16 octobre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2703 du 16.10.2007

 archives : www.tunisnews.net

Hélène Flautre: Lettre au Président de la République Tunisienne
The Counter Punch: Judge Stops Bush Administration from Returning an Innocent Tunisian to Torture AFP:Un imam montréalais arrêté par les services frontaliers canadiens La Presse (Canada): Le controversé imam Saïd Jaziri arrêté AFP:Tunisie: un couple d’enseignants américains retrouvé mort dans sa maison AFP: Tunisie: les jeunes de plus en plus tentés par l’émigration Ali Ben Khalifa:Une querelle de leadership: Réalités: Degallaix au FDTL Réalités: La semaine de cinq jours ? Pourquoi pas ? Réalités: Le XVIème siècle était un siècle de grands bouleversements politiques dans le Bassin méditerranéen Réalités:Hamadi Redissi : Comment le Wahabisme a triomphé AFP:Allemagne: catholiques et juifs soutiennent la construction de mosquées AFP:Première visite d’Etat de Nicolas Sarkozy au Maroc à partir du 22 octobre Le Monde : Analyse:L’islam est-il soluble dans l’espace ?

 


 

Appel de détresse de Tunisie (*)

 

 

Au nom de Dieu le Clément, le  Miséricordieux,

Appel à toute âme charitable

A nos frères en Dieu dans le monde entier

A toute conscience vive et humanitaire

 

Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.

 

Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.

 

Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.

 

Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais  aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.

 

Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et  une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.

 

Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.

Il y a, certes,  des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.

Il yen a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de  leur pauvreté.

 

D’autres sollicitent  Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.

 

Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.

 

Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :

 

Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer  entraînant  la mort dans de nombreux cas.

 

Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.

 

La situation  de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.

 

Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.

 

Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.

 

Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.

 

Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.

 

Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous  faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.

 

Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.

 

Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.

 

Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.

Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »

 

Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !

 

Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.

 

 

(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous  la transmettons à l’opinion publique  pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.

Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait  appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.

 

« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)

 

« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)

 

Vous pouvez  faire parvenir vos dons:

 

* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)

 

* en envoyant vos dons à cette adresse :

TAKAFUL  16, cité vert –  94370 Sucy en Brie.

France

 

Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98

e-mail :contact@hotmail.fr

 

* par virement  bancaire à l’adresse suivante :

 

la Banque Postale. / France

 

Etablissement         guichet          n° compte          clé RIP

30041                   00001        5173100R020          42

 

Identifiant International de Compte  IBAN

FR54  3004  1000   0151   7310  0R02  042

 


 

 PARLEMENT EUROPEEN Hélène Flautre Présidente de la sous commission des droits de l’Homme
 

Monsieur le Président de la République Tunisienne  

11 octobre 2007 Cher Monsieur Ben Ali,  Je me permets de vous solliciter à propos de la situation de Madame Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (PDP) et de Monsieur Ahmed Nejib Chebbi, rédacteur en chef du journal du parti Al Manqef, tous deux grévistes de la faim depuis le 20 septembre 2007.   Alors que leur situation médicale engage désormais le pronostic vital, ils protestent ainsi contre la résiliation du contrat de bail des locaux de leur parti. Le tribunal de Tunis a en effet ordonné le 1er octobre 2007 la résiliation du contrat de location entre le PDP et le propriétaire du bâtiment que le parti louait depuis treize ans.   Les autorités auraient incité le propriétaire à intenter une action en justice contre le PDP sous prétexte que les bureaux du journal, pour lesquels le contrat de location avait été signé, aient été transformés en siège du parti. Si cette affaire devait effectivement dépasser le simple litige civil immobilier entre propriétaire et locataire qu’elle prétend être, il s’agirait ici non seulement d’une entrave à la liberté d’opinion et à la liberté d’association mais également au droit à la participation à la vie politique.   Je me permets de vous rappeler que la Tunisie a librement consentie aux obligations contenues dans le Pacte International des Droits Civils et Politiques qu’elle est désormais tenue de respecter, notamment au regard de la situation évoquée en ses articles 2, 3, 14, 18, 19, 21, 22 et 25. Par ailleurs, le respect du pluralisme démocratique est également une priorité de l’Union européenne et l’Accord d’Association qui lie la Tunisie et l’Union européenne se fonde sur le respect des droits de l’Homme (article 2).   En conséquence, je vous demande de mettre en œuvre tous les moyens à votre disposition pour d’une part, suspendre la procédure d’expulsion du PDP de son siège et d’autre part, mettre un terme à votre politique générale de blocage des locaux des partis et des associations.   En vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien apporter à la présente lettre. Je vous prie d’agréer, Monsieur Ben Ali, mes salutations distinguées, Hélène Flautre Présidente de la Sous-commission des droits de l’Homme


Judge Stops Bush Administration from Returning an Innocent Tunisian to Torture

A Gitmo Detainee Finally Gets a Break

 
By ANDY WORTHINGTON   In a genuinely startling development in the US District Court for the District of Columbia, Judge Gladys Kessler has ruled that Mohammed Abdul Rahman, a Tunisian detainee at Guantánamo who was cleared for release after the first round of administrative reviews in 2006, « cannot be sent to Tunisia because he could suffer ‘irreparable harm’ that the US courts would be powerless to reverse, » as the Washington Post described it.   An economic migrant, who traveled to Pakistan from Italy, where he had been living, the 42-year old Tunisian, who told his Administrative Review Board in 2005 that his real name was actually Lufti bin Ali, said that he went to Pakistan for medical treatment and to find a wife. « I have told my story five hundred times, » he said. « I went to Pakistan for drugs. I was sick and I wanted to heal myself, so I went to Pakistan. » He also traveled, he said, « to get married and relax and to get out of what I was in. » Denying a barrage of allegations about his purported involvement with terrorists and training camps, he stated that he was not involved with either the Algerian Armed Islamic Group (GIA) or the Tunisian Combat Group (TCG), and specifically denied allegations that he had participated in establishing the TCG, and was on its Advisory Council. He also denied an allegation that in Italy he had met Pakistanis from the ICI mosque (in Milan), who were attempting to recruit people to go to Pakistan and Afghanistan, denied visiting a Tunisian guest house in Afghanistan « operated by a Tunisian cell with possible ties to al-Qaeda, » and also stated that he had no knowledge of the Khaldan training camp, where, it was alleged, « a senior al-Qaeda lieutenant » identified him as having studied in 1998 or 1999.   He said that he only went to Afghanistan because the Pakistan government started a campaign against Arabs (and pointed out that he was, in fact, arrested on his return to Pakistan), and retracted a confession, « admitted some time ago, » that he associated with « various amounts » of terrorists while in Jalalabad, saying, « I do not pose a threat. I am against terrorism … I am against the killing of innocent people … I live a normal life. I do not like problems. That’s it. »   What was particularly noticeable about his ARB hearing was that a whole new set of allegations had been added since his Combatant Status Review Tribunal the year before. In his CSRT hearing, it was only alleged that he « traveled to Afghanistan in 1998 and remained living in Afghanistan in 2001, » that he « stayed at an Algerian guest house on multiple occasions in Jalalabad, » that he « stayed at a guest house, which is associated with individuals who have trained at al-Qaeda camps, » and — the allegation that he refuted in his ARB — that he « associated with several terrorists, » whereas in his ARB « a senior al-Qaeda lieutenant » identified him as having trained at Khaldan, the Algerian guest house became a Tunisian guest house « possibly associated with al-Qaeda, » and Abdul Rahman became a key player in the TCG and « reportedly » the GIA. Noticeably, when he asked the Board, « These accusations, all of them, where did you get them from? » a Board Member replied, « From a compilation of interviews and interrogations and outside sources » — in other words, from other prisoners both inside and outside Guantánamo, who were either bribed, coerced or tortured to make such claims. Lest there be any doubt that the « senior al-Qaeda lieutenant » and others had made up all these claims, it’s important to remember that Abdul Rahman was cleared for release — as close as this administration, with its insistence that those it releases are not in fact innocent, but are, instead, « No Longer Enemy Combatants, » ever gets to admitting that it has made terrible, life-crushing mistakes.   To complicate matters, Abdul Rahman was convicted in absentia for fictional crimes by the dictatorship of Zine El Abidine Ben Ali, and sentenced to 20 years in prison, and would clearly be in danger if he were returned to Tunisia, which, as the US State Department notes every year, has an appalling human rights record. His situation is complicated further because of the precarious state of his health. As his lawyers, Mark and Josh Denbeaux of the Seton Hall Law School have explained, he « suffers frequent chest pains and intense heart palpitations related to [a] replaced aortic heart valve and pacemaker, » and has « many other ailments that would make a transfer to Tunisia extremely risky. »   Back in June, when two other Tunisian detainees — Abdullah bin Omar and Lofti Lagha, both economic migrants like Abdul Rahman — were returned to the country of their birth, I mistakenly thought that Abdul Rahman was one of them, but it transpires that, when government lawyers notified Mark and Josh Denbeaux in May that they were planning to send him back to Tunisia, they managed to get a court to issue a temporary restraining order. Although the government subsequently argued that the court lacked jurisdiction in the matter — and that, by extension, the administration could do what the hell it liked with the already ruined lives of wrongly detained and brutally imprisoned innocent men — it is Judge Kessler’s disagreement with this position that has saved Abdul Rahman from further horrors (accepting, that is, that one day he will be released from Guantánamo to another country).   Abdul Rahman was clearly fortunate that he had lawyers to protect him. Both bin Omar and Lagha have reportedly been treated brutally on their return to Tunisia, underlining how worthless are the « diplomatic assurances » of humane treatment that the US administration has agreed with Zine El Abidine Ben Ali, as part of its desperate and unprincipled attempts to rid itself of its own mistakes. In this, its motives overlap with those of the British government, which, like its partner in the « special relationship, » is busily engaged in compounding its initial illegal activities — holding men indefinitely without charge or trial — with further illegality, as it attempts to break international laws again by signing « diplomatic assurances » and « memoranda of understanding » with the dictators running various North African and Gulf countries (including Tunisia), which are both worthless and illegal.   Recognizing this, and also acknowledging that the looming Supreme Court showdown over detainees’ rights is beginning to filter down to the lower courts, Judge Kessler explained, as she dared to put down the government, that she had made her decision because the Supreme Court’s decision to look once more at the detainees’ rights « cast a deep shadow of uncertainty » over previous rulings restricting their rights. « In view of the grave harm Rahman has alleged he will face if transferred, » she continued, « it would be a profound miscarriage of justice » if the court denied his petition to remain in Guantánamo. Noting that the Supreme Court could eventually decide that the detainees had the right to challenge their detention or their transfer to other countries, she added that an injunction preventing his return was « necessary to ensure his survival. » Otherwise, she concluded, « At that point, the damage would have been done. »   Exulting in what the New York Times described as a judgment that « appears to be the first ruling of its kind, » Josh Denbeaux praised Judge Kessler’s actions, stating, unequivocally, « This is the first time the judicial branch has exercised its inherent power to control the excesses of the executive as to treatment of prisoners at Guantánamo Bay. The executive has now been told it cannot bury its Guantánamo mistakes in Third World prisons. »   Like decisions made by appeal courts in the UK, preventing the illegal return of men who have never been charged to regimes that may well torture them, Judge Kessler’s principled decision is being seen as a mortal blow to the US administration’s attempts to do the same with innocent men, held without charge or trial in Guantánamo. And it augurs well, I think, for the coming Supreme Court showdown over the detainees’ rights to challenge the basis of their detention. Nearly six years of arrant lawlessness and injustice on the part of the executive is more than enough. Let those detainees against whom the administration thinks it has a case be pursued in a recognizable court; and let the others — the ones against whom no case can be built, because there is none — be freed, to countries that will not subject them to further torture or ill-treatment.   Andy Worthington is a British historian, and the author of ‘The Guantánamo Files: The Stories of the 774 Detainees in America’s Illegal Prison’ (to be published by Pluto Press in October 2007). He can be reached at: andy@andyworthington.co.uk   (Source : The CounterPunch (California – USA), le 15 octobre 2007) Lien: http://www.counterpunch.org/worthington10152007.html

