15 octobre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3432 du 15.10.2009

 archives : www.tunisnews.net  


C.R.L.D.H.Tunisie: Tunisie: Appel à la libération des prisonniers d’opinion du bassin minier de Gafsa

FIDH – OMCT – REMDH: Tunisie : Les jeux sont faits… rien ne va plus !

Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie

Nouvel Observateur: Nejib Chebbi: Gogol ou l’exclu des présidentielles

Taoufik Ben Brik: Ben Ali pour l’éternité

ATS: Un projet de résolution approuve le rapport Goldstone

ATS: Goldstone: il faut que cela bouge, affirme une ONG palestinienne

ATS: De passage à Berne, Goldstone répond aux critiques sur son rapport

AFP: Mia Farrow: « Les enfants de Gaza méritent mieux »


 

C.R.L.D.H.Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme  21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34  crldht@gmail.com /www.crldht.org 

Tunisie: Appel à la libération des prisonniers d’opinion du bassin minier de Gafsa

(Pour signer la pétition cliquez ici)    

En janvier 2008, le bassin minier du gouvernorat de Gafsa (Tunisie) a été le théâtre d’un mouvement pacifique de protestation sociale sans précédent. Dénonçant la corruption, la pauvreté et le chômage les premières manifestations ont vu le jour en janvier dans la ville de Redeyef et se sont progressivement étendues à d’autres villes du bassin. Rapidement, des comités de soutien aux manifestants se sont constitués aux niveaux national et international. A partir d’avril et de manière plus massive en juillet , les autorités tunisiennes ont mené une répression violente à l’encontre des acteurs de ce mouvement, des manifestants et des leaders des comités de soutien. La répression par les autorités tunisiennes de ce mouvement a conduit au décès de plusieurs personnes, des centaines de personnes arrêtées de manière violente et en dehors du cadre de la loi, des actes de torture et de mauvais traitement, des dizaines de prisonniers d’opinion, des familles brutalisées et humiliées,  etc. Le Comité National de Soutien aux Habitants du bassin Minier en coopération avecl’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme(programme conjoint FIDH-OMCT), le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie, Amnesty International France, la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives  lancent ainsi un appel pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion du bassin minier et le rétablissement de tous leurs droits : signez la pétition !   Le 9 octobre 2009, sera organisée une journée internationale de solidarité avec les habitants du bassin minier. A cette occasion seront organisés des évènements dans les villes  suivantes (Paris, Nantes, Marseille, Alger, Rabat, Le Caire, Montréal, Genève…).
 

Tunisie – Solidarité avec les habitants du bassin minier  Appel à la libération des prisonniers d’opinion du bassin minier

 
A la veille de la tenue d’élections présidentielles et législatives en Tunisie, nous, les organisations et individus soussignés, appelons à la libération immédiate et inconditionnelle de l’ensemble des manifestants, syndicalistes, défenseurs des droits de l’Homme et journalistes condamnés arbitrairement au terme de procédures violant les règles fondamentales du droit à un procès équitable et à la fin de la répression à l’encontre de l’ensemble de la population du bassin minier de Gafsa/ Redeyef.   Loin du faste des festivités pour la campagne électorale, la population du bassin minier continue de souffrir de la répression féroce qui s’est abattue sur la région il y a plus d’un an et demi. Outre, les difficultés rencontrées par les familles des détenus, l’ensemble de la ville de Redeyef continue de subir les conséquences de la répression de la protestation populaire qui l’a secouée au premier semestre 2008. Le contrôle policier y reste permanent, les mesures de représailles quotidiennes et tout rassemblement interdit.   Enfin, les signataires de cet appel appellent instamment les autorités tunisiennes à rétablir tous les prisonniers d’opinion et leurs familles dans leurs droits.


TUNISIE :

Tunisie : Les jeux sont faits… rien ne va plus !

