TUNISNEWS  
           spp8 ème année, N°  2803 du 26.01.2008
  
 
 
    
   
 AISPP: Libération de sept accusés dans des             affaires d’ <<antiterrorisme >>             AFP: Procès de jihadistes du groupe impliqué             dans des affrontements             Le Temps :Mémoire collective : 26 janvier 1978 …« Le Jeudi noir »             Le Temps : Témoignage *”Dar-Essabah” et les             tumultueuses années 70              NOUVELOBS: Le courrier de Mohamed Lamjed Abdessalem             AFP: Ben Barka enterré à Paris, près d’une             autoroute, selon un livre israélien              Mizaanoun:Pluies de mai (II)
 
 
 
 
         
  
Liberté pour tous           les prisonniers politiques           Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre           pays           Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques           43 rue Eldjazira, tunis           e-mail : aispptunisie@yahoo.fr           Tunis, le 26 janvier 2008           Libération de sept accusés dans des affaires d’ »antiterrorisme » :
 
Houssine Ben Brik, Fadhel Lhouimli,           Boussaîd Trabelsi, Bilal Miled, Islah Issaoui, Mohammed Bacha,           Seïfeddine Benkahla
 
           
 * la vingt septième chambre           criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi           Hamidane, a rendu son jugement tard dans la soirée d’hier vendredi 25           janvier 2008 dans :                      – l’affaire n°10511 dans laquelle sont déférés Houssine Ben Brik,           Fadhel Lhouimli, Boussaïd Trabelsi, Bilal Milad et Islah Issaoui,           déférés en vertu de la loi « anti terroriste » du 10 décembre 2003 […]           le juge a condamné à l’emprisonnement pour une durée de deux ans et           cinq mois et à une peine de contrôle administratif pour une durée de           cinq ans tous les accusés. Tous les accusés dont la durée           d’emprisonnement avait dépassé la peine prononcée ont été remis en           liberté.                      – l’affaire n°10478 dans laquelle sont déférés Mohammed Bacha et           Seïfeddine Benkahla […] Le tribunal les a condamnés à une peine de           deux ans et cinq mois. Ils ont été libérés puisqu’ils passé en prison           une durée supérieure à la peine à laquelle ils ont été condamnés.                      Début du procès des trente détenus dans l’affaire du « projet           terroriste »                      La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de           Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a examiné hier vendredi 25           janvier 2008 l’affaire n°14505 dans laquelle sont déférés Hichem           Saadi, Mohammed Taoufik Ben Abdallah, Taoufik Herzli, Ahmed Hedhli,           Oussama Nouar, Yahya Ben Zakour, Selman Zrig, Mohammed Lafi, Ali           Arfaoui, Lassaad Hachana, Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Rafik Elouni,           Ahmed Saadani, Amir Charfeddine, Abderrahmane Tennich, Mehdi Khlaïfia           et Mouazz Ghazzaï, accusés d’adhésion sur le territoire de la           République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de           concrétiser ses objectifs, d’utilisation du territoire de la           République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte           terroriste sur le territoire de la République, d’appel à adhérer à une           organisation en rapport avec les infractions terroristes,           d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour désigner une           organisation terroriste, son activité et ses membres; La commission de           la défense était composée de Maîtres Ahmed Néjib Chebbi, Mohammed           Néjib Hosni, Abdelfattah Mourou, Anouar Aoualed Ali, Samir Ben Amor,           Amor Horchani et Samir Dilou. Le juge a commencé par la lecture de           l’acte d’accusation et l’interrogatoire des accusés, l’audience du 11           février 2008 devant permettre aux avocats de poser des questions à           leurs clients et de plaider.           Des agents de la police politique ont -encore une fois ! – interdit à           la plupart des membres des familles des détenus d’assister à           l’audience et de s’approcher du tribunal.            Pour la commission de suivi des procès           Le secrétaire général de l’Association           Maître Samir Dilou           (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de           la version en arabe, LT)
 
  
         
 
  
 Procès de jihadistes du groupe impliqué dans des       affrontements
 
  
  AFP, le 26 janvier 2008 
  
 Deux       Tunisiens appartenant à un groupe de trente jihadistes, dont deux ont été       condamnés à mort fin décembre pour des affrontements avec les forces       armées en 2006 et 2007, ont comparu samedi devant le tribunal de première       instance de Tunis. 
  
 Mohamed       Mahmoudi, 22 ans, et Tarak Hammami, 32 ans, sont poursuivis notamment pour       adhésion à une organisation terroriste, entraînement militaire, maniement       d’armes (Kalachnikov et RPG) et franchissement illégal des frontières avec       l’Algérie, selon l’acte d’accusation lu samedi à l’audience devant la 4e       chambre criminelle.
  
 Les deux       prévenus ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient en possession de       grenades le 27 avril 2006 à Kasserine (centre-ouest), ville au pied du       mont Chaambi (1.544 mètres), où le groupe dit “Armée d’Assad Ibn Fourat”       aurait établi un campement pour préparer des attentats en Tunisie. Leur       arrestation est antérieure aux affrontements armés survenus entre fin       décembre 2006 et début janvier 2007, au sud de Tunis, causant, selon un       bilan officiel, la mort d’un militaire, d’un agent de police et de douze       jihadistes.
  
 Selon       Tunis, le noyau dur du groupe formé de six personnes (5 Tunisiens et un       Mauritanien) s’était infiltré en 2006, avec des armes par la frontière       algérienne, après avoir séjourné dans les maquis du Groupe salafiste pour       la prédication et le combat (GSPC), devenu Branche d’Al-Qaïda au Maghreb       islamique. Selon l’accusation, Mohamed Mahmoudi et Tarak Mosabahi auraient       participé à des opérations terroristes en Algérie au cours desquelles deux       gendarmes ont été égorgés et leurs armes saisies.
  
 Lors de       leur interrogatoire, ils ont nié ces accusations et démenti avoir envisagé       des attentats en Tunisie, Mohamed Mahmoudi affirmant que son passage dans       les maquis algériens devait le préparer au Jihad en Irak. Les deux       accusés, comparaissant avec deux passeurs contrebandiers, ont affirmé       avoir été “acculés” à regagner la Tunisie à cause du pilonnage par l’armée       algérienne du massif AbouGhafer (est algérien), où ils étaient établis.       Ils ont reconnu avoir passé la frontière avec les meneurs du groupe       –morts dans les affrontements–, y compris leur chef et émir Lassad       Sassi, ancien gendarme et vétéran d’Afghanistan. La prochaine audience a       été fixée au 2 février par le juge Mehrez Hammami.
  
 Dans un       procès séparé, deux membres du groupe, Saber Ragoubi, 24 ans, et Imed Ben       Ameur, 34 ans, condamnés à mort le 31 décembre, doivent être rejugé mardi       prochain en appel. 
  
 
 
        Liberté pour tous les prisonniers politiques         Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de         Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira,         tunis         e-mail :         aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 26 janvier 2008 Libération de sept accusés dans des affaires d’ »antiterrorisme         » :
 
Houssine Ben Brik, Fadhel         Lhouimli, Boussaîd Trabelsi, Bilal Miled, Islah Issaoui, Mohammed Bacha,         Seïfeddine Benkahla
 
