8 mars 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2116 du 08.03.2006

 archives : www.tunisnews.net


Communiqué Amnesty – Nyon (Suisse) Jeune Afrique: Hamadi Jebali: « Les Tunisiens doivent se rassembler » Jeune Afrique: Le sens des libérations AP: La femme tunisienne: un statut privilégié dans le monde arabo-musulman AFP: Femmes: les lois de la République doivent l’emporter sur les traditions (Chirac) Le Gri-Gri: La Tunisie vue par une Tunisienne Le Temps: Faouzia Zouari, écrivain des deux rives: La femme tunisienne… un trait d’union entre l’Occident et l’Orient Houcine Ghali: Pluralisme de facade et mascarade democratique en Tunisie AFP: Au cœur des sociétés arabo-musulmanes, une longue tradition d’humour Jeune Afrique: Une certaine idée de la Tunisie  Jeune Afrique: Kaddafi libère les “Frères”

Communiqué Amnesty – Nyon (Suisse)

Le  7 mars 2006

Amnesty International Groupe de la Côte Case postale CH-1260 Nyon Chères et chers membres et ami-e-s, Nous sommes très contents de vous apprendre que les 25 et 26 février de cette année, le Président de la République tunisienne, Monsieur Zine el-Abidine Ben Ali, a gracié plusieurs dizaines de prisonniers politiques, dont les jeunes internautes de Zarzis, emprisonnés depuis 2003 et Hamadi Jebali qui était emprisonné depuis 1992.Vous aviez reçu des actions à faire en leur faveur, l’année passée. Malheureusement, tous les prisonniers d’opinion tunisiens n’ont pas eu cette chance ! Alors pour cette fois, nous vous demandons d’écrire en faveur de : Maître Mohammed Abbou, avocat, membre de l’association internationale de soutien aux prisonniers politiques et membre du CNLT, qui a été condamné le 29 avril 2005 à 3 ans et demi de prison pour avoir critiqué, sur internet, les conditions de détention dans les prisons tunisiennes. Maître Mohammed Abbou, marié et père de trois enfants, est connu pour son engagement dans la défense des droits humains. Il a été à plusieurs reprises mandaté par des organisations internationales pour plaider en faveur de la cause des défenseurs des droits de l’homme poursuivis devant les tribunaux de leurs pays respectifs. Par les trois lettres ci-jointes, nous demandons aux autorités tunisiennes la libération immédiate et sans condition de Maître Mohammed Abbou. Vous pouvez les faxer aux nos suivants : pour le Président no de fax 00216 71 744 721, pour le Ministre de la Justice,  Monsieur Tekkari no 00216 71 568 106 et, ou, au mail mju@ministeres.tn , pour le ministre de l’Intérieur, Monsieur Kacem, 00216 71 340 888 / 880 et, ou mint@ministeres.tn Vous pouvez envoyer des copies à : Monsieur Zakaria Ben Mustapha                                  et                         Ambassade Président du Comité supérieur                                                                 de la République de des droits de l’homme et des libertés fondamentales                                 Tunisie 85, av de la Liberté                                                                                  Monsieur l’Ambassadeur 1002 Tunis Belvédère                                                                              Alif Hendaoui Tunisie                                                                                                   Kirchenfeldstrasse 63 3005 Berne Merci de votre collaboration et meilleures salutations. Pour le groupe : Marlyse Allenbach Grand     Rue 46 1297 Founex Tél : 022.776.10.18 Fax : 022.776.73.84 E-mail : m.allenbach@safemail.ch

Hamadi Jebali: « Les Tunisiens doivent se rassembler »

PROPOS RECUEILLIS PAR ABDELAZIZ BARROUHI   Il est l’un des dirigeants islamistes tunisiens les plus modérés. Ingénieur thermique – c’est un spécialiste des énergies solaire et éolienne -, Hamadi Jebali (57 ans) dirigeait parallèlement la rédaction d’Al-Fajr, l’hebdomadaire du mouvement Ennahdha, et siégeait au bureau exécutif.   À l’époque (1988-1990), les activités du parti islamiste étaient tolérées par le gouvernement… À la suite de la publication d’un article jugé diffamatoire, il est arrêté en janvier 1991 et condamné à un an d’emprisonnement.   Au cours d’un procès retentissant durant l’été 1992, il est à nouveau condamné, avec tous les dirigeants du mouvement, pour « complot visant à changer la nature de l’État ». Cette fois, la peine est lourde : seize ans ferme.   Au cours de sa détention, il fréquentera successivement sept établissements pénitentiaires, le dernier, à partir d’avril 2005, étant celui de Mahdia. Libéré le 25 février avec plusieurs dizaines de ses camarades, Jebali s’est établi à Sousse, sa ville natale. Interview.   Jeune Afrique : Comment vous sentez-vous ?   Hamadi Jebali : Comme quelqu’un qui a passé seize années en prison et qui vient de retrouver les siens. C’est un beau moment. J’ai trois filles que j’ai quittées quand elles étaient petites. L’une avait 2 ans et demi, elle en a aujourd’hui 18…   Et politiquement ?   [Soupir.] Mon sentiment est que notre libération est un pas en avant, qui, si Dieu le veut, sera suivi d’autres pas.   Par exemple ?   L’élargissement de ceux qui restent en prison. Ma conviction est que leur libération est dans l’intérêt du pays. Et que d’autres pas seront prochainement faits pour permettre, enfin, de clore ce dossier.   Est-ce un souhait ou une certitude ?   Je n’ai pas d’informations particulières, mais c’est une lecture imposée par la réalité.   Qu’allez-vous faire maintenant ?   Je vais me consacrer aux miens, reprendre mon souffle… Et puis, je vais essayer de comprendre ce qui s’est passé…   Êtes-vous favorable à la réconciliation ?   C’est une impérieuse nécessité. Et pas seulement la réconciliation entre les islamistes et le pouvoir, mais la réconciliation générale. Nous n’avons pas de pétrole et pas beaucoup de ressources naturelles. Nous n’avons que des ressources humaines qui doivent être mobilisées avec la plus grande efficacité possible. Les Tunisiens doivent se rassembler pour faire face aux défis de la mondialisation, qu’il s’agisse des grands regroupements régionaux, des intérêts contradictoires des uns et des autres ou de la levée des barrières douanières, en 2008, dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne. Ce sont là les vraies questions qui se posent à la Tunisie. Malheureusement, certains s’obstinent à nous traiter de « terroristes », alors que nous devrions, tous ensemble, regarder vers l’avant.   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)

 

 

