Initiatives de la société civile en faveur des détenus
Sihem Bensedrine 23 février, Journée internationale de soutien aux prisonniers politiques en Tunisie Cette journée se déroulera le 23 février à l’initiative d’un collectif d’ONG parisiennes (CRLDHT ; Solidarité Tunisienne; Voix Libre ; FTCR ; ACHR…) et avec la participation d’ONG tunisiennes impliquées dans la défense des prisonniers politiques (ALT ; AISPP ; CNLT ; LTDH…) et le soutien de nombreuses ONG et partis politiques Français. 1er mars, Journée internationale pour la libération de maître Abbou A l’initiative du CNLT, une campagne pour la libération de Mohamed Abbou sera lancée le 1er mars, date anniversaire de l’emprisonnement de maître Abbou qui boucle sa deuxième année en prison. Cette journée sera co-organisée entre autres par Amnesty International, Humanrightsfirst, l’OMCT, RSF, Frontline, IFEX, NAFEO, The Arabic Network for Human Rights Information, REMDH, CRLDHT…d’autres ONG tunisiennes, arabes et internationales vont confirmer bientôt leur participation à cette journée. 16 mars: initiative au Parlement européen en faveur des droits humains en Tunisie La présidente du Sous comité des droits de l’homme au Parlement européen, Hélène Flautre, prépare un événement sur les libertés en Tunisie avec la société civile tunisienne à Bruxelles le 16 mars. Mohamed Abbou sera au top de l’agenda de cet événement.
(Source: Le nr 50 de Kalima mis en ligne le 10 février 2007)
Tunis refuse de signer le document sur le SC des DDH et Bruxelles reproche à Tunis le maintien en prison de Mohamed Abbou
Sihem Bensedrine Le ministre des Affaires étrangères, Abdelwaheb Abdallah devait se déplacer à Bruxelles pour la signature d’un document pour l’entrée en vigueur du sous-comité des droits de l’homme (SCDH), un instrument institué par le plan d’action de la nouvelle politique de voisinage (NPV) liant la Tunisie à l’Union européenne et signé en juillet 2005 . Seulement, bien que techniquement prêt, le SCDH n’a pas vu le jour; la Tunisie a refusé de signer et continue de louvoyer et remettre aux calendes grecques la mise en oeuvre du SCDH. Lors de la réunion tenue le 31 janvier 2007 avec Mme Benita Ferrero-Waldner, Commissaire Européenne, chargée des Relations Extérieures et de la Politique Européenne de voisinage, le ton a monté et Madame Ferrero a crûment reproché au MAE tunisien le blocage des dossiers communs qui n’avancent pas (projet justice, LTDH…) et le maintien en prison de Mohamed Abbou. Traduit en langue de bois tunisienne, cela donne : la rencontre avec madame Ferrero « a permis de poursuivre et d’approfondir le dialogue et la concertation entre la Tunisie et la Commission européenne sur les questions bilatérales et d’intérêt commun, dans un esprit de partenariat solidaire et équilibré, marqué par la confiance et le respect mutuel. »
(Source: Le nr 50 de Kalima mis en ligne le 10 février 2007)
Rafles tous azimuts en Tunisie
Après les récentes fusillades, le pouvoir ratisse large.
