13 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3918 du 13 .02 . 2011 archives : www.tunisnews.net


Assabilonline:Remise en liberté des membres de la commission de protection de la révolution du Fahs

PTPD:Que continue la Révolution contre la dictature et la corruption !

JDD:Tunisie: Une démission qui tombe mal

 Kapitalis:Me Metzner ne pourra pas défendre Imed Trabelsi

Afrik.com:Tunisie : l’argent mal acquis des Trabelsi Ils se sont accaparé l’économie de tout un pays

LEMONDE.FR:L’incertitude politique pousse de nombreux Tunisiens à émigrer

AP:Manifestation de magistrats, samedi 12 février à Tunis, pour que soit garantie l’indépendance de la justice.

Ahmed BEN AMOR:DESACRALISER  LE STATUT DE PRESIDENT

RABAM:Odeur de pourriture ! IL FAUT DESINFECTER !

Business News:Tunisie, construite une modernité méditerranéenne

AFP:Tunisie: un mois après la chute de Ben Ali, liberté et inquiétude

Business News:Tunisie Telecom dénonce les propos injurieux de l’UGTT

wmc:Les raisons de la grogne chez Tunisie Télécom

Hubert Védrine: « En Tunisie, ni ingérence ni paternalisme »

Le progres:« En Tunisie, sous Ben Ali, c’était corruption à tous les étages

» Majed Halawi:Tunisie: L’Anatomie de la Révolte

Le Parisien: »Renouveau » culturel après la censure du régime Ben Ali

europe1:Tunisie-Egypte : « l’influence » de WikiLeaks

europe1:Egypte-Tunisie : les peurs de Marine Le Pen

News.com.au:Julian Assange links WikiLeaks to Egyptian revolt against Hosni Mubarak


Remise en liberté des membres de la commission de protection de la révolution du Fahs


 
Remise en liberté des membres de la commission de protection de la révolution du Fahs, arrêtés pendant la nuit Nous avons appris qu’hier samedi les membres de la commission de protection de la révolution du Fahs qui avaient été arrêtés pendant la nuit […] avaient été remis en liberté. Au ministère de l’Intérieur, on a procédé à des vérifications à leur sujet. […] la commission de protection de la révolution du Fahs avait fait du poste de police incendié lors de l’Intifadha son local mais l’armée leur a ordonné de déménager vers le siège de l’ex parti au pouvoir. Mohammed Ali Drissi Mis à jour le 13-02-2011 Source : Assabilonline  (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Que continue la Révolution contre la dictature et la corruption !


La Révolution du peuple et de la jeunesse de Tunisie a accompli de grandes réalisations, grâce aux sacrifices  des Tunisiens dont  un bon nombre sont morts ou ont été blessés à travers tout le pays. Cette Révolution a eu comme résultat, dans sa première phase, la fuite de Ben Ali et de plusieurs « seigneurs de la guerre » de son entourage ; c’est cette mafia qui , en plus de la tyrannie et de l’oppression qu’elle a exercées sur les gens, a mis la main sur 30 à 40% de la richesse nationale et  placé environ 40 milliards de dollars hors des frontières. Alors que ceux-là ont pris la fuite, des centaines de leurs partisans sont encore là et forment le système de dictature et de corruption qui demeure enraciné dans les secteurs de la politique, de la police, de l’administration, de la justice, ainsi que des affaires économiques, sociales, culturelles et sportives ; ces personnes agissent librement et de façon impudente et organisent la contre-révolution en coordination avec les « seigneurs de la guerre » ; ils utilisent divers moyens et mobilisent les bandes et les milices pour créer des tensions et des conflits, propager des rumeurs et lancer des campagnes de presse afin de conserver leurs positions et leurs intérêts de classe, dans l’espoir de revenir en force  ultérieurement. Dans le contexte de ce combat entre la Révolution et la contre-révolution, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique affirme : 1)      son soutien aux luttes et aux revendications ouvrières, populaires et de la jeunesse pour écarter les responsables corrompus et répressifs et les poursuivre ; ainsi qu’aux revendications concernant l’emploi, la titularisation, l’augmentation des salaires, et les conditions de travail sur la base de la dignité ; ce sont des revendications légitimes et réalisables à condition de prendre des mesures urgentes pour récupérer les capitaux et les biens spoliés. Le Parti appuie le rôle joué par l’UGTT ( centrale syndicale) dans l’encadrement du combat syndical. 2)      Son soutien aux comités populaires qui se sont constitués au cours du mouvement révolutionnaire dans de nombreuses localités ; et son appui pour que ces comités puissent agir au service des citoyens et de l’intérêt  public, et prendre les initiatives pour protéger les biens publics et assurer la sécurité. 3)      Son refus de «  la conférence internationale sur la réforme politique et économique » annoncée par Mohamed Ghanouchi, à la suite d’un entretien téléphonique qu’il a eu avec la chancelière allemande Angela Merkel , connue pour sa grande allégeance à l’égard de l’entité sioniste et des nouveaux conservateurs dirigés par  George Bush  ; M. Ghannouchi doit comprendre tout d’abord que de larges secteurs de la population réclament son départ ; et que de toute façon, «  le gouvernement provisoire » qu’il préside n’est pas habilité à prendre des décisions qui engagent l’avenir du pays à l’endroit  de forces hégémoniques. 4)      Son refus de tout accord avec l’Union Européenne qui viserait, comme le préconisait Ben Ali avant sa fuite, à la libéralisation des échanges agricoles et des services ; un tel accord causerait de graves préjudices à l’économie nationale et renforcerait sa dépendance. 5)      Son soutien à toutes les initiatives sérieuses pour élire une assemblée constituante et  constituer un gouvernement provisoire qui prenne en considération les revendications du peuple et de la jeunesse de Tunisie et leur aspiration à la dignité et à la souveraineté nationale. Tunis , le 11 février 2011 Parti du Travail Patriotique et Démocratique.
 


Tunisie: Une démission qui tombe mal


Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed Ounaïes, a démissionné dimanche, pour s’être montré trop proche de Michèle Alliot-Marie mais aussi pour avoir nié la contribution populaire au renversement de Ben Ali. Une mauvaise nouvelle pour son gouvernement, confronté à une crise diplomatique face à l’Italie.
Début février, les éditorialistes tunisiens interrogés par leJDD.fr qualifiaient la polémique autour des vacances de Michèle Alliot-Marie d' »affaire franco-française ». Mais depuis quelques jours, elle semble s’être invitée dans le nouvel exécutif tunisien. A tel point que Ahmed Abderraouf Ounaïes, le ministre des Affaires étrangères, a dû présenter sa démission dimanche après-midi.
Cette démission a pour origine sa visite en France. Cet ancien ambassadeur à la retraite, âgé de 75 ans et qui a servi sous les présidences Bourguiba et Ben Ali, était devenu ministre des Affaires étrangères le 27 janvier. Neuf jours plus tard, il s’était déplacé à Paris pour rencontrer Michèle Alliot-Marie, au quai d’Orsay. Alors que le ralliement tardif de l’Elysée avait fait grincer des dents outre-Méditerranée, Ahmed Ounaïes n’avait pas tari d’éloges sur son homologue française: « J’aime écouter Mme Alliot-Marie en toutes circonstances et dans toutes les tribunes », avait-il affirmé.
Le « fou d’Alliot-Marie »
Lundi dernier, il a de nouveau été épinglé pour « déni de révolution », après ses déclarations sur la chaîne privée de télévision Nesma. Evoquant le gouvernement de transition, il y éludait l’effort populaire qui a contribué au changement de régime. Des mots de trop pour les fonctionnaires des Affaires étrangères qui ont chahuté leur ministre quelques heures plus tard. Le diplomate a alors pris ses affaires et quitté son bureau.
Les médias se sont alors déchaînés sur son sort. Le site d’informations Kapitalis a donné le ton dans un article où sont dénoncées « les courbettes diplomatiques » face à la France. De son côté, le journal en ligne du fournisseur d’accès Gnet a qualifié, à la Une de son site, les propos d’Ahmed Ounaïes de « piètres ».Mardi, le quotidien tunisien Le Temps a mis en Une la caricature d’Ahmed Ounaïes, qualifié de « fou d’Alliot-Marie » et agenouillé devant MAM. Plus d’un millier de personnes sont fans d’une page Facebook intitulée « pour que Ahmed Abderraouf Ounaies consulte un psychiatre »… De la compétence des ambassadeurs
Après plusieurs jours de polémique, le principal intéressé a décidé de se confier sur Kapitalis . Il a rejeté le « déni de révolution », sans revenir sur ses propos: « La révolution populaire tunisienne n’a pas été suscitée par un groupe pensant et dogmatique au nom d’une doctrine ou d’une idéologie. Si elle a réussi, c’est grâce à un gouvernement d’union nationale qui occupe le centre de la scène politique. » Des propos qui n’ont pas calmé ses détracteurs.
Un problème de fond double cette polémique de mots. Les fonctionnaires des Affaires étrangères dénoncent des problèmes de compétence. Selon un groupe de diplomates tunisiens, plus de 60% des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiennes ne sont pas des fonctionnaires du ministère et ont été désignés par le président déchu pour des considérations personnelles: « Ces nominations sont, dans la majeure partie des cas, ‘des rétributions pour service rendus ou pour la sauvegarde des intérêts’ de sa famille et de son épouse », dénoncent-ils dans une lettre ouverte.
Vers une crispation diplomatique avec l’Italie
Ahmed Ounaïes a rencontré plusieurs délégations de personnels ainsi que des associations. Mais il n’a pas réussi à dissiper leurs inquiétudes et, las, il a présenté sa démission. Le moment est pourtant crucial, le nouveau gouvernement traversant sa première crise diplomatique. L’Italie s’apprête en effet à demander le déploiement de policiers italiens en Tunisie pour tenter d’empêcher les nombreux départs d’immigrants clandestins depuis ce pays. Quelque 5.000 clandestins sont arrivés à Lampedusa en cinq jours, pour la plupart des Tunisiens expliquant avoir fui un « pays à la dérive » comme en écho aux centaines de personnes qui manifestent tous les jours en Tunisie pour réclamer un emploi, un meilleur salaire ou un toit.
Rome, qui craint une crise humanitaire, a demandé à l’Union européenne de prendre rapidement une décision définitive, d’ici une dizaine de jours, sur le déploiement d’une mission Frontex qui permet le renforcement du dispositif douanier en mer Méditerranée. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, se rend lundi en Tunisie pour faire le point. Le départ d’Ahmed Ounaïes place donc son exécutif en porte-à-faux par rapport à l’UE. Un nouveau couac pour un gouvernement de transition qui navigue toujours à vue.
 


