7 mai 2011

TUNISNEWS
11 Úme année, N°4001 du 07.05.2011


F .T.C.R: Occupation d’un gymnase par les jeunes migrants tunisiens

AFP: Tunisie: couvre-feu à Tunis aprÚs des violences, un parent de Ben Ali condamné

AFP: Tunisie: un proche de Ben Ali condamné, nouvelle manifestation à Tunis

AFP: Des journalistes tunisiens sous le choc craignent un retour Ă  l’ancien rĂ©gime

Belga: Tunis bloque pour la premiĂšre fois un bateau d’immigrants

Chabbi Mahrez: Sales flics

Khaled MABROUK: Je me dis démocrate, progressiste et moderniste



REVUE DE PRESSE

La F .T.C.R
Urgent

Occupation d’un gymnase par les jeunes migrants tunisiens

Paris le 7 mai 2011
Les jeunes tunisiens migrants venus de Lampedusa occupent un gymnase au 100 rue de la fontaine au roi à Paris métro belleville ou couronnes
La F .T.C.R. appĂšlent au soutien des jeunes sans toit sans ressources. Soyons nombreux pour Ă©viter le pire. Exigeons une rĂ©gularisation et l’ouverture immĂ©diate de nĂ©gociations avec l’OFI et le ministĂšre de l’intĂ©rieur
Pour une solidarité effective avec les jeunes de la révolution tunisienne, il est encore temps pour que la justice gagne.
Vive la solidarité avec les migrants tunisiens
A bas la chasse aux immigrés
Vive la révolution tunisienne

Tunisie: couvre-feu à Tunis aprÚs des violences, un parent de Ben Ali condamné

 
De Kaouther LARBI et Sonia BAKARIC (AFP) – le 7 mai 2011
 
 
TUNIS — Le gouvernement a dĂ©crĂ©tĂ© samedi un couvre-feu nocturne Ă  Tunis et dans sa banlieue aprĂšs des “violences et pillages”, signe d’un malaise persistant en Tunisie quatre mois aprĂšs le renversement du rĂ©gime autoritaire du prĂ©sident Ben Ali.
 
Dans la journĂ©e, la justice tunisienne a prononcĂ© sa premiĂšre sentence contre un membre de l’ex-famille prĂ©sidentielle en condamnant Imed Trabelsi, neveu de l’Ă©pouse du prĂ©sident dĂ©chu en janvier, Ă  deux ans de prison.
 
Le couvre-feu instaurĂ© dans la soirĂ©e s’applique de 21H00 Ă  05H00 (22H00 Ă  06H00 GMT) et est en place pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e, ont dĂ©clarĂ© les ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de la DĂ©fense dans un communiquĂ© citĂ© par la tĂ©lĂ©vision et l’agence TAP.
 
“Le ministĂšre de l’IntĂ©rieur et le ministĂšre de la DĂ©fense annoncent qu’un couvre-feu a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© avec interdiction de circuler dans Tunis et sa grande banlieue Ă  partir d’aujourd’jui de 21H00 jusqu’Ă  05H00 en raison des violences et pillages commis dans la banlieue de Tunis vendredi et samedi et surtout dans la nuit de vendredi Ă  samedi”, selon le texte.
 
Selon une habitante, des jeunes ont saccagĂ© et pillĂ© un grand magasin d’Ă©lectro-mĂ©nager, une pharmacie et ont incendiĂ© plusieurs vĂ©hicules dans la banlieue dĂ©favorisĂ©e d’Ethadamen, oĂč des manifestations s’Ă©taient dĂ©roulĂ©es en janvier, avant la chute du prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier.
 
Des informations non confirmĂ©es font aussi Ă©tat de violences dans la ville de Gabes, dans le Sud, et Ă  Sidi Bouzid, dans le centre, d’oĂč Ă©tait parti le mouvement de contestation en dĂ©cembre.
 
Avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis et Ă©picentre de la contestation, aucun vĂ©hicule Ă  part quelques voitures de police ne circulait samedi soir. Des barbelĂ©s bloquaient les accĂšs au ministĂšre de l’IntĂ©rieur, a constatĂ© une journaliste de l’AFP.
 
Des manifestations anti-gouvernementales se sont dĂ©roulĂ©es chaque jour depuis jeudi Ă  Tunis. Samedi, un rassemblement a rĂ©uni plusieurs centaines de personnes avant d’ĂȘtre dispersĂ© au gaz lacrymogĂšne par les forces de l’ordre.
 
MassĂ©s devant le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, les manifestants scandaient des slogans comme “Gaz lacrymogĂšnes et cartouches, les Tunisiens n’ont pas peur”, “Peuple tunisien rĂ©volte-toi”, “ministĂšre de l’IntĂ©rieur, ministĂšre terroriste”.
 
La veille et l’avant-veille, la police avait violemment dispersĂ© des manifestants qui rĂ©clamaient la “dĂ©mission” du gouvernement transitoire et “une nouvelle rĂ©volution”.
 
Quinze journalistes couvrant ces événements ont été brutalisés par des policiers, selon le syndicat national des journalistes tunisiens.
 
Un couvre-feu avait été imposé en Tunisie le 12 janvier alors que la contestation était à son apogée. Il avait été levé sur tout le territoire le 15 février.
 
ParallĂšlement, un tribunal de Tunis a condamnĂ© samedi Imed Trabelsi Ă  deux ans de prison et Ă  2.000 dinars (environ 1.000 euros) d’amende pour consommation de stupĂ©fiants.
 
ArrĂȘtĂ© le 14 janvier, jour de la fuite de l’ancien dirigeant en Arabie Saoudite, Imed Trabelsi est sans doute aprĂšs l’ex-prĂ©sident Ben Ali et son Ă©pouse LeĂŻla l’un des hommes les plus dĂ©testĂ©s de Tunisie.
 
“Cette condamnation ne va pas calmer le peuple qui rĂ©clame justice surtout dans cette pĂ©riode difficile”, a commentĂ© un militant des droits de l’homme, Mokhtar Yahyaoui, soulignant l’importance d”‘informer les Tunisiens sur les autres implications d’Imed Trabelsi et leur faire comprendre qu’il ne s’agit que d’une premiĂšre condamnation”.
 
Imed Trabelsi avait Ă©tĂ© poursuivi sans succĂšs en France pour “vols en bande organisĂ©e” pour s’ĂȘtre appropriĂ© en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-prĂ©sident Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy.
 
Sa premiÚre apparition le 20 avril devant la justice tunisienne, cheveux gominés et costume-cravate, entourés de policiers avait déclenché une vague de haine dans le public.

Tunisie: un proche de Ben Ali condamné, nouvelle manifestation à Tunis

De Kaouther LARBI et Sonia BAKARIC (AFP) – Le 7 mai 2011
 
TUNIS — La justice tunisienne a prononcĂ© samedi sa premiĂšre sentence contre un membre de l’ex-famille prĂ©sidentielle Ben Ali, en condamnant Imed Trabelsi, neveu de l’Ă©pouse du prĂ©sident dĂ©chu, Ă  deux ans de prison.
 
L’annonce du verdict est survenue pendant une nouvelle manifestation anti-gouvernementale, forte de plusieurs centaines de personnes, dispersĂ©e par les forces de l’ordre Ă  Tunis qui ont procĂ©dĂ© Ă  des tirs de gaz lacrymogĂšnes.
 
Plusieurs rafales de tirs de sommation ont été entendues.
 
“Imed Trabelsi a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  deux ans de prison et Ă  une amende de 2.000 dinars (environ 1.000 euros) pour consommation de stupĂ©fiants”, a dĂ©clarĂ© une source judiciaire Ă  l’AFP.
 
La lecture du verdict devant un tribunal de Tunis en prĂ©sence du prĂ©venu n’a durĂ© que 30 minutes, selon cette source. La premiĂšre audience publique dans cette affaire de consommation de stupĂ©fiants avait eu lieu le 20 avril.
 
Imed Trabelsi est sans doute aprĂšs l’ex-prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali et son Ă©pouse LeĂŻla l’un des hommes les plus dĂ©testĂ©s de Tunisie.
 
ArrĂȘtĂ© le 14 janvier, jour de la fuite du prĂ©sident dĂ©chu en Arabie Saoudite, Imed Trabelsi avait Ă©tĂ© placĂ© en dĂ©tention avec d’autres membres de sa famille sur la base militaire Ă  l’Aouina, prĂšs de Tunis.
 
“Cette condamnation ne va pas calmer le peuple qui rĂ©clame justice surtout dans cette pĂ©riode difficile”, a commentĂ© un militant des droits de l’homme, Mokhtar Yahyaoui, soulignant l’importance d”‘informer les Tunisiens sur les autres implications d’Imed Trabelsi et leur faire comprendre qu’il ne s’agit que d’une premiĂšre condamnation”.
 
Imed Trabelsi avait Ă©tĂ© poursuivi sans succĂšs en France pour “vols en bande organisĂ©e” pour s’ĂȘtre appropriĂ© en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-prĂ©sident Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy.
 
En mai 2007, la justice française avait Ă©mis un mandat d’arrĂȘt Ă  son encontre, mais la justice tunisienne avait refusĂ© de l’extrader.
 
Sa premiÚre apparition devant la justice tunisienne, cheveux gominés et costume-cravate, entouré de policiers avait déclenché une vague de haine dans le public.
 
Sa dĂ©fense avait fait l’objet d’un vif dĂ©bat sur la nĂ©cessitĂ© de le dĂ©fendre, des avocats affirmant que la chambre correctionnelle Ă©tait incompĂ©tente pour le juger, ne faisant que redoubler la colĂšre du public. Finalement le juge Lassad Chamakhi dĂ©cidait de reporter le procĂšs au 7 mai.
 
Mokthar Trifi, prĂ©sident de la Ligue tunisienne de dĂ©fense des droits de l’homme, dĂ©clarait rĂ©cemment que “chaque personne a droit Ă  un procĂšs Ă©quitable quel que soit son crime”. “La dignitĂ© de chacun doit ĂȘtre prĂ©servĂ©e et nous sommes tous contre les traitements dĂ©gradants”.
 
L’Ă©vocation des crimes commis par les Trabelsi, qualifiĂ©s de “clan quasi-mafieux” impliquĂ© dans plusieurs affaires d’escroquerie, ne tarit pas dans la presse comme dans la rue.
 
“Il faut que la justice assume son rĂŽle parce que c’est le seul moyen de tourner la page Ben Ali”, a estimĂ© Abderrazak Kilani, bĂątonnier de l?ordre des avocats de Tunisie.
 
Dans le coeur de Tunis, de nouveau enveloppĂ©e par d’Ă©paisses fumĂ©es de gaz lacrymogĂšnes, la police a dispersĂ© une nouvelle manifestation anti-gouvernementale.
 
MassĂ©s devant le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, entourĂ© de barbelĂ©s, les manifestants scandaient des slogans comme “Gaz lacrymogĂšnes et cartouches, les Tunisiens n’ont pas peur”, “Peuple tunisien rĂ©volte-toi”, “ministĂšre de l’IntĂ©rieur, ministĂšre terroriste”.
 
La veille et l’avant-veille, la police avait violemment dispersĂ© des manifestants qui rĂ©clamaient la “dĂ©mission” du gouvernement transitoire et “une nouvelle rĂ©volution”.
 
Quinze journalistes couvrant ces événements ont été brutalisés par des policiers, selon le syndicat national des journalistes tunisiens.

Des journalistes tunisiens sous le choc craignent un retour Ă  l’ancien rĂ©gime

7/5/11 – 16 h 00 AFP – MONDE
 
Encore sous le choc, des journalistes tunisiens brutalisés pendant une manifestation à Tunis estiment que ces dérives laissent planer le doute sur un réel changement de régime.
 
“Nous sommes trĂšs en colĂšre. Nous avons fait cette rĂ©volution pour avoir la libertĂ© d’expression, c’est comme si l’ancien rĂ©gime Ă©tait encore lĂ ”, a dĂ©clarĂ© samedi Ă  l’AFP le prĂ©sident du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) Neji Bghouri.
 
Quinze journalistes -hommes et femmes- travaillant pour des mĂ©dias tunisiens et internationaux, dont un photographe de l’AFP, ont Ă©tĂ© brutalisĂ©s par des policiers lors de la couverture de manifestations anti-gouvernementales jeudi et vendredi Ă  Tunis, selon le SNJT. Ils ont Ă©tĂ© victimes de coups violents, d’insultes et se sont vu confisquer leurs appareils photo et camĂ©ras.
 
La rĂ©volution tunisienne, Ă  l’origine de la chute du prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, avait suscitĂ© des espoirs parmi des journalistes qui n’avaient connu pendant 23 ans que filatures, interrogatoires, pressions et menaces et qui s’interrogent dĂ©sormais sur “les dĂ©rives policiĂšres” et “la censure qui semble pointer”.
 