Par Christophe AYAD Combien de personnes ont été arrêtées en Tunisie depuis les affrontements sanglants de fin décembre-début janvier, au sud de Tunis, entre les forces de l’ordre et un mystérieux groupe terroriste salafiste ? Combien sont encore en détention ? Difficile d’avancer un chiffre précis tant les autorités tunisiennes retiennent l’information. Les interpellations se chiffrent par centaines, les détentions confirmées, elles, dépassent le nombre de cent pour le seul mois de janvier, selon le Conseil national pour les libertés en Tunisie. «Hystérique». Présentées dans un premier temps par les autorités comme des affrontements avec des «bandes criminelles», les fusillades, qui ont causé une vingtaine de morts entre le 23 décembre et le 3 janvier, sont le fait d’un groupe jihadiste hétéroclite et lourdement armé, comme l’avait révélé Libération le 4 janvier. «Depuis, explique une source diplomatique, le régime est hystérique. La répression atteint la même ampleur qu’au début des années 90, lorsque le régime avait décapité le parti islamiste Ennahda. La grande différence, c’est que les autorités n’ont pas à faire à un mouvement politique facile à démanteler, mais à une menace diffuse et insaisissable.» Des rafles tous azimuts ont été lancées, dans la région de Slimane (banlieue de Tunis). Mais aussi à Sidi Bouzid et Sousse, dans le centre du pays, au Kef dans l’ouest, à Jammel, ainsi qu’à Bizerte dans le nord. Les forces de l’ordre semblent avancer dans le brouillard et procèdent à des arrestations de masse sur des critères assez flous et arbitraires. Ceux déjà visés par la très controversée loi antiterroriste de 2003, par exemple pour avoir eu le projet de partir combattre en Irak, sont arrêtés de nouveau. Quant aux «nouveaux venus», ils fréquentent telle ou telle mosquée, ont surfé sur un site web islamiste ou ont le malheur de faire partie des fréquentations d’un autre suspect. Le cas de Mohamed Amine Jaziri est emblématique. Cet étudiant en droit de 27 ans, vivant à Sidi Bouzid, a disparu le 24 décembre 2006. Ce jour-là, il reçoit un SMS venant du portable d’un ami à lui, le suppliant de venir à l’hôpital. Il part en voiture… et disparaît, ainsi que son véhicule. Sa famille apprendra par la suite que l’ami en question était déjà en garde à vue lorsque le message a été envoyé. Interrogée par des proches, la police locale, qui avait perquisitionné son domicile avec ses propres clés, a nié le détenir, puis expliqué qu’il était «accusé», mais sans dire de quoi. Finalement, Jaziri a été déféré fin janvier avec une trentaine d’autres individus devant le tribunal de première instance de Tunis. Ils sont accusés d’être impliqués dans les affrontements de fin décembre. Or, Jaziri a été arrêté le 24, le lendemain de la première fusillade, et n’était pas en fuite. Comme dans tous les autres cas, la police a falsifié la date d’arrestation pour rester en conformité avec la loi, qui limite des gardes à vue à six jours. Enfin, les interrogatoires semblent donner lieu à un usage systématique de la torture. Au moins deux suspects sont morts en détention à Sousse et à Sidi Bouzid. La police a convoqué les familles au cimetière pour identification, juste avant l’inhumation. (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 10 février 2007)
Par Christophe AYAD Le régime de Ben Ali continue de harceler ses souffre-douleur habituels. Cette fois-ci, cela a été au tour de Tahar Belhassine. Ce militant de gauche, membre du groupe Perspectives dans les années 60, a été interpellé, mercredi soir, à la sortie du domicile du journaliste Taoufik ben Brick, lui-même journaliste et opposant. Peu après avoir pris le volant, Tahar Belhassine, patron de la chaîne privée par satellite El-Hiwar TV basée en Italie et fondateur du webzine d’opposition Perspectives-tunisiennes.com, est arrêté par des policiers pour conduite en état d’ébriété alors que l’alcootest s’est révélé négatif. Plutôt qu’en cellule de dégrisement, il a été conduit à la prison de Bouchoucha, faisant office de centre de torture. Il a été libéré le lendemain. (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 10 février 2007)
Ils « tirent » d’abord et discutent ensuite…
