Conseil National pour les Libertés en Tunisie Tunis, le 6 avril 2007
La vie de prisonniers politiques est en danger
Le CNLT fait part de sa vive préoccupation pour la vie de prisonniers politiques dont certains sont soumis à la torture et d’autres sont en grève de la faim. Ali Ramzi Bettibi, le prisonnier du Net, condamné à quatre ans d’emprisonnement depuis mars 2005, a dit être soumis à une torture méthodique et continuelle, perpétrée par des agents pénitentiaires et des agents de la police politique. La dernière fois, c’est sous la supervision du directeur de la prison de Bizerte-ville qu’il a été attaqué par un chien dressé, le 2 avril 2007. Ce chien l’a mordu à la jambe. Il s’est évanoui et a été transporté à l’infirmerie de la prison. Ali Ramzi Bettibi avait porté plainte à deux reprises par le biais de ses avocats auprès du Procureur de la République de Bizerte, contre les tortures dont il faisait l’objet en prison, mais ces plaintes n’ont pas été instruites. Le prisonnier politique Oualid Layouni, détenu à la prison de Mornaguia dans une affaire relative à la loi antiterroriste, a été conduit au parloir après que ce dernier ait été vidé des autres familles. Il manifestait un état de confusion et de dépression et portait des traces de contusions autour des yeux. Un agent l’aidait à marcher. Il n’a pas reconnu sa mère et lui a demandé qui elle était ; la visite a été interrompue dès que sa mère a demandé les raisons de son état. L’administration de la prison a informé la mère de Oualid Layouni qu’il était soigné à l’hôpital psychiatrique Razi à la Mannouba. Monsieur Oualid Layouni, âgé de 27 ans, est décorateur. Il a été détenu illégalement au ministère de l’Intérieur pendant plus d’un mois, du 11 décembre 2006 au 16 janvier 2007 et a été écroué à la prison civile de Mornaguia dans une cellule individuelle. La visite a été interrompue pour le prisonnier Abdellatif Bouhjila le 3 avril 2007 suite à son évanouissement. C’est un agent qui l’avait conduit au parloir en l’aidant à marcher et à tenir debout. C’est la seconde fois en quatre mois qu’Abdellatif Bouhjila reçoit une visite de sa famille. Il a mené une série de grèves de la faim depuis décembre 2006 et il n’a pas été accédé à sa revendication d’être soigné. Il a été également agressé par un des gardiens de l’infirmerie. A la prison de Mornaguia, les séances nocturnes de torture se poursuivent. Y sont soumis les détenus relevant d’affaires relatives à la loi antiterroriste, notamment l’affaire 1/7717 : leurs yeux sont bandés, ils sont déshabillés, menacés par des armes à feu, et soumis à des simulacres de mise à mort. La torture a visé un détenu déséquilibré mentalement, Mohammed Amine Dhiab. De façon illégale, on continue de conduire les détenus de Mornaguia dont l’affaire est en cours d’instruction, à la brigade de la Sûreté de l’Etat au ministère de l’Intérieur, où l’on reprend l’instruction. C’est le cas de Oua’il Amami et de Tarek Hamami, ainsi que du prisonnier Mahmoud Tounakti, condamné à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal militaire. Il a été conduit de la prison de Mornag à la brigade de la Sûreté de l’Etat le 3 avril 2007.
Le CNLT
Fait part de son angoisse face à la poursuite des atteintes à l’intégrité des prisonniers politiques par des fonctionnaires Exige l’ouverture d’une enquête sur la pratique de la torture dans les prisons tunisiennes et le châtiment des tortionnaires
Pour le Conseil, La porte-parole, Sihem Ben Sédrine (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Lourdes peines de prison pour de jeunes Tunisiens accusés de terrorisme
Associated Press, le 6 avril à 21h40 Le tribunal de première instance de Tunis a prononcé vendredi des peines allant de sept à 16 ans de prison ferme à l’encontre de cinq jeunes Tunisiens jugés pour des délits à caractère terroriste et dont la plupart voulaient se rendre en Irak pour combattre dans les rangs de « la résistance », a-t-on appris auprès de leur avocat Me Samir Ben Amor. Arrêté en Tunisie en juin 2006, le principal accusé Mohamed Moncef Baghdadi, un expert en informatique, a écopé au total de 28 ans de prison. Accusé d' »appartenance à une organisation terroriste (l’ex-Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat (GSPC) devenu par la suite la branche d’Al Qaïda au Maghreb), collecte de fonds et utilisation d’un nom de guerre », il a été condamné à 12 ans d’emprisonnement dans une première affaire. Les fonds devaient servir à aider d’autres recrues à se rendre en Algérie pour se joindre au GSPC. Deux co-inculpés ont été condamnés à 10 ans de prison ferme chacun. Dans une deuxième affaire, le même Moncef Baghdadi et un autre co-inculpé ont écopé de 16 ans d’emprisonnement chacun pour « entraînement à la fabrication d’explosifs » avant de se rendre en Irak. Dans une autre affaire, un jeune étudiant, Mehdi Mabrouk, originaire de Monastir, ville située à 170km au sud-est de Tunis, a été condamné à sept ans de prison ferme pour avoir projeté de partir en Irak, selon l’avocat. Jeudi, un autre inculpé, Houcine Houita, âgé de 30 ans, avait été condamné à deux ans de prison ferme pour « tentative de se joindre à une organisation terroriste », en référence au GSPC. Me Ben Amor a qualifié ces verdicts de « très sévères » parce que, selon lui, « ne concordant pas avec le contenu des dossiers judiciaires ».
