16 janvier 2010

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3525 du 16.01.2010

 archives :www.tunisnews.net 


Mediapart: Tunisie : Un autre journaliste condamné à la prison Le Monde: Mme Ben Brik plaide la cause de son mari à Paris et à Strasbourg Nouvelobs: L’épouse de Taoufik Ben Brik pour un cri d’alarme

Hatem Krichen: Des questions sans réponse

Luiza Toscane: Les démocraties les renvoient, la Tunisie les torture

Libération: 4.000 personnes marchent pour Hakim

Medi 1 Sat TV s’intéresse au Remaniement ministériel en Tunisie et invite Abdel Wahab Hani pour le commenter

Le Monde: L’Algérie tente de s’attaquer au fléau de la corruption

 

Tunisie : Un autre journaliste condamné à la prison


Par Mohammed Yefsah Le journaliste tunisien Fahem Boukadous a été condamné le 13 janvier dernier, à quatre ans de prison ferme par le Tribunal de Gafsa. Fahem Boukadous a été parmi les rares, voire l’unique reporter à avoir couvert, au premier semestre 2008, la révolte populaire du bassin minier de Gafsa, pour la chaîne satellitaire El Hiwar Ettounsi. Ceci n’était pas du goût du régime tunisien. Il est à rappeler que cette région du sud tunisien, notamment la ville Reydef, située à 400 kilomètres de Tunis, a été quadrillée par les forces de l’ordre, durant presque six mois. Les journalistes étaient systématiquement refoulés pour ne pas donner d’information. La révolte s’est soldée par la mort de deux jeunes et l’arrestation d’une centaine de personnes, dont une trentaine condamnées, en décembre 2008, à de lourdes peines allant de 2 ans à 10 ans de prison. La répression de ce mouvement populaire a soulevé une campagne d’indignation et de solidarité avec les prisonniers, dont une majorité sont des syndicalistes et animateurs du mouvement social, lancée au niveau national et international. Le président Zine El-Abdine Ben Ali, en entamant son cinquième mandat, leur a ainsi accordé, le 24 novembre 2009, une grâce présidentielle sous forme de liberté conditionnelle. Mais cette grâce n’a pas touché les condamnés par contumace, dont le président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR), Mouhieddine Cherbib et le journaliste Boukadous, condamnés respectivement à 10 ans et 6 ans de prison ferme. En effet, Boukadous, accusé de « constitution d’association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens », a fait appel de son premier jugement. Il a vu alors la confirmation, en février 2009, de sa peine par le tribunal de Gafsa. Le 24 novembre de l’année passée, après sept mois de clandestinité, Boukadous se présente de son propre grès aux autorités, en espérant avoir un jugement équitable et confiant pour n’avoir fait que son travail de journaliste. Or la justice ne l’a pas entendu de cette oreille et le régime ne lui a pas pardonné d’avoir donné des informations proches de la réalité à la différence de celles diffusées par les médias proches du pouvoir. « Cette décision est tout simplement scandaleuse. C’est la première fois que les accusations ne portent que sur les activités professionnelles d’un journaliste. D’habitude, les autorités tunisiennes utilisent des mascarades judiciaires », a dénoncé Reporters sans frontières. Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), espère « que la procédure d’appel qui doit être lancée aboutira à un jugement cette fois équitable », tout en exigeant « la libération immédiate » du journaliste . Cette nouvelle condamnation vient donc allonger le nombre de journalistes emprisonnés en Tunisie, dont Zouheir Makhlouf et Taoufik Ben Brik. La famille de ce dernier a entamé une grève de la faim, depuis le 06 janvier, afin d’alarmer l’opinion publique sur la dégradation de l’état de santé du journaliste, atteint du syndrome Cushing, maladie qui attaque le système immunitaire et qui nécessite un suivi médical rigoureux. L’épouse de Taoufik Ben Brik, Azza Zarrad, actuellement en France, a sollicité une audience auprès du président Nicolas Sarkozy afin de lui demander de « convaincre Ben Ali de respecter ses engagements en matière de droits de l’homme ». Mohammed Yefsah

 
(Source: Mediapart.fr le 16 janvier 2010)


Mme Ben Brik plaide la cause de son mari à Paris et à Strasbourg

 


 
Entre les proches de Taoufik Ben Brik, le journaliste tunisien qui purge une peine de six mois de prison ferme à la suite, selon ses mots, d’un « traquenard » de la police, et le régime du président Ben Ali, une partie incertaine va se jouer, mardi 19 janvier, à Strasbourg. L’enjeu pour les défenseurs du journaliste, connu pour ses écrits féroces contre le successeur de Habib Bourguiba : obtenir des parlementaires européens une résolution qui condamne la Tunisie pour son peu de respect des droits de l’homme et exige la libération de M. Ben Brik.
 