Tahar Ben Hassine On raconte que Fadhel Abbas El Mahdaoui, procureur de la première république irakienne sous Abdel Karim Kassem, excédé un jour de ne pouvoir condamner dans la même journée la fournée de « comploteurs » qu’on lui a pourvoyée, et voulant rentrer chez lui, a tout simplement ordonné de pendre tout de suite ceux qui n’ont pas encore été jugés et de reporter leur jugement au lendemain. Le dernier incident que j’ai vécu n’est évidemment pas à la mesure de cette horreur, mais il y a tout de même une similitude d’approche : On arrête d’abord, puis on cherche une raison. Je ne crois pas me tromper en disant que les émissions d’Elhiwar Ettounsi ne plaisent pas à la plupart de ceux qui nous gouvernent. J’ai même été averti dès mon arrivée que certains de ceux-ci considéraient ma rentrée en Tunisie comme une provocation et voulaient ma peau. J’ai remercié Dieu qu’ils ne soient pas tous à vouloir ma peau, pris certaines précautions et continué mon petit chemin. Mais au cours des deux dernières semaines, les choses se sont un peu précipitées. Le jeune Aymen Rezgui, collaborateur de la chaîne, s’est fait suivre à sa sortie du local du FDTL où il a interviewé Ben Jaafar, suite à l’interdiction du colloque sur la construction maghrébine que son parti comptait organiser en collaboration avec la fondation Frederick Ebert. A sa descente du métro, son « ange gardien » a appelé deux motards à la rescousse et s’est précipité sur lui pour lui confisquer son sac, avec tout son contenu : papiers personnels, travail universitaire et évidemment caméra de reportage. C’était, il faut bien le reconnaître, le premier signe d’hostilité, depuis ma rentrée en Tunisie, au mois de novembre dernier. Mais c’était une hostilité franche puisque son agresseur lui a promis de lui faire voir ce que c’est que le dialogue, à lui qui travaille pour Canal du Dialogue. Le deuxième incident, celui que j’ai personnellement vécu le mercredi dernier (7 Février 2007, NDLR) témoigne d’une hostilité encore plus franche, et je vais le relater avec le détachement et l’humour qui conviennent. Je ne crois pas me tromper de beaucoup en disant que toutes mes lignes téléphoniques sont écoutées. De cette écoute, ceux de la « rive occidentale », comme il me plait de les appeler savaient que j’étais invité chez Ben Brik, encore un en odeur de sainteté en Tunisie et en Tripolitaine. Je ne suis resté qu’une heure chez TBK. Il m’a offert un verre de vin rouge que j’ai apprécié (au fait les vins tunisiens font des progrès remarquables, surtout le vieux Magon rouge et le Selian blanc). En rentrant de Nasr City (selon l’appellation consacrée de TBK) vers Manouba où j’habite, j’ai été arrêté par un contrôle de police sur la fameuse route X. Rien de plus ordinaire, puisque je me suis habitué à une dizaine de contrôles par semaine. Là, l’agent qui m’a contrôlé a appelé sur son mobile de service, comme ils le font tous pour joindre leur base et communiquer l’identité du conducteur et voir si celui-ci ne fait pas l’objet d’une recherche ou d’une interdiction quelconque. Mais là, l’agent revient vers moi après l’appel et me dit que je devais patienter un peu parce que son supérieur lui ordonne des procédures supplémentaires. 15 mn plus tard, c’est un colonel de police qui se présente à moi pour me dire que mes papiers sont en règle mais que le directeur de la sûreté a ordonné aujourd’hui de faire passer un alcotest à tous les conducteurs contrôlés. Je ne m’inquiète pas davantage et je lui réponds que je suis évidemment prêt à passer l’alcotest. Il me répond que je devais patienter un peu parce qu’il n’a pas d’alcotest sur place, mais qu’il en a demandé. Première bizarrerie (a) Le directeur de la sûreté ordonne des alcotests mais ne fournit pas de ballons aux patrouilles. (b) C’est un colonel qui vient annoncer la mesure à un citoyen ordinaire. 15 mn plus tard, un véhicule de la police de la circulation arrive au point de contrôle avec deux agents à bord et un lot de ballons de test. Ils me font souffler dans un ballon. Le résultat est négatif. Je vois le colonel ennuyé. Il demande à l’agent de presser davantage le ballon. Mais rien à faire. Le test est toujours négatif. Le colonel vient vers moi et me dit, en regardant la pointe de ses chaussures : je suis désolé, mais certains modèles de ballons ne sont pas précis et je vais demander d’autres modèles plus performants. Deuxième bizarrerie Pourquoi s’acharner à atteindre une précision de la NASA pour un simple citoyen qui n’a provoqué aucun accident de la circulation, n’a commis aucune infraction au code de la route et a été d’une politesse « suisse » avec les agents des forces de l’ordre ? Encore 15 mn plus tard, un deuxième véhicule arrive au point de contrôle, avec à nouveau deux agents à bord et un autre lot de ballons de test. Je souffle à nouveau dans le second