14 février 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2822 du 14.02.2008

 archives : www.tunisnews.net


REMDH:  Nouvelle atteinte à la liberté de mouvement, d’expression et d’association des magistrats tunisiens

Les élections présidentielles de 2009 – Appel en faveur d’une candidature pour une alternative democratique Reuters: Tunisia opponent to run for president next year Le Matin: Ben Ali a encore frappé  – Un humoriste en prison pour l’avoir imité Points communs: La liberté ne s’offre pas! Mouatinoun: Dr Benjaâfar en Europe du 18 au 30 janvier. Dr  Khelil Ezzaouia : elections 2009 : quels defis pour l’opposition ? pour ne pas se tromper de bataille Larbi Chouikha: Un clin d’œil : Les démocrates de l’ombre ? Nabil  Azzouz: Humeur(s) Arab Press Network : L’Expression, nouvelle brèche dans le paysage médiatique tunisien ? L’Expression: En attendant l’UMA  AFP: Moughnieh, dirigeant du Hezbollah, « bête noire » des Etats-Unis et d’Israël AFP: Arabie: appel de HRW en faveur d’une femme condamnée à mort pour sorcellerie AFP: Excuses aux Aborigènes: la presse australienne salue un tournant historique


Voilà pourquoi Oueld Baballah a été mis en prison:

http://www.zshare.net/audio/74365869e8a6db

 


Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme

Communiqué

 

Objet :        Nouvelle atteinte à la liberté de mouvement, d’expression et d’association des magistrats tunisiens

 

À l’occasion de la réunion de son Groupe de travail sur la Justice qui s’est tenue à Bruxelles du 9 au 11 février 2008, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme REMDH﴿ s’indigne une fois de plus de la nouvelle interdiction de voyager opposée par les autorités tunisiennes aux membres du bureau exécutif légitime de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) ; cette interdiction constitue une atteinte caractérisée à la liberté de mouvement telle que garantie par la Constitution tunisienne et les traités et conventions internationaux engageant la Tunisie.

 

Nous rappelons que les instances démocratiquement élues de l’AMT ont fait l’objet, en 2005, d’un « putsch » organisé par les autorités qui a abouti à leur évincement des locaux de l’association et leur remplacement par des instances non représentatives. Cette prise de contrôle illégale de l’association s’est accompagnée d’une série de mutations-sanctions à l’encontre d’un certain nombre de magistrats membres des instances légitimes dans le but de sanctionner leurs velléités d’indépendance et de les éloigner physiquement de la capitale.

 

L’AMT étant membre de l’Union internationale des magistrats (UIM), les instances dirigeantes de l’UIM ont été saisies de la question de la représentation de l’AMT en son sein. Afin d’examiner cette question, et à la demande notamment du REMDH, l’UIM organise une réunion à ce sujet à son siège, à Rome, le 16 février 2008. Pour ce faire, elle a invité toutes les parties concernées, c’est-à-dire les magistrats représentant les instances légitimes de l’AMT comme ceux représentant les nouvelles instances. Or, tous les magistrats membres des instances légitimes de l’AMT, bien que formellement invités par l’UIM, se sont vu refuser l’autorisation de quitter la Tunisie.

 

Le REMDH dénonce fermement cette atteinte renouvelée au droit des magistrats tunisiens de sortir librement du territoire tunisien et renouvelle au bureau exécutif légitime de l’Association des magistrats tunisiens son entier et indéfectible soutien face à l’autoritarisme des autorités tunisiennes.

 

Le REMDH rappelle que cette entrave à la liberté de mouvement des magistrats tunisiens contrevient à l’article 12.2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la Tunisie, qui dispose que « toute personne est libre de quitter n’importe quel pays, y compris le sien ». Interdire ainsi aux magistrats d’assister à la réunion organisée par l’UIM constitue par ailleurs une violation patente de leurs libertés d’association et d’expression consacrées par le Principe 8 des Principes fondamentaux relatif à l’indépendance de la magistrature (ONU, 1985) : « Selon la Déclaration universelle des droits de l’homme, les magistrats jouissent, comme les autres citoyens, de la liberté d’expression, de croyance, d’association et d’assemblée; toutefois, dans l’exercice de ces droits, ils doivent toujours se conduire de manière à préserver la dignité de leur charge et l’impartialité et l’indépendance de la magistrature 

 

En conséquence, le REMDH appelle  les autorités tunisiennes à:

 

         Autoriser sans délai les magistrats membres des instances légitimes de l’ATM invités par l’UIM à quitter la Tunisie pour se rendre à Rome ;

         De manière plus générale, respecter les libertés fondamentales des juges tunisiens, notamment leur liberté de mouvement, d’expression et d’association

 

 

Kamel JENDOUBI, Président du REMDH

 

Les élections

présidentielles de 2009

APPEL EN FAVEUR D’UNE CANDIDATURE POUR UNE ALTERNATIVE DEMOCRATIQUE

 

Cinquante ans après la proclamation de l’indépendance et l’annonce de l’avènement de la République en Tunisie ; le régime de l’Etat-RCD (Rassemblement Constitutionnel et Démocratique) – qui vient de fêter le 20ème anniversaire de sa prise du pouvoir – s’apprête à organiser, une fois de plus, de nouvelles élections générales : présidentielles, législatives et municipales.

Ces préparatifs électoraux se déroulent dans un contexte politique, économique, social, et culturel caractérisé par l’absence de volonté d’ouverture politique et l’exclusion systématique de toute opinion divergente, la chute du pouvoir d’achat, la montée du chômage, de la corruption  et du népotisme, l’érosion – en particulier parmi les jeunes – du sens de la fierté nationale et de la foi dans les valeurs humaines, et plus généralement, la progression, aussi bien au sein des élites qu’au niveau populaire, d’un sentiment diffus, ou déclaré, de désenchantement et de perte de confiance en l’avenir.

Tous les éléments et les indices les plus probants confirment que notre pays risque, dans ces conditions, et une fois de plus, d’affronter ces échéances électorales sans aucune évolution significative ni du contexte politique, ni du rapport des forces entre un pouvoir despotique et arbitraire et une opposition divisée et en butte à une politique systématique d’exclusion face à un peuple qui appréhende négativement la répétition d’une comédie électorale aux épisodes  connues par avance.

