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Le Monde.fr: Nessma TV dans la tourmente, Ennahda dénonce une « provocation »
Rue 89: Tunisie : le Pôle démocratique sur les terres d’Ennahdha
Le Monde.fr: Kamel Jendoubi, le garant des premières élections du printemps arabe
Le Post.fr: TUNISIE: Beji Caid Essebsi vers une « nouvelle » présidence à vie?
Réunion publique organisée par la DCTE avec 10 listes candidates France 1 (Lundi 17/10/2011 à 18h30 Mairie du 10e)
Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger
Invitation à une Rencontre Publique avec 10 listes démocratiques et progressistes candidates aux élections de l’Assemblée Nationale Constituante (20, 21 et 22 Octobre 2011 dans la Circonscription France 1)
Quelle Constitution pour une Tunisie démocratique ?
Lundi 17 octobre 2011 de 18 h 30 à 21 h à La Mairie du 10e, 72 rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris Métro Château d’Eau
Evènement Facebook : http://www.facebook.com/event. php?eid=260965387274724
Programme de la rencontre :
· Présentation des listes
· Débats :
– La Constitution
– L’après 23 octobre…
– Les Tunisiens à l’étranger
Listes participantes à la réunion
N° |
Listes |
1 |
Le Pôle Démocratique Moderniste |
6 |
Liste des Associatifs de l’Immigration Tunisienne |
20 |
L’Alternative Révolutionnaire |
25 |
Tous Ensemble pour la Tunisie |
29 |
Mouvement des Patriotes Démocrates |
36 |
Tunisie Verte |
38 |
Le Parti démocrate progressiste |
39 |
Doustourna |
41 |
Parti du Travail Tunisien |
42 |
Ettakatol |
« La loi électorale a été élaborée dans le but de rompre avec l’ancien régime fondé sur le despotisme, l’absence de la volonté du peuple et la falsification des élections, et en fidélité aux principes de la Révolution tunisienne visant à instaurer une légitimité fondée sur la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice sociale, la dignité, le pluralisme, les droites de l’Homme et l’alternance au pouvoir. »
Extrait du préambule du décret-loi du 10 mai 2011 relatif à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante
Contact : dynamique.tunisie@yahoo.com Facebook : http://www.facebook.com/ dynamique.tunisie
Membres de la DCTE :
Associations : Action Tunisienne, Association du Lien Interculturel Familial et Social (ALIFS), Association JISR Lille, Association solidarité fraternité méditerranéenne (ASFM), ATF-Aquitaine, ATF-Haute Savoie, ATF-Nord, ATF-Var, ATF-13, ATF –Bureau National, Collectif pour la Reconstruction de la Tunisie Libre et Démocratique (CRTDL), Espace Farabi, Filigrane, IDEAL 92, Le Réseau Euromaghrébin, Citoyenneté et Culture (REMCC), UGET France, Union des Tunisiens de l’Est, Justice et vérité pour Farhat HACHED
Personnalités : ABICHOU Khaled, AMARA Ahmed, AMMAR Samia, AYOUNI Aymen, BACCAR Azouz, BARAKET Rafik, BEL HAJ Noura, BEN ABDESSELEM Selim, BEN AZZOUZ Makram, BENHAMED Mohamed, BEN MANSOUR Anis, BEN SALEM Abdellatif, BOUALI Skander, BOUALI Tahar, ELBAHRI Moncef, EZZINE Riadh, FAOUEL Raoudha, HAMIDA Khaled, HAMROUNI Mohamed, JABER Ali, JANI Belgacem, JOUINI Mohamed, KOUKI Asma, KHALLOULI Lazhar, MOUALHI Monia, NAJAR Noureddine, OUARDANI Amel, OUARDANI Nabih, SENOUSSI Dalinda, SENOUSSI Lamine, SLIMANI Mourad, TARHOUNI Nadia, ZOGHLAMI Meriem
liste des bureaux de vote en Belgique et au Luxembourg
. Ci-joint également un guide pratique à l’attention des électeurs.Nessma TV dans la tourmente, Ennahda dénonce une « provocation »
La gauche tunisienne juge que les islamistes menacent la laïcité
Les islamistes tunisiens, privés de parole sous le régime de Zine Ben Ali, se servent de l’espace de liberté créé par la révolution de janvier pour tenter d’imposer leur vision de la société aux dépens des valeurs laïques du pays, estime le secrétaire général du mouvement Ettajdid (gauche).