 

La partie n’est pas gagnée d’avance. Les ONG ont beau fustiger régulièrement le « régime policier » mis en place par M. Ben Ali – au pouvoir depuis vingt-trois ans -, Tunis compte des alliés à Strasbourg jusque dans les rangs des socialistes français, espagnols et italiens. Pour raffermir leurs rangs, une délégation d’élus tunisiens est déjà à pied d’oeuvre à Strasbourg. « Ça va être difficile, reconnaît Azza Ben Brik, autorisée par Tunis à venir plaider la cause de son époux. A défaut d’une résolution, on devra peut-être se contenter d’une recommandation », d’une portée moindre. En attendant la joute de Strasbourg, Mme Ben Brik a choisi de plaider la cause de son mari à Paris. Arrivée mercredi soir en France, elle va demander à rencontrer le président Nicolas Sarkozy, son épouse, Carla Bruni, les « amis de la Tunisie », dont le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et les dirigeants des partis politiques de droite comme de gauche. Le ministre des affaires étrangères figure également sur sa liste. Le sort fait à Taoufik Ben Brik exaspère Bernard Kouchner, mais « que faire lorsque les démarches diplomatiques n’aboutissent à rien sinon à aggraver le sort du détenu », s’interrogeait en privé le ministre il y a quelques jours. Pour Mme Ben Brik, Tunis s’ingénie à détruire à petit feu son mari, de santé fragile et détenu loin de son lieu de résidence : « J’ai droit à une visite par semaine. Et ses avocats à aucune. Il me faut cinq heures de route aller-retour pour une visite de cinq minutes. Parfois moins, si l’on parle d’autre chose que de la famille ou de ses problèmes de santé. » Placé dans une cellule collective, son mari est interdit de toute lecture. « Il n’a ni radio ni télé. Il n’a même pas le droit d’avoir un crayon », dit-elle. Pour faire libérer le journaliste, ses frères et soeurs, ainsi qu’Azza Ben Brik, observent depuis une semaine une grève de la faim.  

Jean-Pierre Tuquoi
 
(Source: « Le Monde » (Quotidien – France) le 17 janvier 2010)