Le sens des libérations

par ABDELAZIZ BARROUHI   Grâce présidentielle ou liberté conditionnelle, 1 657 détenus ont été élargis le 25 février. Parmi eux, plusieurs dizaines d’islamistes…   Jamais de mémoire de gardien de prison on n’avait vu autant de départs en un seul week-end. Dans la soirée du samedi 25 février et les deux jours qui ont suivi, 1 657 détenus tunisiens ont en effet été libérés. La plupart d’entre eux (1 298) ont été graciés par le président Zine el-Abidine Ben Ali. Les autres bénéficient d’une libération conditionnelle.   Le communiqué officiel ne le précise pas, mais au moins 83 personnes que les organisations humanitaires considèrent comme des prisonniers politiques sont aujourd’hui libres. Selon une association de défense des prisonniers, au moins 73 islamistes membres du mouvement Ennahdha ont été libérés sous condition. Parmi eux, six dirigeants connus, dont Hamadi Jebali, l’ancien directeur de la rédaction du journal Al-Fajr, l’organe officiel du mouvement (voir interview ci-contre), et Mokdad Arbaoui, qui présidait le bureau exécutif au moment du démantèlement de la formation islamiste, en 1991.   Neuf internautes accusés d’avoir procédé à des téléchargements à partir de sites « interdits » ont également été élargis. Six lycéens et leur professeur membres du « groupe de Zarzis » (une ville du Sud tunisien) figurent parmi eux. Les deux autres sont originaires de la ville de L’Ariana, dans la banlieue de Tunis. Reste à interpréter le sens de ces libérations en masse et de leur timing. S’agit-il d’une première batterie de mesures annonçant les grandes réformes attendues par tous les libéraux, au sein et à l’extérieur du régime ? Si tel est bien le cas, quel rôle ont joué les critiques sur l’état des libertés dans le pays lancées par les médias occidentaux pendant le Somment mondial sur la société de l’information (SMSI), en novembre 2005, à Tunis ? S’agit-il au contraire de mesures de clémence exceptionnelles, à l’occasion, par exemple, de la célébration, le 20 mars, du cinquantième anniversaire de l’indépendance ? Est-ce le fruit des pressions de plus en plus insistantes des États-Unis et de l’Union européenne en faveur d’une accélération des réformes politiques ? Ou une réaction au rapport confidentiel que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a remis aux autorités le 6 février, après plusieurs visites dans les principaux centres de détention du pays ? Il est probable que toutes ces considérations ont influé, à des degrés divers, sur la décision du président.   Quoi qu’il en soit, le désengorgement des prisons était dans l’air depuis l’accord conclu entre les autorités tunisiennes et le CICR, le 26 avril 2005 – bien avant le SMSI. En Afrique du Nord, seule la Mauritanie a signé, la même année, un accord de ce type. Les délégués de l’organisme onusien ont donc été autorisés à visiter régulièrement tous les lieux de détention du pays et à s’entretenir avec les détenus, même ceux qui ont été condamnés pour des faits très graves – atteinte à la sécurité de l’État, par exemple.   Un premier rapport a été remis le 28 février au ministre de la Justice et des Droits de l’homme par Bernard Pfefferlé, le délégué régional du CICR, qui, à cette date, avait déjà visité douze prisons et une vingtaine de lieux de garde à vue. Peut-il avoir contribué au désengorgement des prisons ? « Ce rapport demeure confidentiel, explique Pfefferlé. Notre objectif est de contribuer à l’amélioration des conditions de détention. Nous ne demandons pas de libérations, sauf dans le cas de situations médicales ou humanitaires exceptionnelles. Mais il va de soi que nous saluons toute initiative visant à libérer des prisonniers… »   Les libérations auraient pu ne concerner que les seuls détenus de droit commun. Le fait que le pouvoir ait choisi d’en faire bénéficier quelques dizaines d’islamistes – et les internautes – est donc un événement, au moins symbolique. Tous les libérés avaient en effet presque achevé de purger leurs peines – à quelques mois près. Les autorités ont donc habilement joué le coup. Leur crédit auprès des organisations humanitaires internationales s’en trouvera forcément renforcé.   Depuis près de quinze ans, lesdites organisations font campagne pour la libération des islamistes emprisonnés. Parmi ces derniers, un peu moins de trois cents ont été condamnés, en 1992, pour complot. Par la suite, les procès se sont succédé. Au milieu des années 1990, le nombre des détenus islamistes était généralement estimé à un millier (davantage, selon certaines sources).   Au cours des années suivantes, plusieurs vagues de libérations ont eu lieu, la première – et la plus importante – en 1999 : entre 400 et 500 prisonniers ont alors retrouvé leurs familles. Mais il ne s’agissait que de militants condamnés pour simple appartenance à une organisation interdite. En novembre 2004, la deuxième vague a concerné quelque 80 détenus, dont Zied Doulatli et Ali Laaridh, deux membres du bureau exécutif d’Ennahdha élargis, quelques mois avant l’expiration de leur peine, en raison de la détérioration de leur état de santé. La troisième, en novembre 2005, a vu la libération d’une cinquantaine de détenus. Aucun dirigeant parmi eux…   À en croire Mohamed Nouri, l’avocat de plusieurs d’entre eux, quelque 340 de membres d’Ennahdha seraient encore derrière les barreaux, dont plusieurs dirigeants dont les plus connus sont deux ex-«émirs » du mouvement, Habib Ellouz et Sadok Chourou.   D’ici à 2007, la plupart d’entre eux devraient avoir purgé les peines auxquelles ils avaient été condamnés. Le dossier sera alors clos. Les responsables politiques et les dirigeants islamistes, qu’ils soient libérés ou exilés (comme Rached Ghannouchi, le chef du mouvement), devront alors s’efforcer de tourner la page.   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


Composition du Bureau national de l’ATF

 

Chers (es) amis (es),

 

Nous avons constaté qu’une erreur s’est glissée dans la liste des membres du Bureau national. Certainement vous l’avez remarqué une seule personne ne peut pas être Secrétaire Général et Trésorier au même moment. En fait le Trésorier National est Monsieur Naceur ELFAHEM et non le Dr. Khaled HAMIDA qui est par ailleurs Secrétaire Général.

 

Ainsi si la liste du Bureau national de l’ATF est la suivante :

 

Fonction

Nom et prénom

Président

Moncef BEN SLAMA

Vice-Présidente

Nadia CHAABANE

Secrétaire Général

Dr. Khaled HAMIDA

Trésorier

Naceur EL FAHEM

Membres :

 

 

Sami Belhaj

 

Nadhem KHERRIGI

 

Tarek BEN HIBA

 

Merci pour votre compréhension

ATF

 


Jegham: le retour

  Mohamed Jegham, ex-ministre directeur du cabinet du président Zine el-Abidine Ben Ali, n’a pas pu supporter l’éloignement du pays après sa mise à la retraite au début de 2005. Après moins d’une année passée en Jordanie (voir J.A. n° 2312), il est de retour en Tunisie. Jegham, 64 ans, qui a aussi été ministre du Tourisme, de l’Intérieur et de la Défense, est rentré discrètement en février. Depuis, il dirige la filiale tunisienne du groupe d’investissement General Mediterranean Holding, propriété du milliardaire britannique d’origine irakienne Nadhmi Auchi, dont le fleuron est un hôtel cinq étoiles, le Royal Hammamet.    (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)  


Alifa Farouk

par RIDHA KÉFI   Sans être une femme de pouvoir, elle n’en a pas moins un poids politique certain en Tunisie. Médiateur de la République depuis 1998, elle a accédé au bureau politique du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir) en 2003. Elle est la seule femme à siéger dans cette haute instance, où elle a été reconduite en septembre 2005.   Alifa Farouk est, comme son prénom l’indique (en arabe), « fidèle » au président Ben Ali, auquel elle doit son ascension. Originaire de Metline, village situé au nord de Tunis, diplômée en sciences politiques et en droit international public de la Ludwig Maximilian Universität, à Munich, en Allemagne, puis de l’université de Paris-II, en France, elle a fait toute sa carrière dans l’administration publique. Elle a rejoint le RCD au lendemain de l’accession de Ben Ali au pouvoir, en novembre 1987. Ce dernier l’a prise dans son cabinet en 1994-1995.   Membre exécutif de l’Institut international des ombudsmans, Alifa Farouk a été élue, le 14 avril 2005, présidente de l’Association des ombudsmans ­africains, à l’assemblée générale de ­l’organisation, réunie à Muldersdrift, en Afrique du Sud. Mariée à un médecin cardiologue et mère de trois enfants, elle aura 60 ans en octobre prochain.   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)

Banque à vendre

  La privatisation progressive du secteur bancaire tunisien sera marquée dans les prochains mois par la mise en vente de l’un des plus vieux établissements du pays : la Banque franco-tunisienne, filiale à 78,18 % de la Société tunisienne de banque (STB), première banque commerciale de la place. Créée en 1879, la BFT dispose d’un capital social de 5 millions de dinars (3,08 millions d’euros) – inférieur au minimum exigé -, d’un bilan d’une centaine de millions de dinars et d’un réseau d’agences très réduit. L’intérêt pour les acheteurs réside surtout dans son agrément de banque universelle et dans le potentiel de croissance qu’elle offre. Parmi les candidats au rachat figure la banque française Le Crédit lyonnais (LCL).   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)  

Tunisie: hausse du niveau de vie

par SAMIR GHARBI   Avec un taux de croissance économique supérieur à 6 % en 2006, le revenu disponible par habitant de la Tunisie dépasserait 4 000 dinars (2 500 euros) par an.   Ce revenu a déjà plus que doublé entre 1994 et 2004 (de 1 772 à 3 565 dinars), selon le tableau sur l’évolution du niveau de vie établi par l’Institut national de la statistique (INS).   Ce tableau montre une nette amélioration des indicateurs socio-économiques. Plus de 452 000 familles tunisiennes (21 % du total) ont aujourd’hui au moins une voiture.   Plus de 2 millions possèdent une télévision et plus de 1 million, une parabole pour capter les chaînes de télévision par satellite. Beaucoup de progrès restent cependant à faire en matière d’équipement des ménages : climatiseur, machine à laver, congélateur…    (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


  L’HABITAT EN TUNISIE

2 millions 501 mille logements pour un parc toujours en évolution

 