Dans ce contexte, et contrairement aux engagements pris par le pouvoir de supprimer la présidence à vie dont les tunisiens ont eu à subir les tristes méfaits, notre pays est le théâtre depuis près de deux ans, de campagnes de propagande intenses visant à « solliciter le président Zine El Abidine Ben Ali pour qu’il se porte candidat aux élections présidentielles de 2009 » dans le cadre d’un cinquième mandant consécutif.

Cette réalité, à bien des égards négative, n’a toutefois pas altéré la volonté de l’opposition véritable et des forces vives au sein du peuple de poursuivre le combat pour le changement démocratique. C’est dans ces conditions qu’a fini par émerger, au cours des dernières années, une plate forme d’action commune dont les lignes de forces sont, aujourd’hui, clairement établies. Celles-ci se sont, en effet, cristallisées à travers les différentes étapes des luttes menées par l’opposition, les composantes de la société civile, les syndicalistes, les intellectuels, les créateurs, les jeunes et les étudiants. Cette constance dans la contestation est en réalité, le reflet des attentes et des aspirations des fils et des filles de notre peuple au changement démocratique et l’expression de leur refus des orientations imposées par le pouvoir sur les plans, politique, économique, social, culturel et éducatif.

L’opposition tunisienne est riche des énergies et des talents confirmés et potentiels qu’elle recèle et qui lui permettraient de briser l’isolement dans lequel la politique du pouvoir s’efforce de la confiner. Pour cela, et pour élargir sa base sociale, il lui faut toutefois, savoir exploiter au mieux les moments historiques appropriés tout en recherchant avec constance à agir sur la base des éléments de convergence et d’accord communs. Il lui faut en particulier – et avec cette volonté unitaire – donner corps et vie à ses luttes et à ses  mots d’ordre dans le cadre d’un courant de pensée et d’action unifié incarné par des militantes et des militants bénéficiant à la fois du rayonnement et de le crédibilité requis et s’appuyant sur un programme progressiste et audacieux.

Les prochaines élections présidentielles – que le pouvoir essaie de réduire à une simple étape pour consacrer la présidence à vie – pourraient dans ces conditions constituer une occasion privilégiée, pour l’opposition et pour l’ensemble de notre peuple, de mener une bataille politique qui permettrait de franchir un nouveau palier dans le combat pour le changement démocratique auquel nous aspirons. Il est cependant difficile à cette opposition de mettre en mouvement de larges secteurs des élites et des masses populaires autour de ses mots d’ordre politiques et sociaux si elle ne s’incarne pas, aux yeux de l’opinion, dans des personnes physiques qui en portent l’étendard et qui en défendent l’existence et la volonté de lutter.

Aussi estimons-nous qu’il est nécessaire que l’opposition démocratique présente des candidatures à l’élection présidentielle, annoncées solennellement ici et maintenant et porteuses, aux yeux de l’opinion publique, du flambeau de la démocratie, de la justice sociale et de la défense de la souveraineté nationale. Ces candidatures devraient, dans le même temps, ouvrir des perspectives nouvelles pour les opportunités et les possibilités du travail en commun au niveau des élections législatives qui ont lieu le même jour que le scrutin présidentiel. Cette volonté d’action commune peut permettre, à son tour, de favoriser une dynamique nationale consacrant l’unité de lutte sur le terrain et contribuer à rompre avec le dévoiement de la volonté populaire recherché par un pouvoir aux tendances autoritaires et hégémoniques prononcées.

La scène politique tunisienne a vu émerger, au fil des ans, un certain nombre de figures emblématiques disposant d’un capital de crédibilité politique qui leur permet légitimement d’assumer une telle responsabilité. Nous pensons, de ce point de vue, que le militant Ahmed Nejib Chebbi, fondateur du Parti Démocratique et Progressiste(P.D.P) est l’un d’entre eux. Il compte, en effet, parmi les personnalités ayant les qualités requises pour se présenter aux élections présidentielles sur la base d’une plateforme démocratique commune . Faut-il rappeler qu’Ahmed Nejib Chebbi a assumé des responsabilités éminentes au sein du Parti Démocratique et Progressiste, une formation politique qui a mis, des années durant, ses locaux, son journal, ses militantes et ses militants au service de la cause démocratique en Tunisie et qui a consenti pour cela de multiples sacrifices, se maintenant à l’avant-garde des forces actives face au despotisme et à l’arbitraire.  

Le pouvoir a pris l’initiative depuis 1999 de promulguer des amendements au code électoral pour imposer, à chaque scrutin, des conditions exceptionnelles relatives  aux possibilités de candidatures avec l’objectif d’empêcher toute compétition véritable au niveau de la plus haute charge de l’Etat, reportant ainsi l’avènement d’un pluralisme effectif qui réponde aux nécessités de la vie démocratique.

Aussi pensons nous qu’il est nécessaire que chaque tunisien qui estime réunir les capacités lui permettant d’affronter la compétition pour la présidentielle 2009, fasse, dès à présent, acte de candidature afin de contraindre le pouvoir à prendre en compte les nécessités et les conditions d’un scrutin libre et loyal lors de l’élaboration et de la promulgation de l’amendement annoncé.

  • -Soucieux de favoriser l’avènement d’un changement démocratique dans notre pays ;
  • -Convaincus que ce combat fait obligation à toutes les parties concernées d’apporter leurs contributions à l’élaboration de propositions alternatives aux politiques  gouvernementales actuelles ;
  • -Déterminés à assumer notre devoir de participation à cette bataille politique au nom de la nécessité d’agir de façon efficace et responsable ;

Les premiers signataires de cet appel soutiennent la décision d’Ahmed Nejib Chebbi de présenter sa candidature aux élections présidentielles de 2009 avec pour objectif d’aller au devant du peuple tunisien avec un discours et un programme qui reflètent les solutions alternatives de l’opposition démocratique dans tous les domaines et ses choix fondamentaux en matière de libertés, de justice sociale et de préservation de la souveraineté nationale.

