TUNISNEWS
6 ème année, N° 2034 du 16.12.2005
AISPP: Communiqué Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou: Mohamed Abbou ou l’arbitraire qui ne finit pas Groupe des Verts/ale: L’UE doit négocier un calendrier d’engagements précis pour les réformes en Tunisie Mairie de Paris: Communiqué de presse Dr.Sahbi Amri: Maitre Abdelfettah Mourou: Victime de Pratiques Policières Courantes Ben Amor Mohamed: A propos du livre de monsieur mhamdi houcine Larbi Guesmi: En réponse à M. Kamel Chaabouni:La situation actuelle en Tunisie est pire que la période de colonisation française
Jameleddine Heni: En réponse à M. Kamel Chaabouni – Blessure narcissique D. de Nabeul: Réponse à Kamel Chaabouni Liberté chérie : Pathétique AFP: Les pays de la Méditerranée « priorité stratégique » pour l’UE, réitère Chirac AFP: Victoire du Hamas aux municipales, à six semaines des législatives Réalités: relations bilaterales tunisie – france :“Un Partenariat multisectoriel de confiance” Ryadh Fékih: Les législatives en Egypte : le danger islamiste Mezri Haddad: La Shoah, second péché originel ou l’humanisme en question
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Jeudi 16 * décembre, vers 11 heures du matin, Lotfi Amdouni, ex prisonnier politique et membre de l’AISPP, a été emmené par un agent de police qui l’a conduit à bord d’un véhicule de police au centre de la Sûreté nationale de Gorjani. Il y est resté détenu jusqu’aux environs de 7 h 30 du soir. Cette arrestation sans notification qui a duré huit heures et demie avait pour objectif une enquête sur son activité au sein de l’AISPP. Il a été menacé de poursuites judiciaires s’il continuait à œuvrer dans l’association. Les agents de police ont pris soin d’enregistrer tous les numéros de téléphone présents dans la mémoire de son téléphone portable. Lotfi Amdouni avait effectué une peine de quinze ans d’emprisonnement à l’issue de laquelle il n’avait pu trouver d’emploi lui garantissant sa subsistance. Il est contraint de travailler comme vendeur ambulant sur les marchés hebdomadaires lorsqu’il n’étudie pas, et ce en dépit du contrôle administratif quotidien auquel il est astreint. Le président de l’association Maître Mohammed Nouri * sic, LT (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Mohamed Abbou ou l’arbitraire qui ne finit pas
Depuis son kidnapping spectaculaire et son arrestation injuste le premier mars dernier pour avoir dénoncé les dérives sécuritaires d’une dictature des plus redoutables, maître Mohamed Abbou, subit un arbitraire systématique organisé et diligenté par les plus hauts responsables carcéraux et en premier lieu le directeur de la prison du Kef : une terrible prison où les jours deviennent de plus en plus longs et insupportables tant le supplice est devenu méthodique et pesant.
La dernière invention des « tortionnaires psychologiques » consiste à faire répandre au sein de la prison même des rumeurs désagréables sur la situation de la famille (femme et enfants) de cet avocat de la liberté. Sans aucune autre source d’information, Mohamed Abbou se plonge dès lors dans l’inquiétude et le désarroi.
En se rendant aujourd’hui à la prison du Kef, son épouse Samia Abbou (après avoir échappé à ses deux poursuiveurs) a pu constater de près l’état alarmant de son mari coupé du monde et anxieux de ne pas avoir des informations rassurantes sur sa famille.
Me Abbou se plaint également de la fin de non recevoir que lui ont notifié les autorités carcérales au sujet de ses courriers dont il reste dramatiquement et abjectement privé.
Privé également de livres et journaux, indisposé et harcelé lors des visites de sa femme, Mohamed Abbou fait l’objet d’un acharnement organisé visant à briser son courage et l’atteindre dans sa dignité.
Le Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou s’indigne contre ses méthodes primitives et scandaleuses et ce traitement inhumain réservé à un homme de valeur qui devrait être la fierté de son pays.
Il met en garde le régime contre toute atteinte à l’intégrité psychologique et physique de Me Abbou.
Il réclame la libération immédiate et inconditionnelle de Mohamed Abbou ainsi que celle de tous les prisonniers politiques.
Le CILMA appelle enfin tous ceux qui se sont mobilisé pour Mohamed par le passé à multiplier les efforts afin qu’il soit mis fin à son calvaire.
Paris, le 15 décembre 2005
Imad Daïmi, Vincent Geisser, Chokri Hamrouni
Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou
L’UE doit négocier un calendrier d’engagements précis pour les réformes en Tunisie
MAIRIE DE PARIS
Paris, le 15 décembre 2005
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
de Bertrand Delanoë, maire de Paris
Bertrand Delanoë, maire de Paris, a reçu ce jour Monsieur Mokhtar Trifi, Président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH).
A cette occasion, il lui a réaffirmé son total soutien aux objectifs de la LTDH au service des libertés, du pluralisme et du respect des Droits de l’Homme en Tunisie.
Contact presse
Lionel Bordeaux : 01 42 76 49 61
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Communiqué à l’opinion publique
Le 12 décembre 2005
Ayant pris connaissance du communiqué de presse annonçant la création d’un « comité du 18 octobre pour les droits et les libertés », nous avons estimé nécessaire de présenter à l’opinion publique les remarques suivantes :
Premièrement : Nous avions apporté notre soutien aux grévistes dans leur mouvement relatif aux revendications invoquées, et ce en dépit des réserves que nous avions émises en toute clarté au sujet de la participation de « Mouvement Ennahdha » et le flou constaté concernant la corrélation entre cette initiative et l’appel à la pression extérieure officielle, y compris le « Projet du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord » ;
Deuxièmement : Les positions que nous avions exprimées au sein même du comité de soutien et au niveau régional montrent que nous n’étions pas en train d’entreprendre une action relevant de la constitution d’un front mais que nous soutenions les revendications des grévistes. Toute initiative prise ultérieurement ne pouvait donc pas nous engager. Nous n’acceptons donc pas, a fortiori , que notre soutien soit exploité à quelque fin que ce soit ;
Troisièmement : Le communiqué de presse montre d’une manière qui ne laisse persister aucun doute que la grève avait été préparée et planifiée en accord total entre le mouvement démocratique, la mouvance de gauche et « le mouvement Ennahdha », contrairement à la teneur des déclarations dont nous avons pris connaissance et que le « Comité du 18 octobre » ne constitue que l’annonce d’une alliance explicite entre toutes ces parties ;
Sur cette base, nous affirmons que cette nouvelle alliance ne fera pas avancer les libertés démocratiques. Elle représente, au contraire, un nouveau danger planant sur ces libertés parce qu’elle entretient l’illusion autour du caractère démocratique du « Mouvement Ennahdha ». Elle joue, qui plus est, un rôle d’intermédiation dans le but de l’associer à la vie politique et au pouvoir, comme le suggère le « projet de réforme américano-européen ».
Nous proclamons, également, que la protection de nos acquis nationaux, culturels, sociaux et civilisationnels et que le développement de la vie politique dans notre pays, la protection des libertés et de la démocratie et la promulgation de lois propres à les préserver ne peuvent être garantis que par le rassemblement des forces croyant en la laïcité, outre le fait de ne compter que sur nos forces propres et de rejeter toute tentative tendant à imposer des choix venant de l’extérieur sous quelque titre que ce soit. Ceci n’est possible, non plus, qu’à la faveur de la coopération avec les forces de la société civile progressiste et démocratique aux plans local et régional, afin de promouvoir la lutte commune contre les périls de la mondialisation sauvage et conquérante.
Signatures
1/ Mohamed Kilani 2/ Mohamed Sidhom 3/ Tarek Chamek 4/ Habib Bouaoun 5/ Rachid Kacem 6/ Moncef Chriki 7/ Jamel Chérif 8/ Abdelmajid Houachi 9/ Mounir Kheiredinne 10/ Ali Sidhom 11/ Sassi Nouir 12/ Maher Ben Ali 13/ Adel Mabrouk 14/ Adel Aloui 15/ Ahmed Zayed 16/ Farouk Kouki 17/ Farhat Radhaoui 18/ Abdelkader Hamdouni 19/ Abdessalam Ouni 20/ Abdelkader Allagui 21/ Lotfi Maaroufi 22/ Najib Akremi 23/ Ouni Saghrouni 24/ Fayçal Dali 25/ Omrane Hamdi 26/ Omri Zouaoui
CONFERENCE DE PRESSE avec DEUX DES OPPOSANTS TUNISIENS QUI ONT FAIT LA GREVE DE LA FAIM (Mouvement du 18 octobre 2005)
MAGHREB CONFIDENTIEL N° 721 du 15/12/2005
TUNISIE
Nesrine Materi
Leila Ben Ali, la première dame de Tunisie, ne refuse rien à sa fille Nesrine.