Tunisie: 28 ans de prison pour un Tunisien ayant voulu combattre en Irak
TUNIS – Un Tunisien poursuivi pour avoir tenté de rallier les rangs des insurgés en Irak a été condamné à une peine cumulée de 28 ans de prison dans deux affaires jugées par le Tribunal de première instance à Tunis, a-t-on appris samedi auprès de la défense. Mohamed Moncef Baghdadi, un quadragénaire, a été condamné à 16 ans de prison pour « adhésion à une organisation terroriste (Al-Qaïda) et « entraînement à la fabrication d’explosifs » en prélude à un voyage pour le jihad (combat) en Irak. Arrêté en juin 2006, l’accusé a été jugé vendredi en même temps qu’un complice, en vertu de la loi antiterroriste. Durant son procès, il a rejeté les accusations de « terrorisme » mais admis avoir eu l’intention de se joindre aux rangs de « la résistance » en Irak, a indiqué à l’AFP un de ses avocats Samir Ben Amor. Technicien en informatique résidant à Mellassine, un quartier déshérité de Tunis, Mohamed Baghdadi, a été condamné à 12 ans de prison dans une seconde affaire jugée, également vendredi, par le tribunal de première instance. Il a été inculpé d' »adhésion à une organisation terroriste » (Al-Qaïda) « assistance logistique », « dons de fonds » et « utilisation d’un nom de guerre ». Les fonds devaient servir à aider d’autres recrues à rejoindre, en Algérie, le maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, devenue Branche armée d’Al-Qaïda au Maghreb islamique) avant de se rendre en Irak. Deux co-inculpés ont été condamnés à 10 ans de prison ferme chacun. Les procès impliquant généralement des jeunes coupables de vouloir rallier les insurgés en Irak se sont multipliés en Tunisie depuis l’entrée en vigueur de la loi antiterroriste en 2004, les avocats estimant à un millier le nombre de personnes incarcérées ou jugées pour des motifs similaires. AFP
« Entre deux bancs », documentaire de Bassam Bounenni sera diffusé sur la chaîne Al Jazeera les 17, 18 et 19 avril 2007
« Entre deux bancs », titre d’un documentaire sur les français issus de l’immigration, sera diffusé sur la chaîne Al Jazeera le 17 avril 2007 a 23 h (Heure Paris, Tunis) et le 18 avril à Minuit (Heure Doha, Beyrouth et le Caire). La rediffusion c’est le 18 avril à 20 heures (Heure Doha, Beyrouth et Caire) et 19 heures (Heure Tunis et Paris). Une troisième rediffusion est prévue pour le 19 avril a 5h du matin (Heure Doha, Caire, Beyrouth) et 4h (Heure Paris et Tunis) – Réalisation : Bassam Bounenni – Directeur de tournage : Kacem Kasmi – Montage et Mixage : M’Hanna Brahma Le synopsis en bref : Mourad, jeune français d’origine marocaine, est bourre de diplôme. N’ayant pas pu trouver de job qui va de pair avec ses diplômes, il décide de partir en Angleterre, devenue destination de marque pour des gens comme lui. De Marseille a Paris, en train, Mourad relate l’histoire de l’immigration. Les principaux intervenants sont : Mgr Gaillot, Laarbi Kachat, Marine le Pen, Alima Boumediene, Blandine Kriegel, Xavier Raufer …
Lettre ouverte à la Fédération Générale de l’enseignement Supérieur et de la recherche scientifique »FGESRS »
Mourad Regaya Nous avons beaucoup applaudi à la concrétisation de l’unité syndicale au sein de la fédération,l’un des voeux les plus chers des enseignants du supérieur et qui fut l’un des slogans moteurs tout au long des grèves observées par le secteur, sans cesse retardé par l’autorité administrative dont les détenteurs appartiennent aux »mandarins » politisés théoriquement »affiliés »à la fédération générale,cherchant toujours de par ses »taupes » à opter pour la maxime chère à nos gouvernants depuis la nuit des temps: »diviser pour règner »et à jamais!!!!!
La priorité pour la fédération serait bien sur comme l’a tres bien prouvé la grève du 5 Avril( la grève des martyrs vivants?) largement observé par les enseignants sous la devise »ras-le bol et détermination »axée essentiellement sur deux revendications majeures:
L’instauration d’une structure permanente de concertation. La satisfaction d’un ensemble de revendications matérielles.
Nous prions notre chère fédération,et dans un proche avenir (et si dieu le veut bien sur)d’oeuvrer à concrétiser la vraie union au sein de la fédération,pas seulement l’union administrative,et de travail syndical, mais celle qui consiste en une vraie symbiose,de « points de vue », »d’interets »,de »confiance transparente,réelle »entre ses differentes composantes et collèges.
La fédération regroupe toutes les composantes,tous grades ,et fonctions confondues(agrégés,assistants-délégués,assistants,maitres-assistants,technologues,maitres de conference,professeurs,professeurs-émérites……),l’une d’elle à savoir la catégorie »A »monopolise les fonctions lucratives,prestigieuses,rémunératrices à plus d’un titre « officiel et officieux »telles que les fonctions administratives ,disciplinaires »par élection ou par désignation »:recteurs,doyens,vice-doyens,directeur des études »,les fonctions mandarinales à caractère pédagogique, »scientifique »diciplinaire:présidents et membres élus ou désignés des commissions de titularisation,doctorales,d’habilitation,et possède un pouvoir des plus absolus (tantot bien,la plupart du temps mal géré???) dans la tenue,et la gestion des commissions,et dans le traitement des dossiers toutes catégories confondues???