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) et le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) expriment leur plus vive inquiétude suite à l’intensification des actes de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des voix indépendantes dans le contexte de la campagne électorale pour les élections législatives et présidentielles en Tunisie. Les autorités tunisiennes exercent une très forte pression sur toutes les personnes qui refusent de se plier à l’unanimisme en faveur de la candidature de M. Ben Ali, président sortant, et des candidats du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), les maintenant sous une surveillance étroite et permanente. Plus particulièrement, les personnes qui font entendre une voix dissidente dans les médias internationaux font l’objet d’actes d’intimidation systématiques, que ce soit au travers de procédures judiciaires abusives, de campagnes de presse diffamatoires, d’atteintes à leurs biens, d’interdiction de voyage, ou même d’agressions physiques opérées au grand jour. Récemment, selon les informations obtenues, des policiers se sont présentés à plusieurs reprises au domicile, actuellement sous étroite surveillance, de M. Hama al Hammami, porte parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT) et de Me Radhia Nasraoui, présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT), pour leur remettre une convocation de la brigade criminelle. Me Nasraoui et M. Hammami ayant refusé, le dimanche 11 octobre, de se soumettre à une convocation illégale – car non motivée et émise sans en informer le bâtonnier alors que la loi l’exige lorsqu’un avocat est mis en cause – la police s’est de nouveau présentée le lendemain à leur domicile alors que leur fille se trouvait seule. Les policiers l’ont alors terrorisée en lui demandant de signer la convocation au nom de son père et en essayant de savoir où ce dernier se trouvait. Ces actes d’intimidation et ce harcèlement judiciaire s’inscrivent dans une série d’atteintes à leur encontre, en particulier depuis que M. Hammami a appelé au boycott des élections sur les chaînes Al Jazeera et France 24, à Paris, en septembre. A son retour en Tunisie, M. Hammami et son épouse Me Nasraoui venue le chercher avaient fait l’objet d’une agression d’une extrême violence1, à la suite de laquelle Me Nasraoui a décidé de porter plainte contre le président Ben Ali et M. Rafik Belhaj Kacem, ministre de l’Intérieur. De même, M. Khémaïs Chammari, membre du REMDH et ancien vice président de la FIDH, fait actuellement face à une violente campagne de diffamation de la part d’organes de presse pro-gouvernementaux, suite à la série d’entretiens accordés ce mois à plusieurs journaux français, dont le journal « Le Monde », dans lesquels il critiquait la « démagogie » du gouvernement tunisien et dénonçait le « processus de plébiscisation » au profit du président sortant. Les journaux arabophones hebdomadaires « Al Hadath » et « Koll Al Nass » ont ainsi publié dans leurs éditions datées du 7 et 10 octobre des articles hautement injurieux à l’égard de M. Chammari, proférant une série d’accusations infâmantes et diffamatoires, ainsi que des insultes à caractère sexuel. M. Chammari a indiqué son intention de poursuivre les auteurs de ces publications devant la justice tunisienne pour diffamation, mais nos organisations craignent que cette procédure ne fasse pas l’objet d’un examen indépendant et impartial de la part des autorités judiciaires du fait du contrôle exercé par le pouvoir exécutif sur celles-ci. Enfin, nos organisations s’alarment de la décision prise par le ministère de l’Intérieur, quelques heures avant le lancement officiel de la campagne présidentielle, de faire saisir l’édition du journal « Tariq al-Jedid », organe de presse du parti « Ettajdid », dont le Secrétaire général, M. Ahmad Brahim est resté le seul candidat d’un parti indépendant en lice pour l’élection présidentielle, le code électoral qui prévoit des mesures exceptionnelles et provisoires ayant permis l’élimination des deux autres candidats à la présidence. Le ministère de l’Intérieur qui a justifié la mesure de saisie du journal par une infraction au code électoral, l’impression du journal contenant le manifeste du candidat d’Ettajdid ayant été faite avant le lancement officiel de la campagne, a finalement informé la direction du parti que la publication serait autorisée à condition qu’ils modifient plusieurs points du manifeste électoral et qu’ils renoncent à toute référence à « l’initiative démocratique » ainsi qu’à la publication d’un entretien avec M. Chammari. Nos organisations s’inquiètent du caractère arbitraire de cette décision d’autant plus que le journal El Watan, organe du parti de l’Union démocratique unioniste a publié son manifeste électoral dès le 9 octobre 2009, sans toutefois être inquiété. Alors que les autorités tunisiennes se prévalent d’un système politique pluraliste, nos organisations les appellent à respecter les conditions minimum de garanties de ce pluralisme et en particulier à garantir un processus électoral transparent et équitable pour l’ensemble des candidats. Elles rappellent en outre les engagements internationaux en matière de droits de l’homme de la Tunisie, en particulier ceux relatifs à la liberté d’expression, et demandent aux autorités compétentes de mettre un terme immédiat à toute forme de harcèlement et d’intimidation à l’encontre de toute voix considérée comme « dissidente » et de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de ces personnes.
 