La presse tunisienne a unanimement condamnĂ© ces violences samedi, jugeant que “rien ne justifie un tel acharnement”. Les forces de l’ordre ont aussi procĂ©dĂ© Ă  des interpellations, frappant Ă  coups de pied et de matraque des manifestants dont certains Ă©taient Ă  terre.
 
Le ministĂšre de l’IntĂ©rieur a prĂ©sentĂ© vendredi soir ses excuses “aux journalistes et aux citoyens agressĂ©s involontairement”, affirmant dans un communiquĂ© son “respect pour le travail journalistique”.
 
Ces “excuses ne sont pas suffisantes, nous exigeons des sanctions car les journalistes Ă©taient clairement ciblĂ©s et la crĂ©ation d’une commission d’enquĂȘte avec des journalistes”, a rĂ©agi M. Bghouri.
 
Le moral au plus bas, la journaliste Marwa Rkik, 25 ans, qui travaille Ă  la radio tunisienne Kalima, peine Ă  se remettre de ces violences.
 
“J’Ă©tais en direct sur les ondes de Radio Kalima quand les affrontements ont commencĂ© devant l’hĂŽtel International. DĂšs que j’ai prononcĂ© la phrase +on frappe les journalistes+, deux policiers en civil ont couru vers moi avant de faire appel Ă  une dizaine de policiers en uniforme”, dit-elle.
 
“Ils m’ont frappĂ©e brutalement sur tout le corps Ă  coup de matraque et avec leurs casques. J’ai Ă©tĂ© blessĂ©e Ă  la tĂȘte et j’ai reçu 5 points de suture”, ajoute cette journaliste qui va dĂ©poser plainte.
 
Ces violences, accuse-t-elle, sont “une initiative de la police car le gouvernement n’est pas dingue pour faire ça. Les policiers sont furieux contre les journalistes suite Ă  la divulgation depuis le 14 janvier de leurs actes odieux” sous Ben Ali.
 
Pour le photographe de l’agence britannique Reuters Zoubeir Souissi, “ce qui s’est passĂ© hier est comme un feu vert aux policiers pour pratiquer les mĂȘmes mĂ©thodes que sous Ben Ali”.
 
Il raconte comment des policiers lui ont “ordonnĂ© de ne pas prendre des photos” avant de commencĂ© “Ă  le gifler et lui donner des coups de pied et des coups de matraque” en continu, tout en l’insultant.
 
Ensuite, dit-il, “un policier en civil a arrachĂ© mon appareil photo, je l’ai suivi pour lui demander de me rendre mon appareil et je lui ai proposĂ© de l’argent. LĂ , il m’a demandĂ© de le suivre et loin des regards, il a pris mes 100 dinars. J’Ă©tais heureux de rĂ©cupĂ©rer mon appareil”.
 
Les manifestants rĂ©clamaient la “dĂ©mission” du gouvernement transitoire et “une nouvelle rĂ©volution”.
 

Tunis bloque pour la premiĂšre fois un bateau d’immigrants

 
7/5/11 –
Les autoritĂ©s tunisiennes ont pour la premiĂšre fois stoppĂ© et renvoyĂ© en Tunisie samedi un bateau transportant des immigrants Ă  destination de l’Italie, en application d’un accord conclu entre Rome et Tunis, a annoncĂ© le ministre de l’IntĂ©rieur Roberto Maroni.
 
“Les autoritĂ©s tunisiennes ont pour la premiĂšre fois stoppĂ© un bateau tunisien rempli d’immigrants illĂ©gaux et l’ont renvoyĂ© en Tunisie”, a dĂ©clarĂ© M. Maroni Ă  la presse. “Cela montre que l’accord entre nos deux gouvernements fonctionne”, a-t-il soulignĂ©.
 
L’accord signĂ© le 5 avril par l’Italie et la Tunisie prĂ©voit l’octroi de permis de rĂ©sidences temporaires aux quelque 20.000 immigrants dĂ©jĂ  arrivĂ©s sur la sol italien et le renvoi des migrants dĂ©barquant aprĂšs cette date sur les cĂŽtes italiennes. La Tunisie a Ă©galement acceptĂ© de renforcer les mesures de sĂ©curitĂ© sur son littoral.
 
La dĂ©cision de l’Italie de dĂ©livrer Ă  des immigrants tunisiens des permis de sĂ©jour temporaires, qui leur permettent de circuler dans la zone europĂ©enne de Schengen, a provoquĂ© la colĂšre de la France, qui craint un afflux massif d’immigrĂ©s.
 
Mercredi, la Commission europĂ©enne a proposĂ© une plus grande latitude pour rĂ©tablir les contrĂŽles aux frontiĂšres nationales dans l’espace Schengen, comme le demandait la France. (belga)

 

Mustapha Ben Jaafar s’est rendu Vendredi 06 mai 2011 Ă  l’ElysĂ©e pour adresser une lettre au prĂ©sident de la rĂ©publique Française au sujet des migrants Tunisiens.

La lettre :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110506.OBS2564/migrants-tunisiens-la-lettre-de-mustapha-ben-jaafar-deposee-a-l-elysee.html

L’article du Nouvelobs :http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110506.OBS2573/un-tunisien-a-l-elysee-pour-denoncer-le-traitement-des-migrants.html

Cordialement, Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)


SALES FLICS.
Chabbi Mahrez
 
Entre la mosquĂ©e EL FATAH, Avenue de la libertĂ©, LAFAYETTE, et place BARCELONE jusqu’Ă  la grande gare de TUNIS, la flicaille et les cognes, les sabreurs patentĂ©s et autres frustrĂ©s de la matraque se sont dĂ©chaĂźnĂ©s, rĂ©pondant aux provocations de quelques petits imbĂ©ciles de voltigeurs qui se prenaient pour des gavroches, ils chargĂšrent avec une violence inouĂŻe, tout malheureux promeneurs tunisiens, et surtout les journalistes d’AL JAZIRRA; pas l’ombre d’une tĂ©lĂ© ou de journalistes tunisiens faisant leur boulot, filmant l’horreur avec dĂ©ontologie, ces nuls ont du mal Ă  se dĂ©faire de leurs chaines, et attendent encore la fumĂ©e qui sortirait peut-ĂȘtre de la cheminĂ©e du palais, on ne sait jamais; les journalistes tunisiens continuent Ă  faire leur sale besognet aux ordres, dĂ©gueulasses. La sortie bouffĂ©e d’oxygĂšne de RAJHI semble avoir foutu un sacrĂ© coup de pieds dans la fourmiliĂšre de la charogne, les cafards mauves dans leur capharnaĂŒm, paniquĂšrent de leur crĂ©puscule, lĂąchĂšrent leurs molosses, leurs hyĂšnes dressĂ©es Ă  la forfaiture et au mensonge, sus, sur la rue tunisienne, pour impressionner le peuple et le mater, l’obliger Ă  renoncer Ă  ses rĂȘves et Ă  ses droits.Mais ce que ces lĂąches n’ont pas compris et continuent d’ignorer, c’est que le mur de BERLIN, le mur de la peur tunisien est bel et bien tombĂ©; nous sommes libres, nous sommes nous, et eux des pions de la matrice des archaĂŻsmes et de la terreur .Nous avons en profondeur, dans les limbes de leur dĂ©gĂ©nĂ©rescence dĂ©truit leur systĂšme maffieux, et la peur a bel et bien changĂ© de camp, ce ne sont pas la folie meurtriĂšre et le nihilisme de leurs soudards et autres zombies qui pourront y changer quoique ce soit; dĂ©sormais le peuple tunisien a explosĂ© la rustine BEN ALI et liquĂ©fiĂ© la verrue LEILA TRABELSI, et leurs clans de tarĂ©, et qu’ils ne comptent plus sur le champ de mines des courtisanes qu’ils ont laissĂ© derriĂšre eux, les BACCOUCHE, ESSEBSI, MBAZAA, et les rĂ©sidus de fausse couche de la police politique, tous ces tueurs d’innocents ne valent que la morve de leur dĂ©sespoir, ils n’ont rien de tunisien, et sont assurĂ©ment traĂźtres Ă  la TUNISIE.
 
De port de FRANCE, Ă  la place du théùtre, tout tunisien, quelque soit son Ăąge, son sexe ou sa couleur est systĂ©matiquement agressĂ© par de miteux et misĂ©reux brinqueballes de flics, tapis derriĂšre les blindĂ©s de la garde nationale qui a pris fait et cause pour la rĂ©pression aveugle, une rĂ©pression salope qui tient plus de la guerre psychologique pour mater le peuple que du nĂ©cessaire maintien de l’ordre.
Faut-il encore une fois le prĂ©ciser et le dĂ©noncer? Les droits communs depuis 1956 et leurs hĂ©ritiers avec la police, miliciens fascistes faisaient la chasse aux passants avec une outrance et un zĂšle Ă  dĂ©corner tous les cocus, ces voyous qui juste aprĂšs la rĂ©volution ont jouis d’une immunitĂ© “diplomatique” incroyable, ce sont ces merdes, qui avec la bĂ©nĂ©diction et donc l’aval du gouvernement de transition, qui pourrissent les rues et artĂšres de TUNIS, toutes les artĂšres, avec des ventes sauvages Ă  tous les niveaux, des Ă©talages Ă  vomir de dĂ©goĂ»t , on dirait un immense marchĂ© aux voleurs, de la contrebande, des produits volĂ©s, de la contre façon, des produits frelatĂ©s, pĂ©rimĂ©s, ces mentalitĂ©s dĂ©truites, finies Ă  l’urine, aucune raison ne peut croire que c’est le fruit du hasard toute cette dĂ©bandade, c’est vraiment une stratĂ©gie planifiĂ© par des ordures RCD, genre BACCOUCHE et compagnie, et sieur RAJHI ne s’en est pas laissĂ© compter, il n’est pas nĂ© de la derniĂšre pluie, les tunisiens non plus.
J’ai encore en tĂȘte les visages de certains flics demandant pardon aux tunisiens juste aprĂšs le 14 janvier, les hypocrites, ces derniers jours ce sont les mĂȘmes qui coursaient des femmes avec enfants et qui les matraquaient avec tout ce leur tombaient entre les mains, leurs matraques rĂ©glementaires ne suffisaient plus, ces salauds avaient des gourdins, des barres de fer et des battes de base-ball en ferraille; des lance grenades qu’ils utilisaient en tir tendu, les fascistes de merde, ils pissent sur toute forme de convention, nationale et internationale, ils veulent juste servir leurs maĂźtres, des super flics mauves, refaire de la TUNISIE une immense prison Ă  ciel ouvert et retrouver leurs privilĂšges, racketter les taxis, les hordes de putes, les bisness des zones touristiques, boire Ă  l’Ɠil, bouffer Ă  l’Ɠil, baiser Ă  l’Ɠil, torturer Ă  l’Ɠil, violenter Ă  l’Ɠil; aucune Ă©ducation, aucun encadrement, l’insulte , la haine, le mĂ©pris sont leur bible, Ă  dix contre un gamin Ă  terre Ă  le shooter comme un ballon de foot, en insultant son pĂšre le pĂ©dĂ©, sa pute de mĂšre, et Dieu, surtout DIEU, cette canaille a Ă©tĂ© Ă  l’Ă©cole d’un grand criminel, BEN ALI, et les Ă©levĂ©s ont dĂ©passĂ© le maĂźtre, il faudra que la nouvelle TUNISIE instaure illico presto un Ă©tat de DROIT pour nous dĂ©barrasser de ces frustrations qui n’ont plus rien d’humain et qui sont plus que dangereux, et pour aussi gĂ©rer le pays selon l’ordre rĂ©publicain et le Desiderata de la majoritĂ© du peuple tunisien dans un esprit de concorde, RAJHI et son discours sont dans cette Ă©tat d’esprit, pas les imbĂ©ciles caciques mauves de ce sale et illĂ©gitime gouvernement de transition.
Rien n’ a changĂ© en Tunisie, sauf l’essentiel, c’est Ă  dire le mental et le mentalitĂ© de la majoritĂ© des tunisiens, ceux qui comptent, pas les truands et les malfaiteurs et les dĂ©linquants politiques, eux rĂȘvent du retour de BEN ALI, et nous , nous sommes contre tout passĂ©isme, celui de BEN ALI ou d’autres qui se la jouent, dĂ©mocrates au rabais.
Oui aujourd’hui, les voyous, les flics et quelques imbĂ©ciles de provocateurs s’en donnent Ă  cƓur joie Ă  salir la mĂ©moire des morts et des vivant, demain les dĂ©mocrates devront rogner les ailes Ă  ces vautours et pas n’importe comment, tout doit se faire dans la lĂ©galitĂ© selon le DROIT tunisien.
MĂȘme au CHILI les voitures de police qui se veut rĂ©publicaine, des 4×4, des “bagga’, des “zina wa aziza” de la SNT ne chargerait pas la foule composĂ©e d’une majoritĂ© de promeneurs.Des vĂ©hicules conduits par des gradĂ©s, bordels de merde, qui devraient donner l’exemple Ă  la troupe de flicaille stupide, ne cessaient de donner le mauvais exemple; effectivement ,je suis d’accord avec RAJHI, nous n’avons pas fini avec la hargne et la menace des salopards , nous avons perdu trop de temps avec ces ordures de caciques du RCD et ses miliciens, il n’y avait pas que BEN ALI Ă  dĂ©gager, mais tout un “MONDE”, un Ă©tat d’esprit; on Ă©tait plusieurs militants de la premiĂšre heure Ă  le dire, en butte avec quelques pseudos militants de la vingt cinquiĂšme heure, qui se reconnaitront, et cette noria de partis croupions, qui ont le poids du vide sidĂ©ral de leurs discours d’arrivistes et d’opportunistes .
Aujourd’hui, en TUNISIE, le dĂ©sespoir ce sont ces moins que rien, et ESSEBSSI, BACCOUCHE, MBAZAA, FRIA et compagnie.
Pour finir et je ne sais si cela pourrait servir, plusieurs tĂ©moins Ă©taient sur place, horrifiĂ© par ces scĂšnes horribles oĂč des voitures blindĂ©s chargeaient la foule accompagnĂ©es de hordes de ninjas sauvages et de civils cagoulĂ©s, voici les numĂ©ros de ces vĂ©hicules de police :22129,18743,17443,17716,18306,19368.Moi je suis de ceux qui ne mĂ©prisent pas la justice, donc la mĂ©moire.

