11 avril 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2150 du 11.04.2006

 archives : www.tunisnews.net


Treizième jour de grève de la faim du Prof. Ben Salem, de son épouse Halima et de son fils Oussama Reporters sans frontières: Un journaliste et un cyberdissident en grève de la faim AFP: Scientifique en grève de la faim: les autorités démentent toute restriction L’éditorial L’Audace: RUMEUR… Sami Ben Abdallah:  L’imprévisible succession à ciel ouvert Texte de la transcription du discours de M. N. Chebbi lors de la conférence de l’AEI à Washington Le Temps: Tout un plan pour faire de la Tunisie une place financière régionale Le Temps: Le FADES finace le projet de construction du barrage « El Kebir » à Gafsa Réalités: Georges Adda : “Le jour de l’Indépendance était le 1er Juin 1955” Khouloud El Amri: Qui tue qui en Iraq? Edito du Monde: Après l’Irak, l’Iran ? Le Monde: Le Hamas puni

En commémoration du 68ème anniversaire des évènements du 9 avril 1938

Rassemblement à Paris le mercredi 12 avril 2006 à 19h00

Le peuple tunisien célèbre cette année le 68ème anniversaire des évènements du 9 avril 1938, ce jour là les tunisiennes et les tunisiens sont sortis dans la rue pour exiger un « Parlement tunisien ». Aujourd’hui, 68 ans après, force est de constater qu’ils sont toujours privés de liberté et d’institutions démocratiques qui les représentent. Pire encore, la situation politique est sociale n’a cessé de se dégrader, elle se caractérise ces derniers jours par :
–         Des menaces de mort lancées par la police politique à l’encontre des dirigeants de l’opposition, en particulier ceux du collectif 18 octobre pour les droits et les libertés. –         Une campagne de dénigrement et de calomnies contre l’opposition orchestrée par les journaux aux ordres de la police. –         La multiplication des grèves de la faim menées par les prisonniers politiques pour exiger leur libération, ou par des citoyens privées de leurs droits les plus élémentaires comme c’est le cas du Pr Moncef Ben Salem (privés de passeport et harcelés lui et sa famille depuis plus de 15 ans) et du journaliste Slim Boukhdhir (renvoyé de son travail). –         La dégradation de la situation sociale et l’augmentation du nombre des licenciements arbitraires et sans garantie des moindres droits. Les tentatives de lutter contre ces licenciements sont brutalement réprimées, comme en témoigne la répression policière le 4 avril dernier du sit-in des ouvrières et des ouvriers de la société « Fantasia ». –         La répression policière et les conseils disciplinaires dressés pour renvoyer les militants étudiants sont la seule réponse que les autorités opposent à leurs revendications légitimes. Récemment cinq étudiants de la faculté des sciences de Sfax ont été renvoyés. Un autre groupe d’étudiants de l’institut supérieur de l’animation culturelle de Bir El-Bay sera traduit devant le conseil de discipline suite à la grève que mènent les étudiant de l’institut depuis le 13 février dernier. En la mémoire des martyrs du 9 avril 1938, tombés sous les balles de l’occupant français pour exiger un parlement tunisien libre et représentatif, Et dans le cadre de notre engagement à poursuivre cette lutte pour l’instauration d’un régime démocratique émanant d’institutions représentatives et issues d’élections libres,
Le collectif 18 octobre de Paris pour les libertés et les droits en Tunisie appelle à un rassemblement :

Mercredi 12 avril 2006 à 19h00 Place de La Fontaine des Innocents Métro Châtelet les Halles Sortie Pierre Lescot


 

Comité International de Soutien au Prof. Moncef Ben Salem

 
Communiqué
 
Treizième jour de grève de la faim du Prof. Ben Salem,
de son épouse Halima et de son fils Oussama
 
La solidarité se renforce de jour en jour
autour de la famille du Prof. Moncef Ben Salem
 
11 avril 2006
 
            Le Prof Ben Salem, sa femme Halima et son fils Ousama sont de plus en plus éprouvés par leur grève de la faim qui entre dans sa treizième journée, avec l’apparition de maux au niveau de la poitrine et des reins. En revanche, la solidarité se renforce de jour en jour. C’est ainsi que les grévistes ont reçu de nombreux appels et la visite de groupes d’intellectuels, de militants des droits de l’homme, et d’hommes politiques de Sfax ou d’ailleurs. Ce mouvement a pu être constaté au sein de notre Comité de Soutien à travers des appels de personnalités du monde des medias français et européens.
            A cette occasion, notre Comité salue le Parti Démocratique Progressiste et son Conseil National qui a dépêché une délégation qui s’est rendue au domicile du Professeur Ben Salem. L’on a aussi appris que des délégations d’avocats ont effectué la même démarche de solidarité et de soutien.
            Notre Comité informe qu’il a effectué de nombreux contacts avec des agences d’information, et il a écrit à des journaux européens et arabes et à d’autres organes médiatiques comme les télévisions satellitaires pour couvrir le mouvement et expliquer ses motivations. Il a aussi entamé des contacts avec les milieux académiques. De même, le Comité entame à partir de ce soir une campagne de sensibilisation de grande envergure auprès des milieux politiques européens, comme il a effectué des démarches dans le même sens auprès d’organisations humanitaires internationales.
             Le Comité renouvelle son appel aux forces vives en Tunisie et à l’étranger afin qu’elles apportent leur soutien aux revendications combien légitimes et vitales de cette famille de pouvoir bénéficier des soins médicaux et de vivre dans la décence et dans la dignité après tant d’années de bannissement et de souffrances physiques et morales.
Pour le Comité :
 
Dr. Violette Daguerre, Présidente du Comité ;
Morsel El Kesibi, Coordinateur
e-mail du Comité :
reporteur2005@yahoo.de
 
Contact de Saif Ben Salem, fils du Prof. Ben Salem, Paris, Portable : +33 (0)6 11 71 08 38
e-mail : saif@ifrance.com

 


 
Reporters sans frontières TUNISIE
11.04.06

UN JOURNALISTE ET UN CYBERDISSIDENT EN GRÈVE DE LA FAIM

 
Reporters sans frontières est inquiète de l’état de santé du journaliste tunisien Slim Boukhdir, en grève de la faim depuis le 4 avril 2006 et de l’avocat Mohammed Abbou, en grève de la faim depuis le 11 mars 2006. L’organisation appelle les autorités tunisiennes à prendre en considération les revendications des deux hommes. « Quatre mois après le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), les pressions et menaces contre les journalistes et cyberdissidents n’ont pas cessé. Le cas de Slim Boukhdir  illustre à lui seul cette situation : pour avoir publié des articles son passeport a été confisqué et son salaire gelé. Il est inacceptable que la grève de la faim constitue le seul recours possible pour les journalistes réprimés parce qu’ils ont tenté de s’exprimer librement », a déclaré Reporters sans frontières. « Nous tenons également a rappeler que le président Zine el Abidine Ben Ali qui a grâcié plus de 80  prisonniers politiques le 25 février 2006, est resté sourd aux revendications des organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la société civile tunisienne concernant la libération de  Mohammed Abbou, emprisonné depuis plus d’un an », a ajouté l’organisation. Journaliste au quotidien progouvernemental Al-Chourouk et correspondant à Tunis du site Internet de la chaîne de télévision satellite Al-Arabiya, Slim Boukhdir aurait critiqué les autorités tunisiennes dans des articles parus sur alarabiya.net. Il a notamment publié des déclarations des membres du mouvement des « grèvistes de la faim du 18 octobre » et des responsables de partis politiques non reconnus en Tunisie. Il a également commenté la situation des prisonniers politiques dans le pays, en insistant sur le cas  de Mohammed Abbou. Contacté par Reporters sans frontières, Slim Boukhdir a déclaré avoir été mis au ban de son quotidien, aucun de ses articles n’ayant été publié depuis novembre 2005. « Mon salaire est gelé depuis février 2006, mais on refuse de me signifier officiellement mon licenciement. On me refuse également l’attribution d’une carte de presse. Aujourd’hui, je  demande le droit à la liberté d’_expression et au travail », a-t-il expliqué. Mohammed Abbou, lui,  a entamé sa grève de la faim le 11 mars 2006 pour protester contres les conditions de sa détention qui se sont détériorées depuis le 2 mars 2006, date d’un rassemblement devant la prison de Kef, où il est détenu. Ce jour-là,  son épouse, Samia Abbou était parvenue à manifester quelques instants, accompagnée de quatre de ses avocats. Le petit groupe avait brandi des portraits de l’avocat en scandant son nom. Leur voiture avait été arrêtée une quinzaine de fois par la police sur la route menant de Tunis au centre pénitentiaire. D’autres militants des droits de l’homme qui cherchaient à rejoindre le rassemblement avaient été forcés de rebrousser chemin. Interrogée par Reporters sans frontières, Samia Abbou a déclaré que son mari avait beaucoup maigri et que son état de santé était inquiétant. Mohammed Abbou, surnommé « l’avocat de la liberté » est emprisonné depuis le 1er mars 2005. Il a été condamné, le 29 avril 2005, à trois ans et six mois de prison, à l’issue d’un simulacre de procès. Sa peine a été confirmée en appel deux mois plus tard. L’avocat était jugé dans le cadre de deux affaires. Dans le premier dossier, il a été condamné à deux ans de prison pour la prétendue agression de l’une de ses consoeurs, en 2002, sans qu’aucune preuve ne soit venue étayer cette accusation. Dans un deuxième dossier, Mohammed Abbou a été condamné à un an et demi de prison pour la publication sur Internet d’un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib.


Brimades

 

La famille du prisonnier politique Noureddine Arbaoui a informé le journal El Maoukif que leur fils incarcéré depuis quinze ans était en butte, comme nombre de prisonniers de droits commun, à des brimades à la prison de Kasserine pour avoir pratiqué les prières rituelles. Pourtant les lois régissant la vie carcérale garantissent le droit de culte. Sa famille a affirmé qu’il était résolu à faire une grève de la faim si ces brimades continuaient.

 

(Source : El Maoukif N°354 du 7 avril 2006)

 

(Traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Scientifique en grève de la faim: les autorités démentent toute restriction

 

AFP, le 10.04.2006 à 17h38 TUNIS, 10 avr 2006 (AFP) – Les autorités tunisiennes ont affirmé  lundi que l’opposant et scientifique tunisien, Moncef Ben Salem, en  grève de la faim depuis le 30 mars, était « libre de ses mouvements  et ne fait l’objet d’aucune restriction ».   Moncef Ben Salem a été condamné en 1987 « dans une affaire  criminelle liée à ses activités au sein du mouvement terroriste  +Ennahdha+, et ce pour complicité dans la préparation et l’exécution  d’un complot terroriste », a indiqué à l’AFP une source officielle à  Tunis.   « Il est actuellement libre de ses mouvements et ne fait l’objet  d’aucune restriction », a ajouté cette source.   Plusieurs associations des droits de l’Homme avaient indiqué  dimanche que le Professeur Ben Salem, 53 ans, est en grève de la  faim depuis le 30 mars pour dénoncer « les persécutions » dont il fait  l’objet avec sa famille depuis 19 ans.   « C’est le renvoi définitif de son fils (Oussama) de la faculté  de science de Sfax pour des motifs abusifs qui a motivé sa  décision », avait souligné l’association de défense des droits de  l’Homme Solidarité tunisienne, dans un communiqué reçu dimanche par  l’AFP à Paris.   Les autorités tunisiennes indiquent à ce sujet que le conseil de  discipline de cette faculté a « décidé, le 7 avril 2006, d’adresser  un blâme à l’intéressé » et assurent que celui-ci « n’a jamais été  l’objet d’un renvoi ».   Elles affirment aussi qu’Oussama Ben Salem « connu pour son  appartenance à un courant extrémiste (…) a participé avec un  groupe d’éléments cagoulés à la destruction d’un mur dans l’enceinte  de la faculté ».   Dans un texte annonçant sa grève de la faim, M. Ben Salem écrit  qu’il s’agit du seul moyen qu’il lui reste « pour protester contre  les abominables atrocités » et les « persécutions » dont lui et sa  famille font l’objet.  » Depuis 1987, le Dr Ben Salem vit sans salaire, sans assurance  maladie, sans couverture sociale et est privé de ses droits aux  déplacements, aux mouvements ainsi que d’exercer une profession pour  subvenir aux besoins de sa famille », avait souligné pour sa part  l’association Vérité-Action.   Professeur de mathématique et de physique, M. Ben Salem a  déclaré lundi que « le renvoi de son fils n’était que la goutte  qui a fait déborder le vase », affirmant poursuivre sa grève de la  faim avec son épouse au domicile familial à Sfax (300 km de Tunis).   AFP   (Remarque : cette dépêche comporte quelques corrections par rapport à celle publiée précédemment le même jour)


Erratum et excuses:

Une malencontreuse erreur a accompagné hier la publication de l’éditorial du mois d’avril de l’Audace. Le texte qui a été publié était en fait incomplet. Nous nous en excusons auprès de l’auteur et de tous nos lecteurs et nous le republions intégralement.   La rédaction de TUNISNEWS