         
                 * la vingt septième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis,         présidée par le juge Mannoubi Hamidane, a rendu son jugement tard dans         la soirée d’hier vendredi 25 janvier 2008 dans :                  – l’affaire n°10511 dans laquelle sont déférés Houssine Ben Brik, Fadhel         Lhouimli, Boussaïd Trabelsi, Bilal Milad et Islah Issaoui, déférés en         vertu de la loi « anti terroriste » du 10 décembre 2003 […] le juge a         condamné à l’emprisonnement pour une durée de deux ans et cinq mois et à         une peine de contrôle administratif pour une durée de cinq ans tous les         accusés. Tous les accusés dont la durée d’emprisonnement avait dépassé         la peine prononcée ont été remis en liberté.                  – l’affaire n°10478 dans laquelle sont déférés Mohammed Bacha et         Seïfeddine Benkahla […] Le tribunal les a condamnés à une peine de deux         ans et cinq mois. Ils ont été libérés puisqu’ils passé en prison une         durée supérieure à la peine à laquelle ils ont été condamnés.                  Début du procès des trente détenus dans l’affaire du « projet terroriste         »                  La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de         Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a examiné hier vendredi 25         janvier 2008 l’affaire n°14505 dans laquelle sont déférés Hichem Saadi,         Mohammed Taoufik Ben Abdallah, Taoufik Herzli, Ahmed Hedhli, Oussama         Nouar, Yahya Ben Zakour, Selman Zrig, Mohammed Lafi, Ali Arfaoui,         Lassaad Hachana, Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Rafik Elouni, Ahmed         Saadani, Amir Charfeddine, Abderrahmane Tennich, Mehdi Khlaïfia et         Mouazz Ghazzaï, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à         une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses         objectifs, d’utilisation du territoire de la République pour recruter         des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire         de la République, d’appel à adhérer à une organisation en rapport avec         les infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un         symbole pour désigner une organisation terroriste, son activité et ses         membres; La commission de la défense était composée de Maîtres Ahmed         Néjib Chebbi, Mohammed Néjib Hosni, Abdelfattah Mourou, Anouar Aoualed         Ali, Samir Ben Amor, Amor Horchani et Samir Dilou. Le juge a commencé         par la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire des accusés,         l’audience du 11 février 2008 devant permettre aux avocats de poser des         questions à leurs clients et de plaider.         Des agents de la police politique ont -encore une fois ! – interdit à la         plupart des membres des familles des détenus d’assister à l’audience et         de s’approcher du tribunal.                  Pour la commission de suivi des procès         Le secrétaire général de l’Association         Maître Samir Dilou         (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les         auteurs de la version en arabe, LT)
 