ballon. Le résultat est toujours négatif. Là, le colonel est franchement déçu. Il me dit néanmoins qu’il faut que je laisse mon véhicule sur le bas-côté et que je les accompagne au poste pour un procès-verbal. Je commence à m’inquiéter, mais je ne m’énerve pas (je ne m’énerve jamais d’ailleurs dans de pareilles circonstances, parce que c’est « mortel »). Je demande les raisons d’un procès-verbal avec des papiers en règle et deux alcootests négatifs. Il me répond que c’est la procédure habituelle ! Je me suis dit que vivant en France depuis plus de trente ans, je peux ne pas être au courant des procédures du mon pays. J’obtempère donc et j’embarque dans le véhicule des deux derniers agents qui ont fourni les alcootests performants. Arrivé au poste de la police d’El Omrane, un agent se met derrière sa machine à écrire, modèle Olivetti 1930, met six papiers pelure et cinq papiers carbone et se met à pianoter sans rien me demander (et qu’y a-t-il à demander d’ailleurs ?). Soudain, l’agent reçoit un téléphone et répond. Il raccroche et me demande si j’ai un téléphone portable sur moi. Je réponds oui. Il me demande de le lui remettre. Je refuse poliment en lui disant qu’à ma connaissance je ne suis accusé de rien et que je n’ai pas à lui remettre quoi que ce soit. Il n’insiste pas. La demande m’a un peu inquiété. Je sors dans la cour et je téléphone à des amis avocats, juste pour demander la procédure locale en cas de soupçon d’alcoolémie au volant. Ils m’indiquent une procédure qui n’a rien à voir avec ce que je subissais et s’inquiètent à leur tour. Au bout d’une demi heure à trois quarts d’heure, une voiture franchit la grille du poste et un « civil » en descend. Il se dirige directement vers le bureau de l’officier de police et s’isole avec lui pendant un petit quart d’heure. Il ressort, reprend sa voiture et s’en va. L’officier vient vers moi et m’informe que la procédure lui dicte de me soumettre à une analyse de sang dans un hôpital. Troisième bizarrerie (a) l’agent qui pianotait sur sa machine n’écrivait rien du tout. Il faisait semblant de taper un procès-verbal mais en fait il attendait le « civil ». (b) C’est le « civil » qui semble avoir ordonné la prise de sang à l’hôpital. (c) Habituellement, une prise de sang est effectuée pour corroborer le test au ballon, alors pourquoi effectuer une prise de sang après deux alcootests négatifs ? J’étais sûr de moi car je n’ai bu qu’un seul verre de vin. J’étais donc relativement serein et je me suis dit que cela va prendre encore une heure et je rentre chez moi. Je n’arrêtais d’ailleurs pas d’appeler ma femme pour lui demander de faire patienter les invités et que je ne vais pas tarder à rentrer. C’est mon optimisme congénital ! Une fois la prise de sang effectué à l’hôpital de Montfleury, j’embarque dans le véhicule des deux agents. J’ai été tout de même étonné qu’ils repartent aussitôt la prise de sang effectué, sans attendre le résultat de l’analyse. Je leur pose la question et ils répondent qu’on va leur communiquer le résultat par téléphone. En voiture, je jette un œil sur la route et je découvre que l’itinéraire a changé. Cinq minutes plus tard. Je suis devant la maison d’arrêt de Bouchoucha et la porte s’ouvre. J’ai tout compris, mais cela ne m’a pas empêché de me rappeler mon humour habituel et de leur demander tout simplement s’il était habituel en Tunisie d’arrêter un citoyen pour soupçon d’alcoolémie au volant après deux alcootests négatifs et une prise de sang dont on n’attend même pas le résultat. Ils étaient franchement désolés pour moi. Je le voyais à leur regard fuyant. Ils m’ont simplement répondu que le substitut du procureur a délivré un mandat de dépôt contre moi. Je passe la nuit à Bouchoucha dans des conditions que je décrirai plus tard mais qui ne font honneur ni à notre pays ni au régime, surtout après 50 ans d’indépendance. Le lendemain matin je suis de nouveau au poste de la circulation d’El Omrane où un vrai procès-verbal devait être établi. Quatre officiers de la police politique circulaient dans les couloirs comme chez « eux », au grand étonnement des agents et sous-officiers de la circulation. Le colonel de la veille était même là. Je me suis dit que si la procédure tunisienne en matière de code de la route exigeait un tel déploiement pour chaque accusation d’alcoolémie au volant, il faudrait probablement tripler les effectifs de la police nationale. A un moment, un des quatre « civils » s’approche de moi, me salue et me demande si ça allait. Je lui réponds qu’à