TUNISNEWS
8 ème année, N° 2634 du 09.08.2007
Omar Khayyam: Entretien avec Khawla Dhrif, présidente de l’ATR [ Association des Tunisiennes Révolutionnaires]
Le Temps: le monde de la justice: De bons signes
Le Temps: Consommation et équilibres budgétaires :Sait-on combien coûte réellement un pain ?
Reuters: Libye/Infirmières – Le fils de Kadhafi reconnaît des tortures
Reuters: Turquie – Koksal Toptan élu président du Parlement
AFP: L’Egypte condamne l’appel d’un député néerlandais à l’interdiction du Coran
( Cet entretien est imaginaire. Toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure et heureuse coïncidence)
Entretien avec Khawla Dhrif, présidente de l’ATR [ Association des Tunisiennes Révolutionnaires] :
« Embrasse le chien sur la bouche jusqu’à ce que ton but tu touches »
Omar Khayyam : L’ATR vient de bénéficier d’une cadeau de Haj Zaba de 50 milles dinars. Le dictateur veut-il acheter le silence de l’ATR?
Khawla Dhrif: Un proverbe tunisien dit :« Embrasse le chien sur la bouche jusqu’à ce que ton but tu touches ». En outre l’argent n’a pas d’odeur qu’il vienne de Haj Zaba, de Hajja Laïla ou même du “voleur de yachts” [ Imed Trabelsi]. Nos valeurs morales sont inspirées par le grand Vladimir Illich Lénine. En 1917 il a accepté l’argent des impérialistes allemands pour retourner faire la révolution en Russie. Personne ne peut dire que Lénine était l’agent du Reich allemand. C’est impossible ! Il était, tout simplement, plus malin que ses “protecteurs” de Berlin. Il les a, en quelque sorte, roulés, arnaqués. Accepter l’argent des capitalistes pour combattre le capitalisme ! C’est le summum de la fourberie politique. Je déplore qu’on nous qualifie de “femmes vendues”. Ce qui compte c’est le but final de l’ATR. Notre but est de débarrasser la Tunisie de la dictature grâce à… l’argent de la dictature ! Haj Zaba et ses conseillers ne sont pas assez intelligents pour comprendre que cet argent est destiné à financer leur propre chute !
O.K.: Est-ce que vous encouragez les autres ONG tunisiennes à accepter les cadeaux du Parrain de Carthage ?
K.D.: Nous les invitons tout simplement à oser “embrasser le chien sur la bouche”. C’est répugnant, déguelasse mais les vrais révolutionnaires ne reculent devant rien pour atteindre leurs objectifs finaux. Par exemple, l’écrivaine-poétesse Amel Moussa a accepté en 2006 une petite enveloppe de 20 000 DT de la part de Hajja Laïla. Savez-vous que l’écrivaine-poétesse a tout de suite distribué les 20 000 DT aux familles des prisonniers politiques? Bien sûr cette info n’a jamais été rendue publique pour des raisons évidentes. Qui peut maintenant accuser Amel Moussa de collaboration avec la mafiocratie tunisienne?
O.K.: Comment les citoyens tunisiens peuvent-ils dorénavant distinguer les ONG des OVG [ Organisations Vraiment Gouvernementales]?
K.D.: Mais nous voulons sciemment crééer la confusion ! Si tous les opposants, tous les militants et toutes les ONG acceptent de “collaborer” avec le régime, ce dernier ne saura plus où se trouvent ses ennemis. Vous savez que les avions de combat émettent, pour ne pas être abattus par leur propre armée, un signal qui les identifie comme “amis”. Imaginez que ce scénario fantastique devienne un jour réalité: Toutes les oppositions et toutes les dissidences tunisiennes, réunies au sein d’un seul orchestre, commencent à émettre un signal “ami” destiné au Palais de Carthage. Dans ce cas le régime ne saura plus distinguer ses “amis” de ses “ennemis” ! Il faut brouiller toutes les pistes, éblouir et “aveugler” le régime par la puissance des nos signaux “amis”. Bref, il faut “vendre le singe et se moquer se son acheteur” (1).
O.K.: Votre appel pour la “collaboration” a été entendu ?
K.D.: Effectivement. Les bureaux des conseillers présidentiels ont été envahis par des “vendeurs de singes” de toutes les couleurs. Les 50 000 DT versés à l’ATR ont, apparemment, éveillé mille et une jalousies… La caisse noire de la Présidence risque d’être débordée.
O.K.: L’ATR soutiendra-t-elle la candidature de Hajja Laïla à l’élection présidentielle de 2014?