       
  Mécollective : 26 janvier 1978 …« Le Jeudi noir » La première         grève générale depuis l’indépendance….   Dossier réalisé par Néjib SASSI et Mourad SELLAMI Mohamed Sayah, à         l’époque, Directeur du PSD : «L’histoire des milices du parti est         inventée» Habib Guiza, ex-Secrétaire         Général de l’Union Régionale du Travail de Gabès : « L’UGTT n’a pas tiré         les leçons qu’il faut de ces évènements »
                    Le 26 janvier 1978, la grève générale         décrétée par l’UGTT dégénère en émeutes.         C’est la première grève générale qui intervient après l’indépendance.         Dès l’aube des centaines de travailleurs mais aussi des chômeurs et des         jeunes investissent les artères de la capitale.         L’affrontement avec les forces de l’ordre est tellement violent que le         gouvernement fait appel à l’armée, décrète l’état d’urgence et instaure,         en fin d’après-midi, le couvre feu. Officiellement on déplore 51 morts.         Mais du côté de la Centrale Syndicale on parle de plus d’une centaine         “En tout cas, le chiffre en lui-même témoigne de la gravité des         affrontements entre groupes de manifestants et forces de sécurité, au         cours d’une journée marquée par des actes de déprédation à l’encontre ,         principalement d’établissements commerciaux et de véhicules publics et         privés. Néanmoins l’ordre fut rapidement rétabli. La police et l’armée         procèdent les 26 et 27 janvier, à plusieurs  centaines d’arrestations         parmi les manifestants et les responsables syndicaux dont M. Habib         Achour, le secrétaire général de l’UGTT”, écrit un historien.                   « Tunis brûlera »         Dans le “Livre blanc” publié par le Parti Socialiste Destourien (PSD)         après les événements, on lit: “A 9 heures , Habib Achour téléphone         depuis son domicile à la Direction de la Sûreté Nationale et demande le         retrait des forces de l’ordre stationnées depuis la veille devant le         local de l’UGTT. Il donne pour cela un délai d’une demi heure. Ce délai         passé, ajoute-t-il, “Tunis brûlera ». A 9h30, les premières attaques en         force commencent. Elles partent simultanément de Bab Saâdoun, de Bab         Bhar, de Mégrine et de Ben Arous. D’autres foyers d’agitation         apparaissent, quelque temps après, dans différents endroits de la         capitale.         Des groupes armés de moellons, de barres de fer, de cocktails molotov,         tout l’arsenal  classique de la révolte, surgissent aux points         névralgiques de la ville, entraînant  souvent derrière eux des badauds         et des jeunes inconscients. La violence  culminant puis baissant         alternativement à l’un ou l’autre de ces points, gagne toute la ville.         Tout se passe comme si le mouvement était minutieusement orchestré et         organisé par des meneurs professionnels. C’est l’émeute . Les magasins,         les entreprises et les moyens de transports publics et privés sont         saccagés et brûlés. A dix heures , le train assurant la liaison avec la         banlieue Sud est stoppé et endommagé par des ouvriers  venus de la zone         industrielle. Les incendies éclatent en divers points de la ville. Les         pillages, les actes de violence et de vandalisme se multiplient . Des         citoyens sont agressés, jusque dans leurs domiciles”.         Les forces de l’ordre ont résisté pendant plus de quatre heures. Mais à         13 heures, elles furent débordées. Devant l’ampleur de la violence , le         gouvernement fait appel à l’armée. Elle intervient vers 14 heures         portant ses efforts sur la protection des zones industrielles et         certains quartiers de la ville en proie à la destruction et au pillage.         En fin d’après-midi, l’état d’urgence est proclamé et le couvre feu         établi de 18h à 5 heures du matin . Une information judiciaire a été         ouverte le soir même de ce 26 janvier 1978 par le parquet.         Face au gouvernement, qui à l’époque a analysé les événements en termes         d’atteinte à la légalité républicaine de la part d’une minorité         détournant le mouvement syndical de sa mission, les syndicalistes         parlent d’une tentative de mainmise sur la centrale syndicale.         Le 26 janvier 1978. C’était, donc, la date de l’unique grève générale         décrétée dans la Tunisie républicaine. Les vieux s’en rappellent         sûrement. Quelques jeunes en entendent, peut-être, parler. D’autres         jeunes n’en ont jamais fait allusion. Mais, les uns et les autres ne         disposent pas d’informations suffisantes, et de témoignages précis, pour         commenter rationnellement ces événements douloureux de l’histoire         récente de la Tunisie. Les écrits existant se limitent, souvent, à         relater les faits historiques sans aucune analyse des tenants et des         aboutissants du processus qui a abouti au déclenchement de la grève         générale. Or, et au-delà des faits épars et apparents, il y avait,         inéluctablement, un « montage » qui expliquerait l’aboutissement à cette         impasse. Car, la grève générale en était bien une et il ne serait pas         rationnel d’interpréter autrement les événements !  Donc, c’est à la         recherche de cet « habillage » que le Temps s’est attelé à l’occasion du         30ème anniversaire du 26 janvier 1978. Un tour d’horizon a été fait avec         des acteurs, encore en vie, de cette période difficile de l’histoire de         la  Tunisie pour recueillir leurs témoignages et leurs bilans, trente         ans après. D’ailleurs, pressons-nous de dire qu’ils ont été unanimes à         affirmer que la question d’évaluation est très importante d’autant plus         que plusieurs des protagonistes de ces évènements ne sont plus de ce         monde. Donc, et selon eux, il faudrait impérativement la faire tant         qu’il y ait, encore, des témoignages possibles de ceux qui les ont         vécus. A leurs yeux, il serait dommage de tourner la page sans en tirer         les conclusions comme ce fut le cas pour le différend entre Bourguiba et         Ben Youssef. « L’histoire ne pardonne pas de telles omissions », ont-ils         soutenu. Dès lors, il fallait retrouver parmi les survivants des         personnes qui acceptent de parler de ces moments douloureux de         l’histoire de la Tunisie et qui étaient parmi leurs acteurs actifs d’un         bord ou de l’autre. Ainsi, nous avons reproduit l’évaluation de monsieur         Mohamed Sayah, Directeur du Parti Socialiste Destourien à l’époque         (empruntée à notre consœur « L’EXPRESSION », ainsi que celle de monsieur         Habib Guiza, coordinateur de l’Union Régionale du Travail de Gabès à         l’époque et chef de file de la grève générale à la zone industrielle de         la région qui comptait plus de dix mille ouvriers. Mohamed Sayah,         ex-directeur du Parti Socialiste Destourien incarnait aux yeux de         plusieurs l’aile dure du PSD. Il avait occupé plusieurs postes         ministériels après avoir quitté la direction du parti au début des         années 1980. Quant à Habib Guiza, il avait écopé de deux années de         prison dans l’un des procès qui ont fait suite à la grève générale du 26         janvier 1978. Il a repris, ensuite, les rênes de l’action syndicale à         l’échelle régionale. Il a été élu et réélu Secrétaire Général de l’Union         Régionale du Travail de Gabès relevant de l’UGTT. Il dirige actuellement         une association indépendante « l’Association Club Mohamed Ali de la         Culture Ouvrière ». L’ACMACO s’intéresse, comme son nom l’indique, à la         propagation d’une nouvelle conception de l’action syndicale.  :                      Mohamed Sayah, à l’époque, Directeur du PSD 
«L’histoire des milices du parti est         inventée»
         Pour M. Mohamed Sayah, à l’époque des faits directeur du Parti         socialiste destourien (PSD), parti unique au pouvoir, «on peut cerner         l’environnement dans lequel s’est déroulée la crise en commençant par le         limogeage du ministre de l’Intérieur, M. Tahar Belkhodja. C’est à partir         de là que l’on peut comprendre le tout : le cadre institutionnel, le         processus de prise de décision et les principaux protagonistes. Le jour         même où la décision de démettre Belkhodja de ses fonctions a été prise –         il avait tenu un discours opposé à celui du Premier ministre feu Hédi         Nouira à l’Assemblée nationale -, cinq ministres ont annoncé leur         démission. Ce qui montre que Belkhodja n’était pas le seul en désaccord         avec le Premier ministre. Cette crise ministérielle a été très vite         réglée mais elle n’était pas sans signification».           M. Sayah rappelle aussi qu’à l’époque «le poste de Premier ministre         était très convoité. La raison était l’état de santé de Bourguiba,         devenu depuis une dizaine d’années le principal objet de spéculations du         microcosme politique tunisien. Près d’une année avant le déclenchement         de cette crise, Bourguiba présenta les signes d’un nouvel accès de ce         qui avait été diagnostiqué chez lui par certains de ses médecins         traitants en France et aux Etats-Unis comme une psychose         maniaco-dépressive. Cette maladie avait valu à Bourguiba, comme en 1971,         un séjour de plusieurs mois à Genève, où il était suivi par l’équipe du         professeur Ajuria Guena. À son retour à Tunis, début janvier 1977,         l’ex-Président avait  déclaré à la télévision vouloir (et devoir), à la         demande de ses médecins, se décharger sur son premier ministre de toutes         ses obligations, y compris ses audiences avec les ministres. Il ne         devait pas se conformer longtemps à cette recommandation. Mais il n’en a         pas fallu plus pour relancer les spéculations sur sa succession. Et         d’attiser d’autant les rivalités et les convoitises. Le plus convoité         alors était le poste de Premier ministre, qui avait été institué en         faveur de son titulaire de l’époque. Déjà, en décembre 1969, on avait         instauré la succession automatique par le Premier ministre pour le reste         de la législature en cas de vacance du pouvoir à la tête de l’Etat».                    Quel est le rôle de l’UGTT dans la crise ?          Selon M. Sayah, la centrale syndicale avait été convoitée elle aussi         pour le même dessein. «Cela tenait d’abord, a-t-il expliqué, au rôle qui         a été toujours le sien comme principal partenaire du parti au cours de         la lutte de libération, puis, après l’indépendance, comme son allié         incontournable dans l’exercice du pouvoir. Et ce rôle jamais l’UGTT n’a         eu à le jouer aussi pleinement, et les convoitises sur elle n’ont donc         jamais été aussi fortes que lorsqu’il a été envisagé, déjà en 1971, et à         la seule initiative de Nouira, d’instituer, en sa faveur et dans         l’intérêt de tous, la politique contractuelle qui a réalisé de nombreux         acquis pour les travailleurs.»         En ce qui concerne les rapports conflictuels entre Habib Achour et la         direction du PSD, M. Sayah tient à préciser que ce dernier était revenu         à la direction du parti en 1973. «C’était, a-t-il dit, après que Achour,         de son propre chef, et sans qu’il n’en ait jamais parlé, fusse allé le         réclamer à Bourguiba. Il est vrai qu’en 1965, lors d’une précédente         crise entre le gouvernement et l’UGTT, nous n’étions pas toujours sur la         même longueur d’onde. Mais jamais, il n’y a jamais eu, ni de sa part ni         de la mienne, la moindre mésentente personnelle et encore moins de         raisons de nous en vouloir l’un à l’autre. Il en a toujours était ainsi         pour moi en tout cas, même lorsque, pour des raisons que j’ignore, il a         semblé croire que j’ai comploté contre lui.»          