mon avis il devait savoir bien plus que moi sur ma situation. Il quitte le bureau avec le sourire. Après trois heures d’attente au poste d’El Omrane, je demande à l’officier la suite du programme. Il me répond qu’ils attendent le résultat de l’analyse de sang. A treize heures, un capitaine vient me voir tout heureux et me dit qu’il va lui-même chercher les résultats et que je rentrerai chez moi aussitôt. Mais à treize heures quinze ou vingt, deux agents viennent me chercher et m’informent qu’ils me ramènent à Bouchoucha parce que les audiences du procureur ne se passent que le matin et qu’il va falloir attendre le lendemain. Je regagne la cellule et je m’endors avec la sérénité d’Omar Ibn Al Khattab. A quinze heures on me réveille en sursaut. C’est l’équipe du tribunal de Tunis. Quinze minutes plus tard j’étais au bureau du substitut du procureur qui me reçoit pendant quinze secondes et m’annonce que mon alcoolémie étant définitivement négative, je suis libre. Morale de l’histoire 1. Un européen dirait : c’est inadmissible, c’est une illégalité caractérisée. Ceux qui ont commis cette atteinte doivent être poursuivis et condamnés. 2. Un Libyen, un Syrien, ou un Saoudien dirait : vous avez de la chance, votre police cherche encore des semblants de légalité pour vous mettre en prison. 3. Et moi je dirais (surtout à ceux qui ont commis cette illégalité, et que je ne situe pas très très haut d’ailleurs) : vous avez voulu me faire comprendre que vous pouvez tout faire et que je ne pèse pas lourd devant vos yeux. Je vous répondrai que votre acte était gratuit parce que je le savais d’avance et je suis rentré en Tunisie en parfaite connaissance de cause. (Source : le site « Perspectives Tunisiennes », le samedi 10 Février 2007) Lien : www.elhiwar.org
Affaire de la L.T.D.H
REPORT AU 17 FEVRIER
Par Sami NEJIMA Le tribunal de première instance de Tunis a décidé, samedi 3 février 2007, le report de l’affaire de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LTDH) au 17 février 2007, pour rendre son verdict. Cette affaire a débuté quand sept présidents de sections ont introduit un recours en justice contre le comité directeur. Ils lui reprochent d’avoir fusionné certaines sections en l’accusant d’avoir procédé à ces fusions pour marginaliser les adhérents qui ne partagent pas ses points de vue et surtout de ne pas leur permettre, de ce fait, d’assister au 6ème congrès de la ligue. Pour le Comité Directeur, ces fusions entrent dans le cadre de la restructuration de la Ligue recommandée par son 5ème congrès et approuvée par son Conseil National. En plus, selon le Comité Directeur, elle fait partie de ses prérogatives. Depuis, l’affaire traîne en justice. Le tribunal de première instance a décidé par un jugement en référé d’annuler la tenue du 6ème congrès de la ligue prévu initialement les 9,10 et 11 septembre 2005. Le Conseil National de la ligue, du 12 mars 2006, a fixé la date du congrès aux 27 et 28 mai 2006. Mais la ligue n’a pu tenir son congrès et elle se trouve de ce fait bloquée. Des initiatives se sont multipliées ces derniers temps pour essayer de trouver une solution à la crise. Des anciens responsables de la ligue, des personnalités indépendantes et des militants de l’Association des Femmes Démocrates (AFD) ont créé, début septembre 2006, un Comité national de soutien à la LTDH. D’un autre côté, des adhérents de la ligue ont appelé, en juillet dernier, à renouer le dialogue avec toutes les parties concernées, sachant que leur appel a été soutenu par environ 150 adhérents. Ils ont constitué un comité de suivi et ont tenu, lundi 21 août 2006, une réunion informelle avec une vingtaine d’adhérents et ont discuté des éventuelles propositions à avancer pour trouver une solution adéquate à la crise. Mais le blocage continue. Le nouveau report donne du temps aux parties en conflit d’essayer de trouver une solution pour sortir de la crise, qui soit acceptable pour tous. (Source : « Le Journal » (Hebdomadaire électronique – Tunis), N° 61 du Samedi 10 Février 2007) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1195&gpl=61
Nouvelle «centrale ouvrière» LA CGTT «EN COUVEUSE»