K.D.: Nous n’avons pas encore lu son programme électoral. Il est encore au stade de la rédaction. Mais ce n’est pas parce qu’elle est femme que l’ATR lui apportera automatiquement son soutien.
O.K.: Le mot de la fin?
K.D.: (Madame Khawla Dhrif chante):
Non ! Rien de rien Non ! Je ne regrette rien Ni le bien qu’on m’a fait Ni le mal tout ça m’est bien égal !
Non ! Rien de rien Non ! Je ne regrette rien C’est payé, balayé, oublié Je me fous du passé !
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1- “Vendre le singe et se moquer de son acheteur” est un proverbe tunisien.
le monde de la justice De bons signes
Par Maître Fethi El Mouldi Le nouveau Conseil de l’Ordre des Avocats, mené par le bâtonnier, Maître Béchir Essid, a été reçu par M. Béchir Tekkari, ministre de la Justice et des Droits de l’homme. Plus que la rencontre elle-même qui a permis de faire état des lieux et de dialoguer directement sur toutes les questions touchant à la profession, c’est la rapidité avec laquelle elle a été organisée et qui prouve que les bonnes intentions existent et que les préjugés pessimistes sont dépassés. Rencontré à l’issue de cette réunion, Maître Essid nous a déclaré que “c’était globalement positif” même s’il y a des choses à revoir et qu’il faut continuer le dialogue. Pas de répit ! Il avait fait “la promesse” qu’il n’aura pas de vacances cet été pour entamer son nouveau mandat immédiatement. Promesse tenue : le bâtonnier Béchir Essid est presque quotidiennement au Palais de Justice durant cette période de vacances judiciaires. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 9 août 2007)
Consommation et équilibres budgétaires Sait-on combien coûte réellement un pain ?
La caisse générale de compensation représente l’un des plus grands mécanismes de transferts sociaux dans le pays et ce, en soutenant les prix de nombreux produits sensibles comme les dérivés des céréales, les huiles végétales, le lait, le cahier et le livre scolaire. – La Caisse Générale de Compensation fait face à des pressions exogènes dûes à la flambée des cours de pétrole et ceux des matières premières. Les niveaux de compensation grimpent à 542 millions de dinars pour 2007 et atteindront les 780 millions de dinars en 2008. -Les équilibres généraux sont néanmoins maîtrisés mais il est plus que jamais vital de rationaliser la consommation. Depuis sa création en 1970, cette caisse vise deux objectifs. Le premier consiste dans la protection du pouvoir d’achat du citoyen par la stabilisation des prix intérieurs en dépit des variations des cours sur le marché mondial. Le deuxième objectif est l’encouragement de la production nationale. Comment ont évolué les équilibres de la Caisse Générale de Compensation ( C.G.C ) et quelles sont les principales réformes introduites pour rationaliser ses interventions ? Sait – on exactement combien coûte réellement un pain ? Qu’en est – il de la semoule et d’autres produits de base ? La compensation des prix de ces produits peut – t – elle se poursuivre éternellement sans des réformes et des réajustements ponctuels ? Les interventions de la C.G.C. durant le dixième plan ont été de l’ordre de 251 M.D. en moyenne annuellement dont 171 M.D. ( 68% ) comme subventions pour soutenir les céréales et 62 M.D. ( 25% ) pour soutenir les huiles végétales. Les dépenses de compensation ont été de 226 M.D. en 2002, de 203,8 M.D. en 2003, de 260 M.D. en 2004, de 243 M.D. en 2005 et de 321 M.D. en 2006. Globalement, durant la dernière décennie, il a été possible de maîtriser les dépenses de compensation et de les garder dans des limites raisonnables adaptées aux possibilités du budget de l’Etat, soit 0,7% du P.I.B. Des alternatives trouvées Cette maîtrise a été possible grâce à un certain nombre de réformes. Parmi les plus importantes réformes on peut citer la limitation des interventions de la Caisse aux produits de base au profit des catégories sociales à faible revenu ainsi que des catégories moyennes. L’offre de produits compensés a été variée. Des alternatives ont été trouvées et ont été commercialisées au prix réel chaque fois où c’était possible dans l’objectif de baisser la pression sur les produits compensés à l’instar des huiles végétales de luxe. Des aménagements progressifs ont été introduits sur les prix des produits compensés avec des mesures d’accompagnement au profit des catégories à bas revenus. Les circuits de compensation ont été rationalisés. Une pression a été exercée pour baisser les coûts de production et de distribution des produits compensés et en améliorer la qualité. Le contrôle de l’utilisation des produits