En quoi consistait ce soi-disant «complot» ? M. Sayah répond : «C’était         en 1975. À son retour d’un voyage aux Etats-Unis, il lui aurait été dit         – et écrit même après – qu’en son absence, j’aurais cherché à l’évincer         de l’UGTT, en proposant à Bourguiba de le remplacer par Farhat         Dachraoui. Ce n’était pas vrai et ce dernier avait démenti que je         l’avais accompagné chez Bourguiba comme l’avait écrit par la suite Tahar         Belkhodja.» [dans son ouvrage ”Les Trois décennies Bourguiba”, NDLR].         Interrogé à propos des milices qu’il entretenait au sein du PSD et qui         auraient joué un rôle dans le pourrissement de la situation et le         déclenchement des violences avec les syndicalistes, M. Sayah se défend :         «L’accusation lancée contre moi à ce sujet est autrement grave. Elle         n’en est pas moins fausse. Le terme ”milice” désigne une force         militaire ou paramilitaire. Il a été prononcé pour la première fois par         Mohamed Masmoudi, fin octobre-début novembre 1977. Le jour même, il         avait été repris en écho par le responsable régional de l’UGTT à Sfax,         qui a parlé de ”milices” et de gens préparant une tentative         d’assassinat de Habib Achour». Selon l’ancien directeur du PSD, qui         appartenait au clan dur du régime, «il n’y a pas eu de milices au sens         de force militaire ou paramilitaire. Mais, pour accréditer l’idée, on         était parti, comme toujours, d’un fait sans rapport avec l’accusation.         Le fait, dans ce cas précis, était ce qu’on appelait les ”services         d’ordre”. Il est vrai que l’université a été le théâtre d’échauffourées         à propos desquelles on avait aussi accusé le parti. En réalité, c’est la         fédération des dockers qui y est intervenue, envoyée par Habib Achour,         alors que je n’étais pas directeur du parti. Achour disait en 1972 (et         les textes existent) que l’UGTT était comme les ”gardes rouges” de         Mao, qu’elle défendait le gouvernement et le régime. Comme je l’ai         expliqué, il existait un ”service d’ordre” du parti dont les membres,         fichés par la police, portaient un brassard. Ils intervenaient         uniquement lorsqu’il y avait de grandes manifestations dans le pays,         comme la visite de chefs d’Etat, parce qu’il n’y avait pas suffisamment         de policiers. Après le 26 janvier 1978, le ministre de l’Intérieur avait         déclaré qu’il ne disposait pas d’assez de policiers pour assurer le         respect du couvre-feu. Il demanda alors que le parti mette des gens à sa         disposition. J’ai posé des conditions. En réunion du bureau politique et         du gouvernement, j’ai dit qu’il fallait faire recruter ces jeunes par         les responsables régionaux, et qu’une fois recrutés, ils devaient         toujours être accompagnés d’un agent de police en uniforme. En 1981, la         justice a établi que l’accusation à mon encontre relative à l’existence         de milice ne reposait sur aucun fondement. Pendant un mois,         l’hebdomadaire ”Erraï” avait invité les personnes qui auraient eu à         souffrir des milices à s’exprimer sur ses colonnes ? J’attendais avec         intérêt. La seule personne qui s’est présentée a fait état d’une         agression en 1972 à Tunis dans le quartier de Jebel Lahmar, sans être en         mesure de dire qui étaient ses agresseurs».          Cette interview a été réalisée dans le cadre d’un dossierexhaustif de         notre consoeur le Magazine « l’Expression » du 25 janvier 2008                   Habib Guiza, ex-Secrétaire Général de l’Union         Régionale du Travail de Gabès : 
« L’UGTT n’a pas tiré les leçons qu’il         faut de ces évènements »
                   Le Temps : Trente ans sont déjà passés depuis les événements du 26         janvier 1978, quel est, selon vous, leur impact sur le mouvement         syndical ?         Habib Guiza : Pour comprendre l’évolution des événements qui ont abouti         au 26 janvier 1978 à Gabès, il est utile de rappeler les transformations         subies par la structure socioéconomique de la région. En effet, les plus         grands investissements consentis par la Tunisie dans les années 1960 et         1970 ont été faits à Gabès. Ce tissu industriel a engendré la création         d’une nouvelle classe ouvrière implantée au groupe chimique, au port, à         la cimenterie, aux constructions métalliques, etc… La région comptait,         déjà, plus de dix mille employés, qui sont essentiellement des jeunes de         20-25 ans nouvellement débarqués des universités et des lycées. Leur         niveau minimum d’instruction était la 7ème année secondaire. Le Groupe         Chimique de Gabès n’acceptait pas d’enrôler des jeunes de niveau         moindre. Ces jeunes constituaient l’essentiel de la nouvelle classe         ouvrière de Gabès. Donc, le gros des troupes des syndicalistes de la         région n’était plus constitué par des fonctionnaires mais, plutôt, par         cette jeunesse. A ce moment là, la direction de l’Union Régionale du         Travail de Gabès était constituée par des éléments passifs du Parti         Socialiste Destourien qui occupaient à la fois les instances du PSD et         du syndicat. Ils n’étaient pas motivés par les événements qui avaient         secoué la Tunisie. La nouvelle vague des syndicalistes les a déposés. Le         bureau régional a été dissous et un comité provisoire, dont j’étais le         président, a été désigné par la Centrale Syndicale. C’est ce comité qui         a coordonné les mouvements de la région durant cette période.         D’ailleurs, les anciens membres de l’URT de Gabès ont condamné le mot         d’ordre de la grève générale et ils ont quitté, depuis, les instances de         l’UGTT. Par contre, les élections tenues en 1980 nous ont institué         légalement à la tête de l’URT.                              . Que représente pour vous cet événement ?         – Le 26 janvier représente pour moi la lutte pour l’indépendance du         mouvement syndical qui a pris une nouvelle dimension dans les années         1970. Des raisons objectives et subjectives ont été derrière cet essor.         Objectivement d’abord, à travers l’élargissement de la base sociale de         ce mouvement par la création de nouvelles zones industrielles à Gabès,         Kasserine, Bizerte, Sfax, Sousse, etc…Il y a eu un développement         industriel durant les ères de Ben Salah et de Nouira. Il y a eu une         évolution notable dans les services comme les banques, les assurances,         le tourisme, aux côtés de l’enseignement, la santé, le transport,         etc…Subjectivement, aussi, la dynamique de l’enseignement a transformé         l’étoffe des nouveaux venus dans le monde du travail. Ils sont plus         conscients de l’environnement socioéconomique qui les entoure. Donc, ils         sont avertis quant à leurs droits et plus aptes à les défendre. En plus,         il faut voir, aussi, l’apport des ressortissants de l’université qui         s’est transformée, elle aussi, durant la même période. Par ailleurs, il         y a une volonté politique derrière ça. En effet, l’échec du processus         d’ouverture dans le PSD dans le congrès de Monastir en 1971, a poussé à         accorder une grande marge d’action au mouvement syndical. Vu ses         spécificités, l’UGTT a eu une marge d’action importante, surtout en         l’absence d’autres espaces où les diverses sensibilités politiques         pourraient s’exprimer. Ainsi, la centrale syndicale a concentré le gros         des revendications. C’était l’effet de la présence de cette nouvelle         classe ouvrière et de la radicalisation des structures de base de         l’UGTT. Les motions comportaient de plus en plus de revendications         politiques. Les slogans sur les libertés démocratiques, la liberté de la         presse et le multipartisme, devenaient monnaie courante. D’ailleurs, la         première des aspirations légitimes des syndicalistes était de libérer         l’UGTT de la tutelle du PSD. C’était la première des priorités. Il         fallait « libérer » la Centrale Syndicale pour lui permettre de jouer         son rôle avant-gardiste. Or, le climat politique dans le pays n’avait         pas suivi cette évolution de la structure sociale. Donc, il était         compréhensible qu’il y ait eu cette confrontation entre deux conceptions         de la vie politique en Tunisie. La première qui s’attachait à une vision         unique et figée de la scène. Elle était incarnée par le courant des «         faucons » du Parti Socialiste Destourien. Alors que la seconde prônait         une ouverture sur les autres courants réformateurs dans un cadre         institutionnel pour éviter les débordements. La direction de l’UGTT et         le courant des « libéraux » du PSD défendent cette 2ème thèse. Le 26         janvier 1978 a, certes, marqué temporairement l’ascendant des « faucons         ». Mais, il était également le tournant en matière de démocratie et         pluralisme. En effet, le climat politique de 1977 a déjà permis la         création de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et la parution des         hebdomadaires « Erraï » et « La démocratie ». Ensuite, il y a eu les         événements de janvier 1978 et les procès qui avaient suivi. Seulement,         une année après, les ténors de la ligne dure avaient été démis. Et en         1981, le pluralisme a été proclamé. La vie politique avait, alors, connu         le début d’un épanouissement.                             . Quelles sont les leçons que vous avez         tirées de ces événements ?         – Malheureusement, l’UGTT n’a pas tiré les leçons qu’il faut de ces         événements. La Centrale Syndicale était, certes, sortie plus forte de ce         coup dur. Elle avait acquis plus de crédibilité. Elle avait permis         d’ancrer de nouvelles traditions politiques en dehors du Parti         Socialiste Destourien. Mais ces acquis avaient besoin d’être renforcés à         travers un rajeunissement de la direction et des programmes d’action qui         renforcent cette autonomie chèrement acquise. Or, rien de tout cela n’a         été entrepris. Pire : c’était une logique revancharde qui avait dominé         suite à la réinstallation de Achour aux commandes. Petit à petit, l’UGTT         a perdu cette fière allure qui l’avait caractérisée dans la lutte         nationale et qu’elle a reconquis dans la bataille pour l’autonomie.         D’ailleurs, il suffit de regarder un peu du côté de la direction         actuelle pour se convaincre que les artisans du congrès de mars 1977         avaient disparu des instances de l’organisation. Lequel congrès avait,         pourtant, amorcé le clivage de l’autonomie. A part Abdessalem Jrad, le         SG actuel, aucun membre du bureau exécutif actuel n’a été emprisonné         suite à ces événements. Certains ont, même, collaboré avec les «         fantoches » de Tijani Abid. Donc, l’institutionnalisation a tué la fibre         militante des structures.                    (Source : « Le Temps » (Quotidien –         Tunis), le 26 janvier 2008)
 