Me Metzner ne pourra pas défendre Imed Trabelsi


Suite à notre article ‘‘Imed Trabelsi comparaît lundi devant le juge d’instruction’’, notre lecteur Seyfeddine Ben Mansour nous signale que l’avocat français Me Metzner ne pourra pas défendre Imed Trabelsi. Selon Me. Chawki Tbib, interrogé par Mosaïque FM, «la législation tunisienne ne permet pas aux avocats étrangers de défendre des citoyens tunisiens devant les cours pénales tunisiennes. Même si Imed Trabelsi avait la nationalité française, Me. Metzner ne pourrait pas le défendre non plus, «puisque la langue utilisée devant les cours tunisiennes est l’arabe.» Source : « Kapitalis » Le 13-01-2011 Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/2677-tunisie-me-metzner-ne-pourra-pas-defendre-imed-trabelsi.html  
 


Tunisie : l’argent mal acquis des Trabelsi Ils se sont accaparé l’économie de tout un pays


Tourisme, Médias, finances, construction, télécommunications : l’entourage de l’ancien président Ben Ali, notamment les frères de son épouse Leila Trabelsi, a fait main basse sur des pans entier de l’économie tunisienne. Un empire dont les fondations ont été ébranlée par la révolution tunisienne. L’ancien président et son épouse, aujourd’hui refugiés en Arabie Saoudite, et plusieurs de leurs proches sont aujourd’hui poursuivis par Interpol pour leurs biens mal acquis.
Un formidable pactole ! L’entourage familial de Zine El Abidine Ben Ali, notamment les frères de son épouse Leila Trabelsi, a constitué au fil des vingt-trois ans de règne du président déchu une vaste nébuleuse qui a infiltré toutes les sphères économiques du pays, allant des médias à la banque en passant par la grande distribution et le transport aérien. Une fortune estimeé à 12 milliards d’euros, selon Le Figaro. Les membres de cette famille sont sous le coup d’un mandat international lancé par Interpol. L’ancien président et son épouse, aujourd’hui refugiés en Arabie Saoudite, sont poursuivis pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l’étranger ». Huit de leurs proches sont également recherchés. De même, les avoirs de la plupart des membres de la famille ben Ali-Trabelsi ont été gelés dans plusieurs pays d’Europe.
Belhassen Trabelsi, le « parrain »
La famille de Leïla Ben Ali, épouse du président déchu, a fait main basse sur des pans entiers de l’économie tunisienne. Sa fortune se chiffrerait en centaines de millions d’euros, et les services secrets français la soupçonnent d’avoir emporté 1,5 tonne d’or dans sa fuite. Mais le pilier du clan, qualifié de « quasi-mafia » dans un télégramme diplomatique envoyé à Washington par l’ambassade des États-Unis à Tunis et rendu public par WikiLeaks, reste le frère de Leïla, Belhassen Trabelsi. Surnommé le « parrain », il régnait en maître sur tous les secteurs : transports aériens (Karthago Airlines), télécoms (Global Telecom Networking), construction de camions (Alpha Ford International), licences d’importation d’automobiles (Ford, Jaguar et Hyundai), tourisme, médias (Mosaïque FM et Carthage TV). Les autorités du Canada, pays où il s’est refugié après la chute de Ben Ali, ont accepté une requête de Tunis pour la saisie de ses avoirs. Son statut de résident permanent au Canada lui a été retiré ainsi qu’à sa famille. Depuis, ils ont demandé le statut de réfugié.
Mohamed Sakhr et l’affairisme vert
Mohamed Sakhr el-Materi, le mari de Nasrine, la première fille du couple présidentiel, était l’autre homme fort du clan Trabelsi. A 30 ans, il gérait de nombreuses affaires. Il s’était notamment lancé dans la finance islamique. Il est le fondateur d’une radio et une télévision religieuses, Radio Zitouna et Zitouna TV, ainsi que la première banque islamique tunisienne (Ezzitouna), qui s’est retrouvée en grande difficulté après sa fuite. Lui aussi recherché par Interpol, il aurait été aperçu dans un centre commercial à Doha, la capitale du Qatar, par des citoyens tunisiens, fin janvier.
Slim Chiboub, le mal aimé
Figure connue dans le monde du sport où il fut président de l’EST, membre exécutif au sein des instances de la FIFA, et depuis juin 2009 président du Comité national olympique tunisien, Slim Chiboub, l’autre gendre de l’ancien du président tunisien, était aussi très présent dans les affaires. Membre du conseil d’administration de la Société immobilière et touristique Marina Gammarth, il avait lancé, fin 2010, sa propre entreprise immobilière, Lake Real Estates. Selon plusieurs sources, il aurait fui en Lybie deux jours avant le départ de Ben Ali. Il aurait été exfiltré par les services de renseignements militaires libyens, avec la coordination de leurs homologues tunisiens, selon le journal Maghreb Intelligence. Les autorités tunisiennes l’auraient laissé sachant qu’il était en disgrâce auprès de l’ex-Première dame depuis quelques temps.
Imed Trabelsi, le mort vivant
Au lendemain de la fuite de l’ex-président Ben Ali, iI avait été déclaré mort à la suite d’une blessure à l’arme blanche à l’hôpital militaire de Tunis. Information aussitôt démentie par le ministre tunisien de l’Intérieur Ahmed Friaa, qui a affirmé que le neveu de Leïla Trabelsi a été arrêté par la police. Considéré comme l’un des symboles de la corruption de l’ancien régime, Imed Trabelsi avait été « élu » en mai 2010 maire de La Goulette, une commune au nord de Tunis, sur laquelle il régnait bien avant les élections. Il avait été poursuivi en vain en France pour le vol du prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-président Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy. Imed Trabelsi a fait fortune dans l’immobilier et la grande distribution en association notamment avec la société française Conforama.
Marouane Mabrouk, Monsieur Propre
Actionnaire majoritaire dans l’opérateur téléphonique Orange Tunisie, présent dans la grande distribution à travers les supermarchés Monoprix et l’hypermarché Géant, le marché automobile (concessions de Mercedes et Fiat), l’agroalimentaire, Marouane Mabrouk, époux de Cyrine, la fille cadette de Ben Ali, a multiplié les sorties médiatiques après le départ de l’ancien dictateur pour tenter de dissocier son image du « clan ». Ainsi, dans une interview récente au magazine Challenge, il déclarait : « Je possède un groupe industriel ancien et je n’ai aucun lien – ma femme non plus – avec les malversations de la famille Trabelsi. Sur le plan privé, ma femme est certes la fille de l’ex-président, mais elle est issue du premier mariage. Ça n’a rien à voir avec la deuxième famille. Et je suis séparé de ma femme depuis un an. » La justice française a toutefois saisi, début février, le jet privé de l’homme d’affaires qui était stationné à l’aéroport du Bourget. Par contre, et contrairement à la plupart des membres de sa famille, Marouae Mabrouk ne fait l’objet d’aucune poursuite en Tunisie.
Les autorités intérimaires tentent aujourd’hui de tourner la sombre page de Ben Ali. Le gouvernement Ghannouchi vient d’annoncer l’ouverture prochaine d’une conférence internationale sur le soutien aux réformes politiques et économiques en Tunisie.
Source: “Afrik.com” Le 13-02-2011 Lien: http://www.afrik.com/article22008.html

 


