LTDH: Communiqué
C.R.L.D.H. Tunisie: Les derniers évènements en Tunisie : Le devoir d’informer, le droit à la vérité C.R.L.D.H. Tunisie: FLASH-INFOS AFP: Fusillades en Tunisie – le chef d’un groupe salafiste éliminé (journal)
AFP: Fusillades en Tunisie: la piste salafiste sérieusement étudiée
AP: Tunisie: les récents affrontements sanglants provoqués par des salafistes 20 Minutes: Le GSPC dépasse les frontières Sihem Bensedrine: A propos des récents affrontements violents avec les forces de l’ordre Bassam Bounenni: Tunisie – Faillite d’un système
Aujourd’hui le Maroc: La Salafiya fait son apparition en Tunisie
Le Monde: Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, dernier mouvement armé algérien encore actif Fatima Kabba: Le quatrième congrès du Parti Démocratique Progressiste – Echec ou succès?
Parents d’élèves de l’école Tunisienne de Doha: Lettre à M. Le Président de la République après la grève des enseignants de l’école Tunisienne
C.R.L.D.H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
contact@crldht.org / www.crldht.org
Communiqué
Les derniers évènements en Tunisie : Le devoir d’informer, le droit à la vérité.
La Tunisie vient de vivre deux semaines de violence inégalée (du 23 décembre 2006 au 4 janvier 2007) qui ont opposé les forces de police et de gendarmerie, appuyées par des renforts militaires, et un groupe important d’individus lors d’affrontements armés dans le sud de la capitale notamment dans la ville de Soliman, à quelque 27 Km de Tunis.
Le ministère de l’Intérieur a publié le dimanche 24 décembre 2006 une brève par le biais de l’agence officielle, la TAP, faisant état d’une fusillade survenue dans la nuit du samedi 23 décembre ayant fait deux morts parmi les « criminels » et deux blessés dans les rangs de la police. Cette fusillade s’est produite dans une des habitations abandonnées de la ville de Hammam-lif, à 15 Km environ du sud de la capitale. Dans le même temps, les Solimanais entendaient pour la 1ère fois des coups de feu sans pouvoir identifier leur provenance.
L’information a été reprise par tous les organes de presse sans toutefois préciser l’identité, le nombre précis de ces « criminels », la nature de leurs crimes ou les circonstances de la fusillade….Le pouvoir tunisien a tout fait pour minimiser l’affaire et tromper l’opinion publique en faisant référence à une bande de trafiquants de drogue rapidement neutralisée grâce au courage des services de l’ordre !
Des informations provenant de différentes sources font état du décès de deux hauts responsables de la sécurité nationale et de la poursuite des affrontements puisque des tirs de feu ont été entendus toute la journée du mardi 26 décembre, provenant des montagnes de Boukornine et du Ressas, à proximité de Hammam-Lif ainsi que de la zone touristique de Soliman.
Le mercredi 3 janvier 2007, la ville de Soliman a été le théâtre de confrontations armées d’une rare violence qui ont duré plus de 24h dans deux endroits différents, à la zone d’El Bhira, à l’entrée de la ville, sur la route de Tunis et dans la cité d’Echraf, sur la route de la plage. Le groupe armé, dont le nombre est estimé à plusieurs dizaines, équipé de kalachnikovs, de grenades et de fusils d’assaut semble avoir été bien entraîné. Il aurait réquisitionné des habitations en prenant à deux reprises des familles entières en otage. Un jeune Solimanais de 23 ans, Rabii El Bacha aurait, d’après les habitants, organisé les opérations. Il a été tué pendant la fusillade, toute sa famille arrêtée et son domicile démoli. Devant cette situation gravissime, la gendarmerie a dû appeler en renfort les militaires qui sont intervenus avec, notamment, des armes lourdes.
Des informations recueillies auprès des Solimanais, font état d’une vingtaine de morts et d’une quinzaine d’arrestations dans les rangs du groupe armé. Quant aux pertes du côté des services de sécurité, et sans pouvoir donner des chiffres précis, elles seraient également lourdes puisque tous les hôpitaux des villes voisines de Menzel Bouzelfa, Beni Khalled et Grombalia ont été réquisitionnés pour recevoir victimes et blessés.