L’épouse du chef de l’Etat lui fait construire aux environs du palais présidentiel à Sidi Bou Saïd, un nouveau palais.
Nesrine est mariée à Askander Materi qui a récemment fait son entrée dans la Banque du Sud.
Tunis
Hakim El Karoui renoue avec la Tunisie
Hakim El Karoui, conseiller technique d’origine tunisienne du ministre de l’économie Thierry Breton, neveu à la fois d’Hamed El Karoui, ancien premier ministre tunisien et actuel vice-président du RCD, et d’Ahmed Ben Salah, un ancien ministre de l’économie sous Bourguiba, a effectué un déplacement de quelques heures à Tunis le 12 décembre pour participer à un déjeuner-débat sur les problèmes d’intégration des Français d’origine étrangère.
La rencontre, dont El Karoui était l’invité d’honneur, était organisée par l’Association des tunisiens diplômés des grandes écoles.
Hakim El Karoui reviendra en Tunisie le 18 décembre pour une semaine de vacances dans le Sud tunisien.
En mai 2006, le « Cercle du XXIe siècle », que préside le conseiller technique, organisera à Tunis, en collaboration avec Philippe Seguin, un colloque sur l’Euro-méditerranée.
TUNISIE
Youssef Alouane
Cet ancien recteur de l’Université d’El Manar de Tunis vient d’être nommé président du Conseil supérieur de communication, un organisme mis en place par le gouvernement « pour veiller au pluralisme politique dans les médias » .
Youssef Alouane est sociologue comme l’ancien ambassadeur de Tunisie à Paris, Moncer Rouissi, ainsi que l’ex-ministre des affaires étrangères Abdelbaki Hermassi.
Chambre des conseillers :
La recrudescence de la violence, les médicaments génériques et les fautes médicales en débat
• Les conseillers remettent en question les statistiques officielles relatives au SIDA
La deuxième Chambre a examiné, hier, le rapport de la 6ème commission relatif aux budgets du ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, du ministère de la Santé publique, du ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’Etranger et du ministère de l’Emploi et de l’Intégration professionnelle des Jeunes.
Tunis — Le Quotidien
Une quarantaine de conseillers ont pris la parole, hier, pour cerner les différents problèmes inhérents aux secteurs en débat. La majorité des intervenants a tenté d’éviter les sujets évoqués à la Chambre des députés. Le conseiller Mongi Bédoui s’est enquis de la stratégie des pouvoirs publics en matière de lutte contre la recrudescence de la violence dans la société tunisienne. «Bien que la violence ne soit pas un phénomène inquiétant dans nos murs, il urge de circonscrire les racines de ce mal selon une approche préventive», a-t-il ajouté.
Le conseiller Foued Haouat s’est interrogé sur les difficultés qui ont été à l’origine du retard qu’a accusé la mise en place de la Caisse Nationale de l’Assurance-Maladie (CNAM) et des raisons de la révision programmée des régimes de retraite. Dans ce même chapitre, le conseiller Mohamed Fethi M’louka s’est enquis du délai de l’application du nouveau régime d’assurance-maladie.
Le conseiller Abderrazak Smati a appelé, en outre, le ministère de la Santé publique à sensibiliser les citoyens et les différents intervenants dans le secteur de la santé quant aux retombées positives de l’utilisation des médicaments génériques. Il s’est aussi enquis des raisons des pénuries des médicaments relatifs aux maladies chroniques au niveau des hôpitaux.
Le conseiller Mustapha Bouaziz a appelé le ministère de la Santé publique à intervenir pour mettre fin à la polémique relative à l’activité privée complémentaire (APC) qui enregistre des dépassements graves représentant une concurrence déloyale aux médecins libéraux.
* Mise à niveau
Le conseiller Jameleddine Khémakham a insisté sur l’importance de la mise à niveau des établissements publics de santé au vu des exigences de l’entrée en vigueur du nouveau régime d’assurance-maladie et de la libéralisation progressive du secteur de la santé.
Sur un autre plan, le conseiller Ridha Mellouli a soulevé le problème de la compétence des tribunaux ordinaires en matière d’examen des affaires inhérentes aux fautes médicales. Ce même intervenant a appelé le ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger à réaliser des études sur des phénomènes sociaux inquiétants tels que la toxicomanie, la délinquance et le divorce.
Le conseiller Omar Kasri a remis en question les statistiques officielles relatives aux cas de SIDA enregistrés en Tunisie. «Cette maladie constitue toujours un tabou dans notre société. Raison pour laquelle il faudrait prendre de nouvelles mesures en matière de dépistage. Plusieurs porteurs du VIH refusent d’avouer qu’ils sont des sidéens», a-t-il souligné.
D’autre part, le conseiller Samir Maghraoui a fait remarquer que le ministère de la Santé publique est appelé à créer un nouvel hôpital spécialisé dans la cancérologie étant donné que l’hôpital Salah Azaïez souffre d’encombrement.
Par ailleurs, le conseiller Mounir Mouakher s’est interrogé sur le risque de transmission aux volailles du virus de la grippe aviaire par les oiseaux migrateurs qui font escale en Tunisie.
Le conseiller Ahmed Khezri a affirmé que certains éleveurs utilisent des hormones pour accélérer la croissance des animaux, ce qui représente un danger pour la santé du consommateur en indiquant que certains colorants et agents conservateurs utilisés dans l’industrie agroalimentaire seraient à l’origine de certains types de cancer.
De nombreux intervenants se sont également interrogés sur les mesures à prendre pour lutter contre l’échec scolaire, l’augmentation du nombre des enfants de la rue et la discrimination latente contre la femme en matière d’emploi.
Walid KHEFIFI
(Source : « Le Quotidien » du 16 décembre 2005)
Finalisation de la privatisation de la Banque du Sud
Un Consortium espano-marocain a remporté 33,54% du capital de la BS
L’opération de privatisation de la Banque du Sud (BS) vient de s’achever avec l’entrée dans son capital du Consortium espano-marocain composé du Marocain « Attijariwafa Bank » et de l’Espagnol « Banco Santander ».
Ce consortium a remporté 33,54% du capital de la BS et la transaction a porté sur plus de 60 millions de dinars.
Lors d’une cérémonie, organisée à cette occasion, le nouveau Directeur Général de la BS, d’origine marocaine, M. Mohammed Haitami, a souligné qu’un nouveau dispositif sera déployé à l’adresse de la clientèle de la banque, l’objectif étant de répondre à ses besoins spécifiques d’épargne, de crédit et de
prévoyance.
Il a ajouté que la banque compte étoffer son offre commerciale, son réseau d’agences et introduire de nouveaux produits.
S’agissant des créances difficiles de la BS, M. Mohammed Haitami a affirmé qu’une action approfondie d’assainissement est déjà entamée avec comme corollaire la refonte des systèmes d’information et une politique de gestion des ressources humaines.
Septième banque de Tunisie en terme d’actifs, la BS a été créée en 1968 et compte 92 agences.
(Source : www.infotunisie.com, le 16 décembre 2005)
Deux criminels recherchés en Italie arrêtés à Lucerne
ATS, le 15.12.2005 à 18h12
Lucerne (ats)- Un commando spécial de la police lucernoise a arrêté mardi à Horw, près de Lucerne, deux criminels recherchés par les autorités italiennes. Ces deux Tunisiens de 24 et 26 ans sont fortement soupçonnés d’avoir ouvert le feu sur une femme en novembre à Pise.
Leur victime a été grièvement blessée. Ils ont fui en Suisse pour se cacher chez une connaissance à Horw, ont indiqué jeudi les autorités lucernoises de poursuite judiciaire. Après leur arrestation par l’unité spéciale «Luchs» (« Lynx»), ils ont accepté d’être remis aux mains de la justice italienne.
L’Office fédéral de la justice a donc pu ordonner leur livraison sans autre formalité. Elle doit se faire prochainement.
(Source : www.romandie.com, le 16 décembre 2005)
Maitre Abdelfettah Mourou
SINE-GIM.
Questions-Réponses.
Pourquoi le Président de la République Zine El Abidine Ben Ali refuse-t-il l’indépendance de la Magistrature en Tunisie ?
Il risque de se faire voir à la barre des accusés et derrière les barreaux avec les membres de sa famille et son entourage professionnel pour des décennies d’incarcération.
Pourquoi le Président de la République Tunisienne refuse-t-il la liberté d’__expression et d’opinions en son pays ?