Nos collègues de la catégorie »A » semblent de par leur ancienneté de »fonction » et d »enseignement et de recherche »essentiellement ceux de Tunis »bourse de valeurs universitaire »divisés de par leurs capacités accumulées tout au long de leur carrière,et de leur tempérament « guerrier »ou »pacifique en trois sous-catégories:
Les »décideurs »ou »mandarins »prochainement »émérites »de chaque spécialité faisant « la pluie et le beau temps »confirmés et « cajolés » par l’autorité de tutelle,aussi bien les »élus » que les »désignés » optant »de gré ou par intimidation-chantage »pour les réformes,telle que celle du « LMD???
Les plus jeunes alignés sur la position des »mandarins »préparant la »relève scientifique pacifique »,et garantissant leur « passage automatique » en grade,en pouvoirde décision???
Les derniers sont représentés par les »passifs »voire les »pacifistes »simples « figurants »n’intrevenant en rien sur la scène décisionnaire,se suffisant à eux-mémes,profitant des avantages,niant et fuyant les »scandales »tels que les membres non permanents du conseil de sécurité???
Je voudrais bien croire tout aussi que la large majorité des enseignants appartenant épisodiquement ou »à jamais » à la catégorie »B » que les collègues de la catégorie »A » seraient nos »vrais défenseurs », »libérateurs » du joug imposé par l’autorité disciplinaire de tutelle,mais non des « inquisiteurs scientifiques » en echange d’une certaine liberté d’evaluation »objective » ou « subjective » pour les réseaux qui prennent de plus en plus d’ampleur
au sein de la bourse centrale de Tunis, ainsi que dans les annexes sous-traitantes battant pavillon tunisois???
Me Chawki Tabib
Candidat à la présidence de la section régionale des avocats de Tunis
Des idées nouvelles, pour de nouveaux défis
Mes Chères Consoeurs, Mes Chers Confrères,
Après quinze années d’exercice de notre profession, j’ai le plaisir de vous annoncer ma candidature à la présidence de la section des avocats de Tunis.
Mon engagement comme président de l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats, puis de l’Organisation Arabe des Jeunes Avocats que j’ai fondée, m’a conduit naturellement à servir notre profession et plus particulièrement notre Barreau dont je suis membre du Conseil de l’Ordre.
C’est fort de ces diverses expériences au service du Barreau que je souhaite assumer les fonctions de président de la section de Tunis avec une volonté de fédérer, dans le respect du pluralisme et de la diversité, les énergies, les compétences, les talents de tous et de chacun.
Conservant les spécificités de nos traditions et de notre histoire, je souhaite placer cette candidature dans un mouvement autour de trois axes :
– la confraternité et la déontologie qui donneront à notre section un visage uni et exemplaire de professionnalisme, de solidarité et de démocratie.
– la formation professionnelle continue qui nous permettra de valoriser nos prestations en veillant constamment à l’amélioration de leur qualité, d’être plus compétitifs en se donnant les moyens nécessaires pour faire face à l’internationalisation de la clientèle au service de nos clients et de privilégier notre place de juristes compétents vis à vis de tous les acteurs de la vie professionnelle.
– la modernisation des moyens de gestion de la section pour répondre plus rapidement et plus judicieusement aux questions quotidiennes qui obèrent notre temps, les taxations d’office, les désignations, les plaintes…ce qui rendra les services communs de la section plus opérationnels à l’écoute de tous.
Ces trois domaines constituent un socle autour duquel pourront se retrouver toutes les générations, les jeunes et les moins jeunes, qui auront à cœur de nourrir ensemble la réflexion dans un objectif commun de développement et de progrès. Ces échanges constructifs s’inscrivent dans le cadre d’une démocratie professionnelle à laquelle je souhaite une participation massive de tous et de chacun ; le programme que je vous présenterai s’en trouvera enrichi et sera une réponse à vos attentes légitimes de meilleure gouvernance de la profession dans notre section.
C’est dans cet esprit que sera créé dans les jours qui viennent un site Internet consacré à ma candidature, le premier dans l’histoire de notre Barreau, qui constituera un espace de dialogue, de débat et d’échange : vous y êtes tous les bienvenus et je serai heureux de lire vos contributions, vos projets, vos questions, vos idées.
Sachez que je postule à cette charge dans le seul esprit qui a toujours guidé mes actions : la défense des intérêts de notre profession, la mise en place d’une dynamique d’écoute, d’ouverture, de modernisation pour relever ensemble les défis de l’avenir de notre profession.
Bien Confraternellement à vous,
Tunis, le 20 mars 2007
Chawki Tabib
Mon parcours …
Chawki TABIB
11 Avenue Habib Thameur, Tunis
Fax : (216) 71 339 536
Tel : (216) 98 327 918
chawkitabib@yahoo.fr
Etat civil :
Né le 28/12/1963 à Sbeitla – Tunisie –. Marié un enfant.
Formation :
– Licence en Droit de la faculté de Droit et des Sciences Politiques de Tunis.
– Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA).
– Master en sciences politiques, Mémoire: Avocats et politique en Tunisie.
Expérience professionnelle :
– Journaliste professionnel au quotidien « La Presse Soir » puis « Essahafa » de 1988 à 1992.
– Secrétaire Général de la Fédération tunisienne des Jeunesses Musicales de 1989 à 1993. .
– Membre du Bureau de la Fédération Internationale des Jeunesses Musicales (Bruxelles) de 1991 à 1993.
– Avocat depuis mars 1992.
Activités professionnelles et syndicales :
– Membre de la ligue tunisienne de défense des Droits de l’homme.
– Membre élu du bureau de l’Association Tunisienne des Jeunes Avocats (ATJA) de 1995 à 1997.