 
 
 
 Témoignage         *”Dar-Essabah” et les tumultueuses années 70          « Le courant libéral et la naissance du “Temps” »
 
         
 Par Mohamed Ali                   De formation initialement journalistique, notre confrère Mohamed Ali         Habachi, s’est forgé une solide réputation en maîtrise d’Histoire         moderne et contemporaine de la Tunisie. Il a déjà à son actif deux         ouvrages, dont l’un relate les faits saillants de la scène politique et         syndicale depuis l’indépendance.                    Entamant sa carrière de reporter au milieu des années 70, notre invité         se souvient bien de cette époque, marquée dit-il d’une amorce de         libéralisme engagée par feu Hédi Nouira après le 2ème congrès du PSD,         tenu en septembre 1974.                   Le pays sortait alors de trois crises graves la fin du collectivisme et         ce procès de Ben Salah, les troubles estudiantins qui avaient entraîné         aussi les élèves du secondaire en février 1972, et le congrès du PSD,         tenu à Monastir en 1971 et la scission du courant libéral et l’éclusion         de ses instigateurs).                    Devenu l’homme fort de la Tunisie, Nouira devait opter pour une         certaine ouverture pour désamorcer la crise générale.                   En vérité, précise notre invité, le courant dit libéral au sein du PSD,         remonte plus loin. Déjà au congrès de Sousse tenu en 1959, trois années         après l’indépendance, des voix se sont élevées plus ou moins timidement         pour réclamer une certaine démocratie au sein des instances du parti.         Bourguiba ne tardera pas à évincer ceux qui avaient osé contester ce         qu’ils qualifiaient de pouvoir personnel. Cinq années plus tard, et à         l’occasion de la tenue du congrès de Bizerte en 1964, Bourguiba devait         opter pour un net durcissement, option qui s’était prolongée jusqu’à         1971.                   Habib Achour écarté depuis 1964 venait d’être réhabilité à la tête de         l’UGTT en 1971 après une longue traversée du désert.                   Il devait prêter main-forte à Nouira en engageant la Centrale syndicale         dans la politique contractuelle prônée par le gouvernement depuis 1974.         Nouira visait à modeler les contours d’un modèle de société à base de         salariés et petits et moyens entrepreneurs tout en inaugurant un         libéralisme qui devait profiter au secteur privé encore à ses débuts.                   Le répit social ne devait être que de courte durée. En 1977, les         rapports devenaient de plus en plus conflictuels entre le pouvoir et la         centrale syndicale. Les terribles événements du 26 janvier 1978 finiront         par secouer le pays. Le congrès du PSD, tenu en 1979, devait se         distinguer par une volonté manifeste de Nouira de se démarquer de l’aile         dure du parti. Il prôna une certaine ouverture envers la jeunesse et         l’intelligentsia. C’était trop tard. La fin des années 70 devait être         aussi sombre et dramatique que celle des années 60.                   Les sanglants événements de Gafsa au début de 1980, devaient tout         ébranler, et précipiter le départ de Nouira profondément affecté. Il         projetait peut-être d’engager la Tunisie dans un début de libéralisme         politique, relativement de pair avec son libéralisme économique.                   A son avènement au gouvernement, et tout au long des années 70, Nouira         avait pu bénéficier d’un certain préjugé favorable. Dar Essabah qui se         fait comme toujours l’écho de l’opinion publique, depuis sa fondation         par le militant, feu Habib Cheikhrouhou, devait apporter tout         naturellement son soutien au courant libéral qui se faisait percevoir au         milieu des années 70. D’ailleurs, le journal “Le Temps” devait être         lancé par feu Cheikhrouhou pour répondre à un besoin qui se faisait de         plus en plus sentir auprès d’un lectoral attentif et avide depuis         longtemps d’une presse libre.                   Des précisions à noter pour l’Histoire, conclut notre invité.                   
(Source : « Le Temps » (Quotidien –         Tunis), le 26 janvier 2008) 
  
  
Le courrier de Mohamed Lamjed Abdessalem
 
Voici le courrier que nous a fait         parvenir Mohamed Lamjed Abdessalem, un kinésithérapeute d’origine         tunisienne menacé d’expulsion. 
         
 “Bonjour,         Je vous envoie ce mail pour vous informer         de la situation d’urgence dans laquelle je suis depuis jeudi 10 janvier.         Ma sœur avait rencontré M. Sarkozy en avril 2007 lors de son meeting à         Eurexpo de Lyon pour lui apporter son soutien, celui de sa famille et de         ses amis s’il acceptait de débloquer ma situation de “sans papiers”, il         lui avait fait une promesse de régler ça. Huit mois après, rien ne s’est         passé alors elle lui a adressé un courrier fin décembre pour demander         suite à leur rencontre. Ma sœur a reçu jeudi matin une réponse de la         part de son cabinet disant qu’il contactera le Préfet pour examiner la         situation. A 9h, quatre policiers habillés en civil ont frappé chez mes         parents, j’y étais seul. Sans ouvrir la porte, ils se sont présentés         comme des personnes de la préfecture qui avaient besoin de voir mon         père, ils ont insisté pour que je leur ouvre. Je leur ai dis que je n’ai         pas la clé et que mon père travaille, qu’il vaut mieux revenir plu tard.         Ils ont répondu que je dois signer un papier en urgence, je leur ai         demandé alors de le glisser sous la porte sinon revenir. Ace moment, ils         ont reconnu être de la police et ont menacé d’appeler un serrurier pour         défoncer la porte, ils sont restés une heure a frapper violemment et à         sonner sans relâche en criant:” ouvrez cette porte” . J’ai tellement eu         la trouille que je croyais les voir entrer de partout même par chez les         voisins, j’ai alors fermé toutes les fenêtres, j’ai appelé ma sœur et         mon père pour l’informer et lui demander de ne pas venir, de faire         barrage à ma mère pour lui éviter de tomber nez à nez avec les flics, ce         qui peut la faire tomber dans les vapes vu son diabète instable, son         insuffisance surrénale et son insuffisance thyroïdienne. J’ai appelé         ensuite mon avocat qui, comme d’habitude, s’est montré peu intéressé!         J’ai alors appelé une journaliste de TLM qui était venu nous filmer deux         fois en 2006 et en 2007. Sous les bruits des coups sur la porte et la         sonnette qui n’arrêtait pas de crier, j’ai ouvert la fenêtre de ma         chambre pour me jeter s’ils arrivaient à pénétrer. Ma sœur m’a appelé         pour me dire qu’ils sont montés frapper chez elle, elle était devant la         porte, j’en profité pour m’enfuir. Un ami à moi m’a appelé en début         d’après midi pour me dire que deux flics ont frappé chez lui, il leur a         pas ouvert. Je me cache depuis sans pouvoir rejoindre mon école ni voir         ma famille car nous craignons qu’ils reviennent ou qu’ils surveillent         leurs déplacements, on n’utilise même pas la ligne fixe de chez mes         parents de peur qu’elle soit sous écoute. Jusqu’à quand cela va durer et         quelle sera la fin? Mon père lui aussi est diabétique, il souffre en         plus d’hypertension , ni lui ni ma mère ne pourront supporter qu’on         m’éloigne, le préfet le sait bien car une attestation médicale délivrée         par Dr Jacquelines BOSLE, médecin agrée par la préfecture, témoigne de         leur fragile état de santé et insiste sur la nécessité de ma présence         auprès d’eux vu que je m’occupe de leurs soins, aussi de la scolarité et         de l’intégration de mes 4 frères et sœurs arrivés en France depuis pas         longtemps . Ma mère est dans un sale état moral, elle ne cesse de         pleurer. Le préfet avait prononcé une OQTF à mon égard en mars 2007, il         a une année pour l’appliquer, de force s’il le faut, sans que j’ai le         droit de faire recours, le courrier de ma sœur adressé à Sarkozy a eu         pour effet le contraire de ce qu’ elle a espéré et nous voilà tous à         subir la gestapo. J’ai versé près de 20 000 euros de frais de scolarité         pour mes études d’ostéopathie, je suis en cinquième année, on ne veut         même pas me laisser obtenir le diplôme. Mon but est toutefois de finir         mes études mais aussi de vivre en France auprès de ma famille et de mes         proches. La journaliste de TLM est venu me voir l’après midi du jour         même, elle m’a filmé, je suis passé aux infos du soir. Je vous joints un         des six articles parlant de ma situation. Je reste à votre entière         disposition pour toute autre information.         Cordialement. Mohamed Lamjed ABDESSALEM”   
 (Source: NOUVELOBS.COM |         26.01.2008 | 12:38)         http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/social/20080126.OBS7277/le_courrier_de_mohamed_lamjed_abdessalem.html  
  
AFP, le 25         janvier 2008 à 09h48         Ben Barka enterré à Paris, près d’une autoroute, selon un livre         israélien
 