L’élection d’une Assemblée constituante le 23 octobre prochain, premier scrutin organisé dans le sillage du « printemps arabe » qui a déferlé en Afrique du Nord et au Proche-Orient, a été précédée de vifs débats en Tunisie entre les islamistes et les organisations laïques, qui ont dégénéré cette semaine en violences.
La police a tiré des grenades lacrymogènes vendredi pour disperser un rassemblement d’islamistes, dont de nombreux salafistes, venus dénoncer la diffusion par la chaîne de télévision Nessma du film franco-iranien « Persepolis« , dans lequel Allah est représenté, ce que l’islam proscrit.
Pour Ahmed Ibrahim, le secrétaire-général du mouvement Ettajdid, les organisations laïques doivent unir leurs forces pour créer un contre-poids au parti islamiste Ennahda, qui, en s’efforçant de renvoyer une image modéré, est présenté comme le favori du scrutin du 23 octobre.
« Aujourd’hui en Tunisie, il y a une mouvance moderniste qui cherche à renforcer les libertés et les valeurs progressistes« , déclare-t-il dans une interview à Reuters. « Il y a une seconde mouvance qui souhaite utiliser les sentiments religieux du peuple et qui tente d’imposer un certain contrôle et un mode de vie bien spécifique.«
Ce n’est pas la première fois qu’Ettajdid s’oppose ouvertement à Ennahda. Le parti d’Ibrahim a défendu l’égalité du droit à l’héritage entre les hommes et les femmes, un principe rejeté par le mouvement islamiste, et il a plus récemment pris fait et cause pour la chaîne de télévision qui a diffusé le film d’animation de Marjane Satrapi.
La communauté laïque tunisienne « ne doit pas sous-estimer les risques posés par Ennahda« , met en garde Ibrahim. « Le mode de vie moderne est menacé (…) Nous avons conscience de la gravité de la situation.«
LIBERTÉ ET TENSIONS
Le mouvement de contestation populaire qui chassé Ben Ali du pouvoir qu’il occupait depuis 23 ans a inspiré des soulèvements similaires en Egypte, Libye, Syrie et au Yémen, redessinant le paysage politique de la région.
Plus de six mois après la révolution tunisienne, les Etats voisins regardent avec attention le processus de transition et la construction d’un nouvel Etat tunisien.
Interdit et réprimé sous le régime Ben Ali, le parti Ennahda apparaît comme le grand gagnant de la révolution et part en position de grand favori pour le scrutin.
Le chef de file d’Ennahda, Rachid Ghannouchi, a assuré que son parti ferait preuve de tolérance face aux valeurs morales libérales. « Un double-langage » pour Ibrahim qui y voit une stratégie de dissimulation des véritables intentions et projets des islamistes.
Ancien professeur d’université et opposant de longue date à Ben Ali, Ibrahim a brièvement occupé après la révolution les fonctions de ministre de l’Enseignement supérieur avant de démissionner lors de la chute du gouvernement de transition.
Selon lui, les désaccords avec le parti islamiste ne « doivent pas empêcher une coexistence au sein de l’Assemblée constituante, dans le respect des règles du jeu démocratique« .
« La démocratie passe par la coexistence avec tous sans exception, y compris avec Ennahda« , a-t-il ajouté.
« Nous souhaitons renforcer le front moderniste au sein de l’Assemblée constituante face à tout mouvement fondamentaliste cherchant à faire reculer le pays et à anéantir tous les gains acquis (lors de la révolution).«
Ettajdid est membre d’une coalition électorale, baptisée le Pôle démocratique moderniste (PDM) et mise en place en vue du scrutin du 23 octobre.
Marine Pennetier pour le service français
Source: « L’express » Le 15-10-2011
Tunisie : le Pôle démocratique sur les terres d’Ennahdha
A deux semaines de l’élection de la Constituante (le 23 octobre), les équipes de campagne écument le terrain et multiplient meetings et « tractages ». Dimanche matin, les militants du Pôle démocratique moderniste (PDM) arpentaient les allées boueuses du marché d’un quartier populaire de la Marsa.
A priori, ce n’est pas le public le plus acquis à cette coalition formée autour d’un projet de société moderniste. Le PDM est quasiment la seule formation à défendre sans ambiguïté la laïcité et l’égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines. Des thèmes qui passent mal dans un quartier pauvre, où le parti islamiste Ennahdha est dans ses terres. Rencontre intéressante à prévoir entre deux mondes sociologiquement et idéologiquement à l’opposée.