Des caches d’armes en tout genre auraient été découvertes notamment dans des maisons inoccupées à Soliman-Plage et dans une bourgade à 7 Km de la ville appelée El Mrissa, sur la route de la station thermale de Korbous.
Plusieurs témoins affirment que des individus armés se sont retranchés dans des fermes éloignées à la sortie de la ville et que rien n’est encore fini puisque le samedi 06 janvier au soir, des coups de feu ont été entendus à Soliman et dans El Mrissa. Différentes sources médiatiques indépendantes, politiques ou associatives s’accordent à dire que ce groupe armé appartiendrait à des Salafistes Jihadistes appelés « la prédication et le combat ». Le groupe de Soliman serait constitué essentiellement de Tunisiens avec une probable participation extérieure.
La Tunisie vit depuis lors un véritable état de siège avec l’instauration de check points et de barrages routiers dans tout le pays notamment au Cap Bon et dans le Sud, des rafles et des arrestations en masse dans plusieurs villes et villages, dans des quartiers populaires et devant les différentes mosquées.
Ces évènements, qui marquent une nouvelle étape dans la vie du pays, sont en réalité redoutés de longue date tant l’étouffement total de la société tunisienne et la politique de désertification politique, associative et culturelle peuvent mener au désespoir et à la désillusion, notamment des jeunes. L’opposition politique et le mouvement associatif autonome n’ont cessé de prévenir les autorités quant aux conséquences néfastes que peut engendrer la répression sauvage qui s’abat depuis des années sur toutes les forces démocratiques, pacifistes et réformatrices du pays. Notre Comité a constamment mis en garde le pouvoir despotique contre les dangers et risques imprévisibles auxquels conduisent la répression aveugle et la faillite plus que jamais avérée, du tout sécuritaire.
Face à cet affrontement armé sans précédent que vient de connaître la Tunisie, le CRLDHT tient à condamner de la manière la plus ferme le groupe armé dont il s’agit, et ce quels que soient ses références idéologiques ou objectifs politiques.
Il tient en même temps à rappeler que le régime despotique tout autant que ses propagandistes véreux, sont malvenus d’exercer leur surenchère et autre chantage pratiqué à l’endroit des organisations autonomes de défense des droits humains et de l’opposition démocratique.
Des questions demeurent toutefois sans réponses : pourquoi ce black-out total sur l’information ? Quel est le nombre exact de ces « criminels »? Quel est le nombre des tués, des blessés et des arrêtés ? Comment toutes ces armes ont-elles pu traverser les frontières ? …
Le CRLDHT exprime ses craintes quant au risque d’atteintes aux libertés individuelles et à l’intégrité physique qui accompagnent les arrestations massives qui ont touché des centaines de jeunes dans les différentes régions du pays.
Le CRLDHT appelle les Tunisiens à une grande vigilance afin de faire valoir leur droit à connaître la vérité, toute la vérité et de mettre fin à cette politique d’infantilisation de tout un peuple marginalisé et privé de la liberté de savoir comme de décider de son sort.
Le C.R.L.D.H.T reste persuadé que le despotisme enfante le désespoir qui, à son tour, engendre les violences et que la conjoncture actuelle rend d’autant plus urgent et légitime notre combat pour les réformes démocratiques en Tunisie.
Paris, le 9/01/2007
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
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FLASH-INFOS
· Le 21ème congrès de la centrale syndical, l’Union Générale des travailleurs Tunisiens (UGTT) en état de siège.
· Le 4ème congrès du Parti Démocrate Progressiste.
· Une nouvelle publication du CRLDHT, en hommage à la direction légitime de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT).
Le 21ème congrès de la centrale syndical, l’Union Générale des travailleurs Tunisiens (UGTT) en état de siège :
La ville de Monastir a accueilli les 14,15 et 16 décembre dernier le 21ème congrès de la centrale syndicale, l’Union Générale des travailleurs Tunisiens (UGTT) dans un climat de tension avec un important dispositif policier déployé autour de l’hôtel pour empêcher les syndicalistes, venus en nombre des quatre coins du pays, d’accéder à l’hôtel et suivre les travaux du congrès. Des participants, parmi lesquels des candidats à la direction de l’UGTT, ont été tabassés, certains hospitalisés. Tous ont été chassés des hôtels qu’ils avaient réservés et contraints à quitter Monastir dès le début du congrès !!