compensés a été renforcé. Quelles sont les incidences de l’évolution des cours internationaux sur les équilibres de la Caisse ? Parallèlement à la flambée des cours du pétrole en 2006, les prix de la plupart des matières premières ont connu de très hausses augmentations. Cette évolution s’explique par l’augmentation de la demande internationale surtout celle des pays asiatiques qui connaissent une croissance accélérée et une amélioration continue du pouvoir d’achat. Recul de la production mondiale Une partie de la production mondiale de certains produits de base a été réorientée vers la recherche de sources alternatives d’énergie, comme l’agro-énergie, le méthanol. Un recul de la production mondiale de certains produits agricoles a été généré par les changements climatiques. Certains pays exportateurs ont préféré accorder la priorité à leurs marchés intérieurs. L’augmentation des prix de l’énergie a influé sur les coûts des produits industriels importés et des services de chargement maritime et aérien. Les produits compensés dont la Tunisie importe une grande partie, ne sont pas restés à l’écart de ces augmentations. Leurs prix ont connu depuis le deuxième semestre de 2006 une augmentation continue, parfois un dédoublement. Pour le blé tendre le volume de consommation annuelle est de 10,5 millions de quintaux. La proportion de consommation locale est de 15%, celle de l’importation est de 85%. Pour le blé dur, la consommation annuelle est de 8,5 millions de quintaux. La proportion de production locale est de 80%, celle de l’importation est de 20%. Le prix moyen de la tonne en dollars a été de 181 en mars 2006, de 256 en septembre 2006, de 265 en janvier 2007 et de 350 en juillet 2007. Pour les huiles végétales, le volume de la consommation annuelle est de 175 mille tonnes totalement importées. Le coût de l’importation est passé de 944 dinars la tonne en 2005 à 1201 dinars la tonne en juillet 2007, soit une augmentation de 27%. Quant à l’orge pour la consommation du bétail, sa consommation annuelle est de 6 millions de quintaux. Les prix moyens à l’importation n’ont pas cessé d’augmenter, en passant de 140 dollars la tonne en juin 2006 à 297 dollars en juillet 2007. Des coûts de plus en plus élevés En plus de l’augmentation des prix sur les marchés internationaux, les coûts de production internes ont à leur tour enregistré des hausses consécutives aux réajustements des prix de l’énergie et aux augmentations annuelles des salaires. L’augmentation des cours internationaux et des coûts de production a fait grimper les niveaux de la compensation en 2007 à 542 millions de dinars ( sur la base des prévisions actualisées en fin juillet conformément aux prix d’achat effectifs ), soit 1,3% du PIB, contre 321 millions de dinars en 2006. Le niveau de la compensation par article a évolué ainsi : Pour le grand pain ( 450 gr ), le niveau de la compensation à l’unité qui était de 65 millimes en 2006 et est passé, actuellement, à 133 millimes. Le prix de vente est de 240 millimes. Pour le petit pain, la « baguette » ( 250 gr ), la compensation était de (-16) millimes en 2006 et est passée à 21 millimes actuellement, le prix de vente étant de 190 millimes. Pour la semoule, le niveau de la compensation a été de 157 millimes en 2006. Il est actuellement de 227 millimes pour un prix de vente de 420 millimes le kg. Pour la pâte alimentaire, le niveau de la compensation a été de 166 millimes en 2006. Il est passé à 241 millimes actuellement, pour un prix de vente public de 745 millimes le kg. Quant à la semoule, son niveau de compensation a été de 169 millimes en 2006. Il est de 244 millimes actuellement, pour un prix de vente de 725 millimes le kg. Pour la litre d’huile végétale en vrac, le niveau de compensation a été de 333 millimes en 2006. Il est actuellement de 504 millimes. Le niveau actuel de la compensation du prix du grand pain et celui de la semoule approche les 55% du prix de vente public. Quant à la compensation de l’huile végétale en vrac, elle est, actuellement, d’environ 80%. On s’attend à ce que les dépenses de compensation s’élèvent en 2008 à 780 M.D., ce qui représente le triple des fonds consacrés annuellement à la Caisse générale de Compensation. Cette situation présente une source de profonde préoccupation pour le financement des interventions de la Caisse Générale de Compensation. Les pressions sur le budget de l’Etat sont fortes au vu de l’augmentation des prix des carburants qui ont atteint dernièrement le niveau de 78 dollars le baril du pétrole. Les besoins de financement de projets de développement inclus dans le onzième plan sont patents. Devant cette situation et ses perspectives peu encourageantes, il est nécessaire que toutes les parties concernées prennent conscience des conséquences de ces évolutions sur les équilibres fondamentaux du pays et sa capacité de poursuivre la mobilisation de ressources nécessaires pour la consolidation de l’infrastructure de base et des équipements collectifs. Il est impératif de limiter les déséquilibres prévisibles, en rationalisant la consommation de biens compensés et en promouvant la production nationale. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 9 août 2007)