         
 Par Charly WEGMAN         JERUSALEM, 25 jan 2008 (AFP) – L’opposant marocain Mehdi         Ben Barka, enlevé il y a 42 ans à Paris, a été assassiné par Ahmed         Dlimi, N.2 de la police secrète marocaine, puis enterré dans la         capitale, près d’une autoroute, affirme un ouvrage publié vendredi par         le journaliste israélien Shmouel Seguev.                   “Le 29 octobre 1965, Ben Barka est arrivé à Paris en provenance de         Genève, avec un passeport diplomatique algérien. Il a déposé ses valises         chez son ami Jo Ohanna, un juif marocain, et s’est rendu à         pied à la brasserie Lipp pour y rencontrer un journaliste français,         quand deux policiers français en civil l’ont interpellé et conduit dans         une voiture de location jusqu’à une villa au sud de Paris”, a raconté M.         Seguev dans un entretien à l’AFP.                   “Nous savons avec certitude que Ben Barka était encore en vie le 1er         novembre (…) [le général] Dlimi ne voulait pas le tuer, mais lui faire         avouer son intention de renverser le roi Hassan II”, a-t-il ajouté.                   “Ben Barka avait les chevilles entravées et les mains nouées dans le         dos, et Dlimi lui a plongé la tête dans un bac rempli d’eau. A un moment         donné, il a pressé trop fort sur ses jugulaires, l’étranglant ainsi à         mort”, a-t-il poursuivi.                   “Le ministre marocain de l’Intérieur, le général Mohammed Oufkir, chef         de la police secrète, est ensuite arrivé à Paris pour organiser         l’enterrement, qui s’est déroulé à Paris, quelques jours après le décès,         sur une aire en construction, où il y avait du béton et du ciment, aux         abords de l’autoroute du sud”, a encore indiqué M. Seguev.                   Son livre, préfacé par un ancien chef du Mossad, le service d’espionnage         israélien, Ephraïm Halévy, et publié en hébreu par les éditions Matar         sous le titre “Le lien marocain”, fourmille de détails sur les relations         secrètes entre Israël et le Maroc.                   Le Mossad a ainsi indirectement permis aux services secrets marocains de         repérer l’opposant socialiste, puis de le piéger: “Ben Barka, qui         voyageait beaucoup à travers le monde, se servait d’un kiosque à         journaux à Genève comme d’une boîte postale où il venait récupérer son         courrier, et le Mossad a donné cette information à Dlimi”, affirme         Seguev.                   On apprend aussi que Ben Barka a rencontré en 1960 un haut responsable         du Mossad pour lui demander –en vain– une aide financière et en armes         afin de renverser le régime chérifien, et que David Ben Gourion, le         fondateur d’Israël, en a averti le souverain marocain.                   Après le déclenchement en 1963 de la guerre entre le Maroc et l’Algérie,         le chef du Mossad, Meir Amit, doté d’un faux passeport, a rencontré à         Marrakech le roi Hassan II pour lui déclarer: “Nous pouvons, et nous         voulons vous aider”.                   Les instructeurs d’Israël ont ensuite entraîné des officiers marocains,         formé des aviateurs au pilotage de Migs-17 soviétiques, organisé ses         services secrets, surveillé la construction de la barrière entre le         Maroc et l’Algérie, vendu des armes, y compris des chars AMX-13 français         via Téhéran, et équipé des embarcations de pêche avec des radars pour         les transformer en gardes côtes.                   En 1965, Israël a pu suivre le sommet arabe de Casablanca et a ainsi         découvert l’impréparation des armées arabes bien avant la guerre de juin         1967.                   M. Seguev consacre aussi une place importante aux pourparlers du Mossad         avec le roi Hassan II, qui ont préludé à la rencontre secrète au Maroc         du ministre israélien des Affaires étrangères Moshé Dayan         avec le vice-Premier ministre égyptien Hassan al-Toami, puis au voyage         historique du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem en 1977.                   M. Seguev souligne qu’il n’a pas eu accès aux archives du Mossad, encore         sous le sceau du secret. Ancien capitaine des renseignements militaires,         puis correspondant à Paris du quotidien Maariv, il dit avoir noué des         liens très étroits avec les renseignements israéliens.                   AFP
Pluies de mai (II)                   (Quand Sarkozy se découvre l’ami des pays         musulmans et arabes qui sont pour l’ouverture, la tolérance, la paix et         la stabilité)
 