C’est la raison pour laquelle les quelque 500 congressistes ont bruyamment interrompu, et à plusieurs reprises, l’ouverture des travaux en scandant des slogans appelant à l’indépendance de l’UGTT demandant la levée immédiate du siège policier, exigeant une démocratisation de la vie sociale et politique et le respect des libertés syndicales.
Unique syndicat tunisien, l’UGTT regroupe les travailleurs manuels et intellectuels. Bien que l’organisation ait perdu le prestige qu’elle avait durant les années 1970, elle continue à constituer la plus grande organisation de masse dans le pays, avec près de 400.000 adhérents et une représentation réelle, sectorielle comme territoriale dans tout le pays. Son rôle de véritable contre pouvoir dans le pays a cessé depuis l’arrivée de M.Ben Ali au pouvoir et la politique de récupération et d’instrumentalisation des organisations de masse mises en place.
Ce 21ème congrès, prévu initialement en avril 2007 et dont la date a été avancée dans la précipitation sans raison apparente, a été une fois de plus l’occasion de montrer la fébrilité du pouvoir politique tunisien qui a redouté la campagne électorale précédant le congrès et le risque de modification de l’équilibre traditionnel formé par l’équipe du secrétaire général sortant, Abdessalem Jrad. Cette dernière s’illustre mollement dans la défense de l’autonomie et de l’indépendance de la centrale syndicale et demeure souvent à la traîne de la lutte pour les droits et les libertés des Tunisiens. Son soutien, en 2004, à la candidature du président Ben Ali pour un quatrième mandat, malgré l’hostilité de larges structures régionales et de plusieurs fédérations est un exemple significatif.
Cette tension palpable est symptomatique du malaise profond que traverse le pays, pouvoir et société civile ; un malaise qui traduit une situation sociale fort tendue où le pouvoir d’achat des différentes catégories sociales s’est fortement détérioré et des dizaines de milliers d’ouvriers tunisiens, hommes et femmes notamment dans le secteur textile, se sont trouvés sans emploi. Les chômeurs diplômés, quant à eux, se comptent par milliers et vivent depuis la fin de leurs études dans des conditions de grande misère, sans logement et sans aucune source substantielle de revenu. Les négociations sociales peinent à aboutir dans l’écrasante majorité des secteurs et les grèves, organisées dans l’enseignement, la santé publique et de nombreuses entreprises publiques et privées laissent le pouvoir politique de marbre. A cela s’ajoutent l’augmentation des prix de l’énergie, la dévaluation du dinar, le coût de plus en plus élevé de services élémentaires jadis gratuits, comme l’éducation et la santé et la corruption généralisée qui paralyse la tête de l’Etat ainsi que l’appropriation, par « les familles dirigeantes », des deniers publics.
Sur le plan politique, la situation générale du pays n’est pas meilleure. Une atmosphère d’étouffement total pèse sur le climat politique du pays caractérisé par une violence extrême qui depuis plusieurs mois est de règle dans toute la société en réponse à toute aspiration aux moindres droits et libertés.
Lors de ce congrès, et parmi les nouvelles figures qui ont accédé à la direction de l’UGTT, quelques-unes sont connues par l’ensemble de la société civile pour leur engagement en faveur des libertés et des droits humains ; le mouvement associatif autonome ne peut que se féliciter de ce nouvel apport
Il est certain que les Tunisiens ont hâte de voir leur syndicat reconquérir son rôle de contrepoids politique et garantir une meilleure implication sur le plan national pour la défense des libertés publiques et la justice sociale.
Le 4ème congrès du Parti démocrate progressiste :
Le Parti Démocrate Progressiste (PDP), une des principales formations de l’opposition légale a tenu les 22, 23 et 24 décembre 2006 son 4ème congrès sous le slogan “Citoyens et non sujets”, lors duquel son fondateur et secrétaire général, l’avocat Ahmed Néjib Chebb,i a quitté ses fonctions en tant que premier responsable et porte-parole du parti.