RUMEUR…
Nombre de nos lecteurs ignorent peut-être que depuis quelque temps, des tractations, des arrangements, voire des accords seraient en cours entre des envoyés très spéciaux du pouvoir et certains militants de l’opposition tunisienne. Certains ont même fait courir la rumeur d’une opération « réconciliation nationale » à la Marocaine.   La chose est à ce point intrigante qu’il était impératif d’y regarder de plus près. Le pouvoir a certes déjà expérimenté l’outil de la médiation, souvent exercée par des personnalités fort aimablement complaisante, voire complices, tels que Rachid Driss ou Zakaria Ben Mustapha… Mais ces personnages avaient au moins le mérite d’être connus et s’inscrivaient dans une démarche publique et médiatisée.   Ce n’est manifestement pas le cas de ces émissaires d’un genre nouveau, dont nul n’a jamais entendu parler jusqu’ici.   Ce  que nous savons à coup sûr  c’est que deux personnes se présentant comme chargée de mission de Carthage ont pris contact avec certains opposants à l’intérieur du pays et leur ont proposé de « tourner la page. » Le marché est très simple : ils rejoignent la politique gouvernementale ou, à tout le moins, consentent à cesser leur activité politique ; en contrepartie, ils obtiennent l’arrêt du harcèlement dont ils font l’objet, perçoivent une petite indemnisation, recouvrent leurs biens spoliés et plus si affinités…   Fort de quelques succès à l’intérieur, les promoteurs de la démarche traversent la Méditerranée. Des opposants sont contactés et certains acceptent de jouer le jeu. Le tout dans un secret qui ne pouvait qu’accentuer l’impression d’une diplomatie parallèle frisant l’action de renseignement.   Les Tunisiens approchés s’accordent sur un point : les deux personnes du palais qui mènent cette entreprise, ne proposent aucun projet à caractère politique. En d’autres termes, ils auraient pour unique mission d’isoler, puis de neutraliser le maximum de militants possibles. Les personnes fatiguées après tant d’années de lutte et de sacrifices sont recherchées en priorité. Les personnes abordées sont sollicitées, à l’occasion en vue d’introduire nos deux intrépides émissaires auprès d’autres militants susceptibles de tendre l’oreille aux sirènes.   Du coup, l’entreprise confère au pouvoir un avantage certain : elle le renseigne avec une précision relativement élevée sur l’état réel de l’opposition qui lui a mené la vie si dure depuis qu’il s’est emparé du pouvoir. Si l’on n’y prenait garde, cela pourrait même lui offrir une radiographie qui guidera ses prochaines menées contre ses opposants.   Comme nous n’avons pas la candeur de croire aux coïncidences, il nous semble nécessaire de placer cette nouvelle action du pouvoir dans le contexte tunisien actuel. En effet, à la suite du fiasco du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de Tunis, le général Ben Ali semble ne pas désespérer de trouver un moyen pour réinstaurer le climat magique qui lui avait permis de s’incruster au pouvoir durablement et confortablement à partir de 1987.   Cette nouvelle démarche est accompagnée d’une tolérance toute relative à l’égard des opposants et des détracteurs. Les modes d’intervention de la milice et de la police semblent plus souvent assez softs et soucieuses de ne pas laisser de traces. Mais d’un autre côté, M. Ben Ali doit monter à tous que c’est lui qui mène le jeu, d’une part, et que, sur le fond, rien de significatif ne doit bouger, d’autre part.   C’est ce qu’il semble avoir signifié en rappelant aux affaires le tortionnaire de service Mohamed Ali Ganzoui. Nul ne pourra prétendre une seconde que le retour des anciens modes opératoires les plus abjects des services secrets soit sans lien avec la réapparition de ce sinistre personnage. Les montages-photo et autres attaques visant l’honneur et la réputation des victimes sont une signature qui ne trompe pas. Les modes d’action, les personnalités visées ainsi que les conséquences prévisibles, montrent à l’évidence que l’agent Ganzoui n’est encore une fois que l’exécutant des œuvres de M. Ben Ali en personne. Jamais il n’eût osé un instant mener seul, ou même avec l’aval d’un cacique tout-puissant, une action suivie contre la famille de Mme Hachicha. Cette dernière étant désormais fort bien introduite auprès de cercles américains très influents, le risque de graves démêlés diplomatiques avec les Etats-Unis était évident. Ganzoui n’a le pouvoir ni la carrure pour foncer sans être assuré que son maître est en parfait accord avec lui.   Que peuvent avoir en commun Om Zied et Neila Charchour Hachicha ? Rien d’autre que leur attitude réfractaire à l’autorité d’un potentat d’un autre âge. Venant de femmes, comme on a pu le constater avec, entre autres, Sihem Bensedrine, Souhayr Belhassen ou Radhia Nasraoui, c’est, pour le maître de Tunis, un facteur lourdement aggravant.   On a prétendu dans certains cercles que Ben Ali était sujet à quelque remords alors qu’il sentirait sa fin approcher. Force est de constater avec cette nouvelle tentative d’affaiblir ses opposants et cette rumeur, qu’il tente quand même jusqu’au bout de ruser avec Dieu et les hommes…   (Source : L’édito du mensuel « l’Audace » du mois d’avril 2006)


 

TUNISIE :

L’imprévisible succession à ciel ouvert

 

 

Moncef Ben Salem, un scientifique tunisien de renommée internationale, a entamé une grève de la faim depuis 13 jours en Tunisie.

 

*Je tiens à remercier Mer Walid Benneni pour avoir répondu à mon dernier article. J’ai exprimé mon point de vue, il a exprimé le sien…les lecteurs jugeront.

 

Par Sami BEN ABDALLAH

 

Avant sa chute, le dictateur Irakien Saddam Hussein avait arraché  » Al Bayâa  » pour son fils. En Syrie, en dépit du caractère presque Républicain du régime, quelques heures avant la mort de Hafez Al Assad, le parlement s’était réunit au nom du peuple et avait entériné une succession dynastique. Bacchar, l’actuel président de la Syrie n’est autre que le fils de Hafez. Dans les pays du Golf et au Maroc, la question de la succession ne se pose même pas avec des régimes qui se déclarent et s’assument comme étant  » monarchiques « . Au Yémen Abdallah Salah, en Libye Gadafi, en Egypte Moubarek, chacun prépare le terrain à son fils pour lui succéder. Et l’inévitable question pour la Tunisie ? Comment s’effectuera une succession qui se déroule depuis des mois à ciel ouvert et combien de temps prendra le processus mis en place ?

 

En 2009, sauf imprévu d’ordre surnaturel, M.Ben Ali peut, en vertu de la Constitution qu’il a amendée à sa mesure, se représenter pour un sixième mandat de 5 ans. En 2014, il accomplirait donc 27 ans comme président de la République, même si M. Ben Ali aime à rappeler qu’il avait abrogé en 1987  » la présidence à vie « .

 

Rien n’a changé ou presque en Tunisie depuis 40 ans, sauf la parenthèse démocratique de 1987-1989. Les mêmes acteurs, les mêmes grèves de la faim, le bâillonnement de la presse, la gestion policière des problèmes du pays, la corruption et l’arbitraire qui frappe toute voix discordante. Quel gâchis ! Rien n’a changé ou presque. Sauf que l’éventualité d’un changement à la tête du régime qui semblait une hypothèse invraisemblable il y a quelques années est devenue depuis quelques mois une hypothèse plus que vraisemblable. Le doute qui plane de nouveau sur l’état de santé de M. Ben Ali provoque les alliances les plus contre nature entre ses proches et au sein de son sérail. Du coté de l’opposition, la grève du 18 octobre 2005, la récupération politique qui s’en est suivie et la recomposition du champ politique qu’elle a provoqué ont mis en lumière les paris stratégiques de nombre de présidentiables tunisiens ou de ceux se considérant comme tels.

 

Du coup, les préparatifs pour la succession se sont fait ostentatoires du coté du pouvoir mais aussi du coté de l’opposition. La majorité parie sur l’émergence d’un nouvel électorat jusque là, cannibalisé par l’opposition de Gauche. Il s’agit de l’électorat de Droite.

 

Ettajdid, Nejib Chebbi, Moncef Marzouki, Mokthar Yahyaoui et les autres…

 

Depuis la grève de la faim du 18 octobre 2005, deux pôles politiques se sont structurés, affirmant ainsi les stratégies de 4 présidentiables tunisiens qui se positionnent en fonction de l’alliance ou du rejet d’alliance avec le parti Islamiste Ennahdha. .

 

– Le premier, celui d’Ettajdid et de ses alliés (deux groupuscules de Gauche et une partie de la bourgeoisie et la petite bourgeoisie francophone) qui campe sur des positions hostiles à toute reconnaissance des islamistes. Si ces positions semblent dictées par des impératifs idéologiques, elles ne le sont pas en réalité et s’inscriraient plutôt dans un calcul politique . Jusque-là, Ettajdid à échoué dans sa transformation d’un parti communiste en un parti de centre gauche, il ne réussit pas à incarner les aspirations de la petite bourgeoisie et la classe moyenne francophone. Par ailleurs, il échoué dans le pari qu’il a fait sur  » Al Kotla « , le groupuscule de Mohammed Kileni (Ancien dissident du POCT) pour rajeunir le parti et incarner l’aile gauche d’Ettajdid (et concurrencer ainsi le POCT de Hamma Hammami). Enfin, sur le seul segment qui constitue sa vraie clientèle politique, celui de la petite bourgeoisie francophone, il retrouve des concurrents assez crédibles : le FDLT, le POCT, voire même le PDP. Du coup, conscient que ses partisans et son électorat sont vieillissants, Ettajdid se laisse entraîner par la frange la plus éradicatrice de ses partisans de Gauche, et sa survie politique (son identité politique) dépend de la diabolisation et des  » islamistes  » et des  » droitistes  » (ceux se considérant politiquement de Droite). Car il n’a rien à gagner  » politiquement parlant « , d’une quelconque  » alliance  » avec un Nejib Chebbi, un Moncef Marzouki ou un Mokthar Yahyaoui, autant de présidentiables qui pourraient faire de l’ombre au candidat qu’Ettajdid ne manquera pas de présenter aux prochaines présidentielles.

 

– Le deuxième pôle, le comité du 18 octobre dominé par M. Nejib Chebbi. Ce dernier semble le mieux placé pour récupérer les gains politiques du mouvement du 18 Octobre et lorgne de plus en plus vers l’électorat islamiste. Depuis des mois, Nejib Chebbi fait glisser le positionnement de son parti pour fluctuer entre le centre Gauche et le centre Droit, abandonnant ainsi des thématiques marquées idéologiquement, telle la laïcité au profit d’autres plus rassembleuse telles les libertés. Par ailleurs, M. Nejib Chebbi souhaite se présenter comme le rassembleur des formations et groupes politiques organisés : les Nationalistes arabes enclins à pactiser avec les islamistes, ceux de la Gauche, ou encore les Islamistes se présentant comme des modérés. C’est cette dimension de  » rassembleur  naturel  » et presque unique que M. Nejib Chebbi veut incarner qui explique sa présence au sein du Comité 18 octobre à coté des partisans de M. Moncef Marzouki dont il ne partage pas la tonalité de discours politique .

 

Dans sa stratégie de conquête du pouvoir suprême, M. Nejib Chebbi peut compter par ailleurs sur son alliance avec le POCT de Hamma Hammami, et, à un degré moindre, sur le soutien critique du FDLT qui sont également représentés au sein du comité du 18 Octobre. Etnat dans une impasse idéologique, et conscient de sa faible emprise sur la réalité actuelle, le POCT parie sur l’efficacité de son bras estudiantin à l’université (qui concurrence le Groupuscule Al-Kotla de Mohamed Kileni allié d’Ettajdid) et –comme tous les autres candidats non déclarés du régime ou de l’opposition- sur le pourrissement de la situation. Un renouveau du Mouvement syndical tunisien redonnerait vie au POCT. Quant au FDLT, la présence de Mustapha Ben Jâafar au sein du Comité du 18 octobre est de nature à rassurer le Parti Socialiste français (et donc l’internationale socialiste) et à donner plus de poids au pôle du 18 octobre qui peut se targuer de la présence de 2 partis politiques reconnus par le pouvoir dans son sillage.

 

Autres présidentiables, Moncef Marzouki et Mokthar Yahyaoui. Le premier a choisi depuis des années une stratégie  » aventuriste  » qui, avant d’être une stratégie politique mûrement réfléchie, traduit son tempérament et son parcours personnel. Depuis sa destitution/démission de la présidence de la LTDH et sa candidature –au départ présentée comme symbolique- aux élections présidentielles de 1994, Moncef Marzouki s’est dit  » non-ministrable « , non pas parce qu’il ne serait pas à la hauteur de diriger un ministère, mais parce qu’il s’est découvert un destin de présidentiable et du coup, depuis 1994, sa stratégie politique n’a pas varié d’un iota : un discours politique d’une rare violence, un appel au départ de M. Ben Ali et  » une sommation  » aux autres acteurs politiques à œuvrer dans ce sens.

 

Quant à M. Mokthar Yahyaoui, depuis sa lettre ouverte à M. Ben Ali dénonçant l’instrumentalisation de la justice tunisienne, il bénéficie d’une solide réputation de juge rebelle et d’homme de principes. Par conséquent, il parie sur la popularité qu’il pourrait vite se créer auprès du Tunisien ordinaire en entraînant par conséquent la création d’un Mouvement citoyen, une sorte de troisième voie qui ne s’identifierait ni dans le pouvoir ni dans le microcosme politique tunisien assez usé et discrédité. Et M. Mokthar Yahyaoui fait preuve d’une réelle distance avec ce microcosme politique tunisien et ses méthodes et se prévaut du statut d’homme encore  » nouveau « . S’il assume clairement un positionnement politique de Droite en fluctuant entre le Centre et le centre-Droit, il a échoué jusque-là à se constituer des réseaux dans le champ dissident tunisien.

 

Si les relations entre Nejib Chebbi, Moncef Marzouki et Mokthar Yahyaoui sont plus que conflictuelles dans les faits, ils s’accordent cependant sur le fait qu’ils ne réussiront jamais (ou presque) à avoir ni le soutien d’Ettajdid ni celui de la prétendue société civile tunisienne méconnue de la société réelle. Ses acteurs se rassemblent souvent autour d’intérêts ponctuels mais roulent chacun pour soi. D’où le pari de chacun sur un réservoir d’électorat de droite, sur celui des islamistes modérés ou d’une alliance avec eux en cas de légalisation d’un parti Islamiste.

 

Ce choix stratégique est clair et net pour M. Mokthar Yahyaoui qui ne partage aucunement le positionnement de social-démocrate de M. Moncef Marzouki (du moins sur le plan économique). Son vrai concurrent, c’est sûrement M. Nejib Chebbi. Si les deux hommes s’accordent sur l’importance stratégique de l’électorat de droite et de celui des Islamistes, ils divergent sur le choix des alliés. Nejib Chebbi ne souscrit à aucune diversité islamiste, et ne reconnaît que Rached Ghannouchi et son parti Ennahdha à l’étranger comme seul et unique interlocuteur et représentant de l’islam politique en Tunisie. Et M. Ghannouchi, assez contesté au sein des Islamistes, est réconforté par un tel soutien et ne tarit pas d’éloges sur le secrétaire Général du PDP.

 

Mokthar Yahyaoui n’évoque que rarement Ennahdha et Rached Ghannouchi dans ses écrits. Il mise sur d’autres islamistes souvent présentés comme l’aile libérale ou modérée d’Ennahdha et sur l’émergence d’une alternative à Rached Ghannouchi qui le soutiendrait. La peur de voir son positionnement politique brouillé à cause de sa présence au sein du Comité du 18 octobre aux côtés de Nejib Chebbi et de servir les intérêts politiques de ce dernier expliquent en partie son retrait discret du Comité du 18 octobre. Et ce en dépit du fait que sa présence à côté des autres acteurs durant la grève de la faim ait apporté une crédibilité incontestable à cette dernière.

 

Enfin Moncef Marzouki, indifférent depuis des mois à ces jeux de positionnement. Premièrement parce qu’il n’est pas sans savoir – à force de les courtiser- que ni la Gauche ni Ennahdha ne le soutiendraient pour diverses raisons. Deuxièmement, parce qu’il épouse une conception gaulliste de l’action politique et de l’élection présidentielle en vertu de laquelle l’élection présidentielle est la rencontre entre un Homme et un peuple. Il se considère donc au dessus des partis politiques, ce qui explique son discours désidéologisé et l’omniprésence du  » peuple  » dans ses déclarations.

 

Et les Islamistes

 

L’importance stratégique des électeurs de Droite explique en partie la complexité qui marque le dossier des islamistes tunisiens. Le pouvoir craint que toute reconnaissance des islamistes servent le dessein politique des opposants et jusque-là, il hésite entre deux approches :

La première puisant son essence dans un registre politique. Elle consiste en une  » normalisation  » de ses relations avec les islamistes tunisiens mais de laquelle le pouvoir exclut Rached Ghannouchi et ses partisans.