– Président de l’ATJA de 1997 à 2000.
– Réélu Président de l’ATJA, février 2000.
– Président fondateur de l’Organisation arabe des Jeunes Avocats depuis mars 2000. Président d’honneur depuis 2004.
– Membre du Conseil National de l’Ordre depuis juin 2004.
– Vice président et membre fondateur de l’Alliance démocratique maghrébine.
– Membre fondateur du centre de Tunis pour l’indépendance de la Justice et du Barreau.
Publications :
– Les délits de presse dans le droit tunisien.
– Le travail des mineurs au regard du droit tunisien.
– Avocat et droits de l’homme dans le monde arabe.
– Quelles sont les influences des événements du 11 septembre 2001 sur les législations arabes.
– Avocats et politique en Tunisie – Etude empirique–
Récompenses :
– Prix de l’Association des Journalistes tunisiens (AJT) du meilleur article en 1990.
– Prix du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) du meilleur article décerné en 1991.
Mouwaten, la tunisphère me rend jaloux de Bourguiba
– Bonjour Mouwaten – Bonjour – J’ai une question à vous poser en tant que bloggueur – Je vous écoute – Pourquoi il y a beaucoup de posts tunisiens qui parlent de Bourguiba et la plupart d’entre eux il en parlent d’une manière très positive ? – C’est parce que c’est un grand homme qui a beaucoup fait pour notre pays. Et je pense que son seul défaut, c’est qu’il n’a pas su céder le pouvoir avant d’être incapable de gouverner correctement. – Moi aussi, j’ai fait beaucoup de choses pour la Tunisie. – Je ne le nie pas, et beaucoup de Tunisiens n’osent pas le nier. Mais ces dernières années c’est plutôt les aspects négatifs qui emportent. – Comme quoi ? – Le despotisme, le comportement des membres de votre famille et de votre belle famille. – Mais c’était le cas pour Bourguiba aussi. – C’est vrai, et d’ailleurs les Tunisiens étaient très critiques aussi envers les proches de Bourguiba à l’époque. Mais vos proches ont dépassé les limites, et ils ne le cachent même pas. – Arrêtez de parler de ma famille, je ne suis pas responsable d’eux. Et les lois sont là pour sanctionner ceux qui ne les respectent pas. – C’est beau mais c’est loin d’être la réalité. D’ailleurs, les Tunisiens se demandent parfois si vous êtes au courant de ce qui se passe. – Revenons à ma question principale et arrêtez de me parler de ma famille à chaque fois que je discute avec vous. Pourquoi Bourguiba est plus aimé que moi. – C’est parce qu’il savait parler au peuple. Et il utilisait un langage simple lorsqu’il s’adresse aux citoyens. Donc ils le comprennent. Ce ne pas le cas de vos discours. Personnellement je décroche rapidement en vous écoutant. – Mais pourquoi les Tunisiens qui étaient critiques envers Bourguiba quand il était au pouvoir sont maintenant admirateurs de son personnage quand c’est moi qui gouverne. – C’est parce vous n’êtes pas meilleur et même très loin de son niveau. Au début on vous a cru et suivi parce que vous apportiez un nouveau souffle et beaucoup d’espoir. Mais plus maintenant. – Que faire. – Laisser le peuple s’exprimer et surtout l’écouter. Il vous dira ce qu’il souhaite et ce qu’il faut faire. Et vous aurez la reconnaissance, comme Bourguiba ou même plus. Parce que vous seriez le premier à le faire dans notre pays. – Mouwaten, tu m’énerves. – Désolé. Mais s’il vous plaît dites à l’ATI de nous lâcher un peu et de consacrer ses moyens et son énergie à améliorer ses services.
(Source : le blog de « Mouwaten tounsi », le 7 avril 2007 à 02:11 PM CDT) Lien : http://mouwatentounsi.blogspot.com/2007/04/mouwaten-la-tunisphre-me-rend-jaloux-de.html
L’élite Tunisienne à Paris 1931. Photo inédite de Bourguiba & Co..
Cliquez sur ce lien : http://halima-se-marie-demain.blogspot.com/2007/02/lelite-paris-1931.html
(Source : le blog de Mr. BIEN, le 11 février 2007)
A propos du port du voile en Tunisie…
Ignorance, quand tu nous tiens!