Le PDP est un parti politique d’opposition créé en 1983 sous le nom de Rassemblement socialiste progressiste (RSP). Il a été reconnu officiellement en septembre 1988. Et bien qu’il ait participé à toutes les élections législatives depuis 1989, il n’a jamais eu de représentant à la Chambre des députés… Aux cotés du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) dirigé par le Dr Mustapha Ben Jaafar, il est le seul parti d’opposition légale à ne pas recevoir de financement public. Son journal, l’hebdomadaire Al Mawqif, n’est pas subventionné non plus.
Le PDP s’est engagé depuis sa fondation en faveur des réformes politiques dont une amnistie générale, une information libre et une presse indépendante, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice…et des réformes économiques et sociales basées sur les principes de transparence et de distribution équitable des richesses nationales.
Faisant partie du Collectif 18 octobre pour les droits et les libertés où son ex secrétaire général, Me Ahmed Néjib Chebbi a participé à la grève de la faim de huit personnalités de la société civile tunisienne en octobre et novembre 2005, ce parti a, depuis favorisé la lutte collective pour la mise en application des trois revendications fournies par le Collectif à savoir l’amnistie générale avec la libération de tous les prisonniers politiques et le retour des exilés, la liberté d’expression et le droit à l’organisation politique et associative.
C’est une femme, Maya Jribi, 46 ans, qui a été élue à la tête du Parti démocrate progressiste, devenant ainsi la première dame à diriger un parti politique légal en Tunisie. Membre fondateur du parti, Mme Jribi est une femme engagée de l’opposition politique tunisienne. Outre les revendications classiques du PDP, elle fait siennes les revendications du “mouvement du 18 octobre pour les droits et les libertés” ainsi que le rajeunissement et la féminisation des cadres du parti. D’ailleurs, ce congrès a permis le renouvellement de 60% des membres du comité central qui compte désormais quatre fois plus de jeunes cadres que l’équipe sortante. Le nombre de femmes au sein de la nouvelle direction est passé de deux à neuf.
A la suite de son élection, Mme Maya Jribi a lancé un appel pour l’unification de l’opposition : “Une telle unité est un besoin pressant et urgent”, a-t-elle affirmé lors d’une conférence de presse.
Le CRLDHT exprime à Mme Jribi ses meilleurs vœux de réussite dans ses nouvelles responsabilités en tant que première dirigeante de son parti pour poursuivre l’œuvre du PDP dans la promotion des libertés et des droits de l’homme.
Une nouvelle publication du CRLDHT, en hommage à la direction légitime de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT).
Le CRLDHT vient de publier, à l’occasion de son 10ème anniversaire, un ouvrage intitulé « Une volonté d’indépendance » en hommage au combat exemplaire de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT).
Cet ouvrage est le fruit d’un travail méticuleux fourni par Maître Houcine Bardi, avocat à la cour de Paris et membre actif du CRLDHT et préfacé par Maître Michel Tubiana, Président d’honneur de la LDH, Vice Président de la FIDH et membre du comité exécutif du REMDH.
Ce livre retrace en 136 pages le courage des magistrats tunisiens dans le combat qu’ils mènent pour l’indépendance de la justice, et le coup de force fomenté par le ministère de la Justice contre leur association, l’AMT, représentant unique et légitime des magistrats tunisiens, élu démocratiquement en décembre 2004.
L’AMT est dans le collimateur du pouvoir politique de Ben Ali qui a multiplié les actes de harcèlement depuis l’élection du son nouveau bureau au congrès de décembre 2004 et le vote d’une motion visant à garantir une réelle indépendance de la Justice. Des tentatives de déstabilisation interne menées par des juges aux ordres ayant échoué, le ministère de la Justice a alors pris la relève pour réprimer les responsables du bureau légitime de l’AMT et exercer à leur encontre des mesures punitives collectives et des mutations disciplinaires dans des postes loin de leur famille et ce, en raison de leur attachement à l’indépendance de leur association avant d’organiser un coup de force et d’imposer un bureau fantoche le 4 décembre 2005…
Par cette publication, le CRLDHT a voulu saluer ces Hommes et ces Femmes qui forcent le respect pour leur détermination à poursuivre, dans des conditions difficiles de harcèlement et de persécution, leur combat pour la réforme du statut des magistrats conformément aux standards internationaux et aux motions librement votées par les magistrats tunisiens, premier pas vers une justice indépendante au service d’un Etat de droit et du citoyen..