Par Elyès BEN SAAD Une deuxième organisation ouvrière baptisée Confédération Générale Tunisienne du Travail (CGTT) pourrait voir le jour dans les semaines à venir à l’initiative de certains anciens responsables syndicaux. Les initiateurs de cet énième projet d’introduction du pluralisme syndical invoquent «l’incapacité de l’UGTT à s’adapter aux nouvelles mutations qui caractérisent le monde du travail». En annonçant, le 30 janvier dernier, sur les colonnes des journaux, la création d’une nouvelle organisation ouvrière portant la même appellation que le premier syndicat autonome créé par le «père» du mouvement syndical Tunisien, Mohamed Ali El Hammi, en 1924, l’ancien secrétaire général de l’Union Régionale du Travail de Gabès, et actuel président de l’Association «Club Mohamed Ali de la culture ouvrière», M. Habib Guiza, a jeté un pavé dans la mare houleuse de la vie syndicale en Tunisie. C’est que le nouveau syndicat ne pourrait être représenté que comme une alternative à l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), jusqu’ici unique centrale syndicale. Les protagonistes de cette initiative visant à instaurer le pluralisme syndical (une menace brandie avec insistance par des cadres syndicaux exaspérés par les promesses non tenues de dirigeants de la première organisation ouvrière maghrébine ces derniers mois), l’avouent d’ailleurs à demi-mot dans la plateforme qu’ils ont publiée à cette occasion : «cette initiative découle des mutations profondes que vit notre pays depuis une vingtaine d’années et de l’incapacité de l’UGTT à y faire face de façon novatrice. Elle n’a pour but que la rénovation de l’action syndicale, aussi bien au niveau de la perception globale des problèmes que des méthodes de travail». Et de renchérir : «le pluralisme syndical est le résultat des contradictions internes de la centrale syndicale. Il s’agit essentiellement de la rigidité structurelle, de l’absence de perspectives et de l’émergence de nouvelles forces qui cristallisent le moment de dépassement des obstacles évoqués et balisent le chemin pour une alternative démocratique et moderniste». Les initiateurs de la plateforme estiment toutefois que la création d’une nouvelle organisation syndicale sur la base de la libre adhésion exprimant une volonté ouvrière réelle, est d’une grande utilité pour le mouvement syndical en général et l’UGTT en particulier. D’autant plus que le taux de syndicalisation ne dépasse pas 10% du nombre total des salariés en Tunisie. Côté méthodes de travail, le nouveau syndicat ambitionne de dépasser la conception traditionnelle de l’action syndicale se limitant au bulletin de paie et aux grandes entreprises. Cette approche repose essentiellement sur le concept du partenariat avec l’ensemble des acteurs sociaux et la culture du dialogue «en rupture avec la mentalité sectaire, la surenchère et le double langage». En ce qui concerne la base sociale, la CGTT œuvrera à mobiliser les jeunes, les femmes et les cadres exerçant dans le secteur privé et dans les secteurs économiques prometteurs. Entre rejet et soutien En dépit du report de la conférence de presse prévue le 1er février pour éclairer la lanterne des Tunisiens sur les circonstances de la naissance annoncée de cette deuxième organisation ouvrière, l’introduction du pluralisme syndical a provoqué une controverse aussi bien sur les colonnes de la presse qu’à la Place Mohamed Ali. La réaction de l’UGTT ne s’est pas fait attendre. Réuni le jour même de la parution de l’article sur les colonnes du journal «Assabah», le Bureau Exécutif de la centrale syndicale fondée par Farhat Hached, a condamné avec virulence cette «atteinte à l’unité des travailleurs tunisiens». M. Ali Romdhane, membre du Bureau Exécutif de l’UGTT, a fait preuve de plus de diplomatie dans ses déclarations. «Le code du travail et les conventions internationales ratifiées par la Tunisie permettent le pluralisme syndical. La création des syndicats indépendants est la bienvenue si elle émane d’une volonté ouvrière réelle», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «L’UGTT a toujours ouvert ses bras à toutes les tendances et aux diverses familles d’idées. D’autant plus qu’elle a su préserver son indépendance et renouer avec ses principes fondateurs en dépit de toutes les crises qui ont marqué ses 61 ans de vie». De nombreux syndicalistes ont cependant déclaré que seule la création de nouveaux syndicats pourrait être le catalyseur d’un véritable réveil syndical. Les tenants de cette thèse estiment que l’UGTT tarde à retrouver son passé prestigieux et son rayonnement d’antan. Une réforme de l’organisation «de l’intérieur» est, à leurs yeux, impossible au vu de la «mentalité sectaire et du double langage qui y sont encore monnaie courante». Quoi qu’il en soit, la CGTT a été placée en couveuse. Beaucoup d’observateurs se posent la question suivante avec insistance : Pourquoi Habib Guiza et ses compagnons de route se sont-ils arrêtés en si bon chemin alors que la loi stipule qu’il suffit d’informer les autorités compétentes pour créer un syndicat ? (Source : « Le Journal » (Hebdomadaire électronique – Tunis), N° 61 du Samedi 10 Février 2007) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1192&gpl=61