593 mille logements dans le district de Tunis Le secteur de l’habitat en Tunisie connaît une évolution remarquable depuis les années 80. Depuis cette date et jusqu’en 2004, pas moins de 300 mille nouveaux logements sont construits tous les cinq ans. Le parc- logement compte parmi les indicateurs principaux du développement d’un pays. Outre l’effet d’entraînement qu’il exerce sur plusieurs secteurs de l’économie, il situe le degré de croissance et le processus de développement d’une économie et, par-delà, son fonctionnement.   0,8% de logements rudimentaires En Tunisie, le parc logement qui s’est développé en concert avec la croissance démographique et la structure des logements, qu’ils soient modernes ou traditionnels, a débouché presque sur une parité. La conséquence directe de cette redistribution est la baisse évidente des logements rudimentaires qui ne représentent en 2000 que 0,8% du total du parc, alors qu’ils culminaient à 44% en 1966. En 2000, 45,1% du parc sont constitués de logements modernes (villas, appartements) contre 54,1% de logements traditionnels (maisons arabes, borj, houch …). Aujourd’hui, la tendance s’est presque équilibrée grâce notamment à l’urbanisation continue dans les grandes villes du pays et l’amélioration du niveau de vie.   Concentration dans les grandes agglomérations D’après les recensements généraux de la population et de l’habitat effectués en 2004, il ressort que le parc-logement est concentré dans les grandes agglomérations. Dans le district de Tunis, il existe 593 logements, devancé de près par le Centre – Est (Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax) avec 598 mille logements. Avec 359 mille logements, le Nord-Est (Nabeul, Zaghouan, Bizerte) vient en troisième position du plus grand nombre de logements, suivi par le Centre Ouest (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) avec 298 mille logements. Le Nord-Ouest avec 290 mille logements et le Sud-Ouest avec 126 mille logements viennent respectivement en cinquième et sixième positions.   1,03 de ménage par logement Les renseignements généraux sur le parc logement font ressortir que le nombre moyen de personnes par logement occupé était de 6 en 1975 contre 4,68 en 2000. Cette évolution s’explique par le fait que chacun aspire aujourd’hui à son propre logement. D’ailleurs, en 1975, les logements modernes qui ne constituaient que 14,1% du parc, sont passés en 2000 à un pourcentage de 45,1%. Il en est de même pour le nombre moyen de ménages par logement occupé qui est de l’ordre de 1,03 en 2000 contre 1,10 en 1975. Le secteur de l’habitat est aujourd’hui en pleine expansion, cela est perceptible à vue d’œil. Reste que le logement, également, enregistre une spirale inflationniste.   C.C   (Source : « Tunis Hebdo » du 6 mars 2006)


Leasing : savoir-faire tunisien

par SAMIR GHARBI   Nouvel établissement financier à capitaux 100 % étrangers, Maghreb Leasing Algérie (MLA) démarrera ses opérations courant mars avec un capital social de 1 milliard de dinars (11,4 millions d’euros, libérés à 50 %) et, pour commencer, des ressources disponibles de 10 millions d’euros, un prêt participatif octroyé par la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (Femip) gérée par la Banque européenne d’investissement (BEI).   MLA a été créé à l’initiative de Tunisie Leasing, leader du marché tunisien, avec la participation active de Amen Bank, deuxième banque privée tunisienne.   Ces deux établissements contrôlent 61 % du capital (36 % et 25 % respectivement) et ont mobilisé d’autres partenaires : 5 % pour Maghreb Private Equity Fund de Tuninvest Finance Group, 20 % pour le Fonds néerlandais pour le financement du développement FMO (très actif en Afrique), 10 % pour la société financière Proparco (filiale de l’Agence française de développement), et 4 % pour la CFAO (ex-Pinault-Printemps-Redoute).   Les trois premiers dirigeants de MLA sont Ahmed el-Karm (Amen Bank), président du conseil de surveillance, Serge Gurvil (CFAO), vice-président, et Ahmed Abdelkefi (Tunisie Leasing), président du directoire.   MLA vise la clientèle des PME algériennes, dont les besoins de financement sont immenses. Il devrait leur offrir des crédits-bails de trois à sept ans pour leurs achats d’équipements et de matériels de bureaux.    (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


  Port d’Enfidha- Situé à une centaine de kilomètres au sud de Tunis, il servira de centre de transbordement international dans la Méditerranée centrale.

Projet à quai

par ABDELAZIZ BARROUHI   Un port en eaux profondes pour recevoir la génération de navires porte-conteneurs du futur et servir de centre de transbordement international dans la Méditerranée centrale, où les capacités seront insuffisantes dès 2008. Tel est l’ambitieux projet que la Tunisie vient de lancer. Le 19 janvier, quarante-cinq représentants d’investisseurs, bailleurs de fonds et opérateurs maritimes d’envergure internationale se sont retrouvés en séminaire, à Tunis, pour s’informer et discuter des résultats de l’étude de faisabilité qui venait d’être achevée.   Parmi eux, des Français, des Britanniques, des Italiens, des Danois, mais aussi plusieurs délégués de grands groupes du Golfe, dont la zone franche portuaire de Jebel Ali, aux Émirats arabes unis, qui cherche à renouveler son expérience réussie. L’Union européenne, engagée dans un projet d’autoroutes de la mer dans le cadre du futur réseau euro-méditerranéen des transports, a vite été séduite par l’idée et a financé l’étude. Les opérateurs des principales lignes maritimes à travers la Méditerranée ont exprimé leur intérêt pour le projet.   À la veille du séminaire réuni à l’initiative du ministre des Transports Abderrahim Zouari, le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali avait donné son feu vert à ce mégaprojet, qui, très probablement, devrait être réalisé à travers une concession avec des opérateurs stratégiques. La préparation de l’appel d’offres, son lancement et son dépouillement devraient s’étaler jusqu’à la fin de 2007. Selon les estimations, les investissements pour la première tranche fonctionnelle du port, qui devrait entrer en opération vers 2010-2011, se situent entre 660 et 980 millions de dinars (1 dinar = 0,61 euro).   D’ores et déjà, sur la base de l’étude de faisabilité réalisée par le bureau d’études néerlandais Royal Haskoning, en collaboration avec le cabinet tunisien International Development Consulting, c’est le site de la région d’Enfidha, à une centaine de kilomètres au sud de Tunis, qui a été retenu (sur huit sites).   Le port, qui sera construit à mi-chemin entre les villages côtiers de Hergla et de Salloum, aura une profondeur de 17 mètres, 3,6 kilomètres de quais avec un terre-plein d’environ 216 hectares pour le traitement des conteneurs. Un quai de 1,4 kilomètre sera réservé à la manutention des marchandises en vrac.   Desservi par l’autoroute et le chemin de fer déjà existants, et mitoyen d’un futur aéroport international pour lequel l’appel d’offres est en cours, le nouveau port dispose d’une réserve foncière de 3 000 hectares pour accueillir les activités industrielles et de service. La qualité de vie est assurée : il sera construit à une quarantaine de kilomètres de Hammamet (au Nord) et de Sousse (au Sud), deux stations balnéaires réputées.   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


 

Ce que la Tunisie peut faire pour l’UMA

par MONCEF GUEN, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DU GRAND MAGHREB, TUNIS, TUNISIE   À l’occasion du 17e anniversaire de la création de l’Union du Maghreb arabe, il est permis à notre peuple maghrébin de se demander comment sortir de l’ornière du conflit Algérie-Maroc à propos du Sahara occidental. Ce conflit a en effet bloqué d’une manière irrationnelle la construction maghrébine.   J’ai déjà proposé, pour faire avancer l’édification d’un ensemble maghrébin, au moins sur le plan économique, la création d’une union douanière entre la Tunisie et l’Algérie. Une telle union se justifie par les besoins complémentaires des deux pays : la Tunisie a notamment besoin de produits énergétiques et l’Algérie de produits agricoles. Les deux pays pourraient aussi développer en commun une source nucléaire pour la production d’électricité.   On peut se demander pourquoi un dessein aussi évident ne se réalise pas entre deux pays voisins ayant des liens historiques et géopolitiques très étroits. La seule réponse possible est la volonté de la Tunisie de ne pas froisser les relations fraternelles avec le Maroc, et cela est compréhensible. Mais il y a une réponse à cette question : la création parallèle d’une union douanière Tunisie-Maroc. Ainsi la Tunisie deviendrait-elle le ciment unificateur entre l’Algérie et le Maroc, et un pas fort significatif serait franchi pour débloquer l’UMA et créer un espace maghrébin intégré.   (Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)  

Foi et liberté

Arius, Tunis, Tunisie   Le numéro 2350 de J.A. nous apprend que Fethi Benslama s’indigne, dans son livre Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, de la traduction du mot «islam» par « soumission ».   Or la nuance est importante : le musulman se soumet uniquement au Créateur et, par conséquent, se libère de toute soumission aux créatures, dont les hommes.   La foi est donc synonyme de libération vis-à-vis de toute soumission intellectuelle, politique ou économique. Il est vrai cependant que la traduction exclusive par « soumission » occulte l’aspect «amour » de la foi islamique, dont les piliers sont la crainte et l’amour envers Allah.   (Source : « Courrier des lecteurs », Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


 

Saudi Telecom se retire de la course pour Tunisie Telecom

REUTERS, le 8 mars 2006 à 10h33 CST RYAD (Reuters) – Saudi Telecom annonce ne plus être intéressé par une participation de 35% dans Tunisie Telecom, devenant ainsi le troisième candidat à se retirer du processus de privatisation. « Le groupe a passé en revue les opportunités d’investissements à l’étranger, en comparant leurs retours attendus avec ceux sur le marché intérieur, et a décidé de ne pas investir dans Tunisie Telecom », explique-t-il dans un communiqué. La privatisation partielle de Tunisie Telecom, le premier opérateur téléphonique et entreprise la plus profitable du pays, devrait rapporter l’équivalent de 1,7 milliard de dollars à l’Etat. Vivendi Universal, France Télécom et l’opérateur des Emirats arabes unis Etisalat restent intéressés, alors que Telefonica et Bouygues Telecom se sont retirés de la course. Le gouvernement tunisien espérait à l’origine boucler le dossier pour le 13 décembre mais la procédure a pris du retard. Les candidats encore en lice s’attendent à ce que la décision intervienne en avril. Dans son communiqué, Saudi Telecom dit « continuer d’examiner d’autres opportunités d’investissement », faisant apparemment référence à son intérêt pour la troisième licence de téléphonie mobile mise aux enchères en Egypte.  