GUANTANAMO OU LA BANALISATION DES VIOLATIONS SYSTEMATIQUES  DES DROITS HUMAINS

 
Avec la participation de: Prof. Fouad Riad, Juge de TPI-Ex-Yougoslavie (Egypte) Me. William Bourdon, SHERPA (Paris) Dr. Haytham Manna, Arab Commission for Human Rights ( Paris ) Me. Chris Chang, Reprieve ( London ) M. Yousef ALSHOLY, GCSH, ( Doha ) Me. Rachid Mesli, Al Karama for Human Rights ( Geneva ) Hugo Ruiz Diaz Balbuena. Docteur de Droit International (Paraguay) Au nom de la guerre contre le terrorisme, l’administration américaine opère à Guantanamo une véritable légalisation des formes post modernes de la torture et de la répression exempte de toute notion de droit : Avec le camp de Guantanamo, les principes protecteurs des droits de l’homme se paupérisent et se dévaluent, car ceux qui prétendent les incarner les foulent au pied! Si la tragédie de Guantanamo peut se poursuivre jusqu’à la fin du mandat du président américain, le sort des prisonniers est plus que jamais ambigu et incertain. Livrer certains d’entres eux à leurs pays respectifs signifie torture, mauvais traitements et simulacres de procès.  Certains détenus sont à la recherche de terres d’accueil comme demandeurs d’asile politique. Pour ceux considérés par l’Administration Bush comme les plus importants, leur transfert vers d’autres prisons secrètes est même envisagé. D’autre part, l’avenir des tortionnaires et de leurs commanditaires est entouré de mesures de protection exceptionnelles afin d’assurer leur totale impunité future. Sur l’avenir des prisonniers et des tortionnaires, des responsables d’ONGs des droits humains tentent de livrer leur lecture du statut du camp de la honte, et leur façon d’envisager « l’après Guantanamo ». Invitation à l’Assemblée Nationale, Mardi le 30 Octobre (10h00 à 14h00) Avec la participation de: Commission arabe des droits humains (ACHR), Association américaine des juristes(AAJ), Union des avocats arabes, Reprieve, Rencontre culturelle  euro-arabe,  Voix libre, Alkarama pour les droits de l’Homme, GCSH, ACDJ, OFDH, PADDH. Le premier Bureau- Palais Bourbon 126, rue de l’université – 75007 Paris  Inscription gratuite obligatoire  48 heurs avant l’événement: Envoyer votre nom par e mail   achrhm@noos.fr ou par Fax  0033146541913

L’émission de Radio Canada, Tam-Tam Canada, sur le rassemblement de Montréal le 11 octobre 2007

Sur cette adresse: http://www.rcinet.ca/rci/fr/emissions/archives/archivesDetails_1946_15102007.shtml sélectionner: « écouter la deuxième partie de l’émission » et commencer à écouter à partir de 28mn:58 TUNISIE: GRÈVE DE LA FAIM – MANIFESTATION À MONTRÉAL   

 
En Tunisie, deux figures de proue de l’opposition démocratique poursuivent une grève de la faim entamée le 20 septembre dernier. Maya Jribi, secrétaire général du principal parti d’opposition, le Parti Démocrate Progressiste, et Maître Ahmed Néjib Chebbi, directeur de l’hebdomadaire Al Mawkif, demandent plus de libertés. En appui à ces opposants du régime du Président Ben Ali, une manifestation s’est tenue jeudi dernier en face du Consulat de Tunisie à Montréal. Adrien Lachance y était et nous propose un compte-rendu.
 


Un imam montréalais arrêté par les services frontaliers canadiens
AFP, le 15 octobre 2007 à 21h57
MONTREAL, 15 oct 2007 (AFP) – Un imam montréalais controversé, Saïd Jaziri, a été arrêté lundi en vertu de la loi sur l’immigration, a indiqué une porte-parole de l’agence des services frontaliers du Canada (ASFC).   L’imam Jaziri, d’origine tunisienne, avait perdu son statut de réfugié l’an dernier pour avoir fourni de fausses informations aux autorités canadiennes, omettant notamment de mentionner qu’il avait un casier judiciaire en France.   Saïd Jaziri demeurera en détention jusqu’à un examen de son cas, mercredi, par la commission de l’immigration et de la protection des réfugiés, a indiqué Kareen Dionne, porte-parole de l’ASFC.   Sans entrer dans le détail du cas de M. Jaziri, Mme Dionne a souligné qu’en règle générale la détention était décidée si l’agence estime qu’il y a « risque de fuite ou que la personne ne se présente pas à son audience ».   L’imam Jaziri s’était barricadé dans sa mosquée l’an dernier après l’annonce de la révocation du statut de réfugié qu’il avait obtenu en 1998. Il s’était prononcé en faveur de l’installation de tribunaux de la charia et avait récemment tenu des propos homophobes lors d’une émission de télévision. Son épouse a déclaré à la télévision de Radio-Canada qu’il risquait d’être torturé s’il était expulsé en Tunisie.