L’incertitude politique pousse de nombreux Tunisiens à émigrer


Des milliers de Tunisiens ont pris l’exode pour tenter de rejoindre clandestinement les côtes européennes ces derniers jours, fuyant une Tunisie en reconstruction où le gouvernement de transition reste sous forte pression sociale et politique.
Alors que la Tunisie s’apprête à fêter lundi un mois de la chute du régime de Ben Ali, près de 5 000 immigrants clandestins, essentiellement des Tunisiens, ont débarqué au cours des cinq derniers jours à Lampedusa, une petite île italienne située au sud de la Sicile.
Dimanche, le ministre de l’intérieur italien Roberto Maroni a indiqué qu’il demandera le déploiement de policiers italiens en Tunisie pour tenter de réguler les départs depuis la Tunisie. « Je demanderai l’autorisation pour nos forces d’intervenir en Tunisie pour bloquer les flux. Le système tunisien est en train de s’écrouler », a dit le ministre au journal télévisé de la chaîne TG5.
L’ITALIE DEMANDE L’AIDE DE L’UE
L’afflux de réfugiés a déjà conduit le gouvernement italien à proclamer, samedi, l’état d’urgence humanitaire. L’état d’urgence permet en effet d’éviter certaines formalités légales et autorise des responsables locaux, comme les préfets par exemple, à prendre des mesures opérationnelles immédiates. il autorise en outre l’utilisation rapide de ressources financières spéciales.
Dans la nuit de samedi à dimanche, les garde-côtes italiens ont recensé 1 000 arrivées. « La situation est difficile », a reconnu le commandant du port, « les débarquements se poursuivent à un rythme incessant ». La mer calme et le beau temps favorisent ces départs même si la traversée n’est pas sans risque, en raison notamment du mauvais état des embarcations. Samedi, douze personnes ont fait naufrage au large de Zarzis, faisant un mort et un disparu, selon l’agence tunisienne TAP.
L’Italie avait déjà demandé vendredi l’aide de l’Union européenne et « le déploiement immédiat d’une mission Frontex d’interceptation et de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux », mettant en garde contre le risque d’une « crise humanitaire ».
Dimanche, Roberto Maroni, membre du parti anti-immigrés et populiste de la Ligue du Nord, a critiqué l’absence d’une action européenne concertée, déclarant que l’UE « a laissé l’Italie seule, comme d’habitude ». « L’Europe ne fait rien. Je suis très préoccupé et j’ai demandé l’intervention urgente de l’UE car le Maghreb est en train d’exploser. (…) Nous gérons l’urgence humanitaire avec la seule protection civile. Une intervention de l’Europe est indispensable », a ajouté le ministre.
PRESSION POLITIQUE ET SOCIALE À TUNIS
L’exode intervient alors que le gouvernement tunisien de transition semble dépassé dans un pays en totale reconstruction après la chute du régime du président Zine El-Abidine Ben Ali. Le gouvernement de transition reste toujours sous forte pression politique et sociale. Les couches sociales les plus défavorisées se montrent de plus en plus impatientes, en particulier dans les provinces de l’intérieur. A Tunis, samedi, plusieurs centaines de magistrats et avocats ont manifesté devant le palais de justice, pour revendiquer leurs droits à l’indépendance. D’autres ont manifesté devant le gouvernorat de Tunis pour réclamer des aides de toutes sortes.
Et sur le plan politique, le débat fait rage entre les tenants d’une normalisation rapide avec des élections présidentielle et législatives dans six mois et ceux qui mettent en garde contre une « confiscation » de la révolution, plaidant pour un report d’au moins un an.
LA FRANCE LÈVE SES RESTRICTIONS DE VOYAGE
Conscientes que la bonne marche de la transition dépend de la relance de l’activité économique, les autorités tunisiennes ont multiplié les appels à la communauté internationale pour un soutien à l’économie du pays. Le secteur touristique (6,5 % du PIB et 350 000 emplois) en particulier a été plombé par ces semaines de chaos et de flou. Samedi, la France a levé ses restrictions de voyages vers les villes côtières tunisiennes et l’île de Djerba. L’Allemagne va aussi donner son feu-vert pour les zones balnéaires de la côte est, selon son ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle.


Manifestation de magistrats, samedi 12 février à Tunis, pour que soit garantie l’indépendance de la justice.


AP/Hassene Dridi Et sur le plan politique, le débat fait rage entre les tenants d’une normalisation rapide avec des élections présidentielle et législatives dans six mois et ceux qui mettent en garde contre une « confiscation » de la révolution, plaidant pour un report d’au moins un an.
LA FRANCE LÈVE SES RESTRICTIONS DE VOYAGE
Conscientes que la bonne marche de la transition dépend de la relance de l’activité économique, les autorités tunisiennes ont multiplié les appels à la communauté internationale pour un soutien à l’économie du pays. Le secteur touristique (6,5 % du PIB et 350 000 emplois) en particulier a été plombé par ces semaines de chaos et de flou. Samedi, la France a levé ses restrictions de voyages vers les villes côtières tunisiennes et l’île de Djerba. L’Allemagne va aussi donner son feu-vert pour les zones balnéaires de la côte est, selon son ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle


DESACRALISER  LE STATUT DE PRESIDENT


Lorsque le président  tunisien déchu est arrivé au pouvoir en 1987, il aurait dit  selon ses proches qu’il est arrivé là  par hasard et qu’il ne va pas le quitter de sitôt. Le président  égyptien  démissionnaire a déclaré publiquement qu’il espérait devenir après son service militaire le président d’Egyptian air. Quelle ambition ! Deux des présidents arabes ont accédés à la fonction suprême de l’état sans aucun parcours de militantisme politique et par une voie non démocratique. Sans talent, ni compétence et en goutant aux délices du pouvoir leur programme se résume à une présidence à vie. Des décennies de gestion chaotique, et de l’immobilisme politique.
 Contrairement au président égyptien , le président tunisien ne s’est jamais adressé aux tunisiens dans le langage parlé quotidien. Le jour où il l’a fait c’était  fatal pour lui. Les deux ne savent pas s’ils sont à leur poste pour garder un héritage (l’ héritage de Bourguiba pour l’un et la révolution de juillet 1952 pour l’autre) ou pour chauffer la place aux profits des alliés occidentaux. Au nom de la stabilité et de faire barrage aux islamistes ils sont devenus fréquentables.
En dehors des politiciens zélés, c’est la presse ( radio ,tv, journaux) qui a fabriqué une « stature d’homme d’état »aux deux présidents déchus . ils sont devenus des sages et pères  de la nation avec une omniprésence exaspérante.  Et bien sûr une biographie héroïque retouchée à la manière soviétique.  Ce culte de personnalité d’un autre temps cache une réalité du pouvoir frileux et en manque de prise sur la réalité. Une jeunesse scandalisée n’hésite pas à porter le coup de grâce à une machine à mentir par des moyens simples et sans violence.
Il faut ôter au statut de chef de l’état dans le monde arabe  l’encensement  de  sainteté et d’être au dessus de tout soupçon. Ils sont là pour servir et non pour se servir.
Ahmed BEN AMOR  Paris  le 13/02/2011      


Odeur de pourriture !

IL FAUT DESINFECTER !