(Source: fidh.com le 15 octobre 2009)


Liberté pour le docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 13 octobre 2009

Nouvelles des libertés en Tunisie

1) Arrestations aveugles dans le gouvernorat de Bizerte à la veille du 15 octobre A la veille de la commémoration par le peuple tunisien de l’évacuation de l’occupant français de la Tunisie, l’appareil de la police politique a procédé à une série d’arrestations aveugles dans le gouvernorat de Bizerte, et plus particulièrement à Menzel Bourguiba. Ces rafles ont englobé des ex prisonniers d’opinion, notamment Achraf Mzaïdi, Abdelbari Ayeb, Mahfoudh Ayari, Kabil Nasri, Khaled Badi, Nader…, Makram…., Béchir Fethi,-ce dernier a été arrêté puis remis en liberté dans l’après midi du 13 octobre 2009-, Ces arrestations s’inscrivent dans une opération sécuritaire de routine à laquelle procède la police politique chaque 15 octobre à l’occasion de la visite d’un responsable à Bizerte. […] 2) Des prisonniers d’opinion de Borj Er Roumi poursuivent leur grève de la faim. Des prisonniers d’opinion de Borj Er Roumi poursuivent leur grève de la faim pour le neuvième jour d’affilée pour exiger leur libération et protester contre les mauvais traitements infligés par l’administration de la prison […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