S’il acceptait ses revendications de la société civile le matin, il y renoncerait l’après-midi. Mais pour ce qui est radio et télédiffusion, il n’est jamais prêt à les céder même pour une seconde. Il risque sa peau avec sa bande de mafieux. Il y a des gens qui le poussent à ce gouffre de scandales. Après tout, il se défend à sa manière : la liberté d’_expression et d’opinions se trouvent déjà dans la rue et dans les cafés. Il n’est pas question de les autoriser dans la presse, la radio et la télé. Notre peuple Tunisien est handicapé mental. Il manque de maturité civique et civile. Pour cela, il lui faudrait des casques aux crânes pour la filtration des informations reçues.
Dr. SAHBI AMRI
A propos du livre de monsieur mhamdi houcine
En réponse à M. Kamel Chaabouni:
La situation actuelle en Tunisie est pire que la période de colonisation française
Larbi Guesmi
« La colonisation française fût un âge d’or de la Tunisie »!!! je ne trouve pas ma tête.
Je comprends votre souffrance M. Kamel et votre frustration de la situation actuelle mais je ne suis pas d’accord avec vous de considérer la colonisation française comme un âge d’or de la Tunisie. Ce qui me choque le plus c’est qu’une personne libre fasse l’éloge de son ex-colonisateur.
À mon avis, il serait plus juste et plus objectif de dire que » La situation actuelle en Tunisie est pire que la période de colonisation française « .
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a confisqué la liberté du peuple tunisien.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a confisqué la dignité du peuple tunisien.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a confisqué la souveraineté du peuple tunisien.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a mis la main sur les richesses du pays.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a torturé et humilié les Tunisiens et tunisiennes.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a emprisonné et terrorisé le peuple tunisien.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a violé les Droits de l’Homme sur le sol de « AL KHADHRA = La VERTE ».
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a commis des crime à l’égard de la personne humaine tunisienne.
Tout autant que le régime actuel la France coloniale a exilé des tunisiens et des tunisiennes
… et la liste n’en finit pas…
Bref! le régime tunisien a tout ou presque bien appris de son maître. Bourguiba n’a t-il pas dit « la France nous a donné l’indépendance et elle ne le regrettera pas »? Effectivement, c’est le cas.
Je comprends votre souffrance mais je ne vous excuse pas et je vous demande des clarifications et même des excuses pour ce que vous avez écrit. C’est une HONTE pour un tunisien LIBRE.
Vous avez écrit « Phéniciens, romains, vandales, byzantins, arabes, espagnols, turques et français, ont tous contribué à l’enrichissement culturel et matériel et à la confection de la civilisation de la Tunisie »
ð Il faut, semble-t-il, d’après vous chercher un nouveau colonisateur (et pourquoi pas les sionistes!!!) pour développer et faire évoluer davantage la Tunisie.
NON mon frère, c’est à nous les Tunisiens et Tunisiennes, sans autres, que revient cette lourde et honorable tâche de faire de la Tunisie un Etat de Droit où il fait bon vivre, un Etat prospère et développé.
Vous vous êtes peut être mal exprimé, malgré votre maîtrise du français!!! J’ai peut être mal compris, avec ma modeste connaissance du français!!!
En tout cas et avec toute démocratie et tout respect nous nous devons des explications. Peut être je me rallierai à votre point de vie mais ça reste utopique.
J’espère que ma critique ne vous frustre pas davantage.
Réponse à
« Plus que des aspects positifs, la colonisation française fût un âge d’or de la Tunisie »
Blessure narcissique
Il y a deux façons de réagir à l’apologie de la colonisation par M. Châabouni. Ergoter sur les arguments fallacieux et attendus de cet homme aux idées hautement « prévisibles » ou bien traiter de l’essentiel. Pour ma part je choisis d’aller à l’essentiel, c’est à dire au syndrome du colonisé qui fait débiter à M. Châabouni tant de contre vérités, qui le fait tomber dans l’impair du manichéisme bons/méchants.
Notre chantre de l’invasion américaine en Irak (rappelons-nous ses posts simplistes !), est dans un simple exercice de cohérence quand il aligne les hauts faits de la colonisation française en Tunisie, loue son humanisme et sa générosité.
Le caractère mensonger de ses affirmations historiques, qu’une lecture des lettres des consuls français, des chefs militaires ou des écrivains en séjour parmi nous à l’époque suffit à mettre en défaut, ne m’intéresse que médiocrement.
Ce qui me semble autrement plus important dans le discours de M. Châbouni c’est qu’il « réactualise » à mon sens le syndrome du colonisé. La glorification de l’entreprise coloniale a aussi un sens psychologique : la blessure narcissique. Cela veut dire plus simplement que dans un rapport de force (quel qu’il soit), il existe des conduites d’échec anticipant la défaite et la justifiant mentalement par des formulations formellement objectives sur la « supériorité » du vainqueur !
La prétendue supériorité culturelle des vainqueurs, s’en trouve curieusement promue par les vaincus !! Des vaincus, dupes d’eux-mêmes, qui deviennent les corvéables « désavoués » de maîtres éternels, précisément grâce aux conduites d’échec ! Freud aurait parlé d’identification à l’agresseur comme défense contre une sorte de faillite narcissique. Je m’en tiendrais là pour le moment et j’espères lire un texte historiquement plus « rigoureux » et intellectuellement moins « sectaire » sous la plusme de M. Châabouni ; à qui je dis gentiment: un peu d’auto critique ne fait que du bien…
Jameleddine HENI
chercheur
Réponse à Kamel Chaabouni
Pathétique
Liberté chérie
Parmi les maux dont souffre l’humanité il y a celui de la « luxure » version tunisienne « Tokhma » ou l’excès qui devient contre productif. C’est un signe qu’il faudrait ajouter aux autres signes avant coureur du déclin d’un régime impopulaire.
Le SMSI fini et le régime semble se lancer dans une compagne d’auto-persuasion visant à se convaincre et à se rassurer que tout va bien dans les meilleurs des mondes. « historique, grandiose, excellent, extraordinaire, unique, etc » sont quelques uns des qualificatifs que le régime utilise encore aujourd’hui pour s’auto-congratuler ou peut être s’auto-flageller.
A cette diarrhée verbale s’ajoute les nombreux témoignages et les télégrammes de félicitation provenant des fins font d’une association fantoche au fin fond de notre pauvre pays. En somme rien de nouveau sous le soleil de la propagande officielle qui croit en criant aussi fort, la population va forcément l’entendre et s’en convaincre des vertus de ce régime et de ce qu’il entreprend.
Mais les Tunisiens comme tout être humain quand il est gêné par une nuisance, un vacarme ils se bouchent les oreilles et vaquent à leur préoccupations quotidiennes à la recherche de quoi nourrir leurs enfants et joindre les deux bouts. Mais le pathétique dans tout cela est encore une fois mis en scène par la TV7 et son journal dont le format n’a jamais varié depuis 50 ans.
Lundi 12 décembre 20h13 après une dissertation des plus insipides et des plus stériles sur les qualités humaines du régime et sur son immense respect des droits de l’homme, et dans un glissement des plus primaires dans le pathos en association les droits de l’homme aux enfants ainsi que les handicapés (manipulation démagogique de bas étage), après le nième doctorat décerné au chef de l’Etat, voilà que surgit de l’écran le pathétique dans toute sa splendeur : des témoignages d’enfants représentant du parlement mondial des enfants.
Cela mérite qu’on s’y attarde un instant pour examiner aussi bien le fond que la forme de cette manipulation somme toute anodine. Commençons par la forme. Il s’agit dans l’ordre d’une fille et d’un garçon. La fille avec un accent plutôt oriental, entre 13 et 15 ans débitant un discours extrêmement huilé et fluide, fixant la caméra et serrant bien les bras contre ses flans.
Dans l’arrière plan, une piscine et des parasols indiquant qu’il s’agit bien d’un palace de la banlieue nord de Tunis. L’autre témoins est un garçon du type asiatique (Inde, Pakistan,…) s’exprimant en anglais en se tenant de biais, l’air impressionné, un blouson rouge trop grand lui tombe sur l’épaule et surtout un regard interloqué se demandant pourquoi on lui pose des questions ? Toujours le même hall d’hôtel et le même arrière plan.
Après les témoignages du Président soudanais repassés à la télévision pendant deux semaines, celui de quelques autres illustres inconnus voilà que le régime racle les fonds de tiroir pour nous livrer le témoignage éclairant de deux enfants qui n’ont visiblement rien demandé.
Quant au fond et c’est là où réside le pathétique, ces pauvres enfants sont amenés à dire que Ben Ali est le meilleur défenseur des droits des enfants, que la Tunisie est un merveilleux pays, que tout est fait pour protéger les enfants etc, le tout après un montage studio bien orienté. Maintenant pourquoi le régime puise t-il en ses fonds de tiroir et cherche t-il désespérément des témoignages d’où qu’ils viennent.