 

Lors de la dernière rencontre en 1988 entre Ben Ali et Rached Ghannouchi, les deux hommes avaient conclu un pacte en vertu duquel Rached Ghannouchi se désolidarisait du groupe sécuritaire (le groupe Islamiste qui préparait un Coup d’Etat en 1987), renonçait à infiltrer les corps de l’armée et de la police, et en échange Ben Ali libèrerait et amnistierait les membres du groupe sécuritaire. Il s’engageait également à reconnaître Ennahdha politiquement. Néanmoins ce pacte n’a pas été respecté. Ennahdha a voulu conquérir le pouvoir en 1990 et Ben Ali ne l’a pas reconnu ; il l’a violemment réprimé. Il aurait même découvert que des Islamistes avaient infiltré les appareils de l’Etat jusque dans sa garde du corps rapprochée. Et du coup, les deux hommes s’accusent de trahison. Plusieurs médiateurs, y compris des Ministres arabes, avaient proposé de rapprocher les deux Hommes. Cependant, Ben Ali a réitéré son veto à toute négociation avec Rached Ghannouchi au grand dam des centaines des prisonniers islamistes emprisonnés depuis 1990 qui payent la facture.

 

–  » Sans Rached Ghannouchi mais avec d’autres chefs islamistes  » est donc une stratégie possible du pouvoir. Plusieurs autres chefs historiques d’Ennahdha  » ( Hammadi Jbeli, Abdallah Zouari, Noureddine Bhiri et même Salah Karkar et tant d’autres) présentés comme étant des  » modérés  » peuvent bien mener des négociations avec le pouvoir et reconstituer le parti Islamiste sans Rached Ghannouchi et ses partisans. Mais le pouvoir craint qu’une telle reconnaissance politique ne finisse par légitimer  » une tête politique  » à laquelle la vague de religiosité que traverse la société tunisienne pourrait s’identifier. A cela s’ajoute le risque de voir ce nouveau/ancien corps politique s’allier d’une façon franche avec Nejib Chebbi, Moncef Marzouki ou Mokthar Yahaoui qui sont à la recherche d’électorat.

 

– Une deuxième stratégie, en vigueur actuellement : elle puise son essence dans un registre strictement sécuritaire et policier. Ainsi, l’absence d’une tête politique islamiste à l’intérieur du pays laisse toute la liberté au pouvoir pour gérer l’islam politique d’une façon institutionnelle, ce qui explique la flexibilité avec laquelle le pouvoir gère certaines questions à Tunis ( tolérance du port du voile par exemple parfois et son interdiction dans d’autres cas). Cette stratégie s’apparente à une politique des prétextes. En refusant l’existence de tout corps politique, en réprimant Hamadi Jbeli et Abdallah Zouari, le pouvoir radicalise la tendance de Rached Ghannouchi, favorise et provoque les comportements religieux les plus rétrogrades (l’apparition de groupuscules Jihadistes tunisiens ou extrémistes) et crédibilise sa politique sécuritaire. Il apparaît ainsi aux yeux de l’occident et de la partie éradicatrice de la Gauche tunisienne (très minoritaires dans les faits, mais très présentes médiatiquement) comme le dernier rempart contre l’extrémisme et le terrorisme religieux. Quant à la résolution de l’imbroglio islamiste, il l’ajourne à de prochaines élections présidentielles. La libération des islamistes serviraient de monnaie d’échange.

 

La carotte et le bâton

 

En somme, à Tunis aucune ouverture qui s’inscrirait dans un processus politique ne se dessine à l’horizon, du moins pas avant l’échéance de 2009 ou des présidentielles anticipées. Ce qui explique que les opposants tunisiens soient de nouveau victime de harcèlement et de répression. L’objectif est de maintenir la majorité dans un état précaire. Une panoplie de réponses allant de l’insidieuse coupure de connexion Internet et donc de moyens de communications à l’interdiction de réunion, au redressement fiscal, ou encore à l’interdiction de délivrance de passeport sont de nouveau en vigueur.

 

La même main qui manie la bâton manie la carotte selon une stratégie d’un haut responsable de la sécurité très proche de  » la famille Ben Ali « . Elle consiste à faire des  » généraux sans soldats « , faisant ainsi le vide autour des présidentiables. Ainsi certains milieux informés – sous couvert d’anonymat – évoquent une liste jusque-là confidentielle qui contiendrait les noms de 150 personnes que le pouvoir chercherait à contacter. Dans leur majorité, ils sont ou des  » modérés « , ou des seconds couteaux  ou enfin, proches de présidentiables . A défaut de les récupérer, le pouvoir souhaite les neutraliser et obtenir leur silence afin de faire le vide au sein du paysage dissident. Des contacts ont eu lieu à Tunis mais aussi en Europe et au Canada durant les semaines dernières avec des dissidents et des exilés politiques en Europe dont la plupart sont des anciens islamistes. Propositions : rétablissement de chacun dans ses droits, une largesse financière, la restitution de leur passeport, le recouvrement de tous les droits pour ceux et celles qui sont à Tunis et la possibilité de retourner au pays sans le moindre problème pour ceux qui vivent à l’étranger. En échange, respecter une seule condition : déserter le paysage dissident et remercier publiquement  » Le président Ben Ali  » . Ceux qui ont cru en une ouverture politique du régime ont vite été déçu. Ce geste du pouvoir concerne des  » cas individuels  » et les négociateurs n’ont aucune qualité politique.

 

Les trois inconnues et la dernière chance …

 

Dans ces scénarios presque parfait, reste trois données inconnues.

 

La réaction d’hommes et de femmes à l’intérieur du système qui sont de plus en plus mécontents du poids qu’a pris l’appareil de la police au détriment du parti au pouvoir. La vieille garde bourguibienne écartée des affaires depuis 1987 veille au grain et parie sur cette vague de contestation jusque-là discrète afin de reprendre pied sur la scène politique. C’est cette peur de voir les anciens destouriens retrouver une nouvelle vie politique qui a motivé –par exemple- la virulence de la campagne de dénigrement dont a été victime M. Ahmed Kdidi à qui (et à travers lui la vieille garde bourguibienne) la presse officielle n’a pas oublié de rappeler qu’il faisait partie de l’ancien régime.

 

La réaction des grandes puissances : la France et les Etats-Unis. Les espoirs de la majorité des acteurs politiques Tunisiens sont portés par l’administration américaine. Il ne fait aucun doute que cette dernière soutienne Ben ali dans les faits, cependant les USA ont souvent montré –comparativement à la France- qu’ils étaient moins complaisants –du moins au niveau du discours politique- avec le pouvoir tunisien.

 

Quant à la France, son influence sur l’issue de la guerre de la succession est peu probable quoiqu’elle ne soit pas impossible. Si la Droite française gagne les élections présidentielles de 2007, il est improbable que l’actuel premier Ministre Dominique De Villepin , le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, ou même François Bayrou, président de l’UDF, remettent en question leur traditionnel soutien au pouvoir tunisien ou le choix d’un successeur choisi par M. Ben Ali. Si la Gauche française l’emporte, le pouvoir tunisien pourrait toujours compter sur son solide réseau de lobbying français pro-Israël très influent auprès de tous les présidentiables socialistes (M.Dominique Strauss-Kahn, M. Jack Lang, Mme Ségolène Royale ou M. François Hollande) en faisant valoir sa prédisposition à normaliser les relations avec Israël et en jouant les gendarmes de l’émigration clandestine. Qu’ils soient donc de Gauche ou de Droite, tous soutiendraient les choix de Ben Ali tant que les intérêts des grandes entreprises françaises sont sauvegardés à Tunis.

 

Demeure donc une troisième inconnue, la plus importante et la plus déterminante. La réaction de la rue tunisienne à propos d’une possible succession arrangée par Ben Ali ou à laquelle participerait l’opposition.

 

Jusque-là, la rue continue à observer en toute indifférence les stratégies du pouvoir et des opposants même si elle ne méconnaît pas la corruption de certains Ministres et hauts fonctionnaires de l’Etat et l’état calamiteux du pays. Cependant, 2009 semble être une date symbolique pour provoquer un changement au sein du pays et un renouveau du corps politique institutionnel et dissident.

 

Constitué dans sa majeure partie par la génération de l’indépendance, le microcosme politique actuel joue peut être sa dernière chance dans les prochaines élections présidentielles. En 2009, 53 ans sépareront les Tunisiens de la date de l’indépendance et toute une génération, voire même deux sépareront Ben Ali et ses opposants d’une majorité des Tunisiens qui n’ont pas encore dépassé les 30 ans.

 

Sami BEN ABDALLAH

Sami_tunisie_soir@yahoo.fr

 


Texte de la transcription du discours de Monsieur Ahmed Néjib Chebbi lors de la conférence de l’AEI le 31 mars 2006 à Washington.

Transcript American Enterprise Institute   March 31, 2006   [Edited transcript from audio tapes]   Now I get to Nejib Chebbi, who is the head of the Progressive Democratic Party in Tunisia and is also a Tunisian lawyer. I first met him about two years ago, but I hardly recognized him when he came because coinciding with the World Summit on Information by the United Nations, Nejib with several other activists went on a hunger strike, and it shows – a 32-day hunger strike. I’ve been reading translations of the Tunisian press over the last couple days. They’ve called Nejib a Ba’athist, they’ve called him a Zionist, they’ve called him an Islamist. He’s the first Islamist Ba’athist Zionist I’ve ever met. But most importantly, he is a liberal democratic activist and it’s a pleasure to have him here today.   Nejib Chebbi : Thank you very much, Michael. I will try in these final remarks to react not only to the papers which have been presented today, but also to the question, the crucial questions, I had in very useful meetings we had this week. Many of our partners were wondering if reform is necessary in the Arab world, if it is useful, if it is not dangerous for stability, for peace, and even for freedom itself. I think some remarks must be made about these questions.   Let me say in the beginning that reform is not an American creation. It is a very ancient, very old demand in the Arab world. It started in the second half of the 19th century. All the political thought in this time spoke about reforming the political system and education, and since the beginning of the 20th century the question of freeing women has been raised in Egypt by Samir Amin and in Tunisia in 1930 by Taha Hadad.   I want to say that reforms started in Tunisia in 1875. I will not be very long, because every Arab can speak about the history of liberalism and the tradition of liberalism in the Arab world, in each country – in Tunisia, in Egypt, in Morocco and elsewhere. In Tunisia, reform of education started in 1875. We had the first constitution in 1861. We had press end of the 19th century. We had the first political party in 1919. We choose the party who is ruling Tunisia today and which name is the Constitutional Party – this means what was important was the constitutionality for the elite at that time.   I will not be very long, I can speak really for hours about our liberal traditions. What happened in Tunisia and many other countries, that independence, although it meant social and economic progress, it meant on the political level the end of pluralism, the end of freedom, and the beginning of personal power and a system with unitary party.   I apologize for my English, it’s the first time I speak in English.   Then since that, people have been dispossessed from their liberties and many of us have been jailed since the 1950s. Then when the United States spoke for the first time, as I know, in November 2003 of the mistakes she did for sixty years, not raising the question of reform in the Arab world until it had its effects for the national security inside the United States, we say in the Arab world that that is a good thing that the United States is now aware that one of the sources of anti-Americanism in the Arab world was the collusion between the United States and regimes. For the people, our regimes are sustained, supported, armored and protected by the United States. That was one of the sources of the anti-Americanism in the region. Then today we are happy that the international community poses the problem of reforming the Arab world.   The second remark I want to speak about here is that in the Arab world, even though there is a common problem, there are distinctive processes for democratization. What is common is that nowhere in the Arab world is there a democratic system, a democratic regime. What is a democratic regime for me ? It is separation of powers, checks and balances, independent judiciary, free elections, basic human rights and freedom, and the rule of law – all that doesn’t exist in any Arab country, as a system, as a political system.   What is common in the Arab world, that in this era of globalization and free markets at the level of the whole world, we can no longer progress on the economic and social level without political reforms. This is because the state is no longer the main investor, the main creator of jobs and so on. The private sector must be mobilized to compete with others on the international level. That cannot be done without a healthy climate for business. That means freedom of press, independent judiciary, accountability, and a check on the bureaucracy.   What is common for this region is that we will never meet our economic integration, which is now an international demand for foreign investors. The markets in the Arab world are too closed to appeal to investors. We have to integrate our markets, either in the Maghreb or on the level of the whole Arab world. Without democracy, we will never meet this objective and we will lack for a very long time.   These are some of the common problems we confront. But we cannot speak about democratization in the same way in Jordan, Lebanon, Iraq, Tunisia, Algeria and Morocco and so on. In each country there are specific problems. But we can divide this world into two big parts.   The first one is the countries where there are no basic freedoms, like the country to which I belong, Tunisia, unfortunately for my country. In the country, Michael said to you, we were obliged a few months ago to go on a hunger strike for 32 days for claiming three basic freedoms : freedom of speech and press, freedom of association – that means the freedom to create parties and NGOs – and freeing the political prisoners.   Today there are some hundreds of political prisoners in jail in Tunisia but many thousands have been sentenced for a very long period. They finished their sentences but now they have no job, they cannot move inside the country, and they cannot speak about leaving it. They number in the thousands. The function of these prisoners is to make people afraid, to frighten those who want to express their ideas and apply themselves in the political field ; they see that they can have the same destiny that all these political prisoners face.   Then, in this country, what is necessary today, are basic freedoms. These must come before a transition toward democracy, which means reforming the constitutions, reviewing the laws and running fair elections. These basic freedoms include : Freedom for the magistrate to elect their own committee, because in Tunisia the magistrate tried to elect a free committee and the power, but the regime banned it. This means the freedom for journalists to hold their national conference. Journalists cannot today in Tunisia hold their national conference. That means that the Tunisian League for Human Rights can hold its 6th national conference. Today this NGO cannot hold its conference because it is independent. Thus in this set of countries, the problem is to liberalize.   In other countries, such as Morocco or Egypt or Jordan or Lebanon, the problem is to democratize. It’s to go forward, to transition toward democracy, which means that the population can participate in the decision process by representation. In these countries, there are many specific issues. They think if you want to help the process of democratization in the Arab world, we have to see this world country by country, because we cannot solve the problems speaking generally. This was the second remark.   The third remark I want to speak about is : what is the wait for democratization ? If we want to be realistic, the process is going. I agree with Mr. Shafeeq, we are going ahead, but very, very slowly. We have to wonder how to run faster. Some think that because of the weakness of the elite in the Arab world, when we speak generally, this reform will come from inside the regimes themselves.   I think that idea is not very true. It is not working because for the emergence of reformers from inside the regimes, there is a condition. That condition is pressure on them which makes them feel that reform is a necessity. Today the weakness of the political process doesn’t make the rulers feel that necessity and then they don’t react positively to the claims for democratization in the country.   The second one is that if the process is self-initiated by the rulers themselves, we can have what is happening for example in Russia today. But more than that, what happened in Tunisia in the 1980s. In the 1980s, President Bourguiba had been deposed by the prime minister of that era, which is President Ben Ali today. We had reforms for two years, but two years later we returned to a personal power with total confiscation of our basic freedoms. That is a risk which must be taken into account when we speak about the possibility to have the process start from inside the regime.   The second is that that process must come from within the society. I think that this is true. Even it took time, even if it is hard to do there is no other way. Today elites are awakening. For speaking about my country, Tunisia, the lawyers are independent. The magistrates tried to do, the journalists also, the trade unions, the NGOs, the political parties are awakening, claiming reform and trying to put pressure on the government to get their basic freedoms. But the population doesn’t apply themselves in this process because of a half-century of repression, a half-century which, if you want to be safe for your freedom, safe for your job, you have to be neutral in the political field.   Then that’s why this process can and must be helped by the international community. I think that supporting this process doesn’t mean intervening in the political life of these countries by force or by political means. What is necessary today is to stand behind or beside the reformers, to support them, and to practice what is now starting in the United States, public diplomacy. When we feel that Hachicha, whose sole crime is to attend this conference in January, and she’s harassed, she’s threatened in her safety and the safety of her daughter, or her husband – when we know that the State Department issued a public statement about this case, we know that the American Enterprise Institute is mobilized about her case to get her help – this will encourage the reformers to continue their struggle.   The final question I want to raise is : Is the reform in the Arab world dangerous for the interests of the United States or of the West ? That question raises the question of political Islam. I think there are many ways to deal with that question. The means of violence they have been experiencing and have experienced and failed. There are means to approach this question from an ideological point of view.   I think that way doesn’t help to solve the problem. I think the better way is to be pragmatic, to see the facts. We are in the Muslim world. Islam is very influential in the life of each individual. That’s a fact. We cannot speak about democracy in the Arab and Islamic world forgetting that fact. We cannot ignore that the mainstream today, and many of my colleagues, are for political Islam.   This is a point of view which cannot be shared but I think it’s my duty to express it. If we look to this phenomenon, which is cultural and social and political phenomenon – it’s not exogenous – we see that there is an evolution. That evolution is to accept democracy as a part of the political Islam thought. The revolutionary way failed everywhere – in Iran, in Sudan, in Afghanistan and in Algeria. Then the Islamists, put under the pressure of this experience and the evolution of the world and the Cold War, the new technology of information, the globalization at all levels – forced them to progress toward reviewing their points of view.   We have now an experience in Turkey where Islamists are ruling in a society which is not monopolized by Islamism. There is balance between the Islamists which are ruling and the society’s secularist forces which are in opposition but in a legal framework. I think this experience in Turkey must be taken into account, because it can perhaps be reproduced elsewhere.   What is happening in Palestine has two sides. The first side is relative to relations with Israel. The United States asked Hamas to recognize Israel and to accept the political process. These are problems related to the regional conflict. They are not directly related to the democratic process. From the point of view of democratic process, the experience of Hamas, which is ruling by the way of the polls and which has a very big secularist society in opposition to it, can be a new experience on the path of reform.   I will not be very long, but I want to attract your attention to the fact that Morocco will have elections in 2007. In Morocco, the trend is also in the favor of the Islamists. But in Morocco as elsewhere there are two kinds of Islamists : the moderates, which are evolving toward the acceptance of democracy, and the others which are still totalitarian.   Thus what I want to say is that the problem is to be pragmatic about this issue. There are no politics with zero risk. We have to take the risk and the solution is two-sided. First, the Islamists accept democracy and basic freedoms, and second, we don’t have to rely on the declaration but to have a secularist bloc to constitute a balance in front of them.   I want to say that in Tunisia, after the hunger strike, we engaged in discussions with the Islamists to integrate them into the political process. The discussions are going on about basic questions. For example, we are talking about equality of sex. In Tunisia, polygamy has been banned for half a century. Tunisians do not accept to come back to that the situation prior to that. Do the Islamists accept the equality of sex ?   Second, there is the question of the freedom of belief. We don’t want to have the case the Afghans had this week. It’s not possible. We ask the Islamists : Do you accept the banishment of the corporal punishment and so on ? We are discussing basic freedoms and human rights because for us, democracy is not only a mechanism to solve conflict in a society, but a way to solve conflicts in a society based on human rights. That is modern democracy. Any alternative is populism and totalitarianism.   Those are some remarks I want to submit to your reflection. I thank you.   Michael Rubin : I want to thank everyone for coming here today. You’ve just witnessed a crime being committed : the __expression of free speech which would not be possible, as Neila Charchour Hachicha has found out, in Tunisia. Our thoughts are with her and I can assure you that AEI is going to stop at nothing to pursue this until the harassment stops against her daughter, the harassment stops against her husband, and the harassment stops against her, for the sole crime of talking out about dissent and reform. That is one thing that is not acceptable, to take the actions that the Tunisian government has been taking.   I want to remind everyone that there’s a hot lunch outside. The papers are available. We look forward to seeing you in September when we have our next group of people, which hopefully will also include Neila again.   (Source : Site Web de l’American Enterprise Institute) URL: http://www.aei.org/events/filter.all,eventID.1251/transcript.asp