Ambiance bon enfant
L’opération commence sous une averse drue et froide. L’occasion pour les jeunes militantes de se réfugier sous la bâche d’un marchand de légumes et de distribuer les tracts avec les bottes de coriandre, et même de donner un coup de main au vendeur. Le ton est donné : l’ambiance est bon enfant.
Mieux, rares sont ceux qui refusent de prendre le tract. Au contraire, la plupart s’arrêtent et manifestent une réelle curiosité. Mouhaymen Bensaïd, l’un des organisateurs des opérations de terrain raconte :
« Ils veulent d’abord savoir qui nous sommes. Les gens apprécient qu’on vienne les voir et qu’on les écoute. Depuis le mois de Ramadhan, ils n’ont vu qu’Ennahdha. »
Perdus devant l’offre pléthorique (76 listes dans la circonscription de Tunis 2), les futurs électeurs sont sceptiques devant les partis qu’ils jugent plus soucieux de se servir que d’être au service de leurs intérêts.
La Constitution, trop loin de leurs problèmes
Les questions tournent rapidement autour du chômage et des besoins sociaux. Parfois avec des problèmes personnels. Tête de liste dans la circonscription et secrétaire général d’Ettajdid, le principal parti de la coalition, Ahmed Brahim écoute une jeune femme lui parler des difficultés de son frère pour trouver un travail. Il reconnaît :
« La Constitution, ça leur paraît très loin de leur vie et il est difficile de leur expliquer que les élus à la Constituante ne pourront pas régler leurs problèmes. Huit mois depuis la chute de Ben Ali, c’est trop long, ils veulent voir des changements. On doit leur expliquer l’enjeu. »
Mouhaymen Bensaïd a mis au point ses arguments :
« Je commence par leur expliquer simplement que la Constitution, c’est la règle des règles, la mère de lois. Que garantir le droit au logement, à l’éducation gratuite, à la santé dans la Constitution, c’est un acquis irréversible. Là ils commencent à nous écouter. Mais on doit aussi les convaincre de ne pas laisser les candidats leur promettre du rêve. Je leur dis : Même si certains vous donnent de l’argent, prenez l’argent si vous voulez, mais votez pour les bons. »
Laïc = dictature
Une militante a engagé une discussion nourrie avec trois jeunes, prêts à l’écouter mais décidés à voter Ennahdha. Qu’est-ce qui est le plus important pour vous la religion, ou qu’on règle le chômage ?
« L’essentiel c’est d’abord qu’on respecte la religion. Le travail, ça viendra quand la religion sera respectée par l’Etat. Ben Ali était contre l’islam, les laïcs veulent continuer comme lui. »
La réponse :
« Ben Ali n’était pas contre l’islam, il était contre tous les opposants. Tous ceux qui se sont opposés à lui ont été victimes de la répression, qu’ils soient religieux ou laïcs. Nous notre programme, ce n’est pas contre l’islam, c’est que tout le monde soit libre. »
Puis elle analyse :
« Le dialogue est fructueux, je crois qu’ils ont compris que la gauche n’était pas contre la religion. Mais il est clair que nous payons l’instrumentalisation des valeurs modernistes par Ben Ali. »
Ettajdid paie aussi d’avoir apporté, au début des 1990, un « soutien critique » à Ben Ali au moment où il a relancé la répression contre les islamistes. Une posture rapidement abandonnée mais qui contribue à nourrir l’amalgame entre laïcité et dictature.
Dans l’allée centrale, un militant d’Ennahdha distribue ses tracts lui aussi. Echange de poignées de main, de sourires et d’amabilités. L’heure est à la fraternité démocratique.
Diatribe salafiste
Plus bas, l’ambiance est plus tendue. Des salafistes, barbes longues et kamis raccourcis aux chevilles, tiennent des stands de fripes. A la vue de l’appareil photo, l’un d’eux s’énerve. « Pas de photo c’est interdit ! ».
Après lui avoir rappelé que chacun est libre et qu’il n’a pas à faire la loi, l’équipe du Pôle esquive le problème et commence à s’éloigner. Un autre salafistes intervient m’interpelle bruyamment. Cette fois le journaliste est rentré dans la scène. Inutile de tenter de répondre, même en descendant de deux ou trois tons pour désamorcer la tension, rien ne l’interrompt, il continue sa diatribe et cherche l’incident.