    D’aucuns se posent la question de savoir quoi et comment faire, pour mettre la nation tunisienne en marche, après la dépose du nauséabond baudet en chef, le 14 Janvier 2011, date de l’indépendance du pays. Notre Tunisie. Il y a, en l’air, un désarroi et une certaine désorientation, parmi la population. C’est que des soubresauts sécuritaires, surtout, pointent de temps à autre un pestiféré nez, sentant le non regretté Zinoche de Zinochette. Des hordes hors la loi, civiles et policières persistent, en héritage du parrain, à essayer de semer le trouble fête de la majestueuse Révolution. Ainsi, attaque d’un dépôt, par-ci, incendie d’une usine par-là, infiltration d’une manifestation, d’une marche ou d’un cortège funèbre, font partie du machiavélique plan de sape. Il faut promouvoir le désordre, par tous les moyens.    Des gouverneurs de la caste RCD, dont personne ne veut plus en entendre parler, sont maladroitement nommés, par le gouvernement provisoire, suscitant à chaque fois colère et manifestations, jusqu’à leur inéluctable dépose. Même des « directeurs » d’école et de lycée jouent de leur partition de ratés, demandant aux élèves de rentrer chez eux, bien avant la fin des cours, brandissant un risque imaginaire, présent rien que dans leur crâne d’œuf. Il serait long d’étayer l’imaginaire de cette voyoucratie. Tout le monde se rappelle des prisons vidées de leurs occupants, par la volonté délibérée de gardiens habitués à la corruption, et entamant de nouvelles sympathies, pour de nouvelles « carrières ».    Il s’agit d’un plan satanique, visant à téléguider des criminels aguerris et relâchés dans la nature, par l’entremise de cellules du parti état, en déconfiture mafieuse après la Révolution.    Des gouverneurs, du même bord, s’accrochant « au service », par tous les moyens, servent de parrains régionaux, pour coordonner l’activité des bandes organisées de Zinochet et Zinochette, par procuration. Ainsi des attaques organisées et concordantes, se font en plein jour. Je voudrais toutefois vous certifier, que ces minables créatures, ces macaques au cul échaudé, cherchent par tous les moyens à marquer leur présence. L’air de dire, qu’ils ne sont pas morts, ni leur ZABA (Zinelabidine BEN ALI) déchu. D’ailleurs, ils ne font plus que des pillages ou des hold-up, montrant le vrai visage de la tribu.    Mais ce qui me dérange le plus, c’est qu’à tout cela s’ajoutent des grèves et manifestations tournantes, à n’en plus finir, dans différents secteurs de la vie du citoyen ordinaire. Pour la plupart, à des fins strictement égoïstes.    Ce melting-pot commence à bien faire, maintenant ! Je crois fermement, que le plus urgent serait de rétablir la sécurité, la justice et le travail, dans tous les secteurs. Les améliorations viendront après. Toutefois, il faut quand même fournir le minimum, aux nécessiteux. A propos de justice, pourquoi ne pas élire des commissions régionales, au lieu de celles désignées uniquement à Tunis, pour examiner les plaintes de citoyens désirant y avoir recours, pour que justice soit réparée. Ce sera plus décentralisé, donc plus accessible et plus efficient, puisque les délais d’examen seraient plus courts, parce que le travail partagé.    Par ailleurs, il serait, comme je l’ai déjà mentionné auparavant, indispensable  de faire une pause dans les tribunaux, et ne plus émettre de jugements nouveaux, avant que toutes les affaires louches aient été épluchées et élucidées. Mis à part, évidemment, les urgences. Cela, parce que bien souvent des procès et jugements se suivent, en se basant les uns sur le résultat des autres. On peut donc aisément comprendre, qu’une décision biaisée peut causer une suite désastreuse etc. Il faut toujours se baser sur du juste pour continuer, construire et bâtir. Jamais sur une injustice, surtout quand on connaît l’étendue de la pourriture dans ce domaine, à l’époque de la putréfaction non regrettée.   D’autre part, il serait plus que temps, maintenant, d’accélérer la demande de rapatriement des biens du pays, dérobés par le parrain, sa famille et sa belle famille. Cela permettrait d’améliorer substantiellement les salaires, et on aura résolu le volet matériel du domaine social. Ainsi, le pouvoir d’achat rééquilibré, la consommation des ménages ne peut que démarrer et par là même, donner un coup d’accélérateur à notre machine productive. Si les exportations s’amélioraient, par la même occasion, ce serait l’apothéose. Il ne faut pas oublier les oubliés, les vivants sur le carreau, les survivants. Il faut fournir aux sans  travail et sans le sou, un minimum décent pour la dignité, en attendant de leur proposer une activité. Un conseil à notre génie de gouvernement, si vous vous trouvez en manque d’idées, demandez conseil à Lèvres de Chameau, Kadhafi. Mais n’acceptez ses idées, que s’il a en main sa queue de bœuf, lui servant de chasse-mouche. Ainsi, vous aurez en face de vous, un camélidé au complet. Se défendant de moustiques par tous temps, comme en plein été.   RABAM, croyant qu’il reste toujours, de l’intelligence humaine sur terre.  


Tunisie: un mois après la chute de Ben Ali, liberté et inquiétude


De Deborah PASMANTIER
TUNIS — Un mois après la chute du « dictateur » Ben Ali, les Tunisiens restent émerveillés par leur audace qui a lancé un souffle dans le monde arabe, profitant de leur liberté nouvelle mais impatients face à un gouvernement dépassé et toujours inquiets de voir leur révolution confisquée.
18H00, Tunis, vendredi 14 janvier. Après 23 ans de pouvoir sans partage, près d’un mois de contestation populaire, plus de 200 morts, le président Zine El Abidine Ben Ali, 74 ans, fuit son pays. Il devient le premier dirigeant d’un pays arabe à quitter le pouvoir sous la pression de la rue.
Un mois plus tard, les Tunisiens parlent d’une « émotion folle ». « La révolution est faite dans les têtes et les esprits. On a découvert un peuple libre, débarrassé des entraves qui en faisaient un peuple opprimé », dit l’opposant historique Moncef Marzouki.
Dans la rue de la Tunisie du jasmin, désormais on parle à des inconnus, on n’évite plus les policiers, on revendique et on conteste. « Le plus important, c’est que je n’ai plus peur », dit Azyz Amany, blogueur de 27 ans.
Après les premiers jours de chaos, que les sbires de Ben Ali ont été accusés d’avoir provoqués, et les pillages contre les biens des Trabelsi, famille honnie de la Première Dame, Leïla, pour avoir fait main basse sur les richesses du pays, la guerre civile n’a pas eu lieu et la transition s’est mise en marche.
Une transition bégayante et incertaine mais une transition.
Inimaginable il y a seulement quatre semaines dans ce petit pays de 10 millions d’habitants muselés par une police omniprésente, le gouvernement de transition a annoncé des élections libres dans six mois, proclamé la liberté d’informer, adopté un projet de loi d’amnistie, autorisé l’opposition interdite, lancé des purges à la tête de la police, des administrations, suspendu l’ex-parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), fait saborder le Parlement.
« Le point positif c’est qu’il n’y a pas de régression dans les libertés et on a un gouvernement qui a clairement déclaré vouloir préparer des élections démocratiques », souligne un diplomate occidental. « Mais on n’a pas encore une stabilité totale. Et aussi, se pose la question de savoir qui prend vraiment les décisions ».  
Depuis qu’il a pris la transition en main, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, à la tête du gouvernement depuis 1999, multiplie hésitations, erreurs de jugement, retours en arrière qui lui valent d’être suspecté de ne pas vouloir totalement rompre avec l’ancien régime.
Premier gouvernement essentiellement composé d’ex-caciques remanié sous la pression de la rue, nomination de nouveaux gouverneurs apparentés au RCD poussés au départ par les opposants: « Il n’y a pas de volonté politique claire de trancher avec le passé. Les décisions du gouvernement sont arrivées avec un décalage qui atteint sa légitimité et entraîne une crise de confiance », estime l’opposant Mustapha Ben Jaafar, leader du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL).
Avec des cadres de l’ex-RCD qui noyautent administration et police, les opposants craignent une confiscation de leur révolution et réclament des contre-pouvoirs. « Les vieux caciques sont dans l’arrière-cour », prévient M. Marzouki.
Et en province, les troubles persistent, du saccage de la sous-préfecture de Kasserine (centre) aux heurts meurtriers début février à Kef (nord-ouest) après une manifestation contre le chef de la police. Signe de l’inquiétude, l’armée a rappelé ses réservistes.
Impatients aussi, les Tunisiens demandent tout, tout de suite, à un gouvernement dépassé. Du nord au sud, les manifestations sont quotidiennes pour demander un emploi, un meilleur salaire, un toit. « La lutte continue et il ne faut pas oublier les miséreux qui ont été le moteur de la Révolution », prévient Azyz Amany. Car tout le monde ici se souvient que tout est parti, le 17 décembre, de l’acte isolé et désespéré du jeune chômeur Mohamed Bouazizi qui s’est immolé par le feu.  
 

 

Tunisie, construite une modernité méditerranéenne


 Par Jérôme Cohen Directeur général Young Mediterranean Leaders.   La révolution de jasmin constitue un tournant dans l’histoire du monde arabe. Elle pose les conditions d’une modernité méditerranéenne reconquise par le sud, et bouleverse beaucoup de représentations et de clichés qui prévalent sur les pays arabo-musulmans.   Après les constats et les analyses sur les raisons qui ont conduit le peuple à renverser le régime : système mafieux, arrogant et autocratique, clientélisme, corruption, mais aussi chômage massif et notamment des jeunes, il est urgent de travailler sur la reconstruction du pays. Car c’est tout le système économique, politique, social, culturel qui doit être repensé. De nombreuses décisions doivent être prises, vite, par une classe politique renouvelée, compétente et crédible. Il faut envoyer sans tarder les signaux qui montrent que les revendications sont écoutées, que la volonté est réelle d’impliquer la société civile dans son ensemble et notamment les nouvelles générations. Sur un plan économique, il faut parier sur les secteurs d’avenir – tourisme, nouvelles technologies notamment, pour lesquels la Tunisie à des atouts certains – main d’œuvre qualifiée, proximité du marché européen, et investir massivement dans les infrastructures. Mais il ne faut pas oublier deux autres piliers cruciaux que constituent les médias et la culture. Les premiers ont été, et notamment les médias sociaux, les accélérateurs du mouvement populaire, et ils seront la garantie de la diffusion de la démocratie dans la société tunisienne. Il n’y aura pas non plus de reconstruction sans soutien des espaces de dialogue et de création. Celle-ci a été étouffée, à de rares exceptions près, par la censure. Elle sera la marque d’un peuple qui reprend confiance et affirme à nouveau sa fierté. La Tunisie peut constituer un symbole pour le monde arabe, car au-delà de la révolution de jasmin, c’est la question de la modernité au sud de la Méditerranée qui est posée et celle de la relation euro-méditerranéenne. Il faut saisir l’opportunité que constituent ces mouvements pour relancer le processus, ce sont nos intérêts respectifs sur les deux rives. La démission du secrétaire générale de l’UPM offre finalement une opportunité de rebond. La société civile et notamment la nouvelle génération a un rôle majeur à jouer, car cette réinvention se fera avec et par elle. C’est cette conviction qui avait poussé à la création du réseau des Young Mediterranean Leaders (YML). Notre multidisciplinarité, notre dimension apolitique, la jeunesse et l’enthousiasme de nos membres doivent être les relais naturels de  la construction d’une Méditerranée moderne. Le YML, qui se tiendra cette année du 10 au 12 mars, à Marrakech, autour du thème construire les modernités méditerranéennes sera conduit dans cet esprit. C’est avec la participation de nombreuses personnalités issues des sphères économique, politique, médiatique, culturelle que nous tenterons de définir les voies, les idées et les solutions nouvelles. Source: “Maghreb emergent” Le 13.02-2011 Lien:http://www.maghrebemergent.com/economie/78-idees/2223-tunisie-construite-une-modernite-mediterraneenne.html