PRESIDENTIELLE EN TUNISIE

Nejib Chebbi: Gogol ou l’exclu des présidentielles

Ils sont tous sortis du manteau de Gogol : Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov. Ils ont tous été dans le giron de Néjib Chebbi, un possédé d’après la lettre, un Raskolnikov qui pense : Sihem Ben Sedrine, Omar Mestiri, Raouf Ayadi, Hamma Hammami. Aujourd’hui, il y a des Tarrass Boulba qui voguent loin et des âmes mortes qui hantent son parcours. Mais à chaque rendez-vous les enfants terribles ne manquent pas de rentrer sous le « manteau » du père. Le collectif du 18 octobre c’est lui, la grève de la faim de 2006 c’est lui, l’opposition hic et nunc c’est lui. Lui, c’est Nejib Chebbi, fondateur du Parti Démocratique Progressiste, qui vient de retirer sa candidature aux élections présidentielles d’octobre 2009. La loi constitutionnelle de 2008, dite « loi Chebbi », qui le vise en personne, l’exclut d’emblée. Soixante cinq ans, père de cinq enfants, cet avocat fils d’avocat pensait transformer l’échéance de 2009 en une tribune franche. C’était sans compter avec le sabot de Ben Ali. A quoi rime votre candidature qui n’a pas abouti ? – L’échéance électorale d’octobre 2009 est un test de légitimité qui interpelle tous les acteurs : gouvernement, opposition et opinion publique. Observer une attitude passive à cet égard facilite la tâche de ceux qui ont pris l’habitude de falsifier la volonté des électeurs. En me portant candidat, deux années avant l’échéance du 25 octobre 2009, j’ai voulu mettre à nu les mécanismes qui empêchent la tenue d’élections libres, les dénoncer devant l’opinion publique et créer un courant en faveur d’une réforme du système électoral. Au cours des vingt derniers mois, des meetings ont été tenus dans différentes villes, les médias (chaînes satellitaires, agences de presse et l’Internet) se sont faits l’écho de cette campagne, une action de sensibilisation internationale a été menée en Europe et aux Etats Unis. Nous avons réussi une véritable percée en direction de l’opinion nationale. Mais ça n’a pas été suffisant pour provoquer le changement escompté au niveau du contexte politique et du cadre légal dans lesquels vont se dérouler les prochaines élections. Nous assisterons, donc, à une énième reconduction du pouvoir personnel et de la présidence à vie au lendemain du 25 octobre prochain. Je respecte le choix des autres partis, ceux qui ont choisi de prendre part à cette opération aussi bien que ceux qui se sont contentés de la dénoncer par des déclarations. L’absence d’enjeu électoral n’a pas facilité l’accord sur une tactique commune. Pourquoi vous vous êtes retiré ? – L’amendement constitutionnel de juillet 2008 n’autorise que les secrétaires généraux des partis à présenter leur candidature aux prochaines présidentielles. Cette condition a été conçue pour filtrer les candidatures et exclure celles qui ne sont point désirées par le pouvoir. Elle consacre un pluralisme de façade destiné à masquer le verrouillage de l’espace politique : étouffement des libertés d’expression et de réunion et prise en charge de l’opération électorale par une administration partisane qui ignore le sens même de la neutralité politique. Ma campagne a été insuffisante pour changer les règles du jeu, il ne me restait, à la veille du dépôt des candidatures, qu’à faire le constat de l’absence de toute condition de participation libre à la prochaine consultation électorale et à m’en laver les mains. En quoi diffère cette élection des précédentes ? – Les prochaines élections ne seront en rien différentes de toutes celles qui les ont précédées depuis l’indépendance du pays, il y a plus de cinquante ans. La liberté de presse, de réunion et d’association sont réduites à leur plus simple expression, l’administration est politiquement inféodée au parti au pouvoir, le scrutin de liste à un tour ne favorise nullement le pluralisme dans les assemblées et les conditions de candidature à la présidence de la République ne peuvent être réunies que par le candidat du parti au pouvoir quand il n’est pas constitutionnellement déclaré président à vie. La constitution elle-même n’a rien d’une loi suprême stable et qui réglemente l’exercice des libertés et la séparation des pouvoirs. Autant dire qu’aucune condition d’une élection libre n’est réunie et c’est ce qui explique le monopole de la représentation nationale par le parti au pouvoir depuis plus de cinquante ans et les mandats interminables de deux Présidents, Bourguiba et Ben Ali, élus à des scores dépassant souvent les 99%.La confusion des pouvoirs entre les mains d’un seul n’a pu se perpétuer que grâce à la crainte qui s’est propagée dans le corps social (torture, emprisonnements, procès iniques qui ont frappé toutes les familles politique sans exceptions, jusque et y compris parmi les dissidents du régime eux mêmes), cette confusion a été aussi à l’origine de toute sorte de maux : corruption, népotisme, clientélisme, ségrégation entre citoyens en raison de leur appartenance politique ou régionale. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? – Les espoirs du peuple tunisien ont été trahis à deux reprises :Une première fois en 1955 lorsque ses chefs, à l’occasion d’un différend sur la tactique à suivre face au protectorat français, lui ont imposé une dictature féroce au nom de « l’unité nationale » et des « impératifs de lutte contre le sous développement ». Une deuxième fois en 1987, lorsque ses luttes pour la liberté et la démocratie ont été encore une fois avortées au nom de « la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme » et de la modernisation du pays. A ces deux occasions la communauté internationale a été complice par son silence des malheurs que le peuple tunisien a endurés cinquante ans durant. Mais les élites ont leur part de responsabilité. Elles ont trahi les attentes de l’opinion. Elles se sont montrées cupides et sensible aux honneurs et aux privilèges offerts par le pouvoir. Que faire pour nous en sortir ? – La peur qui a régné au cours des années quatre-vingt-dix est entrain de refluer grâce au courage des militants des droits de l’homme, à la révolution dans les technologies de communication et à un contexte international plus favorable. L’éveil de la société civile tunisienne (syndicats, avocats, magistrats, journalistes médecins, artistes, universitaires etc..) constitue un signe d’espoir. Néanmoins L’endettement des familles, la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens, le chômage endémique qui frappe particulièrement les jeunes et les diplômés, les inégalités régionales et sociales, l’absence de perspectives qui pousse les jeunes de toute condition à rechercher, au prix de leurs vies, leur salut sur l’autre rive de la méditerranée, tous ces facteurs attestent des limites des solutions individuelles, alimentent un sentiment de frustration et de révolte. Le rôle des partis politiques reste décisif. En leur absence le chaos et l’instabilité guettent le pays (évènements sanglants de Soliman en décembre 2006 et l’Intifada du bassin minier au cours des six premiers mois de 2008, les milliers de jeunes emprisonnés sous l’accusation de jihadisme). Y a-t-il une personne que vous auriez aimé élire, à part vous bien sûr ? – C’est une question diabolique. Quoi qu’il en soit, dans le paysage actuel, je n’en vois aucune. La raison est simple : le système est totalement verrouillé. Toutes les potentialités en sont exclues. Toutefois, je pense que la Tunisie est riche de prodige et que plusieurs Obama courent actuellement. Et mon bonheur serait d’élire un jeune Tunisien compétent et charismatique. Propos recueillis par Taoufik Ben Brik

(Source: le site du « Nouvel Observateur » (France), le 15 octobre 2009)

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/interviews/20091015.OBS4692/nejib_chebbi_gogol_ou_lexclu_des_presidentielles.html


Ben Ali pour l’éternité
 
Les Tunisiens sont appelés aux urnes le 25 octobre. Seul élément de suspense : les scores que le président sortant va concéder à ses opposants. Le journaliste Taoufik Ben Brik revient sur cette parodie de démocratie.