Ahmed Brahim qui assiste à la scène se dirige vers lui et assène quelques mots : pour clore l’incident. « Il n’y a rien à négocier avec eux », commente-t-il. Puis tout le monde s’éloigne.
Karim Skik, directeur de la campagne du PDM est déterminé :
« Il ne faut pas répondre à la provocation, mais il faut leur montrer qu’on ne va pas les laisser occuper le terrain. »
Au même moment, deux à trois cents salafistes prennent d’assaut les locaux de Nessma TV coupable à leurs yeux d’avoir diffusé Persepolis.
L’intimidation
Le marché commence à se vider, l’équipe de campagne se dirige vers le parking de l’hypermarché Carrefour à proximité et commence à distribuer ses tracts. Rapidement, la sécurité intervient et veut arrêter la distribution : le parking est privé. Amel Belkhiria, numéro 2 sur la liste, proteste, un vigile tente de lui arracher les tracts de force, elle se défend.
L’action se poursuit devant les portes de l’administration, la discussion est animée entre les agents de sécurité et les militants. Karim Skik raconte la suite :
« Alors que nous voulions partir, les agents nous ont empoignés violemment, moi et Mouhaymen, pour nous faire entrer de force dans les locaux de l’administration et nous bloquer à l’intérieur. Une fois enfermés, on les connaît, ils pouvaient très bien nous tabasser. Nous avons crié pour ameuter la foule et la prendre à témoin. Les gens ont commencé à photographier la scène avec leurs téléphones portables. Les agents de sécurité ont pris des téléphones, y compris le mien pour effacer les photos. Ils ont aussi essayé de nous prendre nos tracts. Ce sont exactement les méthodes des milices de Ben Ali. Avant, c’était comme ça, l’intimidation permanente. »
Demain, faire front contre les islamistes
A deux semaines de l’élection de la Constituante (le 23 octobre), les équipes de campagne écument le terrain et multiplient meetings et « tractages ». Dimanche matin, les militants du Pôle démocratique moderniste (PDM) arpentaient les allées boueuses du marché d’un quartier populaire de la Marsa.
Mouhaymen Bensaïd fait le bilan de l’action de la journée :
A priori, ce n’est pas le public le plus acquis à cette coalition formée autour d’un projet de société moderniste. Le PDM est quasiment la seule formation à défendre sans ambiguïté la laïcité et l’égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines. Des thèmes qui passent mal dans un quartier pauvre, où le parti islamiste Ennahdha est dans ses terres. Rencontre intéressante à prévoir entre deux mondes sociologiquement et idéologiquement à l’opposée.
Source: « Rue 89 » Le 15-10-2011
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Tunisie, Libye : Alger s’inquiète d’une montée de l’islamisme
Par Farid Aichoun.
La diffusion du film Persépolis en Tunisie, dont une scène représente Dieu, a provoqué des manifestations à Tunis. En Algérie, on se souvient de 1989 et de la guerre civile.
Comment la diffusion d’un film peut faire ressortir le spectre islamiste ?
– Ce film n’aurait pas pu être diffusé dans un autre pays de la région. On a cru pendant des années que l’islamisme avait disparu de Tunisie, mais il était juste étouffé par la dictature. Or, les mouvements salafistes sont une lame de fond qui va de l’Indonésie au Maroc.
Bien que le parti tunisien Ennahda, qui a condamné les manifestations, souhaite être l’équivalent de l’AKP au pouvoir en Turquie qui allie laïcité et islam, des mouvements extrémistes ont réussi à galvaniser des dizaines de milliers de personnes, qui n’attendaient qu’un prétexte pour s’exprimer. Si on peut estimer qu’il y a au maximum 3.000 salafistes, tous courants confondus en Tunisie, leur poids et leur capacité à rassembler fait peur. Il est également important de noter que de nombreuses femmes ont participé aux manifestations.
La presse algérienne fait les gros titres de cet événement qui se limite à la Tunisie. Pourquoi une telle inquiétude ?
