptitude. The police are corrupt, the health service is corrupt, the education system is corrupt. The government is aware of these issues, and it knows it caused them, which is why it is taking desperate measures to protect itself, instead of announcing its intention to take real measures for reform. How deceitful! The measures the government has taken are regarded by many observers, including many young people, as insufficient for their ambitions and dreams of reform. The regime’s decision to distribute loans to young people did not receive much attention, especially because every Libyan knows that these loans will eventually be in the hands of those in power and their relatives. This is why young people went out to protest on Wednesday in many Libyan cities, mostly in eastern Libya, to tell the government that from this day on, you have to fear your people and not the opposite. We heard the unfolding news of clashes between anti-regime demonstrators on one side and supporters of the regime and security forces on the other. When I went out on Wednesday morning and wandered the streets of Tripoli, I noticed the heavy presence of various police forces, and also the demonstrations of some regime supporters, who – as rumour has it – are paid to go out in small-scale demonstrations and shout obsolete hypocritical slogans. Some of them put pictures of Gaddafi on their cars and roamed the city with scant regard for other drivers, as they not only disrespect the law but consider themselves to be the law itself. I, as a humble young Libyan, tell the Libyan government that the Libyan youth are not naive and will not be fooled by promises of food and drink because man does not live by bread alone. The Libyan government has to take the right path for the first time: protect the country from ruin, embark on real reform, and give the people their freedom and rights

L’Algérie marchera-t-elle pour la démocratie ?