Deux éléments de réponses. Le premiers est relatifs aux thuriféraires du régime qui se doivent de fournir quotidiennement et surtout à l’occasion des commémorations des témoignages de toutes sortes et de quelque origine que se soit pour montrer qu’ils travaillent. Les ambassadeurs vont jusqu’à payer des journaux et des journalistes sans scrupules pour qu’ils écrivent quelques lignes flatteurs, c’est d’ailleurs la spécialité de quelques journalistes russes et de quelques pseudo-journalistes italiens payés rubis sur l’ongle ou alors en séjours de thalasso dans les palaces de la côte tunisienne. A défaut, ses mêmes ambassadeurs cherchent à trouver des associations aussi célèbres que celle des pêcheurs à la mouche de la haute Marne pour décerner des diplômes, des prix ou des reconnaissances et ainsi espérer pérenniser leurs statuts et préserver leurs postes.
A l’intérieur du pays, les colonnes de la « presse » ne se vident pas de noms d’associations et de groupement qui envoient des remerciements, des reconnaissances, des louanges et toutes sorte de satisfecit. On sort du placard, les représentants de « l’opposition » de décor pour qu’ils louent les initiatives et les directives et les orientations et les… du chef de l’Etat.
Quand tout cet arsenal est épuisé la machine de propagande ne peut se permettre de tomber en panne au risque de coûter à quelques têtes leurs places, il faut alors racler le fond des tiroirs et livrer au peuple Tunisien une démonstration des plus pathétiques d’un régime en déliquescence.
Deux enfants innocents, ne réalisant pas pourquoi en leur pose des questions de ce genre et surtout quelle usage ils vont en faire sont exhibés, instrumentalisés à des fins de propagande de bas étage, qui manque d’imagination et de dignité. Ce sont des signes qui ne trompent pas sur un régime à bout de souffle et à court d’imagination face à un peuple gavé par tant d’année de discours mensongers et de soupe à la propagande qu’il ne peut plus digérer et s’en détourne en attendant que le vent tourne et emporte avec lui les mauvaises graines.
La deuxième raison est d’ordre politique. Pour un régime qui a fondé sa « légitimité » sur le mensonge il est impératif de maintenir la cadence car il sait qu’une fois le rideau levé le prince sera nu et le château de carte s’effondrerait de lui-même.
Alors qu’importe le combustible pourvu que la machine propagandiste tourne à plein régime. L’autre raison est relative au timing. C’est maintenant et plus que jamais que le régime a besoin de propagande et « d’ordre » pour pouvoir mener à bien ses projets de « succo-continuité ». Il faut plus de bruit que les petites voix de la vérité qui se sont rendues audibles ses derniers temps.
On criant plus fort en poussant la machine à son paroxysme le régime espère étouffer ses voix dissonantes mettre un cache misère pour mieux aveugler les Tunisiens. Le drame pour le régime c’est que le peuple a fini par regarder au-delà du masque, par reconnaître qui se cache derrière Tartuffe.
Les jours sont désormais comptés.
(Source : Tunezine, le 16 décembre 2005)
Les pays de la Méditerranée « priorité stratégique » pour l’UE, réitère Chirac
AFP, le 12.12.2005 à 11h01
PARIS, 12 déc 2005 (AFP) – Le président français Jacques Chirac a demandé lundi que les pays du sud de la Méditerranée reçoivent les deux-tiers de l’aide de l’Union européenne dans le cadre de sa politique de voisinage, réaffirmant que « la Méditerranée doit demeurer une priorité stratégique pour l’Europe ».
Dans un message lu par le ministre de l’Economie Thierry Breton au Forum sur « Le défi de l’Euroméditerranée » qui se tient au siège de l’Unesco à Paris, M. Chirac a souligné que « la poursuite des engagements de l’Union, y compris financiers » doit être assurée.
« La nouvelle politique de voisinage devra, de mon point de vue, consolider cet engagement, avec une clé de répartition assurant les deux-tiers de l’aide au bénéfice de la Méditerranée », a-t-il dit alors que les pays du Maghreb craignent que la manne financière de l’UE se détourne au profit de ses nouveaux voisins à l’Est comme l’Ukraine.
Le chef de l’Etat a ainsi proposé de « s’inspirer de la méthode des fonds structurels » pour financer le « développement de certaines régions-pilotes ».
Il a également rappelé qu’il avait préconisé lors du sommet Euromed, fin novembre à Barcelone, de mettre sur pied une banque euro-méditeranéenne de développement qui pourrait être, dans un premier temps, une filiale de la Banque européenne d’investissement (BEI) afin de « dynamiser les échanges ».
Il avait aussi proposé de créer « de premières institutions communes, telles un secrétariat politique paritaire et un mécanisme renforcé de consultation politique au niveau des ministres des Affaires étrangères ».
Victoire du Hamas aux municipales, à six semaines des législatives
Par Hossam Ezzedine
AFP, le 16.12.2005 à 10h37
RAMALLAH (Cisjordanie), 16 déc 2005 (AFP) – Le mouvement radical Hamas a largement battu le Fatah du leader Mahmoud Abbas aux élections municipales palestiniennes dans les principales villes de Cisjordanie, se mettant ainsi en position de force en vue des prochaines législatives.
La victoire du Hamas est d’autant plus significative que la Cisjordanie est considérée comme un bastion traditionnel du Fatah, le parti au pouvoir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui en proie à des luttes intestines.
« Dans les grandes villes, le Hamas a enregistré un succès retentissant », a déclaré à l’AFP un haut responsable de la commission électorale locale, parlant sous couvert d’anonymat.
Selon lui, le mouvement islamiste a obtenu la majorité des sièges dans les conseils municipaux de Naplouse, Jénine et El-Bireh alors que le Fatah et une coalition d’indépendants ont engrangé la majorité des suffrages à Ramallah.
Le Fatah a en revanche obtenu un succès d’estime dans les villages et petites localités, où le choix des électeurs est le plus souvent motivé par des considérations d’ordre tribal et non politique.
Chaque conseil municipal dans les grandes villes compte 15 sièges. A Naplouse, le Hamas en a emporté 13 contre deux au Fatah. A El-Bireh, il en a pris neuf contre quatre pour le Fatah et à Jénine il s’est adjugé huit sièges contre sept pour le parti de l’Autorité palestinienne, selon le responsable.
A Ramallah, le Hamas à obtenu trois sièges contre six pour le Fatah et six autres pour une liste indépendante.
Outre les quatre grandes villes, les municipales se sont déroulées dans 35 petites localités de Cisjordanie et trois autres de la bande de Gaza.
Les bons scores réalisés par le Fatah dans les petites localités lui permettent de devancer le Hamas en terme de nombre de sièges emportés dans l’ensemble des conseils municipaux élus. Le Fatah en a ainsi obtenu 35% contre 26% pour le Hamas, le reste allant à des formations de moindre importance ou à des candidats indépendants.
Selon le responsable de la commission électorale, le taux de participation a atteint 75% à ces municipales, la quatrième et avant dernière étape d’un scrutin dont le coup d’envoi avait été donné en décembre 2004.
Les élections de jeudi ont une importance particulière car il a permis au Hamas de se mesurer au Fatah, et de le battre dans les grandes villes de Cisjordanie, avant les législatives du 25 janvier auxquelles le groupe radical participera pour la première fois, en dépit de l’opposition d’Israël.
« Ces résultats constituent un indicateur pour les prochaines législatives et laissent envisager une large percée de notre mouvement dans ce scrutin », a dit à l’AFP le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
« Cette victoire traduit le ralliement de notre peuple au choix du changement, de la réforme et de la résistance », a-t-il ajouté.
« La victoire du Hamas va renforcer son pouvoir et ses chances aux législatives », a souligné pour sa part l’analyste politique Hani Al-Masri.
Il impute la défaite du Fatah à « sa dernière crise » et estime que le mouvement devrait « opérer de réels changements » s’il ne veut pas connaître un pareil revers aux législatives.
Cette « défaite » du Fatah est en effet survenue alors que le mouvement s’entre-déchire sur le choix de ses candidats aux législatives.
Un groupe de jeunes cadres du Fatah, mécontents de la direction de leur parti dominé par les caciques revenus d’exil, ont enregistré officiellement une liste rivale à celle composée par M. Abbas pour disputer les législatives.
RELATIONS BILATERALES TUNISIE – FRANCE :
“Un Partenariat multisectoriel de confiance”
Ridha Lahmar
M. Serge Degallaix, Ambassadeur de France à Tunis, a donné lundi 12 décembre 2005 une conférence de presse consacrée aux relations bilatérales Tunisie-France.
Au cours de cette conférence, l’Ambassadeur de France a passé en revue les différents volets de cette coopération, qu’il a qualifiée de forte, d’excellente qualité et de spécifique.