La femme tunisienne: un statut privilégié dans le monde arabo-musulman

 

Associated Press, le 8 mars 2006 à 16h37  

 

par Bouazza ben Bouazza

 

TUNIS (AP) – Seul pays du monde arabo-musulman à avoir aboli la polygamie voici 50 ans, la Tunisie se prévaut d’un statut privilégié en matière d’émancipation de la femme.

 

Le point de départ de cette évolution était la promulgation du Code du statut personnel (CSP), première mesure prise par l’ancien président tunisien Habib Bourguiba au lendemain de l’indépendance du pays en 1956.

 

Qualifié alors de «révolutionnaire», cet acte audacieux dans un monde arabe où la polygamie continue d’être tolérée en vertu de la »charia» (loi coranique) qui autorise l’homme à prendre jusqu’à quatre épouses, octroyait par ailleurs à la femme des droits qui allaient en faire l’égale de l’homme, puis un partenaire agissant dans tous les domaines.

 

Parallèlement, le CSP accordait à la Tunisienne le droit de vote et supprimait la répudiation, le divorce relevant désormais du ressort des tribunaux. La femme majeure n’a plus depuis besoin de tuteur pour se marier.

 

Ce texte fondateur de son émancipation donnait accès à la femme tunisienne à l’enseignement et au marché du travail avec le même salaire que l’homme.

 

A son arrivée au pouvoir en 1987, l’actuel président Zine El Abidine Ben Ali coupait aussitôt court aux rumeurs faisant craindre à une remise en question de ce statut. Excluant tout «retour en arrière», il affichait, au contraire, une ferme volonté politique d’aller de l’avant car «il ne peut y avoir de développement si la moitié de la société, les femmes, en sont exclues».

 

Un train de réformes étaient effectivement engagées qui confortaient la place de la femme dans la société et lui ouvraient de nouvelles perspectives.

 

Aujourd’hui, le gouvernement compte sept femmes. La Cour des comptes a une présidente et une femme a été nommée il y a près d’un an gouverneur (préfet) pour la première fois dans les annales du pays.

 

Les femmes occupent en outre 27% des postes de décision dans les cabinets ministériels, 21,6% des conseils municipaux et 20% du corps diplomatique. Au plan parlementaire, avec 23% de femmes à la Chambre des députés, la Tunisie se classe 36e sur 138 pays du monde. Au Sénat, on trouve 19% de femmes. Elles sont souvent considérées comme un rempart contre les courants extrémistes et fanatiques et les mouvements rétrogrades.

 

Les femmes, qui représentent 25% de la population active, comptent environ 10.000 chefs d’entreprise, sont 33% dans la magistrature, 31% au barreau, 40% dans l’enseignement universitaire et 34% dans les médias. D’autre part, les étudiantes ont supplanté les étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur (55% de femmes).

 

»Loin de nous l’idée de donner des leçons aux autres, mais nous sommes disposées à mettre notre expérience et notre approche au service des pays arabes», explique la ministre tunisienne des affaires de la femme, de la famille et des personnes âgées, Salwa Ayachi Labbène. La Tunisie assure la présidence en exercice de l’Organisation de la femme arabe.


 

Femmes: les lois de la République doivent l’emporter sur les traditions (Chirac)

 

AFP, le 08.03.06 à 13h56

Jacques Chirac a assuré mercredi qu' »aucune tradition, aucune coutume, aucune croyance ne sauraient prendre le pas sur les lois de la République », en inaugurant dans le XXème arrondissement de Paris la Maison de la Mixité animée par le mouvement Ni putes ni soumises.

 

« Il faut que les jeunes filles sachent qu’elles ne sont pas coupables de vouloir vivre leur vie normalement », a ajouté le chef de l’Etat, devant une assistance nombreuse, dont la ministre déléguée à la Cohésion sociale Catherine Vautrin.

 

Etaient également présents de nombreux socialistes (François Hollande, Bertrand Delanoë, Laurent Fabius…) ainsi que le président UMP de l’Assemblée Jean-Louis Debré ou encore Simone Veil, membre du Conseil constitutionnel.

 

Pour M. Chirac, la maison de la Mixité, inaugurée à l’occasion de la journée internationale des femmes, est un beau projet, une belle idée » mais « qui sont nés du drame et de la souffrance« .

 

« Ni putes ni soumises », qui milite pour la laïcité et l’égalité hommes et femmes, et contre les violences faites aux femmes, a été créé en 2002, après la mort de Sohane, brûlée vive à 17 ans à Vitry-sur-Seine.

 

Le président a aussi évoqué la mémoire de Samira (ndlr: Samira Bellil, qui avait témoigné sur l’enfer des tournantes, morte à 31 ans des suites d’un cancer), et de Sheherazade (brûlée vive à Neuilly-sur-Marne en 2005).

 

M. Chirac a salué particulièrement la mère de Fadela Amara, fondatrice de Ni putes ni soumises. « Elle nous a rendu un grand service en vous mettant au monde », a lancé le président à Fadela Amara.

 

La Maison de la mixité, nouveaux locaux du mouvement, se veut « espace d’accueil et d’écoute », et « centre de ressource et de recherche » ouvert au grand public.

 

C’est un ancien supermarché situé rue des Rigoles, au cœur d’un quartier parisien classé en « politique de la ville« .

 

AFP


 
Carnet de route

 La Tunisie vue par une Tunisienne

 
Après quelques mois d’absence, l’auteur de ce carnet de voyage revient dans son pays à l’occasion des fêtes de fin d’année.  
Premier contact Le siège de Tunis Air, avenue de Friedland, dans les beaux quartiers de Paris. C’est un local ultramoderne, spacieux, digne des plus grandes compagnies avec toutefois une particularité : le portrait de Ben Ali trône, immense, au beau milieu.
 
Le voyage Je m’envole pour Tunis le 25 décembre. Couac à l’enregistrement : Tunis Air ne tolère aucun excédent de bagages. Du coup, la queue se déplace vers le box de la compagnie pour payer. Il faut bien compenser la hausse du prix du kérosène ! J’arrive à l’aéroport Habib Bourguiba de Monastir. Je l’aime bien, c’est l’un des rares lieux publics en Tunisie où l’on voit encore le nom de Bourguiba écrit en grand. Ailleurs, Ben Ali a karchérisé les traces de son encombrant prédécesseur. À la douane, les Tunisiens qui résident en France sont épargnés, pas de fouille des bagages. On les soupçonne moins de commerce illicite que les locaux.
 
Arrivée à Sousse, ma ville natale C’est une ville portuaire d’environ 200 000 habitants, située à 140 km au sud de Tunis. Elle vit de l’industrie (agroalimentaire, huile d’olives, textile…). À propos de textile, le gouvernement tunisien vient d’offrir un terrain au groupe Benetton (43 millions d’euros de chiffre d’affaires) qui y a construit une nouvelle usine. Il paraîtrait que Benetton s’est engagé pour une durée de 15 ans sur le site. Le tourisme est l’autre grande ressource de Sousse. Le groupe Fram y possède un siège situé à l’hôtel El Hana. Ironie du sort, en 2002, j’ai croisé le représentant de Fram Tunisie lors de l’occupation du siège parisien du voyagiste par l’association Droits devant ! On manifestait contre l’affrètement d’un avion pour expulser des sans-papiers. Il avait nié toute implication de Fram et m’avait assuré de sa profonde sympathie pour les Tunisiens. Sinon, deux grandes familles possèdent des pans entiers de la ville. Les M. et les D. pour ne pas les nommer. Les M. détiennent les hôtels, les usines de matériaux de construction et des oliveraies. Les D. possèdent, outre des hôtels, la première clinique de la ville, les élevages de poissons en collaboration avec l’Italie, certains de ses membres siègent au conseil municipal et le beau-fils dirige l’équipe de foot locale, l’Etoile Sportive du Sahel, une des plus prestigieuses du pays. Il vient même de construire le premier complexe olympique de la ville. Sousse serait-elle candidate aux Jeux Olympiques ?
 