Taoufik Ben Brik

Des élections ! Mais pour quoi faire ?” titre Attariq Al-Jadid, l’organe du mouvement Attajdid (ex-Parti communiste tunisien), daté du 5 septembre dernier. “Parler de l’élection présidentielle ? Vous me faites marcher, j’espère ! On n’a pas d’élections et encore moins de présidentielle. Où est-ce que vous avez rencontré un président sortant, un vrai. Des candidats, des vrais ? Des électeurs ?…. Des observateurs ? Des isoloirs ? Des urnes ? Une campagne ? Tout est bâtard. Je rêve, moi, d’avoir une carte d’électeur… pour mon petit-fils ! Même pas pour mon fils. Alors revenez me voir dans une autre vie”, s’esclaffe Ayachi Hammami, avocat et éternel président des comités de soutien aux candidats malchanceux. Ben Ali n’en a cure. Le voilà parti pour un énième mandat. Le 26 août, il a déposé devant le Conseil constitutionnel sa candidature pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2009. D’où le blues de Lumumba Mohsni, un opposant réfugié politique en France : “Ben Ali a-t-il vraiment besoin des élections pour rester en place ? Il aurait pu s’épargner et nous épargner cette farce de mauvais goût.”

En fait, Ben Ali a mis en place depuis 2002 un dispositif constitutionnel pour se maintenir président à perpète. Le texte fondamental initial prévoyait son départ en 2004. La nouvelle réforme constitutionnelle sur mesure qui a été approuvée le 26 mai 2002 lui permet de se présenter au moins encore deux fois. Il a fait des émules. Bouteflika en ­Algérie, Chávez au Venezuela se sont inspirés du benalisme. On lui concède tout de même ce mérite. Désormais, tout est clos. Sans issue. “Dans ces conditions, il n’y a que le boycott. Participer, c’est collaborer et c’est légitimer l’usurpateur”, dit Hamma Hammami, chef du Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT, extrême gauche), non reconnu. Même avec ce dispositif cimenté, Ben Ali trouve toujours le “détail” à fignoler. Avant le vote déjà, les membres des commissions de mise à jour des listes électorales sont désignés par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti-Etat au pouvoir depuis l’indépendance, en 1956. Les seules réclamations admises concernent la distribution des cartes d’électeur. Le jour du vote, la fraude est facilitée : le RCD tient les bureaux, l’isoloir n’est pas obligatoire et la carte d’électeur est facultative. Même les morts participent. Quant aux dépouillements, ils se déroulent à huis clos. Le président sortant choisit lui-même ses adversaires Autre artifice : un candidat à la ­présidentielle doit être parrainé par trente élus. Hormis le président sortant, personne n’est en mesure de remplir cette condition, sauf si le président lui donne trente élus. En fait, les dés sont pipés : le président sortant choisit lui-même ses adversaires. Sinon, pour se porter candidat, il faut être depuis au moins deux ans et sans interruption le numéro un d’un parti. Le mécanisme imaginé par le palais de Carthage [résidence du président] est ingénieux mais manque de suspense. “Par ces entourloupes, on essaie de m’éliminer, d’exclure Mustapha Ben Jaafar, le chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), et on dénie au mouvement Attajdid le droit de désigner librement son propre candidat”, explique Néjib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste(PDP), qui vient de retirer sa candidature. Au bout du compte, de telles règles ne laissent émerger en tout et pour tout que trois adversaires. Et quels adversaires ! Les zéros et quelques poussières. Les mauvaises langues les nomment 0,007… James Bond pour Ben Ali. Deux d’entre eux (Mohamed Bouchiha, chef du Parti de l’unité populaire, et Ahmed Inoubli, chef de l’Union démocratique unioniste) soutiennent Ben Ali depuis son arrivée au pouvoir, en 1987. Ils n’ont aucune chance. Ils le savent pertinemment et le proclament publiquement. Vrais-faux opposants, transfuges du parti au pouvoir, dirigeants de formations politiques aux allures de chapelles, les trois adversaires de Ben Ali affichent un profil bas. Critiquer le président sortant ? L’idée ne les a même pas effleurés ! Accéder au pouvoir ? Hum… Ils se battront, c’est promis. Pour Ben Ali. Un seul slogan à leur disposition : Ben Ali pour l’éternité. La seule inconnue du scrutin est le score du président sortant. En 1989, Ben Ali avait obtenu 99,27 % des suffrages ; 99,91 % en 1994, 99,44 % en 1999 et 94,49 % en 2004. D’où la première – et seule – question qui se pose à l’automne 2009, à la mesure de cette dérisoire parodie de démocratie qui se joue à ciel ouvert : quels maigres scores, compatibles avec sa susceptibilité, Ben Ali concédera-t-il à ses opposants ?