Par Foued Zaouche « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru.., Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Coran) Tout le monde peut constater la recrudescence du phénomène du voile qui prend de l’ampleur dans les rues, dans les marchés, dans les campagnes et le plus grave, dans les universités dont on aurait voulu qu’elles soient les temples du savoir et de la connaissance. C’est le résultat d’un intégrisme rampant et insidieux qui est en train de faire son chemin au sein de notre société et qui peut jeter à bas cinquante années d’émancipations et de combats de libérations pour la femme tunisienne et pour la Tunisie dans son ensemble. Le voile est la marque de fabrique d’une idéologie politique connue, qu’on voit à l’œuvre dans d’autres pays et qui contient les germes de la division et de la discorde pour notre nation et qui peut anéantir tous nos efforts pour bâtir un pays moderne. Pourquoi n’a-t-on pas su résister à ce phénomène que certains cherchent à relativiser et qui est pourtant le signe redoutable d’une emprise sur les esprits, néfaste et extrêmement dangereuse pour l’unité de notre nation, car qui peut imaginer que ceux qui inspirent ces attitudes vont s’arrêter en si bon chemin ? Pour avoir osé poser quelques questions au sujet du voile à celles qui le portaient, les réponses que j’ai obtenues m’ont étonné par leur candeur et leur naïveté car il ne m’est pas permis de douter de la sincérité des attitudes. L’une dit qu’en tant que croyante, c’est une obligation, l’autre affirme que c’est pour gagner sa place au Paradis, encore une autre par solidarité envers la femme palestinienne et irakienne et qu’il fait partie de son identité arabo-musulmane… Que répondre à cela ? Qu’on vous ment, qu’on vous conditionne, qu’on vous utilise au profit d’une idéologie qui ne cherche qu’à faire parler d’elle et qui n’existe dans notre pays que depuis une trentaine d’années. Est-ce que ces femmes qui se voilent se croiraient plus croyantes et plus méritantes que celles qui ne se voilent pas ? Quelle prétention, et l’Islam dénonce ces attitudes ostentatoires. J’ai écrit divers articles à ce sujet et à chaque fois, j’ai tenté d’aborder ce thème avec la conviction profonde que Dieu est dans les cœurs et non dans les apparences et que le port du voile n’est qu’une stratégie politique pour assujettir les consciences. La preuve en est que le voile qu’on exhibe ne date que d’une trentaine d’années avec la montée de l’islamisme politique. On commence par instaurer le port du voile qui peut sembler anodin, mais on oblige les consciences à prendre leurs repères civils dans le religieux. La manière de s’habiller, puis de se comporter… Et qui est la référence ? Qui possède la connaissance ? Ce sont les religieux qui deviennent alors les maîtres de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, de ce qui se dit et de ce qui ne se dit pas. Ils se revêtent de l’habit infaillible des saints hommes et deviennent la référence en tout. Voici la porte ouverte à toutes les tartufferies! L’Islam est la religion de l’intelligence et du dépassement, l’Islam nous encourage à nous améliorer et à nous dépasser et n’aime pas les interdictions : « nulle contrainte en religion ». Pour celui qui a étudié l’histoire, peut-il croire sincèrement qu’après plus de quatorze siècles d’Islam, l’homme arabe se distingue aujourd’hui par une supériorité particulière ? Il ne se différencie pas des autres peuples qui ont connu, chacun à leur tour, leur heure de gloire. La civilisation islamique a connu son apogée au même titre que les autres civilisations et il ne faut pas entretenir le mythe enfantin que la civilisation arabo-musulmane a été supérieure à l’égyptienne, à la mésopotamienne, à la chinoise, à l’hindoue, à la grecque, à la romaine etc… Il est complètement aberrant de s’enfermer dans un passé, même glorieux, dont on tire ses seules références en oubliant le présent et en oubliant par exemple que le Monde arabo-musulman est absent à l’heure actuelle de la création scientifique et qu’il n’est dépositaire que d’une infime partie des brevets scientifiques qui font le progrès de l’humanité. Nous ne sommes que des usagers et non des créateurs. Où en est notre science, notre recherche fondamentale, notre médecine ? Voilà ce qui a fait en son temps la grandeur de la civilisation arabe, voilà la seule réalité qui compte ! Ces questions, il faut les poser à ces barbus enturbannés avec leur incroyable suffisance et leur aplomb incompréhensible quand on les entend affirmer que nous sommes les meilleurs, que nous disposons de la seule vérité et que tous les autres sont dans l’erreur et sont des mécréants dont la place est en enfer. Ignorance, quand tu nous tiens ! Je continue mon propos sur le voile et je me demande pourquoi Dieu a imposé le voile à la femme musulmane et non à la chrétienne, à la juive, à la chinoise ou à l’hindoue… Est-ce que ce serait pour la protéger de l’homme arabe, particulièrement obtus et brutal ? J’avais écrit un article que j’intitulais : «Il ne faut pas voiler la femme mais voiler le désir de l’homme», car il me semblait évident que le problème n’était pas la femme mais l’homme lui-même, qui ne sait pas maîtriser ses pulsions et considère la vison de la femme comme une cause de désordre public. J’avais écrit un autre article sur le même sujet que j’avais intitulé : «Pour un statut de mineure, désiré et revendiqué » à propos de ces femmes qui acceptaient de perdre volontairement leurs droits juridiques et sociaux en portant le voile qui est une incitation de la Charia, régime juridique que prônent tous les islamistes, même modérés, comme s’il pouvait y en avoir des modérés ! Car c’est de cela qu’il s’agit, en portant le voile, la femme accepte son statut de mineure. La Tunisienne connaîtrait une régression sans pareille, elle qui dispose d’une égalité juridique et sociale presque parfaite avec l’homme si on exclut l’héritage qui trouvera, je l’espère, sa solution un jour prochain. Le savent-elles, ces universitaires qui choisissent de porter le voile ? Pour la femme algérienne, marocaine, égyptienne, et je ne parle pas des autres, les pauvres… Celles-ci n’ont rien à perdre car leur