M. Degallaix était entouré de ses principaux collaborateurs : M. Thierry Vielle, directeur de l’Institut français de coopération et conseiller culturel, M. Bruno Caron chef de la Mission économique et financière. M. Christian Berlinet, consul général et Mme Julie Bedos, première secrétaire, chargée de la presse.
Après avoir donné un aperçu général des grandes lignes de cette coopération, l’Ambassadeur de France a cédé la parole à ses collaborateurs afin de donner plus de précisions, puis il a engagé le dialogue avec les journalistes présents.
Une coopération économique dense
La France est le premier client et le premier fournisseur de la Tunisie, avec un volume d’échange de 5 milliards d’euros par an. En effet 33% de nos exportations sont destinées au marché français et 25% de nos importations viennent de France. La tendance est à l’équilibre pour la balance commerciale, qui est restée longtemps déficitaire au profit de la France : pour les huit mois de 2005, la balance est même excédentaire au profit de la Tunisie avec 191 millions d’euros d’excédent, alors qu’en 2004 le déficit était de 40 millions d’euros.
La France est le premier investisseur étranger en Tunisie avec 115 millions d’euros en 2004 soit 30% de plus qu’en 2003 : 1.060 entreprises françaises ou mixtes sont implantées en Tunisie, créant 85.000 emplois. L’évolution des IDE français s’oriente vers les secteurs à forte valeur ajoutée comme l’électronique, la plasturgie et les composants-autos, après avoir été focalisée sur le textile – habillement.
Plusieurs instruments financiers ont été mis en place et de gros projets, notamment dans le secteur du transport, ont bénéficié de crédits français (trente rames de métro pour TRANSTU et dix locomotives pour la SNCFT).
L’AFD et ses filiales sont un pourvoyeur important de capitaux en faveur de la Tunisie. La moitié de la coopération bilatérale fournie à la Tunisie est d’origine française alors que la France contribue pour 20% au budget de l’UE.
La France est le premier partenaire de la Tunisie, tous domaines confondus, a affirmé M. Degalaix.
Concertations politiques étroites
Les relations politiques tuniso-françaises ont été qualifiées d’étroites et excellentes. La fréquence des visites présidentielles et la densité des visites ministérielles de part et d’autre sont là pour en témoigner tout au long des années 2003 et 2004. Rappelons celles de 2005 : M. J.P. Raffarin, alors Premier ministre, a séjourné les 30 et 31 à Tunis à la tête d’une importante délégation (ministres et chefs d’entreprises). Les 15 et 16 mai, il y a eu la visite de M. François d’Aubert, ministre délégué à la recherche : renforcement de la coopération technique et la recherche.
M. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères s’est déplacé à Tunis pour participer aux travaux du Forum méditerranéen les 1er et 2 octobre. MM. Thierry Breton et François Loos sont venus à Tunis pour participer aux travaux du SMSI. Il s’agit respectivement du ministre de l’Economie et des Finances et du ministre délégué à l’Industrie.
Il y a donc des concertations politiques étroites. Répondant à une question, M. Degallaix a réfuté l’existence de nuages ou de désaccords quelconques entre les deux gouvernements. Il y aura aussi la visite de M. Ghannouchi sur invitation de la France.
Il a confirmé qu’il est prévu dans les semaines à venir la réunion de la Grande Commission mixte avec une visite du ministre français des Affaires étrangères , et de celle du ministre du Tourisme, Léon Bertrand…
Les priorités de la coopération culturelle
La coopération culturelle est particulièrement dense et riche et comporte des priorités arrêtées d’un commun accord. Le budget est de 13,6 millions d’euros en 2005 : 53% sont consacrés à l’Enseignement supérieur et à la recherche scientifique et 31% à la promotion de la culture et de la langue française en Tunisie.
Sur 300 bourses accordées au profit des 3ème cycles, il y a 133 étudiants dans les grandes écoles (+ 30%/an). La France participe à la rénovation de l’enseignement dans les ISET (matériel et programmes).
Dix missions archéologiques sont en permanence actives en Tunisie.
La Tunisie bénéficie du programme de solidarité prioritaire : rénovation et renforcement de l’enseignement du français dans le Secondaire et bientôt dans l’Enseignement supérieur.
Il y a un partenariat effectif entre l’Institut Français de coopération et les partenaires tunisiens pour l’organisation de manifestations culturelles et artistiques (concerts de musique, théâtre, expositions, conférences).
C’est pourquoi le projet ambitieux de construction d’un centre culturel français à Tunis à la hauteur des attentes du public et de la culture française n’a pas encore été réalisé ; les plans sont prêts mais il n’a pas encore bénéficié d’allocations budgétaires ; celui de Sfax a été rénové et sera inauguré en mars 2006.
Un pont naturel d’amitié
69.500 visas ont été accordés en 2005 aux Tunisiens : le taux de refus, qui était de 30%, en 2001 a été ramené à 16%. 30% de ces visas sont des visas de circulation : long séjour et multi-entrées.
Il y a près de 10.000 étudiants tunisiens en France et la colonie tunisienne compte 500.000 personnes.
2.600 visas d’études (long séjour) ont été accordés en 2005, soit une croissance de 150% en six ans. Il y a également les autorisations de séjour accordées au titre du regroupement familial et des jeunes professionnels avec possibilité de retour en Tunisie puis de retour en France par la suite. Ce qui a fait dire au consul général qu’il y a un véritable pont d’amitié entre les deux peuples.
(Source : « Réalités », N° 1042 du 15 décembre 2005)
Les législatives en Egypte :
le danger islamiste
Ryadh Fékih
L’élection législative “démocratique” imposée par les Américains au régime de Hosni Moubarak a tourné à la mascarade. Le pied de nez du Caire à Washington aurait été drôle s’il n’avait coûté la vie de onze personnes. Et mis les Américains devant l’inanité de leur hypocrite appel à la démocratisation du Moyen-Orient.
Deux mois après la première présidentielle pluraliste dans l’histoire du pays, remportée à 88 % par le Président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, les élections législatives – organisées en trois tours, du 9 novembre au 7 décembre – devaient constituer une nouvelle étape sur la voie de la démocratisation à petits pas – ou au goutte-à-goutte – promise par le régime, soumis aux pressions de l’administration américaine. Elles ont provoqué un tremblement de terre dans le paysage politique égyptien. Et arabe.
A l’issue d’un scrutin bien agité, marqué par une flambée de violence (onze morts, principalement victimes de balles réelles tirées par la police), une vague de répression (plusieurs centaines d’arrestations dans les rangs des Frères Musulmans) et des fraudes massives dénoncées par les magistrats chargés de superviser le déroulement du vote, le PND a pu maintenir son hégémonie sur le Majlis Al-Chaâb en s’octroyant 73 % des 455 sièges mis en jeu, soit au total 326 représentants, en tenant compte du ralliement des 179 personnalités issus de ses rangs mais élus sur l’étiquette d’indépendants, faute d’avoir obtenu l’investiture officielle de leur parti.
Les Frères Musulmans, officiellement bannis depuis cinquante ans et interdits de se constituer en tant que parti – leurs candidats s’étaient d’ailleurs présentés sous l’étiquette d’indépendants – n’avaient que 17 sièges dans la Chambre sortante, élue en 2000. En portant ce nombre à 88, soit près de 20 % des sièges du nouveau parlement, ils ont dépassé largement leur score important réalisé en 1987 (de 36 députés), et confirmé leur sensible percée.
Jamais, depuis sa création en 1928 par Hassan Al Banna, ce mouvement n’aura eu une représentation parlementaire aussi importante. Profitant de la brèche ouverte par le pouvoir en quête d’une légitimité démocratique reconnue par l’Occident, il s’est accaparé le rôle de première force d’opposition. Seul mouvement de l’opposition à avoir dépassé la barre des 65 députés dans la nouvelle Chambre basse – c’est le nombre minimum de signatures de députés qu’un candidat indépendant doit obtenir pour se présenter à l’élection présidentielle, selon un amendement constitutionnel controversé voté par référendum en mai dernier –, lui seul pourra donc présenter un candidat face à celui du PND à la future présidentielle, prévue en 2011.
Les “Frères” ont affirmé cependant qu’ils n’exploiteront leur nouvelle position que dans un cadre strictement constitutionnel. Ils ont dit aussi ne pas briguer le pouvoir suprême. Même si leur dernier score les autorise à présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle, “telle n’est pas notre intention, du moins pas avant de nombreuses années”, a assuré leur porte-parole, Essam El-Ariane. Avant d’ajouter: “Nous avons appris de l’expérience algérienne”.