Tunisie Telecom dénonce les propos injurieux de l’UGTT


La Direction Générale de Tunisie Telecom a condamné fermement, dans un communiqué rendu public vendredi tard le soir, les propos injurieux et diffamatoires portés à l’encontre de son personnel contractuel par le secrétaire général de la FGPT (UGTT) lors de son intervention télévisée du jeudi 10 février 2011 sur la chaîne de télévision nationale. La Direction Générale de Tunisie Telecom rappelle, dans son communiqué, qu’il s’agit de hauts cadres de l’entreprise qui, sur les dernières années, ont relevé avec l’ensemble de leur collègues les différents défis auxquels Tunisie Telecom a fait face, et ce avec beaucoup de professionnalisme, d’engagement et de fierté. La Direction Générale de Tunisie Telecom réitère son soutien indéfectible à l’ensemble de son personnel, sans discrimination aucune. Ce communiqué de Tunisie Telecom sonne étrange puisqu’il contredit, totalement, l’engagement de cette même direction générale auprès des syndicats en signant un PV qui met quasiment à la porte ces contractuels. Un jour, la direction est contre son personnel contractuel, le lendemain elle les soutient en se rappelant de leurs compétences et de leur professionnalisme ! Derrière ce changement à 180°, il y a une explication. Les Emiratis, actionnaires de Tunisie Telecom à 35%, ont été furieux de la position de la direction générale et du ministère de tutelle. Selon eux, et à raison, l’UGTT n’a pas à s’ingérer dans les choix de recrutement des contractuels débauchés, hier, auprès des plus grandes entreprises et des plus grandes multinationales. Il s’agit de compétences avérées reconnues à l’échelle mondiale et il est aberrant, ingrat, et indécent de les traiter ainsi ! D’ailleurs, on croit savoir qu’une délégation représentant l’actionnaire émirati devrait être à Tunis dès dimanche soir pour protester officiellement de ces agissements et sur ce qu’on peut appeler un réel déni de l’Etat de ses engagements auprès des investisseurs étrangers. Il est peut-être bon de rappeler que l’Etat, qui cède à tous les caprices des syndicats, est observé de près et notamment auprès des investisseurs étrangers. Et ces derniers ne tarderont certainement pas à quitter le pays si le gouvernement tunisien continue à agir ainsi.
 


Les raisons de la grogne chez Tunisie Télécom


Par Talel Bahoury

A l’instar de la plupart des entreprises publiques de la Tunisie, Tunisie Télécom vit actuellement une grogne sociale sans précédent. L’objet principal des contestations de ces derniers jours tourne autour de la mise en cause, par des cadres permanents, des salaires des cadres contractuels de l’entreprise. Ces cadres expliquent ces mouvements par leur souci de sauvegarder les ressources de la société et affirment qu’ils défendent de la sorte leur entreprise et son avenir. Et pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette grogne, nous avons rencontré des cadres permanents de Tunisie Télécom. Nos interlocuteurs commencent par pointer du doigt un contrôle plus important que prévu du partenaire stratégique EIT (Emirates International Telecommunications) sur la gestion de l’entreprise. Ils affirmeront qu’EIT dispose de pouvoirs élargis sur la direction de l’entreprise et ne se limitent pas aux postes de DGA, DCC (Commercial) et DCF (Finance), tels que prévus dans l’accord de partenariat. Ils affirmeront que les choix techniques sont du ressort exclusif de l’actionnaire Emirati, ainsi que des politiques commerciales de l’entreprise. Le gap salarial Leur revendication principale reste quand même le gap salarial entre les cadres permanents et les contractuels, qu’ils estiment non justifiés pour un certain nombre d’entre eux, au vu de leurs qualifications, de leurs expériences, voire de leurs compétences; tout en remettant en cause les procédures de sélection. Ce régime de «contractuel» instauré dans l’entreprise était tellement juteux que plusieurs titulaires ont fini par migrer vers ce régime. Selon nos interlocuteurs, les salaires des permanents n’a rien à voir avec (on parle de 10.000 dinars par an) des salaires de 80 à 500 mille dinars par an pour les contractuels (salaire annuel + prime). La demande pour une harmonisation des disparités salariales et l’arrêt du recours aux contrats à durées déterminés (CDD), est une revendication qui ne date pas d’aujourd’hui, affirment notre source. La reprise de la grogne, le 12 février 2011, vient suite à la dénonciation par le PDG de la clause (qu’il avait signée le 9 février) prévoyant un accord pour l’arrêt des CDD ; ils dénoncent, notamment, les pressions exercées par EIT sur la direction de l’entreprise et rappellent que le PDG actuel était membre du conseil d’administration et des marchés et avait donc cautionné ces recrutements. Dans une note datée du 10 février, Olivier Contagrel (Chief Operating Officer d’EIT) a assuré du soutien d’EIT à tous les employés de Tunisie Telecom, sans distinction entre permanents et contractuels, en soulignant que ces derniers sont indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise. Il affirme, également, que les décisions prises et ayant fait l’objet du PV du 9 février n’ont aucune valeur légale. Pour ce lundi 14 février 2011, ils appellent à un regroupement devant le siège de Tunisie Telecom, avec pour objectif d’empêcher les contractuels d’avoir accès à leurs bureaux.


Hubert Védrine: « En Tunisie, ni ingérence ni paternalisme »


Ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002, le socialiste Hubert Védrine développe une analyse prudente et nuancée imprégnée de realpolitik.
Pouvait-on prévoir ce qui s’est passé en Tunisie ?
Hubert Védrine – Non. Personne n’a rien vu. C’est pour ça que la polémique franco-française sur « on n’a pas vu venir » n’a pas d’intérêt. On ne peut pas dire que la France ait moins vu que d’autres pays. Ben Ali comme ses opposants n’avaient pas prévu ce qui est arrivé. Aucun Tunisien n’imaginait que les événements prendraient cette tournure et que Ben Ali partirait aussi rapidement. Les pays voisins de la Tunisie, comme les Européens, n’ont rien pressenti. Même les Américains, dont certains télégrammes diplomatiques avaient décrit la réalité kleptocratique du système, n’avaient pas prévu le moment de son délitement. Il y a une grande différence entre décrire les défauts d’un système et annoncer qu’il va se décomposer.
Les autorités françaises ont quand même été un peu lentes à réagir…
C’est autre chose, c’est la réaction, la gestion de la réaction.
On dit que les Américains auraient joué un rôle majeur en Tunisie…
En est-on sûr ? Ils le démentent, même s’ils semblent heureux qu’on leur prête ce rôle qui peut les aider pour la suite. Je vois un peu de mépris pour les Tunisiens dans cette interprétation, comme si ça ne pouvait pas venir des Tunisiens eux-mêmes ! Si on veut comprendre la force de ce qui s’est produit, il ne faut pas l’expliquer par des interventions extérieures. La Tunisie est un pays petit et homogène, avec une classe moyenne importante et bien formée, alors que beaucoup de pays de ce type ont une minorité très riche quand le plus grand nombre est très pauvre.
En dehors de l’effroyable famille Trabelsi, les écarts sont moins grands en Tunisie que dans d’autres pays comparables. Il y a des gens très bien formés, c’est l’héritage de Bourguiba que Ben Ali, sur ce plan, avait prolongé. Le système Ben Ali a été plutôt bien au début. Le statut des femmes n’avait pas été entamé, le régime avait jugulé l’islamisme, l’économie marchait très bien avec un côté croissance à la chinoise. Ça a dégénéré ces dix dernières années sur le plan policier, mais aussi parce que la Tunisie a perdu son accès au marché européen. L’Europe a mis fin à l’accord multifibre sur le textile, le marché asiatique a supplanté les Tunisiens qui ont commencé à être frappés par la crise. Or ils n’ont pas de ressources énergétiques. En se soumettant aux accords commerciaux libéraux, l’Europe a accepté de déréguler et a sans s’en rendre compte déstabilisé la Tunisie.
Peut-on imaginer un « scénario tunisien » dans d’autres pays ?
A partir du moment où un régime verrouillé et contrôlé comme celui-là est tombé, cela interpelle des dizaines de régimes autoritaires, et pas uniquement dans la région. Ces gouvernements étudient les événements pour savoir ce qu’ils doivent faire pour ne pas subir le même sort. Il y a des mouvements en Albanie, ça peut concerner aussi l’Asie centrale, et l’Afrique. Alors, est-ce que cela peut avoir un retentissement ? Je réponds oui. Est-ce que cela va avoir un retentissement ? Cela dépend, il ne faut pas généraliser. Les situations sont très différentes. En Tunisie, il y a eu la combinaison d’une population très bien formée, très diplômée, avec un fort taux de chômage. Paradoxalement, les pays qui n’ont pas fait d’efforts, comme ceux de Bourguiba puis de Ben Ali, pour amener une population à un très haut niveau de formation sont presque moins menacés ! La masse rurale, peu formée ou analphabète, ne va pas se révolter de la même façon et n’utilisera pas Facebook. En somme, tout n’est pas transposable d’un pays à l’autre.
Je m’attends à un retentissement profond, durable, mais pas immédiat et différencié. Les changements profonds peuvent s’étaler sur des années, voire des décennies. En Tunisie, la tournure des événements les accélérera ou les ralentira.
Peut-on imaginer que cela s’étende à l’Algérie ?
Personne ne sait très bien ce qui se passe en Algérie et personne ne s’attend à ce qu’il s’y passe la même chose qu’en Tunisie. Car là-bas, ce n’est pas le problème d’un clan, d’une famille abusive, mais d’un système : l’armée et les systèmes de sécurité. C’est différent. Dans toutes les sociétés arabes, il y a une frustration énorme, de plus en plus mal contenue, mais elle prend des formes différentes selon les pays. Il faut éviter de penser l’exemple tunisien selon l’idée que se font les Européens de la démocratisation : « C’est facile ! Tout va être balayé en trois mois… » Mais ce n’est pas l’état naturel des sociétés. C’est un processus long, compliqué. On devrait être prudents dans nos commentaires et agir intelligemment pour accompagner positivement ce mouvement, pour que le processus réussisse. Si l’Europe accélère la conclusion de la négociation du « statut avancé », c’est un signe fort. Si les gens continuent à aller en vacances en Tunisie au lieu d’annuler, c’est utile. Ni ingérence ni paternalisme. Les Tunisiens comme les autres sont souverains. S’ils nous demandent de l’aide, on répondra, on les accompagnera.  
Peut-on parler d’un printemps arabe ?
Ça me paraît un peu prématuré. De même que c’est beaucoup trop tôt pour dire si l’on a trouvé la solution pour sortir du despotisme sans sombrer dans l’islamisme. On peut simplement dire aujourd’hui que c’est le début de quelque chose de considérable. On est dans une situation évolutive.

 

« En Tunisie, sous Ben Ali, c’était corruption à tous les étages »


« J’ai dû faire pas mal de « cadeaux ». C’était le prix à payer, mais ça va changer ». À Rive-de-Gier, Imed Ben Rahma salue la révolution du jasmin. Pour l’avenir tant de la Tunisie que de son activité d’importation d’huile d’olive
« Au début, je ne voulais pas rentrer dans le système. Et puis, j’ai bien été obligé d’en passer par là. J’ai vite pris l’habitude de sortir un billet ou deux… ». Installé à Rive-de-Gier, Imed Ben Rahma a découvert en 2009, en même temps qu’il donnait naissance à sa petite entreprise d’importation d’huile d’olive, les us et coutumes du fonctionnement à la tunisienne. « La corruption venait directement d’en haut, de l’ancien président Ben Ali et surtout de sa belle-famille. Quand le peuple voit ses dirigeants « se gaver » de cette façon, comment pourrait-il faire autrement ? Ce que j’ai vécu, en l’espace de deux saisons, c’est difficilement racontable ».
Pourtant, Imed raconte. L’ancien dictateur nouait les porte-monnaie, la révolution du jasmin a délié les langues. « En Tunisie, on peut vivre avec 20 dinars… mais en ne mangeant de la viande qu’une fois par mois. Du coup, un système « débrouille » se met en place. C’est le « si tu m’aides, je t’aide ». Les gens ne te le disent pas clairement comme ça, mais tu dois le comprendre… ». Effectivement, le jeune chef d’entreprise a pigé assez vite. Que sortir son portefeuille en arrivant dans un bureau aide à faire comprendre à son interlocuteur qu’on est prêt à « discuter ». Que le fonctionnaire rappelle plus facilement quand on lui offre une carte téléphonique.
Que l’Office du commerce, seul qualifié pour délivrer l’indispensable certificat permettant de sortir l’huile d’olive du pays, veut bien coopérer mais qu’il faut véhiculer ses représentants puisqu’ils n’ont aucun moyen de locomotion. Que la douane est moins pointilleuse sur les normes européennes quand tombe dans son escarcelle un bakchich de quelques dizaines d’euros. Ou un ordinateur portable, pour les plus gourmands. Et enfin, qu’une présence physique à la porte des bureaux des Généraux de Tunis permet d’accélérer la validation d’un dossier.
Imed le concède, « j’ai dû faire pas mal de « cadeaux ». C’était le prix à payer. Mais tout ça va changer. Enfin, je l’espère ».
Car la maladie a gangrené le pays. « Quand un douanier touche 400 euros de salaire et 600 euros de bakchich, c’est difficile de faire évoluer les choses. Pour ma part, je préfère payer une taxe qui profite à la Tunisie plutôt qu’un dessous-de-table qui va dans la poche d’un seul individu ».
En bonne voie, la révolution du jasmin ? Imed Ben Rahma voudrait le croire. « Pour l’instant, le peuple s’exprime, et c’est déjà énorme. Quant à savoir s’il est écouté, je l’espère. Un grand pas a été franchi, mais il reste tellement d’étapes. Aujourd’hui, les médias ne parlent plus que de l’Égypte. Mais il se passe encore des choses en Tunisie… ».
 