Je me dis démocrate, progressiste et moderniste


 

Khaled MABROUK

Je fus conquis par l’aspiration de mon peuple aux valeurs universelles.

Je fus ravi par son enthousiasme et par sa spontanéité.

Je fus compréhensif de concéder un peu de ma sécurité.

Je fus patient pour voir mes conditions matérielles améliorées.

 

On s’accordait sur la fin mais on se perdait dans les divisions quant aux moyens.

J’étais Ă  la fois proche et distant de ceux avec qui je partageais les mĂȘmes causes.

L’identitĂ© de pensĂ©e serait une condition Ă  l’unitĂ©, or elle est liberticide.

Faute d’arguments, on Ă©changeait injures et ignominie.

 

Sommes-nous davantage orgueilleux que tolérants ?

Notre ego passerait-t-il avant nos aspirations.

Je suis indignĂ© du chaos qui s’installe et perdure.

Je suis atteint dans l’intĂ©gritĂ© de mon peuple pĂ©tri de contradictions.

 

Je suis dominĂ© par le doute et envahi d’incertitudes.

Je suis peiné dans ma conscience et meurtri dans mon pays.

Je suis froissé dans mes rapports humains et mes sentiments altruistes.

Je suis déchiré dans mes convictions et ne sais plus à quel saint me vouer.

 

Je n’y suis pour rien, c’est la faute à l’autre. Or l’autre c’est moi.

Je m’engage dĂšs lors Ă  me rĂ©concilier
 et tendre une main.

PlutĂŽt que la confrontation et la discorde, unissons-nous autour du but suprĂȘme.

Gardons nos valeurs comme ciment et la diversité des solutions comme richesse.

 

Ne nous injurions pas. Ne nous divisons pas.

Je ne traiterais ni d’Ercdeiste ni d’attardĂ© celui qui pense diffĂ©remment.

Car l’injure et l’ignominie sont l’argument du faible.

Soyons unis, ne fĂ»t-ce que pour l’essentiel. Nous en aurions bien besoin.

 

Mabrouk_kh@yahoo.fr


Tunisie. Imed Trabelsi écope de deux ans de prison ferme

retweetImed Trabelsi, neveu de LeĂŻla Ben Ali, l’épouse du prĂ©sident dĂ©chu, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  2 ans de prison ferme et Ă  une amende de 2.000 dinars pour consommation de stupĂ©fiants.

Le jugement a Ă©tĂ© prononcĂ©, samedi, par le juge devant le tribunal de premiĂšre instance de Tunis, au terme d’une audience de 30 minutes, en prĂ©sence du prĂ©venu.

La premiĂšre audience publique dans cette affaire de consommation de stupĂ©fiants avait eu lieu le 20 avril. Son apparition au tribunal, cheveux gominĂ©s et costume-cravate, entourĂ© de policiers, avait dĂ©clenchĂ© une vague de protestation dans le public. En soutenant que la chambre correctionnelle Ă©tait incompĂ©tente pour le juger, ses avocats avaient provoquĂ© la colĂšre du public. Des manifestations ont eu lieu dans le tribunal. Le juge Lassad Chamakhi avait alors dĂ©cidĂ© de mettre fin Ă  l’audience et de reporter le procĂšs au 7 mai.

Le membre le plus dĂ©testĂ© du clan de LeĂŻla Trabelsi, sa tante et protectrice, est inculpĂ© dans plus d’une vingtaine de procĂšs. ArrĂȘtĂ© le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite, alors qu’il s’apprĂȘtait Ă  fuir le pays, il est dĂ©tenu depuis avec une trentaine d’autres membres de sa famille Ă  la base militaire de l’Aouina, au nord de Tunis, «une prison 5 Ă©toiles», ironisent les Tunisiens. A la suite de sa condamnation Ă  la prison ferme, il doit ĂȘtre incarcĂ©rĂ© aujourd’hui Ă  la prison de Mornaguia, Ă  20 km Ă  l’ouest de Tunis.

Imed Trabelsi avait Ă©tĂ© poursuivi sans succĂšs en France pour «vols en bande organisĂ©e» pour s’ĂȘtre appropriĂ© en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-prĂ©sident Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy.

En mai 2007, la justice française avait Ă©mis un mandat d’arrĂȘt Ă  son encontre, mais la justice tunisienne avait refusĂ© de l’extrader. La justice française avait alors acceptĂ© qu’il soit «jugé», ainsi que son complice et cousin Moez Trabelsi, en Tunisie. DĂ©fĂ©rĂ©s devant un tribunal tunisien, les deux hommes ont finalement Ă©tĂ© acquittĂ©s.

Source: “Kapitalis” Le 07-05-2011

Tunisie : une manifestation violemment réprimée à Tunis

Les forces de l’ordre ont trĂšs violemment rĂ©primĂ© une manifestation organisĂ©e en soutien Ă  l’ancien ministre de l’IntĂ©rieur Farhat Rajhi, qui avait dĂ©noncĂ© la veille un projet de coup d’État de l’armĂ©e. Une quinzaine de journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s par les policiers, avec de nombreux manifestants.

La rĂ©volution dans la rĂ©volution ? Le gouvernement transitoire de BĂ©ji CaĂŻd Essebsi ne l’entend pas de cette oreille. Ni les forces de l’ordre du ministĂšre de l’IntĂ©rieur qui ont rĂ©primĂ© quelque 200 manifestants dans le centre de Tunis avec des mĂ©thodes qui ne sont pas sans rappeler les heures fastes de l’ùre Ben Ali.

AprĂšs 20 minutes de protestations avec des slogans antigouvernementaux comme « dĂ©gage ! » ou le pouvoir « travaille toujours pour Ben Ali », les manifestants se sont trouvĂ©s en face d’un cordon de policiers dĂ©terminĂ©s Ă  les empĂȘcher de progresser en direction du ministĂšre de l’IntĂ©rieur sur l’avenue Habib Bourguiba. Puis soudain, sans raison apparente, les forces de l’ordre chargent Ă  coups de matraque et de gaz lacrymogĂšnes. Il est 13 heures 52.

Policiers cagoulés

Pris de panique, les manifestants, majoritairement des jeunes, et des piĂ©tons courent alors se mettre Ă  l’abri. AccompagnĂ©s d’un blindĂ© lĂ©ger qui circulait sur l’avenue, les policiers se lancent Ă  leur trousse. Pour la plupart cagoulĂ©s, ceux-ci circulent en moto ou Ă  pied, parfois avec des chiens.

Quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre procĂšdent Ă  de violentes interpellations, n’hĂ©sitant pas Ă  frapper Ă  coups de pied et de matraques des manifestants – dont certains sont Ă  terre. Le nombre des personnes interpellĂ©es n’a pas Ă©tĂ© communiquĂ©, pas plus que celui des blessĂ©s.

Quinze journalistes violemment agressés

Fathi Belaid, photographe de l’Agence France-Presse (AFP), a Ă©tĂ© sĂ©rieusement passĂ© Ă  tabac par des forces de l’ordre, comme quinze autres journalistes. « J’ai Ă©tĂ© agressĂ© par quatre policiers dans l’escalier du journal La Presse. Ils m’ont pris deux appareils photo et un ordinateur portable et m’ont frappĂ© sur la tĂȘte avec des barres de fer », a-t-il dit.

« Des dizaines de policiers en uniforme et en civil ont frappĂ© d’une maniĂšre cruelle des journalistes bien qu’ils savaient qu’ils Ă©taient journalistes et ils ont cassĂ© des appareils photos et poursuivi des journalistes jusqu’Ă  l’entrĂ©e du journal La Presse », Ă©crit le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) dans un communiquĂ©.

Outre Abdelfattah Belaid de l’Agence France-Presse (AFP) et du journal tunisienLa Presse, figurent Ă©galement parmi les journalistes agressĂ©s Chaffya Ibrahim du journal arabophone Echourouk, Zoubeir Essouissi de l’agence britannique Reuters, Houssem Hamed de la radio privĂ©e tunisienne chems FM, Nizar Elhajbi du journal La Presse et Ahmed Elfouli et Monia Abdallah de la chaine de tv privĂ©e tunisienne Hannibal ainsi que Massoud Kawach du journal arabophone El-Sahafa, ajoute le syndicat. Mais aussi Mohamed El-Hammi de l’agence EPA, Marwa Rkik de Radio Kalima, Hassan Dridi de l’agence de presse amĂ©ricaine Associated Press (AP), Hamza Elaouini de l’agence de presse TV, trois journalistes de la chaĂźne du Qatar Al-Jazeera – Lotfi Hajji, Mohamed Amin Ben Nejma et Anass ben Salah, selon le syndicat.

“Crime contre la libertĂ© de la presse”

Le SNJT, qui qualifie ces violences de crime contre la libertĂ© de la presse, dĂ©nonce les pratiques oppressives des agents de police Ă  l’encontre des journalistes. Ces violences ont pour but de verrouiller les mĂ©dias et de priver l’opinion publique des rĂ©alitĂ©s en Tunisie, selon le SJNT, qui met en garde contre les menaces de faire retourner le pays sous l’oppression qu’il a connu sous l’ancien rĂ©gime du prĂ©sident dĂ©chu Ben Ali. Le SJNT estime en outre que le gouvernement provisoire est entiĂšrement responsable de la protection des journalistes.

L’organisation de dĂ©fense des journalistes Reporters sans FrontiĂšres (RSF) a Ă©galement dĂ©noncĂ© ces violences et demandĂ© au gouvernement de transition d’ouvrir une enquĂȘte sur ces incidents et de donner des instructions claires aux forces de l’ordre afin que de telles pratiques cessent.

Des internautes s’étaient mobilisĂ©s sur Facebook pour appeler Ă  la tenue de cette manifestation organisĂ©e en soutien Ă  l’ancien ministre tunisien de l’IntĂ©rieur Farhat Rajhi, qui avait dĂ©noncĂ© la veille un complot du pouvoir et la prĂ©paration d’un coup d’État militaire. Celui-ci avait pourtant lancĂ© un appel au calme, juste avant la manifestation. Environ 300 manifestants pro-Rajhi avaient Ă©tĂ© dispersĂ©s jeudi par la police au mĂȘme endroit

Source : « Jeune Afrique » Le 07-05-2011

Tunisiens…Allons de l’avant

Par Par Saber Chtourou

Comme beaucoup de tunisiens, j’ai Ă©coutĂ© les enregistrements de l’interview de M. Rajhi et ses rĂ©actions quant Ă  la situation actuelle en Tunisie.