Troisième enseignement de ce scrutin: les partis de l’opposition dite “démocratique” (ou “laïque”), qui n’ont obtenu que 14 sièges – répartis entre le parti centriste Wafd, le parti de gauche Tagammou (rassemblement), la formation nassérienne Karama (dignité) et le parti libéral Al-Ghad (demain) – ont subi un dur camouflet dont ils auront du mal à se remettre. Pour la première fois de l’histoire du pays, le Parti nassérien a carrément disparu de la scène parlementaire. Son leader historique, Diaa-Eddine Daoud, s’est incliné au second tour face à son rival du PND dans la circonscription de Damiette. Quant au leader du Ghad, Ayman Nour, qui s’était pourtant distingué par une deuxième place derrière Moubarak lors de l’élection présidentielle de septembre, il a quitté la course dès le premier tour. Plusieurs interprétations ont été avancées par les analystes pour expliquer cette déroute inattendue de l’opposition “officielle” ou “légale” : manque de coordination, faiblesse des programmes politiques, mouvement dépourvu de base populaire…
Les douze sièges encore à attribuer dans six circonscriptions, et dont le scrutin a été ajourné en raison de diverses contestations, ne devraient pas changer la donne. Les dés étant jetés, c’est l’heure des comptes et des… mécomptes. C’est l’heure aussi des révisions, qui seront douloureuses pour le PND, mauvais gagnant. Et pour les partis de l’opposition dite “démocratique”, grands perdants, réunis un temps au sein du mouvement “Kefaya !” (“اa suffit !”), qui avait beaucoup fait parler de lui depuis le début 2005. Ainsi que pour ceux, au sein du régime de Moubarak et parmi ses hypocrites protecteurs occidentaux, qui ont longtemps misé sur une ouverture de façade qui préserverait le statu quo. Tous ces gens savent aujourd’hui qu’un retour en arrière serait lourd de conséquence. Le précédent algérien est là pour le leur rappeler.
Pourquoi un électeur sur cinq a voté pour les Frères Musulmans
Ceux qui ont voté pour les Frères Musulmans pensent que la présence de ces derniers est primordiale pour arriver au changement dans un pays miné par les difficultés économiques, la corruption de la nomenklatura au pouvoir et l’immobilisme politique. Pour eux, le PND n’est plus un parti digne de confiance et les promesses électorales du Président Moubarak – notamment celle de créer 4,5 millions de nouveaux postes de travail – ont peu de chance d’être tenues.
Ceux qui ont voté pour les Frères Musulmans ont aussi été excédés par les mensonges flagrants du régime et de ses médias qui accusent les Frères d’être à l’origine de la violence et de l’achat des voix des électeurs, alors que ces pratiques ont été l’œuvre des militants du PND, qui s’en rendaient coupables au vu et au su de tous et avec la complaisante complicité des forces de l’ordre.
Les Frères, qui disposent de solides appuis dans la population, ont su aussi afficher un programme social convaincant, insister sur les questions environnementales et mettre en avant des revendications politiques minimales. Ils ont profité de la campagne électorale la plus libre jamais organisée dans le pays pour montrer une nouvelle image, moderne et démocratique.
Omniprésents dans les bureaux de vote, extrêmement attentifs à contrôler leurs militants, ils ont su éviter les dérapages, verbaux ou physiques. Leurs membres se sont montrés, par ailleurs, très respectueux de la loi et leurs sympathisants assez disciplinés, se gardant de répondre aux provocations des nervis du PND et des agents du régime.
Tout cela, plus peut-être que leur rhétorique islamiste et leur slogan populiste (“L’islam est la solution”), a fini par payer.
La victoire empoisonnée du PND
Pour ne pas braquer le parti au pouvoir, les Frères Musulmans n’ont présenté des candidats que dans un tiers des circonscriptions. S’ils s’étaient présentés dans toutes les circonscriptions, quel aurait été leur score ? Les membres du PND seraient bien inspirés de se poser cette question.
Les succès des Frères Musulmans sont donc autant de camouflets pour le PND et Gamal Moubarak, le fils du raïs, chargé de restructurer le parti au pouvoir et de piloter la campagne pour la présidentielle et les législatives de cette année. Lui et son parti doivent donc retenir la leçon, laquelle a été résumée par le politologue Mohamed el-Saëd Saïd en ces termes: “La corruption ne suffit pas. Il faut une idéologie, une foi, un sens politique, toutes choses qui font cruellement défaut au PND”.
“Le parti présidentiel va devoir repenser sa politique et son approche”, a expliqué, de son côté, le sociologue Saâd-Eddine Ibrahim. Et d’expliquer: “Il croyait pouvoir contrôler ces élections par la technostructure. Or, le grand absent de cette équation, c’est l’écoute de la rue égyptienne, dont bénéficient justement les Frères Musulmans”. Pour ce sociologue, qui avait été emprisonné en 2002-2003 pour avoir dénoncé le projet de succession héréditaire, les succès des Frères Musulmans sont inquiétants à la fois pour les partisans de la laïcité et les Coptes, qui représenteraient de 10% à 15% de la population égyptienne. Mais, ajoute-t-il, “cela va être bénéfique pour la démocratie à long terme”.
Pour d’autres analystes, les succès électoraux des Frères Musulmans sont un signe inquiétant. Ils montrent la faiblesse de la vie politique sur les bords du Nil et l’islamisation rampante de la société égyptienne. “L’ensemble du pays est en grande difficulté. Il n’y a pas de discours rationnel. Les gens font comme si les Frères étaient les plus religieux”, s’inquiète le politologue Mohamed Sayed Saïd.
Le PND, qui a profité de toutes les irrégularités enregistrées, a certes gardé le pouvoir. Mais cette victoire – très attendue parce que largement programmée – a pour lui un goût amer. Et pour cause: elle s’est accompagnée d’une percée historique du mouvement islamiste, apportant ainsi la preuve de la faillite de la politique du régime. Elle a mis aussi au jour ses divisions internes. A preuve : seulement 147 candidats de la liste du parti ont gagné, alors qu’on été élus 179 “dissidents”, présentés comme indépendants pour n’avoir pas obtenu l’investiture officielle.
Alors que des personnalités de la “jeune garde” proche de Gamal Moubarak évoquent publiquement la possibilité de créer un nouveau parti, l’avenir du PND est moins assuré que jamais. Surtout si le fils du raïs décide de se placer officiellement en position de successeur de son père à la présidence de la République.
Les Occidentaux dans l’expectative
L’attitude à adopter envers les Frères Musulmans a longtemps divisé l’administration américaine. “C’est une erreur de croire que l’Administration Bush ou même les néo-conservateurs ont une position unifiée sur ce point”, a affirmé Mustapha Kamel Sayed, professeur à l’Université américaine du Caire. Selon lui, il existe des divergences au sein du Département d’Etat, et les ambassadeurs qui se sont succédé au Caire étaient soit en faveur de contacts avec les Frères, comme Bob Pelletreau et David Welsh, soit contre comme Ed Walker.
Jusqu’à présent, cependant, les islamistes égyptiens ont été tenus à l’écart des rencontres que l’Administration américaine avait multipliées avec des leaders de l’opposition égyptienne, parfois au grand dam du régime du président Moubarak. La secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice avait exclu tout contact avec la Confrérie lors de son passage au Caire en juin dernier. Des contacts informels avec des personnes proches de la Confrérie ont néanmoins eu lieu au cours des dernières années et tout indique que ces contacts vont se multiplier.
Washington a refusé de reconnaître formellement la percée spectaculaire des Frères Musulmans lors des dernières législatives, préférant saluer le nombre sans précédent d’élus “indépendants” et la percée “historique” de l’opposition. Le porte-parole adjoint du département d’Etat, Adam Ereli, a ainsi indiqué, le 8 décembre, que les Etats-Unis respecteront la loi égyptienne qui interdit de nouer formellement des contacts avec ce mouvement à base confessionnelle, mais a souligné que les Frères musulmans étaient élus en tant qu’“indépendants”. Quant à savoir si Washington traiterait avec eux, il a répliqué : “Il n’y a pas d’injonction, à ce que je sache, qui nous empêcherait de le faire.”
Faut-il en conclure que les Etats-Unis, fidèles en cela à leur pragmatisme habituel, envisagent des contacts informels avec des membres des Frères Musulmans ? On pourrait le penser.
A Paris, le porte- parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, a déclaré, de son côté, le 9 décembre, lors d’un point de presse : “A notre connaissance, toutes les ambassades occidentales au Caire nouent des relations, à des niveaux différents selon les Etats, avec les élus, y compris les indépendants dont certains sont proches de la Confrérie”. “Les dernières élections législatives en Egypte ne devraient pas apporter de changement notable à cette pratique”, a-t-il ajouté, tout en refusant de se prononcer sur le statut légal des Frères Musulmans, faisant valoir que cela “relevait des affaires intérieures égyptiennes”.