 

 
On écrit au « Monde diplomatique »….
Tunisie

M. Chedia Mhirsi, de Tunis, revient sur les articles consacrés à la Tunisie parus dans notre numéro de mars :

 
Comment parler d’une descente aux enfers alors que les Tunisiens n’ont jamais eu un PNB aussi élevé qu’aujourd’hui, que le progrès social a pu défier les pronostics annoncés par les experts mondiaux en la matière ? La quasi-totalité des Tunisiens ont une couverture sociale qui leur garantit l’accès aux soins médicaux. En 2005, 165 000 étrangers toutes nationalités confondues sont venus se soigner chez nous. En Tunisie, le droit à la retraite a été étendu aux métiers les plus modestes, et les démarches pour en bénéficier simplifiées.
 
Et l’éducation, parlons-en ! Certes Bourguiba a posé les jalons du développement grâce à l’institution de la gratuité. Mais l’abandon scolaire précoce était monnaie courante, surtout chez les filles en zone rurale. A partir de 1991, l’enseignement est devenu obligatoire jusqu’à 16 ans. C’est ce facteur qui a changé le profil de l’élève et de l’étudiant : jusqu’à cette date, seuls 35 % des élèves réussissaient à l’examen de fin d’études primaires. Maintenant et grâce à cette mesure, 100 % des élèves peuvent finir leurs études de collège et ont la possibilité d’aller au-delà. (…) Grâce à l’école, nous avons actuellement des médecins et des ingénieurs en surnombre. Cela ne va pas sans poser des problèmes, telle la baisse de niveau. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances et des investissements. Tout autour, les frontières ne sont pas assez ouvertes pour accueillir ce surplus de main-d’œuvre qualifiée qui a de plus en plus de mal à trouver un emploi. Ne parlons pas des frontières européennes, hermétiquement fermées aux personnes et aux produits agricoles. Savez-vous que les chanceux, triés sur le volet, que les services consulaires autorisent à se rendre en France doivent payer 99 euros pour obtenir un visa alors qu’il suffit à un Français de payer 100 euros de plus pour s’offrir un séjour d’une semaine en Tunisie, billet d’avion compris !
 
 (Source: Le Monde Diplomatique, avril 2006)

 


 

Investissements européens et arabes en Tunisie

Tout un plan pour faire de la Tunisie une place financière régionale

 

La Tunisie est le premier pays à avoir signé un Accord d’Association avec l’Union Européenne. La zone de libre-échange sera totalement en place dans peu de temps et les financements atteignent des montants records avec une moyenne de 315 millions [ sur les 5 dernières années, dont plus du quart en subventions du Programme MEDA et le reste en forme de prêts de la Banque Européenne d’Investissement.   La Tunisie fournit l’exemple d’un partenariat diversifié avec l’Union Européenne : de la formation professionnelle à l’enseignement supérieur, de la modernisation des ports aux grands travaux autoroutiers, de la modernisation des circuits financiers et des douanes au financement des PME, de la préservation de l’environnement à la modernisation de la justice, tous les compartiments de cette politique sont menés avec une participation forte de la Commission Européenne et de la Banque Européenne d’Investissement.   Selon les chiffres de la Délégation de l’Union Européenne à Tunis , au total, la Tunisie tient une place de premier plan. Qu’il s’agisse du Programme MEDA ou de la BEI, elle reçoit 14 à 16 % du total des fonds disponibles alors même qu’elle représente 4 % de la population des pays concernés.   Elément important dans cette architecture, la place des pays arabes et de la Tunisie dans le palmarès de l’investissement direct étranger (IDE). Globalement, les pays arabes drainent une part très faible des IDE qui vont dans les pays en développement : seulement 2 % dans la période récente. La Tunisie, par contre, se taille une part importante de ces flux d’IDE à destination des pays arabes, puisqu’elle en obtient 17%.   Cap sur le Golfe   Consciente des potentialités que recèlent les pays du Golfe en matière de capitaux à investir et de la disposition des hommes d’affaires de ces pays à saisir les opportunités d’investissement offertes par notre pays, la FIPA a mis en place une stratégie visant à mieux faire connaître le climat des affaires et les opportunités d’investissement à travers notamment la multiplication de la participation des cadres de FIPA aux congrès, salons et diverses manifestations économiques dans ces pays.   La démarche consiste à se rapprocher des grands groupes pour leur présenter des projets dans les secteurs porteurs répondant à leur attente tels que les TIC, les services financiers, les projets touristiques et les grands projets de privatisation et de concession. Par ailleurs une action de coordination avec les banques d’investissement en Tunisie sera effectuée régulièrement visant la mise en place d’une stratégie pour faire de la Tunisie une place financière régionale et la réalisation de projets en partenariat basés sur la complémentarité. En plus de ces actions de promotion, FIPA procédera au suivi des entraves à la réalisation des projets arabes pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs .   En effet, la stratégie de la FIPA a commencé à donner ses fruits, les investisseurs arabes conscients des opportunités offertes par la Tunisie en matière d’investissement ont réagi positivement à cet appel en investissant dans des secteurs très porteurs tels le tourisme et le Télécom.   C’est ainsi que le MBI International holding, un groupe créé par le Cheikh Mohamed Bin Issa Al Jaber, fort d’un actif de 3.8 milliards de dollars et solidement implanté dans plus d’un secteur au Moyen Orient et en Europe, vient de créer un fonds d’investissement touristique baptisé MBI Tunisia Fund, d’un capital de 65 millions de dinars dont le groupe MBI International sera le principal actionnaire (60%) à côté de l’IMBank.   Secteurs exclus   Il existe des secteurs dans lesquels les  étrangers ne peuvent pas investir  , essentiellement  les secteurs monopolisés par l’Etat tels que : l’électricité, la distribution des eaux, la poste, le tabac, la poudre à feu, et des allumettes et ce, sauf obtention d’une concession sur une branche de ces activités.   Toutefois, les activités offshore ne sont pas concernées par ces limitations.   La participation étrangère dans les entreprises tunisiennes, dans certaines activités de services autres que totalement exportatrices, est libre tant qu’elle est inférieure à 50% du capital social. Au-delà, cette participation requiert l’accord du Conseil Supérieur d’Investissement.   L’investissement dans le secteur agricole et de pêche par des investisseurs étrangers se fait par voie de location des terres agricoles. La période de location des terres peut aller de 25 à 40 ans.   L’acquisition par les étrangers de biens immeubles, autres qu’agricoles, requiert l’approbation préalable du gouverneur territorialement concerné, lorsqu’il existe une convention en la matière avec le pays de l’étranger.   LM   (Source : « Le Temps » du 11 avril 2006)


 

Le FADES finace le projet de construction du barrage « El Kebir » à Gafsa

Depuis 1987, le FADES a financé 43 projets avec des engagements globaux de 2,1 milliards de dinars.   Un accord de prêt, d’une valeur totale de 89 millions de dinars vient d’être signé entre la Tunisie et le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES). Ce prêt, qui sera remboursé sur 22 ans avec une période de grâce de 5 ans et un taux d’intérêt de 4,5%, sera consacré à la réalisation de routes régionales classées et de sentiers ruraux et à la construction du barrage Ç EL Kébir È à Gafsa.   La première tranche du prêt, d’un montant de 75 MD, est destinée au financement de la première partie du projet des routes régionales classées et des sentiers ruraux.  Il s’agit du bitumage de 162 Km de routes dans neuf gouvernorats (Gabès, Sfax, Kairouan, Siliana, Kef, Monastir, Mahdia, Kasserine et Bizerte) et l’asphaltage de 59 pistes sur une longueur de 450 KM répartis entre 13 gouvernorats. Tout le projet porte sur le bitumage et le revêtement d’environ 310 Km de routes et l’aménagement de 107 sentiers ruraux sur une longueur de 1000 KM, répartis sur tous les gouvernorats. Le coût total du projet s’élève à 206 MD.   Quant à la seconde tranche du prêt, d’une valeur de 14 MD, elle financera le projet de construction du barrage ÇEL Kébir È dans le gouvernorat de Gafsa, dont le coût total est estimé à 18,860 MD. Ce projet a pour objectif de fournir l’eau d’irrigation d’appoint aux périmètres agricoles situés dans les plaines limitrophes à l’oued El Kébir et de protéger la ville de Gafsa des inondations.   Récemment, les deux parties ont conclu un accord de prêt  pour la réalisation du barrage de Ç Oued Srat È (gouvernorat du Kef), qui permettra d’irriguer 3 100 hectares de terres agricoles. Le FADES a contribué à hauteur de 50 millions de dinars au projet d’ensemble dont le coût est estimé à 84 millions de dinars. Le projet comprend la construction du barrage avec ses différentes composantes, des ouvrages de pompage, de stockage et de transfert d’eau, des canaux d’irrigation ainsi que l’aménagement de pistes agricoles et de réseaux d’évacuation de l’eau. Il s’agit également d’offrir des services d’expertise et de piloter l’exécution du projet.   A signaler que le FADES a contribué, depuis 1987, au financement de 43 projets avec des engagements globaux nets de près de 2,1 milliards de dinars, dont 1525 millions de dinars ont été jusqu’à présent utilisés, soit un taux de 72%. L’enveloppe de ces engagements est utilisée à hauteur de 40% dans le secteur agricole (y compris les barrages), 30% dans le secteur des routes et autoroutes, 20% dans l’industrie et l’énergie et 10% dans la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, les petits projets et l’habitat social…. Le FADES a, également, participé au financement des études techniques réalisées dans différents domaines pour un montant de 3,7 MD.   La Tunisie formule de grandes ambitions quant à la contribution du Fonds dans le financement des projets programmés dans le cadre du XIème Plan (2007-2011).   Aziz ARFAOUI   (Source : « Le Temps » du 11 avril 2006)


LE DOSSIER DE « REALITES »

 

La démocratie à l’épreuve de l’indépendance Avec l’Indépendance, le nouvel Etat tunisien indépendant a cherché à se consolider en engageant, dans tous les domaines, des réformes audacieuses pour l’époque…

 

Chronique d’une première élection annoncée

 

LES PREMIERES ELECTIONS DE LA TUNISIE INDEPENDANTE : La domination totale du Néo-Destour

 

Georges Adda : “Le jour de l’Indépendance était le 1er Juin 1955” Entretien conduit par Noura BORSALI

 

Le mausolée du patriarche. Par Noura Borsali

 

(Source : « Réalités » N° 1056 du 6 avril 2006)


Georges Adda : “Le jour de l’Indépendance était le 1er Juin 1955”