statut juridique est minimum mais pour la Tunisienne, c’est autre chose, car elle a conquis en cinquante années d’indépendance un statut unique dans le Monde arabe que les autres femmes lui envient. Croient-elles, ces jeunes Tunisiennes qui se voilent, profiter de tous leurs droits juridiques actuels si ceux qui leur inspirent leur comportement gouvernent un jour ce pays ? Ces gens nous ramèneraient aux temps des superstitions et de l’anarchie, un Moyen Age obscurantiste dont ils seraient les seuls à tirer profit. Ce serait le désordre et la faillite économique, surtout que nous n’avons aucun matelas de pétrodollars pour amortir le choc de cette catastrophe. Nous nous nourrissons de notre seule sueur, de notre ouverture et de notre tolérance aux autres. Chaque religion apporte sa vision du monde et de l’existence, et la grande nouveauté de l’Islam, unique dans l’histoire des religions, a été de libérer le fidèle de l’emprise d’un clergé et de laisser chaque être face à sa conscience et de faire que son seul juge reste le Dieu Clément et Miséricordieux. Chacun de nous est face à sa seule conscience, à sa seule raison, à sa seule intelligence, à sa seule foi et il n’est comptable que de ses propres actes. C’est une véritable révolution dont la modernité dépend de chacun de nous et qu’il nous faut mériter tous les jours par la vérité concrète de nos actes. Des Chrétiens, en leur temps, se sont inspirés de l’Islam et le Protestantisme de Luther reprend cette relation unique entre le croyant et son Dieu, hors de toute autre influence. De grâce, sachons garder la religion comme un espace de beauté et d’inspiration et ne la mêlons pas aux affaires des hommes et à leurs appétits de pouvoir. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1110 du 5 avril 2007)
Un mal à circonscrire :
Le spectre de la violence plane sur le foot tunisien
Lotfi Ben Salah Le sommet de la 19ème journée du Championnat de Tunisie de Football, qui s’est déroulé à Sousse entre l’Etoile et l’Espérance, a de nouveauté, entaché d’actes et de faits condamnables qui font peser le spectre de la violence sur notre sport et qui menacent son image. Une réaction des autorités fédérales s’impose pour ramener le sport à ses justes proportions… La 19ème journée du Championnat de Tunisie de Football s’annonçait particulièrement enthousiasmante avec un sommet classique entre l’Etoile et l’Espérance qui devait se dérouler au stade de Sousse ; un match qui pouvait déterminer les ambitions des deux clubs dans la course pour le titre de champion. Une rencontre correcte La rencontre connut sur le plan purement sportif des rebondissements intéressants avec un but précoce pour l’Etoile qui sortit l’Espérance de sa coquille et joua sans calcul. Car seule la victoire pouvait arranger les affaires des deux équipes dans la mesure où elles ne pouvaient pas se permettre de laisser échapper le leader de la compétition, le Club Africain, dont la tâche paraissait plus facile avec la réception de l’Etoile Goulette Kram. On assista dès lors à de belles séquences de jeu et le niveau atteignit, par moments, certains sommets avec un football offensif de part et d’autre, ouvert et spectaculaire. La différence se fit par la suite sur de petits détails et les erreurs individuelles commises par les Espérantistes leur coûtèrent finalement cher. Même si le score grimpa à trois à zéro, les joueurs des deux camps restèrent, tout au long du match, très corrects, et, adoptèrent une attitude fair-play qui tranchait radicalement avec ce qui s’est produit sur les gradins et sur ce qui s’est passé sur le banc étoilé, où Faouzi Benzarti s’est mis, encore une fois, malheureusement en évidence. Le terrain envahi En fait, le coup d’envoi des dépassements se produisit lorsqu’un supporter étoilé, certainement dans un état second, sauta les barrières pour traverser tout le terrain pour aller se jeter dans les bras du gardien de son équipe, Aymen Mathlouthi, avant d’être agrippé par les forces de sécurité. Là les joueurs étoilés se précipitèrent pour entourer le supporter coupable et tenter de le protéger, ou du moins faire en sorte qu’il ne soit pas emmené. Du coup, les nerfs sautèrent du côté du public « Sang et Or »,venu en grand nombre soutenir son équipe, et cinq ou six d’entre eux, dans un élan hystérique, sautèrent le Rubicon et suivirent l’exemple d’en face, donnant du fil à retordre aux forces de sécurité. Là aussi, les joueurs espérantistes imitèrent leurs collègues étoilés pour tenter de protéger leurs fans. Ce qui est déplorable, c’est que si les responsables des supporters, de part et d’autre, essayèrent de calmer leurs protégés, ils furent souvent débordés et s’avérèrent impuissants à contenir ces débordements. Sur ce plan, un grand effort d’éducation doit être réalisé en direction des supporters pour les amener à avoir un comportement plus sportif et à respecter les règles du sport et du jeu. Car le football et le sport d’une manière générale doit demeurer avant tout une activité purement ludique. Benzarti, le récidiviste Par contre, ce qui dérange le plus les véritables sportifs et les puristes, c’est que, de nouveau, celui qui est censé être un éducateur et avoir, par conséquent, un comportement digne de sa fonction, à savoir Faouzi Benzarti, s’est illustré une nouvelle fois de la pire des manières. En effet, et alors que son équipe menait tranquillement au score, il se rua sur le quatrième arbitre, tentant de l’agresser. Il ne fut arrêté qu’au prix d’efforts surhumains de la part de ses dirigeants. On n’imagine pas une seconde ce que le coach étoilé aurait pu faire si jamais c’était son équipe qui était menée au score… En tous cas , l’arbitre espagnol du match a fait son devoir en mettant noir sur blanc, sur la feuille du match, que Faouzi Benzarti a été coupable de tentative d’agression sur la personne du quatrième arbitre. Maintenant, il reste à la Ligue nationale de Football professionnel d’assumer ses responsabilités et de prendre les décisions idoines que nécessite la circonstance. Dans l’espoir d’éloigner le spectre de la violence… (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1110 du 5 avril 2007)
Le cinéma tunisien est-il menacé par le piratage ?