le chef d’un groupe salafiste éliminé (journal)
Fusillades en Tunisie: la piste salafiste sérieusement étudiée
Tunisie: les récents affrontements sanglants provoqués par des salafistes
Associated Press, le 9 janvier 2007
TUNIS (AP) – Le groupe armé qui a été récemment mis hors d’état de nuire par les forces de sécurité tunisiennes après des accrochages sanglants est de plus en plus présenté comme appartenant à la mouvance salafiste, selon les détails rapportés par la presse tunisienne.
Le gouvernement ne donne lui aucune indication sur la nature des activités du groupe ni sur l’identité de ses membres qu’il se borne à qualifier de “dangereux criminels”, près d’une semaine après la fin des affrontements qui ont fait 12 morts parmi les membres du groupe, selon un bilan officiel. Quinze personnes ont été arrêtées.
Le journal “Achourouk” avance que le chef du groupe fait partie des victimes. Il s’agit, selon ce quotidien privé proche du pouvoir, de Lassaâd Sassi, un Tunisien âgé de 37 ans.
Présenté par d’autres sources comme ancien agent de sécurité qui s’est porté volontaire pour combattre avec les salafistes en Afghanistan et en Algérie, il aurait succombé à ses blessures après avoir été capturé le 3 janvier.
Citant des “sources bien informées”, le journal fait également état de la mort de l’adjoint du chef du groupe, Rabiâ Bacha, un étudiant de 22 ans originaire de la localité de Soliman. Située à moins de 40km au sud de Tunis, cette localité a été le théâtre d’affrontements meurtriers.
Selon ce journal, “l’intensité des échanges de tirs et les armes utilisées, dont des fusils-mitrailleurs et des lance-roquettes de type RPG, indiquent que les membres du groupe étaient rodés au maniement de ces armes”. Les forces de sécurité appuyées par un char, ont dû recourir aux armes lourdes pour venir à bout des fugitifs retranchés dans une maison en construction, après une traque qui a duré onze jours.
Selon “Tunis-Hebdo”, les éléments du groupe “s’entraînaient au maniement des armes dans un triangle situé entre les monts de Hammam-Lif, la région de Grombalia et celle de Soliman”, non loin de la capitale. Ils “comptaient, paraît-il, s’en prendre à des sites touristiques et économiques du pays, particulièrement du côté (des stations balnéaires) de Hammamet et de Sousse”, ajoute cet hebdomadaire.
“Nous voulons la vérité” a réclamé quant à lui l’hebdomadaire “Akhbar Al Joumhouriya”.
Tout en proclamant leur refus de la violence comme moyen d’action politique, des associations dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et le parti démocratique progressiste (PDP/opposition), ont déploré le “verrouillage médiatique” observé par les autorités.
Le GSPC dépasse les frontières
A propos des récents affrontements violents avec les forces de l’ordre
(Source : « Kalima », N° 49 – janvier 2007)
Lien : http://www.kalimatunisie.com/article.php?id=441
Tunisie : faillite d’un système
Bassam Bounenni
Sans décrire, dans l’immédiat, le moindre impact des derniers événements survenus en Tunisie, il nous est déjà permis de stigmatiser la désastreuse gestion de l’information dans ce pays claquemuré.
Kalachnikovs et RPG. On n’est pas en Afghanistan, ni en Irak. On est dans la petite Tunisie sereine. Echange de coups de feu entre les forces de sécurité et les membres d’un groupe «criminel» pendant plusieurs jours, du côté de la banlieue Sud de Tunis. Comme à son accoutumée, le régime tunisien a bloqué toutes les voies vers l’information et a imposé aux médias du monde entier les dépêches laconiques de la très officielle agence Tunis-Afrique Presse.
Pour cet accrochage, le premier depuis 1980, les autorités tunisiennes ont accrédité la thèse d’une affaire de drogues ou de trafic d’armes, bien que toutes les données aient renforcé la piste salafiste.
Peu importe, puisque la Tunisie, devenue au fil des années une véritable caserne, vient d’être frappée de plein fouet par des «criminels». L’affaire a mobilisé, en effet, tous les appareils de sécurité, y compris l’armée. Des barrages ont été établis à l’entrée de plusieurs villes. Et, pire encore, la population a froid au dos. Surtout en l’absence d’informations fiables.