(Source : « Courrier International » (France), le 15 octobre 2009)

Lien :http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/15/ben-ali-pour-l-eternite


 

PRESIDENTIELLE EN TUNISIE

« Affreux, sales et méchants »

Taoufik Ben Brik

La résistance, ça se fait avec du courage physique et des idées. Des idées, il y en a eu. Du courage pas beaucoup.

Qu’est ce qu’il arrive? Il arrive qu’ils sont rejetés de l’espace médiatique. Personne ne parle, n’écrit sur la p’tite Tunisie. Pour exister, il faut avoir une Menace de la Taille de Ben Laden. Pour être visible, il faut détruire des bâtiments et chevaucher un missile kubrickien.

Le désenchantement a volé leur colère. Ils sont ramollis à l’extrême. On ne sait pas qui leur a joué un sale tour ? Bush ? Ben Laden ? Avec des acolytes de tel acabit, le mieux est de se retirer en douce, sur la pointe des pieds, la queue entre les pattes. Ils ont changé les règles, déplacé le terrain, mélangé les cartes. Ils ont crée un jeu, où d’entrée, tu es plumé. C’est un autre stade. Un autre ring. Une autre piste.

Toute une vie pissée dans le sable. Tunis est restée toute entière aux mains de Ben Ali. Nous avons essuyé un échec lamentable. Voilà ce qui se passe quand on fait les choses à moitié. On a perdu la bataille avant de l’avoir menée. On a perdu quand les Kapos des 7 familles qui pillent le pays se sont aperçu qu’il était plus avantageux d’épouser les filles de bonnes familles que de les violer. Ce qui les intéresse chez les bourgeoises, ce ne sont pas leurs bonnes manières mais leurs capacités à transformer le pouvoir en argent. C’est ça ce qu’ils apprennent des gamins de riches.

On n’a pas vu arriver à Tunis, le gratin qui s’est rallié à Ben Ali à zéro heure. On n’a pas vu arriver les banquiers aux cheveux grisonnants accompagnés de leur femme à la porte de Carthage, des hommes d’affaires avisés faire des courbettes au nouveau seigneur, des industriels, des marchands, des avocats, des hommes politiques. Des journalistes vendus, cupides et lâches. Des cocottes. Des dames honnêtes. Leurs tendres filles mêlées à de pâles débauchées. De jeunes pédérastes, et des grippes sous, des poètes et des usuriers, des gendarmes et des actrices de théâtres municipaux. On n’a pas vu cette foule, se glissant par toutes les fissures du palais de Carthage.

Résister ? Une résistance d’avant même l’idée de résister, une résistance de la source, une résistance où l’on trouvera ensuite les raisons de résister. Une résistance comme existence. Une résistance à la destruction. Une façon de dire, vous ne m’aurez pas vivant.

La résistance, ça se fait avec du courage physique et des idées. Des idées, il y en a eu. Du courage pas beaucoup. La résistance ne se fait pas avec des médecins, des avocats, des chiffes molles. Elle se fait avec des paysans analphabètes, des ouvriers crasseux, des photographes ambulants, des voleurs de bicyclettes. La résistance. Pas la peine. Des individualités fortes, des lobbyistes chevronnés ont fait du tintamarre. C’est tout. Ont-ils fait bouger les choses ? Du tout. Du tapage nocturne. Lorsqu’en mai 2000, le pays est devenu une image planétaire et que Ben Ali a détrôné tous les dictateurs, on a dansé le tango toute la nuit à Rio. Normal qu’on perde pied. Comment une petite troupe d’un pays aussi important que le Tchad a-t-il donné de la voix aussi habitée que celle du sous commandant Marcos ou Edward SaÏd ? Qu’on insulte Radhia Nasraoui et on a droit à une dépêche à l’AFP, qu’on coupe la ligne téléphonique de Moncef Marzouki et le Monde titre : le 872 377 ne répond plus, un évènement qui côtoie le siège de Ramallah ou la chute de Bagdad. De quoi sommes-nous capables ? De nuisance. Basta. Amener Ben Ali à négocier et à concéder une infime partie de son pouvoir n’est pas à notre portée. Pas même un strapontin.