 

Khémaïs Chammari ,Ancien député, défenseur des droits Humains , ex –détenu d’opinion ; M° Ayachi Hammami, Avocat , cadre associatif ,ex-détenu d’opinion ; M° Abdessatar Benmoussa, Avocat, ancien bâtonnier ; Kamel Jendoubi, Dirigeant associatif ; Samya Abbou, Enseignante et militante associative ; Ezeddine Hazgui , Cadre associatif , ex-détenu d’opinion ; Salem Rjeb, Ancien député et cadre syndical ; Med Bousseiri Bouebdelli, universitaire, fondateur du Lycée Louis Pasteur ; Tahar Chagrouch , Chercheur, cadre associatif ,ex-détenu d’opinion ; M° Houcine Bardi, Avocat ; Taoufik Chamari, Cadre d’entreprise , dirigeant associatif ; Riadh Gharbi, Ingénieur, animateur associatif ; M° Ridha Belhaj, Avocat ; M° Latifa Habbachi, Avocate ; M Mohamed Tahar Chaieb, Universitaire et Syndicaliste


 

 

Tunisia opponent to run for president next year

 
 Reuters, le 13 février 2008 à 18h32 TUNIS, Feb 13 (Reuters) – A former leader of Tunisia’s main opposition Progressive Democratic Party (PDP), Ahmed Nejib Chebbi, announced on Wednesday that he would stand in next year’s presidential election. « More than a year ago the government began its own campaign and the opposition hasn’t taken any initiative, » Chebbi told reporters. Chebbi is the first top official from a political party to announce he will be a candidate in the election. It was important now to put pressure on the government to make social and economic reforms », the 60-year-old lawyer added. Chebbi was prevented from running in 2004 elections as his party did not have a seat in parliament. « I think that the acceptance of my candidacy will be a way to assess whether the government is ready to run a fair and pluralistic election. »  « If a political party is excluded … it will be confirmation that the government wants only decorative pluralism and not free elections, » Chebbi said. Supporters have been calling on Tunisian President Zine al-Abidine Ben Ali to stand for re-election. But Ben Ali has not commented on whether he will be a candidate. Chebbi, who handed over to Maya Jribi, the first woman to lead a Tunisian political party, says he will focus his campaign on unemployment, purchasing power and demands for political reform. Ben Ali gained power in 1987 when doctors declared the then president Habib Bourguiba senile and unfit to rule. A referendum in 2002 revised the constitution to allow the president an unlimited number of successive five-year terms.  Ben Ali won 94.4 percent of vote in the last election. (Reporting by Tarek Amara; editing by Giles Elgood)  


Ben Ali a encore frappé :

Un humoriste en prison pour l’avoir imité

 

L’humoriste tunisien, Hédi Ouled baballah a été condamné par le tribunal de première instance de Ben Arous (banlieue de Tunis) à un an de prison et une amende de mille dinars, sous l’inculpation de « détention d’une matière stupéfiante classée dans la catégorie B. ».

 

En fait, Hédi Ouled Baballah vient, de produire un sketch où il imite le président Ben Ali qui a largement circulé en Tunisie de façon informelle par un enregistrement de téléphone portable; Ce sketch a été présenté dans un lieu privé à Sfax, il y a moins de trois semaines.

 

C’est la deuxième fois que l’humoriste produit sur le même sujet. Après la production du premier sketch, il avait été arrêté par la police et détenu au centre de détention de Bouchoucha du 9 au 11 mars 2007.

 

Durant sa garde à vue, il a été violemment battu par les agents des services de sécurité et porté plainte pour « violences aggravées », mais sa plainte est restée sans suite. Les quelques grammes de « Zatla » (cannabis), prétexte à cette dernière condamnation ont découvert de façon « spontanée » par les services spéciaux lors d’un autre contrôle de « routine ».

 

Lors de l’audience devant le tribunal, Hédi Ouled baballah a déclaré ignorer l’existence de cette drogue et évoqué un montage de la police contre lui.

 

L’hypothèse d’une montage juridico-policier semble la plus probable pour les observateurs qui savent qu’en Tunisie, les dissidents ne sont jamais condamnés pour ce qui leur est réellement reproché, mais pour des délits déshonorants, comme cela avait été le cas pour l’avocat Mohamed Abbou (violences contre une consoeur) ou plus récemment, le journaliste Slim Boukhdhir (atteinte aux bonnes mœurs) !

 

Après cette « récidive », c’est une sale affaire de drogue qui a été montée contre lui pour le punir d’avoir transgressé les lignes rouges.

 

L’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création en Tunisie considère cette affaire, cousue de fil blanc, comme un montage juridico-policier et estime que Hédi Ouled Baballah est victime d’une violation de sa liberté d’expression, garantie par les lois tunisiennes ainsi que les instruments internationaux. Il exige la libération sans condition de l’humoriste Hédi Ouled Baballah et appelle tous ceux qui sont attachés à la liberté d’expression à se mobiliser pour exiger sa libération..

 

(Source : « Le Matin » (Quotidien – Alger), le 11 février 2008)


 

 

 

La liberté ne s’offre pas!

Par : Boris Vian

 

Dans les pays démocratiques, l’humour fait partie de la liberté d’expression, et c ‘est un signe de bonne santé de la société. Ce n’est pas le cas dans les pays dirigés par des régimes dictatoriaux.

 

Encore une fois, le régime de Ben Ali a prouvé que le mot liberté d’expression n’est qu’une expression vidée de son sens.

 

Une autre preuve s’ajoutant aux autres : la condamnation de Hédi Ouled Baballah , humoriste tunisien, fort sympa et très apprécié par le public tunisien, qui a osé défier les règles en jouant un petit sketch lors une fête privée, sur le Président Ben Ali.

 

Ce sketch enregistré sur portable, a fait le tour du pays, et a fait rire les personnes qui l’ont écouté, car le Tunisien est friand de toutes les blagues qui touchent de près ou de loin les symboles du régime. C’est en quelque sorte une revanche, puisqu’il ne pourrait les atteindre autrement.

 

Le sketch en lui-même n’est pas du tout diffamatoire, il s’agissait d’une imitation parfaite du président qui jouait avec son bébé, et qui lui chantait une petite chansonnette, en invitant ses ministres et même le mufti à la chanter, avec l ‘ allusion que le bébé avait les mains de ses oncles maternels ( qui en Tunisie ne connaît pas le clan Trabelsi ?).

 

Ouled Baballah a payé un prix exorbitant puisqu’il a été arrêté, battu, passé en jugement pour détention de drogue et commerce de devise, et a été condamné à une année de prison et mille dinars d’amende.

 

Tout le monde ici sait que c’est une accusation préfabriquée, comme tant d’autres d’ailleurs, car notre régime n’a pas l’audace de condamner ouvertement quelqu’un pour «sa liberté d’expression », puisqu’il prétend que le tunisien jouit de cette liberté.

 

Je rends hommage à cet humoriste pour son courage. C’est vrai que lui seul payera la facture, mais il a le mérite de mettre sa pierre à l’édifice, il vient de prouver que la liberté ne s’offre pas mais s’arrache à force de sacrifices.