Le monoprix de Sousse Eh oui, Sousse a son City Marché. On y trouve des produits importés et rares, comme des champignons et des asperges. Les prix dépotent, du genre un avocat à 4 euros et du maïs en conserve à 13 euros. Le tout pour un SMIC à 155 euros ! Dans le taxi du retour, j’écoute Jawhara FM, une nouvelle radio qui passe des témoignages de citoyens sur la vie quotidienne en cette période de fêtes.
Coup de gueule d’un auditeur qui peste contre la hausse du prix de l’huile d’olives — à presque 4 euros le litre— alors que la Tunisie en est le second exportateur mondial. Une indignation unanimement partagée par tous les citoyens. Après la révolte du pain sous Bourguiba, la révolte de l’huile sous Ben Ali ?
 
Direction Tunis Le lendemain, je file vers Tunis. Sur l’autoroute Sousse-Tunis, les péages et les aires de repos sont privés. D’après la rumeur (en Tunisie, la rumeur est source officielle d’information), ils appartiendraient à la famille Trabelsi, la famille de Mme Ben Ali. Je fonce vers le centre commercial sur la route de la Marsa. Le parking est bondé. Les voitures algériennes et libyennes la disputent aux luxueuses berlines tunisiennes. Toujours selon la rumeur, nos voisins consommateurs ont sauvé l’arrière-saison touristique. On y trouve les mêmes enseignes qu’en région parisienne (Naf Naf, Du Pareil au Même, Pier Import, Marionnaud…) mais on échappe à Mac Do. Les prix sont du même niveau qu’au Monoprix de Sousse et, comme on est vendredi, jour saint en Islam, on ne vend pas d’alcool. La Tunisie est vraiment un pays contradictoire. La presse regorge de pubs pour des soirées de la Saint Sylvestre dans les grands hôtels et… d’annonces pour des voyages organisés vers la Mecque. Pendant que certaines Tusiennes font le tour de la ville à la recherche de LA robe de réveillon, d’autres tournent en quête d’un tapis de prière et d’accessoires de pèlerinage. Mais qu’on se rassure, elles ont toutes un point en commun : la Golf TDI et le téléphone portable/caméra !
 
Soirée de réveillon à Sousse Je suis la seule femme dans la queue d’un magasin d’alcool. On me regarde. No comment ! Ici, les femmes aussi boivent et fument… mais pas en public ! Les prix des soirées de réveillon sont pure folie : des menus à 60 et 90 euros avec langouste et homard, la bouteille de champagne se vend à 215 euros. Soit le prix d’un aller simple pour Paris ! Le 1er janvier, la ville tourne au ralenti mais le Tunisien pense déjà à l’étape suivante : l’Aïd el Kébir. Les ventes clandestines de mouton commencent et la spéculation sur les prix repart de plus belle. Ça débute à 250 euros, soit presque deux fois le SMIC en Tunisie ! Et donne lieu à toutes sortes de magouilles. Un vieux monsieur s’est fait voler son argent et son mouton sur un marché. En tentant de courser les voleurs, il a chuté et fini aux urgences. C’était sur radio Jawhara FM ! Les langues se délient au royaume de Ben Ali… Mais ne rêvez pas. Tant que ça tourne autour de l’assiette on peut toujours causer. Mais si ça s’approche de la tête alors là….
 
L’étrangère  

 
 

Faouzia Zouari, écrivain des deux rives

La femme tunisienne… un trait d’union entre l’Occident et l’Orient

 

Par Marianne CATZARAS

 

« Est-ce pour longtemps – ô vie – que mon destin est d’errer par le monde ? Où es-tu, Port, où je pourrai me reposer… ? »1901 . Sur la route d’Alger – Isabelle Eberhardht prend des notes.

Un siècle après l’errance des femmes a-t-elle cessé ? Au gré de nos entretiens et de nos rencontres, Faouzia Zouari a toujours eu notre préférence. En tant  qu’écrivain. En tant que femme. Aujourd’hui,  où l’on fête la femme. En  Tunisie – Dans le monde.

 

 Le Temps : Certes, on fête la femme ici et ailleurs mais l’actualité est encore chargée d’événements… J’ai  envie de revenir sur l’histoire des caricatures du Prophète,  si vous permettez

 

Faouzia Zouari : Que vous dire d’autre que je  n’aie déjà dit ? Ce sont en fait deux états d’esprit qui composent  le malentendu… l’ignorance est au centre  de cette affaire. Nous savons à quel point l’Occident est attaché à la liberté d’_expression  et nous, au référent religieux. Les sociétés laïques qui ont décidé  de tuer Dieu ou de  l’éloigner ne jurent que par la liberté d’_expression.

En terre d’Islam, le religieux donne sens à la vie, au social. L’être au monde est différent. Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de choc culturel ?

 

Ne pensez-vous pas qu’il y ait malgré cette  grande incompréhension, de la provocation ?

 

Je pense que le journal  n’a pas calculé  les conséquences. Il faut comprendre l’histoire des valeurs de ces deux mondes. Il faut inverser la hiérarchie  des valeurs,   d’un côté la liberté de l’Occident à laquelle il ne faut pas toucher, de l’autre la dignité des Arabes qu’il ne faut  pas froisser, pas d’humiliation.

Le sens  de la dignité est différent. L’Occident est en position de force, c’est  une puissance économique, politique, c’est lui qui fixe les valeurs. La liberté humaine  d’un côté,  Dieu de l’autre côté. Alors ? L’Occident veut régir le monde et dicter ses valeurs. L’arrogance est telle que je peux parler  de « terrorisme  des valeurs ».

Cela s’est fait dans l’inconscience. Est-ce un délire   de puissance,  les contours restent imprécis. La presse occidentale veut émouvoir le lectorat. Et puis, il y a une grande ignorance de l’Islam… Il faut y remédier.

 

Vous devriez animer une rencontre « Femmes et  Islam »,   sur une chaîne de télévision française, cela ne s’est pas fait

 

En effet, on m’a proposé cette rencontre  et j’ai amené  un canevas  différent. J’ai voulu m’inscrire hors du sensationnel, débarrasser l’Islam de certains préjugés. Mais j’avais face à moi une  équipe qui voulait inviter   une femme lapidée,  une femme  excisée, des femmes martyres ; nous devions parler de l’Islam   à partir des faits-divers. J’ai  refusé ! Il faut cesser d’alimenter   les phobies. J’ai vu à quel point   cette frange qui tient les médias qui eux-mêmes forgent l’opinion publique, trouvent commerce dans une boutique d’horreurs et de sévices.

L’ennemi culturel est fabriqué. Si on ne s’inscrit pas dans un certain ralliement, on se nie. Ce n’est pas possible.

 

Mais cela justifiait-il tant de manifestations  souvent violentes, meurtrières… pensez-vous qu’il faille répondre  par la violence  à l’ignorance, à l’incompréhension ?

 

Tout est histoire de manipulation. D’abord, je le répète, on ne touche pas à la foi. Ces foules manifestent car elles ne peuvent pas le faire par ailleurs. Les  peuples n’ont pas su canaliser leur contestation. Les réactions furent primaires, il n’y a pas de culture  de manifestation de rue. Il aurait fallu, je crois, marquer son mécontentement par une minute de silence. Des millions de personnes dans la rue ! Il faut combattre les intégrismes, de tout bord. La violence n’a jamais été un moyen de contrecarrer le choc des cultures.

 

D’où viendrait le dialogue… peut-être de personnes  comme vous… habitant les deux rives ?

 

Tous les  jours nous tissons, je vous assure, tous  les jours, nous habitants des deux rives, nous construisons hors des communautarismes,  hors des pensées fascistes. Nous voulons rétablir le dialogue   et une énorme  lame de fond vient tout balayer. Tous les jours, des Pénélope  sont piétinées,  détruites par des foules en délire, par des préjugés. L’Occident a tort de vouloir imposer  son point de vue  en défendant  ceux qui sont dans l’excès.

 

Vous semblez  en colère contre l’Occident

 

Je suis en colère  avec eux qui déforment  la pensée,  ceux qui lisent autrement,   ceux qui ne montrent que  les excès, ceux qui cautionnent  les blasphémateurs.

L’Occident aime le scandale,   il permet la circulation  de traités  haineux sur l’Islam, je ne citerai  que Oriana Fallaci et Ouellebeck, les plumes de la haine   qui alimentent  l’islamophobie. C’est  ainsi que le nazisme a commencé, des romans  devenus traités, concepts.