Devant une telle désinformation, les rumeurs ont abondé: coup d’état, des dizaines de morts… Autant de bruit qui circule dans un pays épargné, jusque-là, par les violences.
Le pays n’a, d’ailleurs, pas connu de banditisme au sens propre du mot. Avec trois hold-up en deux décennies et un nombre très limité de meurtres par balles, la Tunisie demeure une exception dans toute la région.
Cependant, le régime tunisien refuse de comprendre qu’il n’existe pas de paradis sur Terre. D’où sa gestion «soviétique» de l’actuelle crise.
Ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant. En 2002, lorsque une voiture piégée explose devant la synagogue de Djerba tuant plusieurs touristes allemands, Tunis essaie d’accréditer la thèse accidentelle, avant une intervention farouche des diplomaties allemande et israélienne obligeant les autorités tunisiennes de parler d’attentat.
L’Organisation Mondiale du Tourisme imputa, alors, à la mauvaise gestion de l’information les piètres résultats du tourisme tunisien, au cours de l’exercice 2002, expliquant que tous les pays du monde étaient des cibles potentielles et que seule la transparence et la clarté des informations fournis aux Tours opérateurs et aux agences de voyages pourraient atténuer les craintes des touristes.
Le Maghreb connaît actuellement un retour en force des réseaux salafistes, dont certains tels que le GSPC algérien sont directement liés à Al Qaida. La Tunisie ne sera, donc, pas épargné par cette «ferveur» qui connaît, d’ailleurs, des adeptes parmi les jeunes générations tunisiennes. On parle de plus de 500 prétendants «malheureux» au «Djihad» en Irak croupissant, en ce moment même, dans les geôles tunisiennes. Un chiffre alarmant pour un régime qui se targue d’avoir «extirpé les racines du terrorisme» et qui s’est voulu d’être un donneur de leçons au lendemain des attentats du 11 septembre, puisque ayant «averti ses alliés occidentaux depuis les années 1990 du danger que représentait les barbus».
La Tunisie de M.Ben Ali peut-elle encore se vanter de ses «acquis» sécuritaires après les derniers événements? On impute cette dérive à l’absence aussi totale que frappante des libertés publiques. La chasse aux opposants – toutes sensibilités confondues – et la pacification de la rue n’ont pas empêché l’apparition de poches de tensions, parfois de nature terroriste.
Le souci sécuritaire étant fort précieux pour les Tunisiens qui y voient la seule consolation en l’absence de vraies et solides pratiques démocratiques, l’opinion publique réclamera des comptes à un régime en fin de règne, selon plusieurs indices.
En tout cas, il serait légitime, dans l’état actuel des choses, de parler une faillite totale du système. Ne serait-ce que le système d’information. Et cela constitue en soi un grand problème.
(Source: le site Agoravox (France), le 9 janvier 2007)
La Salafiya fait son apparition en Tunisie
Des correspondants de la presse étrangère accréditée à Tunis révèlent que l’intervention musclée des services de sécurité tunisiens contre une bande armée, le 3 janvier, aurait permis le démantèlement d’une cellule terroriste salafiste.
Le groupe armé dont quelques membres ont été appréhendés lors du dernier affrontement qui a eu lieu, mercredi dernier, entre celui-ci et les forces de police tunisiennes, à Hammam-Chatt (sud de Tunis), fait partie du «mouvement salafiste», selon le quotidien tunisien arabophone «Achourouk» sans dévoiler son appellation, citant des sources sous couvert d’anonymat. Par ailleurs, le quotidien arabophone considère qu’ «on ne peut connaître la nature exacte du groupe criminel avant d’avoir achevé les investigations et obtenu les résultats qui révéleront leurs projets en Tunisie», citant une source sûre.
En outre, de hauts responsables ont assuré à «Achourouk» qu’un seul étranger faisait partie du groupe criminel et portait la nationalité «mauritanienne». Quant au journal francophone «Le Temps», la «bande des dangereux criminels», décrite comme étant «terroriste» et «salafiste au service d’Al Qaïda» par les médias étrangers, a été trahie par la quantité de pain quotidienne qu’elle achetait. Cet infime détail a mis la puce à l’oreille des enquêteurs qui ratissaient la région après le premier affrontement qui a eu lieu le 23 décembre dernier.
