F .T.C.R: Occupation d’un gymnase par les jeunes migrants tunisiens
AFP: Tunisie: un proche de Ben Ali condamné, nouvelle manifestation à Tunis
Belga: Tunis bloque pour la premiĂšre fois un bateau d’immigrants
Khaled MABROUK: Je me dis dĂ©mocrate, progressiste et modernisteâŠ
Occupation d’un gymnase par les jeunes migrants tunisiens
Tunisie: couvre-feu à Tunis aprÚs des violences, un parent de Ben Ali condamné
Tunisie: un proche de Ben Ali condamné, nouvelle manifestation à Tunis
Des journalistes tunisiens sous le choc craignent un retour Ă l’ancien rĂ©gime
Tunis bloque pour la premiĂšre fois un bateau d’immigrants
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Mustapha Ben Jaafar s’est rendu Vendredi 06 mai 2011 Ă l’ElysĂ©e pour adresser une lettre au prĂ©sident de la rĂ©publique Française au sujet des migrants Tunisiens.
L’article du Nouvelobs :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110506.OBS2573/un-tunisien-a-l-elysee-pour-denoncer-le-traitement-des-migrants.html
Cordialement, Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)
Je me dis dĂ©mocrate, progressiste et modernisteâŠ
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Khaled MABROUK
Je fus conquis par lâaspiration de mon peuple aux valeurs universelles.
Je fus ravi par son enthousiasme et par sa spontanéité.
Je fus compréhensif de concéder un peu de ma sécurité.
Je fus patient pour voir mes conditions matérielles améliorées.
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On sâaccordait sur la fin mais on se perdait dans les divisions quant aux moyens.
JâĂ©tais Ă la fois proche et distant de ceux avec qui je partageais les mĂȘmes causes.
LâidentitĂ© de pensĂ©e serait une condition Ă lâunitĂ©, or elle est liberticide.
Faute dâarguments, on Ă©changeait injures et ignominie.
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Sommes-nous davantage orgueilleux que tolérants ?
Notre ego passerait-t-il avant nos aspirations.
Je suis indignĂ© du chaos qui sâinstalle et perdure.
Je suis atteint dans lâintĂ©gritĂ© de mon peuple pĂ©tri de contradictions.
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Je suis dominĂ© par le doute et envahi dâincertitudes.
Je suis peiné dans ma conscience et meurtri dans mon pays.
Je suis froissé dans mes rapports humains et mes sentiments altruistes.
Je suis déchiré dans mes convictions et ne sais plus à quel saint me vouer.
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Je nây suis pour rien, câest la faute Ă lâautre. Or lâautre câest moi.
Je mâengage dĂšs lors Ă me rĂ©concilier⊠et tendre une main.
PlutĂŽt que la confrontation et la discorde, unissons-nous autour du but suprĂȘme.
Gardons nos valeurs comme ciment et la diversité des solutions comme richesse.
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Ne nous injurions pas. Ne nous divisons pas.
Je ne traiterais ni dâErcdeiste ni dâattardĂ© celui qui pense diffĂ©remment.
Car lâinjure et lâignominie sont lâargument du faible.
Soyons unis, ne fĂ»t-ce que pour lâessentiel. Nous en aurions bien besoin.
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Tunisie. Imed Trabelsi écope de deux ans de prison ferme
retweetImed Trabelsi, neveu de LeĂŻla Ben Ali, lâĂ©pouse du prĂ©sident dĂ©chu, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 2 ans de prison ferme et Ă une amende de 2.000 dinars pour consommation de stupĂ©fiants.
Le jugement a Ă©tĂ© prononcĂ©, samedi, par le juge devant le tribunal de premiĂšre instance de Tunis, au terme dâune audience de 30 minutes, en prĂ©sence du prĂ©venu.
La premiĂšre audience publique dans cette affaire de consommation de stupĂ©fiants avait eu lieu le 20 avril. Son apparition au tribunal, cheveux gominĂ©s et costume-cravate, entourĂ© de policiers, avait dĂ©clenchĂ© une vague de protestation dans le public. En soutenant que la chambre correctionnelle Ă©tait incompĂ©tente pour le juger, ses avocats avaient provoquĂ© la colĂšre du public. Des manifestations ont eu lieu dans le tribunal. Le juge Lassad Chamakhi avait alors dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă lâaudience et de reporter le procĂšs au 7 mai.
Le membre le plus dĂ©testĂ© du clan de LeĂŻla Trabelsi, sa tante et protectrice, est inculpĂ© dans plus dâune vingtaine de procĂšs. ArrĂȘtĂ© le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite, alors quâil sâapprĂȘtait Ă fuir le pays, il est dĂ©tenu depuis avec une trentaine dâautres membres de sa famille Ă la base militaire de lâAouina, au nord de Tunis, «une prison 5 Ă©toiles», ironisent les Tunisiens. A la suite de sa condamnation Ă la prison ferme, il doit ĂȘtre incarcĂ©rĂ© aujourdâhui Ă la prison de Mornaguia, Ă 20 km Ă lâouest de Tunis.
Imed Trabelsi avait Ă©tĂ© poursuivi sans succĂšs en France pour «vols en bande organisĂ©e» pour sâĂȘtre appropriĂ© en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, lâun des dirigeants de la Banque Lazard et proche de lâex-prĂ©sident Jacques Chirac et de lâactuel chef de lâEtat Nicolas Sarkozy.
En mai 2007, la justice française avait Ă©mis un mandat dâarrĂȘt Ă son encontre, mais la justice tunisienne avait refusĂ© de lâextrader. La justice française avait alors acceptĂ© quâil soit «jugé», ainsi que son complice et cousin Moez Trabelsi, en Tunisie. DĂ©fĂ©rĂ©s devant un tribunal tunisien, les deux hommes ont finalement Ă©tĂ© acquittĂ©s.
Source: âKapitalisâ Le 07-05-2011
Tunisie : une manifestation violemment réprimée à Tunis
Les forces de lâordre ont trĂšs violemment rĂ©primĂ© une manifestation organisĂ©e en soutien Ă lâancien ministre de lâIntĂ©rieur Farhat Rajhi, qui avait dĂ©noncĂ© la veille un projet de coup dâĂtat de lâarmĂ©e. Une quinzaine de journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s par les policiers, avec de nombreux manifestants.
La rĂ©volution dans la rĂ©volution ? Le gouvernement transitoire de BĂ©ji CaĂŻd Essebsi ne lâentend pas de cette oreille. Ni les forces de lâordre du ministĂšre de lâIntĂ©rieur qui ont rĂ©primĂ© quelque 200 manifestants dans le centre de Tunis avec des mĂ©thodes qui ne sont pas sans rappeler les heures fastes de lâĂšre Ben Ali.
AprĂšs 20 minutes de protestations avec des slogans antigouvernementaux comme « dĂ©gage ! » ou le pouvoir « travaille toujours pour Ben Ali », les manifestants se sont trouvĂ©s en face dâun cordon de policiers dĂ©terminĂ©s Ă les empĂȘcher de progresser en direction du ministĂšre de l’IntĂ©rieur sur l’avenue Habib Bourguiba. Puis soudain, sans raison apparente, les forces de l’ordre chargent Ă coups de matraque et de gaz lacrymogĂšnes. Il est 13 heures 52.
Policiers cagoulés
Pris de panique, les manifestants, majoritairement des jeunes, et des piĂ©tons courent alors se mettre Ă l’abri. AccompagnĂ©s dâun blindĂ© lĂ©ger qui circulait sur l’avenue, les policiers se lancent Ă leur trousse. Pour la plupart cagoulĂ©s, ceux-ci circulent en moto ou Ă pied, parfois avec des chiens.
Quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre procĂšdent Ă de violentes interpellations, nâhĂ©sitant pas Ă frapper Ă coups de pied et de matraques des manifestants – dont certains sont Ă terre. Le nombre des personnes interpellĂ©es n’a pas Ă©tĂ© communiquĂ©, pas plus que celui des blessĂ©s.
Quinze journalistes violemment agressés
Fathi Belaid, photographe de l’Agence France-Presse (AFP), a Ă©tĂ© sĂ©rieusement passĂ© Ă tabac par des forces de l’ordre, comme quinze autres journalistes. « J’ai Ă©tĂ© agressĂ© par quatre policiers dans l’escalier du journal La Presse. Ils m’ont pris deux appareils photo et un ordinateur portable et m’ont frappĂ© sur la tĂȘte avec des barres de fer », a-t-il dit.
« Des dizaines de policiers en uniforme et en civil ont frappĂ© d’une maniĂšre cruelle des journalistes bien qu’ils savaient qu’ils Ă©taient journalistes et ils ont cassĂ© des appareils photos et poursuivi des journalistes jusqu’Ă l’entrĂ©e du journal La Presse », Ă©crit le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dans un communiquĂ©.
Outre Abdelfattah Belaid de l’Agence France-Presse (AFP) et du journal tunisienLa Presse, figurent Ă©galement parmi les journalistes agressĂ©s Chaffya Ibrahim du journal arabophone Echourouk, Zoubeir Essouissi de l’agence britannique Reuters, Houssem Hamed de la radio privĂ©e tunisienne chems FM, Nizar Elhajbi du journal La Presse et Ahmed Elfouli et Monia Abdallah de la chaine de tv privĂ©e tunisienne Hannibal ainsi que Massoud Kawach du journal arabophone El-Sahafa, ajoute le syndicat. Mais aussi Mohamed El-Hammi de l’agence EPA, Marwa Rkik de Radio Kalima, Hassan Dridi de l’agence de presse amĂ©ricaine Associated Press (AP), Hamza Elaouini de l’agence de presse TV, trois journalistes de la chaĂźne du Qatar Al-Jazeera – Lotfi Hajji, Mohamed Amin Ben Nejma et Anass ben Salah, selon le syndicat.