  Georges Adda est, comme nous aimons l’appeler, “ le doyen des militants ”. Il a 90 ans et n’a rien perdu ni de son dynamisme, ni de son engagement pour les causes justes. Militant communiste depuis les années 30, membre élu du Comité Central du Parti Communiste Tunisien (PCT), candidat aux premières municipales de la Tunisie indépendante du 5 mai 1957, sur la liste du PCT de Tunis, collaborateur aux journaux du PC comme Ettalia, L’Avenir social et L’Avenir de la Tunisie dont il sera rédacteur en chef etc…, Georges Adda a été de tous les combats. C’est en tant que témoin du passé comme du présent qu’il a eu l’amabilité de répondre à nos questions. Pouvez-vous, pour commencer, nous retracer votre itinéraire de militant communiste pour l’indépendance de son pays ? Fin 1933, je me suis lancé dans l’activité du PCT et, en 1934, j’ai commencé à avoir des responsabilités. En 1935, arrêté, je fus emprisonné durant huit mois. Le 1er juin 1936, le PCT a organisé sa Conférence Nationale lors de laquelle j’ai été élu Secrétaire Général adjoint. Je n’avais pas 20 ans. A partir de 1937, la situation a recommencé à devenir sérieuse et les heurts avec le colonialisme très durs, comme le montre la fusillade des mineurs de la région de Gafsa qui a causé dix-sept morts et des dizaines de blessés. A partir de ce moment, j’ai eu des positions spécifiques. Je proposais que soit réalisée avec le Néo-Destour une entente pour des objectifs politiques communs. J’étais favorable à une participation des communistes aux manifestations organisées par le Néo-Destour. En juin 1937, lorsque Belgacem El Gnaoui s’est mis à reconstituer la CGTT de M’hamed Ali et de Mokhtar Ayari, nous étions divisés au Parti Communiste. J’étais favorable à une collaboration avec El Gnaoui pour créer un mouvement syndical authentiquement tunisien, ce qui n’était pas la position de la majorité au sein du Parti. C’était très dur. D’ailleurs, un compte rendu de ce profond différend existe dans le rapport du représentant de l’Internationale Communiste, qui était venu à Tunis pour effectuer une enquête sur les évènements du 9 avril 1938. C’est ainsi qu’à ce moment-là, étant l’animateur de ce courant, j’ai été accusé au sein du Parti d’être, comme les chefs néo-destouriens, un agent du fascisme italien. Dans son rapport, le représentant de l’Internationale Communiste a noté que j’étais un “ élément malsain ” qui ne devait plus avoir sa place dans le Parti Communiste. C’est en effet à partir de 1936 que le PCT a inauguré une nouvelle orientation car, depuis sa création en 1920 et jusqu’en 1936, il avait pour seul mot d’ordre : l’Indépendance de la Tunisie. A partir de ce moment, c’est devenu autre chose. Il est vrai que la situation internationale y était pour beaucoup et que l’Internationale Communiste avait, avec raison, en 1935, braqué toute son action sur l’union des forces contre le fascisme. En 1936, nous participions au Front Populaire français, nous étions à la CGT française. J’étais absolument contre tout cela et pour quelque chose de spécifiquement tunisien tout en restant dans le mouvement communiste international. Il fallait, à ce moment-là, imbriquer la lutte nationale dans le mouvement international. C’est pour cela qu’en février 1938, j’ai préféré quitter Tunis et aller à Paris. Ainsi j’ai passé cinq ans en dehors du Parti, en France et en Tunisie. Par la suite, l’histoire du Parti Communiste jusqu’à ce jour a connu plusieurs autocritiques et rectifications, sans toutefois avoir trouvé, au fond, la formule adéquate. Pendant tout ce temps, j’ai créé des liens humains avec des Néo-Destouriens comme Hédi Saïdi qui était mon ami. Il lui est arrivé, en 1935, à lui membre du BP du Néo-Destour, de me loger lorsque la police me recherchait. C’était un état d’esprit. A ceux qui me demandaient pour quelles raisons je n’avais pas intégré le Parti destourien, je répondais que je demeurais un communiste avec une position déterminée, que je restais profondément communiste. Après cette crise, vous avez fini par retrouver votre place dans le Parti Communiste puisque vous serez, jusqu’à son interdiction en janvier 1963, membre élu du Comité Central. En effet, j’ai réintégré le Parti en septembre 1942. Le PCT, à cette époque, changeait de politique et recommençait à parler d’indépendance. On peut dire que ma réintégration a eu lieu au moment où le Parti se préparait à lancer un nouveau programme appelé “ Les buts de guerre du PCT ”. Les Allemands chassés, les communistes devenaient libres et le Parti redevenait légal. Le PCT a tenu sa Conférence Nationale où j’ai été élu membre du Comité Central et au Congrès membre du BP. En 1951, j’ai démissionné du BP à la suite d’un désaccord sur l’organisation du Parti. Au PCT, on discutait beaucoup. Ne croyez pas que le parti était un bloc de ciment. Contrairement à ce que tout le monde pense, on se “ battait ” à l’intérieur du Parti. Ali Djerad, le premier Secrétaire du Parti, a été exclu. La motion d’exclusion de Ali Djerad, votée à l’unanimité par le IIIème Congrès de mai 1948 était, pour le moins que l’on puisse dire, très dure. On avait “ chassé, y écrit-on, des rangs du Parti ” Ali Djerad, “ un élément provocateur ” dont “ les positions politiques, fausses et provocatrices, la criminelle activité fractionnelle et la vie privée déréglée auraient pu porter un préjudice considérable au parti, sans la vigilance du Comité central ” dont vous faisiez partie à cette époque. L’affaire de Ali Djerad est très compliquée. J’ai toujours refusé de parler des autres camarades et de citer des noms. Je ne parle que de mes positions. La vie politique est très complexe. On peut être pour quelque chose tout en étant contre l’ensemble. Lorsque j’ai démissionné du Bureau Politique en 1951, ce n’était pas de gaieté de cœur. J’ai démissionné du Bureau Politique tout en restant membre du CC. Et après l’indépendance, dans les congrès, j’avais des positions qui n’étaient pas toujours celles des autres camarades, comme dans les congrès où il y a eu le renouvellement de toute la direction. J’y étais pour quelque chose d’une certaine façon. Revenons, si vous le voulez bien, à votre itinéraire militant. J’ai déjà donné au début de l’entretien des indications importantes. Que dire de plus ? Reprenons donc. J’adhère fin 1933 au Parti Communiste. 1935, je suis recherché par la police. Septembre 1935, arrestation et emprisonnement. 1er juin 1936 : élu Secrétaire Général adjoint du Parti. Février 1938, départ pour Paris. Mars 1940, arrestation à Paris et renvoi à Tunis pour être déporté à Zaghouan puis à Béjà. Novembre 1942, évasion et départ vers l’Algérie pour tenter de prendre contact avec le Parti Communiste Algérien. Février 1943, installation au Kef. Mai 1943, retour à Tunis et reprise de mes activités au PC comme membre du Comité Central puis du Bureau Politique ainsi que rédacteur en chef de L’Avenir de la Tunisie . 1952, internement aux camps de concentration de Remada, puis de Ben Gardane et de Zaarour. 1953, emprisonnement. Août 1954, libération de prison et participation à la rédaction de Ettalia et de L’Avenir . 1963, interdiction du PCT et participation à l’activité clandestine. Début 1990, collaboration avec l’UGTT et participation aux actions des démocrates. Je suis jusqu’à ce jour un militant à part entière et peut-être le doyen des démocrates militants encore en vie. Dans les prisons et les camps de concentration, j’ai vécu aussi avec des responsables et des militants néo-destouriens avec lesquels j’ai eu et j’ai toujours d’excellentes relations humaines. Quels étaient ces responsables ? A Remada : Habib Bourguiba, Mongi Slim, Hédi Chaker, Hédi Nouira, Ferjani Bel Hadj Ammar, Habib Cheikhrouhou etc… En prison, j’étais avec Ahmed Tlili avec qui j’ai entretenu des relations devenues très amicales, Habib Achour, Azzouz Rebaï, Hédi Nouira, Béchir Bellagha, Abdelmajid Chaker, Béchir Ben Youssef etc… Vous vous considérez toujours comme un militant communiste ? Oui, mais maintenant, je suis un militant “ indépendant ”. Il est vrai que le mot “ indépendant ” n’a aucune signification. Mais c’est un accord tacite entre beaucoup de gens pour se dire “ indépendants ”. Je dirai plutôt “ non organisés ”, “non encartés”. Je reste idéologiquement communiste. Je suis pour un communisme nouveau bien ancré dans sa tunisianité, un communisme fait aussi et surtout de liberté et de démocratie, du strict respect du droit à la différence des opinions et des convictions, ainsi que du respect du verdict des urnes issu d’élections libres et transparentes. J’espère terminer ma vie avec toujours en moi l’idéal de ma jeunesse. Comment avez-vous vécu l’Indépendance du pays, surtout qu’elle a eu lieu dans un contexte national et régional très tendu ? Avec un grand enthousiasme et une grande satisfaction comme après un travail bien accompli. En vérité, on ne s’attendait pas à ce que l’indépendance soit proclamée quelques mois seulement après l’accord de l’autonomie interne. On avait le sentiment que le gouvernement français voulait se précipiter pour s’en débarrasser du fait de ce nouveau grand chantier qu’il avait devant lui : l’Algérie. Je crois que le premier jour de l’Indépendance, bien que ça ne le soit pas, était le 1er juin 1955. Ce dernier était tellement grandiose que même si on avait manifesté le 20 mars, ça aurait été insignifiant en comparaison avec le 1er juin. On a raison de commémorer le 20 mars parce que, ce jour-là, on a bien signé le protocole d’accord de l’indépendance, mais, en fait, tout a été tracé dans la dynamique créée par la proclamation de l’autonomie interne. Ces conventions n’ont pas été comprises par tout le monde, y compris par le PCT qui les avait rejetées au départ, alors qu’à la réflexion, c’était un grand pas sur la voie de l’indépendance. Mais, plus tard, le Parti Communiste Tunisien critiquera Salah Ben Youssef et se ralliera aux positions de Bourguiba, comme le montrent, d’une part, le message qu’il adressera au Vème Congrès du Néo-Destour (Sfax, novembre 1955), pour appuyer les Conventions du 3 juin 1955, considérées par les communistes comme “ un pas positif vers l’Indépen- dance ”, et d’autre part, toutes les réunions publiques qu’il organisera pour appuyer les conventions et la politique de Bourguiba. Qu’est-ce qui explique cette volte-face ? Pendant, je crois, deux mois, les communistes étaient contre, mais ils ont fini par modifier leur position. Et, à ce moment-là, nous avons adopté la formule : “ C’est un pas en avant important, ça va ouvrir la voie à l’indépendance ”. Et nous avons adopté une ligne claire : “ Nous soutiendrons tout ce qui est positif et nous combattrons ce qui est négatif ”. D’autres voix se sont élevées également contre ces Conventions : les Yousséfistes, l’Archéo-Destour, des organisations nationales comme l’UGAT etc… Cette bataille était surtout “ destouro-destourienne ”. Je crois que le conflit se situait au niveau du leadership de la Tunisie de demain. Sera-t-il entre les mains de Bourguiba ou de Salah Ben Youssef ? Et chacun disait : “ C’est moi ”, si bien qu’il y a eu la guerre. Pour revenir au 1er juin, son importance venait-elle du fait du retour triomphal de Bourguiba qui, ce jour-là, s’était imposé comme le leader et l’artisan de l’autonomie interne qui aboutira le 20 mars à l’indépendance ? Il faut, à mon avis, se poser la question : qui était le leader de la Tunisie ? Qui était son homme fort, son concepteur, son homme politique avec des visions, des projets, des tactiques et des stratégies ? Je le dis franchement, j’ai combattu Bourguiba, mais Bourguiba était l’homme de la Tunisie. La preuve, c’est qu’il a réussi. La Tunisie est un pays indépendant. Nous ne sommes pas un pays qui a raté son indépendance et qui a besoin d’une vraie indépendance ou d’une deuxième indépendance. Idée qui fait aujourd’hui débat dans certains milieux. Bourguiba était fidèle aux grandes aspirations du peuple tunisien, l’Indépendance et un Etat souverain au moindre coût. Et ça, c’est Bourguiba. Mais il ne faut pas oublier que le même Bourguiba et avec lui les Bourguibiens ont étouffé les libertés et empêché la démocratie de s’enraciner, de se développer, de s’épanouir dans notre pays et de devenir une culture pour tous. En 1955-56, le paysage politique tunisien était beaucoup plus proche du multipartisme. Comment expliquez-vous le glissement vers l’institutionalisation du parti unique en 1963 ? Le Néo-Destour a lutté pour l’indépendance. Il était pour la liberté mais il était aussi hégémonique. Prenons deux dates. En 1937, Abdelaziz Thâalbi revient en Tunisie. C’est un événement. Voilà un homme qui, depuis le début du XXème siècle, se bat pour l’Indépendance de la Tunisie et a fait de la prison déjà en 1903 pour des idées progressistes et libérales pour l’époque. En 1919, il se déplace à Paris avec un programme de revendications en mains. Il a écrit “ La Tunisie martyre ”. Dans les années 20, il est banni. En 1937, il revient en Tunisie comme un grand homme et donne sa première grande interview à Ali Djerad, Secrétaire Général du PC, qui est publiée dans Ettalia et dans laquelle il appelle à l’union des forces patriotiques. Le lendemain, on lui envoie, avec violence, des tomates et des pierres sur la tête. Et ça, c’est l’hégémonie du Néo-Destour. Une autre date : c’est celle de la reconstitution de la CGTT par Belgacem El Gnaoui qui, en janvier 1938, organise son premier congrès reconstitutif. Le Néo-Destour y envoie un groupe de militants qu’on appellera plus tard la “ milice ” qui casse la porte de la salle, démolit tout, introduit Me Hédi Nouira qui n’est même pas délégué et le proclame “ S.G. ” de la CGTT. Un vrai coup de force. Belgacem El Gnaoui était pourtant un militant destourien qui a été déporté, en 1934, avec Bourguiba, dans les camps de concentration, au Sahara. Mais El Gnaoui se méfie du Destour quand il s’agit du syndicat. Déjà, les prédécesseurs du Néo-Destour, les Vieux Destouriens avaient, en 1924-25, “ lâché ” la CGTT de M’Hamed Ali. Plus tard, après l’indépendance, les choses se précipitent. Bourguiba interdit le PCT en 1963. Pourtant, en 1956, lors des débats de la Constituante, il a défendu le Parti Communiste et son droit à l’existence. Mais, le PCT sera interdit et tout opposant arrêté. Un peu plus tard, beaucoup de procès ont eu lieu, certains avec des condamnations à mort. L’histoire de l’UGTT a été également marquée par l’hégémonique Néo-Destour. Les S.G. de l’UGTT ont souvent été destitués : Ahmed Ben Salah, Ahmed Tlili, Habib Achour, Béchir Bellagha et certains parmi eux, emprisonnés. Durant ces années-là, le débat démocratique autour des libertés publiques battait son plein dans les journaux des formations autres que le Néo-Destour qui demandaient une meilleure participation au devenir du pays et à toutes les décisions qui engageaient l’avenir de la Tunisie, telles que les négociations, l’élaboration des textes législatifs régissant la vie politique, les élections etc… Oui, il y avait, à ce moment-là, le PCT, les Archéo-Destouriens…et aussi des indépendants. En 1957, lors des premières municipales, il y a eu, dans beaucoup de villes, des listes indépendantes, à Kairouan, Hammam-Lif etc…. A Monastir, je crois, Bourguiba qui était, à cette époque, Premier ministre, s’était présenté à ces élections pour lesquelles s’est proposée également une liste indépendante qui a réussi à gagner trois sièges. Bourguiba, dans la première réunion du Conseil municipal, était furieux contre les Monastiriens qui lui avaient “ envoyé ” trois indépendants. En 1956, le PCT avait participé aux élections de la Constituante. Mais, il y a eu beaucoup de dépassements, et Ennafaa et ses colistiers s’étaient retirés parce qu’on avait terrorisé tout le monde et empêché les réunions de se tenir. Mais il faut reconnaître aussi que durant les premières années, Bourguiba a réalisé de grandes choses. En plus de l’extraordinaire Code du Statut Personnel, il y a eu l’extension formidable de l’enseignement public. Fin 1957, il y a eu la loi sur les accidents du tra- vail ; en 1960 l’institution de la sécurité sociale et la création de la CNSS ; en 1962, la création des offices de l’Huile et des Céréales qui garantissent, à nos paysans, des prix rémunérateurs et les protègent contre les spéculateurs et les usuriers. Ces réalisations sont, avec d’autres lois, les premiers fondements du nouvel Etat. Dans la résolution du Vème Congrès du PCT (18-19-20 mai 1956), il est écrit que “ la grande bourgeoisie tunisienne et les gros agrairiens tunisiens voudraient que l’Indépendance nationale signifie pour eux la possibilité d’accumuler toujours plus de profits sur le dos des masses populaires ” et ajoute que “ l’indépendance doit être au profit du peuple et non d’une poignée de privilégiés ”. Pourriez-vous nous donner davantage d’informations sur cet état de fait ? Il y avait aussi en Tunisie quelques féodaux et grosses fortunes, des familles de Mahdia, de Tunis, de Sfax, de Djerba qui avaient de belles affaires. Le PCT a lancé un principe tout à fait général et normal. Ce sont des formules qui ne signifiaient pas la lutte des classes et l’instauration d’un socialisme radical. Les communistes disaient qu’avec le départ des colons, les meilleures terres de Tunisie posaient problème : fallait-il les donner aux barons de la bourgeoisie nationale ? Aux barons politiques ? Ou bien fallait-il faire une réforme agraire et les donner aux paysans ? Il est vrai que des responsables politiques et des militants du Néo-Destour en ont profité. Nous ne voulions pas que l’Etat aide les nantis et les déjà gros possédants. L’Union Syndicale des Travailleurs de Tunisie (USTT), dans son congrès extraordinaire du 2-9-1956, a pris la décision de sa dissolution qui doit apporter, selon le congrès, “ une contribution décisive à l’unification de la classe ouvrière tunisienne dans une seule centrale syndicale : l’UGTT ”. Avec du recul aujourd’hui, cette unification n’a-t-elle pas été une erreur par rapport à un acquis, à savoir la pluralité syndicale ? On était à un moment historique où il fallait unifier. Je ne suis pas pour le parti unique. Mais je ne pense pas que la démocratie signifie, dans le mouvement syndical, la séparation, la division. Même maintenant, est-ce que la démocratie exigerait de créer d’autres syndicats ? Je ne sais pas. C’est un problème auquel on ne peut pas répondre facilement. D’autant qu’on ne peut mêler deux situations différentes : celle d’il y a cinquante ans et celle d’aujourd’hui. La constitution de l’UGTT comme organisation nationale engagée dans la lutte de libération nationale, en attirant les militants de l’USTT, n’a-t-elle pas été déterminante dans l’affaiblissement de l’USTT ? L’USTT s’est affaiblie déjà auparavant. N’oublions pas qu’elle était, jusqu’en 1948, une organisation leader, puissante dans les mines, les bâtiments, les tramways, la compagnie de l’électricité, les banques, les cheminots etc… Mais, elle ne se battait pas, en même temps, pour l’Indépendance, alors que l’UGTT était bien engagée dans la bataille nationale. Beaucoup ne savent pas que Belhassen Khiari, S.G. de l’USTT, est allé deux fois à l’Assemblée Générale de l’ONU pour déposer deux mémorandums du PCT réclamant l’Indépendance de la Tunisie. Il y avait des militants qui voulaient mener la bataille à ces deux niveaux et qui sont partis. Mais, ce n’est pas parce qu’elle se vidait que la fusion s’imposait. C’était, à mon avis, un moment historique. Il n’y avait plus rien qui justifiait l’existence de deux organisations syndicales. Il s’agissait plutôt de renforcer une organisation ouvrière pour qu’elle prenne sa place, une grande place dans la Tunisie indépendante. Vous savez aussi que l’USTT a tout donné à l’UGTT : ses locaux, son argent, ses équipements etc… L’UGTT a-t-elle bien accueilli ce projet d’unification ? Et est-ce que les militants de l’USTT ont été acceptés facilement au sein de l’UGTT ? Non, ce n’était pas une unification mais une adhésion collective. Le fait est le suivant : l’USTT se dissout et appelle ses adhérents à rejoindre l’UGTT. Il est vrai que les adhérents de l’USTT n’ont pas été facilement acceptés, sauf peut-être ceux qui étaient en même temps adhérents au Néo-Destour. Je pense encore aujourd’hui que les responsables de l’USTT ont été, à ce moment historique, à la hauteur de leur responsabilité vis-à-vis de la classe ouvrière tunisienne. Pour cela aussi ils méritent reconnaissance. Fin 1962, et à la suite du complot avorté, le PCT est interdit ainsi que ses journaux. Slimane Ben Slimane en parle dans ses “ Souvenirs politiques ”. Cette période connaîtra un verrouillage de la vie politique tunisienne. Pourriez-vous nous en parler davantage ? Des militants communistes ont été convoqués par la police et devant le juge d’instruction. Moi-même, j’ai comparu tous les matins, pendant deux mois, devant le juge d’instruction qui me disait : “ Alors vous êtes communiste ? Vous êtes contre l’Indépendance ? ” etc…Alors, je lui répondais : “ Regardez ce portrait qui est au-dessus de votre tête (celui de Bourguiba). Eh bien, j’étais interné avec lui à Remada ”. Le dossier a été clos deux mois plus tard. Bourguiba n’avait pas apprécié les critiques de la presse communiste et de La Tribune du progrès portant sur le pouvoir personnel et sur les palais qu’il faisait construire (selon ses propres déclarations au Monde ). Et déjà dans les manifestations organisées en faveur de Bourguiba à la suite du complot de décembre 1962, des tracts ont été distribués demandant la dissolution du PCT. Bourguiba savait que les communistes n’avaient rien à voir avec “ le complot ”. Mais il avait besoin de dire : maintenant ça suffit, on arrête la partie. Et les activités et les journaux sont interdits. Le mot de la fin : un hommage à Hassen Saadaoui, responsable syndical de l’USTT et ancien détenu à Borj-le-Bœuf avec Bourguiba, qui est mort, en 1963, dans les locaux de la police, de “crise cardiaque ”, a-t-on dit à sa famille.. C’était un grand ami, un grand copain. Après l’interdiction du PCT en janvier 1963, il a été convoqué par la police pour un interrogatoire. Nous ne savons pas ce qui s’est passé au poste de police. Mais en fin d’après-midi, les policiers ont informé sa femme Chérifa de sa mort. Il a été enterré au Jellaz en présence d’une foule immense. Le Dr. Ahmed Ben Miled, son ami, s’est occupé de tout. Saadaoui était membre du BP du PCT et président de l’USTT. Il a travaillé en France comme laveur de voiture, puis il a suivi des cours à Moscou, à l’Ecole d’Orient qui appartenait à l’Internationale Communiste et était destinée à des originaires des pays colonisés : africains et orientaux. Il est rentré par la suite en Tunisie en 1934. Le 1er mai 1934, nous avons organisé des réunions et des manifestations où il a pris la parole. C’était extraordinaire. Nous avons fait presque de “ la guérilla ” urbaine à Tunis, dans toute la ville, en criant par groupes des slogans et en jetant des tracts des terrasses des immeubles du centre-ville. En septembre 1934, Hassen Saadaoui a été arrêté et envoyé à Borj-el-Bœuf où il a connu Bourguiba. Il est libéré fin août 1935 et a regagné Tunis où des communistes sont arrêtés. La Résidence générale française décide alors d’envoyer tout ce monde au Sahara et c’est ainsi que Hassen Saadaoui est de nouveau déporté. En 1939, il est interné aux camps de concentration du Kef puis d’El Guettar (près de Gafsa) jusqu’en novembre 1942. Quelque temps après, il est arrêté et détenu à la prison de Constantine jusqu’au 1er juin 1943. Noura Borsali  