         
 Par : Mizaanoun                   Une lecture biaisée des choses.                   Dans son éditorial, le quotidien espagnol El Pais du 12 décembre 2007,         analysant les évènements qui ont eu lieu quelques jours après la visite         du président français Nicolas Sarkozy a écrit : « L’Europe et surtout         les pays du sud ont plus d’une raison pour s’inquiéter devant l’escalade         terroriste qui vient de secouer l’Algérie. Ce n’est pas uniquement parce         qu’elle menace les structures économiques du pays nord-africain, un des         principaux fournisseurs de gaz de l’Union Européenne, mais aussi pour ce         qui est de nature à constituer un front de fanatisme aveugle dans un         territoire contigu susceptible, dans le futur, de servir de base à des         actions hostiles sur son flanc sud.»                   Il est bien clair que dans l’esprit occidental la première priorité et         toutes les priorités passent par l’assurance de l’accès, sans entrave         aucune, aux sources des matières premières pour qu’elles soient en          abondance sur le marché au plus bas prix – des prix souvent symboliques         – pour garantir – selon la doctrine Carter – le bon fonctionnement de la         globalisation. Par la suite vient la sécurité, celle du monde occidental         bien entendu.                   Ce n’est certainement pas le seul journal européen ou occidental qui         interprète les choses d’une telle manière. Toutes les déclarations des         gouvernements occidentaux vont dans le même sens et font la même lecture         des évènements et des choses quand ce ne pas eux-mêmes qui s’y trouvent         directement à l’origine. C’est une lecture biaisée qui se fait à partir         de prisme d’un égocentrisme  profond, conjugué à des intérêts         économiques et géostratégiques dépourvus de toute légitimité. Tous ces         intérêts dont on parle ont été  constitués à la faveur de la présence         coloniale d’hier de chacun des pays occidentaux séparément  et renforcés         par la  domination occidentale  féroce et collective d’aujourd’hui. Des         intérêts imposés par la force du feu et du sang en premier lieu et par         la loi de la force par la suite. Logiquement aucun pays libre et         souverain n’est tenu ni à les respecter ni à les valider comme tels et         encore moins à perpétuité et aux dépens de son progrès et des propres         intérêts de sa population et de ses valeurs. Et tel qu’on ne cesse de le         constater il n’est malheureusement pas le cas. Les dictatures sont         installées là où elles se trouvent justement pour tordre le coup à la         logique à la vérité et ainsi faciliter la continuité de la domination         occidentale.                   Faut-il s’étonner de ne trouver dans ce genre d’analyse aucune référence         réelle aux intérêts et à la souveraineté des autres peuples? Quant aux         arguments sécuritaires, ils sont d’un cynisme écœurant. Depuis plusieurs         années, avant que n’apparaisse aucun groupe armé de n’importe quelle         nature que ça soit, l’OTAN avaient déjà mis sur pieds des plans         d’interventions militaires dans toute la région du sud de la         méditerranée. Ces plans sont révisés et mis à jour avec tous les         armements nécessaires y compris les missiles, les avions, les         porte-avions et toutes les munitions appropriées. La plus grande partie         de ces armes est stockée le plus proche de la zone, c’est à dire dans         les pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, la France et l’Italie. Les         manœuvres militaires occidentales se déroulent aussi de manière cyclique         dans les eaux territoriales de tous les pays du Maghreb. Elles ont lieu         officiellement avec la participation des forces armées de ces pays en         tant que forces « amies  ou alliées». Et ce sans compter les éléments de         services de renseignements militaires qui résident en permanence dans         tous ces pays et sont déguisés sous des formes et des dénominations         multiples qui va du corps diplomatique jusqu’aux organisations dites         humanitaires. Un renfort de renseignement militaire supplémentaire         encore plus sophistiqué est en train de s’organiser sous la houlette de         l’Administration américaine qui sera encore plus étendu pour couvrir         toute l’Afrique du nord et la partie de l’Afrique saharienne. Cet         organisme américain est connu sous les sigles AFRICOM. Évidemment quand         le journal parle d’éventuelles futures actions hostiles dirigées vers le         flanc sud de l’Europe, il prend nécessairement les lecteurs pour des         naïfs ou tout simplement il s’adonne à un exercice d’intoxication. Et ce         n’est pas tout.                   D’autre part, l’Occident dans son ensemble, loin d’être dissuadé par les         échecs multiples, malgré les destructions massives et les centaines de         milliers de victimes, en Afghanistan, en Irak,  au Pakistan et ailleurs,         est loin de renoncer à son hégémonie et chaque jour on apprend un peu         plus sur les réajustements qu’apportent l’un ou l’autre de ses         différents organismes militaires, ses chefs de file politique ou         intellectuel.                   Une base navale française aux EAU, comme         au bon vieux temps.                    M. Sarkozy, précisément c’est lui, en tant que nouvel acteur en plein         déchaînement sur la scène nationale et internationale, avec son         programme de rupture générale avec tout et avec tous. Il dit qu’il veut         tout changer sur tous les plans y compris le sentimental (Ou de         l’intimité. Comprendra qui voudra). D’ailleurs de la théorie à l’action.         Dès son entrée à l’Élysée il a rompu avec sa deuxième épouse Cécile.         Quelques deux mois après il a rompu avec la période de grâce dans ce         genre de questions de cœur. Car qui aurait cru que le monsieur, donné         comme follement amoureux de Cécile allait tomber amoureux aussi         follement d’un sosie de celle-ci ? – Et en plus là aussi il rompt avec         les moules et fait tout un spectacle avec sa nouvelle conquête qu’il         promène du Disneyland de Paris à Louxor en Égypte en passant par Pétra         en Jordanie. Pour les frais de ces voyages d’amour, il rompt aussi,         comme il dit avec ses prédécesseurs qui facturaient sur le compte du         contribuable, et se fait offrir des avions privés et des palais aussi         privés. Tout le monde, en France, sait aujourd’hui que le fournisseur de         moyens de transport aérien au chef de l’état, c’est l’homme d’affaires         monsieur Bolloré. Pour le logement, c’est la découverte, car aucun de         ses prédécesseur n’avaient jamais joui de tant de générosité de la part         des émirs du Golfe qui ont mis à sa disposition, à titre amical, leurs          palais privés en Égypte ou en Jordanie. Ils sont sans le moindre doute         aussi disposés à en faire de même pour les prochains voyages privés de         M. Sarkozy, dans n’importe quelle région arabe ou même dans le monde         entier. Les émirs du Golfe ont des propriétés seigneuriales partout.                    Donc après tous les contrats milliardaires dont on a parlé dans la         première partie, monsieur Sarkozy a poursuivi sa marche triomphale et         s’est rendu dans la région du Golfe. Tout d’abord, au cours d’un         discours à Ryad, le 14 janvier dernier, il s’est félicité de « l’Islam         modéré » mis en application par les dirigeants saoudiens et a remporté         de nouveaux succès considérables dans le domaine économique. Entre         quarante et quatre vingt milliards de dollars de contrats, dont un pour         la construction d’une « ligne de chemin de fer » reliant la Mecque à         Médine et d’autres dans le domaine du nucléaire civil. Par la suite il         s’est rendu à Qatar pour rencontrer un autre de ses « grands amis          arabes » du Golfe, l’émir Hamed ben Khalifa Al-Thani.                   Oui ce monsieur, qu’on a vu debout aux côtés de M. Sarkozy pendant le         défilé du 14 juillet 2007. Bien que la caméra n’ait pas insisté trop         longtemps dans la prise de vue, c’était largement suffisant, sur le plan         esthétique,  pour distinguer le contraste entre le nouveau chef d’état         français en tenue sombre comme l’exigent les circonstances, dans sa         taille modeste et un corps plus ou moins svelte, alors que son hôte,         gros et gras, le corps drapé de la tête aux pieds dans ce qu’on appelle         le costume traditionnel de la région du Golfe  à la couleur blanc –         sale  brodé de fil d’or. La scène était insolite. Beaucoup de français         et probablement aussi  beaucoup d’arabes se sont-ils posés la question         sur la présence d’un tel invité de marque! Le peu de temps qu’a duré la         retransmission de cette image on voyait parfaitement le regard du         président français tourné vers le lointain. On dirait qu’il scrutait         l’horizon tout en ignorant la présence apparemment étrange du personnage         qui était à ses côtés, mais la réalité est d’une toute autre nature         comme vont  le révéler les détails de la visite qui va avoir lieu         quelques mois plus tard.                   En effet, ce jour-là du 14 juillet, l’émir était invité pour plusieurs         raisons. La première est  qu’il voulait être parmi les premiers à venir         féliciter le nouveau président français. Monsieur Sarkozy est connu de         longue date pour, au moins, son très peu de sympathie pour les arabes et         les musulmans où qu’ils se trouvent, en France comme immigrés, ou chez         eux. C’est un sentiment que monsieur Sarkozy partage profondément avec         les classes populaires françaises, chose qu’il leur a parfaitement         démontrée tout au long de sa carrière politique aux différentes         institutions mais surtout en tant que ministre de l’intérieur.         D’ailleurs c’est sur la base de ce sentiment teinté d’xénophobie et         transformé en tout un programme politique  que les français vont         l’élire. Donc l’émir et tous ses homologues du Golfe ou les autres         despotes arabes sont toujours ravis à chaque fois que la droite pure et         dure arrive au pouvoir dans n’importe quel pays occidental. Ça leur         donne plus de sécurité quant à leur avenir personnel et plus de         latitude  professionnelle dans le contrôle féroce qu’ils exercent         impitoyablement sur leurs populations respectives. La deuxième raison à         la visite réside dans les énormes contrats milliardaires à la vue que         l’émir est venu en personne discuter avec M. Sarkozy et ainsi les         confirmer. Un bon nombre de ces contrats se sont effectivement         concrétisés par des achats milliardaires à EADS rapportés déjà dans la         première partie de cet article et le reste vient de l’être au cours de         ce dernier voyage en question de M. Sarkozy dans la région du Golfe. La         troisième et dernière raison est d’ordre affectif pour l’émir : son fils         et prince héritier, qui fait sa formation militaire au sein des forces         armées françaises défilait en cette occasion aux côtés de ses camarades         français sur les Champs Élysées.                    