VIE DES PARTIS ET ORGANISATIONS
Par Sami NEJIMA Vote du projet du règlement intérieur chez les avocats Aujourd’hui et demain sera discuté le projet du règlement intérieur de la profession d’avocat à lors de l’Assemblée Générale extraordinaire du Conseil de l’Ordre à l’hôtel l’Oriental Palace, à Tunis. Après le débat qui promet d’être chaud, le projet sera passé au vote en recourant aux urnes et non comme cela se fait d’habitude, au vote par mains levées. Le Conseil de l’Ordre tient à procéder ainsi pour parer à toutes les éventualités. Impasse à l’organisation extraordinaire A l’Union Générale des Etudiants de Tunisie (UGET) c’est encore une fois l’impasse et le congrès unificateur n’est pas pour demain. Les membres de la commission chargée de préparer le congrès et fixer sa date n’arrivent pas, après plusieurs réunions, à se mettre d’accord sur la question du renouvellement des fédérations pour choisir les congressistes. Ezzedine Zâatour, le secrétaire général de l’Organisation étudiante, et ses partisans sont pour continuer l’opération de renouvellement qu’ils avaient unilatéralement entamée l’année dernière, alors que les dissidents veulent une opération de renouvellement englobant toutes les fédérations. Cette pomme de discorde risque donc de faire échouer de nouveau la réconciliation au sein de l’UGET. Le PUP et le système éducatif Après avoir réuni son bureau politique élargi qui est composé des membres du bureau politique et des secrétaires généraux des fédérations, le Parti de l’Unité Populaire (PUP) a organisé le 4 février 2007 un colloque sur le thème «Le système éducatif : réalité et perspectives». Les participants à ce colloque ont débattu de l’encadrement des jeunes par la formation et l’éducation. L’objectif étant de leur éviter toute marginalisation susceptible de les plonger dans la délinquance ou l’extrémisme. Conseil National des Magistrats L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a tenu son conseil central dimanche 4 février 2007 au club des Magistrats à Soukra. C’est le premier conseil national après le congrès de l’association qui s’est tenu le 3 décembre 2006. A cette occasion les membres du Conseil ont évoqué les revendications concernant la situation professionnelle des magistrats et les conditions de travail au sein des tribunaux. Préparatifs du congrès d’Ettajdid et des indépendants La conférence qui réunira les militants du Mouvement Ettajdid et des personnalités indépendantes, qui devait se tenir le 3 février 2007 a été reportée aux 17 et 18 février 2007 à l’hôtel l’Oriental Palace de Tunis. Cette conférence va élaborer une plate-forme pour la tenue du prochain congrès d’Ettajdid auquel vont participer des indépendants. Une participation effective dans les travaux du congrès et dans l’opération de vote. Un Conseil National du parti se tiendra après la conférence pour fixer la date du congrès. Célébration des événements du 5 février 1972 Les étudiants du Parti de l’Unité Populaire on organisé une conférence-débat, lundi dernier, sur les événements qu’a connus l’université de Tunis, le 5 février 1972. Des représentants des différentes générations estudiantines ont participé au débat dont notamment M. Taher Chakrouch, M. Salah Zghidi et Mme Arbia Ben Ammar. (Source : « Le Journal » (Hebdomadaire électronique – Tunis), N° 61 du Samedi 10 Février 2007) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1196
Robert Fisk: Iraqi insurgents offer peace in return for US concessions
For the first time, Sunni insurgents disclose their conditions for ceasefire in Iraq