Par Ali CHIBANI
Certains la considèrent comme « le début de quelque chose » ; d’autres n’y voient qu’une « vaine agitation ». La journée du 12 février a vu la mobilisation de quelque trois mille personnes dans les rues d’Alger, venues exiger le départ du régime au pouvoir. A ce chiffre, avancé par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), s’opposait l’impressionnant dispositif de sécurité déployé pour empêcher la marche : environ trente mille policiers ont quadrillé la capitale.
La CNCD a été créée après les manifestations du 5 au 14 janvier, pour en prolonger la dynamique de manière pacifique. Parmi ses revendications : la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1992. Elle sera effective avant la fin du mois de février, a annoncé le premier ministre Ahmed Ouyahia. Les premiers à avoir appelé à une rencontre de toutes les forces démocratiques sont la Ligue algérienne des droits humains et quatre syndicats autonomes (Snapap, CLA, CNES et Satef). Fragilisés par de multiples stratégies du pouvoir pour les détruire (infiltrations, création de syndicats-clones, arrestations…), ces syndicats sont malgré tout restés au cœur des luttes sociales en Algérie ces dix dernières années. Sur le rôle des syndicats autonomes dans la CNCD, Rachid Malaoui, du Syndicat des personnels de l’administration publique (Snapap), précise qu’ils sont seulement des initiateurs : « La Coordination n’est pas une institution. Sans leader ni porte-parole, elle rassemble partis politiques, associations et jeunes internautes. » Mais le pouvoir sait où il lui faut frapper pour paralyser la structure. Le 12 février, les représentants syndicaux ont été parmi les premiers à être arrêtés et gardés dans les postes de police « de 10 à 19 heures pour les empêcher de participer à l’encadrement de la manifestation », précise Salem Sadali, secrétaire général du syndicat de l’éducation et de la formation (Satef).
L’ombre de la décennie noire
De l’avis de la CNCD, la manifestation du 12 février est un succès, car elle a « brisé le mur de la peur ». Pour le Front des forces socialistes (FFS), qui n’adhère pas à l’organisation, il n’y a pas de quoi se réjouir. Karim Tabbou, le numéro deux du plus vieux parti de l’opposition, réfute même le nombre de 3 000 manifestants et regrette que, « au lieu de privilégier le questionnement et une évaluation objective de la situation, les signataires de la Coordination préfèrent la logique des appareils où les gens se suffisent de multiplier les sigles et les activités médiatiques ». Karim Tabbou remarque également que les adhérents à la CNCD n’ont pas d’ancrage social et dénonce la présence de personnalités issues du régime, des alliances « infra-politiques », et surtout le rejet du passé qui les porte pour ne se concentrer que sur l’avenir : « Ce n’est pas à Ahmed Benbitour, qui a préfacé le livre du général Khaled Nezzar, ni à Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur qui a soutenu la junte militaire dans les années 1990, de nous donner des leçons de démocratie. Ni à Sid Ahmed Ghozali, qui était premier ministre quand l’état d’urgence a été imposé et les prisons spéciales créées. Si aujourd’hui, on voit [le leader du RCD] Saïd Saadi aux côtés d’Ali Belhadj [le numéro deux de l’ex-FIS], à quoi auront servi les deux cent mille morts des années 1990 ? » Ce sont là des motifs qui minent la Coordination de l’intérieur comme le prouve un message envoyé par l’Action pour le changement de l’Algérie, un groupe du réseau social Facebook et membre de la CNCD : « Nous sommes en train de nous diviser ! (…) Il y a des membres qui répètent (…) qu’ils ne marcheront plus si Saadi (est) là. Il y a d’autres membres qui affirment qu’ils ne marcheront pas si on exclut Saadi de la marche ! »
La Tunisie, l’Egypte ? Oui mais…
Pour Karim Tabbou, « en Tunisie et en Egypte, c’est le peuple qui a convoqué la classe politique. En Algérie, c’est la classe politique qui veut convoquer le peuple ». Mais Rachid Malaoui ne partage pas cette lecture : « Nous devons changer les choses, car s’il reste deux ou trois dictateurs dans la région, ils feront tout pour casser la démocratisation de la Tunisie et de l’Egypte. » L’autre divergence entre MM. Tabbou et Malaoui est liée au rôle que jouerait l’armée en cas de révolution algérienne. Pour le premier, « les Algériens ne feront jamais confiance aux militaires qui ont créé de faux maquis pour éviter les vrais », alors que le second rappelle que « l’armée égyptienne a, elle aussi, tué et torturé des opposants dans le passé et nos jeunes n’ont pas peur d’être tués puisqu’ils se tuent eux-mêmes tous les jours ».
Le FFS préconise un « travail de proximité » à travers des meetings prévus sur l’ensemble du territoire national pour sensibiliser le peuple avant de l’appeler à marcher. Cela suffira-t-il pour mobiliser les populations rurales, fer de lance de toutes les révolutions algériennes ? Force est de constater que la CNCD touche essentiellement des personnes rompues à l’expérience militante dans les appareils traditionnels (politiques, syndicaux et associatifs) et concentrées dans les milieux urbains. En tout cas, les montagnes rebelles de Kabylie, qui estiment avoir été abandonnées par les autres régions du pays lors du Printemps noir de 2001, préfèrent pour le moment observer de loin les défilés dans la capitale.
C’est ce que dit un jeune kabyle qui était en première ligne des manifestations d’il y a dix ans : « Pourquoi est-ce toujours à nous d’aller marcher dans une ville qui compte quatre millions d’habitants. Et les Algérois, pourquoi est-ce qu’ils ne manifestent pas ? » Bien qu’il se réjouisse de voir les Algériens réagir uniment, il doute qu’ils aillent jusqu’au bout de leur combat : « Nous sommes épuisés par tout ce qui se passe. Ils [le pouvoir] nous font marcher comme ils veulent et ils achètent leur tranquillité avec de l’argent. Ici, on raconte que le premier ministre a appelé personnellement le caïd de la ville de Tizi-Ouzou pour lui demander de faire arrêter les “émeutes” dans la ville en janvier. »
De son côté, le Satef veut « susciter des débats dans les universités, aider les différentes catégories sociales à s’organiser au plan local et, au moment opportun, lancer une grève générale qui pourrait être un tournant décisif pour le mouvement ». Pour l’heure, la CNCD appelle à manifester dans la capitale tous les samedis. Réussira-t-elle à mobiliser pendant longtemps si ses membres lèvent le camp le reste de la semaine ? Le risque est que cette démarche exaspère davantage une population en colère, ce qui aboutirait à de nouvelles manifestations violentes dont le régime tire toujours profit pour assurer sa pérennité.
Source : « Le Monde Diplomatique » Le 17-02-2011 Lien :http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-02-17-Algerie