Le controversé imam Saïd Jaziri arrêté  

André Noël La Presse L’imam montréalais Saïd Jaziri, personnage controversé qui s’est prononcé pour l’instauration de tribunaux de la charia au Québec, a été arrêté hier matin par l’Agence des services frontaliers. Il comparaîtra demain et pourrait être bientôt renvoyé dans son pays natal, la Tunisie. M. Jaziri, qui a fondé la mosquée Al-Qods dans le quartier Rosemont, était arrivé au Canada en 1997 et avait obtenu le statut de réfugié politique. Ce statut lui a été retiré l’année dernière parce que, selon les autorités canadiennes, il aurait exagéré les sévices subis en Tunisie et caché l’existence d’un casier judiciaire en France. La Cour fédérale a maintenu cette décision. Un agent du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration a ensuite procédé à un examen des risques avant renvoi. Hier matin, il a convoqué M. Jaziri aux bureaux du Ministère et lui a indiqué que, selon lui, il ne risquait pas d’être maltraité à son retour en Tunisie. Des préposés de l’Agence des services frontaliers l’ont alors arrêté et amené au centre de prévention d’Immigration Canada à Laval. L’Agence le ramènera demain matin au complexe Guy-Favreau, dans le centre-ville, afin qu’un commissaire de l’immigration décide s’il doit rester détenu jusqu’à son expulsion. L’Agence craint que M. Jaziri ne tente de lui échapper. Après la décision de la Cour fédérale maintenant le retrait de son statut de réfugié, il avait déclaré qu’il ne se laisserait pas renvoyer. Il s’était barricadé dans sa mosquée. Sa femme, Québécoise convertie à l’islam portant le nom de Nancy Adams, accompagnait M. Jaziri lors de son arrestation. Enceinte de six mois, elle a subi un choc. Des ambulanciers sont venus la chercher dans les locaux d’Immigration Canada. Peu après, elle s’est rendue à la mosquée Al-Qods et a répondu aux questions des journalistes. «Si l’expulsion suit son cours, c’est la tor_ture jusqu’à la mort, a-t-elle déclaré. Mon mari a encore des marques sur son corps. C’est un gouvernement de dictature (en Tunisie). Les risques ont été établis par Amnistie internationale. Le document que nous avons fourni (à Immigration Canada) montre que des personnes ont subi des représailles sérieuses en Tunisie pour le simple fait d’avoir présenté des demandes d’asile politique à l’étranger.» Mme Adams a nié que son mari ait caché aux autorités canadiennes l’existence d’un casier judiciaire en France. Jeune imam à Nice au début des années 90, M. Jaziri avait été condamné pour complicité de coups et de blessures lors d’une manifestation devant sa mosquée. Selon sa femme, les autorités canadiennes ne pouvaient pas ignorer ce «détail» puisqu’elles avaient pris ses empreintes digitales à son arrivée ici. «Les autorités (d’Immigration Canada) ont décidé d’utiliser ce détail parce que l’individu devenait trop gênant, a dit Mme Adams. C’est un personnage qui parle beaucoup et qui dérange, parce qu’il bouleverse les courants de pensée. La façon de penser des gens, ici, est différente de certaines idéologies que la communauté musulmane véhicule. Clairement, ça dérange.» Parlant au nom des fidèles de la mosquée Al-Qods, Mohamed Alaoui a lancé un appel à la communauté musulmane de Montréal et aux associations humanitaires pour faire relâcher M. Jaziri. «Notre imam est un homme qui dit toute la vérité et je pense qu’il y a des gens qui ne veulent pas de cette vérité, a-t-il dit, entouré de plusieurs fidèles. C’est la seule raison pour laquelle il a été incarcéré.» M. Jaziri a été contesté par la communauté musulmane de Montréal, notamment lorsqu’il a annoncé la création d’une grande mosquée à Montréal. En plus d’avoir favorisé des tribunaux de la charia au Québec, il a participé à une manifestation contre la publication des caricatures de Mahomet. Il a déjà déclaré que ses prises de position avaient amené les autorités à s’acharner contre lui. source :http://www.cyberpresse.ca


Tunisie: les jeunes de plus en plus tentés par l’émigration

 AFP: 16.10.07 | 20h03 Les jeunes, qui représentent près du tiers de la population en Tunisie, sont de plus en plus tentés par l’émigration et évoquent « un avenir incertain » dans leur pays, indique un rapport de l’ONU publié mardi à Tunis. « Les jeunes Tunisiens sont de plus en plus tentés par l’émigration », a déclaré Heba El Kholy, coordinatrice résidente des Nations unies, en présentant le document à la presse avec le directeur de l’Observatoire tunisien de la jeunesse, Brahim Oueslati Environ 41% des jeunes âgés de 15 à 19 ans désirent émigrer et 15% sont prêts à le faire clandestinement, selon le rapport élaboré sur la base de données recueillies par plusieurs organismes gouvernementaux tunisiens durant les six dernières années. La tendance est plus élevée chez les garçons (52,7%), les chômeurs (55%) et les jeunes issus des régions défavorisées, en particulier le nord-ouest où plus d’un jeune sur quatre rêve d’émigrer illicitement. Ce phénomène est jugé « d’autant plus inquiétant que la motivation la plus citée est l’absence d’avenir en Tunisie », ajoute le rapport affirmant que « la perception négative de l’avenir » concerne notamment l’emploi, le niveau de vie et la citoyenneté. L’accès à l’emploi constitue la principale aspiration des jeunes qui sont de plus en plus éduqués mais forment deux tiers des chômeurs en Tunisie, pays où le taux de chômage est estimé à 13,9% (2006), poursuit le rapport. L’accès « universel » à l’enseignement primaire est atteint et les dépenses publiques en éducation sont parmi les plus élevées des pays à revenu moyen (6,5% du PIB), note le rapport soulignant cependant des défis « de qualité, d’équité et d’efficacité » à venir. En matière de santé, les jeunes se considèrent en bonne santé physique (72%) mais trois jeunes scolarisés sur quatre présentent des signes de « mal-être ». La prévalence de la dépression sévère atteint 16% et des idées suicidaires sont retrouvées chez 21% d’un échantillon d’étudiants. Sont particulièrement touchés les filles et les jeunes ruraux. Le rapport révèle aussi que plus du quart ont des comportements à risque (relations sexuelles non protégées, toxicomanie) alors que la violence concerne un élève sur quatre en milieu scolaire. Ce document, le premier du genre en Tunisie, veut être un « instrument » de débat pour « répondre efficacement » aux soucis des jeunes, dont prioritairement l’accès à l’emploi.


Tunisie: un couple d’enseignants américains retrouvé mort dans sa maison
AFP, le 15 octobre 2007 à 19h48
TUNIS, 15 oct 2007 (AFP) Le directeur adjoint de l’école américaine en Tunisie et son épouse, enseignante dans la même école, ont été retrouvés morts lundi dans leur résidence à Gammarth, banlieue résidentielle en front de mer dans le nord de Tunis, a-t-on appris de sources concordantes. Les corps inertes de Michael Adams, sous-directeur de l’école américaine à Tunis, et de son épouse Kathryn, ont été découverts à l’intérieur de la maison, a indiqué l’agence tunisienne TAP (officielle). L’école a confirmé lundi la mort de M. Adams et de son épouse, tous deux enseignants au niveau élémentaire de l’établissement depuis août 2003. Le couple, dont le décès datait de deux jours au moins, aurait été intoxiqué par des émanations de monoxyde de carbone produites par un chauffage à gaz, selon les premiers éléments de l’enquête policière. Ces éléments excluent, selon la TAP, tout acte criminel d’autant qu’aucune trace d’effraction ou de vol n’a été relevée au domicile dans lequel le couple s’était enfermé. L’école a repris cette hypothèse en citant l’enquête de la police et affirmé que des indications supplémentaires pourraient être obtenues à l’issue des investigations menées par les autorités tunisiennes.   AFP