 

Mais vous habitez Paris

 

Oui, j’habite   Paris,et j’adore Paris, je suis  de plus en plus souvent à Tunis. L’Occident  doit reconnaître cette islamophobie  qui traîne, qui rôde… après   nous irons mieux. J’aime le vieux monde, le  vieil orient, j’ai des  ancêtres ici, des générations à venir dans l’autre, j’essaie de garder la  meilleure part des deux rives. Je vais  vous raconter une petite   anecdote,  il n’y a pas très longtemps, on se disait  avec Youssef Seddik, un dimanche pluvieux d’hiver, « il faut  qu’on rentre au pays, motif : froid et islamophobie … ».

Je vous mentirai en vous disant que je suis  tunisienne à 100% ou française à 100%.

 

Vous êtes écrivain par contre, pleinement

 

Oui, je suis écrivain, le milieu des terres,  des mers et une rive inventée.  L’écriture crée un pays entre les frontières, c’est là que je vis… Je suis comme cet immigré  qui  ne se sent  bien ni à Tunis, ni à Paris… Il n’est heureux que dans l’avionmon avion à moi c’est l’écriture… Moi, femme arabe des deux rives

 

Vous femme arabe des deux rives

 

Il n’y a  pas une seule femme arabe, il y a des femmes arabes. Je suis plus proche d’une sicilienne que d’une saoudienne. Je crois au féminisme  méditerranéen,  la méditerranée  est une plage de rencontre. Les  féminismes musulmans, occidentaux, sont occulés, il faut impliquer les femmes méditerranéennes dans un projet économique, social, culturel. Les données changeront, je vous assure.  Arrêtons de pleurer sur le sort de telle ou telle femme, avançons, allons  de l’avant, c’est peut-être là l’issue,  le féminisme   qui ne quitte pas le féminin.

 

Très utopique, pardonnez-moi

 

Les intellectuels fabriquent des utopies,  le monde entier avance avec des utopies, en tant que femme,  j’ai droit à l’utopie. On doit   tirer au loin, comme la loi de l’arc.

 

Femme… vous insistez tellement, femme tunisienne aussi, exemple du monde arabe, quant à ses acquis

 

Pour la femme  tunisienne, il fait bon vivre. Elles portent le pays,   elles ont le meilleur statut  qui soit au  niveau législatif. L’arsenal  juridique de ce pays est révolutionnaire, les mentalités vont suivre, j’espère.

Sont-elles seulement conscientes de leurs chances ? Vont-elles  avancer, travailler à les pérenniser.  Les Tunisiennes doivent être vigilantes,   si la génération des 40/60 ans est tenace et sait gérer et veiller sur ses intérêts,  les plus jeunes doivent sortir des murs où elles  se  cachent. Elles doivent  parler, dire.

Pourquoi   cèdent-elles par centaines  aux prêcheurs de certaines chaînes arabes ? Arrêtons de subir le délire de puissance d’Amrou Khaled ! Comment  une femme tunisienne peut-elle prêter l’oreille à lubies passéistes et  rétrogrades, elles porte-paroles de la modernité !

 

Serions-nous enviées quant à notre modernité

 

Le problème ne se réfléchit  pas en ces termes,  notre  modernité  a commencé très tôt, il ne faut pas perdre de vue  la construction de notre société. Il faut négocier avec l’Autre, adopter  l’Autre, l’Etranger et devenir le trait d’union. Personne ne doit nous faire reculer… ces idéologies    obscures  n’ont rien à faire avec la Tunisie. Dommage qu’il n’y ait pas de porte-parole, une femme tunisienne qu’on entendrait… ailleurs

 

Avez-vous songé,  un jour à faire de la politique ?

 

Jamais,  mon Dieu, jamais ! Je ne suis pas une femme de stratégie. La politique  c’est   pour les hommes,  c’est faux, c’est insidieux… D’ailleurs,  même  quand certaines femmes sont propulsées   dans la politique, elles imitent le modèle masculin, elles deviennent des Tatcher… Il faudrait leur laisser un champ libre  et briser cette hégémonie masculine. Le XXIème siècle doit être féminin !

 

A vous   entendre ainsi parler des femmes, vous feriez bien leur porte-parole… vous ne voulez pas faire de politique mais votre écriture,  votre page  blanche n’est-elle pas le lieu du combat féminin  que vous menez au jour le jour ?

 

Mon écriture est une  écriture  de femme, avec un corps de femme, un rythme de femme ; l’écriture sort de soi, de ses seins, de son ventre, c’est ma manière d’exister, c’est mon  issue,  notre issue. Je suis dans mon être   de femme.

Je ne suis ni féministe ni militante,   je suis partisane   de la différence. C’est   dans la   rencontre des différences que survient l’extraordinaire. Le familier   ôte le mystère. La création s’est toujours écartée  du mimétisme. Je suis  trop libre pour être militante,   trop femme pour être  féministe.

 

Vous publiez un nouveau roman, vous êtes   retournée à la fiction,  lasse de la rigidité de l’essai,   un jour vous m’avez  dit que  la fiction vous donnait  des ailes,  qu’elle vous permettait de respirer

 

Une fiction, en effet, paraîtra  en France,   en septembre. La Retournée  est sortie  en poche,  un texte  aussi en attente  de publication, Lettre à une amie Chrétienne.

Dans ce livre je dis  ma colère  mais je parle à cette femme que j’aime… je lui dis,  attends-moi, écoute-moi on va comprendre  ensemble,  posons-nous, mes vérités  ne peuvent pas te blesser ; nous avons toujours avancé  ensemble. Mais ce texte  n’a pas  plu aux éditeurs pas assez émouvant, le lectorat n’a pas besoin d’être édifié, m’a-t-on répété.

 

Les littératures du Maghreb se vendent bien pourtant

 

La littérature algérienne est toujours de près ou de loin associée à la guerre d’Algérie,  ses récits  en sont tributaires, les écrivains marocains  se soucient de l’authenticité de leurs discours, chacun de ces pays  véhicule une image. L’écrivain tunisien n’est pas associé nécessairement  à une imagerie. C’est peut-être cela notre force.

 

Dans quel décor place-t-il ses inquiétudes, ses traumatismes, ses rêves, l’écrivain tunisien… ?

 

Nous ne véhiculons pas d’images, nous n’avons pas besoin de nous encombrer  de connotations stéréotypées  pour nous vendre, l’écrivain tunisien est chantre  de l’universel.

Nous inventons, nous réinventons, chaque jour notre image.  Hédi Kaddour a obtenu le prix du premier  roman en France… rien sur le monde arabe dans son histoire, il est sorti de sa tribu. Il faut partir loin, nouer avec l’ailleurs

 

Etre universel n’est pas le dessein de tout écrivain… tunisien ou pas… mais c’est vrai, le tunisien a une capacité  d’ouverture  inégalée, il  est capable   d’embrasser le monde et d’étreindre toutes ses différences.

 

Les  Tunisiens sont souverains dans la tête,  nous ne travaillons pas sur le complexe  de la  victime et du martyr. Quand j’écris,  je suis  en mouvement, je marche, j’entre  dans des forêts  noires… mon inspiration, mes idées   sont liées à mon corps,  à sa marche, quand il traverse les lieux, les âges, les langues

 

Vers Dahmani vos pas vous mènent

 

Merci  de revenir à l’essentiel. Mes pas  me ramèneront toujours à Dahmani, ce petit village   dans la région du Kef, terre de récits,  d’histoires. C’est parce que je suis d’un lieu que j’aspire à l’universel. L’égarement  est nécessaire… quand  tu es ainsi d’un lieu, tu vas loin, très loin

 

Conversation partagée avec

Marianne CATZARAS

 

(Source : « Le Temps » du 8 mars 2006)

 


PLURALISME DE FACADE ET MASCARADE DEMOCRATIQUE EN TUNISIE

Houcine Ghali, Genève

 

Depuis le 4 mars dernier, les journaux inféodés au pouvoir destourien ( Essabah, Echchourouk, Le Temps, La Presse, Le Quotidien…) ne cessent de se fendre en articles ventant le  « processus démocratique » instauré par le président Ben Ali, suite à l’octroi du ministère de l’Intérieur et du Développement local, du visa légal au Parti des verts pour le progrès (PVP)

 

Ainsi donc, au nom d’un pluralisme de façade, la Tunisie compte aujourd’hui 9 formations politiques (RCD, PSDL, MDS, PUP, Ettajdid, UDU, PDP, FDLT et le nouveau né PVP ).