L’épouse de Taoufik Ben Brik pour un cri d’alarme


 
NOUVELOBS.COM | 15.01.2010 | 17:33 Azza Zarrad est en France pour interpeller les autorités sur le sort du journaliste emprisonné en Tunisie. Rencontre. Azza Zarrad, l’épouse de Taoufik Ben Brik, le journaliste tunisien dissident détenu à Siliana, à 130 km de Tunis, est en France afin de rencontrer « les autorités françaises et surtout les amis de la Tunisie’ . « Je ferais tout ce qui est possible, J’essaierai de rencontrer Frédéric Mitterrand, Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, les chefs de l’opposition, des membres de l’UMP…, a-t-elle confié, vendredi 15 janvier, à Nouvelobs.com. Mon mari est très affaibli, la semaine dernière, il tenait à peine debout. Il risque de mourir à tout instant », a-t-elle ajouté. Taoufik Ben Brik est atteint du syndrome de Cushing, maladie dégénérative des défenses immunitaires, qui nécessite un suivi régulier. Le 6 janvier, Azza Zarrad et des proches du journaliste ont entamé une grève de la faim pour lancer un cri d’alarme sur son état de santé « catastrophique ». « J’aurais préféré un procès politique… » Taoufik Ben Brik a été condamné le 26 novembre à six mois de prison pour l’agression d’une femme, mais ses proches dénoncent une manipulation destinée à le faire taire, après des écrits très critiques dans la presse française sur le régime tunisien. Pour Azza Zarrad, « c’est un coup monté. Taoufk n’a jamais agressé une femme… J’aurais préféré que la Tunisie lui intente un procès politique en disant voilà il a écrit telle ou telle phrase… Mais non, ils ont choisi un procès de droit commun pour avoir l’opinion publique contre lui, c’est un dénigrement de Taoufik », ajoute-t-elle Depuis son emprisonnement, les autorités tunisiennes multiplient les intimidations contre les proches du journaliste: « Je suis complètement isolée, le téléphone ne passe pas, les mails ne passe pas, le courrier n’arrive pas. a raconté Azza Zarrad. On est constamment encerclé par la police. Mon fils a été accompagné à l’école par des motards… C’est affreux !» Une carte postale pour Sarkozy Azza Zarrad a précisé être aussi en France à l’appel de militants tunisiens des droits de l’Homme, qui viennent d’éditer une carte postale clamant « Libérez Ben Brik » et montrant le visage du journaliste, adressée au président français au Palais de l’Elysée et déjà affranchie.
 »Nous commençons aujourd’hui à diffuser ces cartes », a-t-elle dit.
 « Et le 20 janvier, une réunion publique sera organisée à la Mairie du 2e à 19h30, ouverte à tous ceux qui veulent se solidariser avec Taoufik et qui veulent appeler à sa vie et à sa liberté », a-t-elle ajouté. Mi-décembre, la famille de Taoufik Ben Brik et son avocat français avaient déjà demandé dans une lettre au président Nicolas Sarkozy d’intervenir en faveur du détenu auprès de son homologue tunisien.
Dénoncée comme un « procès d’opinion » par les organisations de défense de la presse et des droits de l’Homme, l’affaire avait provoqué des tensions entre Tunis et Paris : Bernard Kouchner s’était dit « déçu » par les arrestations de journalistes en Tunisie, les jugeant « inutiles » alors que le président Ben Ali venait d’être réélu avec 89,62% des voix. (Malika Elkord – Nouvelobs.com)
 

Des questions sans réponse


Par Hatem Krichen En vue  de l’agitation autour du cas Ben Brik et la disproportion que prend cette affaire, quelques questions méritent d’être posées. Si l’on commence par le commencement de l’affaire ; une femme dépose plainte pour agression, insulte et dégradation de bien contre un homme qui s’est avéré journaliste et opposant au régime. Cette femme, n’est ni membre du gouvernement tunisien, ni haut responsable de l’état tunisien, ni même fonctionnaire. Alors une première question s’impose : que vient faire l’état dans ce procès civil ? La justice a examiné la plainte, il y a eu instruction, on a instruit à charge et à décharge. Un procès public a bien eu lieu, et les membres du jury ont écouté les deux parties. Un jugement a été rendu, il reflète la vision des jurés de l’affaire tel qu’elle a été rapportée à la cours, d’ailleurs, je ne crois pas qu’il y ait eu un quelconque vice de forme ou de procédure de la part de la justice. Question n° 2 : Que reproche-t-on à la justice ? Elle a fait son travail en vue des éléments qui lui ont été exposés. Question n° 3 ; si l’une des deux parties n’est pas satisfaite du verdict, qu’est ce qui l’empêche de faire appel ? Tout ce qui a été écrit sur le forum est à sens unique. Peu de gens ont pensé à cette dame qui s’est faite agressée. Elle a vraiment eu peu de soutien. Question n°4 : Que sait-on sur son état et les dégâts corporels et psychologiques qu’elle a eu ? La question n°5  découle des revendications diverses et variées : quel serait le sentiment de quelqu’un qui s’est fait agressé et qui voit une justice rendue mais pas appliquée ? Finalement, ce débat signifie-t-il que nous voudrions une justice à deux niveaux ? Une qui concerne celles et ceux qui ont un pouvoir de lobbying et d’influence et une deuxième qui concerne les autres ? Je n’en suis pas convaincu.  