Comme beaucoup ma premiĂšre rĂ©action, a Ă©tĂ© la frustration de se sentir manipulĂ©, de sentir que je ne suis (pas) plus maitre de mon destin, que la rĂ©volution est en train d’ĂȘtre volĂ©e, instrumentalisĂ©e par des forces de l’ombre qui tiennent Ă  ce que les mĂȘmes schĂ©mas qui ont fait le chaos de la Tunisie se reproduisent
 bref j’hĂ©sitais entre dĂ©sespoir et dĂ©sillusion. Mais une fois cette montĂ©e d’adrĂ©naline liĂ©e Ă  l’attente des diffĂ©rents Ă©pisodes du feuilleton passĂ©e il me semble important d’une part de prendre un peu de recul par rapport aux Ă©vĂ©nements et d’autre part d’en tirer surtout les bonnes conclusions. Sans la libertĂ© de blĂąmer il n’est point d’éloge flatteur À son arrivĂ©e au ministĂšre de l’intĂ©rieur, M. Rajhi a reprĂ©sentĂ© pour beaucoup (et continue Ă  le faire vu le nombre de fan sur ses pages) un espoir d’un vrai changement de mentalitĂ©s, il a donnĂ© une impression de naĂŻvetĂ© spontanĂ©e, qui laissait croire qu’enfin nous sortirons de l’ùre la langue de bois, que nous avions enfin affaire avec quelqu’un qui dit vrai. Cette crĂ©dibilitĂ© a Ă©tĂ© appuyĂ©e par des dĂ©cisions “hĂ©roĂŻques” telles que le dĂ©mantĂšlement de la police politique, la dissolution du RCD,
 bref tout pour faire en sorte que les tunisiens soient bien prĂȘts pour « boire » ses derniĂšres dĂ©clarations et les prendre pour acquises. Il faut nĂ©anmoins pointer quelques incohĂ©rences et rappeler quelques faits. Pourquoi avoir rĂ©servĂ© ses dĂ©clarations Ă  des journalistes amateurs, il aurait pourtant pu parler Ă  Al Jazeera ou n’importe quelle autre mĂ©dia professionnel Ă©tranger et indĂ©pendant. En parlant Ă  un professionnel on garantit au moins un certain niveau d’éthique professionnelle mais surtout une opposabilitĂ© : Al Jazeera a une image Ă  dĂ©fendre et ne se permet de faire du n’importe quoi, un amateur lui, n’a pas Ă  se prĂ©occuper d’un tel fardeau. M. Rajhi dit plus rĂ©cemment que ses propos ont Ă©tĂ© tirĂ©s par l’insistance du journaliste et qu’il ne pensait pas ĂȘtre filmĂ©, pourquoi alors avoir dit en direct a 3h30 du matin qu’il ne regrettait rien, et qu’il assumait tout ce qu’il avait dit. Monsieur Rajhi se vante d’avoir dĂ©signĂ© les dĂ©lĂ©guĂ©s sur simple envoi de fax et suite Ă  deux jours de formation, est-ce acceptable ? Pour ma part je me pose des questions. Par ailleurs, Mr Rajhi dit que ses nominations n’ont pas Ă©tĂ© acceptĂ©es et que des personnes de l’ombre dĂ©signaient Ă  son insu. Dans de telles conditions et connaissant le contexte, n’aurait il pas Ă©tĂ© plus judicieux alors de dĂ©missionner ? Monsieur Rajhi dit (ou plutĂŽt spĂ©cule selon ses propres aveux) que le gĂ©nĂ©ral Ammar s’est dĂ©placĂ© a Qatar pour rencontrer l’ancien prĂ©sident, il aurait pu spĂ©culer aussi sur le fait que la visite s’est plutĂŽt faite dans le cadre des discussions avec le quartier gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain alors que la Tunisie Ă©tait sous les attaques de Gaddafi. Cette partie de l’entrevue me parait d’autant plus sensible que le GĂ©nĂ©ral Ammar, de par sa fonction ne peut rĂ©pondre Ă  de telles accusations et rĂ©vĂ©ler le contenu de sa visite sans mettre en danger la sĂ©curitĂ© du pays, qui vit une guerre Ă  ses portes. Le 6 Mai, beaucoup parlent d’intenter un procĂšs Ă  Mr Rajhi pour la gravitĂ© de ses propos et notamment ses allusions qui peuvent porter atteinte a l’institution militaire et donc Ă  la sĂ©curitĂ© du pays. L’intĂ©ressĂ© dĂ©ment avoir eu des intentions quelconques, et nous serons peut ĂȘtre amenĂ© Ă  condamner quelqu’un pour un abus de langage qui n’est pas tombĂ© dans les oreilles d’un sourd,
 pour ma part je pense d’une part que la responsabilitĂ© du journaliste est Ă©vidente et qu’il est tout aussi imputable du grabuge qui a lieu. D’autre part ça ne peut que me rappeler un vieil adage bien de chez nous : el 7orr yetchadd men lsanou (les libres sont tenus par leurs langues) eh oui dans une Ăšre ou l’information circule a vitesse grand V et oĂč l’on sacralise la libertĂ© d’expression on ne saurait rappeler l’importance de lier la libertĂ© Ă  la responsabilitĂ©. Magouille et alors
 Outre ces questions qui trottaient dans ma tĂȘte le plus important me semble de regarder vers l’avenir : quelles sont les vraies rĂ©vĂ©lations de Mr Rajhi, que des hommes de l’ombre commandent les dĂ©signations des personnalitĂ©s politiques. Je suis peut ĂȘtre trop pragmatique mais ce « tkambiss » a toujours fait partie de la politique et de tous temps. Pas plus tard qu’il quelques jours Trump, richissime milliardaire amĂ©ricain et grand partisan rĂ©publicain s’est vantĂ© d’avoir payĂ© des dĂ©tectives pour enquĂȘter sur la vĂ©ritable nationalitĂ© de Barack Obama. En France, l’affaire BĂ©tancourt, Total, et autres ne sont que des illustrations de cette « confusion » entre les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques. Croire que parce que nous avons fait une rĂ©volution, nous serons Ă  l’abri de tout cela me semble tout simplement illusoire. La question n’est pas de savoir s’il y a magouille ou pas, la question est plutĂŽt de savoir comment lutter contre. Il faut d’abord se poser la question pourquoi un citoyen lambda pourrait-il avoir autant de pouvoir, on peut supposer qu’un homme d’affaires soit Ă©coutĂ© par les plus hautes instances politiques d’abord parce qu’il a les moyens de « remercier » ceux qui lui font allĂ©geance. Il faut donc se doter des outils nĂ©cessaires pour limiter l’intrusion de l’économique dans le politique. Je pense notamment Ă  l’urgence d’établir une loi sur le financement des partis. Les rumeurs quant aux finances dĂ©mesurĂ©es d’Ennahdha, celles qui ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es par El Fajr sur une toute aussi dĂ©mesurĂ©e campagne autour du droit des femmes, la location des 37 bus rĂ©vĂ©lĂ©e par M. Rajhi, doivent toutes ĂȘtre traitĂ©es de la mĂȘme façon, Ă  savoir Ă©tablir clairement les rĂšgles du jeu. Sinon comment Ă©viter dans l’avenir qu’un autre « dĂ©lateur » ne vienne nous parler de x ou y homme d’affaire qui soutient tel ou tel parti a coup de millions. Plus les rĂšgles du jeu sont claires dĂšs le dĂ©part moins on risque d’avoir des problĂšmes pour accepter la victoire ou la dĂ©faite de tel ou tel parti. L’autre condition pour une vĂ©ritable vie dĂ©mocratique : l’existence d’un contrepouvoir crĂ©dible et fort. il n’y a aucun parti au pouvoir qui est dĂ©mocratique de son propre grĂ©, la dĂ©mocratie se gagne et ne se donne pas, la meilleure solution (et la seule viable) pour que les Ă©lections se dĂ©roulent bien est que des observateurs de tous les partis soient placĂ©s dans les bureaux de vote, il faut absolument que la partie qui organise les Ă©lections sache qu’elles sous la loupe, non pas la loupe des Ă©trangers (qui ont dĂ©jĂ  cautionnĂ© la dictature) mais la loupe des parties prenantes. C’est en se sachant surveillĂ©e que tout se passe bien. Par ailleurs, et quelque soit le gagnant des Ă©lections du 24 juillet, il faut qu’il soit contrĂŽlĂ© par une opposition forte qui a les prĂ©rogatives et le budget nĂ©cessaires pour pouvoir faire des contre enquĂȘtes, des audits, proposer une alternative. Actuellement notre paysage politique est trop fragmentĂ©, parcellĂ©, les partis sont d’abord motivĂ©s par des Ă©gos, des divergences personnelles que par une vĂ©ritable idĂ©ologie ou du moins vision de l’avenir. Peut on nommer les formations qui seraient capables de proposer des listes, des observateurs dans tous les bureaux de votes, j’en vois deux, les ex RCD et Ennahdha. Je suis contre une bipolarisation du dĂ©bat autour de la question religieuse qui tendrait Ă  opposer « religieux » vs « rĂ©publicains » mais dire qu’en Tunisie il y a 50 courants distincts, pas sur que ca tienne la route non plus
 Je pense qu’il est possible de les articuler autour de 3 ou 4 idĂ©es et prioritĂ©s communes (faut il libĂ©raliser l’économie, baisser les impĂŽts ou au contraire les monter pour amĂ©liorer les services publics, faut il aider les tunisiens a acquĂ©rir des voitures ou plutĂŽt amĂ©liorer les transports en commun, faut il encourager l’universitĂ© privĂ©e, ou plutĂŽt renforcer les universitĂ©s publiques ? Faut-il prĂ©server l’uniformitĂ© des diplĂŽmes pour garantir une Ă©quitĂ© entre les rĂ©gions ou plutĂŽt donner l’autonomie aux universitĂ©s et promouvoir la concurrence entre elles
) Par ailleurs et comme la prochaine Ă©chĂ©ance Ă©lectorale approche a grands pas, je suis toujours aussi dĂ©solĂ© de voir qu’aucun parti politique ne propose de mesures concrĂštes pour ce qui concerne la nouvelle constitution : on connait a peu prĂšs tous les dĂ©gĂąts occasionnĂ©s par Benali sur notre constitution mais pourquoi ne pas revenir tout simplement Ă  la constitution de 1959. La question du rĂ©gime parlementaire a Ă©tĂ© largement Ă©voquĂ©e dans la presse, il est trĂšs Ă©tonnant de voir que les partis politiques ne prennent pas de positions claires lĂ -dessus ? Quelles rĂ©formes constitutionnelles proposent-ils ? Il nous reste Ă  peine 2 mois et nous n’en savons encore rien. Il est certain que les dĂ©clarations de Mr Rajhi ont de quoi inquiĂ©ter mais il faut surtout Ă©viter de cĂ©der Ă  la panique et garder le cap sur ce qui compte le plus, prĂ©parer les Ă©lections du 24 Juillet et faire en sorte qu’elles aboutiront Ă  un gouvernement fort et lĂ©gitimĂ© par les urnes, un gouvernement qui fasse rĂ©ellement la rupture avec les dĂ©mons du passĂ© pour qu’enfin nous puissions savourer les fruits de la rĂ©volution du 14 Janvier.

Source : « Espace Manager » Le 06-05-2011

Un Tunisien Ă  l’ElysĂ©e pour dĂ©noncer le traitement des migrants

 

L’opposant tunisien Mustafa Ben Jaafar, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Forum dĂ©mocratique pour le travail et les libertĂ©s Tunisien (FDTL), est venu pour une journĂ©e Ă  Paris et s’est rendu aupalais de l’ElysĂ©e(voir vidĂ©o ci-dessous), ce vendredi 6 mai 2011. Il a souhaitĂ© remettre un courrier au PrĂ©sident de la RĂ©publique français, “suite aux arrestations et brimades injustifiĂ©es que subissent de trop nombreux citoyens tunisiens en France”, a-t-il expliquĂ©.

Lettre Ă  Nicolas Sakozy

Dans cette lettre, Mustafa Ben Jafaar, dĂ©nonce le “traitement injuste et indigne” rĂ©servĂ© aux migrants tunisiens en France et demande Ă  Nicolas Sarkozy “qu’un traitement plus humain soit accordĂ© Ă  ces migrants, compte tenu de la transition dĂ©mocratique en Tunisie”.

Depuis la fuite du prĂ©sident Ben Ali en janvier, plus de 20.000 Tunisiens ont gagnĂ© l’Ăźle italienne de Lampedusa pour se rendre, pour la plupart, en France. Mais le gouvernement français a adoptĂ© une politique de fermetĂ© vis-Ă -vis de ces migrants, multipliant depuis deux semaines les opĂ©rations policiĂšres et les reconduites aux frontiĂšres.

Ni des criminels ni des terroristes

“Moi, ce que je vois sur les Ă©crans, j’en suis offusquĂ©, je pense que tout le peuple tunisien est trĂšs touchĂ© par cette maniĂšre de traiter les Tunisiens qui ne sont ni des criminels, ni des terroristes”, a dĂ©clarĂ© Mustapha Ben Jaafar. Ce dernier, opposant de longue date au prĂ©sident Ben Ali qui pourrait se prĂ©senter Ă  la prĂ©sidentielle tunisienne prĂ©vue aprĂšs l’Ă©lection le 24 juillet d’une AssemblĂ©e constituante, demande “le respect de la dignitĂ© de tout un peuple et de sortir la question de l’immigration de la sphĂšre des enjeux Ă©lectoraux”.