– L’Algérie est très inquiète de la montée des islamistes en Libye. Elle craint une « afghanisation » du conflit. Si la guerre ne finit pas, il y a un risque que la région soit complètement déstabilisée, jusqu’au Maroc. Et la Tunisie est le maillon faible. L’Algérie finance le parti au pouvoir, afin de sécuriser au maximum le pays. Mais comme me l’a confié le ministre de la Communication, l’inquiétude vient de l’instrumentalisation des Tunisiens par les islamistes libyens. Un des problèmes est que les frontières ont été dessinées de manière totalement arbitraire. Si bien que les mêmes tribus vivent dans les deux pays. Si l’une s’enflamme, la ligne administrative n’arrêtera pas la contagion. Or, le spectre de 1989 hante toujours les esprits algériens. L’arrivée du multipartisme et la montée des islamistes avait entraîné une guerre civile qui a fait 150.000 morts et des milliers de disparus dans les deux camps.
Les islamistes sont-ils toujours très présent en Algérie ?
– L’islam fait partie de la culture maghrébine. Les islamistes ne s’affichent dans les quartiers populaires. Toutefois, à Alger, le nombre de « barbus » a diminué. Ce qui est le plus marquant est la réappropriation de la culture algérienne. Les gens portent de nouveau les vêtements traditionnels – Djellaba ou Jebba tunisienne. La mode des tenues venues des pays du Golfe, qui financent les salafistes à coup de pétrodollars, recule.
La jeunesse d’Alger découvre ces tensions et les souvenirs encore brûlants de la guerre civile. Mais on note un dégoût pour la politique et les islamistes. Les jeunes commencent enfin à revivre dans Alger, même s’il reste un terrorisme résiduel. Bref, ces grandes manifestations du voisin tunisien effraient aussi bien les dirigeants que les hommes de la rue. Le spectre de 1989 est toujours bien présent.
Source: « Le Nouvel Observateur » Le 15-10-2011
Kamel Jendoubi, le garant des premières élections du printemps arabe
Par Isabelle Mandraud
Le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) organise le premier scrutin libre de Tunisie. Un moment historique pour cet opposant de toujours au régime de l’ancien président Ben Ali. Privé de son passeport tunisien pendant dix ans. Interdit de territoire, même pourassister aux obsèques de son père, en 2004. Poursuivi dans le cadre d’une instruction judiciaire aux ordres pour « propagation de fausses nouvelles de nature àtroubler l’ordre public ». Militant acharné des droits de l’homme, inscrit sur la liste noire des opposants exilés en France mais figure peu connue, Kamel Jendoubi a écrit au quotidien l’histoire de la résistance tunisienne contre le règne de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali. « Il a donné vingt ans de sa vie à la Tunisie », rappelle l’historienne franco-tunisienne Sophie Bessis.
Aujourd’hui, à la tête de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), installée au cœur de Tunis, – « une entreprise de 5000 personnes », comme il se plaît à le souligner -, il prépare les premières élections libres de Tunisie, le 23 octobre, les premières après les « printemps arabe ». Un enjeu majeur pour toute la région. Et une tâche colossale.
Il a fallu convaincre le gouvernement tunisien provisoire et les partis politiques derepousser la date des élections, fixée à l’origine au 24 juillet, pour désigner les représentants de la future Assemblée constituante dans de bonnes conditions, – ce qui lui a valu l’hostilité de plusieurs chefs de partis – ; dresser de nouvelles listes électorales qui ne dépendent plus du ministère de l’intérieur et inciter, en plein ramadan, 3,8 millions de Tunisiens à venir se réinscrire ; préparer le scrutin pour plus de 10 000 candidats qui se présentent sur 1500 listes (plus de 110 partis sont aujourd’hui reconnus en Tunisie) ; former 4 000 chômeurs diplômés à tenir un bureau de vote, etc. Kamel Jendoubi, 59 ans, a, selon son expression, mené « un travail de commando », tout en respectant la règle, transparence oblige, de décisions prises à la majorité des deux-tiers au sein d’une commission électorale plurielle. « Nous sommes sous le regard du monde et particulièrement des peuples arabes », souffle-t-il. Le 17 janvier, trois jours après la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, Kamel Jendoubi a été le premier à fouler le sol tunisien, après des années d’absence forcée. A l’aéroport, où l’attendaient avec émotion ceux qui ont combattu le régime avec lui, à l’intérieur comme à l’extérieur, – dont la présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme Souhayr Belhassen, l’ex-deputé Khamaïs Chammari, la militante Sihem Ben Sedrine, l’avocate Radia Nasraoui…-, il inscrit fièrement « tunisien » sur sa fiche de police. Il refusera le poste d’ambassadeur, puis le ministère des affaires sociales que lui propose le gouvernement provisoire. « Je voulais m’imbiber de cette nouvelle Tunisie, réapprendre la géographie de ce pays », explique-t-il.