 

Les démocraties les renvoient, la Tunisie les torture

Luiza Toscane

vendredi 15 janvier 2010

Depuis le 11 septembre 2001, les renvois de Tunisiens craignant, avec raison, d’être torturés ou soumis à de mauvais traitements dans leur pays se sont accélérés et multipliés, au mépris des conventions ratifiées par les États démocratiques. [1] * Salem Zirda, Tunisien réfugié en Allemagne, renvoyé par les Etats-Unis via la Hollande le 13 mai 2002, torturé et condamné à sept ans d’emprisonnement et cinq ans de « contrôle administratif » par un tribunal militaire. Libéré en 2009, il doit émarger tous les jours loin de chez lui et ne peut travailler. * Taoufik Selmi, Tunisien demandeur d’asile au Luxembourg, renvoyé en Tunisie le 3 avril 2003, torturé et condamné à six ans d’emprisonnement et cinq ans de contrôle administratif par un tribunal militaire. Libéré en mai 2009, il est soumis depuis lors à un émargement quotidien. * Adel Rahali, Tunisien demandeur d’asile en Irlande, renvoyé en Tunisie le 14 avril 2004, torturé et condamné à cinq ans d’emprisonnement en vertu de la loi anti terroriste du 10 décembre 2003. Libéré depuis quelques mois, il est soumis à un contrôle administratif contraignant. * Tarek Belkhirat, Tunisien demandeur d’asile en France, renvoyé en Tunisie le 18 mai 2004, condamné à cinq ans d’emprisonnement en vertu de la loi antiterroriste du 10 décembre 2003. Libéré il y a quelques mois, il est actuellement astreint à un contrôle administratif contraignant d‘une durée de dix ans. * Tarek Hajjam, Tunisien renvoyé par l’Italie en Tunisie en mars 2006, emprisonné et condamné par un tribunal militaire, n’a dû sa libération qu’à son important handicap physique et mental. * Abderraouf Mouelhi, Tunisien demandeur d’asile en Grande-Bretagne, renvoyé en Tunisie le 17 mars 2006. Il a été immédiatement arrêté et condamné à douze ans d’emprisonnement en vertu de la loi antiterroriste du 10 décembre 2003 et est à ce jour emprisonné. * Adel Tebourski, Tunisien demandeur d’asile en France, renvoyé en Tunisie le 7 août 2006, déchu de facto de tous ses droits civiques et sociaux. *Mahjoub Tounakti, Tunisien réfugié en Bulgarie, renvoyé en Tunisie le 30 septembre 2006, condamné à cinq ans d’emprisonnement par un tribunal militaire. Il est à ce jour encore emprisonné. * Badreddine Ferchichi, Tunisien demandeur d’asile en Bosnie, renvoyé en Tunisie le 29 août 2006, condamné à trois ans d’emprisonnement et cinq ans de contrôle administratif par un tribunal militaire. Libéré depuis quelques mois, il doit émarger tous les jours au poste de la Garde nationale et ne peut de ce fait travailler. *Chérif Foued, Tunisien renvoyé d’Italie le 4 janvier 2007, torturé et condamné à un an d’emprisonnement en vertu de la loi antiterroriste en Tunisie. * Houssine Tarkhani, demandeur d’asile en France, renvoyé en Tunisie le 3 juin 2007, torturé et condamné à l’emprisonnement en vertu de la loi antiterroriste. * Lotfi Lagha, Tunisien renvoyé par les Etats-Unis de Guantanamo en Tunisie le 18 juin 2007, immédiatement arrêté, il a été condamné à trois ans d’emprisonnement. * Abdallah Hajji, Tunisien renvoyé par les Etats-Unis de Guantanamo en Tunisie le 18 juin 2007, torturé et condamné par un tribunal militaire à sept ans d’emprisonnement. * Sami Essid, Tunisien renvoyé par l’Italie le 3 juin 2008, condamné en vertu du code des plaidoiries et sanctions militaires d’une part, et en vertu de la loi antiterroriste du 10 décembre 2003 d’autre part, il totalise douze ans d’emprisonnement. * Mourad Trabelsi, demandeur d’asile en Italie, renvoyé en Tunisie le 13 décembre 2008, condamné à l’emprisonnement par un tribunal militaire. Est actuellement incarcéré. * Ali Toumi, Tunisien renvoyé d’Italie le 3 août 2009, immédiatement arrêté à son arrivée, il a été remis en liberté provisoire jusqu’à son procès. [2]  