Le microcosme réunissait un mélange assez réussi de technocrates arrivés, de demoiselles cultivées, de jeunes intellectuels parlant le français, d’avocats fortunés, d’industriels prospères, d’actrices sur le retour. S’y mêlaient quelques tendres fils de familles de l’ancien régime. Pour couronner le tout un paquet de profiteurs : experts dans le jonglage financier et autres escroqueries. Sans compter quelques journalistes et écrivains du dimanche. Une société trop mélangée pour la sentir sûre d’elle-même. A la fois flasque et couarde. En voyant ces gens, on se disait, qu’à cette société, il manque, pour se sentir à l’aise, des femmes de taulards, des syndicalistes gauchistes, des contrebandiers et tout plein de prostituées. Ils te font penser à un chien perdu qu’on ramène à la maison, un sac d’os et des dents jaunâtres. Un animal pathétique et en fin de compte dangereux, en quête d’un foyer accueillant mais dont la faim est si grande qu’aucune manifestation d’amour ou de générosité ne pourra la combler. Le chien se contentera de manger et de manger encore; il ne sera jamais apprivoisé.

(Source: le site du « Nouvel Observateur » (France), le 15 octobre 2009)

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/tribunes/20091014.OBS4551/affreux_sales_et_mechants.html


Un projet de résolution approuve le rapport Goldstone

ATS, le 15 octobre 2009 à 11h26

Genève (ats) Un projet de résolution approuvant les conclusions du rapport Goldstone a été déposé jeudi en vue de son adoption par le Conseil des droits de l’homme à Genève. Le texte demande à toutes les parties de mettre en oeuvre les recommandations du rapport.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit discuter jeudi après-midi, et probablement vendredi, de ce texte, présenté par la Palestine, l’Egypte, pour le mouvement des non-alignés, le Nigéria, au nom du groupe africain, le Pakistan, pour l’Organisation de la conférence islamique et le Tunisie, pour le groupe arabe.

L’ensemble de ces pays détient une nette majorité au Conseil des droits de l’homme et l’adoption de la résolution ne fait pas de doute. Dix-huit pays ont demandé une session extraordinaire du

Conseil, à la suite du report inattendu du vote sur une résolution similaire, le 2 octobre, à la fin de la session ordinaire du Conseil.

Le rapport Goldstone demande à Israël et au Hamas de mener des enquêtes crédibles sur les crimes de guerre et possibles crimes de l’humanité commis lors des événements de Gaza en décembre et janvier. Si ces enquêtes ne sont pas effectuées dans les six mois,

le Conseil de sécurité de l’ONU devra décider s’il transmet le dossier au procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

Le texte du projet de résolution condamne également les violations commises par Israël à Jérusalem-Est, comme les restrictions de l’accès aux Lieux Saints, la démolition de maisons et les expropriations, la construction de nouvelles colonies de peuplement et du Mur de séparation, les travaux d’excavation près de la mosquée d’El-Aqsa.

(Source : www.romandie.com (Suisse) le 15 octobre 2009)


 

Goldstone: il faut que cela bouge, affirme une ONG palestinienne

 

ATS, le 15 octobre 2009 à 14h04

Genève (ats) Plus de 110 ONG ont demandé jeudi de soutenir le rapport Goldstone. Il faut que quelque chose bouge sur le plan juridique, en respectant des délais précis, a expliqué à Genève Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme.

Plus de 110 organisations non-gouvernementales (ONG) ont signé un appel commun à tous les Etats pour qu’ils soutiennent les recommandations du rapport du juge Goldstone, afin de mettre fin à l’impunité et de poursuivre les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

« Des mesures concrètes doivent être prises pour appliquer les recommandations du rapport Goldstone », a affirmé à la presse le responsable de l’ONG palestinienne, également vice-président de la

Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), en marge de la session du Conseil des droits de l’homme.

« Nous voulons le respect du droit, pas la loi de la jungle », a-t- il dit. « Les Conventions de Genève ne sont pas pour les professeurs d’Université, elles sont là pour protéger toutes les victimes sans

exception », a-t-il affirmé.

Occasion unique

Le rapport Goldstone sur les crimes de guerre commis par Israël et le Hamas lors des événements de Gaza, en décembre et janvier, est une occasion unique, a-t-il souligné. Il prévoit pour la première fois des procédures concrètes avec un calendrier précis pour mettre un terme à l’impunité dans la région, a expliqué Raji Sourani.

« Nous espérons que ce rapport ne finira pas sur une pile de papiers, mais que tous les mécanismes de l’ONU, pas seulement le

Conseil des droits de l’homme, y donneront suite », a-t-il ajouté. Il a espéré que le Conseil de sécurité saisisse d’ici six mois le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ou qu’un tribunal spécial soit créé pour juger des crimes commis à Gaza.