 

(Source : le site « Points communs » (France), le 13 février 2008)

Lien : http://www.pointscommuns.com/boris-vian-commentaire-lecture-66930.html

 


Dr Benjaâfar en Europe du 18 au 30 janvier.

Paris (1)

 Le secrétaire général du FDTL a participé à la journée d’études des socialistes européens et maghrébins, organisée à Paris par le Parti socialiste européen et la Fondation Jean Jaurès ( Voir compte rendu page…) En marge de cette réunion, Dr Benjaafar a eu des entretiens avec les camarades  Philip Cordery et Yonnec Paulet du PSE,  Gérard Fuchs et Alain Chenal de la FJJ, Houcin Ait Ahmed du FFS, Aicha Belarbi de l’USFP, Etienne Godin du PS belge, Mhamed Grine du PPS marocain, Eduard Soler du PSOE, Maurice Braud et Karim Pakzad du PS français ainsi que les députés européens présents à la manifestation, notamment Mr Kader AriF et Mr Obiols.

Paris (2)

Dr Benjaaafar, Dr KhelilEzzaouia et Pr Abdeljelil Bedoui ont animé une rencontre avec les militants tunisiens réunis à l’invitation de…Au centre du débat, la situation en Tunisie et les échéances électorales de 2009.

Paris (3)

 Le secrétaire général du FDTL a eu au siège du parti socialiste français un entretien avec les camarades Maurice Braud et Karim Pakzad, responsables au département des relations internationales du PS. L’entretien a porté sur les moyens de consolider les relations entre les deux partis et au sein de l’Internationale Socialiste.

Bruxelles

Dr Benjaafar a été reçu au parlement européen successivement par les députés européens Mme Pasqualina Napolitano et Carlos Gonzalez Carnero,. Il a été reçu  à la direction  générale des relations extérieures par Mr Leonello Gabrici, chef de l’unité Maghreb qui était accompagné de Mrs Manfredo Panti et Marten Skyv. Les différents entretiens ont porté sur les relations entre l’Union européenne et la Tunisie et sur l’intérêt d’associer les représentants de la société civile pour mieux consolider le partenariat.

Genève

Une soirée sympathique a permis au Dr Benjaafar de rencontrer, à leur initiative, des militants tunisiens actifs à Genève sur le terrain de défense des droits de l’homme.

 

(Source: « Mouatinoun » nr 48  organe du Forum démocratique pour le travail et les libertés)

 


 

ELECTIONS 2009 : QUELS DEFIS POUR L’OPPOSITION ?

POUR NE PAS SE TROMPER DE BATAILLE

 

Dr  Khelil Ezzaouia

 

 

L’échéance de 2009 se rapproche rapidement. Elle se caractérise d’abord par une campagne prématurée de la part du RCD et de ses clients comme si il y avait un doute sur l’issue du scrutin et qu’il vaut mieux partir tôt pour s’assurer du suffrage populaire dans une élection serrée. La situation politique par rapport à 2004 n’a pas beaucoup varié sur le fond avec un climat de verrouillage quasi-total empêchant la voix de l’opposition démocratique d’arriver à la population grâce à un contrôle strict du champ médiatique. Sur d’autres plans les choses se sont plutôt aggravées avec une ligue des droits de l’homme mise presque en état d’hibernation et des procès contre une jeunesse qui n’a trouvée de refuge que dans une idéologie passéiste porteuse de chimères. Ces procès entachés, d’après les observateurs nationaux et étrangers,  de nombreuses irrégularités et de retournements de situations inexpliquées (des condamnations à 20 ans de prison passant en appel à 2ans voire à l’acquittement). Enfin un bâclage ridicule du procès des événements de Slimane dont le but semble être de ne pas faire la lumière   sur la réalité des faits. A cette situation politique s’ajoute une situation économique peu rassurante avec une détérioration du pouvoir d’achat et une aggravation du chômage des jeunes comme l’ont démontré les événements de la région minière.

La tâche de l’opposition démocratique n’est pas aisée d’autant plus qu’une impression d’impuissance se ressent au sein d’une population quadrillée par un système policier et/ou clientéliste. L’objectif essentiel de l’opposition doit être de mobiliser les forces vives de la nation pour quelles reprennent l’initiative et reconsidèrent que l’action politique peut permettre de changer la situation du pays. Il s’agit de redonner de l’espérance dans la lutte pour une citoyenneté réelle. L’échéance électorale doit être considérée comme un moment de lutte privilégié et non comme une course vers des postes hypothétiques ou des positionnements sectaires. La population nous attend pour voir notre capacité à relever le défi de la lutte pour un état de droit et des élections crédibles. Le parlement de décor instauré depuis 1994 doit être relégué aux oubliettes. La présidence à vie est d’un autre âge.

Toutes ces tâches ne peuvent se concevoir que dans le cadre d’un rassemblement large de l’opposition en vue d’exiger des conditions minimales pour un scrutin transparent. Ce rassemblement doit dépasser les clivages partisans et personnels. Il ne s’agit pas de dire qui a la primauté de représenter l’opposition pour la présidentielle mais de dire d’abord quelles sont les conditions minimales à accepter pour participer. Rappelons nous la candidature de Med Ali Halouani en 2004 ; certes elle a permis de rassembler une certaine mouvance autour des mots d’ordre démocratiques, cependant elle n’a pas permis de mobiliser suffisamment la population pour aboutir à un tournant dans le rapport de force obligeant le pouvoir à faire au moins quelques concessions à la mouvance démocratique. Certes la bataille pour le droit à la candidature à la présidentielle est légitime mais il ne pourra être utile que s’il s’inscrit dans une logique globale d’unité de l’opposition sur la base de conditions minimales, de contrôle réel et impartial du scrutin et de refus de résultats pouvant entamer la crédibilité du mouvement démocratique lui conférant le statut d’opposition alibi. Redonner de l’espérance à nos concitoyens c’est d’abord leur démontrer que l’on ne recherche  ni les compromis boiteux ni un vedettariat de quelques minutes à la télévision. 

Un rassemblement pour des élections démocratiques doit être notre objectif principal immédiat. Ce rassemblement doit dépasser tous les clivages. Il doit être porté par la société civile dans son ensemble. Les structures partisanes doivent savoir mettre en place le cadre adéquat pour que l’ensemble des forces vives (organisations et personnalités indépendantes) puisse établir un cahier de revendications claires et consensuelles préparant à une véritable campagne politique. La participation et ses différentes modalités viendront après (coalition, accord pour une candidature consensuelle à la présidentielle, etc).