(Source : « Réalités » N° 1056 du 6 avril 2006)


 

Qui tue qui en Iraq?

par Khouloud El Amri, Al Hayat, Londres, 9 avril 2006

 

Original :

http://www.alhayat.com/special/features/04-2006/Item-20060408-7a2ee778-c0a8-10ed-0105-00346473ba9f/story.html/

 

 

À Bagdad, les kamikazes sont enterrés à côté de leurs victimes

 

Les interpellations, les assassinats et les cadavres anonymes, transportés dans de camionnettes officielles à ciel ouvert, font désormais partie de la vie quotidienne des Iraquiens qui semblent s¹y être habitués. Pas un jour, depuis trois ans, où l¹on n¹annonce la découverte de nouveaux cadavres, jetés en bordure des pistes dans les zones agricoles, à proximité des décharges publiques et des canalisations des eaux usées à la lisière des villes et notamment à Bagdad. La plupart du temps, les cadavres ont les mains enchaînées, les yeux bandés et portent des marques de la torture, selon les communiqués du ministère de l¹intérieur. Les forces de police iraquienne commencent normalement leur journée en allant à la recherche des  « cadavres anonymes » qui leur ont été signalés souvent par des passants.

 

Les statistiques officielles dénombrent en moyenne dix à trente cadavres abandonnés par jour lesquels sont transportés dans les hôpitaux officiels dans un premier temps, puis à l¹institut de médecine légale à

Bagdad dans l¹attente que des proches reconnaissent les victimes. Au bout d¹un certain temps, nombre d¹entre elles sont enterrées par les médecins eux-mêmes.

 

L¹assassin et la victime côte à côte

 

Selon le docteur Kaïs Hassen, directeur de l¹Institut de médecine légale de Bagdad, la morgue a une capacité de moins de 200 cadavres par mois, mais actuellement elle en reçoit plus de 1000 en moyenne par mois. Selon lui, le nombre de cadavres d¹inconnus, reçus par la morgue de l¹Institut médico-légal de Bagdad, est passé de 2008 en 2002  à 10 105 à la fin de 2005. Ces chiffres ne couvrent pas les victimes des explosions et des affrontements armés dans les villes chaudes, mais couvrent seulement les corps en lambeaux des kamikazes et de leurs victimes, ainsi que les cadavres anonymes découverts par la police.

 

Il ajoute que « les règlements du ministère de la Santé autorisent à conserver à la morgue, pendant deux mois, les cadavres d¹anonymes qu¹on ne parvient pas à identifier. Mais ces règlements se trouvent faussés

par le nombre de plus en plus important de cadavres, si bien que les médecins procèdent, toutes les semaines, à leur enterrement dans les cimetières publics, après avoir obtenu l¹autorisation du juge responsable et sous le contrôle de la municipalité de Bagdad ». Les cadavres ne sont enterrés qu¹une fois photographiés et leurs signes distinctifs relevés. Les lambeaux de vêtements, les bijoux ainsi que d¹éventuels achats des victimes, sont conservés dans l¹attente que des proches des victimes viendraient à les reconnaître. Des numéros spéciaux sont donnés aux tombes pour faciliter aux proches la reconnaissance des leurs en cas de besoin.

 

L¹enterrement se fait par groupe de 60 à 70 cadavres, y compris les restes des kamikazes, qui côtoient leurs victimes dans le même cimetière. Le docteur Hassen fait remarquer que la majorité des cadavres porte des impacts de balles, alors que d¹autres, apparus récemment, portent des traces de strangulation.

 

D¹autres cadavres portent les traces de la torture par le feu ou la perceuse. Il ajoute que le nombre de corps réceptionnés à la morgue, au cours du mois de janvier de cette année, était de 1 086, puis de 1 110

au mois de février dernier, remarquant que les mesures de sécurité drastiques prises ces derniers temps, tels que le couvre-feu, ont permis de conserver cette moyenne.

 

Les proches des victimes et les tombes d¹inconnus

 

Dans les grands cimetières de Bagdad, Kerbala, Nadjaf, il y a entre les rangées de tombes, de nombreux  espaces difformes, défrichés et ne portant aucune marque distinctive. Il s¹agit en fait de tombes creusées à la hâte et renfermant des morts anonymes, enterrés par les autorités après des semaines d¹attente pour une reconnaissance par des proches. Le propriétaire du « Moghtasel Al Fourat », « endroit où l¹on purifie les morts », Abou Zineb déclare que les enterrements se font sous le contrôle des autorités administratives et des Habous  chiites [« biens religieux »], ajoutant que de nombreux cadavres étaient anonymes. Il dit que le dernier chiffre des morts réceptionnés était de 125, tués de diverses manières et dont certains avaient les bras et les jambes coupés. Abou Saad, le père d¹une victime classée inconnue, raconte son calvaire dans la recherche de son fils, kidnappé par un groupe armé, à sa sortie de la maison pour aller au travail. Ainsi, il a dû faire et refaire une longue tournée des postes de police et autres centres de sécurité dépendant des ministères de l¹Intérieur et de la Défense, pour finir enfin entre les cadavres anonymes dans les hôpitaux et à l¹institut médico-légal. Il dit que c¹est un de ses voisins qui le lui avait conseillé. Ce dernier avait retrouvé le corps de son fils, ancien agent des forces de sécurité, disparu depuis trois mois, par l¹intermédiaire de l¹institut médico-légal. Il a pu ainsi obtenir le numéro de la tombe de son fils au cimetière Al- Karakh à Bagdad et dit avoir caché cette terrible vérité à sa femme, étant donné son état de santé et pour la laisser encore vivre sur l¹espoir.

 

Accusations et suspicions  

 

Quoique toutes les composantes politiques, sunnites et chiites, s¹accordent à dire que les assassinats confessionnels perpétrés récemment dans le pays, font partie de tentatives de provoquer la guerre civile,

elles n¹hésitent pas cependant à s¹accuser mutuellement d¹en porter la responsabilité.

 

Certains dirigeants sunnites accusent des milices chiites, notamment l¹organisation Badr dépendant du Conseil de la révolution islamique en Iraq, présidé par Abdel Aziz Al Hakim, de commettre ces opérations.

Utilisant des cagoules noires et des véhicules comparables à ceux des forces de police et de sécurité du ministère de l¹Intérieur, elles enlèvent leurs victimes, les assassinent et jettent leurs corps dans des lieux inconnus.

 

Ces escadrons de la mort constituent une grande énigme en Iraq et leurs actions meurtrières sont l¹objet d¹une polémique entre les Iraquiens car ils ont fait des centaines de  victimes innocentes et sans armes,

dont ils n¹hésitent pas à martyriser les corps et à les jeter dans les décharges publiques et les canalisations des eaux usées. Leurs méfaits, plus nombreux chaque fois qu¹il y a un relâchement de la sécurité, s¹exercent surtout dans les grandes villes où cohabitent de nombreuses composantes religieuses, confessionnelles et ethniques.

 

Les habitants des grandes villes telles que Bagdad, Mossoul, Babel et Diali peuvent voir ces escadrons déambuler dans les rues de leurs villes respectives, interpellant les fidèles dans les mosquées, pénétrant dans les maisons pour enlever le père, souvent accompagné du fils, dont on retrouve les corps martyrisés et portant les traces de la torture, le lendemain.