Réagissant, de son côté, à ces déclarations plutôt positives à l’égard de son mouvement, Essam el-Aryane a déclaré, le même jour, à l’AFP: “Nous sommes prêts au dialogue, car les Américains ont reconnu la réalité du terrain”. “Nos élus représentent la nation égyptienne, et nous ne nous abstenons pas d’avoir des contacts s’ils sont dans l’intérêt de l’Egypte”, a encore ajouté le porte-parole de l’association islamiste, sans omettre de dénoncer, au passage, la politique américaine dans la région.
Si, officiellement, les diplomates américains et européens accrédités au Caire continuent d’exclure la possibilité d’avoir des rencontres formelles avec les leaders islamistes égyptiens, certains d’entre eux ont déjà eu des contacts avec eux, mais discrètement et à des niveaux inférieurs. “Nous les rencontrons, mais dans les syndicats qu’ils contrôlent et jamais au siège de cette confrérie qui reste interdite”, a ainsi précisé un diplomate européen, cité par l’AFP.
Pour Hugh Roberts, directeur pour l’Afrique du Nord au Centre de recherche International Crisis Group, il est cependant possible que la percée islamiste “contribue à refroidir l’enthousiasme de Washington pour la démocratisation [de la région]”. Une analyse que corrobore une récente déclaration de Liz Cheney, chargée du dossier de la démocratisation du Proche-Orient au sein du Département d’Etat, qui s’est montrée aussi réticente à l’égard des Frères Musulmans. Dans un entretien au magazine égyptien Rose al-Youssef, la fille du vice-président américain Dick Cheney a estimé que leur succès électoral reflète davantage leur sens de l’organisation que leur engagement en faveur de la démocratie, “ne montrant pas d’intentions saines pour l’avenir”.
Washington va-t-il mettre en sourdine momentanément ses appels à la démocratisation du Moyen-Orient ? C’est ce que souhaite – et a peut-être cherché – le Président Moubarak en réduisant la vie politique dans son pays à un face à face entre lui et les islamistes ?
(Source : « Réalités », N° 1042 du 15 décembre 2005)
La Shoah, second péché originel ou l’humanisme en question
Par Mezri Haddad
“Humanisme, savoir et Devenir de l’Humanité ”, est l’intitulé du colloque qui s’est déroulé du 7 au 9 décembre 2005 à Tunis et qui a été organisé par la prestigieuse et très utile Fondation Témimi, avec le soutien de l’ambassade des Pays-Bas en Tunisie. Plusieurs personnalités intellectuelles et politiques tunisiennes, arabes et européennes ont participé à ce 18ème Forum de la Pensée Contemporaine auquel j’ai été convié mais dans lequel je n’ai malheureusement pas pu intervenir, étant retenu à Paris par d’autres obligations. Un ami devait lire ma communication, “ Plaidoyer pour un humanisme de la post-modernité ”, dans laquelle j’ai voulu traiter des limites de l’Humanisme en pointant un doigt accusateur sur cette idéologie née de la Renaissance, revue, corrigée et subvertie par les Lumières. Cette subversion a consisté à exclure Dieu de l’existence humaine en mettant l’homme au centre et à l’origine de toute vérité et de toute réalité. Tel fut à mon avis le crime de l’Humanisme contre l’humanité. Le choix d’aborder dans ma chronique de cette semaine la question hautement sensible du Génocide juif n’est donc pas fortuit. Nous savons tous que c’est une question taboue, un impensé de la pensée arabe. Comme nous savons qu’il y a des explications idéologiques, culturelles et historiques à cela. Je dis bien explication et non justification, car rien ne peut justifier cette dénégation du Génocide, encore moins les a priori antisémites qui la fondent. Ni les quelques rares, conjoncturels et anachroniques, versets coraniques ; ni les multiples crimes commis par Israël contre le peuple palestinien ; ni les propos racistes et islamophobes de certains extrémistes sionistes. La réflexion qui va suivre est une invitation au dialogue interreligieux, dont la condition sine qua non est la connaissance de l’autre dans sa propre spécificité religieuse, ainsi que sa reconnaissance dans sa propre souffrance existentielle. C’est également un hommage à notre pays, terre de tolérance et carrefour des civilisations, qui, en matière de dialogue des religions et des cultures, a fait en quinze ans ce que nul autre pays arabe n’a osé faire jusqu’à présent.
Il ne s’agit pas ici de détourner de son sens original le péché originel, ni de faire une nouvelle exégèse d’un concept qui a constitué, à la suite de Saint Augustin, la pierre angulaire de la théologie chrétienne. Plus modestement, plus concrètement, plus vitalement, il s’agit de donner à un évènement apocalyptique le sens tragique, universel et immuable que lui dénient, encore aujourd’hui, certains négationnistes. Le péché originel dont il est question ici n’est ni théologique, ni métaphysique, ni parabolique. Il est réel, authentique, existentiel et historique. En d’autres termes, il est question d’inscrire dans l’histoire de l’humanité un fait singulier et immonde, un fait irréductible de par son caractère résolument antisémite, horriblement systématique et profondément génocidaire. De l’inscrire comme un fait et méfait de l’humanité, comme une abjection humaine, trop humaine, et non point comme un accident de l’histoire ou une altération contingente de l’esprit humain. Encore moins comme un crime dont s’était rendu coupable un malade mental qu’un caprice de l’Histoire a porté au pouvoir, ni d’ailleurs comme un crime commis par une nation allemande subitement envoûtée par le nihilisme nazi.
Certes, écrire et répéter –comme on l’a fait il y a une année, à l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration— que l’élimination programmatique et “ industrielle” de près de six millions de Juifs est un crime contre l’Humanité, est un devoir de mémoire que l’éthique approuve et que le politique recommande, eu égard aux périls des idéologies antisémites qui sont encore en hibernation partout dans le monde. Mais le sens que l’on donne généralement à la notion de “crime contre l’humanité” (qui n’est pas apparue en 1945 comme on le croit souvent, mais en 1915 à la suite du massacre des Arméniens par les Turcs) est intrinsèquement minoratif et d’autant plus inopérant qu’il implique indistinctement d’autres crimes, certes tout aussi tragiques les uns que les autres, mais qui restent incomparables au génocide hitlérien. Dire, en outre, que les Juifs ont été victime d’un crime contre l’humanité, c’est reconnaître une demi-vérité moralement déchirante et psychologiquement insupportable : une partie de l’Humanité a subi un calvaire indescriptible et indicible. La seconde moitié de cette vérité, la moitié volontairement ou involontairement occultée—parce que précisément insupportable— serait la reconnaissance, mieux vaut tard que jamais, que ce crime est le fait d’une autre partie de l’Humanité. Aussi grave qu’un crime contre l’Humanité, la Shoah a été, en effet, un crime de l’Humanité.
Crime de l’Humanité contre l’Humanité, tel est l’autre sens que l’on doit assigner à la Shoah, terme hébraïque qui désigne la judéité des suppliciés et qui ne figure d’ailleurs toujours pas dans Le Nouveau Petit Robert ! Il nous est plus commode de reconnaître le crime contre l’humanité que d’avouer le crime de l’humanité. Et pour cause : si le premier nous conforte dans notre généreuse et belle humanité, le second nous ramène à notre hideuse bestialité. “A Auschwitz, écrivait le rabbin Philippe Haddad, ce n’est pas l’animalité humaine qui a jailli de sa boîte de Pandore, c’est l’humanité animale qui s’est manifestée en contre-Révélation sinaïque ”(1). En avouant le crime de l’humanité, nous ébranlons le socle même sur lequel s’est édifiée notre sacro-sainte Modernité : l’humanisme des Lumières, qu’on ne doit pas confondre avec l’humanisme de la Renaissance, encore moins avec l’humanisme islamique tel que rapporté par Mohammed Arkoun, ou l’humanisme chrétien tel qu’exprimé par Jacques Maritain et Emmanuel Mounier. On ne touche pas aux dogmes fondateurs de la civilisation moderne. Fussent-elles chimériques, on ne revient pas sur nos certitudes.
Désacraliser l’idéologie humaniste, de grands esprits se sont pourtant livrés à cet exercice critique. Certains romantiques ont affirmé que l’humanisme abstrait et la divinisation de l’homme qui anime l’esprit moderne engendrent inéluctablement la négation radicale de l’ambition des humanistes. D’autres, comme Tocquevil- le, ont enseigné que le subjectivisme et l’individualisme conduisent à la déshumanisation. Dès lors, serait-il faux de considérer que l’irruption d’un monde nouveau totalement dépouillé de la présence divine portait en son sein l’abjection nazie, comme d’ailleurs l’aberration bolchevique, cette autre “ religion séculière ”, comme disait Raymond Aron ? Au meurtre symbolique de Dieu, décrété par Nietzsche, a succédé l’élimination physique de millions de Juifs ordonnée par Hitler. Comme l’a magistralement démontré Léo Strauss(2), la base culturelle du national-socialisme a été le nihilisme allemand. “ La relation de Nietzsche à la révolution allemande nazie, écrit-il, est comparable à la relation de Rousseau à la Révolution française ”(3). Cyniques ou candides, certains se demandent encore : comment le virus national-socialiste a-t-il pu éclore dans un milieu aussi “ pur ”, aussi civilisé, aussi raffiné que la culture allemande ? Où pouvait naître le nazisme, si ce n’est dans la patrie de Fichte, de Schlegel, de Marx et de Nietzsche, celle de Heidegger et de Carl Schmitt ?