Tabler aujourd’hui essentiellement sur le droit à la candidature est prématuré et surtout restreint. Faut il accepter toutes les conditions s’il y a une ouverture pour la présidentielle ?

Faut il accepter les résultats d’élections manifestement manipulées ?

Faut il se contenter d’une non participation certes logique face aux conditions électorales ?

Toutes ces questions doivent être débattues avec profondeur.

Le scénario de 2004 ne doit pas se répéter avec une frange qui a participé avec peu d’effets tangibles sur la vie publique, une non participation qui n’a pas su s’élever au niveau du boycott et enfin une troisième position qui a appelée au boycott uniquement des présidentielles puis s’est retirée au dernier moment des législatives.

Cette dispersion de l’opposition doit être évitée à tout prix. Nous connaissons bien les capacités du pouvoir à créer et à insinuer insidieusement la division. A nous de savoir garder la tête froide et à ne pas nous tromper d’adversaire. Il s’agit de définir en commun l’objectif principal qui, dans les conditions actuelles, n’est certainement pas électoral ni surtout celui du statut de leadership.

Il s’agit de réveiller la société et de lui redonner l’espoir pour que nos enfants ne vivent plus ce qu’ont vécu les militants démocrates durant ces dernières cinquante années.

 

(Source: « Mouatinoun » nr 48  organe du Forum démocratique pour le travail et les libertés)

 

 


Un clin d’œil : Les démocrates de l’ombre ?

 
Larbi Chouikha A propos de nos hommes politiques, de leur apparente schizophrénie du temps où ils exerçaient le pouvoir, de leur probable conversion politique, aujourd’hui, notre confrère et ami Ridha Kéfi, écrit fort justement dans le numéro du 1er février 2008 de l’hebdomadaire « L’Expression » : « Quand ils quittent le pouvoir, nos hommes politiques deviennent touchants d’ingénuité. Ils se mettent à claironner, pour qui veut bien les entendre, qu’ils étaient (et sont encore du reste) de grands démocrates devant l’Eternel ». En effet, à les entendre parler, en aparté, ou lors des entretiens avec des journalistes complaisants, on constate que Bourguiba n’était entouré que de démocrates sincères, invétérés, mais frustrés, déçus, et totalement impuissants face à son omnipotence. Ainsi, un ancien dignitaire du régime, par exemple, nous apprend – aujourd’hui – qu’il fut durement affecté par l’assassinat de Salah Ben Youssef et avait réagi – à sa manière mais dans son for intérieur -. D’autres anciens dirigeants de hauts rangs, qui avaient la langue dans leur poche à l’époque, nous ressassent – aujourd’hui – qu’ils étaient toujours indisposés par la recrudescence des procès politiques et par toutes les formes de tortures infligées aux militants politiques et syndicalistes durant les années noires du Bourguibisme. On apprend aussi par journaux et tribunes interposés que la plupart d‘entre eux n’avaient jamais mouillé aux fraudes flagrantes des élections législatives de novembre 1981, et certains nous affirment – aujourd’hui – qu’ils avaient même du mal à trouver un sommeil serein pendant ces années. Le plus surprenant dans ce pays, c’est que tout baigne dans l’huile d’olive et victimes, responsables et tortionnaires peuvent aisément se retrouver ensemble pour partager la même amnésie. Le comble ! C’est que ces pratiques se perpétuent encore, et voilà qu’un ancien dirigeant des années 1990 connu pour ses esbroufes légendaires et ses sursauts autoritaires, se découvre subitement aujourd’hui, des vertus « démocratiques ». Il reproche même à l’opposition « sa mollesse » et « sa tiédeur » face au pouvoir autoritaire. Il est vrai qu’entretemps, notre homme s’est converti au monde des affaires et dans ce monde lié aux intérêts et aux valeurs occidentales, il est toujours politiquement correct de paraître « démocrate » et de faire montre d’un certain esprit frondeur contre le pouvoir !  Ainsi va la Tunisie !  (source: (Attariq Aljadid) numéro 66 du 9 février 2008)

Humeur(s) 
Nabil  Azzouz  
Ayatollaïc… toi-même ! : Viendra le jour où on devra faire le bilan du mouvement du 18 Octobre et les renoncements qu’il a causés dans la gauche en général et chez le dirigeant d’un parti marxiste-léniniste en particulier. Ce que je vais écrire n’engage que ma personne. J’ai lu avec attention le numéro du 18 janvier d’El Mawkef dans lequel Mohsen Mezlini fait le compte rendu de la table ronde sur le thème « Islam et démocratie » organisée par le comité du 18 Octobre dans les locaux du Forum. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de lire la position du dirigeant  en question dans laquelle il nous déclare tout de go que les islamistes et les laïcs sont les deux faces de la même pièce, «Hakadha?». Et là, je me suis rappelé toute l’ancienne littérature ouvertement antireligieuse de son parti. Notre ami, par sa déclaration vise bien sûr l’Association Culturelle Tunisienne pour la Défense de la Laïcité (A.C.T.D.L), non encore reconnue. A moins que je n’aie rien compris à son geste et qu’il soit finalement en train de faire son « outing » ou si vous voulez son autocritique de sa période marxiste-léniniste qui m’a pourtant beaucoup appris sur l’athéisme. La logique aurait voulu que d’un athéisme extrémiste et antireligieux, il fallût d’abord passer par la laïcité vraie et ce n’est qu’à la fin et en cas d’extrême insatisfaction spirituelle ou par calcul politique qu’on peut par désespoir se jeter corps et âme dans les bras des fondamentalistes. Mais que voulez-vous, certains sont vraiment très pressés !. Camelote tu es, camelote tu resteras : Je suis admiratif devant l’engouement frénétique de certains tunisiens, devenus rapidement des consommateurs dans l’âme. Il n’y a qu’à voir l’hystérie collective qui s’est emparée d’eux durant ces soldes. Et ce qui me chagrine dans tout cela, c’est qu’ils sont en train de se faire pigeonner par quelques commerçants sans scrupule. Ce sont les femmes qui s’y connaissent mieux que moi qui m’ont révélé que juste avant la date du début des soldes, certaines boutiques ont carrément enlevé leur marchandise de marque qui devait être soldée, pour la remplacer par de la camelote venue de Chine et de Turquie… mais que font nos contrôleurs ? Pendant ce temps-là, dans le camp de concentration de Gaza, les palestiniens sont en train de mourir à petit feu de soif et de faim et il leur est désormais strictement interdit d’aller chercher du soutien auprès leurs « frères » Egyptiens pour garder ce qu’il leur reste d’honneur d’hommes debout. Un porte-parole du Président égyptien Hosni Moubarak a même déclaré, la peur des israéliens et des américains dans le ventre, que son pays ne permettrait plus ce genre d’intrusions car « l’Egypte a des frontières…et il est de son droit et de son devoir de les protéger » contre leurs « frères » de Palestine. Ahna Hakka ? Qui a parlé de solidarité arabe ?  (source: (Attariq Aljadid) numéro 66 du 9 février 2008)  

L’Expression, nouvelle brèche dans le paysage médiatique tunisien ?