Source : « Le Nouvel observateur » Le 07-05-2011

Les contrebandiers profitent des événements en Tunisie et en Libye

Alerte à la pénurie de semoule

Par : Nadia Mellal

Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a reconnu jeudi des perturbations dans l’approvisionnement en semoule dans certaines rĂ©gions du pays.

Intervenant dans une dĂ©claration Ă  la presse au Conseil de la nation, en marge d’une sĂ©ance plĂ©niĂšre consacrĂ©e aux questions orales, le ministre a observĂ© que “le stock de blĂ© de l’Office interprofessionnel des cĂ©rĂ©ales et les quantitĂ©s disponibles au niveau des ports sont suffisants”. InterrogĂ© sur les raisons de ces perturbations, il indique que “certaines perturbations dans l’approvisionnement en semoule sont dues Ă  une hausse de la consommation et Ă  la consĂ©cration de quantitĂ©s supplĂ©mentaires Ă  l’industrie des pĂątes”. M. Benbada a, par ailleurs, expliquĂ© la hausse du prix de la semoule, notamment dans les rĂ©gions centre et est du pays, par “la contrebande de ce produit vers la Tunisie et la Libye, compte tenu des perturbations politiques et sĂ©curitaires qui y sont enregistrĂ©es”. Dans ce cadre, le ministre a annoncĂ© que le marchĂ© sera Ă©galement alimentĂ© par le produit national qui sera disponible Ă  partir du mois de juillet, Ă©voquant la possibilitĂ© d’augmenter le taux d’approvisionnement des minoteries en cas de hausse de la demande de semoule sur le marchĂ©. Les pouvoirs publics avaient dĂ©cidĂ©, au dĂ©but de l’annĂ©e en cours, d’augmenter de 10% le taux d’approvisionnement des minoteries, soit 50 Ă  60% de leur capacitĂ© de trituration.

Aussi et, selon le membre du gouvernement, “les transformateurs de blĂ© assureront l’approvisionnement direct des marchands de dĂ©tail, ne serait-ce que pour quelques semaines”, notant que “certains d’entre eux s’approvisionnent en semoule des minoteries ou auprĂšs des marchands de gros, et procĂšdent Ă  sa commercialisation, notamment Ă  l’est du pays aux fins de la contrebande”. Par ailleurs, le ministre du Commerce a annoncĂ© la crĂ©ation d’une entreprise publique Ă©conomique d’un capital de 750 millions de DA, chargĂ©e de la concrĂ©tisation du programme de rĂ©alisation de 14 marchĂ©s de gros de fruits et lĂ©gumes Ă  caractĂšre national et rĂ©gional. Il a prĂ©cisĂ© que “cette entreprise, qui sera opĂ©rationnelle Ă  la fin du semestre en cours, assurera l’encadrement des opĂ©rations de distribution des produits agricoles”. “Sa crĂ©ation s’inscrit dans le cadre du renforcement et de la rĂ©gulation de l’activitĂ© de distribution des produits alimentaires”, dit-il, expliquant que “cette entreprise bĂ©nĂ©ficiera de crĂ©dits bancaires de l’ordre de 25 milliards de DA en prĂ©vision de la mise en Ɠuvre d’un programme d’investissement pour la crĂ©ation de marchĂ©s de gros modernes disposant de toutes les commoditĂ©s nĂ©cessaires”. Sur cette question, le membre du gouvernement a parlĂ© des mesures prises en matiĂšre de crĂ©ation d’espaces commerciaux et de marchĂ©s, expliquant que l’État a consacrĂ© 6 milliards de DA Ă  la rĂ©habilitation de 35 marchĂ©s de gros et 215 marchĂ©s de dĂ©tail dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009.

Source:”Liberte Algerie” Le 07-05-2011

Ennahdha a-t-il renié les idéaux de la révolution tunisienne?

 

Par Lotfi Benmosbah

Le parti islamiste tunisien est en train de renier les idĂ©aux de la rĂ©volution au profit d’un discours politico-religieux obsolĂšte qui veut faire croire que l’identitĂ© arabo-musulmane de la Tunisie est en danger.

La rĂ©volution tunisienne a quelque chose de singulier: menĂ©e spontanĂ©ment par la jeunesse, elle s’est produite sans leader. Or cette vaillante jeunesse parait s’ĂȘtre Ă  nouveau enfouie dans la masse. Elle laisse aux sĂ©niors le terrain politique. Mais ne nous leurrons pas, il ne s’agit pas de dĂ©mission, elle semble dire: «Epoumonez-vous Ă  souhait, nous n’élevons pas nos voix mais sommes aux aguets pour que nul ne s’avise de trahir les idĂ©aux de la rĂ©volution.»

Cette rĂ©volution qui a soufflĂ© pour obtenir plus de justice sociale, de dignitĂ© et de libertĂ© n’a en aucun cas portĂ© de slogan religieux. Aujourd’hui, toute personne ou parti politique qui voudrait aller en-deçà ou au-delĂ  des principes posĂ©s par cette bien dĂ©terminĂ©e jeunesse ira au suicide politique.

L’idĂ©al de libertĂ© que porte cette rĂ©volution a permis le retour des exilĂ©s politiques en Tunisie et la libĂ©ration de tous les prisonniers politiques.

Rached Ghannouchi change d’avis

D’un autre cĂŽtĂ©, un constat objectif: au moment de la rĂ©volution, le parti Ennahdha Ă©tait absent, il n’a prit aucune part Ă  la rĂ©volution. Mais, il en a bien profitĂ© puisqu’il a vu le retour de ses chefs historiques et la libĂ©ration de plusieurs de ses membres.

Cela devrait lui inspirer de l’humilitĂ© et le respect des idĂ©aux de la rĂ©volution. C’est ce qui ressortait des premiers discours de son chef historique avant son retour en Tunisie. Ce dernier laissait entendre qu’il allait prendre une retraite politique et que son parti ne participerait pas aux Ă©lections prĂ©sidentielles mais uniquement aux Ă©lections lĂ©gislatives. Ces dĂ©clarations laissaient percevoir la mĂ©connaissance de ce qui se passait rĂ©ellement en Tunisie puisqu’il restait dans le cadre de la constitution de 1959. Par ailleurs elles laissaient entendre qu’il se contentait d’ĂȘtre un acteur de second plan de la vie politique de la Tunisie de l’aprĂšs-Ben Ali en ne participant pas aux Ă©lections les plus importantes de la constitution de 1959: les Ă©lections prĂ©sidentielles.

Un discours qui fait peur et divise

Cependant, grisĂ© par un accueil plus que chaleureux et quelques rencontres rĂ©ussies avec les militants, Rached Ghannouchi a tĂŽt fait de changer de stratĂ©gie. Ainsi, les idĂ©aux portĂ©s par cette rĂ©volution ont Ă©tĂ© laissĂ©s de cĂŽtĂ© et c’est un discours politico-religieux obsolĂšte qui refait surface. Un discours qui veut faire croire que l’identitĂ© arabo-musulmane de la Tunisie est en danger. Un discours qui fait l’amalgame entre athĂ©isme et sĂ©paration du religieux et du politique. Un discours qui s’ingĂšre dans la vie privĂ©e. Il porte atteinte Ă  la libertĂ© individuelle fraichement et chĂšrement acquise. Les Tunisiens qui aspirent de toutes leurs forces Ă  cette libertĂ© n’entendent pas la sacrifier Ă  nouveau.

Ce discours fait non seulement peur Ă  une large partie de la population tunisienne mais, de surcroit, divise la Tunisie qui s’est unie autour des principes de la rĂ©volution.

Ainsi, Ă  moins de rĂ©viser une position et un discours pour en soustraire toute ambiguĂŻtĂ© relative Ă  l’inaliĂ©nabilitĂ© des libertĂ©s individuelles, les dirigeants d’Ennahdha se dirigent tout droit vers un suicide politique et porteront l’écrasante responsabilitĂ© d’avoir Ă©tĂ© ceux qui ont entrainĂ© la Tunisie dans une tourmente aux consĂ©quences incommensurables.

Source : « Kapitalis » Le 07-05-2011

Tunisie. Conférence de la Ligue de gauche ouvriÚre

Du 23 au 25 avril, une dĂ©lĂ©gation du NPA s’est rendue en Tunisie pour rencontrer diverses organisations anticapitalistes et assister Ă  la premiĂšre confĂ©rence nationale de la Ligue de la gauche ouvriĂšre (LGO). L’ensemble des organisations rencontrĂ©es (PCOT, PTPD, MPD, PD) ont toutes jouĂ© un rĂŽle majeur dans la rĂ©volution tunisienne. La dictature de Ben Ali avait forcĂ© les organisations anticapitalistes Ă  rentrer en clandestinitĂ© ou Ă  se dissoudre, confrontĂ©es Ă  une rĂ©pression fĂ©roce. Le travail patient et courageux de ces militantEs, depuis plusieurs annĂ©es, a Ă©tĂ© dĂ©cisif dans les prĂ©mices comme dans le dĂ©veloppement de la rĂ©volution. C’est dans ce contexte que s’est tenue la premiĂšre confĂ©rence nationale de la LGO qui devrait aboutir d’ici six Ă  neuf mois Ă  un congrĂšs de fondation. La LGO est prĂ©sente dans plusieurs villes et, bien que n’étant pas encore une organisation de masse, nombre de ses membres sont des dirigeantEs reconnuEs dans plusieurs secteurs de luttes, que ce soit dans les rĂ©centes grĂšves des PTT, dans les luttes fĂ©ministes ou encore dans les luttes des jeunes Ă©tudiants-chĂŽmeurs ou les occupations de la Casbah. Lors de la confĂ©rence, la situation sociale et politique, la crise et le processus rĂ©volutionnaire en cours ont Ă©tĂ© au centre des dĂ©bats. Mais c’est aussi l’intervention de la LGO au sein du mouvement de masse que devait prĂ©ciser cette confĂ©rence. Que ce soit au sein de l’UGTT, des Conseils de protection de la RĂ©volution, dans la haute instance oĂč siĂšge une camarade de la LGO, dans la jeunesse Ă©tudiante, chez les jeunes chĂŽmeurs, les femmes… l’intervention coordonnĂ©e des rĂ©volutionnaires est centrale afin de faire avancer la rĂ©volution, et tenter de limiter l’influence des rĂ©formistes ou des contre-rĂ©volutionnaires qui tentent de la paralyser. Mais c’est aussi le regroupement, au sein de fronts unitaires, des organisations rĂ©volutionnaires et progressistes qui est Ă  l’ordre du jour et dĂ©battu aujourd’hui, notamment l’avenir du Front du 14 Janvier. La discussion a tournĂ© autour du dĂ©veloppement des luttes et la perspective des Ă©lections Ă  l’AssemblĂ©e constituante, programmĂ©e par le gouvernement le 24 juillet prochain. Faut-il y aller et dans quel cadre d’alliance ? La situation actuelle en Tunisie est trĂšs instable et inĂ©gale selon les localitĂ©s et les secteurs, des grĂšves et des manifestations Ă©clatent quotidiennement. La population se politise et se radicalise de jour en jour et les mois Ă  venir vont ĂȘtre dĂ©cisifs. Afin de s’opposer aux rĂ©cupĂ©rations d’un appareil d’État qui n’a que peu changĂ© et qui peut trouver des relais dans des organisations rĂ©formistes et – aux forces impĂ©rialistes qui souhaitent une stabilisation pour relancer leur Ă©conomie –, une nouvelle Ă©tape de mobilisation est nĂ©cessaire pour approfondir le processus rĂ©volutionnaire en s’appuyant notamment sur les centaines de comitĂ©s populaires existant dans tout le pays.

Source : « NPA » Le 07-05-2011

Les Tunisiens connaitront-ils de nouveau la peur?

Aboubaker Maghraoui *

La Tunisie a vĂ©cu plus de 3.000 ans de tolĂ©rance. Son histoire en est imprĂ©gnĂ©e. Les Tunisiens ont de tout temps Ă©cartĂ© l’extrĂ©misme et ils continueront de le faire car ils n’ont plus peur.

La Tunisie a trouvĂ© le courage le 14 janvier de vaincre toutes ses peurs et de briser les chaines de la dictature, de la pensĂ©e unique et de la propagande politique. Pourtant, la peur est de nouveau dĂ©sormais un sentiment partagĂ© par beaucoup de citoyens. Certains aujourd’hui n’osent pas clamer tout haut le rejet de l’extrĂ©misme religieux et de l’islam politique par crainte que ces derniers prennent un autre jour le pouvoir et que s’en suive une nouvelle purge idĂ©ologique, Ă  l’instar de celle vĂ©cue durant les vingt derniĂšres annĂ©es de plomb.