Il plonge dans le chantier électoral, malgré un méchant cancer qui le poursuit. « Seretrouver dans un contexte compliqué au retour a été une épreuve énorme pour lui,témoigne sa femme, Edith, Française rencontrée pendant les années de militantisme. Même si nous avons beaucoup de chance de voir le fruit de notre combat ». Issu d’un milieu modeste et de parents analphabètes, – son père était docker à la Goulette, le port de la capitale -, aîné d’une fratrie de neuf enfants, Kamel Jendoubi est un « zitounien » comme on dit à Tunis, formé à la Zitouna, la grande école arabisante de cette ville. Mais c’est à Paris, où il arrive en 1971 poursuivre des études, qu’il commence à militer.« Un virus, sourit-il, et quand on l’attrape, on ne peut plus s’en débarrasser ».
Avec son complice de toujours, Mouhieddine Cherbib, il embrasse la cause des migrants au sein de l’Union des travailleurs émigrés tunisiens (UTIT) fondée en février 1974, transformée vingt ans plus tard en Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR). L’émigration l’amènera aux droits de l’homme, avec la création en 1996 du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) qui deviendra, au fil du temps, le porte-parole de l’opposition tunisienne, tandis qu’à Tunis, la crise éclate au sein de la Ligue des droits de l’homme, autre bastion de résistance mais minée par le pouvoir.
Les rapports avec le régime de Carthage se tendent de plus en plus. Lors de l’une de ses dernières visites sur place, Kamel Jendoubi est arrêté, interrogé au ministère de l’intérieur, puis relâché. « On ne pouvait même plus s’appeler au téléphone », se souvient-il. Dans une tribune parue en novembre 1996 dans Le Monde, intitulée Amère Tunisie, il dénonce « la dérive présidentielle autoritaire » et le paravent de la lutte contre l’intégrisme qui se paie « par un déni de citoyenneté ». Convaincu de la nécessité d’« intégrer progressivement les islamistes dans le jeu politique », ce laïc amateur de bons vins, père de deux enfants, participe au rapprochement de plusieurs forces politiques en 1988, qui fera long feu.
Salué par ses amis pour sa « rigueur », il porte alors le combat sur la scène européenne. Un an après la signature, en 1995, du premier accord d’association entre l’Union européenne et la Tunisie, il sensibilise les parlementaires européens aux problèmes des droits de l’homme dans son pays. Rude bataille qui amènera, cinq ans plus tard, le gouvernement de Ben Ali à émettre une loi taillée sur mesure pour punir de cinq ans d’emprisonnement toute personne s’avisant« intentionnellement de porter préjudice aux intérêts vitaux » de la Tunisie… Kamel Jendoubi, cadre dirigeant d’une petite entreprise de formation, est devenu la bête noire du régime de Ben Ali, au point que celui-ci interviendra auprès du palais royal du Maroc pour le fairerefouler de ce pays, en octobre 2010. A la tête du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), il venait y recevoir un prix.
Lorsque le soulèvement tunisien commence à Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, Kamel Jendoubi n’est pas surpris. Il connaît, pour lesavoir soutenues, les émeutes survenues deux ans plus tôt dans le bassin minier de Gafsa : « C’était le point de départ de quelque chose, le système était en train de craquer, tous les ingrédients étaient là ». Mais, ajoute-t-il, « ce qu’on ne voyait pas, c’était le départ de Ben Ali lui-même. On pensait que le régime allait résister, même au prix de massacres ».
Source: « Le Monde.fr » Le 15-10-2011
Le «Printemps arabe» a coûté 40 milliards d’euros
L’agence Geopolicity a tenté d’évaluer les conséquences économiques des soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ainsi, la Libye, la Syrie, l’Egypte,laTunisie, le Bahrein et le Yémen ont perdu plus de 55 milliards de dollars, soit environ 40 milliards d’euros, dont 15 milliards d’euros de chute du PIB, et 25 milliards d’euros de baisse des finances publiques. Selon le rapport détaillé par laBBC, la situation de laLibye est particulièrement préoccupante. Ses revenus ont chuté de 84%:
«Le conflit en Libye aurait ralenti l’activité économique en lui faisant perdre 7,67 milliards de dollars [5,5 milliards d’euros]. Plus de 740.000 personnes ont fui le pays depuis le début du conflit, et l’arrêt quasi-total de l’activité du secteur des hydrocarbures a dévasté l’économie.»