“Crime contre la libertĂ© de la presse”
Le SNJT, qui qualifie ces violences de crime contre la libertĂ© de la presse, dĂ©nonce les pratiques oppressives des agents de police Ă l’encontre des journalistes. Ces violences ont pour but de verrouiller les mĂ©dias et de priver l’opinion publique des rĂ©alitĂ©s en Tunisie, selon le SJNT, qui met en garde contre les menaces de faire retourner le pays sous l’oppression qu’il a connu sous l’ancien rĂ©gime du prĂ©sident dĂ©chu Ben Ali. Le SJNT estime en outre que le gouvernement provisoire est entiĂšrement responsable de la protection des journalistes.
L’organisation de dĂ©fense des journalistes Reporters sans FrontiĂšres (RSF) a Ă©galement dĂ©noncĂ© ces violences et demandĂ© au gouvernement de transition d’ouvrir une enquĂȘte sur ces incidents et de donner des instructions claires aux forces de l’ordre afin que de telles pratiques cessent.
Des internautes sâĂ©taient mobilisĂ©s sur Facebook pour appeler Ă la tenue de cette manifestation organisĂ©e en soutien Ă l’ancien ministre tunisien de l’IntĂ©rieur Farhat Rajhi, qui avait dĂ©noncĂ© la veille un complot du pouvoir et la prĂ©paration d’un coup d’Ătat militaire. Celui-ci avait pourtant lancĂ© un appel au calme, juste avant la manifestation. Environ 300 manifestants pro-Rajhi avaient Ă©tĂ© dispersĂ©s jeudi par la police au mĂȘme endroit
Source : « Jeune Afrique » Le 07-05-2011
Tunisiens…Allons de l’avant
Par Par Saber Chtourou
Comme beaucoup de tunisiens, jâai Ă©coutĂ© les enregistrements de lâinterview de M. Rajhi et ses rĂ©actions quant Ă la situation actuelle en Tunisie.
Comme beaucoup ma premiĂšre rĂ©action, a Ă©tĂ© la frustration de se sentir manipulĂ©, de sentir que je ne suis (pas) plus maitre de mon destin, que la rĂ©volution est en train dâĂȘtre volĂ©e, instrumentalisĂ©e par des forces de lâombre qui tiennent Ă ce que les mĂȘmes schĂ©mas qui ont fait le chaos de la Tunisie se reproduisent⊠bref jâhĂ©sitais entre dĂ©sespoir et dĂ©sillusion. Mais une fois cette montĂ©e dâadrĂ©naline liĂ©e Ă lâattente des diffĂ©rents Ă©pisodes du feuilleton passĂ©e il me semble important dâune part de prendre un peu de recul par rapport aux Ă©vĂ©nements et dâautre part dâen tirer surtout les bonnes conclusions. Sans la libertĂ© de blĂąmer il nâest point dâĂ©loge flatteur Ă son arrivĂ©e au ministĂšre de lâintĂ©rieur, M. Rajhi a reprĂ©sentĂ© pour beaucoup (et continue Ă le faire vu le nombre de fan sur ses pages) un espoir dâun vrai changement de mentalitĂ©s, il a donnĂ© une impression de naĂŻvetĂ© spontanĂ©e, qui laissait croire quâenfin nous sortirons de lâĂšre la langue de bois, que nous avions enfin affaire avec quelquâun qui dit vrai. Cette crĂ©dibilitĂ© a Ă©tĂ© appuyĂ©e par des dĂ©cisions “hĂ©roĂŻques” telles que le dĂ©mantĂšlement de la police politique, la dissolution du RCD,⊠bref tout pour faire en sorte que les tunisiens soient bien prĂȘts pour « boire » ses derniĂšres dĂ©clarations et les prendre pour acquises. Il faut nĂ©anmoins pointer quelques incohĂ©rences et rappeler quelques faits. Pourquoi avoir rĂ©servĂ© ses dĂ©clarations Ă des journalistes amateurs, il aurait pourtant pu parler Ă Al Jazeera ou nâimporte quelle autre mĂ©dia professionnel Ă©tranger et indĂ©pendant. En parlant Ă un professionnel on garantit au moins un certain niveau dâĂ©thique professionnelle mais surtout une opposabilitĂ© : Al Jazeera a une image Ă dĂ©fendre et ne se permet de faire du nâimporte quoi, un amateur lui, nâa pas Ă se prĂ©occuper d’un tel fardeau. M. Rajhi dit plus rĂ©cemment que ses propos ont Ă©tĂ© tirĂ©s par lâinsistance du journaliste et quâil ne pensait pas ĂȘtre filmĂ©, pourquoi alors avoir dit en direct a 3h30 du matin quâil ne regrettait rien, et quâil assumait tout ce quâil avait dit. Monsieur Rajhi se vante dâavoir dĂ©signĂ© les dĂ©lĂ©guĂ©s sur simple envoi de fax et suite Ă deux jours de formation, est-ce acceptable ? Pour ma part je me pose des questions. Par ailleurs, Mr Rajhi dit que ses nominations nâont pas Ă©tĂ© acceptĂ©es et que des personnes de lâombre dĂ©signaient Ă son insu. Dans de telles conditions et connaissant le contexte, nâaurait il pas Ă©tĂ© plus judicieux alors de dĂ©missionner ? Monsieur Rajhi dit (ou plutĂŽt spĂ©cule selon ses propres aveux) que le gĂ©nĂ©ral Ammar sâest dĂ©placĂ© a Qatar pour rencontrer lâancien prĂ©sident, il aurait pu spĂ©culer aussi sur le fait que la visite sâest plutĂŽt faite dans le cadre des discussions avec le quartier gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain alors que la Tunisie Ă©tait sous les attaques de Gaddafi. Cette partie de lâentrevue me parait dâautant plus sensible que le GĂ©nĂ©ral Ammar, de par sa fonction ne peut rĂ©pondre Ă de telles accusations et rĂ©vĂ©ler le contenu de sa visite sans mettre en danger la sĂ©curitĂ© du pays, qui vit une guerre Ă ses portes. Le 6 Mai, beaucoup parlent dâintenter un procĂšs Ă Mr Rajhi pour la gravitĂ© de ses propos et notamment ses allusions qui peuvent porter atteinte a lâinstitution militaire et donc Ă la sĂ©curitĂ© du pays. LâintĂ©ressĂ© dĂ©ment avoir eu des intentions quelconques, et nous serons peut ĂȘtre amenĂ© Ă condamner quelquâun pour un abus de langage qui nâest pas tombĂ© dans les oreilles dâun sourd,⊠pour ma part je pense dâune part que la responsabilitĂ© du journaliste est Ă©vidente et quâil est tout aussi imputable du grabuge qui a lieu. Dâautre part ça ne peut que me rappeler un vieil adage bien de chez nous : el 7orr yetchadd men lsanou (les libres sont tenus par leurs langues) eh oui dans une Ăšre ou lâinformation circule a vitesse grand V et oĂč lâon sacralise la libertĂ© dâexpression on ne saurait rappeler lâimportance de lier la libertĂ© Ă la responsabilitĂ©. Magouille et alors⊠Outre ces questions qui trottaient dans ma tĂȘte le plus important me semble de regarder vers lâavenir : quelles sont les vraies rĂ©vĂ©lations de Mr Rajhi, que des hommes de lâombre commandent les dĂ©signations des personnalitĂ©s politiques. Je suis peut ĂȘtre trop pragmatique mais ce « tkambiss » a toujours fait partie de la politique et de tous temps. Pas plus tard quâil quelques jours Trump, richissime milliardaire amĂ©ricain et grand partisan rĂ©publicain sâest vantĂ© dâavoir payĂ© des dĂ©tectives pour enquĂȘter sur la vĂ©ritable nationalitĂ© de Barack Obama. En France, lâaffaire BĂ©tancourt, Total, et autres ne sont que des illustrations de cette « confusion » entre les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques. Croire que parce que nous avons fait une rĂ©volution, nous serons Ă lâabri de tout cela me semble tout simplement illusoire. La question nâest pas de savoir sâil y a magouille ou pas, la question est plutĂŽt de savoir comment lutter contre. Il faut dâabord se poser la question pourquoi un citoyen lambda pourrait-il avoir autant de pouvoir, on peut supposer quâun homme dâaffaires soit Ă©coutĂ© par les plus hautes instances politiques dâabord parce quâil a les moyens de « remercier » ceux qui lui font allĂ©geance. Il faut donc se doter des outils nĂ©cessaires pour limiter lâintrusion de lâĂ©conomique dans le politique. Je pense notamment Ă lâurgence dâĂ©tablir une loi sur le financement des partis. Les rumeurs quant aux finances dĂ©mesurĂ©es dâEnnahdha, celles qui ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es par El Fajr sur une toute aussi dĂ©mesurĂ©e campagne autour du droit des femmes, la location des 37 bus rĂ©vĂ©lĂ©e par M. Rajhi, doivent toutes ĂȘtre traitĂ©es de la mĂȘme façon, Ă savoir Ă©tablir clairement les rĂšgles du jeu. Sinon comment Ă©viter dans lâavenir quâun autre « dĂ©lateur » ne vienne nous parler de x ou y homme dâaffaire qui soutient tel ou tel parti a coup de millions. Plus les rĂšgles du jeu sont claires dĂšs le dĂ©part moins on risque dâavoir des problĂšmes pour accepter la victoire ou la dĂ©faite de tel ou tel parti. Lâautre condition pour une vĂ©ritable vie dĂ©mocratique : lâexistence dâun contrepouvoir crĂ©dible et fort. il nây a aucun parti au pouvoir qui est dĂ©mocratique de son propre grĂ©, la dĂ©mocratie se gagne et ne se donne pas, la meilleure solution (et la