Tunisie: L’Anatomie de la Révolte


Par Majed Halawi
Le règne de Zine Al Abidine Ben Ali ainsi que sa fin reflètent deux principes déterminants dans le comportement politique humain.  D’un côté, l’individu moyen tend à placer la sécurité avant la liberté.  De l’autre, l’injustice et la dépossession engendrent une intolérable dissonance dans le psyché humain que l’individu doit affronter, avant tout en en comprenant les causes et les remèdes possibles, puis en identifiant et éliminant les barrières spécifiques au changement, ou en les inscrivant dans un autre contexte (cf. Don Edward Beck et Christopher Cowan, Spiral Dynamics, pp. 6-7). Autrement dit, l’injustice et la dépossession engendrent l’aliénation, qui elle-même est un catalyseur pour un changement révolutionnaire.  Pour le dirigeant par conséquent c’est un perpétuel équilibre  entre ces deux principes.  Pour le dirigé, c’est une constante réévaluation des priorités.
Ben Ali est arrivé au pouvoir en 1987 pour succéder à un Habib Bourguiba diminué, el caudillo de la Tunisie, héros de l’indépendance et fondateur de l’Etat moderne. Les années depuis son ascension ont vu s’opérer des plus grandes transformations dans l’histoire de la politique contemporaine. La chute du Mur de Berlin conduisit à l’effondrement de l’Empire Soviétique et à la fin de la Guerre Froide. Pour beaucoup, ce fut le triomphe final de l’Ouest sur l’Est, un changement majeur vers un monde unipolaire caractérisé par l’hégémonie américaine. Comment expliquer autrement, arguaient les défenseurs de cette thèse, deux guerres du Golfe, à une décennie d’écart, où les Etats-Unis décidèrent unilatéralement de lâcher leurs bombes intelligentes sur un Irak très urbanisé et développé, le ramenant à un âge préindustriel ?  (cf. United Nations, Report to the Secretary General on Humanitarian Needs in Kuwait and Iraq in the immediate Post-Crisis Environment, 20 March 1991, p. 5).  L’Islam politisé, dans un processus entamé en 1978 par la révolution en Iran, redevint un acteur important sur la scène mondiale. Les attentats du 11 Septembre 2001 figèrent l’Islam et les Musulmans dans des clichés perçus comme étrangers, rétrogrades et gratuitement hostiles aux pouvoir, intérêts et valeurs occidentaux.
Proche de la Tunisie, l’Algérie a implosé en une guerre civile qui faillit engloutir son voisin, sinon tout le Maghreb. Deux décennies et quelques 200,000 morts plus tard, une fin totale de la violence n’est pas encore en vue. A l’Est, en Lybie, la Révolution Verte était en pleine ébullition. Kadhafi, agitateur politique toujours aussi enflammé, proclamait que les travailleurs étaient des “Partenaires et non des Salariés.” Il aura fallu des décennies avant que ne soient levés les embargos et le blocus aérien qui isolèrent la plupart des Libyens du reste du monde.
Par contre, Tunis se défaisait de son provincialisme, se réclamant de l’aura qui baignait Alger et Casablanca.  Les Journées Cinématographiques de Carthage, le Festival International de Carthage et d’autres manifestations culturelles continuaient à engendrer un sentiment de fierté et d’appartenance à un univers plus vaste et de déférence à un style de vie pluraliste.  La Tunisie devint un point d’ancrage de l’intégration Euro-méditerranéenne, une destination majeure pour l’investissement et le tourisme européens et une porte d’accès à l’Afrique Sub-saharienne. Les Tunisiens commençaient à oublier le malaise économique du crépuscule Bourguibien.  Le revenu réel semblait en constant accroissement.  La pauvreté semblait avoir été réduite à quelques poches rurales.  Avec une solide classe moyenne représentant 70% de la population, les politiciens et experts parlaient de la nature égalitaire de la société tunisienne et de son modèle de développement durable.  Les statistiques sur la parité faisaient l’envie de la plupart des pays.  Suite à la crise de la balance des paiements à la fin des années 80, la Tunisie maintint une stabilité macro-économique record et un progrès socio-économique remarquable, ou du moins, c’est ce que les indicateurs de la Banque Mondiale et d’autres agences multilatérales voulaient nous faire croire (cf. World Bank Operations Evaluation Department, Tunisia: Joint World Bank-Islamic Development Bank Country Assistance Evaluation).  Tout était calme sur le plan domestique, et si ce n’est d’opulence affichée, du moins un minimum. Les promesses non tenues de libéralisation politique étaient passées sous silence, à contrecœur. Que la société civile et les politiques parlementaires et électorales aient été asservies aux intérêts du parti au pouvoir, importait encore moins. Pour la plupart des Tunisiens, la vie était labas, alhamdullah.  Ben Ali était lavé de tous ses péchés.
Pourtant, alors que le nouveau millénaire avançait, il devenait clair que la société tunisienne était en train de réexaminer ses options et revoir ses priorités.  L’explication que je voudrais avancer ici réside dans la convergence de deux principaux facteurs. Une crise économique prolongée non seulement approfondit le fossé entre les riches et les démunis, mais aussi assombrit l’humeur ambiante et rendit la société inquiète pour son avenir. La montée des économies émergeantes de l’Asie de l’Est et de l’ancien bloc Soviétique menaçaient le rôle de la Tunisie en tant que pôle offshore d’industrie  légère.  Face à un environnement mondial plus compétitif, la Tunisie fut prise de court. Ni son infrastructure, sociale, physique ou autre, ni ses institutions politiques et civiles, n’étaient prêtes à relever le défi. Le rôle majeur de l’Union Européenne dans l’économie, pourvoyeur de plus de 67% de capitaux étrangers et de la majorité de son  revenu touristique, rendit le pays particulièrement vulnérable aux ondes de choc provenant du nord (ibid.).  Avec des protestations massives dans les rues d’Athènes, de Dublin, Londres, Paris et Rome, les Allemands se demandant si l’Allemagne «est en train de s’anéantir» et les Français si «la France est finie,» l’Europe n’était guère en position de venir à la rescousse, pas même tentée de fermer les yeux sur  une vague d’immigrés tunisiens débarquant sur ses côtes (cf. The Economist, “The Redistribution of Hope,” 18-31 décembre 2010). La saturation croissante de l’emploi dans les secteurs tertiaires et d’agriculture, et la faible capacité d’absorption du secteur industriel, mirent encore plus en évidence l’incapacité du pays à faire face au déferlement de jeunes et de diplômés qui chaque année rejoignent le marché du travail.
Alors que les plus chanceux parmi les demandeurs d’emploi devenaient les prolétaires dans les usines du pays, d’autres rejoignirent les rangs de ce qu’on appelle le semi-prolétariat de service, les chauffeurs de taxis, les concierges, les vendeurs ambulants, les recrues de gangs, etc., dont la connaissance de la rue, de ses opinions et ses allégeances  les rendaient particulièrement utiles à la machine politique du parti dirigeant (cf. Claude Dubar and Salim Nasr, Les Classes Sociales au Liban, 1976, pp. 177-8).  Cependant, la majorité était reléguée au rang de «citadin pauvre non classifié,» la foule sans visage, ou ce qu’on appelle en français le menu peuple, dont l’émergence et conditions de vie ne sont pas sans rappeler celles du sous-prolétariat défini avec prescience par Karl Marx dans Le Capital: A Critique of Political Economy. Alors que la décennie tirait à sa fin, la société tunisienne, en phase de modernisation rapide, défiait de plus en plus ses institutions politiques.  Bouillonnant de la rage des dépossédés et des marginalisés, la jeunesse et les laissés-pour-compte étaient prêts pour la révolution.  L’exclusion progressive et les privations, aggravés par les divers processus de « modernisation, » tels que l’éducation et l’urbanisation, faussa leur rapport à l’Etat et à son autorité.  D’aucun étaient vaincus, d’autres  diminués, et la plupart aliénés.  Pour la société tunisienne en général, la modernisation sociale rapide créa de nouvelles demandes que les engagements sociaux, politiques et psychologiques existants ne pouvaient satisfaire.  Leur monde était en crise.  Leurs allégeances politiques étaient en flux.  En un signe des temps, les formes contemporaines de communication sociale « permettaient aux gens d’agir ensemble de façon nouvelle, et dans des situations où une action collective n’était, auparavant, guère possible. » Le Web et les textos répandaient les bonnes et les mauvaises nouvelles  comme des feux follets en pleine canicule.  Cela généra ce que Howard Rheingold nomme pertinemment “les foules intelligentes” (cf. Howard Rheingold, Smart Mobs, 2002, “Introduction”).  En effet, quand Mohamed Bouazizi s’est immolé le 17  décembre 2010,  il régnait déjà une atmosphère de fin de siècle à Tunis. Le régime était effectivement en état de siège.  Ben Ali ne pouvait plus détourner la prise de conscience du peuple, ou du moins sa perception,  qu’à la base, le système politique était dominé par une famille régnante voracement corrompue, «un animal économique insatiable, assoiffé d’enrichissement gratuit et de trafic d’influence effréné» qui dénuerait toujours  ses citoyens de leur droit inaliénable à la liberté et l’égalité des chances et les priverait de toute fierté et dignité (cf. Wikileaks, “Corruption in Tunisia:  The Anatomy of Exploitation,” 29 juin 2006).  Dans leurs jours les plus sombres et leurs moments de besoin, les Tunisiens se tournèrent vers leur leadership et le trouvèrent dans un état dégénéré d’autoritarisme arrêté dont les idiomes de stabilité et de combat de l’intégrisme Islamique regorgeaient de cynisme et ne servaient qu’à perpétrer un status quo encore plus rigide.
Bien sûr, cela ne veut pas dire que le mantra de stabilité de Ben Ali ne résonnait plus auprès de la multitude de Tunisiens, que ceux qui descendirent dans les rues, demandant son éviction, ne croyaient pas en la nécessité d’un gouvernement fort, ou qu’il n’existait pas de « menace » intégriste Islamique en Tunisie.
En effet, la plupart des opposants,  en appelant  au calme et à une période de transition ordonnée, et en acceptant de se joindre aux précédents aficionados de Ben Ali, avait ces inquiétudes en toile de fond.  Les Tunisiens ne se sont pas révoltés contre Ben Ali, qui prit les rênes, assuma la responsabilité du pouvoir, et prit les décisions à leur place. Ils n’ont pas contesté ses succès, ni la période d‘expansion sociale et économique qu’il présida, pas plus que la répression du mouvement Islamiste qui prétendait à transformer le pays en théocratie à l’iranienne, fusse d’une manière jugée trop sévère pour leurs convictions libérales. Plutôt, les Tunisiens rejetèrent Ben Ali le Tyran, celui qui semblait insensible aux besoins matériels et émotionnels de ses citoyens, ne tenant aucun compte de leurs accomplissements, leurs espoirs et leurs aspirations à une vie meilleure.  Ils rejetèrent le manipulateur cynique qui exploitait leurs peurs à ses propres fins et conclut un pacte Faustien avec un monde obsédé par el-Qaeda lui laissant ainsi qu’à sa famille le champ libre pour piller et dépouiller sans mesure.  Pour les Tunisiens à cet instant de l’histoire, c’était le ne plus ultra, l’appel de la liberté et l’opportunité de forger leur propre destin surpassaient toute autre considération.
En 1984, les rues de Tunis s’embrasèrent dans une « émeute du pain » qui ne prit fin que lorsque Bourguiba, souffrant, annonça lui-même une annulation de l’augmentation des prix qui avait été faite sur le pain et d’autres produits de base. Dans un article, “Tunisia: Bourguiba lets them Eat Bread,” daté du  16 janvier 1984, qui aurait pu être rédigé en janvier 2011, Time magazine décrit les clivages qui secouent la société tunisienne depuis près de trois décennies. Des troubles majeurs eurent lieu en avril 2000 à Tunis, quand une grève de trois jours menée par les  conducteurs professionnels (chauffeurs de taxi, routiers et camionneurs) fut suivie de manifestations d’étudiants, de jeunes chômeurs,  et d’autres tranches mécontentes de la population aux périphéries de certaines grandes cités et dans quelques petites villes à travers le pays.  Malgré un blackout au niveau de l’information qui rendait difficile une évaluation de l’étendue et des détails des protestations, la composition des forces attirées dans les rues poussa  le journal Le Monde  à décrire les évènements comme étant « les premiers tirs d’alarme visant Ben Ali » (cité dans Brian Smith, “Two weeks of Protest in Tunisia,” World Socialist Web Site, 14 April 2000).
Jamais le flic et l’Opportuniste, Ben Ali n’aura su tirer les leçons de cette histoire pour infléchir sa propre politique.
Source : « Mediapart » Le 13-02-2011