Malgré la disparité de leurs situations, ces hommes partagent tous en commun d’être Tunisiens, d’avoir résidé dans des pays ayant ratifié la Convention contre la Torture de l’Organisation des Nations Unis, ou d’être membres du conseil de l’Europe, voire les deux, d’avoir fait valoir leurs craintes en cas de retour en Tunisie, puisque la majorité d’entre eux ont demandé l’asile (deux d’entre eux étaient d’ailleurs des réfugiés !) et d’avoir été renvoyés en Tunisie où ils ont été pour la majorité d’entre eux arrêtés, torturés et emprisonnés, et/ou relégués à la non-existence par la privation de tous leurs droits, civiques et sociaux et une politique de harcèlement systématique. Qu’ils aient fait état de leurs craintes de persécutions et n’aient pas été crus, ou que leur situation ait été traitée légèrement, la suite est toujours la même : ils ont connu les tribunaux d’exception que sont le tribunal militaire ou le Tribunal de Première Instance de Tunis, à l’origine une juridiction ordinaire qui est la seule compétente pour déférer les inculpés en vertu de la nouvelle loi antiterroriste promulguée le 10 décembre 2003 et s’est transformée en juridiction d’exception qui ne dit pas son nom. Ils ont connu la torture [3] lors de détentions au secret, les mauvais traitements en prison, et cet emprisonnement à domicile que constitue la peine complémentaire de « contrôle administratif ». Il convient de souligner que leur vie de famille a été totalement ignorée : L’épouse d’Adel Rahali, de nationalité jordanienne, n’a jamais revu son mari depuis le renvoi de ce dernier, la Tunisie ne lui délivrant pas de visa. Adel Tebourski vit à des milliers de kilomètres de son fils français, même chose pour Tarek Belkhirat, dont les cinq filles n’ont jamais revu leur père depuis son expulsion et pourtant le conseil d’État français avait annulé son renvoi pour « atteinte à la vie de famille », mais l’avis du Conseil d’État n’est pas suspensif. L’épouse italienne et les enfants d’Ali Toumi sont restés en Italie. Quant à l’épouse de Taoufik Selmi, elle est de nationalité bosniaque, et pourtant, elle a été mise de force dans un avion pour la Tunisie avec ses fillettes, en toute illégalité, et a atterri dans un pays où elle n’était attendue et ne connaissait personne. Version luxembourgeoise du concept de l’« unité de famille » ? Et pourtant, la France, les Etats-Unis, le Luxembourg, la Bulgarie, la Bosnie, l’Italie, la Grande Bretagne et l’Irlande ont ratifié la Convention contre la Torture et autres peines ou traitements cruels inhumains et dégradants qui dispose dans son article 3 « Aucun État partie n’expulsera, ne refoulera ni n’extradera une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ». Ces mêmes États sont parties au Pacte International relatif aux droits civils et politiques dont l’article 10 prévoit : « Une protection et une assistance aussi large que possible doivent être accordées à la famille qui est l’élément naturel et fondamental de la société […] ». Enfin, hormis les Etats-Unis, ces États ont ratifié la Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme dont l’article 3 « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains et dégradants » a été renforcé par une décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme [4], rappelant que la décision d’expulser peut « soulever un problème au regard de l’article 3, donc engager la responsabilité d’un État contractant au titre de la convention, lorsqu’il y a des motifs sérieux et avérés de croire que l’intéressé, si on le livre à l’État requérant, y courra un risque d’être soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ». Le paragraphe 127 de l’arrêt Saadi contre Italie va plus loin : « La prohibition de la torture ou des peines ou traitements inhumains ou dégradants étant absolue, quelques soient les agissements de la personne concernée […], la nature de l’infraction qui est reprochée au requérant