seule viable) pour que les Ă©lections se dĂ©roulent bien est que des observateurs de tous les partis soient placĂ©s dans les bureaux de vote, il faut absolument que la partie qui organise les Ă©lections sache quâelles sous la loupe, non pas la loupe des Ă©trangers (qui ont dĂ©jĂ cautionnĂ© la dictature) mais la loupe des parties prenantes. Câest en se sachant surveillĂ©e que tout se passe bien. Par ailleurs, et quelque soit le gagnant des Ă©lections du 24 juillet, il faut quâil soit contrĂŽlĂ© par une opposition forte qui a les prĂ©rogatives et le budget nĂ©cessaires pour pouvoir faire des contre enquĂȘtes, des audits, proposer une alternative. Actuellement notre paysage politique est trop fragmentĂ©, parcellĂ©, les partis sont dâabord motivĂ©s par des Ă©gos, des divergences personnelles que par une vĂ©ritable idĂ©ologie ou du moins vision de lâavenir. Peut on nommer les formations qui seraient capables de proposer des listes, des observateurs dans tous les bureaux de votes, jâen vois deux, les ex RCD et Ennahdha. Je suis contre une bipolarisation du dĂ©bat autour de la question religieuse qui tendrait Ă opposer « religieux » vs « rĂ©publicains » mais dire quâen Tunisie il y a 50 courants distincts, pas sur que ca tienne la route non plus⊠Je pense quâil est possible de les articuler autour de 3 ou 4 idĂ©es et prioritĂ©s communes (faut il libĂ©raliser lâĂ©conomie, baisser les impĂŽts ou au contraire les monter pour amĂ©liorer les services publics, faut il aider les tunisiens a acquĂ©rir des voitures ou plutĂŽt amĂ©liorer les transports en commun, faut il encourager lâuniversitĂ© privĂ©e, ou plutĂŽt renforcer les universitĂ©s publiques ? Faut-il prĂ©server lâuniformitĂ© des diplĂŽmes pour garantir une Ă©quitĂ© entre les rĂ©gions ou plutĂŽt donner lâautonomie aux universitĂ©s et promouvoir la concurrence entre ellesâŠ) Par ailleurs et comme la prochaine Ă©chĂ©ance Ă©lectorale approche a grands pas, je suis toujours aussi dĂ©solĂ© de voir quâaucun parti politique ne propose de mesures concrĂštes pour ce qui concerne la nouvelle constitution : on connait a peu prĂšs tous les dĂ©gĂąts occasionnĂ©s par Benali sur notre constitution mais pourquoi ne pas revenir tout simplement Ă la constitution de 1959. La question du rĂ©gime parlementaire a Ă©tĂ© largement Ă©voquĂ©e dans la presse, il est trĂšs Ă©tonnant de voir que les partis politiques ne prennent pas de positions claires lĂ -dessus ? Quelles rĂ©formes constitutionnelles proposent-ils ? Il nous reste Ă peine 2 mois et nous nâen savons encore rien. Il est certain que les dĂ©clarations de Mr Rajhi ont de quoi inquiĂ©ter mais il faut surtout Ă©viter de cĂ©der Ă la panique et garder le cap sur ce qui compte le plus, prĂ©parer les Ă©lections du 24 Juillet et faire en sorte quâelles aboutiront Ă un gouvernement fort et lĂ©gitimĂ© par les urnes, un gouvernement qui fasse rĂ©ellement la rupture avec les dĂ©mons du passĂ© pour quâenfin nous puissions savourer les fruits de la rĂ©volution du 14 Janvier.
Source : « Espace Manager » Le 06-05-2011
Un Tunisien Ă l’ElysĂ©e pour dĂ©noncer le traitement des migrants
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L’opposant tunisien Mustafa Ben Jaafar, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Forum dĂ©mocratique pour le travail et les libertĂ©s Tunisien (FDTL), est venu pour une journĂ©e Ă Paris et s’est rendu aupalais de l’ElysĂ©e(voir vidĂ©o ci-dessous), ce vendredi 6 mai 2011. Il a souhaitĂ© remettre un courrier au PrĂ©sident de la RĂ©publique français, “suite aux arrestations et brimades injustifiĂ©es que subissent de trop nombreux citoyens tunisiens en France”, a-t-il expliquĂ©.
Lettre Ă Nicolas Sakozy
Dans cette lettre, Mustafa Ben Jafaar, dĂ©nonce le “traitement injuste et indigne” rĂ©servĂ© aux migrants tunisiens en France et demande Ă Nicolas Sarkozy “qu’un traitement plus humain soit accordĂ© Ă ces migrants, compte tenu de la transition dĂ©mocratique en Tunisie”.
Depuis la fuite du prĂ©sident Ben Ali en janvier, plus de 20.000 Tunisiens ont gagnĂ© l’Ăźle italienne de Lampedusa pour se rendre, pour la plupart, en France. Mais le gouvernement français a adoptĂ© une politique de fermetĂ© vis-Ă -vis de ces migrants, multipliant depuis deux semaines les opĂ©rations policiĂšres et les reconduites aux frontiĂšres.
Ni des criminels ni des terroristes
“Moi, ce que je vois sur les Ă©crans, j’en suis offusquĂ©, je pense que tout le peuple tunisien est trĂšs touchĂ© par cette maniĂšre de traiter les Tunisiens qui ne sont ni des criminels, ni des terroristes”, a dĂ©clarĂ© Mustapha Ben Jaafar. Ce dernier, opposant de longue date au prĂ©sident Ben Ali qui pourrait se prĂ©senter Ă la prĂ©sidentielle tunisienne prĂ©vue aprĂšs l’Ă©lection le 24 juillet d’une AssemblĂ©e constituante, demande “le respect de la dignitĂ© de tout un peuple et de sortir la question de l’immigration de la sphĂšre des enjeux Ă©lectoraux”.
Source : « Le Nouvel observateur » Le 07-05-2011
Les contrebandiers profitent des événements en Tunisie et en Libye
Alerte à la pénurie de semoule
Par : Nadia Mellal
Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a reconnu jeudi des perturbations dans l’approvisionnement en semoule dans certaines rĂ©gions du pays.
Intervenant dans une dĂ©claration Ă la presse au Conseil de la nation, en marge dâune sĂ©ance plĂ©niĂšre consacrĂ©e aux questions orales, le ministre a observĂ© que âle stock de blĂ© de l’Office interprofessionnel des cĂ©rĂ©ales et les quantitĂ©s disponibles au niveau des ports sont suffisantsâ. InterrogĂ© sur les raisons de ces perturbations, il indique que âcertaines perturbations dans l’approvisionnement en semoule sont dues Ă une hausse de la consommation et Ă la consĂ©cration de quantitĂ©s supplĂ©mentaires Ă l’industrie des pĂątesâ. M. Benbada a, par ailleurs, expliquĂ© la hausse du prix de la semoule, notamment dans les rĂ©gions centre et est du pays, par âla contrebande de ce produit vers la Tunisie et la Libye, compte tenu des perturbations politiques et sĂ©curitaires qui y sont enregistrĂ©esâ. Dans ce cadre, le ministre a annoncĂ© que le marchĂ© sera Ă©galement alimentĂ© par le produit national qui sera disponible Ă partir du mois de juillet, Ă©voquant la possibilitĂ© d’augmenter le taux d’approvisionnement des minoteries en cas de hausse de la demande de semoule sur le marchĂ©. Les pouvoirs publics avaient dĂ©cidĂ©, au dĂ©but de l’annĂ©e en cours, d’augmenter de 10% le taux d’approvisionnement des minoteries, soit 50 Ă 60% de leur capacitĂ© de trituration.
Aussi et, selon le membre du gouvernement, âles transformateurs de blĂ© assureront l’approvisionnement direct des marchands de dĂ©tail, ne serait-ce que pour quelques semainesâ, notant que âcertains d’entre eux s’approvisionnent en semoule des minoteries ou auprĂšs des marchands de gros, et procĂšdent Ă sa commercialisation, notamment Ă l’est du pays aux fins de la contrebandeâ. Par ailleurs, le ministre du Commerce a annoncĂ© la crĂ©ation d’une entreprise publique Ă©conomique d’un capital de 750 millions de DA, chargĂ©e de la concrĂ©tisation du programme de rĂ©alisation de 14 marchĂ©s de gros de fruits et lĂ©gumes Ă caractĂšre national et rĂ©gional. Il a prĂ©cisĂ© que âcette entreprise, qui sera opĂ©rationnelle Ă la fin du semestre en cours, assurera l’encadrement des opĂ©rations de distribution des produits agricolesâ. âSa crĂ©ation s’inscrit dans le cadre du renforcement et de la rĂ©gulation de l’activitĂ© de distribution des produits alimentairesâ, dit-il, expliquant que âcette entreprise bĂ©nĂ©ficiera de crĂ©dits bancaires de l’ordre de 25 milliards de DA en prĂ©vision de la mise en Ćuvre d’un programme d’investissement pour la crĂ©ation de marchĂ©s de gros modernes disposant de toutes les commoditĂ©s nĂ©cessairesâ. Sur cette question, le membre du gouvernement a parlĂ© des mesures prises en matiĂšre de crĂ©ation d’espaces commerciaux et de marchĂ©s, expliquant que l’Ătat a consacrĂ© 6 milliards de DA Ă la rĂ©habilitation de 35 marchĂ©s de gros et 215 marchĂ©s de dĂ©tail dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009.