 

Les accusations à l¹encontre de la milice Badr, reposent sur le fait que ces assassinats se sont multipliés après que le Conseil supérieur de la révolutionislamique a pris le portefeuille de l¹Intérieur dans le gouvernement provisoire, au mois d¹avril de l¹année dernière. Le ministère de l¹Intérieur, pour sa part, nie toute implication dans ces assassinats et dément disposer d¹escadrons spécialisés dans les assassinats

ciblés de sunnites. Il reconnaît cependant que des hommes armés, portant sa tenue, sont derrière une série d¹enlèvements et d¹assassinats perpétrés dans des quartiers à majorité sunnite.

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Traduit de l’arabe par Ahmed Manaï, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

 


 

Edito du Monde

Après l’Irak, l’Iran ?

Après l’Irak, l’Iran ? Les Américains, sous la présidence de George W. Bush, préparent-ils sérieusement l’emploi de la force militaire pour obliger le régime des mollahs à renoncer à son programme nucléaire ? La question est posée de plus en plus ouvertement à Washington à la suite d’articles publiés par deux experts. Le premier, Joseph Cirincione, un spécialiste de la non-prolifération, prend l’hypothèse très au sérieux dans le prestigieux magazine Foreign Policy. Le second, Seymour Hersh, un enquêteur du New Yorker, auteur des révélations sur la prison d’Abou Ghraib, croit même savoir que le Pentagone a mis au point un plan de bombardements de l’Iran incluant l’usage d’armes nucléaires tactiques.   Ces spéculations ont été qualifiées de « cinglées » par le chef de la diplomatie britannique Jack Straw, tandis que les officiels américains oscillaient entre le refus de commenter et la dénégation. Quelle crédibilité faut-il donc leur accorder ?   C’est le rôle des militaires de préparer des plans pour toutes les éventualités. Il n’est donc pas anormal que des experts au Pentagone planchent sur les différentes possibilités d’intervention en Iran, pour le cas où les efforts diplomatiques échoueraient à dissuader Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Rien n’indique qu’ils le fassent à la demande du pouvoir politique, a fortiori que celui-ci ait déjà envisagé une solution militaire à la crise. Ces bruits de bottes savamment orchestrés ont aussi pour but d’accroître la pression sur le président Mahmoud Ahmadinejad pour qu’il mesure la gravité de la situation. Cela ne signifie pas qu’ils seront nécessairement suivis d’effets.   Il reste que le précédent irakien doit inciter à la prudence. Saddam Hussein éliminé, l’administration Bush considère aujourd’hui l’Iran comme le principal danger pour la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés. La récente mouture de la doctrine stratégique américaine le déclare en toute clarté. Washington a laissé les trois Européens, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, s’épuiser dans un interminable marathon diplomatique avec Téhéran. Après l’échec des négociations directes, le dossier est maintenant au Conseil de sécurité des Nations unies, où les cinq membres permanents ont beaucoup de mal à définir une ligne commune. Les pressions diplomatiques n’ont de chances d’aboutir que si les Occidentaux peuvent compter sur le soutien de la Russie et de la Chine. Mais ce soutien ne peut être assuré qu’au prix d’un compromis.   Si l’impasse persiste, l’emploi de la force risque d’apparaître comme l’option de dernier recours, avec toutes les conséquences désastreuses qu’une telle action comporterait pour tout le Moyen-Orient. La France, qui a toujours été très impliquée dans le dossier du nucléaire iranien, aurait son mot à dire. Lequel ?   (Source : Editorial du « Le Monde » du 11.04.06)


ÉDITORIAL du journal « Le Monde »

Le Hamas puni

 

En annonçant de manière concomitante, sinon coordonnée, la suspension de leur aide à l’Autorité palestinienne, les Etats-Unis et la Commission européenne veulent faire pression sur le gouvernement palestinien, dirigé par le Hamas, pour qu’il se range à trois principes : la reconnaissance d’Israël, la renonciation à la violence et l’acceptation du processus issu des accords d’Oslo pour le règlement du conflit. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, peut bien dénoncer un « chantage », ces trois conditions avaient été énoncées par les Occidentaux dès le lendemain des élections à Gaza et dans les territoires occupés.

 

 Les vingt-cinq ministres des affaires étrangères de l’Union européenne doivent entériner, lundi, la proposition de la Commission en l’assortissant de quelques précisions. Des arguments plaident en effet contre la suspension de l’aide. Tout le monde reconnaît que le Hamas a été porté au pouvoir par des élections démocratiques. Celles-ci peuvent – comme le disent les Américains pour le regretter – donner parfois des résultats « indésirables ». D’autre part, l’Autorité palestinienne fonctionne uniquement parce qu’elle est maintenue sous perfusion par la communauté internationale et notamment par l’Union européenne, qui fournit la plus grosse partie de son budget. La priver de subsides, c’est couper les vivres aux forces de sécurité et aux fonctionnaires palestiniens, mais c’est encore sanctionner une population qui vit avec, en moyenne, moins de 2 euros par jour. Aussi, les Européens comme les Américains ont-ils pris soin de ne pas toucher à l’aide dite « humanitaire ». Enfin, le Hamas pourrait se tourner vers d’autres bailleurs de fonds, arabes ou iraniens, risquant ainsi d’augmenter sa dépendance vis-à-vis des Etats les plus hostiles à Israël.

 

Il reste que les Occidentaux se doivent d’accorder leurs actes et leurs déclarations. Ils ne peuvent subventionner un mouvement qui reste, pour eux, sur la liste des organisations terroristes et qui n’a – pour l’instant – donné aucune raison de ne pas y figurer. Depuis qu’il a formé le gouvernement palestinien, le Hamas s’est contenté de quelques déclarations ambiguës, aussitôt démenties, laissant entendre qu’il serait prêt à cohabiter avec l’Etat d’Israël. La suspension de l’aide est destinée à le pousser à aller plus loin.

 

La politique occidentale ne saurait cependant se limiter à cette « punition ». Des contacts discrets devraient encourager le nouveau gouvernement à travailler de concert avec le président de l’Autorité pour renouer la négociation avec Israël. Encore faut-il être deux pour dialoguer. Il appartient donc au prochain cabinet israélien de renoncer aux décisions unilatérales en faveur d’une solution négociée. Les Européens, et plus encore les Américains, ont – s’ils le veulent – le pouvoir de l’en convaincre.

 

(Source : Editorial du journal « Le Monde » (France), du 09.04.06)

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Les réactions des abonnés du Monde.fr à la lecture de cet article.

 

de toute manière ….

11.04.06 | 11h27

si j’ai bien lu certaines réactions, cela est par définition la faute : 1/ aux Etats-Unis. 2/ à Israel 3/ à l’ONU ces réactions sont habituelles, et la lecture les droits de l’homme (et hélas de la femme)sont un autre débat qui n’a pas sa place en cete endroit. Mais pourquoi l’Europe devrait-elle payer ?

 

yves B.

11.04.06 | 07h15

je trouve effarante cette décision de la commission européenne. L’OLP n’a rien obtenu en échange de sa reconnaissance de l’Etat d’Israel : Les israeliens ont continué a développer les colonies, les palestiniens n’ont pas obtenu de droit au retour,… le Hamas a été légitimement élu, il faut absolument les aider. Arréter les aides c’est encore renforcer Israel qui n’a pas tenu sa parole, qui n’a jamais respecté les votes de l’ONU et qui vient encore (hier) de tuer 15 palestiniens

 

delfahli

11.04.06 | 02h49

La définition de la démocratie devrait être revue. Il faudrait dire qu’une démocratie n’est démocratie que si elle est acceptée par les USA et Israel. Le Hamas defend sa terre. Si les palestiniens ont massivement voté Hamas c’est qu’ils ont le sentiment qu’il n’y a plus que le Hamas pour les sortir de leurs misères quotidiennes. Les priver des quelques centimes que leur concéde l’Occident c’est les pousser dans les bras de plus d’extrémisme et plus de haine pour Israel et ses souteneurs.

 

Patrick D.

11.04.06 | 01h15

Allez-y chantres de la force d’Israël citadelle juive, versez dans le registre des ‘élus’ entourés de barbares. Ne soyez pas lucides, fustigez juste les arabes et n’allez surtout pas défendre la justice! Ne mettez surtout pas le temps de votre coté. continuez à rire du destin des palestiniens ! La descendance assumera!? Funeste héritage!

 

ANNICK L.

10.04.06 | 21h00

Quand on connait la corruption et la gabegie des dirigeants palestiniens, on peut se demander si le non versement des oboles européennes sera ressentie par le peuple. Un audit sur la destination des fonds serait le meilleur argument pour suspendre ce gaspillage des fonds européens. Feu Mr Arafat devait en savoir quelque chose.

 

christophe d.

10.04.06 | 19h25

Israel a été voulu par l’ONU , il y a prés de 60 ans .Par leur courage , leur travail , les israèliens ont crée un Etat démocratique et prospère .Autour d’eux , toujours menaçants , imbibés de culture de guerre malgré leurs défaîtes militaires répétées , leurs voisins végètent dans la dictature et la misère .Cherchez l’erreur .

 

Monique13

10.04.06 | 16h38

il faudrait rajouter que sans l’aide et la protection des Etats Unis, ces dictateurs et malfaiteurs arabes n’auraient jamais réussi à combattre et massacrer toutes les forces progressistes et laïques dans le Moyent Orient.

 

RENE M.

10.04.06 | 15h17

Il y a des pays arabes qui croulent sous les pétro-dollars. Mais, les dominants, qui accaparent richesses et pouvoirs, préfèrent maintenir les populations dans la pauvreté, l’ignorance et la soumission. Le Fatah a reconnu l’Etat d’Israël, certes, mais a préféré détourner les fonds versés par l’Europe au lieu d’aider les gens à mieux vivre et les empêcher, par désespoir, d’élire des extrémistes. Dans le monde Arabe, le seul recours des pauves c’est l’islamisme radical et terroriste. Tragique.

 

CJ

10.04.06 | 13h54

Et quand allons nous (US+UE) supprimer aide,visa, reconnaissance, à Israel pour les forcer à respecter les résolutions de l’ONU, reconnaitre la Palestine, renoncer à la violence.. Après tout, ce ne sont pas les Palestiniens qui ont occupé et chassé les juifs de la partie de Palestine nommée maintenant Israel. Hamas : il me semble bien que c’était la carte jouée par Israel contre le Fatah il y a qq années! Nous ne sommes plus à une injustice près..et bonjour l’avenir de nos (prétendus) idéaux!

 

aiglon78

10.04.06 | 10h48

@ReneM Est ce que Bush ne voulait pas la disparition du régime de Saddam Hussein en Irak ? Au nom de la démocratie, combien de morts et de souffrance en Irak, au final une guerre civile, un bourbier total. La subtilité entre régime impérial et régime totalitaire est mince pour tous ceux qui souffrent. On voulait un soulèvement démocratique des irakiens : on voit le résultat. Les hyperpuissances économiques USA et Europe ne peuvent pas prendre en otage les populations. Idéal pour radicaliser.

 

Marie

10.04.06 | 10h35

jyetais : oui les Israéliens sont les plus forts et s’exhonèrent sans que cela leur pose de problème, de toute morale. Non, les Palestiniens n’en sont pas à se demander comment exterminer leurs voisins mais comment faire appliquer leurs droits. Il va falloir retourner en Palestine …

 

bcun

10.04.06 | 09h42

Un éditorial de la showbizzo-mediacratie comme il en existe tant dans l’air du temps… On pourrait le résumer ainsi: pour avoir la paix en palestine comme en irak il faut aider les collabos… Décidément nos pontifs mediatiques faiseurs d’opinion sont trés éloignés d’un véritable journalisme éclaireur d’opinion… Quelques questions qui mériteraient éclairages, documentations et débats: sémites, hébreux, juifs que recouvrent ces mots ? Chute d’état théiste = massacre des hébreux ?

 

FRANCOIS N.

10.04.06 | 09h08

Qu’est ce a dire cette logique de demander a ceux qui n’ont pas la reconnaissace de le faire , de reconnaitre quelqu’un qui est reconnu? C’est effarant comment la verite nous glisse sous le nez! L’inconscient est la pour ca vous me direz. Mais quand meme en demandant sans relache aux palestiniens de reconnaitre israel on ne fait que confirmer l’idee que c’est bien eux legalement dans le fin fond de nos memoires qui sont les souverains!

 

Olivier K.

10.04.06 | 02h31

Je trouve moi-aussi, que punir un etat a cause des resultats d’une election a peu pres honnete, c’est genant. Cela dit, ce n’est exceptionnel (il ne faisait pas bon etre autrichien apres Hayder, italien apres berlu) N’est-ce mieux sur un plan philosophique que de punir un peuple a cause des actions. d’un dictateur? Le peuple prend une decision, il la paie. beaucoup de palestioniens ont emis un vote de contestation… comme en France en 1995, voter ex-gauche=> le pen.The price of freedom …

 

jyetais

10.04.06 | 02h20

Sur ceux qui defendent courageusement les droits des palestiniens contre les israeliens, combien sont vraiment alle en palestine, vous devriez, c’est interessant. les israeliens sont les plus forts, c’est vrai mais contrairement a ce que j’ai lu ici, ils se foutent royalement des palestiniens (ils voudraient ne plus les voir: le mur, la separation, etc.). Les palestiniens en sont toujours a se demander comment exterminer leurs voisins. Il y a une difference entre gentil et faible.

 

ANDRE B.

10.04.06 | 00h09

L’occident doit il financer ses bourreaux?Les islamistes des tueurs avant tout, sont une menace permanente pour les français et l’europe et nous savons ce que nous coûte le plan vigipirate, la chasse aux terroristes et la casse des banlieues par cetains agités d’obédience religieuse connue et hostile à la République.Pour les secours en asie suite au Tsumani c’est encore les mécréants qui ont le plus payés contrairement aux « frères arabes pétroliers absents ». Ouvrons les yeus face à leur violence

 

 

Kindi+

09.04.06 | 23h38

Je me suis toujours posé la question à savoir si autant de violence aurait existé dans le monde arabe si l’occident rongé de culpabilité n’avait pas permis de concrétiser cette idée folle de créer un état juif au coeur du monde arabe.

 

Gil_Gamesch

09.04.06 | 22h58

Bush ne veut la destruction d’aucun Etat?C’est une plaisanterie!Il passe son temps et sa stratégie à en detruire tous les jours!Il faudrait tout de même lire l’actualité et la polique mondiale avec les mêmes yeux:l’Irak,l’Afghanistan?la Palestine,demain la Syrien,l’Iran…la vision de l’administration Bush n’a pas d’autre but que detruire l’Axe du Mal,c’est à dire,des Etats qui n’obeissent pas à cette même administartion.Tout en finançant et en aidant,ce qui demain se presentera comme ennemi

 

RENE M.

09.04.06 | 21h53

Même si je trouve que les Américains n’ont pas été très malins d’élire Bush, surtout la seconde fois, je trouve, aiglon78, qu’il y a confusion quand vous mettez sur le même plan l’élection de Bush et celle du Hamas. Le Hamas persiste à nier le droit à l’existence d’Israël; or, à ma connaissance, Bush ne veut la destruction d’aucun Etat. De façon beaucoup plus générale et plus triste, je trouve que les Etats Arabes sont des oligarchies, et leurs peuples délaissés. C’est cela LE problème!