Dans un pays, la Tunisie, où les autorités ne délivrent des autorisations de publier qu’au compte-gouttes, près de 200 demandes ont été refusées ces dernières années, le lancement d’un nouveau titre constitue à lui seul un événement. Disponible depuis octobre dernier, l’hebdomadaire francophone L’Expression autorise l’espoir de voir un jour émerger un kiosque tunisien plus diversifié.

Samy Ghorbal, journaliste tunisien travaillant pour l’hebdomadaire Jeune Afrique voudrait que cette naissance, dans un « paysage médiatique tunisien sclérosé », soit de bon augure. « La rédaction de L’Expression veut donner la priorité à l’enquête et l’investigation. C’est un pari difficile mais méritoire», a-t-il confié à APN. Selon lui, il n’existe pas encore de juste milieu entre la presse de complaisance et la presse de caniveau en Tunisie. « Alors, évidemment, il y a créneau à prendre, et si L’Expression réussit, alors, on peut toujours rêver que d’autres s’engouffrent dans la brèche ouverte», conclut Ghorbal.

APN s’est entretenu avec Ridha Kéfi, rédacteur en chef de L’Expression. Il nous confie ses ambitions et les défis que ce nouveau titre devra surmonter.

APN : Présentez-nous L’Expression.

Ridha Kéfi : L’Expression est un magazine hebdomadaire d’expression française de 60 pages publié par DEFI Média, une société privée dirigée par Raouf Cheikhrouhou, et qui est par ailleurs le directeur général de Dar Assabah, le plus ancien et plus prestigieux groupe de presse en Tunis. Dar Assabah publie le quotidien arabophone Assabah depuis 1951 et un quotidien francophone Le Temps depuis 1975.

J’assume la rédaction en chef de L’Expression depuis sa parution le 19 octobre dernier. Pour l’instant, le tirage est de 10 000 exemplaires. Notre lectorat cible est constitué de l’élite francophone du pays : entrepreneurs, universitaires, médecins, avocats, hauts fonctionnaires, artistes… D’où notre tirage relativement limité, sachant que le triage moyen d’un quotidien varie entre 20 000 et 80 000 exemplaires. Pour le moment tant, l’équipe de permanents est très limitée : une dizaines de journalistes et de techniciens. L’essentiel de l’équipe rédactionnelle est constituée de pigistes: journalistes professionnels ou universitaires.

APN : Le titre existe depuis octobre, quel premier bilan pourriez-vous dresser ?

RK : L’accueil du public est excellent. Nous avons pu marquer rapidement notre différence. Il reste des réglages à faire sur le plan de la distribution. Il y a, dans le pays, des situations de monopole et des rentes de situation difficiles à faire bouger mais nous y travaillons. Les annonceurs commencent à venir. Les deux premiers mois étaient difficiles, parce que les budgets de publicité des grandes boîtes étaient déjà dépensés. Depuis la mi-janvier, les choses évoluent. Nous avons déjà signé trois grands contrats avec les privés. Mais les entreprises publiques se font encore désirer. Elles attendent sans doute le feu vert politique… Idem pour les abonnements.

APN : Vous vous présentez comme un journal d’investigation. Pourriez-vous donner quelques exemples d’enquêtes publiées ?

RK : Nous publions au moins une enquête par numéro. Quelques exemples: l’argent du foot, médias et terrorisme, blocages de la réforme politique, la situation du sida dans le pays, la toxicomanie chez les jeunes, la vérité sur le Jeudi noir (émeutes sanglantes du 26 janvier 1978), les dérives de la justice…

APN : Comment vos journalistes parviennent-ils à surmonter le problème de l’accès à l’information ?

RK : Tout dépend de leur capacité à travailler sur le terrain et à obtenir l’information de manière détournée en privilégiant le contact avec le public plutôt que l’information institutionnelle.

APN : Comment travaillez-vous dans un pays où la liberté d’expression est muselée ? Vous imposez-vous des lignes rouges à ne pas franchir ?

RK : Nous évitons la personnalisation et l’affrontement direct. Je ne parlerai pas de lignes rouges mais de méthode de travail. Nous n’évoquons pas les personnes mais nous abordons les problèmes de manière professionnelle, équilibrée et pondérée en incluant des avis divergents. Nous sommes un jeune titre et nous ne voulons effrayer personne.

APN : Quels sont les principaux défis qu’il vous faudra relever ?

RK : Transformer le succès éditorial actuel en un succès commercial dans un pays où le secteur de la presse est, pour ainsi dire, très dépendant de la bonne (ou mauvaise) volonté des politiques. Ce n’est pas gagné.

APN : Pourquoi avoir choisi de publier en langue française plutôt qu’en arabe ?

RK : On a choisi la langue française pour répondre à un besoin du lectorat francophone local d’un magazine hebdomadaire de qualité et de niveau international. La situation de la presse en Tunisie étant ce qu’elle est aujourd’hui, il y avait une place à prendre sur ce créneau-là. Et nous pensons l’avoir déjà prise au bout de 17 numéros.