Cette tendance est d’ailleurs exploitĂ©e par les mouvances extrĂȘmes religieuses qui profitent tant de l’indĂ©cision politique que de la rĂ©cupĂ©ration d’une rĂ©volution Ă  laquelle ils n’ont nullement contribuĂ©.

Se méfier des mots et des grandes idéologies

Les partis politiques Ă  caractĂšre religieux se jouent des Tunisiennes et des Tunisiens en leur affirmant que pour ĂȘtre un bon musulman, il faut vivre dans une sociĂ©tĂ© dont la gouvernance n’est non plus politique mais rĂ©gie par des principes religieux.

Ce raisonnement est faux. Rappelons tout d’abord que l’islam sunnite n’a pas de clergĂ© et qu’il ne repose de ce fait sur aucun dogme idĂ©ologique. Il est une affaire personnelle qu’il faut aujourd’hui dĂ©finitivement dissocier du politique.

L’islam politique n’a donc pas sa place en Tunisie, pays Ă  majoritĂ© sunnite. Nos lois sont fondĂ©es sur un droit positif et notre vie politique de demain le sera Ă©galement.

Je suis de ceux qui pensent que l’histoire est un bon Ă©claireur et que nous devons retenir ses leçons afin de ne pas connaĂźtre de nouveau ses horreurs. Le XXe siĂšcle nous a appris Ă  nous mĂ©fier des mots et des grandes idĂ©ologies. Une dĂ©mocratie fondĂ©e uniquement sur les mots et le double langage peut accoucher des pires horreurs de l’humanitĂ©.

Les Allemands d’entre les deux guerres se sont ainsi laissĂ©s berner par le double langage de quelques illuminĂ©s qui leur avaient fait miroiter une dignitĂ© retrouvĂ©e en les faisant plonger dans l’extrĂ©misme idĂ©ologique. L’humanitĂ© en a hĂ©las payĂ© un trop lourd tribut.

Les mots qui ne sont pas accompagnĂ©s d’une vision politique claire et prĂ©cise sont un danger duquel il faut se protĂ©ger. Le danger de l’extrĂ©misme religieux est double.

Les dangers de l’extrĂ©misme religieux

Le premier est un danger physique. Les partisans de ces partis profitent de l’insĂ©curitĂ© dans laquelle se trouve encore notre pays pour agresser ouvertement des intellectuels, des artistes ou des cinĂ©astes. Doit-on attendre que nos sƓurs, nos Ă©pouses ou nos amies soient molestĂ©es pour condamner cela? La rĂ©ponse est Ă©videmment non. Nous ne pouvons tolĂ©rer l’intolĂ©rance.

Le second danger est celui des mots, des insultes et des agressions verbales que les Tunisiennes peuvent entendre lorsqu’elles souhaitent affirmer leur fĂ©minitĂ©, leur beautĂ© ou tout simplement leur libertĂ©.

Peut-ĂȘtre est-il dĂ©sormais nĂ©cessaire de rappeler Ă  tous ceux qui souhaitent exclure dans l’avenir nos femmes de la vie politique Ă©conomique et sociale que c’est bel et bien une femme, Elissa Didon, qui, de par sa grandeur, sa ruse et son intelligence politique a dessinĂ© les frontiĂšres et a Ă©crit les lignes les plus nobles de notre histoire.

N’ayons donc pas peur aujourd’hui de condamner la haine et les pressions rĂ©trogrades. N’acceptons plus le double langage et ne laissons plus personne tirer profit de notre rĂ©volution. L’idĂ©ologie extrĂ©miste est un flĂ©au qu’il faut ouvertement et continuellement combattre. C’est notre devoir Ă  tous de le faire.

Ainsi, clamons haut et fort et rappelons partout que plus de la moitiĂ© des personnes qui nous ont rendu notre dignitĂ© aprĂšs plus d’un mois de rĂ©voltes Ă©taient des femmes et non pas des islamistes ou des fondamentalistes. Ce sont nos femmes qui ont affrontĂ© les balles et soignĂ© les blessĂ©s. Je me rappelle lors des vagues de contestations d’hommes et de femmes libres, le visage dĂ©couvert criant leur appel de la dĂ©mocratie et de la modernitĂ©!

Non seulement les porteuses de niqabs n’ont pas luttĂ© pour notre dĂ©mocratie mais elles la menacent aujourd’hui et tentent de la voler, de la dĂ©truire, d’en faire une simple parenthĂšse de l’histoire.

Interdire les débats politiques dans les lieux de culte

Enfin, nous assistons Ă©galement hĂ©las, de maniĂšre consciente ou inconsciente, Ă  une sur-mĂ©diatisation disproportionnĂ©e de cette minoritĂ© d’extrĂȘmes par rapport Ă  leur apport pour la dĂ©mocratie et la Tunisie. Ces derniers n’ont pas de vision politique solide, n’offrent aucune garantie pour la conservation de la dĂ©mocratie et ne possĂšdent aucun programme macroĂ©conomique ou microĂ©conomique concret et rĂ©aliste. Sans compter le fait que leurs partisans ne connaissent que la provocation et la ruse. A quoi bon prier dans la rue si ce n’est dans le but de provoquer et de dĂ©rĂ©gler la vie passante quotidienne. Il me semble que la Tunisie abrite suffisamment de lieux de cultes pour accueillir l’ensemble de sa population lors des rituels religieux et des priĂšres. La rue est l’espace de la libertĂ© citoyenne et de l’échange politique contrairement aux mosquĂ©es qui sont des lieux de culte et non de propagande politique. Que l’on renvoie les prieurs de rue dans les mosquĂ©es et que l’on sorte et interdise les dĂ©bats et propagandes politiques de nos lieux de culte.

Le temps de la responsabilitĂ© est donc dĂ©sormais venu. Nous devons tous nous unir face aux tendances extrĂ©mistes importĂ©es et Ă©trangĂšres Ă  nos valeurs, Ă  notre culture et Ă  notre histoire. Les mĂ©dias devraient de ce fait donner davantage la parole aux partis qui Ɠuvrent rĂ©ellement pour la dĂ©mocratie et la construction d’une rĂ©publique solide. Que l’on relaie les idĂ©es et la vision de l’ensemble des partis qui composent le bloc rĂ©publicain et dĂ©mocratique afin qu’ils Ă©noncent leurs programmes et les principes inviolables que devront respecter les futurs membres de la Constituante, Ă  savoir la consĂ©cration dĂ©finitive du droit des femmes, de l’ensemble de nos acquis sociaux et des libertĂ©s individuelles. Car ce sont eux les vrais relais de la dĂ©mocratie et non les idĂ©ologues et les propagandistes.

La Tunisie est fiĂšre de ses femmes, de ses mĂšres et de ses filles, de ses savantes et de ses mĂ©decins, de ses artistes et de ses Ă©crivains. Notre pays a vĂ©cu plus de 3.000 ans de tolĂ©rance. Son histoire en est imprĂ©gnĂ©e. Nous avons de tout temps Ă©cartĂ© l’extrĂ©misme et nous continuerons Ă  le faire car nous n’avons pas peur.

*Ancien Ă©lĂšve du lycĂ©e Louis Le Grand Ă  Paris, Ă©tudiant Ă  l’Edhec Business School (derniĂšre annĂ©e en MSc Entrepreneurship).

Abdelwahab Meddeb : “C’est surprenant qu’en Tunisie la rĂ©volution n’ait pas eu lieu plus tĂŽt”

Le penseur, Ă©crivain et poĂšte observe les mĂ©tamorphoses en cours dans son pays natal, la Tunisie, et dans le reste du monde arabe. Des situations contrastĂ©es, qu’il analyse pour Jeune Afrique.

Il avait quittĂ© la Tunisie pour la France en 1967, Ă  l’ñge de vingt ans. Mais sa terre natale a fini par rattraper Abdelwahab Meddeb, le 14 janvier dernier, avec la chute de Ben Ali. « Il y avait d’un seul coup l’opportunitĂ© de se retrouver lĂ , face Ă  une origine restaurĂ©e, revivifiĂ©e. C’était pour moi comme une cure. » PortĂ© par l’enthousiasme rĂ©volutionnaire, il a couchĂ© sur le papier les rĂ©flexions, les impressions et les sensations que les Ă©vĂ©nements ont fait naĂźtre en lui, dans un livre, Printemps de Tunis, paru aux Ă©ditions Albin Michel.

Jeune Afrique : Commençons par les causes de ce “printemps arabe”. Quels sont les facteurs qui ont conduit Ă  ces rĂ©volutions ?

Abdelwahab Meddeb : En Tunisie, comme dans les autres pays arabes, nous n’étions plus dans une tyrannie mais dans une oligarchie au sens oĂč AverroĂšs l’entendait : le « gouvernement des villes », c’est-Ă -dire un pouvoir mĂ» par les mauvaises passions, la concupiscence et la corruption. Les gens en ont tirĂ© une grande lassitude, mais le plus surprenant c’est qu’en Tunisie la rĂ©volution n’ait pas eu lieu plus tĂŽt.

Pour comprendre cet Ă©tat de fait, il faut se rĂ©fĂ©rer au modĂšle mĂ©caniste appliquĂ© aux pays arabes par Emmanuel Todd et Youssef Courbage* : la croissance du taux d’alphabĂ©tisation combinĂ©e Ă  la maĂźtrise de la natalitĂ© a pour consĂ©quence l’affranchissement des femmes et la libĂ©ration de l’énergie fĂ©minine. Partout dans le monde, la conjonction de ces deux facteurs produit inĂ©luctablement un processus dĂ©mocratique. Pas en Tunisie, car la trĂšs forte endogamie a dĂ©tournĂ© l’énergie collective de l’espace public, d’oĂč un retrait par rapport au dĂ©sir de dĂ©mocratie. Mais la jeune gĂ©nĂ©ration de la blogosphĂšre a su se forger une nouvelle socialitĂ© par son ouverture sur le monde et des solidaritĂ©s nouvelles, ce qui lui a permis d’avoir ce rĂŽle dĂ©cisif.

Le schĂ©ma Ă©gyptien est-il diffĂ©rent ?

Le rĂŽle de l’armĂ©e rend la situation autrement plus complexe en Égypte. AprĂšs le coup d’État de 1952, elle a opĂ©rĂ© une restructuration intĂ©grale de la sociĂ©tĂ© et constitue aujourd’hui l’armature autour de laquelle tout s’organise. Avec la promotion du libĂ©ralisme voulue par Moubarak, elle est devenue trĂšs entreprenante. On a ainsi une trentaine de gĂ©nĂ©raux qui se sont partagĂ© le territoire et se comportent en « seigneurs de guerre » : l’armĂ©e ne lĂąchera jamais l’État en Égypte. Selon mes informations, elle mĂšnerait des nĂ©gociations trĂšs avancĂ©es avec les FrĂšres musulmans pour s’assurer une majoritĂ© relative au gouvernement et garder le contrĂŽle du pouvoir. C’est ce qui met en colĂšre les jeunes de la place Al-Tahrir, qui estiment qu’il n’y a pas de changement.

Et qu’en est-il pour la Libye ?

À l’origine de la rĂ©volte en Libye, il y a aussi cet instinct prĂ©politique de la libertĂ©. Mais les Libyens sont restĂ©s Ă  ce stade : il n’y a pas d’autres relais. Bien que les islamistes modĂ©rĂ©s et les libĂ©raux aient un discours structurĂ©, ils sont trĂšs minoritaires et l’intellectualitĂ© reste rare. Mais cet instinct de la libertĂ© est dĂ©jĂ  en soi un immense acquis. C’est ce que l’on ressent aussi au YĂ©men. Ces deux mouvements sont ceux qui m’émeuvent le plus : j’en vois tout le cĂŽtĂ© tragique.

Pourquoi en AlgĂ©rie la grogne sociale n’a-t-elle pas mutĂ© en contestation politique ?

L’AlgĂ©rie bouillonne, les gens sont mĂ©contents, mais les 200 000 morts de la guerre civile les font rĂ©flĂ©chir avant de descendre dans la rue : ils savent qu’ils ont affaire Ă  une armĂ©e aguerrie qui a dĂ©jĂ  vaincu l’insurrection quasi populaire du FIS [Front islamique du salut] et du GIA [Groupe islamique armĂ©]. Et comme en Égypte, l’armĂ©e se partage les immenses richesses du pays : les AlgĂ©riens savent qu’elle ne cĂ©dera rien.

MalgrĂ© de rĂ©elles contestations, les monarchies jordanienne et marocaine semblent mieux s’en sortir


Ces deux monarchies ont créé un minimum de dynamique. Elles ont compris qu’il fallait libĂ©rer la sociĂ©tĂ© civile : l’associatif y est quasi indĂ©pendant tant qu’il s’abstient de toucher au politique. Cela a donnĂ© une respiration Ă  ces sociĂ©tĂ©s. En outre, la logique dynastique de la Jordanie et du Maroc a au moins une cohĂ©rence : ce sont des monarchies qui fonctionnent comme des monarchies. L’intolĂ©rable, c’était ces RĂ©publiques qui fonctionnaient d’une maniĂšre monarchique.