 

Il faut d’abord relever que le RCD ( Rassemblement constitutionnel démocratique ) monopolise le pouvoir et se confond allègrement avec l’Etat depuis l’installation de Ben Ali au palais de Carthage en novembre 1987; que le président de la République, sensé être le président de tous les Tunisiens se trouve en même temps président du RCD, ce qui est contraire à toutes les normes démocratiques pratiquées dans les pays où règne effectivement la liberté; que ce parti fonctionne comme une machine stalinienne sans la moindre transparence où les mêmes fonctionnaires et hommes d’affaires monopolisent ses structures sans conviction idéologique mais simplement pour la consolidation de leur intérêt matériel; qu’il a fait main basse sur près de 7500 associations de la société civile présentées comme indépendantes mais réellement sous la coupe des pouvoirs publiques; que les 152 sièges qu’il accaparent au Parlement, contre 37 tenus par l’opposition dite légale, résultent de diverses fraudes et manipulations des élections car jamais les 5/6 des Tunisiens n’ont voté RCD pour des raisons évidentes: Absolutisme, règne de la répression, pratique du népotisme, absence de liberté, presse muselée, autoritarisme des clans au pouvoir et avenir sombre pour la jeunesse.

 

Comment ose-t-on parler d’octroi de visa légal à un parti politique lorsque le pouvoir en place s’avère lui-même, non représentatif, illégal, illégitime parce que n’émanant nullement d’une volonté populaire libre de son choix et exerçant véritablement ses droits politiques?

 

Faut-il recenser ici toutes les étapes de l’ascension au pouvoir du président Ben Ali, depuis son coup d’Etat médical contre Bourguiba jusqu’à son référendum de mai 2002 pour amender la constitution et se faire élire à perpétuité, contrairement à ce que stipule la Constitution, en passant par les nombreux procès politiques, la pratique d’une répression féroce à l’égard de tous ceux qui osent contester sa politique, le bâillonnement de la presse d’opinion, le harcèlement des leaders des organisations et formations politiques radicales et l’enrichissement des membres des clans au pouvoir sur le dos des contribuables et du petit peuple, pour expliquer l’illégitimité du régime actuel?

 

Le pouvoir tunisien se caractérise aujourd’hui par un autoritarisme sans égal. Le président de la République détient tous les pouvoirs. Il ne le cache pas d’ailleurs. Il suffit de lire les journaux pour constater l’étendue de ses directives et de ses ordres. Il décide de tout et le Parlement, la Chambre des conseillers et mêmes ses ministres ne font qu’appliquer ses prérogatives. La confusion des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est totale dans le pays en émanant tous de Ben Ali.

 

Dans ces conditions, les 5 partis de l’opposition légale ( PSDL, UDU, PUP, MDS et PVD ) ne constituent qu’un faire-valoir d’un pouvoir autoritaire, qu’une manœuvre pour le régime destourien qui, sévèrement critiqué à l’étranger surtout après les constats de la pratique répressive et de l’absence totale de liberté lors de la  deuxième phase du SMSI tenue à Tunis en octobre 2005, et honnis par la majorité des Tunisiens, cherche à redorer son blason en octroyant de temps à autre un visa pour une nouvelle formation politique formée d’arrivistes qui lui sont fidèles. Ils ne se sont jamais déclarés comme des formations capables de poser le problème de l’alternance au pouvoir. Multipliant les déclarations élogieuses à la politique pratiquée par le régime destourien, ils se sont gardés de critiquer ou de dénoncer le règne de la répression et l’abus de pouvoir qui caractérise les autorités à toutes ses échelles.

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Le Parti des verts pour le progrès ( PVP ) est une émanation du pouvoir pour élargir la vitrine démocratique qui prévaut dans le pays. Sinon comment expliquer que son secrétaire général, Mongi Khammasi, qui a demandé le visa pour cette formation politique le 14 novembre 2005 l’a cordialement reçu le 3 mars 2006 tandis qu’un autre parti écologique, le Parti de la Tunisie verte, a déposé une demande pour sa légalisation depuis le 19 avril 2004 mais n’a jamais reçu de réponse?

 

Ancien membre du bureau politique du PSDL, le parti de Mounir Béji qui ne représente que ses membres fondateurs en Tunisie et qui a traversé des querelles intestines sans fin, Mongi Khammasi a donc demandé un visa pour un autre parti et l’a reçu, ce qui est contraire à la loi. Mieux encore, il était élu député au Parlement sur la liste du PSDL, dit qu’il a démissionné de ce parti mais demeure quand même parlementaire en étant chef d’un nouveau parti et toute cette magouille, orchestrée par le pouvoir, lui permet de recevoir une contribution financière de l’Etat!

 

En réalité, le Parti social démocratique libéral ( PSDL ), duquel est issu le nouveau parti PVP, n’a pas de raison d’être et surtout pas dans l’opposition tout simplement parce qu’il ne différencie en rien du RCD quant à sa stratégie politique et à sa ligne idéologique. Voilà ce que disait son secrétaire général, Mounir Béji, lors de son 3ème congrès tenus à Tunis le 4 avril 2005 ( La Presse du 5.4.2005): « M. Mounir Béji a rendu hommage, à cette occasion, aux réalisations avant-gardistes accomplies en Tunisie depuis le changement du 7 novembre, dans le cadre du projet civilisationnel du président Zine El Abidine Ben Ali, passant en revue les multiples acquis accomplis, tant au niveau politique, social, économique et culturel, qu’au plan extérieur. Il a précisé que le parti estime positif le processus de démocratisation en cours dans le pays, et qu’en tant que formation politique de l’opposition, le PSDL appelle à poursuivre sur cette voie« .

 

Le seul rôle donc de ce parti d’opposition, c’est de constater que tout marche bien dans le pays, grâce à la politique clairvoyante de Ben Ali!! Et c’est à un membre de ce parti là, que le ministère de l’intérieur et du Développement local à octroyé un visa, dans un laps de temps le plus court de l’histoire de l’opposition, comme preuve de la bonne marche du processus démocratique!!


Au cœur des sociétés arabo-musulmanes, une longue tradition d’humour

Par Amer OUALI

 

AFP, le 08.03.2006 à 05h50

PARIS, 8 mars 2006 (AFP) – Bons mots, plaisanteries, histoires  grivoises: l’humour a toujours occupé une place importante dans le  monde arabo-musulman, même si la violente controverse sur les  caricatures de Mahomet a pu renforcer l’image de peuples austères et  puritains.

 

Du petit peuple du Caire aux souks d’Alger et de Tunis, l’humour  permet de se venger des dirigeants politiques, de soulager les  frustrations et les peines quotidiennes. Les comiques jouissent  souvent d’une énorme popularité, comme l’Algérien Fellag, ou Adel Imam en Egypte.

 

La religion, la mort, les sultans, la sexualité, la morale ont  inspiré écrivains et poètes et nourri un humour souvent ravageur.

 

Ce qui est en général moins connu en Occident, c’est que cet  humour s’enracine dans une longue tradition remontant jusqu’au  prophète qui recommandait lui-même aux croyants: « allégez vos cœurs  instant après instant car quand les cœurs sont las ils  s’aveuglent ».

 

Il a laissé quelques bons mots à la postérité mais « dans les  limites de la décence », explique l’écrivain Jean-Jacques Schmidt,  auteur d’une récente anthologie d’histoires arabes drôles.

 

« Le prophète aimait plaisanter », rappelle aussi l’anthropologue  Malek Chebel.

 

« Les arabes, que certains parmi nous imagineraient austères et  puritains, pratiquent la grivoiserie et la dérision », explique M.  Schmidt.

 

La blague suivante circule à Damas. En mourant, une artiste à la  beauté éblouissante et à la réputation sulfureuse, s’est vu remettre  une clé par le redoutable Azraël, l’ange de la mort. Elle alla  ouvrir la porte de l’enfer convaincue que telle était sa fin. La clé  refusa de tourner. Etait-ce alors la clé du paradis? Là aussi, la  porte ne s’ouvrit pas. Elle retourna s’enquérir auprès de l’ange.  « C’est la clé de ma chambre… », lui répondit-il.

 

« La religion elle-même est tournée en dérision à travers ses  représentants », poursuit M. Schmidt.

Comme avec l’histoire de cet imam qui, affirmant que Dieu  demandera des comptes le jour du Jugement dernier, s’est vu répondre  par un fidèle: « nous sommes sauvés car quelqu’un de bon et généreux  n’épluche pas les comptes ».

 

Autre histoire: un poète à qui le Calife reprochait de tenir une  bouteille de vin dans les mains répondit qu’il s’agissait de lait.  « Quand il t’a vu, commandeur des croyants, il en a été si intimidé  qu’il a rougi ».

« L’islam n’a pas refusé l’humour », dit encore M. Chebel, « même  s’il en délimité les contours » car « on ne peut pas en faire sur  Dieu ».

 

« Le rire est une tradition culturelle chez les arabes qui ont  développé l’humour de situation », poursuit-il.

 

Il cite le légendaire Djeha dont la réputation au Moyen-Orient  et au Maghreb a traversé les siècles. Idiot, sage ou facétieux,  Djeha campe toutes sortes de personnages dans les situations les  plus diverses. Ses histoires, courtes et acérées, sont chargées de  sous-entendus.