Le site de L’Expression est en cours de construction

(Source : « Arab Press Network », le 13 février 2008)

Lien : http://www.arabpressnetwork.org/articlesv2.php?id=1894&lang=fr


En attendant l’UMA

 

Ridha Kéfi L’Union du Maghreb arabe (UMA) c’est comme Godot dans la célèbre pièce de Samuel Beckett : on l’attend ardemment, on en parle beaucoup, on se prépare à  l’accueillir, mais sa venue reste hypothétique. Dimanche 17 février, les Magrébins fêteront le 19ème anniversaire de la fondation de l’UMA. Le verbe «fêter» n’est peut-être pas approprié. «Célébrer», à connotation plus officielle que populaire, conviendrait sans doute mieux. Car, depuis le sommet de Marrakech, le 17 février 1989, au cours duquel le Traité constitutif de l’UMA a été signé par les cinq chefs d’Etats maghrébins, l’ensemble régional peine à exister vraiment. Depuis sa création, il y a bientôt vingt ans, seulement six sommets de chefs d’Etats ont été tenus : à Tunis (1990 et 1994), Alger (1990), Ras Lanouf (1991), Casablanca (1991) et Nouakchott (1992). Mais depuis le second sommet de Tunis en 2004, qui a précédé de quelques mois la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, notre groupement régional n’a pu réunir sa plus haute instance décisionnelle. Son secrétariat général, basé à Rabat, au Maroc, a pu certes être mis en place, dirigé successivement par les Tunisiens Mohamed Amamou, Habib Boulares et Habib Ben Yahia. Ses instances fonctionnent tant bien que mal, bien qu’au ralenti et par intermittence. C’est le cas notamment du Comité de Suivi, dont la 44ème session s’est tenue le 29 novembre 2007 à Rabat. C’est le cas aussi du  Conseil des ministres des Affaires étrangères dont la 27ème session s’est réunie à Rabat, le 30 novembre 2007, dans la même ville marocaine. C’est le cas enfin, mais à un degré moindre, des quatre Commissions ministérielles spécialisées chargées respectivement de la sécurité alimentaire (14ème session en décembre dernier à Nouakchott), de l’économie et des finances (12ème session le même mois à Tripoli), de l’infrastructure (11ème session en novembre 2001 à Tripoli) et des ressources humaines (10ème session en octobre 2001 à Tunis). Ces réunions sont purement rituelles et ne servent souvent qu’à préserver les apparences, tant leurs résultats sont concrètement insignifiants.  S’agissant des autres institutions régionales comme le Conseil de la Présidence, la Réunion des Premiers ministres, le Conseil consultatif (Alger), l’Instance judiciaire (Nouakchott), l’Université maghrébine, l’Académie maghrébine (Tripoli) ou la Banque maghrébine d’investissement et de commerce extérieur (Tunis), on peut dire qu’elles continuent de faire du surplace et de végéter dans un quasi-anonymat. À l’instar, d’ailleurs, des nombreux grands projets de coopération économique et d’infrastructures, annoncés au cours des dix-neuf dernières années comme devant accélérer l’intégration régionale et qui ressemblent, jusque là du moins, à des serpents de mer. Deux chiffres sont souvent cités par les experts pour souligner le gâchis que constitue, pour les populations de la région, le blocage du processus d’intégration régionale : les échanges entre les pays maghrébins représentent mois de 3 % de leurs échanges extérieurs. Quant au coût du «non-Maghreb», il est évalué par les experts à 1 ou 1,5 point de croissance du PIB. Ce manque à gagner, non négligeable pour des pays où les taux de chômage varient entre 10 et 20 % et qui sont confrontés au problème du chômage des jeunes diplômés (et ses corollaires : désespoir, extrémisme, jihadisme, criminalité…), ne saurait donc être négligé plus longtemps au risque d’hypothéquer l’avenir des générations actuelles et futures. D’autres chiffres méritent aussi d’être cités ici et, surtout, médités. La Libye a pris option pour l’acquisition d’avions de combat Rafale et autres matériels militaires français pour une valeur globale de 4,5 milliards d’euros. Le pays avait passé des accords similaires avec d’autres pays, notamment la Grande-Bretagne. Les achats d’armements libyens actuellement en cours de négociation devraient dépasser 10 milliards d’euros.  En mars dernier, l’Algérie a signé, pour sa part, un contrat avec la Russie pour l’acquisition de 64 avions de combat Mig 29 et Sukhoï pour une valeur de 4,7 milliards d’euros. Cette commande s’est ajoutée à une autre, effectuée un an auparavant, d’un montant de 5,8 milliards d’euros. Soit donc une enveloppe globale de 10,5 milliards d’euros. Pour ne pas demeurer en reste, le Maroc poursuit lui aussi des négociations avec les Etats-Unis pour l’achat d’avions de combat F16 pour un montant de 2 milliards d’euros. En tant que Maghrébin, je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou m’en effrayer ? À quoi serviront toutes ces armes ? Contre qui vont-elles être utilisées ? Les sommes qui seront dépensées pour leur acquisition n’auraient-elles pas mieux servi à améliorer l’éducation, la formation, l’emploi, la recherche, la santé, les infrastructures et autres secteurs défaillants dans nos pays ? Si l’UMA était déjà en place, est-ce que des achats groupés – et pas seulement d’armes – n’auraient-ils pas permis aux Maghrébins de faire des économies conséquentes ? Des interrogations qui réveillent valent mieux sans doute que de fausses certitudes qui endorment.
 
(Source: Editorial de L’Expression n° 18 du 25 février 2007)
 