Samia Ghachem Les salles de cinéma se vident, mais nos foyers sont remplis de DVD et de DIVX de films américains, français et même égyptiens et tunisiens. Achetés à un ou deux dinars l’unité, l’écrasante majorité des cinéphiles tunisiens ont pu constituer leur propre cinémathèque à la maison aux moindres frais. Seulement voilà, il faudra bien que quelqu’un paie la facture et il y a menace sur l’industrie cinématographique tunisienne. Du moins, selon certains producteurs et réalisateurs. Le parc des salles de cinéma s’est rétréci comme une peau de chagrin. Idem pour le nombre de professionnels exerçant dans le monde du 7ème Art, menaçant même d’extinction ce corps de métier. Pour ce qui est de la cinéphilie, il paraîtrait qu’elle aurait pris un autre visage, bifurquant par un raccourci, qui était autrefois celui de la vidéo, et qui est aujourd’hui celui de la DVD. Aujourd’hui, c’est le paradis pour elle. Avec un ou deux dinars, un cinéphile peut s’offrir les meilleurs films et les plus récents. Mieux encore, on propose même sur Internet de vous livrer à domicile (quel que soit l’endroit où vous habitez en Tunisie) un DVD à deux dinars ou un DVD de collection (c’est-à-dire avec l’affiche sur la pochette et imprimé sur le disque) pour trois dinars seulement. Face à cet état des choses, les professionnels du cinéma ne pavoisent pas et certains d’entre eux lancent une alerte rouge pour des états généraux du cinéma. L’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme est Propaganda Productions, suite au piratage, deux semaines à peine après sa sortie dans les salles, de «VHS Kahloucha », de Néjib Belkadhi. Autant dire un coup de massue, une catastrophe, dont payera les frais une jeune équipe, qui s’est investie pendant trois ans dans cette œuvre belle et tonique et s’est même payé le luxe d’une campagne promotionnelle digne des plus grandes productions hollywoodiennes (toute proportions gardées cela va de soi), avant d’en offrir l’usufruits clés en main, aux as du piratage DVD dans nos murs. Pis, pour ce qu’il s’agit du dernier long-métrage de Nouri Bouzid, piraté bien avant qu’il ne sorte dans les salles. Un « Making-off » qui accuse du coup, encore plus, le contrepoids d’une industrie, autrement florissante, laquelle a trouvé son beurre dans l’absence d’une législation adéquate qui protègerait les droits d’auteur ; en l’occurrence ici, les droits des cinéastes tunisiens, contre une pratique -le piratage-, qui sévit dans le monde entier, mais à des proportions moindres, et avec un pourcentage qui n’a strictement rien à voir avec les nôtres. Dans le cas de figure, ici, si la France atteint les 20%, la Tunisie s’en tire avec un quasi 100%. A la pointe de la technologie, quand il s’agit d’exploiter, d’une manière peu catholique, un filon intarissable. Une poule aux œufs d’or, dont les dividendes n’iront pas à la rescousse d’une cinématographie, exsangue déjà, faute de moyens. Moncef Dhouib, avec sa « Télé arrive » notamment, ne s’en est pas mieux tiré, puisque, ô miracle ! il semble que les pirates soient devenus autrement admiratifs des films tunisiens, se faisant un point d’honneur à en « démocratiser » la vision, à travers le DVD, sans penser aux conséquences que cela implique, et à leurs désastreuses retombées, en terme de finances, autant pour les producteurs que pour les réalisateurs, qui n’en mènent pas large. La confiance règne, en somme, comme le soulignera Jilani Saâdi, dont le film : « La noce du loup », sortira bientôt dans les salles, à moins que le marché du DVD ne le court-circuite, lui ôtant toute chance de s’en tirer. Tout le monde n’est cependant pas du même avis. A commencer par M. Bouzid qui rappelle que les cinéphiles pirates ne seraient de toutes façons pas allés voir son film au cinéma. En fait, il s’agit de spectateurs « en prime ». Amoureux du cinéma, ces gens-là (que nous n’appellerons pas pirates) adorent regarder les films chez eux, dans leur salon et n’iront pas en salles en dehors des JCC pour certains d’entre eux. Autrement dit, un film tunisien allait être regardé par 10.000 personnes en salles. Avec le piratage, il sera vu par 100.000 personnes. Mais si l’on suppose qu’il n’y avait pas de piratage, il n’y aurait en aucun cas 100.000 spectateurs en salles. C’est l’avis de réalisateurs tunisiens, tel Aly Abidi qui soupçonne de mauvaise foi quelques-uns de ses collègues qui cherchent à trouver, derrière le piratage, le prétexte de la désaffection du public pour les salles. Mais il n’y a pas que des professionnels tunisiens à penser que la question de la fréquentation des salles n’est pas sérieusement menacée par le piratage. Denis Olivennes, patron de la Fnac, s’est exprimé sur le même sujet par exemple dans un débat avec Jacques Attali dans un numéro du magazine français Nouvel Observateur du mois de mars. Le sujet était en rapport avec le téléchargement de musiques en lignes : «En France, en 2005, on a téléchargé de manière sauvage 1 milliard de fichiers musicaux, soit l’équivalent de 60 millions d’albums. Dans le même temps, les consommateurs ont acheté 100 millions d’albums en magasin. On n’en aurait pas vendu 160 sans le piratage. Disons 105 ou 110», a ainsi avoué Olivennes, qui dirige l’une des plus grandes chaînes de distribution européennes. Comment obtient-on un film pirate ? Comment opèrent ces messieurs-dames? Du téléchargement proprement dit, par le biais du caméscope, dans les salles de cinéma, ou encore, en se débrouillant une copie, subtilisée ou ayant atterri par le plus grand des hasards, dans les mains, loin d’être innocentes, de ceux qui se chargeront de ses destinées. Pas pour le meilleur. Mais cela veut dire qu’il y a également maldonne au sein de la profession même. De là à ce que le cinéaste, en phase de sortir un film, commence à regarder les membres de son équipe, en chiens de faïence, il n’y a qu’un pas, qui à ce rythme risque bientôt d’être franchi. Quoiqu’il en soit, le problème, c’est de traiter ce fléau, en amont et en aval, pour que cette pratique, devenue courante, ne perdure pas. Faute d’être totalement jugulée, il importe d’essayer de trouver les gardes-fous susceptibles de résoudre, même en partie, l’équation impossible. Comment faire front, alors qu’il existe, sur le grand Tunis déjà, quelque 34.000 points de vente et de duplication de DVD, dûment patentés ? 