Libye/Infirmières – Le fils de Kadhafi reconnaît des tortures
Reuters, le 9 août 2007 à 14h45
DOUBAI, 9 août (Reuters) – Libérés le 24 juillet, les six praticiens hospitaliers étrangers accusés d’avoir inoculé le virus du sida à des centaines d’enfants libyens ont subi des tortures à l’électricité pour qu’ils avouent, a reconnu jeudi l’un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif el Islam. Les cinq infirmières bulgares et le médecin d’origine palestinienne récemment naturalisé bulgare ont retrouvé après plus de huit ans de détention la liberté grâce à un accord entre Tripoli et l’Union européenne. Dans une interview diffusée jeudi par la chaîne de télévision Al Djazira, basée au Qatar, Seif el Islam Kadhafi confirme les allégations de torture. “Il y a bien eu des tortures à l’électricité (…) Et aussi des menaces de s’en prendre à leurs familles”, a-t-il dit. “Un désastre a eu lieu (à l’hôpital de Benghazi), il y a eu une tragédie, cependant elle n’était pas délibérée mais due à des négligences”, a-t-il ajouté. Un tribunal libyen a acquitté il y a deux ans neuf policiers accusés d’avoir torturé les détenus. Le médecin d’origine palestinienne, Achraf Alhadjoudj, veut porter plainte contre Tripoli devant la commission des droits de l’homme des Nations unies, a annoncé mardi son avocate.
Turquie – Koksal Toptan élu président du Parlement
Reuters, le 9 août 2007 à 16h22
ANKARA, 9 août (Reuters) – Le candidat du gouvernement Koksal Toptan a été élu jeudi à la présidence du parlement turc, dès le premier tour de scrutin. Il a recueilli 450 voix sur 550, bien plus que les deux tiers requis, un score sans appel face à son seul rival du Mouvement nationaliste. “C’est une bonne chose”, a simplement déclaré le Premier ministre Tayyip Erdogan à l’issue du vote. Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir avait présenté mercredi la candidature de Toptan, un conservateur modéré, afin d’accommoder les élites laïques, influentes dans ce pays. Le Parti républicain du peuple (CHP), formation farouchement laïque, avait annoncé dans la matinée qu’il soutiendrait cette candidature. Les laïques ne se sont pas opposés à la candidature de Toptan car il n’a pas de passé islamiste, contrairement à d’autres personnalités de l’AKP, et car son épouse ne porte pas le foulard islamique. Toptan a participé à plusieurs gouvernements laïcs de centre droit, notamment en tant que ministre de l’Education et de la Culture.
L’Egypte condamne l’appel d’un député néerlandais à l’interdiction du Coran
AFP, le 9 août 2007 à 16h00 LE CAIRE, 9 août 2007 (AFP) – L’Egypte a condamné jeudi l’appel d’un député populiste néerlandais à l’interdiction du Coran aux Pays-Bas, estimant qu’il reflétait le “racisme” de certains dirigeants occidentaux envers les musulmans et leur “ignorance” de l’islam. Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté (PVV), affirmait dans une lettre publiée mercredi dans un quotidien néerlandais vouloir interdire le Coran aux Pays-Bas, le qualifiant de “livre fasciste” n’ayant pas sa place dans un “Etat de droit”. Cet appel “ne démontre pas seulement le racisme de certains hommes politiques occidentaux (…)”, affirme Houssam Zaki, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué reçu par l’AFP. “Il reflète aussi une ignorance totale du contenu de l’islam et de ses principes, appliqués par une écrasante majorité de musulmans partout dans le monde”, a-t-il poursuivi. Le gouvernement néerlandais avait critiqué les propos de M. Wilders, estimant qu’ils étaient “offensants pour la grande majorité des musulmans aux Pays-Bas et en dehors, ces musulmans qui rejettent résolument les appels à la haine et à la violence”. L’Egypte a en outre condamné, dans le même communiqué, la proposition d’un prétendant républicain à la présidentielle américaine de 2008, Tom Tancredo, qui avait préconisé de menacer de bombarder La Mecque et Médine pour dissuader Al-Qaïda de mener une attaque nucléaire contre les Etats-Unis. AFP