En Égypte comme en Tunisie, ne craignez-vous pas une rĂ©action contre-rĂ©volutionnaire ?

La contre-rĂ©volution est lĂ . Il faut ĂȘtre trĂšs vigilant et la circonscrire par la loi. À mon avis, la conformitĂ© des partis politiques aux principes dĂ©mocratiques devrait ĂȘtre inscrite dans les Constitutions Ă  venir.

Par ailleurs, en Tunisie, la loi sur les partis a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e, selon moi. Il y avait une telle urgence, un tel traumatisme aprĂšs des annĂ©es d’interdits qu’une grande libertĂ© a Ă©tĂ© accordĂ©e. C’est un peu absurde. Il faut revoir la charte des partis.

Les partis religieux constituent-ils aussi une menace ?

Le critĂšre important sera la maniĂšre dont le rĂ©fĂ©rent islamique va ĂȘtre inscrit dans les lois fondamentales, en cours d’élaboration. C’est un enjeu philosophique, politique et juridique majeur. En Tunisie, les islamistes vont tout faire pour introduire la charia comme source de droit dans la Constitution. En Égypte, ils refusent de remettre en question la prĂ©sence explicite et littĂ©rale de la charia dans la Constitution. Cela contredit, de fait, leur discours qui ne revendique plus l’État islamique mais un État civil avec l’islam comme rĂ©fĂ©rence. Pourraient-ils devenir des musulmans dĂ©mocrates ? Ils le clament. Il faudra les juger sur leurs actes.

Mais ce qu’il y a d’intĂ©ressant, en Égypte notamment, c’est le conflit nĂ© au sein mĂȘme des FrĂšres musulmans : la jeune gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© contaminĂ©e par l’esprit d’Al-Tahrir. Elle exige Ă  prĂ©sent que le mouvement fonctionne de maniĂšre dĂ©mocratique. C’est un conflit Ă  prendre trĂšs au sĂ©rieux car il pourrait aboutir Ă  la formation de plusieurs partis.

Êtes-vous optimiste sur l’issue dĂ©mocratique de ces rĂ©volutions en marche ?

Du fait du rĂŽle de l’armĂ©e, j’ai des doutes concernant l’Égypte, mais pour la Tunisie, je pressens que c’est en train de venir. À condition que les prochaines Ă©lections permettent de mesurer avec prĂ©cision le poids Ă©lectoral des islamistes : s’ils sont Ă  moins de 20 %, c’est gagnĂ©. Au-delĂ , il y aura de nombreuses entraves au processus dĂ©mocratique.

Ensuite, trois critĂšres majeurs sont Ă  respecter si l’on veut sauver ce processus. Tout d’abord, l’indĂ©pendance de la justice : il faut qu’elle soit immĂ©diate et qu’elle se manifeste par des actes tangibles comme autant de signes de la sĂ©paration des pouvoirs. Puis vient la libertĂ© de la presse renvoyant Ă  la libertĂ© d’opinion, de conscience, de critique et de pensĂ©e. Enfin, la question sociale, trop nĂ©gligĂ©e jusque-lĂ .

Source : « Jeune Afrique » Le 07-05-2011

Tunisie : le processus démocratique menacé (Partie 3)

Aujourd’hui ce vendredi 6 mai 2011, on se croirait au moment de la rĂ©volution du 14 janvier dernier si l’on se risque Ă  arpenter l’allĂ©e de l’avenue Habib Bourguiba. Tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis : les manifestants, les forces de l’ordre et un message Ă  faire entendre, la chute de l’actuel gouvernement de transition. Le vendredi est un jour important dans tous les pays arabes et ce sont deux vendredis qui ont permis la chute de Ben Ali et Moubarak. Ce jour saint (du calendrier musulman) permet un rassemblement des fidĂšles et l’on redoutait effectif celui d’aujourd’hui liĂ© aux rĂ©vĂ©lations de Farhat Rajhi.

Des excuses tardives.

Si Monsieur Rajhi s’est rĂ©tractĂ© en revenant sur ses propos et a prĂ©sentĂ© des excuses, le mal Ă©tait dĂ©jĂ  fait. Donc dĂšs Jeudi soir, les manifestants Ă©taient dans la rue Ă  Tunis, Sfax, Kairouan et mĂȘme Sousse. Et ce vendredi la mobilisation est encore plus grande et surtout sur l’avenue Bourguiba oĂč la fin de la priĂšre de vendredi a mobilisĂ© des centaines de personnes. C’est donc un gouvernement dĂ©bordĂ© qui tente de maitriser la colĂšre populaire en envoyant dans les rues les forces anti-Ă©meute. Les manifestants sont brutalisĂ©s et les journalistes et photographes y passent aussi.

L’avenir de la Tunisie n’a jamais Ă©tĂ© si menacĂ©. Les manifestants n’y vont par quatre chemins, ils demandent purement et simplement la dissolution du gouvernement sans penser au vide politique qui va naitre. Le premier Ministre Essebsi, considĂ©rĂ© il y’a quelques temps comme un sauveur, est traitĂ© de tous les noms. Au point mĂȘme que certains lui donnent des qualificatifs autrefois attribuĂ© Ă  Ben Ali.

C’est avec des slogans dignes des moments de la rĂ©volution que les manifestants ont dĂ©valĂ© la dĂ©sormais cĂ©lĂšbre place Habib Bourguiba. Outre les « DĂ©gage » on note maintenant l’apparition d’autres slogans tels que : « le gouvernement de transition travaille toujours pour (le prĂ©sident dĂ©chu) Ben Ali ». Les forces de polices qui avaient fait un cordon de sĂ©curitĂ© pour les empĂȘcher de progresser vers le MinistĂšre de l’IntĂ©rieur se sont retrouvĂ©es trĂšs vite dĂ©passĂ©es.

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Safx le 6 mai 2011

Puis, soudain, la police a chargĂ© et lancĂ© de grandes quantitĂ©s de gaz lacrymogĂšnes, provoquant la panique parmi les manifestants, essentiellement des jeunes, et les piĂ©tons qui se trouvaient dans le quartier et tentaient de fuir pour se mettre Ă  l’abriter. Certains policiers Ă©taient sur des motos, d’autres accompagnĂ©s des chiens, c’était un chaos complet. A noter qu’il y’avait aussi des voitures blindĂ©es. C’est avec une brutalitĂ© sans Ă©gale que se font les arrestations et les dispersions. Le pays avance tout droit vers une nouvelle phase de violence.

Selon les propos transmis par un bloggeur connu sous le pseudo de Bullet Skan : «Lacrymo Ă  gogo au centre ville. La police matraque tout le monde. Ils ont repris leurs sauvageries !». «C’est hallucinant. Je n’ai pas vu autant de violence mĂȘme le jour du 14 janvier», a dĂ©clarĂ© Ibrahim Letaief Ă  Tekiano.

Les manifestations les plus redoutĂ©es sont celles des Ă©tudiants qui sont pour l’instant divisĂ©s sur l’attitude Ă  adopter face Ă  cette situation. Mais ces rĂ©pressions violentes ne feront qu’aiguiser et renforcer le sentiment anti-gouvernemental.

Un autre complot ?

AprĂšs la bombe rĂ©vĂ©lĂ©e par Rajhi, c’est une autre bombe que vient de lĂącher sur Shems FM, Abdelwahab El Hani, membre du parti Al Majd. Les informations troublantes qu’il a rĂ©vĂ©lĂ©es font Ă©tat d’un complot dont une fondation amĂ©ricaine serait Ă  l’origine. Selon lui, une tentative de manipulation de l’opinion publique serait orchestrĂ©e avec le concours de la haute commission de la rĂ©forme politiquĂ© de Yadh Ben Achour. Lui aussi demande donc des comptes au premier ministre et Ă  son gouvernement.

La situation aux frontiĂšres avec la Libye

Et pendant ce temps, comme si cela ne suffisait pas, les roquettes en provenance de la Libye continue de pleuvoir sur les villes frontaliĂšres.C’est plus de 16 obus de mortier du type « Hawn » qui sont tombĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du territoire tunisien sans causer de victimes ou de dĂ©gĂąts. Selon la police tunisienne, l’un des tirs de roquettes, dans la nuit du jeudi 5 mai ,par les forces fidĂšles Ă  Mouammar Kadhafi, a explosĂ© Ă  20 mĂštres seulement d’un point de contrĂŽle. Hier, 1.618 Libyens ont franchi la frontiĂšre, le plus grand nombre de rĂ©fugiĂ©s au cours des trois derniers jours.

Source: “come4news” Le 07-05-2011

Point de presse de l’initiative citoyenne «LAM ECHAML»

Modernité et démocratie : pour un «large front»

Quelque 53 associations, initiatives et groupes informels soutenus par des acteurs indĂ©pendants de la sociĂ©tĂ© civile, attachĂ©s aux principes et valeurs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie, ont dĂ©cidĂ©, le 29 avril dernier, au cours d’Assises officielles, de se regrouper, au sein d’un seul et mĂȘme rĂ©seau, appelĂ© « initiative LAM ECHAML », en vue d’assurer, ensemble, la dĂ©fense d’un ensemble de principes communs, savoir : le rĂ©gime rĂ©publicain et les valeurs de la modernitĂ©, le respect des libertĂ©s individuelles et publiques, l’égalitĂ© totale entre les femmes et les hommes, la sĂ©paration entre la religion et la politique, et l’attachement aux constantes de la culture et de la civilisation tunisiennes.

Le comitĂ© de coordination de cette initiative a tenu, hier, Ă  Tunis, un point de presse, au cinĂ©ma l’Africart, Ă  Tunis, au cours duquel il a exposĂ© les objectifs de l’initiative, dont la constitution d’un large Front reprĂ©sentant une alternative Ă©lectorale crĂ©dible et forte sur la scĂšne politique. Ce comitĂ© est composĂ© de Moncef Ben Slimane, universitaire et syndicaliste connu, Bahri Ben Yahmed, de l’Association des cinĂ©astes tunisiens et de Mmes Awatef ChĂ©riak, militante dĂ©mocratique indĂ©pendante, MĂ©riem ZĂ©ghidi, militante dĂ©mocratique indĂ©pendante et Moufida Belghith, de l’Association ‘’l’action pour la citoyenneté’’.

En prĂ©vision de l’enjeu Ă©lectoral du 24 juillet pour l’élection de l’AssemblĂ©e constituante, les associations, initiatives et groupes rĂ©unis au sein de l’initiative LAM ECHAML (regroupement en arabe), dont beaucoup de structures opĂ©rant dans les rĂ©gions intĂ©rieures, entendent Ɠuvrer au rassemblement des Ă©nergies de la sociĂ©tĂ© civile et celles des partis politiques qui adoptent les valeurs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie , en vue de constituer un « LARGE FRONT » Ă  mĂȘme de reprĂ©senter une alternative Ă©lectorale crĂ©dible et forte sur la scĂšne politique.

Sans aller jusqu’à considĂ©rer que les valeurs de la modernitĂ© sont menacĂ©es en Tunisie, les coordinateurs de l’initiative LAM ECHAML estiment toutefois nĂ©cessaire d’ĂȘtre vigilants pour les dĂ©fendre et les consacrer. Ils ont indiquĂ© que leur initiative appuie les appels au regroupement des partis politiques dĂ©mocratiques en Front dĂ©mocratique uni face aux autres formations. Des appels ont Ă©tĂ© lancĂ©s dans ce sens et les partis concernĂ©s s’emploient Ă  les concrĂ©tiser.

L’initiative LAM ECHAML se considĂšre comme un premier maillon dans une dynamique de la sociĂ©tĂ© civile en Tunisie devant unir toutes les initiatives et tous les efforts, et reste ouverte Ă  tous ceux et Ă  toutes celles qui veulent la rejoindre et renforcer ses rangs, associations, groupes et indĂ©pendants, et ce sur la base de la plate-forme de principes et valeurs signalĂ©s.

La rencontre a eu lieu en prĂ©sence d’un grand nombre de participants qui ont eu le plaisir d’écouter, Ă  cette occasion, la chanson engagĂ©e du chanteur Ă©gyptien Ali Hajjar, intitulĂ©e justement ‘’lam echaml’’ et exaltant le renouveau que connaĂźt l’unitĂ© des pays arabes grĂące Ă  l’esprit rĂ©volutionnaire qui les anime, tous, en ce moment.

Source: “Le Temps” Le 07-05-2011

Constitution

Une chatte sur un toit brûlant

Par Khalil Zamiti

 

Représentation juridique du systÚme politique, la constitution le codifie sans résorber la distance déployée entre le modÚle référentiel et les pratiques plus ou moins conformes aux normes.