TUNISIE : ATTENTION AUX MEFAITS DE L’ EUPHORIE


Houcine Ghali, Genève Après un demi siècle de paternalisme politique, de répression, d’ absence de démocratie et de bannissement de liberté, les Tunisiens se réveillent face à une ère nouvelle dépourvue de peur, d’ autoritarisme et d’ oppression.
Les nombreuses frustrations, longtemps retenues au plus profond de l’ âme tunisienne, se sont éclatées en se manifestant de différentes manières sur la scène publique. On crie, on manifeste, on parle, on ose critiquer, on revendique, on palabre, on demande réparation, on dresse des plans, et chacun ou chaque groupe, parti ou organisation, trace le chemin à suivre, propose des solutions et indique la meilleure manière de réussir la « révolution ». Une euphorie générale s’ est emprit d’ un peuple qui a été longtemps frustré, terrorisé et assujeti à un pouvoir policier et corrompu.
Les intellectuels et professionnels de la politique s’ affrontent à couteaux tirés car il s’ agit maintenant de s’ approprier les fruits de la révolte des « gueux », ces chômeurs, paysans et oubliés des wilayas de l’ intérieur et surtout du sud du pays.
Les uns dénoncent, les autres proposent, sous forme de slogans et de déclarations générales, mais personne n’ a parlé de programme, d’ analyse de la situation, de volonté populaire ni de modèle qui tire son essence de réflexions qui tiennent compte des spécificités tunisiennes, quelles soient curturelle, religieuse ou historique.
Comme par hasard, l’ Egypte a mieux mené sa « révolution », puisque le parlement a été dissous, les manifestants ont constitué et imposé un comité de la révolution et tous les membres du gouvernment Moubarak ont été bannis.
C’ est que les Egyptiens sont plus calmes, moins euphoriques et plus sensés que les Tunisiens. Houcine.ghali@bluewin.ch

IL FAUT ALLER JUSQU’AU BOUT MONSIEUR OBAMA


Monsieur Obama fait pression sur les présidents amis pour qu’ils  entendent la demande démocratique du peuple arabe.  Sa Secrétaire d’Etat Hilary  Clinton n’est pas de reste en appelant les gouvernements arabes à entamer les réformes nécessaires. La pression en toute diplomatie. Les  responsables américains ne manquent aucune occasion pour s’ériger en donneur de leçon surtout à ces dirigeants qui ont passé leur temps à écouter l’étranger qu’à entendre leur peuple.  Et les Palestiniens,  qui ont exercé leur droit en élisant librement une assemblée nationale, ont reçu la foudre israélo- américaine parce qu’ils ont fait le « mauvais choix » de donner une majorité au Hamas. En décembre 2008 le ciel est tombé sur Gaza avec la complicité des dirigeants arabes alliés. Une pression molle pour sauver la face rien de plus.  Les négociations sous la houlette des Etats Unis n’ont rien donné. Le représentant   George Mitchell a fini par baisser les bras face à la rigidité israelienne . De même monsieur Blair a abandonné. Le président  palestinien Abbas supplie Obama : « Nous avons demandé plus d’une fois (à l’administration américaine): ‘Imposez une solution’. » Les américains doivent savoir une vérité : le réveil des Arabes aujourd’hui a ses origines dans cette situation  sans issue du problème palestinien. Les gouvernements arabes sont contestés car ils n’ont pas réussi à offrir à leur peuple non seulement le  confort économique  et la dignité  mais aussi aucune résistance à l’orgueil israelien. Un tableau de faillite : des gouvernements humiliés à l’extérieur ; des gouvernés humiliés à l’intérieur. Et le protecteur américain n’a des yeux que pour la sécurité de l’Etat juif. Game is over. Le peuple veut prendre sa destinée  en main. Le chemin est encore long. Mais il y a encore du temps aux américains pour se tourner vers le bon choix : aller jusqu’au bout de ses pressions. La dignité arabe passe aussi par l’humiliation  subie au  « proche orient ». Ahmed BEN AMOR    Paris  le 16/02/2011    abenamor94400@yahoo.fr

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2 septembre 2004

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