est dépourvue de pertinence pour l’examen sous l’angle de l’article 3 [5] ». La Tunisie dont la pratique de la torture a été pointée par les organisations tant nationales qu’internationales de défense des droits de l’homme depuis des décennies, a été blâmée par le Comité contre la Torture (CAT) lors de sa 21ème session en 1998 et tenue d’apporter des améliorations, injonctions auxquelles elle s’est conformée notamment par un important amendement au Code pénal, criminalisant la torture : « Est puni d‘un emprisonnement de huit ans le fonctionnaire ou assimilé qui soumet une personne à la torture et ce, dans l‘exercice ou à l‘occasion de l‘exercice de ses fonctions […] » [6]. Ce texte n’a pas connu, ne serait- ce qu‘un début d‘application, les cas de torture et de décès sous la torture ou post-torture continuant de s’accumuler en toute impunité, notamment depuis la promulgation de la loi antiterroriste. Le CAT, saisi à plusieurs reprises par des demandeurs d’asile tunisiens menacés d’être renvoyés, a toujours demandé aux États de ne pas exécuter le renvoi [7] Même tonalité du côté de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Pourtant la France a fait fi de l’avis du CAT dans l’affaire Tebourski et à trois reprises l’Italie est passée outre l’avis de la CEDH dans les affaires Sami Essid, Mourad Trabelsi et Ali Toumi. Or depuis le 11 septembre 2001, les renvois de Tunisiens craignant, avec raison, d’être torturés ou soumis à de mauvais traitements dans leurs pays se sont accélérés et multipliés, au mépris des conventions ratifiées par les États démocratiques. Et le pire est sans doute à venir : des dizaines de Tunisiens sont emprisonnés en Italie ou en France pour des affaires liées au terrorisme et il est à craindre que ces pays, à l’issue de leurs peines, ne les renvoie en Tunisie où ils seront automatiquement torturés et emprisonnés. Le 24 décembre, Yassine Ferchichi, un demandeur d’asile tunisien incarcéré en France et condamné à une interdiction définitive du territoire français (la « double peine ») est extradé vers le Sénégal d’où il risque d’être renvoyé en Tunisie où l’attend une condamnation à l’emprisonnement de trente-deux ans et une peine de contrôle administratif de quinze ans. La Bosnie a promulgué une loi qui a déchu de la nationalité bosniaque de nombreux Tunisiens, dont l’un d’eux, Ammar Hanchi, est retenu depuis le 24 avril 2009 au centre de rétention de Lukavica dans l’attente de son renvoi en Tunisie [8] Enfin les Etats-Unis, viennent de livrer à… l’Italie deux Tunisiens de Guantanamo, Adel Ben Mabrouk et Riadh Nasri, or on vient de le voir : le crochet par l’Italie équivaut à un sursis au renvoi en Tunisie. Non à la torture par procuration ! Non à la triple peine ! décembre 2009  
[1] Cet article est un développement d’un papier antérieur paru sous le même titre dans « Le courrier de l’ACAT », janvier-février 2007. [2] Cette liste, indicative, ne prétend nullement à l’exhaustivité. [3] Se reporter à l’abondante documentation publiée par Amnesty International dans les cas de Taoufik Selmi ou Houssine Tarkhani (http://www.hns-info.net/spip.php?ar…) ou au document d’AI :http://www.amnesty.org/en/library/a… , ou encore à :http://www.amnesty.fr/var/amnesty/s… [4] Arrêt Soering du 7 juillet 1989. [5] Arrêt Saadi c.Italie, requête 37201, arrêt Strasbourg du 28 février 2008. [6] Article 101 bis du Code pénal, 2 août 1999. [7] Affaires X contre Hollande, 1997, Karoui contre Suède 2001, Tebourski contre France 2006…. [8] Le 10 décembre 2009, Ammar Hanchi a été conduit à l’aéroport pour être reconduit en Tunisie. Son conseil, Kadrija Kolic, a saisi la CEDH, qui a ordonné de suspendre provisoirement le renvoi, le temps d’un examen approfondi de la requête. La Bosnie s’est conformée à l’avis de la CEDH.. (Source: Divergences.be le 15 janvier 2010)  Lien:http://divergences.be/spip.php?article1735&lang=fr  