Le double Ă©tage du langage, oĂč les mots surplombent les choses, est au principe de ce dĂ©calage. Mais par delĂ  ce paradigme universel, auquel n’échappe aucun balisage constitutionnel, pourquoi Bourguiba, Ben Ali, Moubarak, Bouteflika, Gueddafi, Gbagbo et bien d’autres chefs, pour l’essentiel tricontinentaux, rechignent Ă  dĂ©gager une fois scotchĂ©s au sommet de l’Etat ?

L’interrogation guide l’investigation vers la couverture de la profondeur sociologique par la codification juridique.

En dĂ©pit des proclamations affĂ©rentes Ă  sa modernitĂ©, le style de l’autoritĂ© a partie liĂ©e avec les dispositions subjectives lĂ©guĂ©es par la rĂ©manence de l’ancienne sociĂ©tĂ©.

Indistinction de la personne et de la fonction, le pouvoir personnel perpĂ©tue son colloque avec une structure collective dĂ©finie par l’indiffĂ©renciation des multiples secteurs sociaux.

EntremĂȘlĂ©s, politique, Ă©thique, religion, Ă©conomie, parentĂ© ou droit interfĂ©rent sans nettes frontiĂšres.

Hantise et mirages

DétrÎné voici, à peine, quelques décennies, le bey, «possesseur du royaume de Tunis » hante le palais de ces deux héritiers.

Les auteurs de l’ouvrage titrĂ© « La rĂ©gente de Carthage » n’ont guĂšre cĂ©dĂ© Ă  l’illusion d’un mirage. Mais alors, ici ou lĂ , d’oĂč provient, donc le roi ? Une archĂ©ologie de la chefferie ne saurait contourner la question posĂ©e a priori. Paresseuse, mystĂ©rieuse et impossible Ă  vĂ©rifier, l’explication de la royautĂ© par le choix ou le droit divins arrĂȘte l’enquĂȘte avant mĂȘme de l’autoriser.

L’autre voie, humaine, terrestre, empirique, aide le chercheur, incrĂ©dule et mal outillĂ© pour capter les voix de la divinitĂ©, Ă  retomber sur ses pieds.

La notion de « propriĂ©tĂ© Ă©minente » oriente l’interprĂ©tation, cruciale, des lĂ©gitimitĂ©s royales.

Partout, dans l’ancienne sociĂ©tĂ©, l’imbrication des rapports de production dans les relations de parentĂ©, elles –mĂȘmes cimentĂ©es par la morale et la religion, surdĂ©termine le style hĂ©gĂ©monique, totalisateur et patriarcal de l’autoritĂ©.

A ce propos, Islam et Chrétienté sont à renvoyer dos à dos.

Les imputateurs de l’éthos dictateur Ă  la gĂ©nĂ©alogie successorale de la chefferie arabo – musulmane, depuis le quarteron khalifal, oublient de regarder Ă  cĂŽtĂ©.

Les vĂ©tĂ©rans du culturalisme abstrait donnent Ă  voir la rĂ©pĂ©tition de pareille suppulation pour une dĂ©monstration ; mais, n’en dĂ©plaise aux ouailles de l’illusion historiciste, pour ĂȘtre eux –mĂȘmes dans les conjonctures spĂ©cifiques de leur sociĂ©tĂ© en lutte contre l’occupation coloniale, Bourguiba, Mohamed V et Nasseur , n’avaient besoin de copier ni Salazar, ni Franco, ni Mussolini, ou Hitler.

Eclairer celui-ci, par celui -la fourre dans l’ombre les deux Ă  la fois. Maintenant, il s’agit de congĂ©dier le superficiel pour sonder les abysses pluridimensionnelles.

Au nord, la dissolution, bien plus avancĂ©e, de l’ancienne sociĂ©tĂ©, par le systĂšme capitaliste gĂ©nĂ©ralisĂ©, a favorisĂ© l’émergence de l’individu libĂ©rĂ© des entraves groupales, morales et sacerdotales. Ainsi naissait la rĂ©publique dĂ©mocratique et le siĂšcle de PĂ©riclĂšs Ă©choue Ă  infirmer l’apport de cette problĂ©matique.

Au sud, la transition bloquĂ©e par les rapports internationaux d’inĂ©galitĂ© provoque, aujourd’hui, l’implosion, rĂ©volutionnaire, des subversions populaires. VoilĂ  pourquoi « la mentalitĂ© » arabe, ou « primitive » selon le mot de LĂ©vy –BrĂŒhl, Ă  l’évidence ethniciste , n’existe pas.

Les sociologues avisés, tels Berque, Bourdieu, Lévy Stauss ou Balandier ne recourent jamais à ce terme piégé.

Dans ces conditions, oĂč une relation Ă  double sens unit les dispositions subjectives aux structures objectives, la claque, fictive ou effective, attribuĂ©e Ă  Faida Hamdi, attire l’attention vers ce lieu, profond, oĂč demeure Ă  dĂ©busquer le sens de la rĂ©volution.

Tout entier, le socle anthropologique bascule Ă  l’heure, peu tranquille, oĂč l’aĂźnĂ© perd sa crĂ©dibilitĂ© auprĂšs du jeune rĂ©voltĂ©.

Les tĂ©moignages imprimĂ©s dans la mĂ©moire des encore vivants depuis quelques huit dĂ©cennies, tel, entre autres, l’actuel premier ministre, projettent un Ă©clairage sur l’ampleur et la nature sociĂ©tale de la rupture gĂ©nĂ©rationnelle. Avec les gavroches d’Hammam-Lif, ces derniers sĂ©niors Ă  l’eil toujours vif, gambadaient derriĂšre le carrosse de Moncef Bey aux cris de « Allah younsor Sidna ».

Depuis, la temporalitĂ© sociologique subvertit la grille de lecture juridique et l’illusion chronologique de la datation historique.

Le roi biologique est mort mais, quelque part, le spectre du monarque symbolique hante le palais de ses deux héritiers.

Ce dĂ©phasage rythmique indique la tranche d’ñge d’oĂč fuse, davantage, le cri « dĂ©gage ». AmplifiĂ© par les moyens de communication Ă©lectroniques, ce terme Ă©tonne l’humanitĂ© pour une raison cachĂ©e.

Par delĂ  le sens adressĂ© aux divers prĂ©sidents Ă  congĂ©dier, il donne Ă  voir l’analyseur de l’ample transformation traversĂ©e par les catĂ©gories de pensĂ©e. Eu Ă©gard Ă  pareille cassure, les gens de l’actuel gouvernement ne sont pas de « mauvais communicateurs » ; mais les Ă©metteurs de ce reproche seraient bien inspirĂ©s de replacer les procĂ©dures mĂ©diatique dans le gouffre, sans fond, de la rupture sociologique.

Ce premier dĂ©blayage exhume le support sur quoi prospĂšrent et prolifĂšrent les dĂ©bats. La persistance du pouvoir personnel, sous le paravent des mimiques dĂ©mocratiques, taraude les scrutateurs de l’horizon constitutionnel.

«Non, non haram par ici. Pas maintenant»

Une fois le 7 chassĂ©, Ă  juste titre, par son double, paralysie de l’économie et insĂ©curitĂ© perpĂ©tuĂ©e guident le soupçon vers les vents contraires Ă  la rĂ©volution.

Parmi les foyers de la confrontation figure, déjà, la croix du fameux « ça ne se fait pas » (la Yajouz).

Sur la grande avenue, l’apparition des jolies jambes nues, sitît le printemps venu, attire le regard inquisiteur et torve, des barbus.

A deux promeneuses, l’un d’entre eux dit : « Vous allez voir ce que vous allez voir maintenant que Leila est partie » Bonjour tristesse ! Le programme de la formation religieuse exhibe les orientations d’une Ă©conomie prospective, mais il occulte les principes, catĂ©goriques, de son inspiration prohibitive.

Tarte Ă  la crĂšme, l’islam Ă©clairĂ© pourrait accumuler des ombres bien sombres.

Au cƓur de ces nuages scintille le dĂ©codage de ce message :

Surveiller, interdire et sévir

Pour l’instant, une activitĂ© intense anime les rangs. Les observations rivalisent avec la marche, serrĂ©e, les lĂ©gions.

Le 11 avril 2011, un cortĂšge funĂšbre entre au cimetiĂšre du Jellaz. AussitĂŽt le cercueil retirĂ© du fourgon et dĂ©posĂ© Ă  terre, les hommes, alignĂ©s dans les rangs orientent leurs mains ouvertes vers le ciel pour commencer Ă  rĂ©citer, avec Ă©moi, la fatiha. Mais six barbus, athlĂ©tiques et de blanc vĂȘtus, accourent, gesticulent et crient Ă  l’unisson « Non, non, haram, pas ici, pas maintenant ! ».

Aux croyants, sidĂ©rĂ©s par la nouveautĂ©, le groupe minoritaire explique Ă  l’assemblĂ©e majoritaire la raison de son irruption par sa rĂ©fĂ©rence Ă  « la juste religion ». GalvanisĂ©s par les sondages, la performance promise, la panique laĂŻque et les perspectives d’élections dĂ©mocratiques, les partisans de l’option thĂ©ocratique maximalisent leur visibilitĂ© sur la place publique. Elle Ă©veille l’intĂ©rĂȘt, la tactique et la stratĂ©gie d’autres partis. Ainsi, le ressentiment provoquĂ© par l’exclusion pourrait inciter les militants de l’ancien pouvoir dominant Ă  opter pour un vote sanction oĂč la connivence avec les tenants de l’argumentation coranique orienterait les voix contre l’éventuelle coalition laĂŻque. Mais rien n’empĂȘche certains, parmi les dits affiliĂ©s Ă  la vexion dĂ©mocratique de courtiser Ennahdha, ainsi campĂ©e au centre de l’échiquier politique. Les systĂšmes d’alliance avec l’adversaire, sanguinaire, d’hier exposent le moins outillĂ© Ă  payer les pots cassĂ©s aussitĂŽt franchi le seuil du pouvoir malaisĂ© Ă  partager.

Dans la guerre des convictions, l’avenir appartient Ă  qui dĂ©tient la force de le dĂ©finir. Homme de culture et de talent, Youssef Seddik entretient la flamme, ou l’espoir, de la fraternisation. Il objecte, aux islamistes intransigeants, une lecture inauthentique de l’écriture coranique. De l’inadĂ©quation sourd l’allĂ©geance aux prĂ©dicateurs de la violence. Ainsi, les houdouds ne seraient guĂšre les interdits Ă  ne jamais transgresser, mais ils dĂ©signent des « limites » Ă  ne pas trop dĂ©passer. La rectification sĂ©mantique ajouterait de l’eau dans le vin des sourcils froncĂ©s. Toutefois, l’efficacitĂ© symbolique de la croyance religieuse n’existe pas hors de la façon dont les agents sociaux croient ici et maintenant.

L’exĂ©gĂšte aurait la partie belle au cas oĂč sa leçon parviendrait Ă  occuper le champ de l’hĂ©gĂ©monie culturelle, car dans l’épistĂ©mologie contemporaine des sciences humaines le point de vue a supplantĂ© la notion de vĂ©ritĂ©.

Au terme de l’analyse, l’érudit avise et le chef charismatique, lui aussi instruit, mobilise. Il ne parle pas du lieu oĂč ses contradicteurs parlent. Et l’heure presse ! Depuis le raz de marĂ©e contestataire, la floraison printaniĂšre des conduites irrĂ©guliĂšres signalise l’anomie, passage Ă  vide oĂč les rĂ©gulateurs dĂ©mocratiques tardent Ă  remplacer les vieux repĂšres mafieux.

Ainsi avance l’aiguille, fatidique, de l’urgence, contre l’exigence de laisser le temps au temps de la rĂ©flexion.

Réceptacle de toute les tensions, la constitution donne à voir la chatte sur le toit brûlant

Une fois dĂ©molie par l’infamie du bandit fuyant, la clef de voĂ»te constitutionnelle de la gestion politique dĂ©stabilise la stratification hiĂ©rarchique. Cette crise de confiance, ouverte sur le chaos, lamine la rĂ©gulation par l’ordre et l’obĂ©issance, unique façon mise en Ɠuvre pour Ă©difier une sociĂ©tĂ©. Outre les outrances des conflits crapuleux, corporatistes ou partisans et la chienlie infiltrĂ©e au cƓur de l’économie, l’anomie, moment redoutable, oĂč le bon dieu peut s’allier avec le diable, origine la question insoutenable : comment gouverner l’ingouvernable ?

Pareille interrogation focalise l’investigation sur la vue d’ensemble et le surplomb quand la spĂ©cialisation, inĂ©luctable, pourrait montrer l’arbre mais cacher la forĂȘt.

Source: “Le Temps” Le 07-05-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-55749.html

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