OPINION

Une querelle de leadership

 
Ali Ben Khalifa   Obsessionnellement tournés à ourdir des stratégies secrètes dans l’intention, combien vaine et illusoire, de s’imposer comme le « patron » de l’opposition tunisienne établie à l’étranger, Mr Ahmed Najib CHEBBI et sa complice Maya JRIBI sont avidement obstinés à faire flèche de tout bois pour déstabiliser un pays qui réussit.   Mr Chebbi cherche en vain à fédérer ce qui restait de l’opposition, cloîtré qu’il était dans une fierté sans bornes, un attentisme politiquement suicidaire et une croyance démesurée en sa capacité de régenter la vie politique tunisienne.   Face aux impondérables et aux mutations de la vie politique mondiale, les jeunes démocraties ont plus que jamais besoin d’une coordination rapide et efficace de toutes les forces vives de la nation en permettant aux uns et aux autres, sur la base des critique constructives, de redresser le tir, de suggérer des réformes concrètes pour le plus grand bien du pays. Comble de désillusion : notre opposition à l’étranger est de plus en plus inepte, minée par des tiraillements et des contradictions qui prêtent à confusion.   Il est de la responsabilité de tous les opposants tunisiens, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, de se montrer assez modestes et humbles pour se rabaisser au niveau des autres groupes afin de cimenter davantage le paysage politique tunisien pour le bien être et le progrès de tous les citoyens.   L’affaire du « siège »   Ayant lamentablement échoué à une « conspiration » qui l’oppose à la justice tunisienne, non seulement par un amateurisme politique invraisemblable au vu de son expérience politique, mais aussi par son incapacité en tant qu’opposant de percer dans la vie politique tunisienne, Mr Ahmed Najib Chebbi, directeur du journal al Mawquef entame avec Maya Jribi, secrétaire générale du parti démocrate progressiste (PDP) une grève de faim illimitée, depuis le 20 septembre 2007, pour protester, disent-ils, « contre l’intervention des autorités tunisiennes en vue de fermer le local central du PDP et ses locaux ».   L’essentiel est ailleurs : Mr Chebbi profite d’une affaire purement civile et privée pour accroître la tension en vue de déstabiliser le régime tunisien.   Qu’en est-il au juste ? Il s’agit d’un propriétaire de locaux qui a voulu user de son droit de résiliation de bail concédé au journal al Mawquef, utilisé trompeusement et abusivement comme le siège du parti démocratique progressiste (PDP).   Le lundi 1er octobre 2007, le tribunal de première instance de Tunis a annulé le bail datant de plus de treize ans et a ordonné l’expulsion immédiate du PDP.   Le propriétaire qui a saisi la justice pour récupérer son bien après l’avoir loué pendant toute cette période, n’est-il pas en plein droit de mettre fin à un bail concédé selon un contrat ? La décision judiciaire rendue publiquement n’est elle pas conforme à la loi tunisienne en la matière ?   Une ingérence coupable   Comble de cécité et de fourvoiement politique, Madame la sénatrice Monique Cerisier Ben Guiga, vient tout simplement d’abandonner son positionnement « républicain » pour s’avancer, avec quelques énergumènes, dans une absurde logique du boycott révolutionnaire qui ne peut aboutir qu’à un abîme de discorde et de division. Effrontément, notre sénatrice ose demander au Président de la république, par la voie d’une missive, à ce que les décisions judiciaires soient annulées, après les avoir qualifiées de « fallacieuses ». Et de préciser : « La procédure judiciaire engagée en urgence par le propriétaire du bâtiment sous un prétexte fallacieux pour mettre fin au bail des locaux du PDP»   C’est quand même assez surprenant et paradoxal que ce soit une sénatrice étrangère qui s’évertue à promouvoir une culture de la violence par des discours contradictoires voire insensés. Cela veut dire être capable d’aller jusqu’au bout dans l’irrévérence à l’égard d’un pays « ami » qui ne cesse d’engranger les acquis et les réalisations   Le parti de l’étranger   Mme la sénatrice, Mr Chebbi et leurs acolytes semblent ainsi avoir manqué de logique mathématique. Leur équation fut fausse dès le départ car ils se sont limités à imaginer que l’inféodation au parti de l’étranger est la plus efficace. Ce qui a manqué à leur équation, c’est la méconnaissance du contexte tunisien actuel : un contexte de transparence et d’équité, une justice indépendante et souveraine.   Ainsi, Chebbi et ses partisans se sont, en réalité, retrouvés avec des procès-verbaux honnêtes et légitimes reflétant exactement, mathématiquement, légitimement le verdict de la justice, ce qui les contraindrait à admettre républicaine ment leur défaite. A une conspiration tronquée donc, résultat tronqué.   Ceci veut dire que les deux grévistes doivent nécessairement reconnaître techniquement une défaite qui n’en serait pas une, ou du moins une défaite qui résulte directement d’un processus manipulé.   La naïveté de Chebbi cache à peine un autre problème : quand on analyse bien sa position idéologique, on a l’impression qu’il n’a pas encore compris que la Tunisie est devenue, à force de volonté et d’ambition, une jeune nation convergente voire conquérante.   C’est donc à la racine du mal qu’il faut soigner le mal. La machination fomentée par Chebbi et sa complice la sénatrice corroborent les soupçons de plus en plus fondés sur les visées visiblement malintentionnées du parti de l’étranger   Il fallait, d’une manière comme d’une autre, boycotter activement les manifestations orchestrées par ce parti de l’étranger obnubilé à préparer les foules à la violence, à la confrontation, pour montrer aux plus crédules que l’opposition tunisienne à l’étranger a le choix entre la conquête immédiate du pouvoir ou la révolution immédiate.   Que les patriotes de bon sens lisent donc ce document. Qu’ils sachent les intentions réelles de ces opposants aigris, ces esprits chagrins, taraudés par l’évolution saine et sereine d’un pays, dont l’idéologie politique s’était orientée, dès le départ, vers une stratégie du rassemblement couplée d’une idéologie du progrès.   Vive La Tunisie   Vive la République

 


Degallaix au FDTL

 

M. Serge Degallaix, ambassadeur de France à Tunis, a effectué une visite la semaine dernière au siège du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL). L’entretien avec le secrétaire général de ce parti d’opposition a porté sur les relations privilégiées entre les deux pays et les perspectives de leur consolidation. Le Secrétaire Général a insisté sur le rôle que peut jouer la France dans le monde et, plus particulièrement dans la région méditerranéenne en vue de promouvoir la paix, la démocratie et un développement durable et pour tous. Concernant le projet d’Union Méditerranéenne, le S.G. a regretté «que ce projet, prometteur quant à ses objectifs en matière de développement et de relations économiques, fasse l’impasse sur le volet politique, considéré comme le talon d’Achille dans le processus de Barcelone.   (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1137 du 11 octobre 2007)

La semaine de cinq jours ? Pourquoi pas ?