For the first time, one of Iraq’s principal insurgent groups has set out the terms of a ceasefire that would allow American and British forces to leave the country they invaded almost four years ago. The present terms would be impossible for any US administration to meet – but the words of Abu Salih Al-Jeelani, one of the military leaders of the Sunni Iraqi Islamic Resistance Movement show that the groups which have taken more than 3,000 American lives are actively discussing the opening of contacts with the occupation army. Al-Jeelani’s group, which also calls itself the « 20th Revolution Brigades », is the military wing of the original insurgent organisation that began its fierce attacks on US forces shortly after the invasion of 2003. The statement is, therefore, of potentially great importance, although it clearly represents only the views of Sunni Muslim fighters. Shia militias are nowhere mentioned. The demands include the cancellation of the entire Iraqi constitution – almost certainly because the document, in effect, awards oil-bearing areas of Iraq to Shia and Kurds, but not to the minority Sunni community. Yet the Sunnis remain Washington’s principal enemies in the Iraqi war. « Discussions and negotiations are a principle we believe in to overcome the situation in which Iraqi bloodletting continues, » al-Jeelani said in a statement that was passed to The Independent. « Should the Americans wish to negotiate their withdrawal from our country and leave our people to live in peace, then we will negotiate subject to specific conditions and circumstances. » Al-Jeelani suggests the United Nations, the Arab League or the Islamic Conference might lead such negotiations and would have to guarantee the security of the participants. Then come the conditions: * The release of 5,000 detainees held in Iraqi prisons as « proof of goodwill ». * Recognition « of the legitimacy of the resistance and the legitimacy of its role in representing the will of the Iraqi people ». * An internationally guaranteed timetable for all agreements. * The negotiations to take place in public. * The resistance « must be represented by a committee comprising the representatives of all the jihadist brigades ». * The US to be represented by its ambassador in Iraq and the most senior commander. It is not difficult to see why the Americans would object to those terms. They will not want to talk to men they have been describing as « terrorists » for the past four years. And if they were ever to concede that the « resistance » represented « the will of the Iraqi people » then their support for the elected Iraqi government would have been worthless. Indeed, the insurgent leader specifically calls for the « dissolution of the present government and the revoking of the spurious elections and the constitution… » He also insists that all agreements previously entered into by Iraqi authorities or US forces should be declared null and void. But there are other points which show that considerable discussion must have gone on within the insurgency movement – possibly involving the group’s rival, the Iraqi Islamic Army. They call, for example, for the disbandment of militias and the outlawing of militia organisations – something the US government has been urging the Iraqi Prime Minister, Nouri al-Maliki, to do for months. The terms also include the legalisation of the old Iraqi army, an « Anglo-American commitment to rebuild Iraq and reconstruct all war damage » – something the occupying powers claim they have been trying to do for a long time – and integrating « resistance fighters » into the recomposed army. Al-Jeelani described President George Bush’s new plans for countering the insurgents as « political chicanery » and added that « on the field of battle, we do not believe that the Americans are able to diminish the capability of the resistance fighters to continue the struggle to liberate Iraq from occupation … « The resistance groups are not committing crimes to be granted a pardon by America, we are not looking for pretexts to cease our jihad… we fight for a divine aim and one of our rights is the liberation and independence of our land of Iraq. » There will, the group says, be no negotiations with Mr Maliki’s government because they consider it « complicit in the slaughter of Iraqis by militias, the security apparatus and death squads ». But they do call for the unity of Iraq and say they « do not recognise the divisions among the Iraqi people ». It is not difficult to guess any American response to those proposals. But FLN [National Liberation Front] contacts with France during the 1954-62 war of independence by Algeria began with such a series of demands – equally impossible to meet but which were eventually developed into real proposals for a French withdrawal. What is unclear, of course, is the degree to which al-Jeelani’s statement represents the collective ideas of the Sunni insurgents. And, ominously, no mention is made of al-Qa’ida. (Source : « The Independant » (Quotidien – Grande Bretagne), le 9 février 2007) Lien : http://news.independent.co.uk/world/fisk/article2251354.ece