Source:âLiberte Algerieâ Le 07-05-2011
Ennahdha a-t-il renié les idéaux de la révolution tunisienne?
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Par Lotfi Benmosbah
Le parti islamiste tunisien est en train de renier les idĂ©aux de la rĂ©volution au profit dâun discours politico-religieux obsolĂšte qui veut faire croire que lâidentitĂ© arabo-musulmane de la Tunisie est en danger.
La rĂ©volution tunisienne a quelque chose de singulier: menĂ©e spontanĂ©ment par la jeunesse, elle sâest produite sans leader. Or cette vaillante jeunesse parait sâĂȘtre Ă nouveau enfouie dans la masse. Elle laisse aux sĂ©niors le terrain politique. Mais ne nous leurrons pas, il ne sâagit pas de dĂ©mission, elle semble dire: «Epoumonez-vous Ă souhait, nous nâĂ©levons pas nos voix mais sommes aux aguets pour que nul ne sâavise de trahir les idĂ©aux de la rĂ©volution.»
Cette rĂ©volution qui a soufflĂ© pour obtenir plus de justice sociale, de dignitĂ© et de libertĂ© nâa en aucun cas portĂ© de slogan religieux. Aujourdâhui, toute personne ou parti politique qui voudrait aller en-deçà ou au-delĂ des principes posĂ©s par cette bien dĂ©terminĂ©e jeunesse ira au suicide politique.
LâidĂ©al de libertĂ© que porte cette rĂ©volution a permis le retour des exilĂ©s politiques en Tunisie et la libĂ©ration de tous les prisonniers politiques.
Rached Ghannouchi change dâavis
Dâun autre cĂŽtĂ©, un constat objectif: au moment de la rĂ©volution, le parti Ennahdha Ă©tait absent, il nâa prit aucune part Ă la rĂ©volution. Mais, il en a bien profitĂ© puisquâil a vu le retour de ses chefs historiques et la libĂ©ration de plusieurs de ses membres.
Cela devrait lui inspirer de lâhumilitĂ© et le respect des idĂ©aux de la rĂ©volution. Câest ce qui ressortait des premiers discours de son chef historique avant son retour en Tunisie. Ce dernier laissait entendre quâil allait prendre une retraite politique et que son parti ne participerait pas aux Ă©lections prĂ©sidentielles mais uniquement aux Ă©lections lĂ©gislatives. Ces dĂ©clarations laissaient percevoir la mĂ©connaissance de ce qui se passait rĂ©ellement en Tunisie puisquâil restait dans le cadre de la constitution de 1959. Par ailleurs elles laissaient entendre quâil se contentait dâĂȘtre un acteur de second plan de la vie politique de la Tunisie de lâaprĂšs-Ben Ali en ne participant pas aux Ă©lections les plus importantes de la constitution de 1959: les Ă©lections prĂ©sidentielles.
Un discours qui fait peur et divise
Cependant, grisĂ© par un accueil plus que chaleureux et quelques rencontres rĂ©ussies avec les militants, Rached Ghannouchi a tĂŽt fait de changer de stratĂ©gie. Ainsi, les idĂ©aux portĂ©s par cette rĂ©volution ont Ă©tĂ© laissĂ©s de cĂŽtĂ© et câest un discours politico-religieux obsolĂšte qui refait surface. Un discours qui veut faire croire que lâidentitĂ© arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Un discours qui fait lâamalgame entre athĂ©isme et sĂ©paration du religieux et du politique. Un discours qui sâingĂšre dans la vie privĂ©e. Il porte atteinte Ă la libertĂ© individuelle fraichement et chĂšrement acquise. Les Tunisiens qui aspirent de toutes leurs forces Ă cette libertĂ© nâentendent pas la sacrifier Ă nouveau.
Ce discours fait non seulement peur Ă une large partie de la population tunisienne mais, de surcroit, divise la Tunisie qui sâest unie autour des principes de la rĂ©volution.
Ainsi, Ă moins de rĂ©viser une position et un discours pour en soustraire toute ambiguĂŻtĂ© relative Ă lâinaliĂ©nabilitĂ© des libertĂ©s individuelles, les dirigeants dâEnnahdha se dirigent tout droit vers un suicide politique et porteront lâĂ©crasante responsabilitĂ© dâavoir Ă©tĂ© ceux qui ont entrainĂ© la Tunisie dans une tourmente aux consĂ©quences incommensurables.
Source : « Kapitalis » Le 07-05-2011
Tunisie. Conférence de la Ligue de gauche ouvriÚre
Du 23 au 25 avril, une dĂ©lĂ©gation du NPA sâest rendue en Tunisie pour rencontrer diverses organisations anticapitalistes et assister Ă la premiĂšre confĂ©rence nationale de la Ligue de la gauche ouvriĂšre (LGO). Lâensemble des organisations rencontrĂ©es (PCOT, PTPD, MPD, PD) ont toutes jouĂ© un rĂŽle majeur dans la rĂ©volution tunisienne. La dictature de Ben Ali avait forcĂ© les organisations anticapitalistes Ă rentrer en clandestinitĂ© ou Ă se dissoudre, confrontĂ©es Ă une rĂ©pression fĂ©roce. Le travail patient et courageux de ces militantEs, depuis plusieurs annĂ©es, a Ă©tĂ© dĂ©cisif dans les prĂ©mices comme dans le dĂ©veloppement de la rĂ©volution. Câest dans ce contexte que sâest tenue la premiĂšre confĂ©rence nationale de la LGO qui devrait aboutir dâici six Ă neuf mois Ă un congrĂšs de fondation. La LGO est prĂ©sente dans plusieurs villes et, bien que nâĂ©tant pas encore une organisation de masse, nombre de ses membres sont des dirigeantEs reconnuEs dans plusieurs secteurs de luttes, que ce soit dans les rĂ©centes grĂšves des PTT, dans les luttes fĂ©ministes ou encore dans les luttes des jeunes Ă©tudiants-chĂŽmeurs ou les occupations de la Casbah. Lors de la confĂ©rence, la situation sociale et politique, la crise et le processus rĂ©volutionnaire en cours ont Ă©tĂ© au centre des dĂ©bats. Mais câest aussi lâintervention de la LGO au sein du mouvement de masse que devait prĂ©ciser cette confĂ©rence. Que ce soit au sein de lâUGTT, des Conseils de protection de la RĂ©volution, dans la haute instance oĂč siĂšge une camarade de la LGO, dans la jeunesse Ă©tudiante, chez les jeunes chĂŽmeurs, les femmes… lâintervention coordonnĂ©e des rĂ©volutionnaires est centrale afin de faire avancer la rĂ©volution, et tenter de limiter lâinfluence des rĂ©formistes ou des contre-rĂ©volutionnaires qui tentent de la paralyser. Mais câest aussi le regroupement, au sein de fronts unitaires, des organisations rĂ©volutionnaires et progressistes qui est Ă lâordre du jour et dĂ©battu aujourdâhui, notamment lâavenir du Front du 14 Janvier. La discussion a tournĂ© autour du dĂ©veloppement des luttes et la perspective des Ă©lections Ă lâAssemblĂ©e constituante, programmĂ©e par le gouvernement le 24 juillet prochain. Faut-il y aller et dans quel cadre dâallianceâ? La situation actuelle en Tunisie est trĂšs instable et inĂ©gale selon les localitĂ©s et les secteurs, des grĂšves et des manifestations Ă©clatent quotidiennement. La population se politise et se radicalise de jour en jour et les mois Ă venir vont ĂȘtre dĂ©cisifs. Afin de sâopposer aux rĂ©cupĂ©rations dâun appareil dâĂtat qui nâa que peu changĂ© et qui peut trouver des relais dans des organisations rĂ©formistes et â aux forces impĂ©rialistes qui souhaitent une stabilisation pour relancer leur Ă©conomie â, une nouvelle Ă©tape de mobilisation est nĂ©cessaire pour approfondir le processus rĂ©volutionnaire en sâappuyant notamment sur les centaines de comitĂ©s populaires existant dans tout le pays.
Source : « NPA » Le 07-05-2011
Les Tunisiens connaitront-ils de nouveau la peur?
Aboubaker Maghraoui *
La Tunisie a vĂ©cu plus de 3.000 ans de tolĂ©rance. Son histoire en est imprĂ©gnĂ©e. Les Tunisiens ont de tout temps Ă©cartĂ© lâextrĂ©misme et ils continueront de le faire car ils nâont plus peur.
La Tunisie a trouvĂ© le courage le 14 janvier de vaincre toutes ses peurs et de briser les chaines de la dictature, de la pensĂ©e unique et de la propagande politique. Pourtant, la peur est de nouveau dĂ©sormais un sentiment partagĂ© par beaucoup de citoyens. Certains aujourdâhui nâosent pas clamer tout haut le rejet de lâextrĂ©misme religieux et de lâislam politique par crainte que ces derniers prennent un autre jour le pouvoir et que sâen suive une nouvelle purge idĂ©ologique, Ă lâinstar de celle vĂ©cue durant les vingt derniĂšres annĂ©es de plomb.
Cette tendance est dâailleurs exploitĂ©e par les mouvances extrĂȘmes religieuses qui profitent tant de lâindĂ©cision politique que de la rĂ©cupĂ©ration dâune rĂ©volution Ă laquelle ils nâont nullement contribuĂ©.
Se méfier des mots et des grandes idéologies
Les partis politiques Ă caractĂšre religieux se jouent des Tunisiennes et des Tunisiens en leur affirmant que pour ĂȘtre un bon musulman, il faut vivre dans une sociĂ©tĂ© dont la gouvernance nâest non plus politique mais rĂ©gie par des principes religieux.