 
Par Taïeb Zahar   Des rumeurs de plus en plus persistantes font état de l’institution, dès la fin de l’année, de la semaine des cinq jours. Ce qui est certain c’est que beaucoup de monde pense actuellement à cette possibilité —les samedi et dimanche étant des jours fériés. Si cette décision était prise, elle marquerait un profond changement du rapport du Tunisien au travail, de son comportement quotidien et aurait un profond effet sur la vie familiale et sociale. Il convient de souligner qu’elle répond à l’attente de l’écrasante majorité des Tunisiens et des Tunisiennes et que parmi les différentes hypothèses d’aménagement de l’horaire de travail, c’est celle qu’ils choisissent en premier lieu.   Les avantages de ce nouvel horaire sont évidents : cela permet en effet aux fonctionnaires et agents concernés de disposer de plus de temps libre qu’ils pourront consacrer à leurs loisirs, à leurs familles et —nous l’espérons— à leur culture. Il a également l’avantage de ne pas réduire le nombre d’heures travaillées, ce qui n’est pas négligeable quand on voit que la tendance dans certains milieux est à la réduction du temps alors que les pays qui l’ont adoptée —fort rares, il est vrai— tels que la France se sont rendus compte des conséquences négatives, tant économiques que sociales, d’une telle mesure. Il faudrait cependant, pour que le nouvel horaire réalise les objectifs que l’on attend de lui, que certaines conditions soient réunies. Un tel changement implique des comportements différents et une nouvelle culture et c’est à nous tous, pouvoirs publics, médias, associations… qu’il revient de mener une action dans ce sens.   La première condition est que le nouvel horaire ne soit pas une occasion pour travailler moins ; la tentation serait de considérer le vendredi après-midi comme une pause avant un long week-end, où l’on ferait tout sauf travailler. Ce serait contraire à l’esprit de la réforme et préjudiciable au développement du pays. D’abord, parce que si l’on commence à travailler moins ou à ne faire qu’un acte de présence le vendredi après-midi rien n’empêchera que cette pratique s’étende aux autres jours de la semaine. Ensuite, parce que notre pays doit, tout comme les autres pays en développement, travailler davantage afin de produire plus et d’accélérer le processus de croissance, vital pour l’avenir.   La deuxième condition est que des permanences soient maintenues dans les services publics en rapport avec le citoyen (Poste, municipalités, recettes des finances) afin que les usagers puissent profiter du samedi pour régler certaines affaires ; sinon, ils le feront en semaine en “grignotant” sur les heures de travail. Il faudrait également veiller à la promotion d’une véritable politique des loisirs et du temps libre pour que les fonctionnaires ne peuplent pas les cafés et les bars.   Le tourisme est incontestablement un secteur clé et l’un des plus prometteurs de l’économie nationale. La Tunisie a pu réaliser dans ce domaine des acquis significatifs, mais force est de constater aujourd’hui que nous sommes en train de marquer un certain retard par rapport à des pays concurrents qui ont su mobiliser les ressources financières et humaines, améliorer la qualité du service, investir dans la promotion et alléger et rationaliser les procédures réglementaires et administratives. En Tunisie, le développement du secteur touristique est ralenti par des facteurs qui, s’ils ne sont pas gérés à temps, risquent d’aboutir à des situations irréversibles dans lesquelles nous ne serons plus compétitifs. L’un de ces facteurs, et qui n’est pas le moins important, est le rapport du tourisme avec l’Administration. Comme toute activité publique, il est normal que cette relation existe et l’autorité de tutelle est exercée en Tunisie par le ministère du Tourisme, dont l’apport au niveau de l’encadrement, de la formation et de la promotion a été déterminant dans le développement du secteur, mais on constate qu’un autre département, celui de l’Intérieur, assume une tutelle sur le tourisme au niveau réglementaire puisque les autorisations et les licences, jusqu’aux horaires de fermeture des établissements tels que restaurants, discothèques et cafés, dépendent de lui. Le ministère de l’Intérieur obéit à des considérations qui lui sont propres, qui sont compréhensibles et que l’on ne peut contester, mais un certain assouplissement nous paraît nécessaire. On ne peut en effet, prôner une politique d’animation afin de sortir nos villes de leur ennui et les touristes du cadre, à la longue lassant, des hôtels, et en même temps fixer la fermeture de restaurants de plage par exemple ou de discothèque, dans des zones touristiques, à une heure où dans d’autres pays, proches de nous, la soirée ne fait que commencer. D’autre part, les autorisations pour l’ouverture d’un restaurant ou d’un bar dans les zones touristiques devraient être simplifiées pour éviter les attentes et le découragement des promoteurs.   Il est évident que le tourisme ne peut se développer que dans un pays où la sécurité est assurée. En Tunisie, l’état de stabilité est un atout certain pour le secteur et la prévention y joue un grand rôle, mais dans un environnement géographique régional où les risques terroristes sont réels, les autorités se doivent de prendre les mesures qui s’imposent car elles sont garantes de la sécurité des Tunisiens et de ceux qui se trouvent dans notre pays, et les citoyens acceptent volontiers certaines mesures de contrôle ou de vérification, mais il ne faudrait pas que le tourisme pâtisse de restrictions qui pourraient être mal interprétées.   (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1137 du 11 octobre 2007)

Tunisie- Espagne : Vers une nouvelle renaissance du fort de Chikly

Le XVIème siècle était un siècle de grands bouleversements politiques dans le Bassin méditerranéen

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La Tunisie, par sa position au milieu de la Méditerranée, a été au coeur des combats historiques de cette époque qui a vu se confronter deux forces, les Espagnols et les Turcs ottomans, sur son sol. Le pays a gardé la trace de cette époque à travers les forts reconstruits par Charles Quint et ses soldats lors de son occupation de Tunis de 1535 jusqu’à 1574. A part la célèbre forteresse de la Goulette, les Espagnols ont réhabilité, à l’époque, un autre fort situé au beau milieu du Lac de Tunis sur un îlot, le fort de Chikly.   Ce fort fut à l’origine une citadelle romaine, qui a été reprise et reconstruite au XVI ème siècle pour son emplacement stratégique.   Depuis 1994, il fait l’objet d’une grande opération de restauration dans le cadre d’un projet de coopération tuniso-espagnole.   Sous la direction de l’Institut National du Patrimoine et de l’Université de Madrid, le fort a été reconstitué en son état initial à l’époque espagnole car avec le passage du temps il s’est fortement dégradé. L’équipe mixte de chercheurs, une cinquantaine, a entrepris auparavant des études et des fouilles archéologiques qui ont servi à avoir des renseignements sur le fort et son architecture ancienne.   Selon l’architecte tunisien responsable du site, Adnen Ben Nejma, «les travaux ont duré une dizaine d’années, durant lesquelles on n’a pu travailler que six mois par an seulement car le reste de l’année c’est la période de nidification des oiseaux migrateurs», le site étant également une réserve naturelle. Le projet est actuellement en stade d’achèvement et sera probablement réaffecté à une autre fonction qui est encore à définir.   Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos, a visité le 4 octobre le fort en compagnie de sa délégation et du ministre tunisien de la Culture, Mohamed El Aziz Ben Achour. Il faut rappeler que le projet est financé à 100% par les Espagnols, avec un coût qui dépasse 1 million d’euros. Lors d’une conférence de presse tenue à cette occasion, M. Moratinos a tenu à préciser que le fort de Chikly, connu en Espagne comme le fort Santiago, a été cité par Cervantès dans son oeuvre « Don Quichotte ».   Il a ajouté que cette construction, qui symbolisait dans le passé les relations de tensions qui opposaient l’Espagne et la Tunisie, témoigne aujourd’hui, grâce à ce projet de restauration, des liens excellents entre les deux pays et du haut niveau de leur coopération.   M. Ben Achour, pour sa part, a relevé que « cet îlot de Chikly est devenu un symbole non seulement de l’amitié entre les deux nations mais aussi de leur respect du patrimoine et de la diversité culturelle ».   Hanene Zbiss   (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1137 du 11 octobre 2007)

Hamadi Redissi : Comment le Wahabisme a triomphé

 