 

« L’humour est humain et prétendre que les musulmans ne rient pas  revient à dire qu’il ne sont pas des humains », résume le dramaturge  Slimane Benaïssa qui a été confronté à la question de la  représentation du prophète interdite par les théologiens les plus  traditionalistes de l’islam sunnite.

 

Dans un style décapant, sa pièce de théâtre « Prophètes sans  Dieu » (2003) met en scène Moïse qui convoque Jésus et Mahomet pour  une réunion sur l’état du monde. Mais Mahomet, que l’on ne peut pas  représenter, ne viendra pas…

 

Certaines blagues trop osées -et qui pourraient susciter la  colère des religieux- se colportent strictement entre amis, au nom  du principe « qu’on ne peut pas rire avec n’importe qui ».

 

AFP

 

 

Une certaine idée de la Tunisie

par FAWZIA ZOUARI

 

Un ensemble de récits obéissant à la logique de leur propre narration, d’où les auteurs natifs du pays sont largement exclus.

 

Personne ne mettra en doute les intentions louables de Guy Dugas envers la Tunisie. L’universitaire et critique littéraire français entend vanter les qualités d’ouverture du pays de Carthage, la douceur de ses mœurs et la diversité de ses cultures. Hélas ! Tunisie, rêve de partages n’offre ni dans la forme ni dans le fond la meilleure façon d’inviter au voyage. Le lecteur bute déjà contre un titre pour le moins vague. Est-ce un beau livre, un carnet de route, un guide, un recueil de poèmes ?

L’introduction ressemble à une notice historique, digne d’un dictionnaire, l’objectivité en moins. Est-il juste, en effet, de décrire les quartiers juifs, les fameuses haras, comme des « ghettos », ou de souligner « l’exclusive de la religion musulmane sur l’œcuménisme et le partage » dans un livre qui entend vanter une Tunisie « plurielle et nuancée » ?

 

La sélection de douze textes, dont les auteurs s’appellent entre autres Michel Tournier, Albert Memmi, Jean Amrouche ou Guy de Maupassant – qu’aucune note bio-bibliographique n’introduit -, fait bien sûr penser à l’anthologie. Mais ce n’est pas une anthologie de la littérature tunisienne, car seuls quelques auteurs natifs du pays y figurent. Ni une anthologie des chantres étrangers de la Tunisie, si l’on en juge par la quasi-absence d’écrivains voyageurs illustres tels que Gustave Flaubert ou Isabelle Eberhardt. En outre, le choix des textes n’obéit pas à des critères précis, tels que l’époque ou le genre littéraire. Il est fait référence à des écrivains du siècle dernier tout autant qu’à des romanciers contemporains, sans ancrage historique ni études comparatives.

 

Les qualités d’écriture, indéniables dans certains textes, font défaut dans d’autres : comment comparer, en effet, le récit de Maherzia Amira Bournaz, plus proche du document ethnologique et d’une naïveté littéraire déconcertante, avec l’écriture lumineuse d’un Georges Duhamel ? Et, entre Guy de Maupassant et Adrien Salmière, il n’y a pas photo. Enfin, il s’avère que le noble objectif d’illustrer une Tunisie multiculturelle concerne surtout le passé et plus précisément la première moitié du 20e siècle. Certains esprits mal intentionnés pourraient en conclure que la Tunisie présente a tourné le dos à ses traditions et qu’il ne fait plus bon y vivre pour l’étranger

 

Ces écueils énumérés, Tunisie, rêves de partage se laisse lire comme une série de récits d’auteurs, reproduits dans leur intégralité, obéissant en définitive à la logique de leur propre narration, sans qu’il soit question de livrer un message à tout prix. L’on peut picorer dans quelques textes, faire un bout de chemin avec un ou deux écrivains de talent. Mais une chose est sûre : Guy Dugas s’est fait plaisir avec une sélection qui suit ses inclinaisons personnelles. Ce n’est pas forcément la condition d’un vrai partage.

 

(Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


ALGÉRIE

Fermeture de 42 écoles francophones

 

La police algérienne a procédé, dimanche 26 février à la fermeture de 42 écoles privées francophones dans plusieurs localités, pour «déviation linguistique».

Cette opération est en fait l’application d’une ordonnance présidentielle qui exige d’enseigner «obligatoirement en langue arabe dans toutes les disciplines et à tous les niveaux (…)».

Il y a une année, le président Boutaflika avait même averti que «toute institution privée qui n’accorde pas une priorité absolue à la langue arabe est appelée à disparaître».

Depuis octobre 1988, date à laquelle les premières écoles privées ont été créées, l’Algérie compte une centaine d’établissements de ce type et plus de 25 mille élèves.

 

(Source : « Tunis Hebdo » du 6 mars 2006)


 

Maroc

Guerre virtuelle contre les islamistes

 

Guerre virtuelle sur l’Internet : www.yassine.net  contre www.khorafa.org . Le premier est le site d’Al-Adl wal Ihsan (Justice et bienfaisance) que dirige le cheikh Abdessalam Yassine.

 

Se tenant en dehors des institutions, toléré, ce mouvement mystico-politique s’est distingué l’année dernière en diffusant des rêves ou plus exactement des « visions » mettant en scène le prophète Mohammed. L’une de ces visions, révélée au cheikh lui-même, a un caractère apocalyptique : elle « annonce » rien de moins que l’invasion du Maroc par l’Espagne, l’effondrement de la monarchie chérifienne, l’organisation de la résistance par les troupes d’Al-Adl et la restauration finale du califat.

 

Ce sont ces visions que le second site critique. D’emblée, il annonce la couleur puisque khorafa signifie « conte, mythe »… Les articles, signés, sont visiblement écrits par des oulémas qui connaissent leur affaire et qui entendent combattre le cheikh Yassine, versets coraniques et hadiths à l’appui, sur son propre terrain.

 

Selon toute vraisemblance, les autorités, qui prennent au sérieux les « visions » d’Al-Adl, ont décidé d’allumer des contre-feux idéologiques dans l’espoir de faire l’économie d’une confrontation violente avec les illuminés yassiniens.

 

(Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


Kaddafi libère les “Frères”

par CHERIF OUAZANI

 

Mouammar Kaddafi a, le 2 mars, à l’occasion du 29e anniversaire de l’instauration de la Jamahiriya, libéré une partie des prisonniers politiques libyens : quatre-vingt-quatre islamistes proches des Frères musulmans. Le 25 janvier, l’organisation humanitaire Human Rights Watch estimait le nombre des détenus d’opinion en Libye, toutes tendances confondues, à 132. Quelques jours auparavant, les autorités tunisiennes avaient libéré plus de 1 600 prisonniers, parmi lesquels plusieurs dizaines d’islamistes (voir pp. 44-45). En Algérie, plus de 2 000 islamistes ont déjà bénéficié de la Charte de paix et de réconciliation, dont les décrets d’application ont été promulgués le 1er mars (voir ?pp. 46-47), et ont été élargis. Curieuse coïncidence.

La décision du « Guide » libyen est en revanche une sorte de pied de nez à l’adresse de Hosni Moubarak, qui se trouvait à Tripoli le 28 février pour une visite éclair : on sait que le raïs s’efforce, plutôt mal que bien, de juguler la montée en puissance des Frères musulmans égyptiens… Mahdi Akef, leur chef, s’est d’ailleurs empressé de saluer la clémence kaddafienne.

 

Les 84 ex-détenus étaient en prison depuis 1998. Ils avaient été arrêtés, à Benghazi, avec quelques dizaines d’étudiants et de membres des professions libérales (152 interpellations, au total), accusés d’appartenance à un parti politique (ce qui, selon la loi libyenne, équivaut à un crime de haute trahison), en l’occurrence El-Jamaa el-Islamiya el-Libya, la section libyenne des Frères musulmans. En 2002, ils avaient été jugés par une juridiction spéciale aujourd’hui dissoute. Deux d’entre eux avaient été condamnés à la peine capitale, soixante-treize à la réclusion criminelle à perpétuité et neuf à une peine de dix années de réclusion.

 

La subite mansuétude de Kaddafi répond, bien sûr, à un calcul politique. Contrairement aux djihadistes (aucun détenu soupçonné d’appartenir à cette mouvance n’a été élargi), les « Frères » sont partisans d’une action pacifique, voire d’une certaine passivité politique : ils s’efforcent d’islamiser la société à la base. Elle coïncide par ailleurs avec une intensification des pressions internationales sur la Libye, accusée de se soucier comme d’une guigne des droits de l’homme et des libertés publiques. Échaudé par le sort réservé à Saddam Hussein, Kaddafi ne sait plus quoi faire pour s’attirer les faveurs des dirigeants occidentaux, notamment américains.

 

(Source : Jeune Afrique N°2356 du 5 au 11 mars 2006)


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