Au contraire, les autres pays de la région qui n’ont pas été secoués par les révoltes populaires ou qui les ont réprimées, ont profité des troubles politiques de leurs voisins. Cela est surtout vrai pour les pays exportateurs de pétrole, comme les Emirats Arabes Unis, le Koweit et l’Arabie Saoudite. Geopolicity montre qu’ils ont augmenté leurs recettes publiques, avec une hausse de 25% pour l’Arabie Saoudite et de 31% pour les Emirats.
«Les pays importateurs de pétrole sont les grands perdants», peut-on lire dans le rapport.
Cependant, l’agence Geopolicity explique que le coût du printemps arabe ne peut pas être calculé de façon précise. Elle a estimé l’impact des pertes de productivité sur le PIB, et les baisses des revenus du gouvernement. Mais les coûts humains et matériaux n’ont pas été pris en compte. Elle pointe la nécessité d’une aide internationale dans cette région: «l’aide promise par le G8 de Deauville en mai 2011 n’a pas été traduite en acte». Le rapport recommande aussi à laLigue Arabe et au Conseil de coopération du Golfe de conduire le processus de réforme en interne. Peter Middlebrood de Geopolicity explique que l’étude, qui a pris de long mois, sera un document de travail important pour le G20 et les Nations unies
Source: « Slate Afrique » Le 15-10-2011
Lien: http://www.slateafrique.com/54203/le-printemps-arabe-coute-50-milliards-libye-tunisie-egypte
TUNISIE: Beji Caid Essebsi vers une « nouvelle » présidence à vie?
A 85 ans, l’actuel Premier Ministre provisoire, Beji Caid Essebsi mènera la Tunisie très probablement à une nouvelle « Présidence à vie » après les élections du 23 octobre 2011.
Ancien Ministre des affaires étrangères sous Bourguiba de (1981 à 1985) Beji Caid Essebsi a fait l’essentiel de sa carrière politique au Ministère de l’intérieur de 1956 à 1969 (Directeur de la commission politique au ministère de l’Intérieur, Directeur de la sureté, Ministre de l’Interieur) où il a cautionné politiquement la torture des youssefistes, des militants du Mouvement PERSPECTIVES (l’extreme gauche sous Bourguiba) et la fraude électorale (de son prope aveu dans une interview avec Ahmed mansour sur la chaine Aljazeera).
Sous Ben Ali, Beji Caid Essebsi était député du RCD jusqu’à 1994, président de la chambre des députés en 1990 (second personnage important du régime de Ben Ali) et membre du Comité central du RCD jusqu’à juillet 2001. Sous Ben Ali, jamais il n’a été inquiété. Béji Caid Essebsi lui-même confirme à Jeune Afrique dans une interview du 9 avril 2011 : « pour être franc, je n’ai jamais étéinquiété ».
La démission de Beji Caid Essebsi : une tempête dans un verre d’eau
Le vendredi 14 octobre 2011,Le journal en ligne en arabe Aljarida fondé par Noureddine ben Ticha (animateur à mosaïque FM et très proche de Kamel Eltaief, lui-même « trop proche » de Beji Caid Essebsi et ses enfants) a annoncé la démission de Beji Caid Essebsi avant que le site Tunisie Numérique (très proche aussi de Kamel eltaief) n’apporte un démenti de cette information.
Un mauvais scénario d’une mauvaise série B
L’annonce et son démenti semblent s’inscrire dans un plan de communication afin de tester la réaction de la rue si Beji Caid Essebsi se maintenait au pouvoir après le 23 octobre 2011.
Un scénario que la Tunisie a connu plus d’une fois sous Bourguiba et sous Ben Ali :
« le dirigeant qui annonce son départ du pouvoir, les milliers de « Mounachdines » qui le supplient d’y rester. Et le dirigeant qui annonce que pour « répondre à l’appel du devoir, il a décidé de continuer à servir le pays en se sacrifiant ainsi pour les beaux yeux des millions de Tunisiens».
Si Beji Caid Essebsi (85 ans) et ses proches ne quittaient pas le pouvoir après le 23 octobre 2011, la Tunisie renouerait avec la « présidence à vie ».
Et ce qu’on appelle jusque-là « la révolution tunisienne » sera définitivement trahie.
Source: « Le Post.fr » Le 15-10-2011