 

sixcylindres

09.04.06 | 21h09

Sij’aibien compris, Sharon avant ses problèmes de santé avait fini par admettre (courageusement) que la Palestine avait droit à la reconnaissance de son territoire. (encore partiellement occupé). Son remplaçant a été elu grace à ce revirement. Il reste donc à appliquer enfin la fameuse tentative dont européens US et autres avaient participé à la rédaction. Entre temps une élection démocratique (tant mieux) provoque le refus de reconnaitre Israêl.Pour une fois que l’editorial me convient!!!!

 

aiglon78

09.04.06 | 20h29

Il faut se souvenir que l’embargo contre l’Irak – et son régime aussi politiquement incorrect que le Hamas palestinien – avait causé des centaines de milliers de morts civils. Imposer des souffrances au peuple palestinien pour avoir mal voté me met trés mal à l’aise. Pour beaucoup d’européens, les américains ont mal voté en votant Bush. Nous viendrait-il à l’idée de maltraiter les américains ? Non. Cette mesure de rétorsion n’est pas conforme à nos valeurs. C’est un aveu d’échec de la diplomatie

 

MAURICE C.

09.04.06 | 19h08

Etrange,deux poids ,deux mesures.. Les Palestiniens ont voté librement. Pour le Hamas ,certes .. Mais surtout contre l’attitude lamentable des Israéliens vis à vis de M.Abbas qui lui, était prêt à négocier et acceptait l’etat israélien..; Sharon l’a empêché systématiquement. Je suis scandalisé par l’attitude des européens .L’Europe existe-t-elle ou est-elle à la solde des américains et de leurs alliés israéliens ,anglais ..? Qui soutiennent eux ,des régimes parfaitement anti-démocratiques.

 

FRANCOIS N.

09.04.06 | 16h03

Bonjour Kamel. bien sûr que Bourguiba pouvait bien se permettre cela de toute façon lui comme tous les intervenants , les pays colonisateurs vainqueurs de la premiere guerre disposait et traitaient des terres qui ne sont pas les leurs. Alors pour lui cela ne pouvait être que pur bénéf. Car le problème reste entier il y avait des gens là qui vivaient et eux pensaient les choses autrement pour eux et parcequ’ils n’avaient pas la force militaire eh bien ils n’ont pas pu se defendre sur le moment.

 

FSP

09.04.06 | 14h19

Que veut l’Occident ? Le respect des droits de l’homme, et celui de la démocratie ? Où, une fois de plus imposer sa loi. Le point de vue du monde occidental qui n’a comme seule valeur sa sécurité est normal, ce qui me gène c’est les contorsions des politiques et des éditorialistes pour faire passer un choix égoïste pour le nec plus ultra de la démocratie. Palestine, Afghanistan, Irak, Iran, etc….où s’arrétera notre arrogance et notre suffisance ?

 

Kindi+

09.04.06 | 14h15

La terminologie « effets indésirables » de la démocratie utilisée par l’administration Bush est tout à fait interessante. Quand Sharon a été élu avec le passé qu’on lui connait ou Bush ré-élu avec tout le sang qu’il a sur les mains lui même: c’était la volonté des peuples. Quand le peuple palestinien choisit le Hamas: c’est un effet indésirable. Deux millénaires auparavant Cesar l’affirmait déjà : Malheurs aux Vaincus !!

 

Amoureux_de Paname

09.04.06 | 13h51

Pour information!Certains avancent des arguments quelque peu maladroits sans vérifier auprès de sources sérieuses:de nombreux pays arabes et musulmans aident les palestiniens depuis toujours.Certains pays prélévent un impot sur salaires(Algerie)sans que cela génent les actifs…La solidarité se pratique sans mauvaise foi et sans larmes.Vous ne pouvez pas imaginer les fonds qui proviennent des pays arabes…sans cela les palestiniens seraient morts depuis qu’Israél a décidé de les anéantir.

 

francois p.

09.04.06 | 13h29

Outre les bailleurs de fonds arabes ou iraniens vers lesquels l’Autorité palestinienne pourrait se tourner, il y a aussi la Chine où elle doit se rendre prochainement. Or La Chine non seulement fait bien peu de cas des grands principes invoqués par l’occident, mais elle en profite pour tisser la toile de son influence auprès des états dont la politique est contestée par l’occident au nom des droits de l’homme. Peut-être bientôt un nouveau chapitre pour ce dossier déjà bien complexe…

 

KAMEL N.

09.04.06 | 12h58

Quand, en 1965, Bourguiba préconisait de reconnaître Israel dans ses frontières et se cesser de gesticuler, on lui avait envoyé des tueurs. Les Palestiniens n’ont que ce qu’ils méritent: de moins en moins chaque jour qui passe….

 

ANNICK L.

09.04.06 | 12h27

Au lieu de bloquer les fonds, l’Union Européenne devrait les transférer directement sur le compte suisse de Madame Veuve Arafat.Cela éviterait des frais de transfert comme du vivant du Raïs et supprimerait les intermédiaires.

 

rqk@netmadeira.com

09.04.06 | 10h57

Des fois on nous dit, à mots cachés, en sous-entendus, que les aides internationales versées à l’Administration Palestinienne précédente ont disparues, cachées dans de profondes poches, dans des comptes plus ou moins parallèles. Pour éviter que cette corruption ne continue et pour des raisons politiques évidentes, le cash versé au budget du gouvernement palestinien est supprimé au profit d’un accroissement des aides internationales au travers d’ONG (santé, alimentation, éducation)non déviables.

 

ugwumba

09.04.06 | 10h49

Ma Blanche, sors de ton innocence. Les USA aident aussi les Palestiniens, de même, comme tu le sais déjà, l’Union Européenne. Ce que l’on nous dit très peu souvent c’est le sort réservé aux Palestiniens en Jordanie, en Irak ou dans les pays du Golf. Là, ils sont parqués dans des camps, sans papiers, sans droits. Mais le dire, dire qu’entre eux les musulmans se méprisent serait vexer les mépriseurs, ceux qui ont les ressources mondiales dans leur sous-sol.

 

 

FRANCOIS N.

09.04.06 | 09h39

L’europe et les états unis continuent l’holocauste ! En demandant a ceux qui ne sont pas reconnus, au moins par eux, donc en termes politiques, inexistants, non souverains, ne disposant pas d’eux mêmes, entendez les palestiniens, a reconnaître ceux qui sont reconnus, les israéliens avec pleins droits et privilége, donc existants, l’europe, les états unis et les autres ne veulent rien entendre à l’existence de l’Autre. Et ca continue à exploser a nos figures. Ca c’est un negationisme malin!

 

blanche

09.04.06 | 09h27

Je savais que les USA aidaient largement Israel, mais l’Europe la Palestine, je l’ignorais. Preuve que les pays arabes croulant sous les petrodollars ne font pas grand-chose pour les palestiniens. Pourquoi?

 

Artemio_Cruz

09.04.06 | 08h39

Décision sage des occidentaux. Il faut forcer les extremistes des 2 bords à s’amender, les obliger à vivre cote à cote même si cela ne leur plait pas. Les forcer au réalisme c’est les forcer à la paix

 

Alexis Mein

09.04.06 | 02h03

A Raymond F : il y a 60 ans, avant la création de l’Etat d’Israel, ceux qu’on appelait les Palestiniens étaient les Juifs, les autres étaient appelés des Arabes. Il n’existe donc aucun droit sur cette terre de ceux qu’on appelle aujourd’hui, par un étrange renversement,les « palestiniens ».Ceux qui occupent la Judée et la Samarie sont des Arabes, les Israéliens sont les occupés. Tout le reste n’est que littérature comme vous dites.

 

Alain T.

09.04.06 | 01h08

Au Moyen Orient, Israël c’est peu de monde et c’est un territoire tout petit. Autour, il y a une religion et une civilisation ultra majoritaires. Il s’en est fallu de peu par deux fois en 67 et en 73 qu’Israël soit rayé de la carte. Un pays grand comme deux départements français qui se replie derrière un mur, on fait pire comme colonisateur.

 

DANIEL C.

09.04.06 | 00h00

Encore une illustration de l’inanité des grands discours sur « nos valeurs ».Démocratie, Liberté…tout le tralala sémantique habituel des « grands de ce monde », n’a de bon que si le résultat va dans le sens souhaité par le puissant. Décennie après décennie, la même hypocrisie bourdonne à nos oreilles. Elections, pseudo élections ou pas d’élections du tout, l’essentiel est que le potentat du coin serve les intérêts du « leadership », sous couvert de la bénédiction de la « Communauté internationiale ».

 

HAJER N.

08.04.06 | 22h48

Aujourd’hui, le peuple palestinien a accordé sa confiance par la voix démocratique au Hamas. A partir de là, le mouvement de la résistance islamique sera assez responsable, et reconnaissant envers son peuple, pour accepter le dialogue avec le gouvernement israélien. Cependant, il faut que ce dernier arrête de chercher des prétextes pour entraver les relations avec la Palestine. Il y a quelques années, c’était Arafat qui gênait.Aujourd’hui, c’est le Hamas, et demain, ce sera qui?

 

RAYMOND F.

08.04.06 | 22h18

Les Israëliens sont des occupants (depuis 1967 au moins)et les Palestiniens sont des occupés. Tout le reste est littérature ou propagande.

 

je suis surpris ..

08.04.06 | 21h29

en découvrant que l’europe est le principal donateur, nous n’avosn pas de pétrole, mais des idées 😉 PS mais que faisons-nous dans cette galère ?

 

christian m.

08.04.06 | 20h35

Personne n’a le droit d’obliger l’Union Eurpéenne à financer un mouvement criminel. Aprés tout, les états arabes pourraient financer, ils pourraient aussi faire de la place pour acceuillir les palestiniens; la Jordanie est un état artificel qui aurait pu être la Palestine au lieu de les massacrer en septembre 1970. Les palestiniens eux mêmes auraient pu développer des activités éconmiques au lieu d’ouvrir des comptes en Suisse et de commettre des attaques suicides. Trop c’est trop…

 

gayblade

08.04.06 | 20h10

La Feuille de Route est insuffisante.Elle ne précise pas le statut final entre les parties ni un traité international pour garantir les frontières de tous les états de la région et offrir des aides et dédommagements s’ils font la paix.Les questions de base restent:colonies,partage de Jérusalem,dédommagement des palestiniens de la perte des biens(1948,1967),le droit de retour. En ne rien offrant pour les résoudre, les EU-l’UE refusent d’encourager la paix et sont réduits à des punitions sordides.

 

yallayalla

08.04.06 | 19h12

Bonne chance, les occidentaux ! On vous fait confiance. Vous saurez les mater ! Et puis, continuez à mettre de la pression, encore de la pression et toujours de la pression sur les palestiniens et pas un mot, surtout pas une phrase pour les expulsionistes et autres séparatistes israéliens. C’est très bien comme ca. Ca vous soulage la conscience et efface votre histoire et les crimes de vos parents et grand-parents. C’est ca l’important.

 

joel p.

08.04.06 | 18h54

Toutes les parties en présence savent bien, quoiqu’elles en disent, que la cohabitation est impossible mais nécessaire ; c’est d’ailleurs déjà le cas ! Le Hamas, comme en son temps l’OLP doit reconnaître Israël et rayer de ses principes toute idée de destruction de l’Etat d’Israël. Les Israéliens, en second lieu, devront alors accepter de s’asseoir à la table des négociations : on ne peut faire la paix qu’avec ses ennemis après tout ! L’occident doit accompagner les parties à s’écouter.

 

pierre l.

08.04.06 | 18h00

Les gentils palestiniens – (oublies nov. 48, 1967 et 73?)contre les mechants Israeliens colonisateurs et les US en super mechants… C’est tellement simple! Les US supportent non seulement Israel mais egalement l’Egypte (2eme par la taille des aides), la Jordanie et le Pakistan. « For the current fiscal year,Israel will receive $2.49 billion in aid, of which $2.25 b. is military assistance.Egypt is to receive $1.78 b., of which $1.28 b. is military assistance. » (Council on foreign Relations)

 

FrancisPayot

08.04.06 | 17h19

Toujours les mêmes disymétries souvent inspirées de Washington ou de Londres: on sanctionne le Hamas, des fondamentalistes musulmans démocratiquement élus, tandis que les wahabites saoudiens fort peu démocratiques sont préservés. De même la Biélorussie de Loukachenko est sanctionnée, tandis que l’Ethiopie de Meles Zenawi appliquant les mêmes méthodes avec plus de morts à la clé demeure fréquentable.

 

 

bbr

08.04.06 | 17h09

Cette Europe-là, servilement alignée sur les positions américaines, complice des oppresseurs-occupants mais inflexible face à un peuple en situation d’auto-défense, championne de l’hypocrisie et du double langage, ne m’inspire que honte et dégoût. Comment ne pas voir qu’une politique aussi irresponsable fait durablement le lit du terrorisme international ?

 

Application des résolutions

08.04.06 | 16h09

Israël doit reconnaître les droits des Palestiniens tels qu’ils sont définis par les Nations Unies. Rappelons que pendant 30 ans et jusqu’à présent, le Likoud qui a occupé le pouvoir quelques années n’a pas reconnu ces droits et que durant tout ce temps, aucune pression, ni des USA, ni des Européens n’a été effectuée sur cet Etat colonisateur. Faisons en sorte d’appliquer le Droit international au lieu d’affamer tout un peuple !

 

Samir(wawri.blog.lemonde.fr)

08.04.06 | 14h31

Bonne analyse du Monde, bien malin celui qui détient la solution de conflit poussif et irrationel.

 

ERNEST E.

08.04.06 | 14h24

Ce n’est plus le pétrole contre la nourriture, c’est l’ingérence politique contre la nourriture. Une telle stratégie ne peut aboutir qu’à exacerber les peuples concernés. S’il faut user de fermeté à l’encontre de mouvements tels que le Hamas, il ne sert à rien de faire souffrir une population qui est durement atteinte et frustrée par une partition de territoire qui, à leurs yeux, ne repose que sur la force des baïonnettes ou sur une légitimité périmée. On peut le déplorer. Le temps des armes doit cesser. L’Europe doit faire valoir que la raison du plus fort n’est pas la meilleure. Peut-être alors pourra commencer celui de la compréhension réciproque.

 

rlejeune

08.04.06 | 13h53

Comment se défaire de l’impression malsaine et dangereuse que les principes et le droit sont aussi utilisés pour justifier l’absence de principes et de justice ? Comment faire accepter par ces Palestiniens d’entrer dans un processus dont nous savons bien qu’il constituera + ou -, sinon une capitulation, du moins une acceptation d’une situation de fait moralement insupportable ?

 

Gil_Gamesch

08.04.06 | 13h51

Non la Palestine et les palestiniens punis:les trois principes que l’éditorialiste rappelle:la reconnaissance de l’Etat hebreu,l’abandon de la violence comme _expression politique et enfin la lassitude de négocier des accords « caducs » l’autorité palestienne sous l’égide d’Arafat en fut les frais sans resultats tangibles.Affamer un peuple,briser sa mémoire,tuer ses élites,occuper sa terre et ne pas reconnaitre ses voix qui sortent des urnes est une bien michiavélique supercherie.Ya Salam!

 

(Source : Le site « lemonde.fr », visité le 11 avril 2006)


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