La presse tunisienne salue, par la même occasion, la vigilance de la police tunisienne et espère «que les investigations établiront avec exactitude la manière avec laquelle les armes se sont infiltrées dans le pays». Cet aspect de l’affaire pose un sérieux problème, compte tenu de la situation sécuritaire plus que satisfaisante que connaît la Tunisie.
Le premier affrontement entre les services de police tunisiens et la bande a eu lieu le 23 décembre, non loin de la capitale tunisienne, à la localité d’Hammam-lif. Lors de cette opération, deux éléments du groupe ont été abattus et deux autres arrêtés tandis que deux agents des forces de l’ordre tunisiennes ont été blessés. Après cet incident, les forces de l’ordre avaient multiplié les points de contrôle dans la capitale et dans sa banlieue. La fin de la traque a eu lieu près de Tunis.
Suite à cet accrochage d’envergure, les autorités tunisiennes n’ont donné aucune information concernant la nature des «criminels». En revanche la presse tunisienne avait avancé deux hypothèses. La première évoquait des «trafiquants de drogue» en relation avec un réseau international. Alors que la seconde annonçait que les «criminels» seraient en réalité des «terroristes» apparentés à des salafistes.
Des salafistes tunisiens arrêtés en Algérie
Le quotidien algérien «El Moudjahid» avait publié dernièrement l’arrestation de deux Tunisiens appartenant à un réseau terroriste international qui s’apprêtaient à rejoindre le maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dans la nuit du 28 au 29 décembre, par une patrouille militaire, au lieu dit «Djebabra» dans la région de Meftah, a-t-on appris samedi de source sécuritaire.
Les dénommés C. L. et L.S., auditionnés par la police judiciaire, «ont reconnu appartenir à un réseau terroriste international et qu’ils s’apprêtaient à rejoindre le maquis du GSPC de Djebabra», a précisé la même source, ajoutant que «les vérifications ont également établi qu’ils venaient de Libye». L’audition des deux personnes interpellées se poursuit, a-t-on indiqué de même source.
Par : Sanaa Tamssnaoui (Avec agences)
(Source : « Aujourd’hui le Maroc », le 9 janvier 2007)
Lien : http://www.aujourdhui.ma/international-details51468.html
Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, dernier mouvement armé algérien encore actif
Florence Beaugé
De tous les groupes armés algériens, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) est le seul encore véritablement actif. Tous les autres ont été laminés par les forces de sécurité ou ont déposé les armes.
Le GSPC est encore structuré et disposerait de quelques centaines d’éléments (entre 300 et 600, selon les autorités algériennes). C’est peu mais suffisant pour maintenir une tension constante. Depuis le début du mois de juin, on estime à une trentaine le nombre de personnes qui ont trouvé la mort lors d’attaques ou d’attentats.
La dernière opération d’envergure attribuée au GSPC en Algérie remonte au 7 juin. Ce jour-là, treize gardes communaux ont été tués par l’explosion d’une bombe sous leur camion alors qu’ils circulaient sur une piste d’Aïn Rich, à 400 km au sud d’Alger. Le 12 mai, douze militaires avaient perdu la vie dans une embuscade, non loin de Khenchela, dans l’Est. Il y a deux ans, le GSPC avait mené une action spectaculaire en prenant en otage 32 touristes européens dans le Sahara. Après des semaines de tractations, il avait libéré les captifs en mai 2003.
La naissance du GSPC remonte à 1998, époque des massacres de masse perpétrés par le Groupe islamique armé (GIA), devenu plus tard les “GIA”, en raison de l’éclatement du mouvement en une kyrielle de groupes armés nihilistes et suicidaires. Aux tueries perpétrées par le GIA, les forces de sécurité algériennes répliquent par une violence presque identique. La guerre est sans merci, d’un côté comme de l’autre, et l’engrenage fatal.