En moins de dix ans, Hamadi Redissi publie son troisième grand livre. Après “Les Politiques en Islam. Le Prophète, le roi et le savant” (L’Harmattan 1998), “L’exception islamique” (Seuil, 2004) ; voilà “Le pacte de Nadjd”, ou comment l’Islam sectaire est devenu l’islam” (Seuil 2007). L’œuvre prend de l’ampleur et l’auteur devient, incontestablement, l’un des plus brillants analystes de l’histoire des idées dans l’Islam moderne et contemporain. “Le pacte de Nadjd” est d’abord le premier récit historique d’une doctrine très médiatique, mais très mal connue : le wahhabisme. Né dans le désert de Nadjd (dans l’actuelle Arabie Saoudite) dans la première moitié du XVIIème siècle, le wahhabisme devient plus de deux siècles et demi plus tard un enjeu idéologique et politique mondial après les attaques du 11 Septembre 2001. A-t-il contribué à l’émergence du salafisme jihadiste ? Voilà l’une des questions majeures au début de ce XXIème siècle. Hamadi Redissi ne se contente pas de cela. Il entreprend un gigantesque travail documentaire sur les différentes étapes du wahhabisme, des origines jusqu’à aujourd’hui. Il va même sur les lieux qui ont vu un prédicateur s’allier à un prince en 1744 (ou 1745) dans ce fameux pacte de Nadjd. Redissi y hume l’atmosphère, ausculte la géographie pour comprendre l’extraordinaire expansion d’une secte hérétique devenue aujourd’hui l’orthodoxie. C’est cela la principale intuition de Redissi. Il va l’argumenter sur trois cents trente pages. Pour les lecteurs de Réalités Hamadi Redissi s’est plié avec gentillesse à l’exercice de l’interview. Nous avons essayé de reconstituer avec lui la trame fondamentale de son essai et de parcourir plus de deux siècles et demi de débats théologique et politique. “Le Pacte de Nadjd” est actuellement disponible dans les bonnes librairies. Ne le ratez pas. Il porte un éclairage riche et nouveau sur les enjeux intellectuels et de pouvoir d’aujourd’hui. Pourquoi un livre sur le wahhabisme? D’abord par rapport à mon propre itinéraire de chercheur. Mon livre “L’exception islamique”* a été plutôt théorique et j’avais besoin de faire une enquête empirique afin d’examiner de près les enjeux théoriques que pose un cas concret. Cela pour la raison générale ; maintenant pourquoi le wahhabisme ? Parce que j’ai eu l’intuition que nombre des souffrances de l’Islam d’aujourd’hui remontent au wahhabisme, secte que beaucoup de gens ne connaissent que vaguement. Vous développez dans votre livre, à propos du wahhabisme, un concept qui peut paraître paradoxal : la secte orthodoxe. C’est quoi exactement? En examinant le wahhabisme in-concreto, je me suis rendu compte qu’il y avait un aspect tout à fait sectaire : anticommunautaire, fanatique, mysogine, misanthrope et antisémite. D’un autre côté le wahhabisme participe à l’orthodoxie générale de ce qu’on appelle “les gens de la Sunna (tradition prophétique) et de la communauté”. Ce statut ambigü a permis au wahhabisme d’avoir une telle longévité (plus de deux siècles et demi). Je tiens à préciser que la notion de secte n’est pas du tout péjorative, mais qu’elle décrit un phénomène particulier. Comment avez-vous procédé pour votre enquête empirique sur le wahhabisme ? J’ai constitué mon enquête empirique à travers deux grands corpus. Le premier est documentaire. Il est fait de manuscrits que j’ai eu beaucoup de peine à trouver. J’ai constitué un corpus documentaire fait de textes rares et épars dans différentes bibliothèques : aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en France… J’ai mis beaucoup de temps et d’énergie à collecter ces textes. Le deuxième corpus est une enquête sur le terrain que j’ai effectuée en Arabie Saoudite. Je suis allé sur les lieux et les traces du wahhabisme des origines : Al Dirya et le Najd central. Région où Muhammed Ibn Abd al-Wahhab a vécu. Tous les auteurs du XIXème siècle décrivent Al Dirya comme un amas de ruines. J’ai tellement lu sur cette ville que quand j’y suis parti je la connaissais maison par maison. Votre enquête de terrain vous a-t-elle permis de sentir le souffle wahhabite ? Absolument. Al Dirya est un lieu inaccessible. Cela permet de comprendre la géopolitique d’une secte. Prendre un lieu inaccessible et faire des raids hors territoire en étant soi-même protégé par des montagnes, que ce soit à Alamut (pour les Hachachines / Assassins, une secte du chiisme ismaélien), à Tora Bora (pour Al Qaïda de Ben Laden) ou Al Dirya, cela vous donne une supériorité guerrière extraordinaire. Si le wahhabisme a pu se développer et résister, c’est à cause de cela essentiellement. Le wahhabisme s’est appuyé aussi sur les Anazas, la plus grande confédération tribale de l’Arabie Saoudite au XVIIème siècle. Si vous aviez à définir le wahhabisme d’une manière succincte, que diriez-vous ? On peut dire que le wahhabisme des origines est un néo-kharijisme (les kharijistes sont une secte qui a vu le jour au premier siècle de l’Hégire, connue par son fanatisme et rigorisme extrême). Cela est clair d’après la trame tribale et aussi par la doctrine : un puritanisme foncier égalitariste et le refus de toutes formes d’intercession. Ils estimaient que les Musulmans vivaient dans une néo-jahylia (la jahylia désigne la période anti-islamique des Arabes) et qu’il fallait les réislamiser par le jihad. Le wahhabisme des origines est une révolte à la Saheb el Himar (chef kharijite qui s’est rebellé contre le pouvoir fatimide en Tunisie) au nom du dogme de l’unicité. Entre le pacte de Najd, qui a scellé le début effectif du wahhabisme en 1744 (ou 1745) et sa victoire définitive en 1932 (la réunification de l’Arabie centrale par les Al Saoud) il y a près de deux siècles. Comment expliquez-vous que cette secte ait pu résister pendant deux siècles ? Les bastions wahhabites étaient éloignés des lieux du culte, la Mecque et Médine, de plus de huit cents kilomètres. Ils n’intéressaient pas les grands empires environnants, que ce soit l’ottoman ou le britannique. Les wahhabites étaient quasiment en dehors de l’histoire et de la géographie, ce qui leur permit, même suite à des défaites militaires, de pouvoir se reconstituer loin des regards ennemis. Quand Mohamed Ali d’Egypte les défit au début du XIXème siècle, il était obligé de retourner chez lui. Une fois les armées parties, les bédouins wahhabites “reprirent” du poil de la bête. Il faut ajouter que les descendants d’Ibn Abd al-Wahhab, c’est-à-dire les garants de la pureté doctrinale, avaient eu l’intelligence de ne jamais interférer dans les luttes intestines des Saoud. Ils ont toujours ratifié l’imamat des vainqueurs. Nous sommes obéissants à l’intérieur, mais belliqueux à l’extérieur. Cela scellait durablement le pacte de Najd, conclu entre Muhammad Ibn Saoud et Muhammad Ibn Abd al-Wahhab. Qu’est-ce qui a fait que les wahhabites triomphent en 1932 ? Cela revient en grande partie à la constitution des “Frères”. C’est un genre de communisme de guerre. Voilà des nomades, même pas des bédouins, que les wahhabites sédentarisent et endoctrinent. On leur dit que tout le monde extérieur est impie. Ces campements militaires, constitués en 1912, ont été de l’avis de tous les chercheurs le bras armé qui a rendu la victoire d’Abdelaziz Ibn Saoud possible en 1932. Les expériences précédentes ont montré que les bédouins étaient inconstants et les citadins ne pouvaient pas guerroyer plus de quatre mois par an. Les “Frères” constituaient des camps militaires qui vivaient uniquement pour la guerre. A l’image de ce que fut la Koufa du temps du second Calife, Omar Ibn al-Khatttab… Absolument, et les “Frères” sont les Qurra (Récitants du Coran) dont la vie était partagée entre la prière et la guerre. Je dirais aussi que le wahhabisme est pour les chercheurs une chance extraordinaire. Il nous permet de voir une secte médiévale in-vivo. Si vous voyez un cheïkh wahhabite ajourd’hui, vous pouvez imaginer ce qu’était des sectes comme les kharijites ou les ismaéliens au Moyen-âge. Si les wahhabites sont des néo-kharijites, pourquoi vouent-ils une grande haine aux “sectes hérétiques” comme les kharijites et les chiites ? Je pense que cela est dû à la culture dogmatique. On peut être contre le fanatisme et être, cependant totalement fanatique. Mon livre est, en quelque sorte, un rapport de police philosophique sur le fanatisme. Le débat qui a opposé les wahhabites à l’Islam