Ce raisonnement est faux. Rappelons tout dâabord que lâislam sunnite nâa pas de clergĂ© et quâil ne repose de ce fait sur aucun dogme idĂ©ologique. Il est une affaire personnelle quâil faut aujourdâhui dĂ©finitivement dissocier du politique.
Lâislam politique nâa donc pas sa place en Tunisie, pays Ă majoritĂ© sunnite. Nos lois sont fondĂ©es sur un droit positif et notre vie politique de demain le sera Ă©galement.
Je suis de ceux qui pensent que lâhistoire est un bon Ă©claireur et que nous devons retenir ses leçons afin de ne pas connaĂźtre de nouveau ses horreurs. Le XXe siĂšcle nous a appris Ă nous mĂ©fier des mots et des grandes idĂ©ologies. Une dĂ©mocratie fondĂ©e uniquement sur les mots et le double langage peut accoucher des pires horreurs de lâhumanitĂ©.
Les Allemands dâentre les deux guerres se sont ainsi laissĂ©s berner par le double langage de quelques illuminĂ©s qui leur avaient fait miroiter une dignitĂ© retrouvĂ©e en les faisant plonger dans lâextrĂ©misme idĂ©ologique. LâhumanitĂ© en a hĂ©las payĂ© un trop lourd tribut.
Les mots qui ne sont pas accompagnĂ©s dâune vision politique claire et prĂ©cise sont un danger duquel il faut se protĂ©ger. Le danger de lâextrĂ©misme religieux est double.
Les dangers de lâextrĂ©misme religieux
Le premier est un danger physique. Les partisans de ces partis profitent de lâinsĂ©curitĂ© dans laquelle se trouve encore notre pays pour agresser ouvertement des intellectuels, des artistes ou des cinĂ©astes. Doit-on attendre que nos sĆurs, nos Ă©pouses ou nos amies soient molestĂ©es pour condamner cela? La rĂ©ponse est Ă©videmment non. Nous ne pouvons tolĂ©rer lâintolĂ©rance.
Le second danger est celui des mots, des insultes et des agressions verbales que les Tunisiennes peuvent entendre lorsquâelles souhaitent affirmer leur fĂ©minitĂ©, leur beautĂ© ou tout simplement leur libertĂ©.
Peut-ĂȘtre est-il dĂ©sormais nĂ©cessaire de rappeler Ă tous ceux qui souhaitent exclure dans lâavenir nos femmes de la vie politique Ă©conomique et sociale que câest bel et bien une femme, Elissa Didon, qui, de par sa grandeur, sa ruse et son intelligence politique a dessinĂ© les frontiĂšres et a Ă©crit les lignes les plus nobles de notre histoire.
Nâayons donc pas peur aujourdâhui de condamner la haine et les pressions rĂ©trogrades. Nâacceptons plus le double langage et ne laissons plus personne tirer profit de notre rĂ©volution. LâidĂ©ologie extrĂ©miste est un flĂ©au quâil faut ouvertement et continuellement combattre. Câest notre devoir Ă tous de le faire.
Ainsi, clamons haut et fort et rappelons partout que plus de la moitiĂ© des personnes qui nous ont rendu notre dignitĂ© aprĂšs plus dâun mois de rĂ©voltes Ă©taient des femmes et non pas des islamistes ou des fondamentalistes. Ce sont nos femmes qui ont affrontĂ© les balles et soignĂ© les blessĂ©s. Je me rappelle lors des vagues de contestations dâhommes et de femmes libres, le visage dĂ©couvert criant leur appel de la dĂ©mocratie et de la modernitĂ©!
Non seulement les porteuses de niqabs nâont pas luttĂ© pour notre dĂ©mocratie mais elles la menacent aujourdâhui et tentent de la voler, de la dĂ©truire, dâen faire une simple parenthĂšse de lâhistoire.
Interdire les débats politiques dans les lieux de culte
Enfin, nous assistons Ă©galement hĂ©las, de maniĂšre consciente ou inconsciente, Ă une sur-mĂ©diatisation disproportionnĂ©e de cette minoritĂ© dâextrĂȘmes par rapport Ă leur apport pour la dĂ©mocratie et la Tunisie. Ces derniers nâont pas de vision politique solide, nâoffrent aucune garantie pour la conservation de la dĂ©mocratie et ne possĂšdent aucun programme macroĂ©conomique ou microĂ©conomique concret et rĂ©aliste. Sans compter le fait que leurs partisans ne connaissent que la provocation et la ruse. A quoi bon prier dans la rue si ce nâest dans le but de provoquer et de dĂ©rĂ©gler la vie passante quotidienne. Il me semble que la Tunisie abrite suffisamment de lieux de cultes pour accueillir lâensemble de sa population lors des rituels religieux et des priĂšres. La rue est lâespace de la libertĂ© citoyenne et de lâĂ©change politique contrairement aux mosquĂ©es qui sont des lieux de culte et non de propagande politique. Que lâon renvoie les prieurs de rue dans les mosquĂ©es et que lâon sorte et interdise les dĂ©bats et propagandes politiques de nos lieux de culte.
Le temps de la responsabilitĂ© est donc dĂ©sormais venu. Nous devons tous nous unir face aux tendances extrĂ©mistes importĂ©es et Ă©trangĂšres Ă nos valeurs, Ă notre culture et Ă notre histoire. Les mĂ©dias devraient de ce fait donner davantage la parole aux partis qui Ćuvrent rĂ©ellement pour la dĂ©mocratie et la construction dâune rĂ©publique solide. Que lâon relaie les idĂ©es et la vision de lâensemble des partis qui composent le bloc rĂ©publicain et dĂ©mocratique afin quâils Ă©noncent leurs programmes et les principes inviolables que devront respecter les futurs membres de la Constituante, Ă savoir la consĂ©cration dĂ©finitive du droit des femmes, de lâensemble de nos acquis sociaux et des libertĂ©s individuelles. Car ce sont eux les vrais relais de la dĂ©mocratie et non les idĂ©ologues et les propagandistes.
La Tunisie est fiĂšre de ses femmes, de ses mĂšres et de ses filles, de ses savantes et de ses mĂ©decins, de ses artistes et de ses Ă©crivains. Notre pays a vĂ©cu plus de 3.000 ans de tolĂ©rance. Son histoire en est imprĂ©gnĂ©e. Nous avons de tout temps Ă©cartĂ© lâextrĂ©misme et nous continuerons Ă le faire car nous nâavons pas peur.
*Ancien Ă©lĂšve du lycĂ©e Louis Le Grand Ă Paris, Ă©tudiant Ă lâEdhec Business School (derniĂšre annĂ©e en MSc Entrepreneurship).
Abdelwahab Meddeb : “C’est surprenant qu’en Tunisie la rĂ©volution n’ait pas eu lieu plus tĂŽt”
Le penseur, Ă©crivain et poĂšte observe les mĂ©tamorphoses en cours dans son pays natal, la Tunisie, et dans le reste du monde arabe. Des situations contrastĂ©es, quâil analyse pour Jeune Afrique.
Il avait quittĂ© la Tunisie pour la France en 1967, Ă lâĂąge de vingt ans. Mais sa terre natale a fini par rattraper Abdelwahab Meddeb, le 14 janvier dernier, avec la chute de Ben Ali. « Il y avait dâun seul coup lâopportunitĂ© de se retrouver lĂ , face Ă une origine restaurĂ©e, revivifiĂ©e. CâĂ©tait pour moi comme une cure. » PortĂ© par lâenthousiasme rĂ©volutionnaire, il a couchĂ© sur le papier les rĂ©flexions, les impressions et les sensations que les Ă©vĂ©nements ont fait naĂźtre en lui, dans un livre, Printemps de Tunis, paru aux Ă©ditions Albin Michel.
Jeune Afriqueâ: Commençons par les causes de ce “printemps arabe”. Quels sont les facteurs qui ont conduit Ă ces rĂ©volutionsâ?
Abdelwahab Meddebâ: En Tunisie, comme dans les autres pays arabes, nous nâĂ©tions plus dans une tyrannie mais dans une oligarchie au sens oĂč AverroĂšs lâentendaitâ: le « gouvernement des villes », câest-Ă -dire un pouvoir mĂ» par les mauvaises passions, la concupiscence et la corruption. Les gens en ont tirĂ© une grande lassitude, mais le plus surprenant câest quâen Tunisie la rĂ©volution nâait pas eu lieu plus tĂŽt.
Pour comprendre cet Ă©tat de fait, il faut se rĂ©fĂ©rer au modĂšle mĂ©caniste appliquĂ© aux pays arabes par Emmanuel Todd et Youssef Courbage*â: la croissance du taux dâalphabĂ©tisation combinĂ©e Ă la maĂźtrise de la natalitĂ© a pour consĂ©quence lâaffranchissement des femmes et la libĂ©ration de lâĂ©nergie fĂ©minine. Partout dans le monde, la conjonction de ces deux facteurs produit inĂ©luctablement un processus dĂ©mocratique. Pas en Tunisie, car la trĂšs forte endogamie a dĂ©tournĂ© lâĂ©nergie collective de lâespace public, dâoĂč un retrait par rapport au dĂ©sir de dĂ©mocratie. Mais la jeune gĂ©nĂ©ration de la blogosphĂšre a su se forger une nouvelle socialitĂ© par son ouverture sur le monde et des solidaritĂ©s nouvelles, ce qui lui a permis dâavoir ce rĂŽle dĂ©cisif.