« Renouveau » culturel après la censure du régime Ben Ali


Brutalisés et malmenés pendant la révolte en Tunisie, des artistes tunisiens qui ont dû composer avec la censure du régime Ben Ali, veulent désormais laisser exploser leur créativité. Pour Nasreddine Shili, cinéaste considéré comme l’un des plus prometteurs, la révolution du Jasmin va marquer le début « d’un renouveau artistique ».
« On se demande ce que la révolte du peuple dont nous faisons partie va vraiment apporter même si on vit une sorte de nouvelle naissance artistique en symbiose avec notre peuple », confie-t-il à l’AFP. Les artistes tunisiens n’avaient pas été épargnés par la répression qui a accompagné les derniers jours du régime Ben Ali : le 11 janvier, ils ont été sévèrement malmenés par les forces de l’ordre durant une manifestation devant le théâtre municipal de Tunis.
Le rappeur tunisien « El General Lebled » (le général du pays) avait également été incarcéré trois jours pour avoir chanté « Président, ton peuple est mort ». Un mois après la fuite des Ben Ali en Arabie Saoudite, le 14 janvier, des dizaines de manifestations culturelles ont été prévues dimanche à Tunis et dans le reste du pays, en particulier dans les localités d’où est partie la révolte.
Un concert doit notamment se tenir dimanche soir à Kasserine (centre) avec la participation d’artistes et de groupes comme Garby’s, Mahdi Carthagods, Mehdi R2M, Lak3y.
Kasserine est une ville misérable de 100.000 habitants, où le président Ben Ali avait lâché ses snipers dans un ultime sursaut de répression, et où selon des sources hospitalières, 25 manifestants, essentiellement des jeunes, ont été tués.
D’autres manifestations sont encore prévues courant février dans tout le pays, y compris des représentations de pièces de théâtre censurées sous l’ancien régime. Récemment, le ministre tunisien de la Culture Ezzeddine Beschaouch a assuré à la presse qu’il « n’y aura plus jamais de censure dans tous les domaines de la culture ». Il a également annoncé que « les comités de lecture des oeuvres culturelles », l’organe de censure, auxquels les créateurs étaient soumis n’existait plus.
Nasreddine Shili se souvient que « sous Ben Ali », il « n’a jamais pu écrire un vrai scénario » alors il présentait de « faux scénarios au chef du département des oeuvres culturelles, pour être malin ». « On n’est pas encore totalement habitués à la liberté », ajoute ce réalisateur de deux courts métrages, Boutelis (histoire sur une dictature de palais) et l’autre Shak-Wak (sur le rôle de l’Etat qui impose ses imams). Pour les comédiens qui ne « travaillaient jusqu’à présent qu’environ 10 à 20 jours par an pour un salaire de misère », dit-il encore, « une page va se tourner dans la nouvelle Tunisie », qui ne compte, selon lui, que 12 salles de cinéma dont 8 à Tunis. « Il y a également 200 maisons des jeunes et 50 centres culturels qui pourraient être utilisés ».
La grande priorité sera de rétablir une véritable production cinématographique avec une véritable distribution, ajoute le cinéaste dont le film préféré reste « L’homme de cendres », réalisé en 1986 par Nouri Bouzid. Sélectionné lors du Festival de Cannes en 1986, ce film raconte l’histoire d’un jeune ébéniste de Sfax (sud), Hachemi, qui a été violé dans son enfance par un contremaître, et qui doit suivre la décision de ses parents de se marier.


Tunisie-Egypte : « l’influence » de WikiLeaks


Le fondateur de WikiLeaks, l’Australien Julian Assange, s’est félicité dimanche de « l’influence significative » des révélations de son site dans la révolte ayant conduit au départ du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, un événement déclencheur, selon lui, de la révolte au Moyen Orient.
Les câbles diplomatiques révélés par son site, mettant en cause le soutien américain à Ben Ali, ont conforté les Tunisiens qui se sont soulevés et ont influencé les pays voisins qui s’interrogeaient sur l’opportunité d’intervenir, a assuré Julian Assange sur la chaîne australienne SBS. « Il semble se confirmer que les éléments que nous avons publiés, par le truchement du journal libanais Al Akhbar, ont eu une influence significative sur ce qui s’est passé en Tunisie », a déclaré le fondateur de WikiLeaks.

Egypte-Tunisie : les peurs de Marine Le Pen


« On se félicite que tous que les peuples accèdent à un fonctionnement démocratique, aspirent à un fonctionnement démocratique », a déclaré samedi Marine Le Pen lors d’un point-presse, à Sèvres, en marge d’un conseil national du Front national. Mais elle a immédiatement exprimé « deux craintes essentielles ».
« La première, c’est la prise de pouvoir par des organismes fondamentalistes musulmans, dont l’objectif sera, s’ils accèdent au pouvoir, la mise en place de la charia avec l’ensemble des régressions en terme de droits de l’Homme que ceci entraînera, en particulier pour les femmes », a-t-elle expliqué.
« La deuxième inquiétude c’est que je croyais, moi, que les Tunisiens, ou les doubles nationaux (…) repartiraient en Tunisie au bénéfice de cette grande révolution démocratique et je viens d’apprendre que l’Italie venait de déclarer l’urgence sanitaire (…) puisqu’il y a un afflux considérable de Tunisiens qui arrivent depuis quelques jours en Italie », a-t-elle poursuivi.

Julian Assange links WikiLeaks to Egyptian revolt against Hosni Mubarak


WIKILEAKS founder Julian Assange says the whistleblowing website’s influence on events in Tunisia was the « example » for the political upheaval in Egypt. The material leaked by WikiLeaks which was then published through a Lebanese newspaper, Al Akhbar, was significantly influential to what happened in Tunisia, Mr Assange told SBS’s Dateline today. « And then there’s no doubt that Tunisia was the example for Egypt and Yemen and Jordan, and all the protests that have happened there, » he said. WikiLeaks released cables showing that then Tunisian president Ben Ali would not necessarily have the backing of the United States, instead indicating that the army would have the support of the US. Mr Assange said it was his « suspicion » that this information gave the army and people around the army in Tunisia « the confidence that they needed to attack the ruling political elite. » These cables also stopped surrounding country intelligence agencies and armies intervening to support Ben Ali, according to Mr Assange. The Tunisian leader resigned and went into exile in Saudi Arabia in late January. After more than two weeks of protests in Egyptian cities against the 30-year-old regime of president Hosni Mubarak, his government fell on Friday. On a possible return home to Australia, Mr Assange said the federal government was more interested in keeping the United States happy than welcoming him back. « The support from the Australian people is very strong. So in that sense Australia is a very good option, » he said. « On the surface it will be all ‘give the Australian people what they demand’. Underneath it will be ‘give the United States everything it wants, » he added. He said the ALP had been « co-opted in key positions by the United States since 1976 » and that he believed Australia would extradite him if there was an American request. While he was not being investigated by the Australian Federal Police, the government had been assisting the US in in the case against WikiLeaks, he said. « Gillard, McLelland, need to disclose all the assistance they have afforded foreign countries against Australians involved in WikiLeaks, and the Australian registration of WikiLeaks as an entity, » Mr Assange said. He also elaborated on claims that London newspaper The Guardian had breached agreements they had made with WikiLeaks not to publish material the website had given them as a back-up copy. Mr Assange said he had been aware the US intelligence sector was « pulling favours » from around the world and thought they would be able to prevent publication of this material. Mr Assange gave a back-up copy to The Guardian to be used if WikiLeaks could no longer publish it. A written contract between the Guardian and WikiLeaks allowed them to view the material but not to publish it or give it to anyone else. However, Mr Assange said the UK paper went ahead and gave copies to the New York Times and published some of the material itself. While he has expressed a desire to return to Australia, Mr Assange said it won’t stop him publishing more material on his home country that involved « a number of large companies and politics, international politics ». The outcome of Mr Assange’s extradition proceedings in London on sexual assault charges will be decided in less than a fortnight. Chief Magistrate, Judge Howard Riddle, has reserved judgment to February 24 on the application to extradite him to Sweden to face the charges brought by two Swedish women. Assange remains on bail, required to live at a rural English mansion and report daily to police.
 

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