institutionnel durant un siècle et demi montre à quel point l’Islam institutionnel s’est opposé au wahhabisme. Qu’est-ce qui fait que cette opposition ait quasiment disparu aujourd’hui ? A part le récit historique sur le wahhabisme dans mon livre, le cœur de mon questionnement était celui-là : J’ai fait état de plus cinquante réfutations du wahhabisme sur une base théologique sérieuse écrite par des ulémas. Je me suis posé la question suivante : comment se fait-il qu’après une campagne aussi dure et étendue contre le wahhabisme, on a même accusé Ibn Abd al-Wahhab d’athéïsme et de prétention à la prophétie, subitement le wahhabisme a été réhabilité. Je propose une piste pour la discussion : le wahhabisme a été réhabilité par la tradition, parce que l’hérésie est devenue la nouvelle orthodoxie. L’Islam sectaire et anti-orthodoxe a vaincu à la fin du XIXème siècle. Plus précisément… La tradition tardive est constituée par des ulémas qui connaissaient parfaitement leurs classiques. Ils refusaient l’Ijtihad, s’alliaient aux Saints et aux marabouts. Ils étaient citadins, notables et obéissants. Cet Islam là va être battu à la fin du XIXème siècle par les nouveaux clercs de l’Islam. Ils sont en dehors de l’institution religieuse. Ils écrivent dans les journaux. C’est le mouvement Nahda initié par El Afghani et Abdoh. Les réformistes disent : l’Islam est en déclin, les responsables sont les ulémas, les marabouts et les princes tyranniques. C’est exactement ce que disait Ibn Abd al-Wahhab au XVIIème siècle. Le réformisme est une hérésie mineure de l’intérieur. C’est une bonne hérésie parce qu’elle permet à l’Islam de se réformer. Mais cette hérésie mineure a ouvert la boite de Pandore: tous les Musulmans sont devenus des Fakih et cela dure jusqu’à maintenant. Auparavant personne n’osait parler en présence des cheïkhs d’Al Azhar ou de la Zitouna. C’est cela ma thèse. Vous dites dans votre livre que c’est Rachid Ridha, disciple d’Abdoh, qui a réalisé la jonction entre le réformisme et le wahhabisme Absolument. Rachid Ridha était un agent wahhabite. Il a publié la plupart de leurs tracts à leurs frais. Il en a commenté quelque-uns et les a défendus avec acharnement dans une série d’articles qu’il a plus tard publiés dans un livre “Les Wahhabites et le Hijaz”. Rachid Ridha a fait la jonction entre le réformisme hérétique du XIXème siècle et le wahhabisme comme faisant partie des “gens de la tradition et de la communauté”. Il n’est pas le seul à avoir fait cela . Il y a Mohyeddine al Khatib en Egypte, Tahar Al-Jazaïri en Syrie, Chokri Alussi en Irak et bien d’autres… C’est un néo-fondamentalisme qui hérite du réformisme d’El Afghani et de Abdoh. Ceux-là n’étaient pas des wahhabites. Il sont parfois anti-wahhabites, mais ils participent de la même conception de la tradition. Résultat : le wahhabisme a été réhabilité bien avant l’ère du pétrole, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. On aurait pu penser, en vous écoutant, que le mouvement des “Frères Musulmans”, fondé par l’Egyptien Al Banna en 1928, serait une continuation du wahhabisme… alors que vous dites dans votre livre qu’il n’en est rien… Dans un premier moment les “Frères Musulmans” n’ont rien à voir avec le wahhabisme, bien que leur culte du secret rappelle, lui aussi, les sectes hérétiques du Moyen-Âge. Les signes de reconnaissance, une bague particulière, et les chiffres magiques, le nombre dix, fait d’eux, à leur début, une sorte de loge maçonnique. Mais ils formaient quand même un parti moderne dans une Egypte libérale. Al Banna n’est jamais allé en Arabie Saoudite. Jusqu’en 1954 les leaders des Frères Musulmans avaient des critiques dures contre le wahhabisme. Certains d’entre eux le qualifièrent de régime corrompu et monarchique. Les “Frères Musulmans” étaient foncièrement anti-monarchiques. C’est la répression d’Abdennasser qui va rapprocher les Frères Musulmans des wahhabites. Il y a eu alors une greffe dans les deux sens. Le wahhabisme a été idéologisé et les Frères Musulmans ont été traditionnalisés. Est-ce qu’on peut dire que ce sont les Frères Musulmans qui ont introduit le wahhabisme dans l’histoire ? Sur le plan intellectuel, absolument. Sans les Frères Musulmans le wahhabisme serait resté une idéologie locale et provinciale. C’est l’argent du pétrole et l’idéologie islamiste qui ont donné au wahhabisme une dimension mondiale. Vous avez parlé tout à l’heure d’un siècle et demi de réfutation du wahhabisme dont on retrouve la trace en Tunisie et au Maroc. Ces réfutations sont-elles toujours d’actualité? Pour l’essentiel ces réfutations appartiennent au monde du passé. Le wahhabisme était plus “moderne” que ses réfutateurs ? Oui, si l’on maintient les guillemets pour moderne. L’une des plus grandes critiques des ulémas aux XVIIIème et XIXème siècles était que le wahhabisme ouvrait les portes de l’Ijtihad et refusait l’imitation des anciens. Les ulémas reprochaient aux wahhabites leur refus de toute intercession, fût-elle celle du Prophète. Ce débat n’intéresse plus personne aujourd’hui. Ce qui est encore d’actualité, c’est la question de l’Ijtihad (et là les wahhabites étaient en avance sur la tradition) et deuxièmement le takfir (l’anathème) et là on retrouve les passerelles avec l’Islam sectaire radical. Le wahhabisme a-t-il eu une influence sur l’Islam non-arabe ? Oui. Le wahhabisme a eu une grande influence sur les Musulmans de l’Inde au XIXème siècle. On y retrouve les mêmes débats et polémiques autour du wahhabisme. Les wahhabites ont-ils eu une influence sur la Jamaa Islamyaa de l’Indo-Pakistanais Al-Mawdoudi ? Pas au début. Plus tard, à l’instar des Frères Musulmans, il y a eu des connexions et des convergences. Voilà que des gens qui ne se connaissent pas et qui ont des filiations idéologiques différentes se retrouvent et se rejoignent. Il y a des affinités électives qui donnent lieu à des liaisons dangereuses. Ces liaisons dangereuses reposent sur une matrice commune que j’ai appelée la destruction mosaïque : c’est-à-dire ériger une destruction au sein des Musulmans eux-mêmes entre la vraie et la fausse religion. Le wahhabisme a anticipé ce mouvement, d’où sa réhabilitation. La thèse devient : c’est l’hérésie (le réformisme et l’islamisme) qui réhabilite l’hérésie (le wahhabisme). Maintenant c’est l’hérésie qui est devenue la nouvelle orthodoxie. Dans ce passage de l’hérésie à la nouvelle orthodoxie, qu’est-ce qui a changé dans le wahhabisme ? Rien. La grande victoire du wahhabisme est qu’il n’a rien changé. Ce sont les autres qui ont changé. Après le 11 septembre 2001, le wahhabisme est-il en train de changer ? Oui. Le wahhabisme est devenu la tradition. Il a repris les mêmes arguments que ses anciens réfutateurs contre ce qu’il appelle les néo-kharijites (les salafistes, jihadistes). Le jihadisme est-il une excroissance du wahhabisme ou de l’islamisme ? Les deux à la fois. Les jihadistes se réclament des deux traditions. Le salafisme-jihadisme est-il une chance ou une catastrophe pour le wahhabisme ? Aujourd’hui le wahhabisme est dans de beaux draps ! Il est dans une phase très défensive. La monarchie tente d’ouvrir de nouveaux ponts avec les islamistes modérés (les Frères Musulmans) afin que les wahhabites ne soient plus les seuls piliers du régime. Les wahhabites, tout en étant contre l’Islam violent, refusent toujours les réformes libérales. Y a-t-il, en Arabie Saoudite, une critique ouverte contre le wahhabisme ? Oui. J’y ai consacré le dernier chapitre de mon livre. Il y a des critiques ouvertes contre le wahhabisme dans des journaux comme “Al Watan”, mais uniquement en phase critique. Quant les choses se calment, la critique disparaît. Sur quoi reposent les critiques des intellectuels saoudiens ? Le premier reproche des intellectuels saoudiens est l’exclusivisme des Ecoles du rite. Le wahhabisme a interdit le malékisme, le hanafisme et le chaféisme. On n’enseigne que l’école hanbalite. Ces intellectuels demandent de mettre fin à cet exclusivisme des écoles. Le second se rapporte aux réformes politiques. Les intellectuels accusent les wahhabites d’être la cause des difficultés du pays. * “L’exception islamique” de Hamadi Redissi. Seuil-Paris 2004. Réédité par Cérès Productions. Tunis 2005. Interview réalisée par Zyed Krichen   (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1137 du 11 octobre 2007)