Donc au Qatar, il s’est agi de plusieurs autres contrats millionnaires         et milliardaires dans des domaines aussi  bien militaires que civils. Le         journal Le Monde[1] écrit à ce sujet : « Le contrat prévoyant un «         projet d’électrification du Qatar » de la fourniture de sous-stations »         pour un montant de 470 millions d’euros a été signé entre AREVA         Transmission & Distribution, une filiale du groupe Areva, et la société         de distribution d’eau et d’électricité qatarie, Kahrama. Il s’agit,         selon le groupe français, du plus important [contrat] jamais signé par         ce pôle d’Areva. » Pour ce qui est du nucléaire, le mémorandum d’entente         signé entre le groupe EDF et le Qatar prévoit « des discussions sur des         coopérations dans les domaines de la production électrique nucléaire et         la production d’énergies renouvelables, précise l’Élysée, qui insiste         sur le fait que « les discussions porteront dans un premier temps sur un         accord d’assistance pour une étude de faisabilité d’acceptabilité, et         non sur un investissement ». Par ailleurs, des « opportunités         d’investissements dans la chaîne gazière » de ce pays, qui possède les         troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, existeront également.         Parmi les autres documents paraphés lors de cette visite, la présidence         française signale un deuxième mémorandum d’entente entre la GDF et le         Qatar Petroleum International (QPI) pour une coopération « à         l’international dans le domaine de l’énergie », ainsi qu’un «         accord-cadre de coopération » en matière de tourisme et une lettre         d’intention entre la Gendarmerie nationale française et la Force de         sécurité intérieure du Qatar. Les projets évoqués concernent par         ailleurs les transports terrestres, l’aviation civile, le BTP, la         formation et l’armement. »                   Tout de suite après le Qatar, le 15 janvier 2008, M. Sarkozy s’était         rendu à Abou Dhabi, aux Émirats A. Unis. Les détails de cette visite         étaient mis au point[2] lors d’un entretien à Paris entre le président         français et le prince héritier d’Abou Dhabi au mois de juin dernier. Au         sujet de cette visite  sous le titre « La France va disposer d’une base         navale permanente à Abou Dhabi, le journal El Pais[3] écrit : « La         France disposera d’une base militaire permanente qui lui permettra de         contrôler le détroit d’Ormuz, par lequel transitent les 40% du pétrole         mondiale… Le président Nicolas Sarkozy qui a visité hier, en dernière         étape de sa tournée dans la région du Golfe, les Émirats a signé cet         accord militaire et d’autres accords de coopération dans le domaine de         l’énergie atomique à travers lequel le fabriquant des centrales         nucléaires AREVA, la compagnie pétrolière TOTAL et la compagnie         électrique SUEZ vont construire deux réacteurs EPR de troisième         génération… Le journal citant le président français écrit plus loin : «         La France, dit-il, est pour la paix et la stabilité dans cette région du         monde où les enjeux sont considérables. La France sera toujours aux         côtés des pays musulmans et des pays arabes qui sont pour l’ouverture,         la tolérance, la paix et la stabilité »… La base navale permanente, qui         sera située face aux côtes iraniennes accueillera entre 400 et 500         militaires, selon des sources de l’Élysée. C’est un signal, dit Sarkozy,         que la France envoie au monde entier,  pour démontrer qu’elle est         directement concernée par la stabilité de cette région de la planète.         Toute fois il ajoute une nuance, « il ne s’agit pas d’affronter l’Iran.»         Toujours dans le même article on lit : « Il ne s’agit pas de la première         base permanente hors du territoire que la France construit depuis la fin         de l’époque coloniale. Ce n’est qu’un pas de plus en avant vers le         rapprochement entre Paris et les états du Golfe et particulièrement des         Émirats Arabes Unis. Et comme démonstration de ces relations, avant         d’entreprendre le voyage de retour, le président Sarkozy a visité le         terrain où va se construire le futur musée du Louvre à Abou Dhabi et a         contemplé la maquette, œuvre de l’architecte français Jean Nouvel.»         Faut-il encore ajouter qu’à part la nouvelle base navale aux Émirats et         une identique au Qatar, la France dispose aussi d’une autre base, à         l’embouchure de la mer Rouge, à Djibouti.                   Donc comme on peut le lire dans le même article le président français         affirme que la France sera toujours aux côtés des pays musulmans et         arabes qui défendent l’ouverture, la tolérance, la paix et la stabilité.         On dirait le même discours de Napoleon Bonaparte en Egypte. En tout cas          aujourd’hui il ne diffère en rien avec le président Bush ou tous ses         autres homologues occidentaux dans leur « affection commune » qu’ils         portent aux « musulmans et aux arabes qui s’ouvrent pour la tolérance,         la stabilité et la paix ». Et puis ces installations militaires         françaises aux Émirats, au Qatar et dans le reste de la région ne sont         destinées ni  pour confrontation avec l’Iran ni – comme on peut bien         l’imaginer – pour intervenir dans les affaires intérieures de la région.         Il ne reste plus qu’à déduire qu’elles ne seraient finalement que des         installations touristiques !                   Si on regarde la carte de toute cette zone du Golfe on y trouve à part         l’occupation militaire de l’Irak, un déploiement de forces militaires         américaines spectaculaire[4] : Au Koweït 45.000 « marines », 9.000         soldats de l’armée de terre et 1.400 de l’armée de l’air. En Arabie «         Saoudite » 5.000 éléments de l’armée de l’air. Au Qatar : 3.300 aussi         des  forces aériennes et 1.000 des forces terrestres en plus de la         Centrale du Commandement, Centcom. Au Bahreïn en plus de la présence         permanente de la V flotte, on y trouve 1.900 des forces aériennes et         1.200 des forces navales. Aux Émirats se trouvent déjà 500 des forces         aériennes. À Oman, il y a 1.300 des forces aériennes dans la base de         l’aéroport international de Seeb et 3.000 autres dans la base aérienne         de Thumrait. En même temps mouillent dans les eaux du Golfe le navire de         guerre l’USS Kitty Hawk avec 8.000 marins à bord, le navire de guerre         l’USS Abraham Lincoln avec aussi 8.000 marins, le navire de guerre l’USS         Constellation avec 5.630 marins et finalement le navire de guerre         British Naval Task Group avec 4.000 hommes.[5] Avec toutes ces armadas         américaines les 500 hommes de la marine française aux Émirats et autant         au Qatar ne seraient qu’à titre presque symbolique pour le moment.                   D’autre part lors de son périple au Maghreb, quelque temps plus tôt,         monsieur Sarkozy a rencontré aussi des musulmans pour «tolérance, la         stabilité et la paix.» À tous les dirigeants de cette région, à part les         affaires et les contrats milliardaires, il leur a témoigné le soutien de         la France ! Enfin  si le nouveau chef d’état français est  décidé à         rompre avec tous ses prédécesseurs, il fait mieux qu’eux tous pour         renouer avec la page la plus sombre de l’histoire de la France.                    Davos 2008 ou la ruée vers « l’or arabe »                   Dans la chasse aux milliards « souverains » le président français a         dépêché au fameux Forum Économique Mondial (WEF les sigles en anglais)         qui se tient à Davos en Suisse l’un de ses plus proches collaborateurs,         le premier ministre François Fillon. Il ne pouvait pas être la vedette         de ce Forum, car il a un voyage officiel en Inde. Pour cette  38ième         édition de la messe économique qui réunit la crème mondiale de         personnages qui va de politiciens aux hommes d’affaires les plus         célèbres pour discuter de la situation générale dans le monde tous  les         regards des 2500 participants sont braqués aussi sur les émirs du Golfe         qui, loin d’avoir tout dépensé avec les achats multiples d’avions civils         et militaires et les accords signés avec Bush, Blair et Sarkozy         concernant des projets de constructions les plus divers, ils restent les         plus aptes à sauver les uns et les autres du cataclysme financier qui         vient de causer le premier séisme boursier mondial. Selon les         spécialistes et les experts de la finance, le salut économique passerait         désormais par les centaines milliards de dollars détenus par les émirs.                   Pour les Émirats Arabes Unis qui viennent en tête avec 943 milliards de         dollars disponibles, ils sont représentés par M. Saïd Mbarak Al Hajri en         tant que directeur d’ « Abou Dhabi Investment Authority ». Ils sont         suivis par le représentant de la famille Saoud, Mohammed Al-Jasser, vice         gouverneur de la banque centrale des saoudiens, qui offre de son côté         400 milliards de dollars. Quant au patron de la « Kuwait Investment »         Bader Essaad, il arrive avec 300 milliards de dollars. Le chiffre que         proposerait le « Qatar Investment Authority » n’est pas révélé, mais il         ne doit pas être moins que celui de l’un ou de l’autre. Les « Cheikhs »         qui sont représentés par des dinamiques dirigeants, tous formés dans les         grandes écoles occidentales et particulièrement américaines, comme c’est         le cas de l’émirati Al Hajri qui est diplomé de la célèbre université         américaine de Harvard, ne sont plus intéressés aux dépôts bancaires à         faibles risques. Leur nouvelle stratégie est « plus agressive ». Cette         offensive à laquelle fait allusion M. Sarkozy quand il dit : « Face à la         montée des fonds spéculatifs extrêment agressifs et des fonds         souverains, qui n’obéissent à aucune logique économique, il n’est pas         question que la France reste sans réagir…Pourtant à Riyadh, le 14         janvier dernier il a tenu un autre ton et a dit  : « La France sera         toujours ouverte aux fonds souverains dont les intentions sont sans         ambiguïté, dont la gouvernance est transparente et dont le pays         d’origine pratique la même ouverture à l’égard des capitaux         étrangers[6]. Le journal Le Monde qui rapporte l’information ajoute : «         Ce n’est pas par hasard si Nicolas Sarkozy a tenu ces propos à Riyadh et         non pas à Moscou ou Pékin. Quoiqu’ils s’en défendent, les occidentaux         accueillent aujourd’hui plus volontiers les capitaux arabes car, dans le         passé, leurs détenteurs n’ont jamais cherché à prendre le contrôle des         entreprises dans lesquelles ils investissaient. En revanche, ils se         méfient des capitaux russes et chinois, nouveaux venus sur la scène         mondiale et détenus par des états pour lesquels l’économie est une arme         diplomatique. »                   Pour ce qui est de l’agressivité des capitaux « souverains » arabes ça         relève tout simplement de la plaisanterie. Où qu’ils soient investis ces         capitaux constituent  un retour bénéfique à l’origine. Les émirs         contrairement aux russes ou aux chinois n’ont aucun projet économique,         car le seul projet réel qui se distingue des intérêts occidentaux et qui         aurait pu constituer  un danger pour les grandes et même les petites         entreprises occidentales, n’aurait jamais permis de voir des centaines         de milliards et même des billions de dollars entre les mains de ces         émirs dont la seule présence reste une énorme barrière à tout projet de         construction. Par contre il est vrai, qu’une fois tout projet arabe ou         musulman écarté, il y a une bataille acharnée qui se déroule au sein         même des pays occidentaux pour s’attirer vers ses propres entreprises         ces milliards « arabes souverains » et successifs.                                [1] Voir Le Monde du 14 janvier 2008.                   [2] Voir Le Monde du 14 janvier 2008.                   [3] Voir El Pais du 16 janvier 2008 page 6                   [4] Voir El Pais du 15 janvier 2008 page 2                   [5] Voir El Pais du  15 janvier 2008 page 2.                   [6] Voir Le Monde du 15 janvier 2008.