Maintenant qu’est passée la commémoration “ expiatoire ”du génocide hitlérien, la tâche des intellectuels en général et des philosophes en particulier est fondamentale dans le maintien de la mémoire en éveil. Comme l’a si bien dit Alain Finkielkraut, “ Lorsqu’on n’a plus de dette envers le passé, on n’a plus d’égard pour l’avenir ”(4). Une humanité qui refoule son passé est tôt ou tard condamnée à le reproduire. C’est ce que nous devons enseigner aux futures générations en relativisant, par conséquent, les fondements ontologiques (origine), axiologiques (valeur) et téléologiques (finalité) de l’humanisme angélique. La thèse —métabolisée en dogme— suivant laquelle l’homme est profondément et naturellement bon, qu’il est “ un tout parfait et solitaire ”, pour paraphraser Rousseau, cette thèse n’est qu’une hypothèse. Dans son mémorable discours à Auschwitz, le Président Chirac a voulu perpétuer cette tradition humaniste, réitérer cette foi inébranlable en une humanité inaltérable : “ La folie criminelle nazie est venue mettre en question l’essence même de l’humanité ”, avait-il déclaré. Mais la bonté naturelle de l’homme exprime une espérance et non guère une essence. L’humanité n’est pas parfaite, elle est perfectible. L’homme n’est ni bon ni mauvais, ni ange ni bête, il est capable du meilleur comme du pire ; “L’homme est un loup pour l’homme ”, comme disait Hobbes. Et comme disait Tawhîdi, qui, avec Miskawayh, est l’un des pères fondateurs de l’humanisme islamique :(5) “ L’homme est un problème pour l’homme ”.
Eriger la Shoah en second péché originel, c’est donner substance et consistance au premier péché originel ! C’est reconnaître le Mal qui est indissociable de la nature humaine. C’est admettre avec Hannah Arendt que le Mal est inhérent à la condition de l’homme. C’est penser avec Adorno que la culture ne triomphe jamais de la nature, qu’avant le génocide nazi, croire en l’innocence adamique de l’homme était une chimère, qu’après cela devenait une faute. Mais c’est aussi croire à un renouveau de l’humanisme, à l’émergence d’un humanisme réaliste, en phase et non en rupture avec l’humanisme biblique : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même ”, injonction bien plus percutante que l’invite voltairienne, “ Ne fais pas ce que tu ne voudras pas qu’on te fit ”, qui nous fait penser, nous autres Musulmans, au hadith, “ Nul d’entre vous ne sera véritablement croyant tant qu’il ne souhaitera pas à son frère (en humanité) ce qu’il désire pour lui-même ”. Si, par son supplice, Jésus-Christ a expié le péché de l’humanité, inaugurant ainsi l’ère eschatologique du salut et de la rédemption, il n’a pas pour autant extirpé le Mal du cœur de l’homme. “ Mais qui, après Auschwitz, pourrait encore douter que le Mal existe ? ”, s’est exclamé Gerhard Schrِder dans son émouvant discours du 25 janvier 2004, après avoir précisé que “ Le Mal n’est donc plus une catégorie politique ni scientifique ”. Ne jamais se décharger du poids de la repentance, transmettre de génération en génération non guère la culpabilité originelle mais la responsabilité éternelle, telle est la signification morale du second péché originel.
Ce ne sont là que ratiocinations et élucubrations théologico-philosophiques, serait-on tenté de croire. Certainement pas, car panser les souffrances ne nous dispense point de penser le tragique, l’impensable. Enoncer que la Shoah a été un crime de l’humanité contre l’humanité, faire de ce crime archétypique un second péché originel, c’est déplacer cet évènement tragique du moment historique–où certains voudraient définitivement l’enfermer—vers l’infinité intemporelle ; c’est le déplacer du statut de malheur ponctuel, accidentel et communautaire à celui de tragédie humaine et universelle. C’est, par conséquent, impliquer l’humanité entière dans cette “ barbarie à visage humain ” qui pourrait se reproduire, parce que les vieux démons aryanistes et racistes hantent toujours notre univers. La culpabilité historique d’une nation—en l’occurrence allemande—n’exonère pas de leur responsabilité morale l’ensemble des nations. Parmi celles-ci, combien ont-elles d’ailleurs commémoré le soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration ? L’Asie, l’Amérique latine ou le Monde musulman ont-ils accordé à cet évènement l’importance qu’il mérite ? Non, parce qu’ils ne se sentent pas précisément concernés, ni historiquement, ni géographiquement, ni moralement. C’est une raison de plus pour les Musulmans, qui n’ont pas pris part à l’extermination des Juifs lors de la seconde guerre—bien au contraire— de reconnaître ce génocide. A quelques très rares exceptions (Tunisie, Maroc), aucun pays musulman n’a introduit dans ses lois la criminalisation de l’antisémitisme, ni dans ses manuels d’histoire la condamnation du nazisme. Pis, il y a plusieurs de ces pays où Mein Kampf et les Protocoles des Sages de Sion sont encore des best sellers en vente libre. Une télévision comme Al-Manar —que certains en France défendent au nom de la sempiternelle liberté d’_expression— continue à distiller son poison antisémite, attisant ainsi la haine et l’intolérance. “ Nous autres, Arabes, sommes restés étrangers à la persécution génocidaire des Juifs. Il est temps de commencer ce travail de fond qui permettra de prendre la mesure du traumatisme vécu par le Monde juif ” : l’auteur de ces mots justes est le Palestinien Emile Shoufani(6). C’est encore ce courageux curé de Nazareth, initiateur du projet Mémoire pour la paix (pèlerinage islamo-judéo-chrétien à Auschwitz du 26 au 29 mai 2003), qui a déclaré : “ Il est indispensable de passer par la mémoire de la Shoah, telle que le peuple juif l’a vécue et telle qu’il l’a racontée…Mon espoir est qu’après une telle visite, le discours dans le Monde arabe et musulman change et qu’on n’en soit plus à développer des idées antisémites et négationnistes ”.
La Shoah n’est pas seulement une blessure du peuple juif, une “ honte ” du peuple allemand, comme l’a courageusement reconnu Gerhard Schrِder. C’est aussi une Blessure et une Honte pour l’humanité. Rappelons cet extrait de la déclaration finale lue à Birkenau le 28 mai 2003, à l’issue du voyage “Mémoire pour la paix” : “Nous, Juifs et non-Juifs ici présents, au-delà de nos origines diverses, au-delà des croyances, de la non-croyance ou des options philosophiques des uns et des autres, nous affirmons que la mémoire de ce crime devra entrer dans la pensée et dans la culture qu’ensemble nous serons capables de créer, afin de rejeter le spectre de l’inhumanité…Ensemble, nous nous engageons à porter la mémoire de la Shoah et à faire le travail commun qui, à partir des enseignements de cette mémoire, nous permettra d’explorer ensemble un horizon de paix ”.
Si pour Kant “ Le mot chien ne mord pas ”, nous devons apprendre à nos enfants, particulièrement ceux issus de l’émigration et qui sont galvanisés par le conflit israélo-palestinien, que les mots qui stigmatisent les Juifs tuent.
“ L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est une perversion. Une perversion qui tue ”, a très justement affirmé Jacques Chirac. Enseigner aux nouvelles générations européennes, américaines, asiatiques, africaines, arabo-musulmanes, que la Shoah fut un crime de l’humanité contre l’humanité, c’est espérer que, par-delà la dysphorie compassionnelle et les pieuses remémoration, la flamme du souvenir ne s’éteigne jamais. Car, si le génocide du peuple juif appartient bel et bien au passé, l’antisémitisme, lui, est hélas un présent qui refuse de devenir un passé.
(1) Dans la revue L’Arche, mars 2003.
(2) Dans une prochaine chronique, je reviendrai sur cet auteur devenu à la mode parce que certains néoconservateurs américains disent en être les disciples.
(3) Léo Strauss, Nihilisme et politique, éd. Payot, 2001.
(4) Revue Le Débat, septembre 2004.
(5) A lire l’excellent essai de Mohammed Arkoun, Humanisme et islam, éd. Vrin, 2005.
(6) Comme un veilleur attend la paix, éd. Albin Michel, 2003.
(Source : « Réalités », N° 1042 du 15 décembre 2005)