70.000, si l’on compte la totalité de ces points de vente dans tout le pays. Aussi bien Néjib Ayed, que Ahmed Bahaeddine Attia, ou encore Imed Marzouk, les trois producteurs présents lors de la rencontre se disent particulièrement choqués, et surtout comme désarmés, eu égard au fait que le piratage s’inscrit, ce faisant, dans la légalité. Dans la mesure où ces points de vente ont pignon sur rue, et que leur ouverture dépendrait uniquement de l’existence d’un cahier des charges, simple formalité, aussitôt expédiée, avec une quasi impossibilité de contrôle. En réalité, une loi existe, comme le rappellera un avocat de la place, spécialiste dans ce genre de litige, qui semble du reste sans issue. Parce que, dans le sillage des années 80, florissait déjà le marché de la vidéo en Tunisie, comme pour ce qui concernait le marché audio, à grand renfort de cassettes pirates, et parce que le piratage, à partir d’un moment, n’a plus concerné uniquement les créations internationales, à la demande des professionnels, une loi -celle de 1984- a été instituée, restant lettre morte, avant qu’elle ne soit confortée par celle de 1994, suite aux nombreux dépassements en la matière, dont notamment le piratage de la « Nùba », pour ne citer qu’un cas, qui est loin d’être un cas unique. Sauf que cette loi, qui vise à protéger les droits d’auteurs, du point de vue de la faisabilité, s’avère être dépourvue de l’essentiel. D’autant qu’il n’y a pas de loi qui protège expressément la propriété des œuvres cinématographiques. La législation qui existe n’entraîne pas de pénalité conséquente, puisque l’amende (entre 500 et 5.000 dinars), même si elle est appliquée, n’a jamais dépassé les 500 dinars. Et encore ! Quand on sait qu’en France par exemple, c’est un délit qui entraîne, s’il y a preuve, une peine de prison ferme (2 à 5 années), même si cela n’est pas le but recherché, cela montre une conscience de l’importance de l’enjeu, et le respect de toute création artistique. Mais il faudrait établir les preuves. Un juge doit prouver des liens entre la chute du nombre d’entrées dans les salles et l’opération de piratage de l’œuvre, ce qui est loin d’être évident ; sans compter la lenteur et la lourdeur des démarches administratives, qui font qu’entre temps, la carrière commerciale du film est déjà entrée dans l’Histoire. Encore faut-il que les professionnels du cinéma eux-mêmes soient convaincus de ce lien entre chute de fréquentation des salles et croissance du piratage de films. Il y a autre chose aussi. Dans le texte de loi, il n’y a pas d’intervention préalable, et la possibilité, pour une police administrative, de fermer la boutique du vendeur, dés qu’il est pris sur le fait, en attendant de statuer sur son sort. Donc, la faiblesse réside dans le cadre juridique, même si des pays, extrêmement protégés dans ce sens, n’ont pas pu enrayer définitivement cette pratique, qui n’a rien de citoyenne. Quand les vidéo-clubs ont essaimé partout dans le pays, ce n’était pas pour enraciner la culture cinématographique chez le peuple, mais pour des raisons socialisantes. Pour ce qui est du piratage DVD, s’il est vrai que l’on peut considérer le fait que les Tunisiens s’intéressent de plus en plus au cinéma, et qui plus est à leur propre cinéma, d’autant que cela leur coûte trois fois rien, cet engouement ne les ramène pas vers les salles, tristement désertées, comme c’est le cas en France par exemple, où le marché du DVD booste, paradoxalement, les entrées en salles. Bien au contraire… Et là, il ne faut surtout pas voir un lien de cause à effet, puisque les salles ont été désertées il y a bien longtemps ; et pas pour cette raison-là. Alors, faire comme Nouri Bouzid et afficher « profil bas », faute d’avoir un autre choix ; chercher à trouver un compromis, avec ce qu’il faut bien appeler les nouveaux « diffuseurs de films » (la nature ayant horreur du vide), à travers les instances, ministère du Commerce ou autres, qui délivrent les patentes, histoire d’imposer une taxe, dont profiteraient les réalisateurs floués. Ou encore, dans le meilleur des mondes et dans le meilleur des cas, tenter de sensibiliser l’opinion publique de la gravité de l’enjeu pour la survie de leur cinématographie, en les appelant, tout au moins, à boycotter l’achat de DVD de films tunisiens. Parce que, comme le rappellera Ahmed Bahaeddine Attia, amer, bientôt les cinéastes tunisiens ne pourront plus faire des films qui les représenteront. Quel legs alors, pour les générations futures, dont les images seront phagocytées par d’autres images qui ne seront pas les leurs, écrasées et bientôt implosées de l’intérieur, par une représentation fausse et tronquée d’une hégémonie culturelle qui réduira leur identité en lambeaux ? Un avis que ne semblent pas partager tous les cinéastes. Le piratage nuit au cinéma, c’est peut-être valable ailleurs. Pour la Tunisie, le cinéma souffre de multiples autres problèmes et le piratage n’est finalement qu’un petit problème parmi tant d’autres. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1110 du 5 avril 2007)