4.000 personnes marchent pour Hakim


REPORTAGE Lycéens, professeurs, voisins et anonymes ont accompagné silencieusement la famille d’Hakim, poignardé il y a une semaine dans son lycée. Par CAMILLE CALDINI   14h30, ce vendredi. Ils sont déjà plusieurs centaines à attendre, dans le froid, le départ du cortège. Ce sont en grande majorité des camarades de classe de Hakim Maddi, décédé il y a une semaine, à l’âge de 18 ans, après avoir été agressé au couteau dans l’enceinte de son lycée. Dans leurs mains, des photos, des roses. Sur les t-shirts, le portrait d’Hakim, souriant. A bout de bras, des pancartes s’élèvent au-dessus de la foule: «Le silence est d’or, pour un mec en or, on restera fort.» En tête, la famille d’Hakim porte une banderole: «A Hakim, notre frère, on ne t’oubliera jamais.» Progressivement la foule grossit, jusqu’à 4.000 personnes, selon la police. A 15 heures, la marche démarre en silence dans les rues du Kremlin-Bicêtre interdites à la circulation, jusqu’au lycée Darius-Milhaud, lieu du drame. C’est là que la famille et les proche d’Hakim plantent un magnolia en sa mémoire. Des élus se sont joints au cortège, dont le président de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon (PS) et le maire du Kremlin-Bicêtre Jean-Luc Laurent (MRC). Dans le calme, la foule se masse sur le stade des Esselières, en face du lycée Darius-Milhaud, pour écouter la proviseure, Ghislaine Hudson, prononcer un discours d’hommage à son élève: «La mort d’Hakim nous lance un signal d’alarme. Elle nous donne un devoir. Celui de refuser la vengeance, qui n’engendre rien d’autre que la violence.», avant de citer Gandhi: «Oeil pour oeil et le monde entier sera aveugle.» «Hakim n’aurait pas souhaité de vengeance» Karim Maddi, grand frère de la victime, appelle lui aussi au calme, dans un discours lu à la foule au nom de sa famille: Hakim n’aurait pas souhaité une vengeance. Hakim veut qu’on garde le sourire.» Il remercie les gouvernements français et tunisiens pour avoir facilité l’inhumation d’Hakim en Tunisie avant de laisser le micro à son père, pour un dernier «merci à vous tous pour votre soutien.» Après un lâcher de ballons blancs, la foule se disperse dans le calme. Professeurs, parents d’élèves, collégiens et lycéens ne se permettent que de rares commentaires anonymes. «Ce genre de drame aurait pu arriver à chacun d’entre nous, à nos enfants», dit l’un.

 
(Source: Libération.fr le 15 janvier 2010)


Medi 1 Sat TV s’intéresse au Remaniement ministériel en Tunisie et invite Abdel Wahab Hani pour le commenter


 

« Al Maghreb Al Arabi Fi Ousbouâ »

Dimanche 17 janvier 2010

20h30 heure universelle, 21h30 heure de Tunis, Paris et Genève

Rediffusion Dimanche soir tard et Lundi matin, midi et soir 

 
 
 
La chaîne maghrébine Medi 1 Sat, basée à Tanger au Royaume du Maroc, s’intéresse à remaniement ministériel du 14 janvier en Tunisie. L’émission « Al Maghreb Al Arabi Fi Ousbouâ » nous invitera, nous Abdel Wahab Hani, pour commenter et analyser ce remaniement.
 
Ce magazine de la rédaction, d’une heure, revient chaque Dimanche sur l’essentiel dee l’actualité du Grand Maghreb, avec une érpartition de 10 à 20 minutes par sujet, en fonction de l’importance de l’actualité commenté. 
 
برنامج : المغرب العربي في أسبوع
 
أخبار، ريبورتاجات، تحاليل، ضيوف، وقراءة في الصحف المغاربية .. أسبوعيا تقدم لكم قناة « مدي 1 سات » مجلة « المغرب العربي في أسبوع » التي تحمل كل جديد بمنطقة المغرب العربي الكبير، على جميع الأصعدة، السياسية، الاقتصادية، المجتمعية، والثقافية. هذا البرنامج يلقي الضوء على أهم الأحداث والمستجدات طيلة أسبوع.
 
 
Diffusion:
 
L’émission est diffusée Dimanche,20h30 heure de Tanger, heure universelle, 21h30 heure de Tunis, Paris et Genève.
 
Une re-diffusion est programmé toujours Dimanche soir à 00h40, heure de Tanger, heure universelle, 01h30, heure de Tunis, Paris et Genève. Ainsi que le Lundi matin 05h30, heure de Tanger, heure universelle, 06h30, heure de Tunis, Paris et Genève. Puis Lundi midi à 11h05 heure de Tanger, 12h05 heure de Tunis. Puis Lundi soir à 22h30, heure de Tanger, 23h30 heure de Tunis.
 