Première visite d’Etat de Nicolas Sarkozy au Maroc à partir du 22 octobre

AFP, le 16 octobre 2007 à 08h16
PARIS, 16 oct 2007 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy effectuera à partir du 22 octobre au Maroc une visite d’Etat de trois jours, la première depuis son élection le 6 mai. Au cours de ce déplacement, le chef de l’Etat français se rendra successivement à Marrakech, Rabat, puis Tanger. Une première visite du président français au Maroc avait été programmée début juillet dans le cadre d’une tournée qui l’a conduit en Algérie et en Tunisie. Mais cette étape marocaine avait été annulée en dernière minute à la demande de Rabat.   « Le roi (du Maroc Mohammed VI) souhaitait que ma première visite au Maroc soit une visite d’Etat », avait alors expliqué Nicolas Sarkozy à la presse, assurant qu’il n’y avait pas « l’ombre d’une brouille » entre les deux pays. L’épouse de Nicolas Sarkozy, Cécilia, ne devrait pas participer à ce voyage, a indiqué lundi lors de son point de presse hebdomadaire le porte-parole de la présidence David Martinon, alors que les rumeurs sur une séparation du couple présidentiel vont bon train depuis plusieurs jours.   AFP

Allemagne: catholiques et juifs soutiennent la construction de mosquées

 
AFP, le 15 octobre 2007 à 16h12 BERLIN, 15 oct 2007 (AFP) – Les communautés catholique et juive d’Allemagne ont pris fermement la défense lundi de la construction de mosquées en Allemagne, réfutant les arguments alarmistes d’intellectuels, religieux et hommes politiques qui dénoncent l’islamisation rampante de l’Allemagne.   La légitimité des musulmans lorsqu’ils construisent des mosquées est « évidente », et les 3,4 millions de fidèles de l’islam en Allemagne ont droit à des lieux de prière « dignes », a déclaré le président du comité central des catholiques allemands, Hans Joachim Meyer.   Les traditions des musulmans comme le voile doivent être respectées, pourvu qu’ils adhérent par ailleurs aux valeurs occidentales de base: « les temps ne sont pas si loin dans l’Eglise catholique où une femme qui allait à la messe ne pouvait s’y rendre en pantalon ou sans couvre-chef », a-t-il observé dans le journal Neue Osnabrücker Zeitung.   Le conseil central des juifs d’Allemagne a jugé aussi que le droit des musulmans de bâtir des mosquées « tombait sous le sens ». « Nous ne pouvons lutter contre les islamistes qu’ensemble avec les musulmans dans les mosquées », a dit Stephan Kramer, son secrétaire général, au journal en ligne Netzeitung. L’intégration, a-t-il dit, sera renforcée quand les musulmans ne prieront plus dans des « arrière-cours ».   Les musulmans disposent de 159 mosquées (non compris les nombreuses salles de prière) dispersées dans le pays et veulent plus que doubler ce chiffre dans les mois et les années à venir.   L’ancien ministre-président conservateur de Bavière, Edmund Stoiber, avait défendu le mois dernier « la culture dominante en Allemagne (chrétienne) qui s’est développée depuis des siècles en Allemagne ». « C’est pourquoi (…), les cathédrales peuvent être plus grandes que les mosquées », avait-il lancé.   D’autres sont allés encore plus loin. L’écrivain Ralph Giordano a qualifié de « déclarations de guerre » la construction de grandes mosquées avec minaret en Allemagne, comme celle en projet à Cologne (ouest). Certains mosquées comme celle de Duisbourg (ouest) font cependant figure de modèles d’intégration.    


Analyse

L’islam est-il soluble dans l’espace ?,

par Sylvie Kauffmann Courriel : lettredasie@lemonde.fr   Muszaphar Shukor est un pionnier. Il est, d’abord, le premier Malaisien dans l’espace, où il a été propulsé mercredi 10 octobre par une fusée Soyouz pour rejoindre la station spatiale internationale (ISS) en compagnie du Russe Iouri Malenchenko et de l’Américaine Peggy Whitson. D’une certaine manière, il était prédestiné – son prénom, en arabe, signifie « victorieux ». Mais ce n’est pas tout. Ce médecin de 35 ans, mannequin à ses heures, qui aspire à devenir « le Gagarine malais », est aussi le premier musulman à se trouver en orbite pendant le ramadan, dans une station, qui plus est, commandée par une femme.   Tout était tellement plus simple pour Gagarine. Muszaphar Shukor, lui, a contraint les autorités religieuses de Malaisie à se pencher longuement sur une question que le Prophète n’avait pas envisagée : comment observer les rituels religieux lorsque l’on tourne seize fois par jour autour de la Terre, que l’on perd La Mecque de vue, que l’apesanteur rend les génuflexions délicates et que l’eau n’est pas prévue pour les ablutions ?   Le problème a été soulevé dès juin 2003, lorsque le gouvernement a annoncé son intention d’envoyer un Malaisien dans l’ISS. De nombreuses opinions ont été émises. En avril 2006, l’Agence nationale spatiale de Malaisie et le département du développement islamique ont organisé un séminaire conjoint sur « l’islam et la vie dans l’espace ». Ces travaux ont abouti à l’élaboration d’une brochure, Instructions pour observer l’ibadah (rituel religieux) à bord de l’ISS. L’eau est ainsi remplacée par des serviettes en papier (trois minimum) pour l’istinja, rituel observé après les besoins naturels. L’ablution avant la prière se fait sans eau, en touchant une surface propre de ses paumes ouvertes. La prière a lieu cinq fois par jour en respectant le fuseau horaire de Baïkonour, au Kazakhstan, d’où a décollé l’astronaute, dans diverses positions adaptées aux conditions de vol. L’astronaute jeûne aux heures normales (heure de Baïkonour) mais peut aussi choisir de compenser le jeûne à son retour sur Terre.   Ce luxe de procédures peut paraître excessif lorsque l’on sait que Muszaphar Shukor n’aura passé que deux jours de ramadan sur ses neuf jours en orbite, puisque la fête de l’Aïd a mis fin au jeûne samedi, mais il montre que pour les musulmans d’Asie, l’espace fait désormais partie de l’univers religieux. Il fallait assouplir le rituel puisque, conclut la brochure, « l’islam encourage les voyages dans l’espace » – un signe que Jean-Pierre Filiu, expert du monde arabo-musulman, analyse comme révélateur de la modernité de l’islam hadhari ou « civilisationnel » que promeut la Malaisie, face au wahhabisme d’Etat de l’Arabie saoudite. Devant l’enthousiasme soulevé par l’odyssée du cosmonaute dans son pays, l’un des muftis de Malaisie a d’ailleurs regretté qu’il n’y ait pas plus de cosmonautes musulmans et moins de théoriciens islamiques : « Les musulmans devraient être à l’avant-garde de la science et de la technologie, y compris dans l’exploration de l’espace », a-t-il dit.   Car il n’y a pas de temps à perdre. L’Asie est lancée dans la conquête de l’espace, à laquelle elle imprime de plus en plus sa dynamique propre. Dans le club restreint des pays qui assurent eux-mêmes le lancement de leurs satellites, la moitié sont déjà asiatiques : la Chine, le Japon et l’Inde, aux côtés des Etats-Unis, de la Russie et de la France. Mais ils voient plus loin : ils visent la Lune.   Cinquante ans après le lancement de Spoutnik, le premier engin spatial, le 4 octobre 1957 par l’URSS, la Fédération internationale de l’astronautique vient de tenir son congrès mondial annuel à Hyderabad, l’une de ces villes indiennes stimulées par la croissance. Tout un symbole, tant l’Inde affiche aujourd’hui ses ambitions spatiales. Depuis le lancement de son premier satellite en 1980, son programme spatial, longtemps tourné vers l’aide à l’agriculture, a fait du chemin. Doté à présent d’un budget de 900 millions de dollars, il prévoit 60 missions dans l’espace dans les cinq prochaines années, soit une moyenne de douze par an. Le 9 avril 2008, l’Inde lancera sa première sonde lunaire, Chandrayaan 1, pour une mission de deux ans ; puis Chandrayaan 2 placera un rover à la surface de la Lune.   Partie plus tôt – elle a lancé son premier satellite en 1970 -, la Chine en est déjà au stade des vols habités. Le premier est parti du désert de Gobi il y a quatre ans. Pour ce programme Shenzhou, qui prévoit le lancement d’un laboratoire orbital habité après 2010, elle a débloqué 2,3 milliards de dollars. Et, pour elle aussi, c’est objectif Lune : sa première sonde en orbite lunaire, Chang’e 1, doit être lancée avant la fin 2007. Chang’e 2 et 3 iront parfaire le travail sur la Lune d’ici à 2015.   A Hyderabad, le chef de l’Agence spatiale chinoise, Sun Laiyan, a estimé logique que la Chine envoie ensuite un homme sur la Lune, à partir de 2020. Mais le Japon, après pas mal de déboires techniques, a peut-être quelques longueurs d’avance, et la fusion de ses deux organisations spatiales devrait lui donner de l’élan. Il y a dix jours, Tokyo a placé avec succès sa première sonde en orbite autour de la Lune, avant la Chine et l’Inde.   Pourquoi cette effervescence ? Pour Roger-Maurice Bonnet, président du Comité mondial de la recherche spatiale, « il y a, bien sûr, la compétition non avouée mais réelle entre la Chine et l’Inde. Mais il y a aussi la Lune, cet objet médiatique que chacun rêve de s’approprier, alors pourquoi ne pas y aller soi-même, plutôt que de la laisser aux Américains, qui n’iront probablement pas ? » Après tout, si les Américains ont des visées stratégiques sur la Lune, ou plus simplement espèrent y extraire de l’hélium-3 ou des minerais, pourquoi les puissances émergentes leur feraient-elles ce cadeau ? L’Inde et la Chine, « en voie de dominer le monde de l’espace », seront sur la Lune avant que les Etats-Unis n’y retournent, M. Bonnet n’en doute pas. Mais le calcul, dit-il, risque de s’avérer naïf : on ne sauvera pas la Terre en allant sur la Lune.   POST-SCRIPTUM. A propos du désastre économique birman, un lecteur nous précise que l’on voit, en temps normal, dans les rues de Rangoun (qu’est-ce qu’un « temps normal » à Rangoun ? c’est un autre débat), des vélos attelés d’un side-car, certes antiques, mais n’en fournissant pas moins un moyen de locomotion bon marché, alors que nous déplorions l’absence de deux-roues. Un autre juge « hypocrite » d’évoquer la présence des entreprises asiatiques en Birmanie sans mentionner celle de Total – omission réparée. Signalons que Cartier et Bulgari ont décidé de ne plus se fournir en pierres précieuses auprès de la junte.   (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 16 octobre 2007)

 


 

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