L'”ultraviolence” du GIA a mené à une scission et a eu deux conséquences : d’une part, la reddition de l’Armée islamique du salut (AIS), bras armé du Front islamique du salut (FIS) qui a procédé à sa dissolution après la “loi sur la concorde civile” du président Bouteflika, fin 1999 ; d’autre part, l’apparition du GSPC, émanation de salafistes qui refusent le déchaînement de cruauté du GIA contre la population civile autant que la trêve conclue par l’AIS avec le régime. A l’inverse du GIA, le GSPC a toujours affirmé ne s’en prendre qu’aux forces de sécurité et aux “patriotes”, milices armées d’autodéfense. Aujourd’hui, il est surtout présent dans le centre et le sud du pays et vit, comme tous les groupes armés, du racket des populations.
Officiellement, le GSPC est toujours dans la ligne “ni trêve ni dialogue” avec le régime. Le pouvoir le combat tout en lui offrant une porte de sortie : l’amnistie générale qui se prépare et englobera les forces de sécurité comme les “repentis” de la “décennie rouge” 1980-1990.
Le GSPC figure sur la liste des organisations terroristes dressée par le département d’Etat américain. A-t-il pour autant des liens avec Al-Qaida ? Avant même les attentats du 11-Septembre, les autorités algériennes affirmaient qu’il disposait de soutiens à l’étranger. Aucun lien organique n’a cependant pu être établi entre le GSPC et Al-Qaida, affirment plusieurs spécialistes des groupes armés algériens.
Le GSPC, quant à lui, dément toute affiliation mais reconnaît “soutenir le combat d’Al-Qaida contre la tyrannie” . Quoi qu’il en soit, la lutte antiterroriste menée par les Américains profite aujourd’hui aux autorités algériennes et tend à “internationaliser” le GSPC, à tort ou à raison.
(Source : Article èublié dans « Le Monde » (France) du 26 juin 2005)
Cacophonie sur France24
MetallicNaddou
Hier soir (Lundi 8 janvier 2007 à 19heures, NDLR), je ne sais plus vers quelle heure exactement, mon père se met à hurler nos noms : “Venez viiiite!” “Chnoua? Qu’est-ce qui se passe ?”
L’alerte déclenchée, ma mère avec 5 bigoudis dans les cheveux, ma soeur pieds nus un stylo à la main et moi en cape de bain arrivons en courant devant la télé. Avant d’ouvrir la bouche, notre regard est attiré par le gros titre qui s’étalait au bas de l’écran “Tunisie et terrorisme”.
Sur un plateau télé, trois personnes: un présentateur, une sénatrice tunisienne et un opposant. Le résultat: un dialogue de sourds. J’ai l’impression que le présentateur était le seul à comprendre de quoi on parlait.
La sénatrice a (oh miracle!) prononcé les mots que l’ont attendait: effectivement, il s’agissait d’un groupe de terroristes salafistes, des obscurantistes, des extrémistes … et hop toutes la panoplie de synonymes y est passée. Selon l’opposant, nous n’avons l’honneur d’entendre ces mots officiellement que parce que cela ne pouvait être caché plus longtemps. Entre nous il n’a pas tort, mais enfin bref …
Alors une tentative de débat. Imaginez une sénatrice et un opposant tunisiens débattant de la Tunisie sur un plateau français. Vous visualisez bien là? eh bien figurez-vous que ça n’a aucun intérêt !
Vous posez une question sur le danger terroriste, on vous répond sur la démocratie. Là vous vous adaptez et vous posez une question sur la démocratie, mais on vous répond sur les droits de la femme. Vous faites remarquer que dans d’autres pays aux “conditions” différentes le danger est quand même présent, et là c’est le grand bordel intersidéral où l’on ne comprend plus quel est le rapport entre ce que les deux “invités” racontent et la question posée.
Bref, une cacophonie sans queue ni tête où nous n’avons rien appris à part une chose: que sur une chaîne française deux tunisiens ont montré la grande incapacité de communication et de dialogue qui fait notre bonheur quotidien.
Quelques minutes plus tard, ma mère a retrouvé ses bigoudis, ma soeur ses cours de médecine et moi ma bouteille de shampoing. Mon père quand à lui était mort de rire.
(Source : le blog de « Nadia From Tunis », le 9 janvier 2007 à 04h25 PM)
Lien : http://metallicnaddou.blogspot.com/2007/01/cacophonie-sur-france24.html