Le schĂ©ma Ă©gyptien est-il diffĂ©rentâ?
Le rĂŽle de lâarmĂ©e rend la situation autrement plus complexe en Ăgypte. AprĂšs le coup dâĂtat de 1952, elle a opĂ©rĂ© une restructuration intĂ©grale de la sociĂ©tĂ© et constitue aujourdâhui lâarmature autour de laquelle tout sâorganise. Avec la promotion du libĂ©ralisme voulue par Moubarak, elle est devenue trĂšs entreprenante. On a ainsi une trentaine de gĂ©nĂ©raux qui se sont partagĂ© le territoire et se comportent en « seigneurs de guerre »â: lâarmĂ©e ne lĂąchera jamais lâĂtat en Ăgypte. Selon mes informations, elle mĂšnerait des nĂ©gociations trĂšs avancĂ©es avec les FrĂšres musulmans pour sâassurer une majoritĂ© relative au gouvernement et garder le contrĂŽle du pouvoir. Câest ce qui met en colĂšre les jeunes de la place Al-Tahrir, qui estiment quâil nây a pas de changement.
Et quâen est-il pour la Libyeâ?
Ă lâorigine de la rĂ©volte en Libye, il y a aussi cet instinct prĂ©politique de la libertĂ©. Mais les Libyens sont restĂ©s Ă ce stadeâ: il nây a pas dâautres relais. Bien que les islamistes modĂ©rĂ©s et les libĂ©raux aient un discours structurĂ©, ils sont trĂšs minoritaires et lâintellectualitĂ© reste rare. Mais cet instinct de la libertĂ© est dĂ©jĂ en soi un immense acquis. Câest ce que lâon ressent aussi au YĂ©men. Ces deux mouvements sont ceux qui mâĂ©meuvent le plusâ: jâen vois tout le cĂŽtĂ© tragique.
Pourquoi en AlgĂ©rie la grogne sociale nâa-t-elle pas mutĂ© en contestation politiqueâ?
LâAlgĂ©rie bouillonne, les gens sont mĂ©contents, mais les 200â000 morts de la guerre civile les font rĂ©flĂ©chir avant de descendre dans la rueâ: ils savent quâils ont affaire Ă une armĂ©e aguerrie qui a dĂ©jĂ vaincu lâinsurrection quasi populaire du FIS [Front islamique du salut] et du GIA [Groupe islamique armĂ©]. Et comme en Ăgypte, lâarmĂ©e se partage les immenses richesses du paysâ: les AlgĂ©riens savent quâelle ne cĂ©dera rien.
MalgrĂ© de rĂ©elles contestations, les monarchies jordanienne et marocaine semblent mieux sâen sortirâŠ
Ces deux monarchies ont créé un minimum de dynamique. Elles ont compris quâil fallait libĂ©rer la sociĂ©tĂ© civileâ: lâassociatif y est quasi indĂ©pendant tant quâil sâabstient de toucher au politique. Cela a donnĂ© une respiration Ă ces sociĂ©tĂ©s. En outre, la logique dynastique de la Jordanie et du Maroc a au moins une cohĂ©renceâ: ce sont des monarchies qui fonctionnent comme des monarchies. LâintolĂ©rable, câĂ©tait ces RĂ©publiques qui fonctionnaient dâune maniĂšre monarchique.
En Ăgypte comme en Tunisie, ne craignez-vous pas une rĂ©action contre-rĂ©volutionnaireâ?
La contre-rĂ©volution est lĂ . Il faut ĂȘtre trĂšs vigilant et la circonscrire par la loi. Ă mon avis, la conformitĂ© des partis politiques aux principes dĂ©mocratiques devrait ĂȘtre inscrite dans les Constitutions Ă venir.
Par ailleurs, en Tunisie, la loi sur les partis a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e, selon moi. Il y avait une telle urgence, un tel traumatisme aprĂšs des annĂ©es dâinterdits quâune grande libertĂ© a Ă©tĂ© accordĂ©e. Câest un peu absurde. Il faut revoir la charte des partis.
Les partis religieux constituent-ils aussi une menaceâ?
Le critĂšre important sera la maniĂšre dont le rĂ©fĂ©rent islamique va ĂȘtre inscrit dans les lois fondamentales, en cours dâĂ©laboration. Câest un enjeu philosophique, politique et juridique majeur. En Tunisie, les islamistes vont tout faire pour introduire la charia comme source de droit dans la Constitution. En Ăgypte, ils refusent de remettre en question la prĂ©sence explicite et littĂ©rale de la charia dans la Constitution. Cela contredit, de fait, leur discours qui ne revendique plus lâĂtat islamique mais un Ătat civil avec lâislam comme rĂ©fĂ©rence. Pourraient-ils devenir des musulmans dĂ©mocratesâ? Ils le clament. Il faudra les juger sur leurs actes.
Mais ce quâil y a dâintĂ©ressant, en Ăgypte notamment, câest le conflit nĂ© au sein mĂȘme des FrĂšres musulmansâ: la jeune gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© contaminĂ©e par lâesprit dâAl-Tahrir. Elle exige Ă prĂ©sent que le mouvement fonctionne de maniĂšre dĂ©mocratique. Câest un conflit Ă prendre trĂšs au sĂ©rieux car il pourrait aboutir Ă la formation de plusieurs partis.
Ătes-vous optimiste sur lâissue dĂ©mocratique de ces rĂ©volutions en marcheâ?
Du fait du rĂŽle de lâarmĂ©e, jâai des doutes concernant lâĂgypte, mais pour la Tunisie, je pressens que câest en train de venir. Ă condition que les prochaines Ă©lections permettent de mesurer avec prĂ©cision le poids Ă©lectoral des islamistesâ: sâils sont Ă moins de 20 %, câest gagnĂ©. Au-delĂ , il y aura de nombreuses entraves au processus dĂ©mocratique.
Ensuite, trois critĂšres majeurs sont Ă respecter si lâon veut sauver ce processus. Tout dâabord, lâindĂ©pendance de la justiceâ: il faut quâelle soit immĂ©diate et quâelle se manifeste par des actes tangibles comme autant de signes de la sĂ©paration des pouvoirs. Puis vient la libertĂ© de la presse renvoyant Ă la libertĂ© dâopinion, de conscience, de critique et de pensĂ©e. Enfin, la question sociale, trop nĂ©gligĂ©e jusque-lĂ .
Source : « Jeune Afrique » Le 07-05-2011
Tunisie : le processus démocratique menacé (Partie 3)
Aujourdâhui ce vendredi 6 mai 2011, on se croirait au moment de la rĂ©volution du 14 janvier dernier si lâon se risque Ă arpenter lâallĂ©e de lâavenue Habib Bourguiba. Tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis : les manifestants, les forces de lâordre et un message Ă faire entendre, la chute de lâactuel gouvernement de transition. Le vendredi est un jour important dans tous les pays arabes et ce sont deux vendredis qui ont permis la chute de Ben Ali et Moubarak. Ce jour saint (du calendrier musulman) permet un rassemblement des fidĂšles et lâon redoutait effectif celui dâaujourdâhui liĂ© aux rĂ©vĂ©lations de Farhat Rajhi.
Des excuses tardives.
Si Monsieur Rajhi sâest rĂ©tractĂ© en revenant sur ses propos et a prĂ©sentĂ© des excuses, le mal Ă©tait dĂ©jĂ fait. Donc dĂšs Jeudi soir, les manifestants Ă©taient dans la rue Ă Tunis, Sfax, Kairouan et mĂȘme Sousse. Et ce vendredi la mobilisation est encore plus grande et surtout sur lâavenue Bourguiba oĂč la fin de la priĂšre de vendredi a mobilisĂ© des centaines de personnes. Câest donc un gouvernement dĂ©bordĂ© qui tente de maitriser la colĂšre populaire en envoyant dans les rues les forces anti-Ă©meute. Les manifestants sont brutalisĂ©s et les journalistes et photographes y passent aussi.
Lâavenir de la Tunisie nâa jamais Ă©tĂ© si menacĂ©. Les manifestants nây vont par quatre chemins, ils demandent purement et simplement la dissolution du gouvernement sans penser au vide politique qui va naitre. Le premier Ministre Essebsi, considĂ©rĂ© il yâa quelques temps comme un sauveur, est traitĂ© de tous les noms. Au point mĂȘme que certains lui donnent des qualificatifs autrefois attribuĂ© Ă Ben Ali.
Câest avec des slogans dignes des moments de la rĂ©volution que les manifestants ont dĂ©valĂ© la dĂ©sormais cĂ©lĂšbre place Habib Bourguiba. Outre les « DĂ©gage » on note maintenant lâapparition dâautres slogans tels que : « le gouvernement de transition travaille toujours pour (le prĂ©sident dĂ©chu) Ben Ali ». Les forces de polices qui avaient fait un cordon de sĂ©curitĂ© pour les empĂȘcher de progresser vers le MinistĂšre de lâIntĂ©rieur se sont retrouvĂ©es trĂšs vite dĂ©passĂ©es.
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Safx le 6 mai 2011
Puis, soudain, la police a chargĂ© et lancĂ© de grandes quantitĂ©s de gaz lacrymogĂšnes, provoquant la panique parmi les manifestants, essentiellement des jeunes, et les piĂ©tons qui se trouvaient dans le quartier et tentaient de fuir pour se mettre Ă lâabriter. Certains policiers Ă©taient sur des motos, dâautres accompagnĂ©s des chiens, câĂ©tait un chaos complet. A noter quâil yâavait aussi des voitures blindĂ©es. Câest avec une brutalitĂ© sans Ă©gale que se font les arrestations et les dispersions. Le pays avance tout droit vers une nouvelle phase de violence.