Moughnieh, dirigeant du Hezbollah, « bête noire » des Etats-Unis et d’Israël

 
AFP, le 13 février 2008 à 16h07   Par Jean-Michel CADIOT    PARIS, 13 fév 2008 (AFP) – Imad Faiez Moughnieh, assassiné mardi soir à Damas à l’âge de 49 ans, était un homme-clé du mouvement chiite libanais Hezbollah, et une des principales « bêtes noires » d’Israël et des Etats-Unis qui l’épiaient activement depuis des décennies. Discret à l’extrême, il a été soupçonné de multiples assassinats, enlèvements ou actions terroristes, notamment le détournement du vol TWA Rome-Athènes en 1985, l’attentat contre  l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) qui avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994 à Buenos Aires et les enlèvements d’otages occidentaux au Liban dans les années 1980. Parmi eux, le sociologue français Michel Seurat, assassiné en 1986.   Selon un des ex-otages français, parlant sous couvert de l’anonymat, Imad Moughnieh a joué « un rôle très important dans l’affaire des otages ». « Il est venu régulièrement nous voir dans nos cellules. J’avais les yeux bandés, mais je reconnaîtrais sa voix entre mille », ajoute-t-il.   Son nom était aussi cité pour un double attentat contre le quartier général américain et un poste français de la force multinationale en octobre 1983 à Beyrouth: 299 morts, américains et français.  Recherché par la CIA, il l’était aussi par Interpol et le FBI qui l’avait inclus, après les attentat du 11 septembre 2001 aux  Etats-Unis, parmi « les 22 terroristes les plus recherchés » au monde.  Les services de renseignement militaire israélien « Aman » avaient même assuré -hypothèse jamais retenue- que Moughnieh, avec l’aide de l’Irak, avait fomenté les attentats.  Son rôle, selon les services occidentaux, consistait surtout à renforcer les liens entre le Hezbollah et l’Iran, où il a vécu entre 1980 et 1982. Israël lui reproche d’avoir participé à un attentat contre l’armée israélienne à Tyr, pendant la guerre du Liban en 1982, quifit 75 morts.   L’Etat hébreu l’accuse aussi d’avoir participé activement, de l’extérieur, à la « deuxième Intifada », commencée en août 2000. Imad Moughnieh est né en 1958 dans le village de Tayr Debba, dans le sud du Liban. Il a reçu une éducation très religieuse, sa  famille comprenant plusieurs oulémas chiites.  En 1978, à 20 ans, il adhère au Parti du peuple révolutionnaire socialiste, un mouvement alors allié au Fatah de Yasser Arafat. Il intègre même la Sécurité unifiée palestinienne, alors dirigée par Abou Ayad, assassiné à Tunis en 1991. Mais la victoire de la révolution islamique en Iran, et sa rencontre avec Rafic Doust, futur commandant en chef des Pasdaran   -l’armée d’élite de l’Iran- bouleverse sa vie. Il a choisi désormais sa voie, et participe à la création du Hezbollah, qui s’est constituée à l’instigation de l’Iran, depuis Damas essentiellement. Il s’entraîne aux techniques de la guérilla en Iran, et ne cesse, depuis, de servir le Hezbollah. Son nom est cité pour la première fois en 1982, après l’attaque suicide contre le quartier général israélien de Tyr. Homme de l’ombre, il est souvent surnommé « ministre de la Défense » du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Moughnieh est surtout responsable du renseignement et du contre-espionnage.

Arabie: appel de HRW en faveur d’une femme condamnée à mort pour sorcellerie

 AFP, le 14 février 2008 à 10h36 DUBAI, 14 fév 2008 (AFP) – L’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW), a appelé le roi Abdallah d’Arabie saoudite à surseoir à l’exécution d’une femme, condamnée à mort sous l’accusation de sorcellerie dans le royaume saoudien, dans un communiqué parvenu jeudi à l’AFP. « Le roi Abdallah doit suspendre (le processus d)’exécution de Fawza Falih et annuler sa condamnation pour sorcellerie », écrit l’organisation humanitaire dans une lettre adressée au souverain saoudien, dont le pays ultra-conservateur applique strictement la charia (loi islamique). La police religieuse qui a arrêté et interrogé Fawza Falih et les magistrats qui l’ont jugée à Quriyat (nord) « ne lui ont jamais donné l’occasion de prouver son innocence contre d’absurdes accusations », ajoute HRW. Arrêtée en mai 2005, Fawza Falih a été condamnée à mort en avril 2006 pour « de prétendus crimes de sorcellerie, de recours au djinn (démon) et d’abattage » d’animaux, selon le message de HRW, indiquant que l’accusée avait soutenu que ses aveux lui avaient été extirpés sous la contrainte. « Le fait que des juges saoudiens continuent à mener des procès pour des crimes invérifiables souligne leur inaptitude à mener des enquêtes criminelles objectives », a commenté Joe Stork, responsable de HRW pour le Moyen-Orient. « L’affaire de Fawza Falih est un exemple de l’échec des autorités à faire respecter même les garanties qui figurent dans le système judiciaire saoudien », a ajouté Joe Stork. « HRW est profondément préoccupée par la grave erreur judiciaire commise dans l’affaire de Fawza Falih. Nous vous appelons à arrêter immédiatement toutes les procédures de son exécution et d’annuler sa condamnation », demande l’organisation humanitaire, basée à New-York, dans son message au roi saoudien. Le 2 novembre, un pharmacien égyptien, Moustafa Ibrahim, travaillant à Arar, dans le nord de l’Arabie saoudite, avait été décapité au sabre après avoir été reconnu coupable de pratiques de sorcellerie, rappelle HRW.  
 

Excuses aux Aborigènes: la presse australienne salue un tournant historique

 

 AFP, le 14 février 2008 à 05h58  SYDNEY, 14 fév 2008 (AFP) – La presse australienne a unanimemen salué jeudi les excuses présentées la veille aux Aborigènes par lePremier ministre Kevin Rudd pour les injustices passées, lesqualifiant de tournant historique. Le mot « pardon » en gros caractères barrait la une de la plupartdes journaux, avec des photos d’Aborigènes s’étreignant, émus auxlarmes.   The Australian voit dans repentance officielle une « journée historique dans la vie de la nation, de son Parlement et des relations entre les indigènes et les non-indigènes australiens ». Même sentiment chez son confrère du Sydney Morning Herald pourqui le discours du Premier ministre travailliste a soulevé « une vague d’émotion à travers tout le pays – un sentiment collectif de soulagement que ce moment si longuement attendu survienne enfin ».   Le Daily Telegraph, qui qualifie l’évènement de « moment unique et rayonnant », avertit cependant que « sans la mise en place ultérieure d’un programme solide et hors des sentiers battus, il ne restera demain de ce geste que l’aura du symbole ».   Dans un discours inédit prononcé mercredi devant le Parlement, le Premier ministre Kevin Rudd a, très symboliquement, adressé des excuses nationales aux Aborigènes.   « Nous présentons nos excuses pour les lois et les politiques des parlements et gouvernements successifs qui ont infligé une peine, une douleur et une perte profondes à nos compatriotes australiens », a déclaré M. Rudd.   « Pour la douleur et les souffrances subies par ces +générations volées+, leurs descendants et leurs familles, nous demandons pardon », a ajouté le Premier ministre.   La « génération volée » désigne ces dizaines de milliers d’enfants autochtones retirés de force à leurs familles – de 1910 jusqu’aux années 70 – pour être placés dans des institutions ou des foyers blancs à des fins d’assimilation. La communauté des Aborigènes, premiers occupants de l’Australie, compte 470.000 personnes, soit 2% de la population australienne totale. Marginalisés et défavorisés, les « Abos » ont actuellement une espérance de vie inférieure de 17 ans à celle des autres habitants.  

 

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