 
Fréquences de Medi 1 Sat TV
 
Satellites:
 
Arabsat Badr-6 26° Est
11 766 Mhz
Horizontale 27 500
 
Hot Bird 13° Est
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Verticale
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Astra 19,2° Est 11 538 Mhz
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Nilesat 101/102 7° Ouest
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Verticale
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Bouquets:
  MAROC TELECOM TV : canal 8   NUMERICABLE : canal 333
  CANALSAT : canal 352   NOOS : canal 57
  TPS : canal 453   ADSL ORANGE : canal 75
  SFR : canal 236   ALICE : canal 136
Internet:
 
L’émission sera consultable sur le portail de la chaîne, pendant une semaine, moins de 24 h après sa diffusion:http://www.medi1sat.ma
 
 
PS:
Dans l’absence de commentaires et d’analyses publiques du remaniement, je reste disposé à écouter, lire et échanger avec tous. Les amiEs qui le souhaitent peuvent me faire part de leurs commentaires et analyses, pour enrichir le débat. Nous avons esquissé une analyse à main levée, dans la foulée de ce remaniement. Ce n’est qu’un effort humain, donc incomplet et absolument ouvert à la critique, comme toute oeuvre humaine, dans le respect et l’éthique du débat d’idées.
 
 
Orly, le 16 janvier 2010
Abdel Wahab Hani
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L’Algérie tente de s’attaquer au fléau de la corruption


LE MONDE | 16.01.10 | 14h06 Alger Envoyée spéciale L’affaire fait la « une » de tous les journaux algériens. Le PDG de la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, Mohamed Meziane, 60 ans, a été suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire, après avoir été inculpé en milieu de semaine pour malversations. Ses deux fils ont été placés sous mandat de dépôt. Dix membres de la direction de la Sonatrach, dont trois vice-présidents, ont en outre été soit placés sous mandat de dépôt, soit sous contrôle judiciaire. Au total, pas moins de quatorze personnes sont aujourd’hui poursuivies par la justice. Un véritable séisme pour le premier employeur de l’Algérie (125 000 personnes), et surtout le principal fournisseur en devises du pays grâce à ses recettes pétrolières et gazières : 9,2 milliards de dollars de bénéfice net en 2008, pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 80 milliards de dollars. Le scandale a été rendu public, jeudi 14 janvier, par le quotidien francophone El Watan, qui révélait au passage que, « dans la précipitation », le ministre de l’énergie, Chakib Khelil, avait chargé la veille Abdelhafidh Feghouli, le seul des quatre vice-présidents de la Sonatrach à ne pas être éclaboussé par cette affaire, d’assurer l’intérim de la présidence du groupe. Il serait reproché à M. Meziane et aux autres cadres dirigeants du groupe d’avoir favorisé deux bureaux d’études et une entreprise spécialisée dans la sécurité, en échange de pots-de-vin. Les fils du PDG inculpé auraient joué le rôle d’intermédiaires. Cette affaire intervient quelques semaines après que la direction du ministère algérien des travaux publics eut été démantelée, elle aussi, pour corruption. Au coeur du scandale : l’autoroute Est-Ouest (920 kilomètres et 11 milliards de dollars), le projet phare du président Abdelaziz Bouteflika. Ce grand chantier, qui doit relier l’Algérie à ses voisins marocain et tunisien, est devenu soudain l’emblème de la corruption qui entoure l’octroi des marchés publics en Algérie. « Ombres chinoises » El Watan, et le site Internet TSA (Tout sur l’Algérie) ont révélé que sept hauts responsables du ministère des travaux publics étaient sous les verrous depuis octobre 2009, en particulier le secrétaire général et le directeur de cabinet du ministre. Ils sont soupçonnés d’avoir favorisé un consortium chinois, CITIC-CRCC, en échange de commissions tournant autour de 530 millions de dollars. Dans cette affaire d' »ombres chinoises sur l’autoroute Est-Ouest », comme la surnomme la presse, le nom de Pierre Falcone, (condamné à six ans de prison par la justice française pour ventes d’armes illégales à l’Angola) a été avancé à plusieurs reprises par les journaux algériens. Falcone, selon eux, serait intervenu à Alger en faveur des Chinois, avant même le dépôt des offres de leurs concurrents américains, franco-allemands, italiens ou encore portugais. Voilà plusieurs mois que la présidence de la République algérienne insiste sur sa volonté d’éradiquer la corruption. Elle sait que le fléau ne recule pas dans le pays, bien au contraire. En 2009, l’Algérie se classait à la 111e place (sur 180) de l’indice de perception sur la corruption établi par l’ONG Transparency International. Alors que le climat social est en ébullition, avec des grèves dures à répétition ici et là, notamment dans la sidérurgie, le pouvoir algérien a tout intérêt à montrer qu’il prend le problème au sérieux.

Florence Beaugé
(Source: « Le Monde » (Quotidien – France) le 17 janvier 2010)

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