Selon les propos transmis par un bloggeur connu sous le pseudo de Bullet Skan : «Lacrymo Ă gogo au centre ville. La police matraque tout le monde. Ils ont repris leurs sauvageries !». «Câest hallucinant. Je nâai pas vu autant de violence mĂȘme le jour du 14 janvier», a dĂ©clarĂ© Ibrahim Letaief Ă Tekiano.
Les manifestations les plus redoutĂ©es sont celles des Ă©tudiants qui sont pour lâinstant divisĂ©s sur lâattitude Ă adopter face Ă cette situation. Mais ces rĂ©pressions violentes ne feront quâaiguiser et renforcer le sentiment anti-gouvernemental.
Un autre complot ?
AprĂšs la bombe rĂ©vĂ©lĂ©e par Rajhi, câest une autre bombe que vient de lĂącher sur Shems FM, Abdelwahab El Hani, membre du parti Al Majd. Les informations troublantes quâil a rĂ©vĂ©lĂ©es font Ă©tat dâun complot dont une fondation amĂ©ricaine serait Ă lâorigine. Selon lui, une tentative de manipulation de lâopinion publique serait orchestrĂ©e avec le concours de la haute commission de la rĂ©forme politiquĂ© de Yadh Ben Achour. Lui aussi demande donc des comptes au premier ministre et Ă son gouvernement.
La situation aux frontiĂšres avec la Libye
Et pendant ce temps, comme si cela ne suffisait pas, les roquettes en provenance de la Libye continue de pleuvoir sur les villes frontaliĂšres.Câest plus de 16 obus de mortier du type « Hawn » qui sont tombĂ©s Ă lâintĂ©rieur du territoire tunisien sans causer de victimes ou de dĂ©gĂąts. Selon la police tunisienne, l’un des tirs de roquettes, dans la nuit du jeudi 5 mai ,par les forces fidĂšles Ă Mouammar Kadhafi, a explosĂ© Ă 20 mĂštres seulement d’un point de contrĂŽle. Hier, 1.618 Libyens ont franchi la frontiĂšre, le plus grand nombre de rĂ©fugiĂ©s au cours des trois derniers jours.
Source: âcome4newsâ Le 07-05-2011
Point de presse de lâinitiative citoyenne «LAM ECHAML»
Modernité et démocratie : pour un «large front»
Quelque 53 associations, initiatives et groupes informels soutenus par des acteurs indĂ©pendants de la sociĂ©tĂ© civile, attachĂ©s aux principes et valeurs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie, ont dĂ©cidĂ©, le 29 avril dernier, au cours dâAssises officielles, de se regrouper, au sein dâun seul et mĂȘme rĂ©seau, appelĂ© « initiative LAM ECHAML », en vue dâassurer, ensemble, la dĂ©fense dâun ensemble de principes communs, savoir : le rĂ©gime rĂ©publicain et les valeurs de la modernitĂ©, le respect des libertĂ©s individuelles et publiques, lâĂ©galitĂ© totale entre les femmes et les hommes, la sĂ©paration entre la religion et la politique, et lâattachement aux constantes de la culture et de la civilisation tunisiennes.
Le comitĂ© de coordination de cette initiative a tenu, hier, Ă Tunis, un point de presse, au cinĂ©ma lâAfricart, Ă Tunis, au cours duquel il a exposĂ© les objectifs de lâinitiative, dont la constitution dâun large Front reprĂ©sentant une alternative Ă©lectorale crĂ©dible et forte sur la scĂšne politique. Ce comitĂ© est composĂ© de Moncef Ben Slimane, universitaire et syndicaliste connu, Bahri Ben Yahmed, de lâAssociation des cinĂ©astes tunisiens et de Mmes Awatef ChĂ©riak, militante dĂ©mocratique indĂ©pendante, MĂ©riem ZĂ©ghidi, militante dĂ©mocratique indĂ©pendante et Moufida Belghith, de lâAssociation ââlâaction pour la citoyennetĂ©ââ.
En prĂ©vision de lâenjeu Ă©lectoral du 24 juillet pour lâĂ©lection de lâAssemblĂ©e constituante, les associations, initiatives et groupes rĂ©unis au sein de lâinitiative LAM ECHAML (regroupement en arabe), dont beaucoup de structures opĂ©rant dans les rĂ©gions intĂ©rieures, entendent Ćuvrer au rassemblement des Ă©nergies de la sociĂ©tĂ© civile et celles des partis politiques qui adoptent les valeurs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie , en vue de constituer un « LARGE FRONT » Ă mĂȘme de reprĂ©senter une alternative Ă©lectorale crĂ©dible et forte sur la scĂšne politique.
Sans aller jusquâĂ considĂ©rer que les valeurs de la modernitĂ© sont menacĂ©es en Tunisie, les coordinateurs de lâinitiative LAM ECHAML estiment toutefois nĂ©cessaire dâĂȘtre vigilants pour les dĂ©fendre et les consacrer. Ils ont indiquĂ© que leur initiative appuie les appels au regroupement des partis politiques dĂ©mocratiques en Front dĂ©mocratique uni face aux autres formations. Des appels ont Ă©tĂ© lancĂ©s dans ce sens et les partis concernĂ©s sâemploient Ă les concrĂ©tiser.
Lâinitiative LAM ECHAML se considĂšre comme un premier maillon dans une dynamique de la sociĂ©tĂ© civile en Tunisie devant unir toutes les initiatives et tous les efforts, et reste ouverte Ă tous ceux et Ă toutes celles qui veulent la rejoindre et renforcer ses rangs, associations, groupes et indĂ©pendants, et ce sur la base de la plate-forme de principes et valeurs signalĂ©s.
La rencontre a eu lieu en prĂ©sence dâun grand nombre de participants qui ont eu le plaisir dâĂ©couter, Ă cette occasion, la chanson engagĂ©e du chanteur Ă©gyptien Ali Hajjar, intitulĂ©e justement ââlam echamlââ et exaltant le renouveau que connaĂźt lâunitĂ© des pays arabes grĂące Ă lâesprit rĂ©volutionnaire qui les anime, tous, en ce moment.
Source: âLe Tempsâ Le 07-05-2011
Constitution
Une chatte sur un toit brûlant
Par Khalil Zamiti
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Représentation juridique du systÚme politique, la constitution le codifie sans résorber la distance déployée entre le modÚle référentiel et les pratiques plus ou moins conformes aux normes.
Le double Ă©tage du langage, oĂč les mots surplombent les choses, est au principe de ce dĂ©calage. Mais par delĂ ce paradigme universel, auquel nâĂ©chappe aucun balisage constitutionnel, pourquoi Bourguiba, Ben Ali, Moubarak, Bouteflika, Gueddafi, Gbagbo et bien dâautres chefs, pour lâessentiel tricontinentaux, rechignent Ă dĂ©gager une fois scotchĂ©s au sommet de lâEtat ?
Lâinterrogation guide lâinvestigation vers la couverture de la profondeur sociologique par la codification juridique.
En dĂ©pit des proclamations affĂ©rentes Ă sa modernitĂ©, le style de lâautoritĂ© a partie liĂ©e avec les dispositions subjectives lĂ©guĂ©es par la rĂ©manence de lâancienne sociĂ©tĂ©.
Indistinction de la personne et de la fonction, le pouvoir personnel perpĂ©tue son colloque avec une structure collective dĂ©finie par lâindiffĂ©renciation des multiples secteurs sociaux.
EntremĂȘlĂ©s, politique, Ă©thique, religion, Ă©conomie, parentĂ© ou droit interfĂ©rent sans nettes frontiĂšres.
Hantise et mirages
DétrÎné voici, à peine, quelques décennies, le bey, «possesseur du royaume de Tunis » hante le palais de ces deux héritiers.
Les auteurs de lâouvrage titrĂ© « La rĂ©gente de Carthage » nâont guĂšre cĂ©dĂ© Ă lâillusion dâun mirage. Mais alors, ici ou lĂ , dâoĂč provient, donc le roi ? Une archĂ©ologie de la chefferie ne saurait contourner la question posĂ©e a priori. Paresseuse, mystĂ©rieuse et impossible Ă vĂ©rifier, lâexplication de la royautĂ© par le choix ou le droit divins arrĂȘte lâenquĂȘte avant mĂȘme de lâautoriser.
Lâautre voie, humaine, terrestre, empirique, aide le chercheur, incrĂ©dule et mal outillĂ© pour capter les voix de la divinitĂ©, Ă retomber sur ses pieds.
La notion de « propriĂ©tĂ© Ă©minente » oriente lâinterprĂ©tation, cruciale, des lĂ©gitimitĂ©s royales.
Partout, dans lâancienne sociĂ©tĂ©, lâimbrication des rapports de production dans les relations de parentĂ©, elles âmĂȘmes cimentĂ©es par la morale et la religion, surdĂ©termine le style hĂ©gĂ©monique, totalisateur et patriarcal de lâautoritĂ©.
A ce propos, Islam et Chrétienté sont à renvoyer dos à dos.
Les imputateurs de lâĂ©thos dictateur Ă la gĂ©nĂ©alogie successorale de la chefferie arabo – musulmane, depuis le quarteron khalifal, oublient de regarder Ă cĂŽtĂ©.
Les vĂ©tĂ©rans du culturalisme abstrait donnent Ă voir la rĂ©pĂ©tition de pareille suppulation pour une dĂ©monstration ; mais, nâen dĂ©plaise aux ouailles de lâillusion historiciste, pour ĂȘtre eux âmĂȘmes dans les conjonctures spĂ©cifiques de leur sociĂ©tĂ© en lutte contre lâoccupation coloniale, Bourguiba, Mohamed V et Nasseur , nâavaient besoin de copier ni Salazar, ni Franco, ni Mussolini, ou Hitler.