Tout retard dans les enquêtes et les poursuites ne peut qu’encourager Israël à persévérer dans ses violations du droit international, a-t-il fait remarquer. La paix ne peut se faire sans le respect du droit, a-t-il averti.

Interrogé sur la position des Etats-Unis, le Palestinien ne s’attend pas à un ralliement de Washington au rapport Goldstone. Mais le président Obama doit mériter son prix Nobel de la Paix et faire avancer le processus de paix au Proche-Orient. « Les gens attendent qu’Obama réalise ses promesses », a déclaré Raji Sourani.

(Source : www.romandie.com (Suisse) le 15 octobre 2009)

 


 

De passage à Berne, Goldstone répond aux critiques sur son rapport

ATS, le 15 octobre 2009 à 15h18

   Berne (ats) Le juge sud-africain Richard Goldstone a répondu  jeudi à Berne aux critiques lancées par certains gouvernements  contre son rapport sur les crimes commis à Gaza en janvier dernier.  Il estime que ce document doit inciter les Etats à réévaluer la  manière dont ils utilisent la force contre les acteurs non-étatiques.

   « Un grand nombre de critiques vient de gens qui n’ont même pas lu  le rapport » a déclaré le Sud-Africain lors de la conférence annuelle  de la Division politique IV (sécurité humaine) du Département  fédéral des affaires étrangères (DFAE). Il a ajouté qu’il avait agi  en toute indépendance et dénoncé ceux qui aimeraient « utiliser le  Conseil des droits de l’homme ».

   « C’est facile de dire qu’un rapport est faux » mais moins de  creuser une enquête, a-t-il dit. Dans ce type de situation, il se  demande aussi pourquoi les Etats ne mènent pas eux-mêmes des  enquêtes sur les événements. Une juridiction internationale « doit  être activée en dernier ressort », a-t-il poursuivi.

   M. Goldstone rejette la critique israélienne selon laquel le  traitement du passé pourrait constituer un frein au processus du  paix. Ce type d’argument a déjà été utilisé par le passé en Ouganda,  au Darfour ou en Afrique du Sud, a-t-il fait remarquer. Selon lui,  il n’y a pas de « paix durable » sans reconnaissance des crimes commis  auparavant.

   Le Sud-Africain estime par ailleurs difficile d’anticiper la  décision américaine ou non de soutenir son rapport.

(Source : www.romandie.com (Suisse) le 15 octobre 2009)


 

Mia Farrow: « Les enfants de Gaza méritent mieux »

AFP, le 15 octobre 2009 à 12h48

GAZA, 15 oct 2009 (AFP) – L’actrice américaine et militante des droits de l’homme Mia Farrow, en visite à Gaza, a plaidé jeudi en faveur des enfants du territoire palestinien, soumis au blocus israélien, à la misère et à la violence. « Les enfants sont traumatisés », a affirmé Mia Farrow lors d’une conférence de presse à Gaza à l’occasion d’une visite de « bons offices » en tant qu’ambassadrice « itinérante » de l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour l’enfance. « Selon les témoignages de leurs enseignants, lorsque les enfants entendent un bruit violent, ils regardent vers le ciel, crient ou fondent en larmes. Ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve », a-t-elle ajouté, aux côtés de l’acteur égyptien Mahmoud Qabil, lui aussi ambassadeur itinérant de l’UNICEF. Mia Farrow, 64 ans, est arrivée mercredi à Gaza, où elle a visité des hôpitaux et rencontré des militants des droits de l’Homme. Israël et l’Egypte ont isolé la bande de Gaza, où vivent 1,5 million de personnes, dont plus de la moitié ont moins de 18 ans. Seule l’aide humanitaire est autorisée à passer depuis que les islamistes du Hamas ont pris le pouvoir à Gaza en juin 2007. Fin 2008, Israël a lancé une opération militaire dévastratice pour faire cesser les tirs de roquettes de la bande de Gaza vers le sud d’Israël. Durant cette campagne, qui s’est soldée par de très importants dégâts, plus de 1.400 Palestiniens et 13 Israéliens ont été tués. Mia Farrow devait se rendre jeudi dans la ville israélienne de Sdérot, proche de Gaza, cible régulière de tirs de roquettes palestiniennes. Après avoir été mannequin, Mia Farrow a joué dans plus de 40 films, dont 13 au côté de Woody Allen. Mère de 14 enfants, dont 10 ont été adoptés, elle s’est faite l’ardente avocate des droits des enfants ces dernières années.

 

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