Eclairer celui-ci, par celui -la fourre dans lâombre les deux Ă la fois. Maintenant, il sâagit de congĂ©dier le superficiel pour sonder les abysses pluridimensionnelles.
Au nord, la dissolution, bien plus avancĂ©e, de lâancienne sociĂ©tĂ©, par le systĂšme capitaliste gĂ©nĂ©ralisĂ©, a favorisĂ© lâĂ©mergence de lâindividu libĂ©rĂ© des entraves groupales, morales et sacerdotales. Ainsi naissait la rĂ©publique dĂ©mocratique et le siĂšcle de PĂ©riclĂšs Ă©choue Ă infirmer lâapport de cette problĂ©matique.
Au sud, la transition bloquĂ©e par les rapports internationaux dâinĂ©galitĂ© provoque, aujourdâhui, lâimplosion, rĂ©volutionnaire, des subversions populaires. VoilĂ pourquoi « la mentalitĂ© » arabe, ou « primitive » selon le mot de LĂ©vy âBrĂŒhl, Ă lâĂ©vidence ethniciste , nâexiste pas.
Les sociologues avisés, tels Berque, Bourdieu, Lévy Stauss ou Balandier ne recourent jamais à ce terme piégé.
Dans ces conditions, oĂč une relation Ă double sens unit les dispositions subjectives aux structures objectives, la claque, fictive ou effective, attribuĂ©e Ă Faida Hamdi, attire lâattention vers ce lieu, profond, oĂč demeure Ă dĂ©busquer le sens de la rĂ©volution.
Tout entier, le socle anthropologique bascule Ă lâheure, peu tranquille, oĂč lâaĂźnĂ© perd sa crĂ©dibilitĂ© auprĂšs du jeune rĂ©voltĂ©.
Les tĂ©moignages imprimĂ©s dans la mĂ©moire des encore vivants depuis quelques huit dĂ©cennies, tel, entre autres, lâactuel premier ministre, projettent un Ă©clairage sur lâampleur et la nature sociĂ©tale de la rupture gĂ©nĂ©rationnelle. Avec les gavroches dâHammam-Lif, ces derniers sĂ©niors Ă lâeil toujours vif, gambadaient derriĂšre le carrosse de Moncef Bey aux cris de « Allah younsor Sidna ».
Depuis, la temporalitĂ© sociologique subvertit la grille de lecture juridique et lâillusion chronologique de la datation historique.
Le roi biologique est mort mais, quelque part, le spectre du monarque symbolique hante le palais de ses deux héritiers.
Ce dĂ©phasage rythmique indique la tranche dâĂąge dâoĂč fuse, davantage, le cri « dĂ©gage ». AmplifiĂ© par les moyens de communication Ă©lectroniques, ce terme Ă©tonne lâhumanitĂ© pour une raison cachĂ©e.
Par delĂ le sens adressĂ© aux divers prĂ©sidents Ă congĂ©dier, il donne Ă voir lâanalyseur de lâample transformation traversĂ©e par les catĂ©gories de pensĂ©e. Eu Ă©gard Ă pareille cassure, les gens de lâactuel gouvernement ne sont pas de « mauvais communicateurs » ; mais les Ă©metteurs de ce reproche seraient bien inspirĂ©s de replacer les procĂ©dures mĂ©diatique dans le gouffre, sans fond, de la rupture sociologique.
Ce premier dĂ©blayage exhume le support sur quoi prospĂšrent et prolifĂšrent les dĂ©bats. La persistance du pouvoir personnel, sous le paravent des mimiques dĂ©mocratiques, taraude les scrutateurs de lâhorizon constitutionnel.
«Non, non haram par ici. Pas maintenant»
Une fois le 7 chassĂ©, Ă juste titre, par son double, paralysie de lâĂ©conomie et insĂ©curitĂ© perpĂ©tuĂ©e guident le soupçon vers les vents contraires Ă la rĂ©volution.
Parmi les foyers de la confrontation figure, déjà , la croix du fameux « ça ne se fait pas » (la Yajouz).
Sur la grande avenue, lâapparition des jolies jambes nues, sitĂŽt le printemps venu, attire le regard inquisiteur et torve, des barbus.
A deux promeneuses, lâun dâentre eux dit : « Vous allez voir ce que vous allez voir maintenant que Leila est partie » Bonjour tristesse ! Le programme de la formation religieuse exhibe les orientations dâune Ă©conomie prospective, mais il occulte les principes, catĂ©goriques, de son inspiration prohibitive.
Tarte Ă la crĂšme, lâislam Ă©clairĂ© pourrait accumuler des ombres bien sombres.
Au cĆur de ces nuages scintille le dĂ©codage de ce message :
Surveiller, interdire et sévir
Pour lâinstant, une activitĂ© intense anime les rangs. Les observations rivalisent avec la marche, serrĂ©e, les lĂ©gions.
Le 11 avril 2011, un cortĂšge funĂšbre entre au cimetiĂšre du Jellaz. AussitĂŽt le cercueil retirĂ© du fourgon et dĂ©posĂ© Ă terre, les hommes, alignĂ©s dans les rangs orientent leurs mains ouvertes vers le ciel pour commencer Ă rĂ©citer, avec Ă©moi, la fatiha. Mais six barbus, athlĂ©tiques et de blanc vĂȘtus, accourent, gesticulent et crient Ă lâunisson « Non, non, haram, pas ici, pas maintenant ! ».
Aux croyants, sidĂ©rĂ©s par la nouveautĂ©, le groupe minoritaire explique Ă lâassemblĂ©e majoritaire la raison de son irruption par sa rĂ©fĂ©rence à « la juste religion ». GalvanisĂ©s par les sondages, la performance promise, la panique laĂŻque et les perspectives dâĂ©lections dĂ©mocratiques, les partisans de lâoption thĂ©ocratique maximalisent leur visibilitĂ© sur la place publique. Elle Ă©veille lâintĂ©rĂȘt, la tactique et la stratĂ©gie dâautres partis. Ainsi, le ressentiment provoquĂ© par lâexclusion pourrait inciter les militants de lâancien pouvoir dominant Ă opter pour un vote sanction oĂč la connivence avec les tenants de lâargumentation coranique orienterait les voix contre lâĂ©ventuelle coalition laĂŻque. Mais rien nâempĂȘche certains, parmi les dits affiliĂ©s Ă la vexion dĂ©mocratique de courtiser Ennahdha, ainsi campĂ©e au centre de lâĂ©chiquier politique. Les systĂšmes dâalliance avec lâadversaire, sanguinaire, dâhier exposent le moins outillĂ© Ă payer les pots cassĂ©s aussitĂŽt franchi le seuil du pouvoir malaisĂ© Ă partager.
Dans la guerre des convictions, lâavenir appartient Ă qui dĂ©tient la force de le dĂ©finir. Homme de culture et de talent, Youssef Seddik entretient la flamme, ou lâespoir, de la fraternisation. Il objecte, aux islamistes intransigeants, une lecture inauthentique de lâĂ©criture coranique. De lâinadĂ©quation sourd lâallĂ©geance aux prĂ©dicateurs de la violence. Ainsi, les houdouds ne seraient guĂšre les interdits Ă ne jamais transgresser, mais ils dĂ©signent des « limites » Ă ne pas trop dĂ©passer. La rectification sĂ©mantique ajouterait de lâeau dans le vin des sourcils froncĂ©s. Toutefois, lâefficacitĂ© symbolique de la croyance religieuse nâexiste pas hors de la façon dont les agents sociaux croient ici et maintenant.
LâexĂ©gĂšte aurait la partie belle au cas oĂč sa leçon parviendrait Ă occuper le champ de lâhĂ©gĂ©monie culturelle, car dans lâĂ©pistĂ©mologie contemporaine des sciences humaines le point de vue a supplantĂ© la notion de vĂ©ritĂ©.
Au terme de lâanalyse, lâĂ©rudit avise et le chef charismatique, lui aussi instruit, mobilise. Il ne parle pas du lieu oĂč ses contradicteurs parlent. Et lâheure presse ! Depuis le raz de marĂ©e contestataire, la floraison printaniĂšre des conduites irrĂ©guliĂšres signalise lâanomie, passage Ă vide oĂč les rĂ©gulateurs dĂ©mocratiques tardent Ă remplacer les vieux repĂšres mafieux.
Ainsi avance lâaiguille, fatidique, de lâurgence, contre lâexigence de laisser le temps au temps de la rĂ©flexion.
Réceptacle de toute les tensions, la constitution donne à voir la chatte sur le toit brûlant
Une fois dĂ©molie par lâinfamie du bandit fuyant, la clef de voĂ»te constitutionnelle de la gestion politique dĂ©stabilise la stratification hiĂ©rarchique. Cette crise de confiance, ouverte sur le chaos, lamine la rĂ©gulation par lâordre et lâobĂ©issance, unique façon mise en Ćuvre pour Ă©difier une sociĂ©tĂ©. Outre les outrances des conflits crapuleux, corporatistes ou partisans et la chienlie infiltrĂ©e au cĆur de lâĂ©conomie, lâanomie, moment redoutable, oĂč le bon dieu peut sâallier avec le diable, origine la question insoutenable : comment gouverner lâingouvernable ?
Pareille interrogation focalise lâinvestigation sur la vue dâensemble et le surplomb quand la spĂ©cialisation, inĂ©luctable, pourrait montrer lâarbre mais cacher la forĂȘt.
Source: âLe Tempsâ Le 07-05-2011

